Le 28 mai 2014, sur BFM TV, Marisol Touraine, ministre de la famille du gouvernement Valls, a été interviewée par Ruth Elkrieff. Elle a déploré la baisse de l'usage de la "pilule" en ajoutant: "Il y a des femmes de milieu social élevé qui préfèrent les contraceptions naturelles:  il faut lutter contre les contraceptions naturelles".
Que signifie une telle déclaration?

Commentaire "les2ailes.com"

Les propos de Marisol Touraine

"La pilule est un mode de contraception extraordinaire (...) c'est ce qui permet à des femmes d'être libres" (...) La contraception, c'est essentiel (...) il ne faut pas se fier, c'est mon point d'alerte, à ce qu'on appelle des "méthodes naturelles." On voit certaines femmes, y compris des femmes de haut niveau social qui mettent en avant des modes de contraception naturelle. Cela, évidemment, il faut le combattre".

Les prophéties de Paul VI sur la contraception

Marisol Touraine a tenu ce discours deux mois après que le Père Paul Marx, fondateur de Human Life International, ait fait une démonstration du caractère prophétique d'Humanae Vitae:
"Le 25 juillet 1968, l’encyclique Humanæ Vitæ de Paul VI réaffirmait l’enseignement catholique sur la vie, l’amour et la sexualité humaine. Dans ce texte, il dressait la liste des conséquences d’une existence vécue en dehors de l’enseignement catholique. Il prédisait que :

 

  1. La contraception conduirait à l’infidélité conjugale.
  2. La pratique contraceptive conduirait à “un abaissement général de la moralité”.
  3. La contraception conduirait les hommes à cesser de respecter le femmes dans leur intégralité, et les amènerait à traiter les femmes comme “de simples instruments du plaisir égoïste” plutôt que comme des partenaires chéries.
  4. Et, finalement, l’acceptation généralisée de la contraception au sein des couples conduirait à l’imposition massive de la contraception par des gouvernements sans scrupule.

En d’autres mots, le pape Paul VI prédisait que la contraception évoluerait d’un “choix de mode de vie” à une arme de destruction massive. Comme sa prophétie a été affreusement justifiée par les programmes de contrôle démographique et de stérilisation imposée, par la réduction des taux de fécondité et la promotion de l’avortement pratiquement partout dans le monde. La destruction par la contraception de l’intégrité de l’acte marital – unitif et procréatif – a de terribles conséquences pour la société et pour nos âmes. La contraception, pour le dire autrement, est le rejet de la manière dont Dieu voit la réalité. C’est un coin enfoncé dans la sphère de communion la plus intime que l’homme puisse connaître en dehors du Saint Sacrement de la Messe. C’est un poison dégradant qui flétrit la vie et l’amour, dans le mariage comme dans la société. En brisant le lien ordonné, naturel et divin, entre le sexe et la procréation, les hommes et les femmes – mais plus particulièrement les hommes – se concentreront sur les possibilités hédonistes qu’offre le sexe. Les gens cesseront de considérer le sexe comme quelque chose qui était intrinsèquement lié à une nouvelle vie et au sacrement du mariage. Quelqu’un peut-il douter que c’est là où nous en sommes aujourd’hui ?"

Nous pourrions ajouter le mariage homosexuel comme cinquième conséquence de la contraception chimique. C'est la suite logique d'une société qui ne voit que le plaisir dans la sexualité et considère le mariage comme une reconnaissance sociale de l'Amour Dès lors, il n'y a donc aucune raison que des personnes de même sexe en soient exclues. C'est oublier la dimension procréative de la sexualité et que l'institution du mariage est d'abord une institution sociale donnant un père à chaque enfant grâce à une présomption de paternité reconnue par la mère.

Marisol Touraine: une promotion de la culture de mort!

Il ne s'agit pas d'une affirmation au premier degré laissant croire que la pilule favoriserait le cancer. Nous laisserons cette allégation aux spécialistes.

Nous préférons évoquer la définition que le philosophe Fabrice Hadjadj donne à l'expression "culture de mort".
L’écrivain s’appuie sur l’expression « fin de vie » dont il voit un double sens : d’un côté, le but ou la finalité de toute vie, et, de l’autre, l’issue ou le terme d’une vie.-  Le premier concept de « fin de vie » est celui qu’avait déjà posé Aristote en disant que chaque choix humain a pour « fin » ultime son bonheur, ce qu’il appelle le désir d’un « souverain bien », celui qui comble l’homme au point de ne plus rien laisser à désirer.
-  Le second concept de « fin de vie » est celui de l’issue ou du terme de la vie.

Ces deux « fins » sont en contradiction. On aspire au bonheur, mais on doit mourir. La mort viendrait donc contrecarrer cette quête du bonheur. Notre société, qui a éclipsé « le sens de Dieu et le sens de l’homme » a perdu, en sus, le sens de la mort.
Pour parvenir à oublier la mort, l’homme développe toutes sortes de stratégies d’esquive devant le drame de cette déchirure entre deux réalités, le désir de bonheur d’une part, et la conscience que la vie a un terme, d’autre part. Fabrice Hadjadj fait la typologie des efforts mis en place par notre société pour oublier la mort. Tous ces artifices reviennent à réduire cette fracture et ce drame en minimisant le poids de chacun des deux concepts de la mort :
-       soit par un obscurcissement de la conscience de la mort,
-       soit par un affaiblissement des désirs de bonheur.

  • Les stratégies d’obscurcissement de la conscience de la mort.

Fabrice Hadjadj distingue trois stratégies d’obscurcissement de la conscience de la mort :
- le « divertissement consumériste » qui  consiste à profiter de la vie pour ne pas voir la mort.
- le « divertissement spirituel » qui considère que la mort n’aurait ni importance, ni valeur, mais ne serait que le simple passage d’une porte et que cette étape se « passerait bien ». Cette stratégie, pour éloigner la mort, afin de mieux profiter de la vie, pousse à se réfugier dans une pseudo béatitude spirituelle, « une confiture spirituelle » qui attire même certains chrétiens tentés par une piété facile.
- et le « divertissement technocratique ». qui considère que l’homme maitrisera tout, y compris la mort. Viendrait le moment où la génétique trouverait les mécanismes, voire les gènes, du vieillissement.

  • Les stratégies d’affaiblissement des désirs de bonheur.

Fabrice Hadjadj les décline en trois types de « discours ».
- Le « discours cynique », d’abord, consiste à dire que la vie ne mérite pas d’être vécue. Il pousse à une sorte de jubilation à être dans le discours du pire.
- le « discours réducteur » qui  consiste à éteindre le maximum de désirs en partant de l’idée que la racine des souffrances, est le désir. Réduire ses désirs, c’est éviter de souffrir.
- le « discours terroriste » qui appelle à une société parfaite, et pour ce faire, méprise les désirs d’autrui pour atteindre la perfection choisie. Fabrice Hadjhadj n’est pas dupe des illusions vendues par les messianiques: « On se met à prendre des vessies pour des lanternes et des lanternes pour des messies… Ainsi s’explique la facilité pour tout un peuple de se ruer après … l’utopie à la mode... Mais le pauvre peuple… est si abattu qu’il se précipite sur le prochain faux messie, la prochaine planification de la cité idéale » [1].

C'est dans ce dernier registre que nous classons Marisol Touraine. Vouloir lutter contre les femmes qui refusent la contraception chimique, c'est prétendre savoir mieux qu'elles leurs désirs profonds conjugaux. Il y a là un véritable terrorisme messianique. Le politique se mêle du bonheur le plus intime de chacun.

Conclusion

Pascal Lamy, ancien DG de l'OMC, se  plaignait le 31 mai 2014[2] de voir "les Français continuer à attendre de la politique une espèce de magie, comme si la politique allait régler les problèmes qu'il faut que les français règlent eux-mêmes".
Marisol Touraine est le contre exemple qui montre que c'est le politique qui veut tout régler, en lieu et place de ce que les français doivent régler eux-mêmes, à commencer dans ce qui touche leur vie intime.


[1] « Réussir sa mort » Fabrice Hadjadj, Presses de la Renaissance, 2005, p. 77

 

[2] Source: France Culture- Émission "Une fois pour toutes" - samedi 31 mai 2014 à midi -  14ème minutes