L'idéologie qui veut que le genre sexuée ne soit qu'une acquisition sociale relève d'un véritable lavage de cerveau. C'est bien le mot qu'a retenu un journaliste, Harald Eia, dans son reportage diffusé en 2012 et intitulé "Lavage de cerveau: le paradoxe norvégien de l'égalité".  Les sociologues norvégiens sont aveuglés et refusent d'écouter les biologistes anglais. Oui ! Il y a pourtant une détermination biologique dans les orientations comportementales de genre.
Le reportage a été tellement convainquant en Norvège, qu'après sa diffusion, toutes les subventions étatiques concernant les études sur la théorie du genre ont été supprimées à l’institut NIKK (Nordic Gender Institute). On voit dans ce reportage la pauvreté scientifique des travaux. Les « scientifiques » finissent par reconnaître qu’ils ne reposent sur aucune expérience mais uniquement des théories fumeuses jamais démontrées.
Que dit le reportage?

Sources: Vidéo Reportage de Harald Eia

Commentaires de Uncas Sachem

Communication "les2ailes.com"

Le reportage a le mérite d'expliquer le paradoxe égalitaire en Norvège. Les 2ailes.com prennent le parti de retranscrire par écrit l'intégralité du reportage pour qu'on puisse s'y référer au cas où Youtube déciderait d'en supprimer l'accès. Nous en avons simplement transformé le style oral en un style rédactionnel pour en faciliter la lecture.

On voit dans ce reportage la double absurdité des discours sur le Gender:

- Ceux qui croient au tout culturel, en faisant la promotion de l'ABCD de l'égalité. C'est à la fois inefficace puisque les pays les plus égalitaires développent la plus grande inégalité dans les orientations professionnelles choisies par les différents genre. C'est inefficace mais également contre nature, car le gender pousse le raisonnement jusqu'à faire croire qu'on est indifféremment homme ou femme selon son propre choix.
- Ceux qui croient au tout biologique, en négligeant le rôle culturel oublient qu'une saine éducation doit justement user du culturel pour aider l'enfant à devenir ce qu'il est, conformément à ses inclinations profondes. Le culturel doit aider le garçon à devenir un homme et la fille à devenir femme. Or le gender, tel qu'il est décrit dans les programmes officiels, à "devenir homme ou femme".

On aimerait qu'un tel reportage soit fait pour demander aux experts du CNRS ce qu'ils pensent des fondements biologiques du gender et sur quoi ils fondent leurs réponses.
On aimerait que l'idéologie soit démasquée au point que l'UE retire le budget de 3,25 M€  accordé au projet "INTEGER" (INstitutional Transformation for Effecting Gender Equality in Research) qui a pour seul objectif d’augmenter la participation des femmes et d’améliorer l’égalité professionnelle entre chercheuses et chercheurs!
On aimerait que le CNRS arrête  son projet "Institut du Genre" (GIS) qui est hébergé à la MSH de Paris-Nord). Pas moins de  27 chercheurs[1] sont membres de son comité directeur!

Le paradoxe norvégien de l'égalité des genres

Le journaliste Harald Eia enquête dans la rue et arrive à la conclusion que de plus en plus de femmes étudient la médecine et que, dans leurs choix professionnels, les jeunes générations sont plus traditionnels qu'il y a 15 ans. Il voit là un paradoxe pour un pays très égalitaire comme la Norvège. Il veut en trouver la raison, essayer de comprendre la société.
La Norvège a été désignée en 2008 comme le pays qui respectait le plus l'égalité des genres. Les femmes sont passées du statut de femmes au foyer, à celui d'enseignantes, docteurs, avocates, ... chef de parti,  et premiers ministres,  ou concierges...
Mais il y a plusieurs choses qui ne semblent pas aller dans cette Norvège de l'égalité. Cela lui semble un peu suranné qu'il puisse encore exister des trucs de mecs et de filles.
Or, les hommes et les femmes ne se partagent pas les emplois dans le pays le plus égal du monde!
Une étude montre que plus de 90% des infirmières sont des femmes en Norvège, mais seulement 10% des ingénieurs. C'est ainsi depuis les années 80.
La répartition du travail entre les genres est étonnamment stable. Cela s'appelle le "paradoxe norvégien de l'égalité des genres". Depuis des années, le gouvernement a tenté de recruter des infirmiers et des femmes ingénieurs.

De la discrimination?

Harald Eia Interviewe Kristin Mile, qui était médiatrice en charge des questions sur l'égalité. Elle dit que ces mesures n'ont rien changé: "Vous obtenez un effet sur une ou deux années, puis cela retombe immédiatement". Alors quelle est la raison? Kristin répond que "ce n'est pas de la discrimination: Non ce n'est pas cela "

Des métiers plus ennuyeux que d'autres?

Harald EiaI interviewe ensuite le cabinet de l'ancien ministre Anniken Huitfeldt qui dit que les filles sont meilleures à l'école.

- Anniken Huitfeldt- Dans tous les domaines, les filles sont meilleures, excepté en éducation physique".
- Question- Alors, pourquoi si peu de femmes veulent travailler comme ingénieurs ou dans des domaines techniques?
- Anniken Huitfeldt - ça a l'air ennuyeux!
- Question - Mais travailler avec des ordinateurs, sur des structures à assembler,  c'est un beau challenge professionnel !
- Anniken Huitfeldt - Mais ce n'est pas aussi intéressant que de travailler avec des gens et de parler.

Qu'en est-il dans d'autres pays?

Harald EiaI interviewe  alors Camilla Schreiner , à l'université d'Oslo, a mené une enquête dans 20 pays pour savoir pourquoi  peu de filles étudient les matières scientifiques. Elle s'est questionné durant 15 années à travers le monde.

- Camilla SchreinerLes filles, dans les pays les moins égalitaires sont plus intéressées par les matières techniques que les filles norvégiennes.
- Question-  Je pensais que si la société était égalitaire, les mêmes centres d'intérêt seraient les mêmes quelque soit le genre?
- Camilla Schreiner - Dans cette partie de l'enquête, il y 108 questions. Aucun ne valide le modèle que vous me décrivez. Aucune ne valide l'idée que dans un pays moderne, les centres d'intérêt entre genre sont similaires. Plus un pays est moderne, moins les filles s'investissent dans des domaines techniques.

Une influence sociétale?

Harald EiaI  voit une autre possibilité, celle que les différences de genre soient en nous dès la naissance. Pourrait-il y avoir des différences innées qui pourraient expliquer pourquoi hommes et femmes travaillent dans différents domaines?
Le journaliste rend visite à Cathrine Egeland, à l'institut de recherche sur le travail. Elle a élaboré plusieurs rapports sur les choix de professions liées au genre.

- Question- Dans la presse de vulgarisation scientifique, on lit qu'hommes et femmes ont des cerveaux différents. Qu'est ce que vous en pensez?
- Cathrine Egeland -Je ne sais s'il y a la moindre vérité dans cette proposition. C'est frappant de voir combien les gens sont préoccupés de trouver ces différences.
- Question -Mais vous n'en faites pas partie.
- Cathrine Egeland -Non. Très peu s'intéressent à cela.
- Question -Donc, ce n'est pas pertinent d'étudier les différences de cerveaux pour comprendre pourquoi les hommes deviennent plus souvent ingénieurs?
- Cathrine Egeland - Non, je ne crois pas. Ou... non!

Harald EiaI  poursuit son travail de détective en allant rencontrer le chercheur sur le genre Joergen Lorenzten, au centre interdisciplinaire de recherche sur le genre de l'Université d'OSlo.

- Question - Des études affirment que les cerveaux hommes et femmes sont différents. Qu'est ce que vous en dites?
- Joergen Lorenzten - Je pense que ce sont des recherches dépassées. La plupart de ces recherches ont été réfutées par des études qui ont suivi. De nos jours, la plupart des chercheurs ne disent plus que nos cerveaux sont différents.
- Question - Alors, la différence est juste génitale?
- Joergen Lorenzten - Les seins, les cheveux, la taille et quelques autres aspects, mais tout, en dehors de cela est identique.
- Question - Les sentiments, les intérêts...?
- Joergen Lorenzten - Oui. L'intelligence, les capacités... Oui. C'est seulement identitaire.
- Question - Les chercheurs norvégiens ne croient pas que des différences de genre innées soient significatives pour comprendre que les genres aient des centres d'intérêt différents.

Mais si nous naissons égaux, qu'en est-il de l'étude de Schreiner?

- Joergen Lorenzten - Cela montre qu'on enracine fermement les rôles masculins et féminins chez les jeunes. Les enfants intègrent les attentes qu'on a d'eux pour devenir filles et garçons. Nous traitons les filles et les garçons de manière différente dès le départ.

Harald EiaI  rencontre à nouveau la ministre de l'égalité et des enfants, Anniken Huitfeld:

-Anniken Huitfeld-  Il y a des études qui montrent que lorsqu'on habille les bébés filles en rose et les bébés garçons en bleu... Les gens vont vers la petite fille et disent "Que tu es adorable".

Elle s'appuie sur Martine Aurdal, journaliste au Dagbladet qui explique: " Un bébé est là avec une couverture rose. Les adultes arrivent et disent: "Quelle belle princesse! Quel gentil bébé!". Si le garçon a une couverture bleue, ils disent: "Quel petit gars solide, tu vas devenir un costaud"

- Question- Mais, la plupart des gens pensent qu'ils traitent leur entourage de manière égale.
- Anniken Huitfeld - Oui, ce que j'essaie de dire, est que, sans le dire de manière explicite, on attendrait des comportements différents des filles et des garçons, et en conséquence, les traiteraient de manière différente, sans y penser.

Harald EiaI  constate que l'influence ne vient pas seulement des parents. Il va dans un magasin de jouet et voit comment les magasins de jouets influencent filles et garçons sur ce qu'ils devraient acheter. L'industrie du jouet suggère aux enfants de manière évidente quels sont les jouets de filles et les jouets de garçons.
Mais, il n'y a pas que l'industrie du jouet. L'environnement nous influence constamment: tout corrobore à montrer qu'il y a des rôles pour les hommes. Les panneaux "attention travaux"  sont représentés par un homme en train de creuser!  Les femmes doivent penser qu'elles ne peuvent pas faire ce genre de travaux.
Harald EiaI redemande donc confirmation aux deux spécialistes:

- Question- Si les garçons et les filles sont traités de manière égale dès le début, pensez-vous qu'ils développeront des centres d'intérêts similaires?
- Cathrine Egeland- Oui, c'est cela, les conséquences de ce que j'avance.
- Question- Si on a des attentes égales entre filles et garçons, les divergences de centres d'intérêt vont disparaître. Les sociétés sont-elles si modulables, que les rôles entre filles et garçons puissent être renversés?
- Jergen Lorentzen- Je pense que c'est la base du principe. Comme vous le dites, nous sommes "modulables". Il n'y a pas de limites à ce que peut faire l'être humain en ce qui concerne ce qui est vraiment important. Et c'est vrai pour les comportements et les émotions.

Qu'en pensent les anglo-saxons?

Bien entendu, hommes et femmes peuvent réaliser tout ce qu'ils désirent vraiment. Mais existe-il des cultures où les femmes désirent exécuter des travaux techniques et où les hommes désirent travailler au contact des gens?
Personne n'est parvenu à comparer toutes les cultures.
Harald EiaI  rencontre Richard Lippa, professeur en psychologie, qui a, en partenariat avec la BBC, mené un gigantesque sondage sur internet.
Mais est-ce qu'une étude britanico-américaine peut mettre en lumière le paradoxe égalitaire norvégien? Lorentzen était sceptique quant à ce genre de recherche:

- Joergen Lorenzten- C'est une étude amusante... vous rigolez quand vous prononcez le mot "études".
- Question- Vous êtes noyé sous les études...
- Joergen Lorentzen- J'ai des coups de fils de tous les médias quand ils tombent sur ce genre d'études américaines. Elles sont souvent américaines.
- Question - Est-ce que les américains sont particulièrement bons?
- Joergen Lorentzen- Non, particulièrement médiocres, je dirais ou particulièrement hypothétiques, ou qu'il y a beaucoup de recherches de ce genre.

Oui, il y a plein de ces étranges études aux USA. Mais Harald EiaI se décide à donner une chance aux américains.  Il est très fréquent que les sondages portent sur plusieurs milliers de réponses. Mais le Pr Richard Lippa a obtenu 200.000 réponses dans 53 pays, en Europe, dans les Amériques, en Afrique et en Asie. Il leur était tous demandé dans quel secteur d'activité ils désireraient  travailler. Et qu'a-t-il trouvé?

- Richard LippaIl y a beaucoup de différences. Les hommes sont plus intéressés dans la réussite de domaines orientés vers la compréhension du monde, des objets comme l'ingénierie, la mécanique. Les femmes sont relativement plus intéressées par une réussite auprès des personnes.
- Question - Est-ce que vous pourriez dire que cette différence provient du fait que les femmes dans le monde entier, sont encouragées à effectuer des tâches  de communication, où elles parlent, dans des activités sociales.
- Richard Lippa - C'est possible qu'il y ait une certaine forme de justesse dans cette affirmation. Mais vous pourriez vous attendre qu'à travers tous ces pays, ce soit différent si la culture a une telle importance! Or le résultat de l'étude est absolument identique pour les 53 nations. Ce mouvement est aussi fort en Norvège qu'en Arabie Saoudite, au Pakistan ou en Inde, ou à Singapour, ou dans toute l'Asie. C'est une grosse différence entre hommes et femmes. Et cette différence semble exister dans ces 53 pays.
- Question - Que pensez-vous des raisons de ces différences transculturelles?
- Richard Lippa - Quand vous regardez des résultats comme ceux là où les deux lignes sont presque plates et elles ne changent pas quelque soit le pays, cela semble indiquer qu'il y a quelque chose comme une explication biologique.
- Question - Une partie de la réponse serait-elle biologique? Vos études suggèrent qu'il y aurait des différences innées. Mais ce n'est pas une preuve.
- Richard Lippa - En tant que scientifique, nous ne croyons pas qu'il y ait une explication meilleure sur une étude. Nous devons prendre en compte les résultats de l'ensemble des études.

Des facteurs biologiques?

Un des aspects que nous devons envisager est la possibilité de facteurs biologiques influençant très  tôt le développement. A partir de quel âge peut-on repérer des différences entre les centres d'intérêt  des filles et des garçons? La plupart d'entre nous se sont aperçus que les filles et les garçons jouaient avec différents objets.
Le professeur Trond Diseth, directeur médical du département de pédopsychiatrie de l'Hôpital National a étudié cela. Il a développé un test pour voir s'il y avait des différences genrées très tôt dans le développement d'un enfant. Il travaille avec des enfants nés avec des déformations génitales. Dans le processus de détermination du genre, il utilise un jeu test.

- Trond Diseth - Nous avons pris en compte 10 jouets différents: 4 jouets considérés comme féminins, 4 jouets considérés comme masculins et deux restants considérés comme des jouets neutres. Ces dix jouets sont mis en situation avec un enfant et nous enregistrons la séquence. [2] Nous observons les enfants qui touchent les jouets. Nous voyons des différences significatives entre filles et garçons en bonne santé. Les garçons choisissent des jouets masculins. Les filles choisissent des jouets féminins. Très tôt, filles et garçons veulent des jouets différents.
- Question - Pourrait-ce être déjà le résultat d'une éducation à des rôles genrés?
- Trond Diseth - Je n'y crois pas. Les enfants naissent avec des dispositions biologiques particulières de genre, d'identité et de comportement. Puis, l'environnement, nos attentes, les valeurs autour de nous favorisent ou atténuent cela. La société peut le forcer un peu, mais seulement jusqu'à un certain point.
- Question - Oui, mais pas de façon définitive?
- Trond Diseth -Il y a une identité inhérente et des prédispositions pour un genre.
- Question - Je vous fait entendre d'une partie de l'interview de M. Lorentzen et de sa conclusion disant que ces études sont dépassées. Est-ce que vous menez des études dépassées?
- Trond Diseth - J'ai entendu ce qu'il a dit et je m'oppose fermement à cette affirmation. J'ai pris connaissance de nombreuses études et publications très récentes de cette année, mais aussi de 2008, 2007 et 2006. Leurs conclusions sont totalement différentes et limpides. Ce genre d'études n'est pas dépassé. Elles sont même à la pointe de la recherche.

Des influences hormonales

Mais, le Pr Trond Diseth n'a pas vraiment montré de preuve. Alors, y-a-t-il quand même des signes précoces de différences entre les genres?
Simon Baron-Cohen est un professeur de psychiatrie anglais à l'Université de la Trinité à Cambridge, fondée en 1546 et qui a gagné 32 prix Nobel, d'où sont sortis Isaac Newton et Ludwig Wittgenstein. C'est un des meilleurs centre de recherche scientifique anglais.  Simon Baron-Cohen  est un expert de l'autisme et a mené des expériences révolutionnaires sur des enfants nouveau-nés. De manière coïncidence, il a fait des découvertes sur des différences importantes entre les genres dès la naissance.

- Question - Pouvez-vous me parler des expérimentations que vous faites sur les nouveaux nés?
- Simon Baron-Cohen - Nous avons fait une étude sur des nouveaux nés jusqu'à un an. Nous leur avons présenté un objet mécanique ou une figure sur une image. Et nous avons filmé combien de temps les enfants regardaient chacun de ces objets. Nous avons remarqué que les garçons passaient plus de temps à regarder les objets mécaniques et que les filles passaient plus de temps à regarder les visages. Même au premier jour de la vie. C'est avant que les jouets aient pu être introduits, ou que d'autres interférences extérieures aient pu introduire quelque préjugé que ce soit.
- Question - Vos résultats suggèrent que ces différences de genre préexistent avant la naissance de l'enfant, dans l'utérus de la mère.
- Simon Baron-Cohen - Nous savons maintenant que garçons et filles produisent différentes sortes d'hormones , en particulier la testostérone. Les garçons produisent deux fois plus de testostérone que les filles. Et cette hormone, la testostérone influence la manière dont les cerveaux se développent.
- Question - Comment pouvez-vous savoir que c'est le niveau de testostérone qui crée cette différence?
- Simon Baron-Cohen - Nous avons mesuré les niveaux de testostérone quand l'enfant était encore dans le ventre de sa mère, et à sa naissance. Puis nous avons regardé son comportement. Nous avons remarqué que plus le niveau de testostérone était élevé avant la naissance, plus le développement du langage était lent quand l'enfant était petit, moins il créait de contacts jusqu'à l'âge de 1 ou 2 ans. Un haut niveau de testostérone est associé avec un niveau de langage moins important et un développement social moins important.
- Question - Donc, beaucoup de différences entre filles et garçons sont le résultat de niveaux de testostérone dissymétriques. Alors que se passe-t-il quand un fœtus fille reçoit trop de testostérone?
- Simon Baron-Cohen - Quand vous produisez trop de testostérone, c'est à cause de conditions génétiques et les filles qui subissent cela montrent plus d'appétence pour les jouets masculins.
- Question - Le niveau de testostérone nous donne très tôt des centres d'intérêts et des caractéristiques différentes Mais est-ce que l'effet dure?
- Simon Baron-Cohen - Nous avons suivi ces enfants jusqu'à l'âge de 18 ans pour voir comment ils évoluaient. Nous avons découvert que, plus vieux, ces enfants qui avaient eu un haut niveau de testostérone avaient plus de difficultés avec l'empathie, pour reconnaître les émotions des gens, ou comprendre la perspective de quelqu'un d'autre.  Mais ils avaient aussi plus d'intérêt pour les structures, pour essayer de comprendre le fonctionnement des objets. Quand bien même on ignorerait le déterminant des autres et si vous vous concentrez sur leur parcours, vous pouvez modéliser quels seront leurs centres d'intérêts.
Il semble que les différences de niveau d'hormone induisent les différences que nous voyons. Ces niveaux sont déterminés par différents gènes sur le chromosome Y et Y

Le facteur génétique

Mais pourquoi y a-t-il ces différences génétiques? D'où viennent ces différents gènes? Pour trouver la réponse, il faut revenir à l'aube de l'humanité. C'est ce que pense le Professeur Anne Campbell, psychologue évolutionniste,  qui travaille à Durham, dans le nord de l'Angleterre. Elle explique pourquoi nous avons les gènes que nous avons. Elle étudie comment notre corps et notre psychique est influencé par l'évolution. Elle envisage l'être humain par rapport à la théorie de Charles Darwin. Pour elle, nos caractéristiques sont le résultat d'un long processus de sélection.

- Anne Campbell- La clé pour comprendre, c'est combien de descendants vous laissez derrière vous et chaque descendant que vous laissez augmentera la possibilité que vos caractéristiques se retrouvent dans le code génétique. Et c'est pourquoi ces caractéristiques se retrouvent dans le code génétique masculin et féminin.
- Question - Alors pourquoi l'évolution fait émerger des différences entre hommes et femmes?
- Anne Campbell- Si, généralement, les femmes veulent donner naissance et ont besoin d'allaiter leurs enfants, il va se produire une sorte de mise en scène psychologique qui va aider la femme à accomplir sa tâche en lui donnant du plaisir quand elle accomplira sa tâche. Donc les caractéristiques comme l'empathie chez la femme, ou l'évitement de situations où elle pourrait être blessée, où les situations de confrontation sociale qui pourrait l'exclure du groupe, toutes ces qualités prédisposent celles qui les ont à survivre, se reproduire, et à laisser plus d'enfants derrière elles qui se reproduiront dans de bonnes conditions.
- Question -C'est pour cela, aujourd'hui, les femmes sont plus orientées vers les autres que les hommes?
- Anne Campbell- Pour de nombreux psychologues, la plus grosse différence sexuelle est que si vous mettez des gens dans des situations de stress, par exemple si vous dîtes que dans une heure, vous allez lui donner des chocs électriques et si vous demandez à cette personne de choisir d'attendre avec quelqu'un ou seul, une femme choisira d'être avec d'autres personnes. Dans une condition de stress, les hommes choisissent de se retrouver seuls. Ils ne veulent pas côtoyer d'autres personnes.  Tout le monde est influencé par des gènes vieux de plusieurs centaines d'années. C'est pourquoi, les femmes choisissent des métiers d'infirmières, de médecins, de travailleur social, dans l'enseignement, toutes ces espèces de métiers où les femmes peuvent échanger et se sentent plus à l'aise. Bien entendu, il y a des chevauchements entre sexes, parfois des chevauchements énormes. Il y a des ingénieurs, des chimistes, physiciens des deux sexes, mais, en général, ces métiers recouvrent moins les centres d'intérêts des femmes que ceux des hommes.
-Question- Je suis convaincu que l'évolution est importante, mais les différences d'aujourd'hui doivent s'expliquer par les différences de traitements entre filles et garçons.
- Anne Campbell- Maintenant, nous savons que les différences sexuelles dans certains domaines sont très importantes. Alors, j'ai du mal à croire que de petites différences dans le ton que vous utilisez, ou la longueur des contacts, ou des choses comme cela, pourrait influencer grandement le choix des activités ou des préférences quant aux centres d'intérêts que l'enfant présente.
- Question -Quel est votre avis sur l'appréciation de M. Lorentzen?
- Anne Campbell- Incroyable!
- Question - Incroyable?
- Anne Campbell- Absolument incroyable! Cela me laisse sans voix que quelqu'un puisse dire cela! J'ai envie de poser une question: dès lors d'où viennent nos différences? D'où viennent les différences de système reproductif entre hommes et femmes? De l'évolution, j'en suis sûr, c'est la réponse en l'état actuel de la science. Et c'est ce qui orchestre la naissance de ces différences qui est responsable de la production d'hormones et de peptides qui font fonctionner notre système biologique: le cerveau humain, principalement, le système endocrinien d'inter régulation. C'est difficile d'imaginer, pour moi, que l'évolution ait créé ce système de reproduction différencié et que cela n'ait eu aucun effet sur le cerveau, l'organe le plus complexe que nous ayons dans le corps.

Au moment de résumer, Harald EiaI se demande à nouveau si ceux qui disent qu'il y a des différences inhérentes entre filles et garçons qui leur donnent des centres d'intérêts différents ont raison? Plusieurs éléments le font pencher dans cette direction.  Il repose donc  une question à ses deux spécialistes anglais:

-Question- Mais si la différence de genre n'est pas dans les gènes ni dans les facteurs hormonaux, pourquoi est-ce que les filles des pays les moins égalitaires veulent-elles suivre des études de technologie?
- Anne Campbell- C'est intéressant, mais plus vous libérez les gens, plus vous leur offrez des opportunités de faire ce qu'ils entendent, plus il est probable que ces gens répondront à leurs prédispositions génétiques afin de s'exprimer eux-mêmes.
- Simon Baron-Cohen - Dans les pays égalitaires comme la Norvège,  vous êtes vraiment libres de suivre vos inclinations. Dans un pays pauvre, vous espérez seulement décrocher un travail. Et si c'est de l'informatique qui va vous procurer un travail, vous irez en informatique, même si vous êtes une femme. Dans les pays égalitaires, en Europe ou aux USA, les gens se sentent libres de poursuivre leurs centres d'intérêts. Et, au final, hommes et femmes s'intéressent à des domaines différents.

Que pensent les norvégiens du facteur biologique?

Peut-être est-ce la solution pour résoudre le paradoxe: dans une société libre et égalitaire, hommes et femmes deviennent inégaux par ce qu'ils ont l'opportunité de cultiver leurs intérêts particuliers.
Mais, tout ce que les scientifiques anglais disent est en absolu contradiction avec ce que les scientifiques norvégiens disent sur le genre. Harald EiaI décide donc de demander aux spécialistes les norvégiens ce qu'ils ont à répondre à ces découvertes.

- Question - Que pensez-vous des études de Baron-Cohen sur les nouveaux nés et des études du Pr Diseth qui montrent que filles et garçons préfèrent des jouets différents dès l'âge de 9 mois??
- Cathrine EgelandQuand il fait cette observation, il trouve ce qu'il désire chercher. Il désirait constater des différences de genre et il les a induites.
- Question - Donc il a trouvé ce qu'il cherchait?
- Cathrine Egeland - Oui. C'est intéressant de voir combien d'énergie quelqu'un est capable de dépenser pour tenter d'expliquer les différences de manière biologique.
- Question - J'ai eu l'impression qu'ils disaient que le genre est en partie biologique, en partie culturel. Mais vous pensez que c'est uniquement culture?
- Cathrine Egeland - Oui
- Question - Quand vous voyez l'étude sur les nouveau-nés, est- ce que cela change votre point de vue qu'un traitement égal les conduira à avoir des centres d'intérêts similaires?
- Cathrine Egeland - Non cela n'y change rien.
- Question - Sur quelle base scientifique vous appuyez-vous pour dire que la biologie ne joue aucun rôle quant aux choix de travail entre hommes et femmes?
- Cathrine Egeland - Mes bases scientifiques? Hum.. J'ai ce que vous pourriez appeler une base théorique. Il n'y a pas d place pour la biologie pour moi dans celle-là. Cela voudrait, Euh... Je sens que les sciences sociales devraient s'attacher... EUh  à contester que la base des différences entre humains  est biologique.
- Question - Est-ce le rôle de la science de contester la pensée biologique? La science ne devrait-elle pas trouver les choses sont ce qu'elles sont?

Harald EiaI  se demande vraiment si  Cathrine Egeland ne voit pas seulement ce qu'elle veut voir à partir du moment où elle a résolu  que la biologie n'était pas pertinente?  Et Joergen Lorentzen ? Est-ce qu'il va trouver ça intéressant?

- Joergen Lorentzen - Ce qui est fascinant avec cette science, c'est pourquoi ils sont si soucieux de trouver  une origine biologique aux genres? Pourquoi cette préoccupation frénétique?
- Question - Vous dites qu'il n'y a pas de différences innées qui expliqueraient les différences de centres d'intérêts. Sur quoi vous basez vous?
- Joergen LorentzenJe dois m'appuyer sur la science quand j'essaie d'expliquer ce genre de relations. Pour l'instant la science a été incapable de prouver une origine génétique aux différences entre hommes et femmes, à l'exception des organes reproducteurs.
- Question - Parce que vous n'admettez pas que ces études le montrent?
- Joergen LorentzenMais, il y a un chaînon manquant!
- Question - Comment pouvez-vous savoir que ce n'est pas innée?
- Joergen Lorentzen - Je dis que le moment où ils diront qu'ils sont sûrs...
- Question - Vous dites que qu'il n'y a pas de différences innées dans les sentiments, dans les centres d'intérêts... Comment pouvez-vous dire qu'il n'y en a pas?
- Joergen Lorentzen - Mon hypothèse de départ est qu'il n'y en a pas. La science n'en a pas montré. Je dois donc travailler sur ce plan.
- Question - Vous présumez qu'il n'y a pas de différences jusqu'à ce que ce soit prouvé?
- Joergen Lorentzen - Oui
- Question - Intéressant! Et cette étude là n'est pas bonne?
- Joergen Lorentzen - Je dirais que c'est une étude de médiocre niveau.

Conclusion

Harald Eial conclut par ces questions: Est-ce que tout ce que font les autres sont des "études médiocres"?  Trouverait-il cela médiocre si ça cachait avec  ses théories? Pourquoi cette accusation d'être " frénétiquement préoccupés par les explications biologiques" ? Harald EiaI ne les a pourtant pas trouvés si frénétiques que ça. Ils n'ont jamais dit que tout était biologique. Au contraire ce sont les norvégiens qui ont dit que cela n'avait rien à voir avec la biologie. Pourquoi sont-ils si sûrs d'eux? Et pourquoi intégrer des éléments biologiques serait si dangereux pour leur théorie? Mais, plus important, en tant que scientifique, pouvez-nous comprendre le monde si nous n'envisageons pas toutes les possibilités?
Il apparait à Harald EiaI  que la proposition est  très équilibrée de dire que les différences sexuelles sont un mix entre biologie et culture,  et de ne pas dire que tout est biologique.
Il conclut simplement: "n'oubliez pas la biologie"


[1] Sont membres du Comité directeur :
. Sandra LAUGIER, Professeure de Philosophie, université Panthéon-Sorbonne Paris 1, Directrice adjointe scientifique, interdisciplinarité et 35e section, InSHS, CNRS, Représentante du Président du CNRS, Présidente du Comité directeur
. Isabelle ATTANE, coresponsable de l’unité “Démographie, genre et sociétés”, UR04 INED, Représentante de la Directrice de l’INED
. Nathalie BAJOS, directrice de l’unité U.1018 CESP, INSERM, Représentante du Directeur de l’INSERM
. Isabelle BERREBI-HOFFMANN, directrice du LISE, CNAM, Représentante de l’Administrateur général du CNAM
. Laure BONNAUD, Directrice du cabinet du Président de l’université Paris Diderot (Paris 7), Maîtresse de conférences en Biologie, Représentante du Président de l’université Paris Diderot (Paris 7)
. Sophie COAVOUX, Maîtresse de conférences de grec moderne, université Jean Moulin Lyon 3, Représentante du Président de l’université Jean Moulin Lyon 3
. Virginie De LUCA BARRUSSE, Professeure de Démographie, UPJV, Représentante du Président de l’université de Picardie Jules Verne
. Christine DETREZ, Maîtresse de conférences en Sociologie, ENS de Lyon, Représentante du Directeur Général de l’ENS de Lyon
. Dominique DESCOTES, Professeur de Littérature française du XVIIème siècle, directeur du laboratoire CERHAC, Représentant du Président de l’université Blaise Pascal Clermont-Ferrand
. Michèle FAVEREAU, Maîtresse de conférences en Économie, Doyen de l’UFR de Droit, université d’Angers, Représentante du Président de l’université d’Angers
. Nathalie FERRE, Maîtresse de conférences en Droit privé, université Paris 13 Nord, Représentante du Président de l’université Paris 13 Nord
. Erika FLAHAULT, Maîtresse de conférences en Sociologie,  université du Maine, Représentante du Président de l’université du Maine
. Ghozlane FLEURY-BAHI, Professeure de Psychologie sociale et environnementale, directrice adjointe du Laboratoire de Psychologie des Pays de la Loire, Représentante du Président de l’université de Nantes
. Laurence GAVARINI, Professeure en Sciences de l’éducation, sociologie et psychanalyse, université Paris 8 Vincennes-Saint Denis, Représentante de la Présidente de l’université Paris 8 Vincennes- Saint Denis
. Abdelhafid HAMMOUCHE, Professeur de Sociologie, directeur du laboratoire CLERSE CNRS-USTL UMR 8019, université Lille 1, Représentante du Président de l’université Lille 1
. Liora ISRAEL, MCF en Sociologie du Droit, EHESS, Représentante du Président de l’EHESS
. Nathalie LAPEYRE, Maîtresse de conférences en Sociologie, université Toulouse 2 Le Mirail, Représentante du Président de l’université Toulouse 2 Le Mirail
. Martine LE FRIANT, Professeure de Droit, université d’Avignon et des Pays de Vaucluse, Représentante du Président de l’université d’Avignon et des Pays de Vaucluse
. Véronique MEHL, Maîtresse de conférences en Histoire moderne, université de Bretagne Sud, Représentante du Président de l’université de Bretagne Sud
. Christine MENNESSON, Professeure de Sociologie, université Paul Sabatier Toulouse 3, représentante du Président de l’université Paul Sabatier Toulouse 3
. Caroline MORICOT, Maîtresse de conférences  en Sociologie, Vice-présidente du Conseil scientifique de l’université Panthéon-Sorbonne Paris 1, Représentante du Président de l’université Panthéon-Sorbonne Paris 1
. Gabriella PARUSSA, Professeure de Linguistique, directrice de SYLED, université de la Sorbonne Nouvelle Paris 3, Représentante de la Présidente de la Sorbonne Nouvelle Paris 3
. Christine PLANTE, Professeure de Littérature française du XIXème siècle, université Lumière Lyon 2, Représentante du Président de l’université Lumière Lyon 2
. Roland PFEFFERKORN, Professeur de Sociologie, université de Strasbourg, Représentant du Président de l’université de Strasbourg
. Rebecca ROGERS, Professeure d’Histoire de l’Éducation, université Paris Descartes Paris 5, Représentante du Président de l’université Paris Descartes Paris 5
. Raymonde SECHET, Professeure de Géographie,  Vice-présidente Recherche de l’université Rennes 2, Représentante du Président de l’université Rennes 2
. Laurence VILLARD, Professeure en Langues et Littératures anciennes, Vice-présidente du Conseil scientifique de l’université de Rouen, Représentante du Président de l’université de Rouen
. Valentine ZUBER, Maîtresse de conférences en Sciences religieuses, EPHE, Représentante du Président de l’EPHE

[2] Voir photo en tête de cet article