Ces deux arguments sont mis en avant tout autour du monde pour justifier les lois dépénalisant l’avortement. Si ces arguments ne tenaient pas, que resterait-il pour défendre l’IVG hormis ces « situations de détresse » éminemment subjectives? Or, comment nier que seule une lutte efficace contre des détresses -au demeurant qui peuvent être réelles-  pourrait réduire les tentations d’IVG ? Car on ne répond pas à une détresse en en créant une encore plus grave, celle de la dépression « post-abortive ».

L’actualité récente vient de nous donner des exemples remettant en cause les questions relatives au viol et à la survie de la mère...

Commentaire "les2ailes.com"

Analysons successivement ces deux  arguments mis en avant par les opinions favorables à l’IVG :

  • Le viol ;
  • Le risque portant sur la vie de la mère.

1- Concernant le viol

Parler de statistiques au sujet de ce type de violences peut paraître déplacé, pour ne pas dire abject. Il n’est pas inutile, malgré tout, de dénoncer certains amalgames, tant l’argument du viol est mis en avant.

Le mouvement « SOSfemmes.com », qui n’est pas suspect de sous-estimer les violences faites aux femmes, parle de « 25.000 cas de viols en France chaque année - un peu plus de 8.000 seulement sont recensés "officiellement"».
Considérant que les femmes ne sont fécondes que 5 jours/mois, le nombre serait de 25.000 x 5 jours / 30 = 4.000 grossesses potentielles après viols.
Mais pour que ce risque se concrétise, il faudrait que le viol soit pratiqué avec pénétration et éjaculation. Or les statistiques qualifient de « viols » de multiples formes de « violences sexuelles ». Est-il si sûr que les conditions soient réunies pour qu’il y ait eu réellement risque de grossesse dans toutes les formes d'agressions recensées? Peut-on dire que le risque de grossesse dépasse 10% de ces agressions? Ne serait-on pas, en fait, face à quelques centaines de cas !
Faudrait-il encore supposer que les femmes violées ne soient pas sous contraception. Si on applique le taux moyen des femmes françaises à celles qui sont victimes de violences sexuelles… on ne voit pas comment le nombre de cas pourrait dépasser quelques dizaines par an.
Certes, n’y aurait-il qu’une IVG sur enfant conçu lors d'un viol, ce serait déjà suffisant pour créer l'émotion.

Mais pourquoi tant d'émotions de l’opinion public pour justifier l’avortement sur des faits si peu fondés ? Certains cas sont fortement médiatisés pour faire croire qu’il existe de nombreux cas similaires à ceux qui sont mis en avant.

La vraie question est, en fait,  de savoir ce que décident alors ces femmes ? C’est une question délicate et à laquelle il peut être indécent de répondre.
Disons simplement que depuis peu de temps, on voit apparaître des témoignages surprenants. Citons en trois:

Le premier, en 2007, est celui d’Amélie Desrumaux, chanteuse interprète de "La Danse d'Hélène",  sous le nom d’artiste de « Real Joy », animatrice radio et comédienne, qui a été victime d’une agression sexuelle. Elle a vécu, quelques années après, une IVG, sans lien de cause à effet avec cette agression puisque faisant suite à une grossesse non désirée par son compagnon. Les séquelles qu’elle a vécues l’ont amenée à témoigner par une vidéo  « la vie est en nous » DVD n° 8/9 (minutage 3 :37 à 4:50).
Ce qu’elle dit de cette double expérience apporte un éclairage nouveau: « Une femme qui a été violée peut très bien garder l’enfant d’un viol, mais à condition qu’elle ait un tempérament qui puisse pardonner, pour ne pas reporter le crime sur l’enfant. Je sais que c’est quelque chose que je pourrai faire. C’est dur à dire: mais c’est quand même difficile de vivre deux viols successifs. Celui du viol proprement dit et celui de l’avortement; ça fait deux blessures à porter. Pour une femme ça fait beaucoup ! Je crois que l’avortement, c’est un viol ! On fait rentrer dans son corps la mort, ou alors  on fait rentrer, dans son corps, un corps étranger qui amène la mort et la stérilité: c’est dénué de sentiment, c’est tout sauf de l’amour. En général quand on fait rentrer quelque chose dans son vagin, c’est par amour. Là c’est pour donner la mort !. … Comment une femme peut-elle se redresser après cela normalement et dire qu’elle va bien ? Je ne peux pas le croire ! »

Plus récemment, un autre témoignage est venu en écho à une déclaration du Cardinal Ouellet sur  Radio canada.ca du 16 mai 2010.
Il avait déclaré :  « Je comprends très bien qu'une femme violée vit un drame et qu'elle doit être aidée. Mais elle doit l'être par rapport à la créature qu'elle a dans son sein. Elle n'est pas responsable de ce qui lui arrive. C'est l'agresseur qui est responsable. Mais il y a déjà une victime. Est-ce qu'il faut en faire une autre? ». Le propos a bien sûr provoqué des tollés dans les mouvements « pro choice ». Mais une femme, Angelina Steenstra est venu témoigner en disant : « Merci, cardinal Ouellet » à l’agence LifesiteNews.com le 21 mai 2010 .
Elle expliqua ainsi son propos : « Si seulement j'avais entendu son message lorsque j'étais adolescente, que j'ai subi un viol et que j'ai avorté ma fille. Je dis ma profonde gratitude au Cardinal parce qu'il a proclamé la vérité sur l'avortement : même en cas de viol, plutôt que d'aider la victime du viol, il ajoute en réalité une seconde victime – l'enfant à naître (...)
On m'avait dit que l'avortement ne représentait pas grand chose. Qu'il résoudrait mon problème. Pour finir je me suis laissée dominer par mes peurs et j'ai passé le coup de fil qui allait mettre fin à la vie de mon enfant et marquer le début d'une vie de souffrances et de regrets. La vendeuse à l'autre bout du fil a habilement confirmé toutes mes peurs. Celles d'être ridiculisée, rejetée, d'être un mauvais exemple pour les autres enfants de ma famille, de perdre l'amour de ma famille proche et plus large, de devoir être une mère célibataire, de n'être pas capable de m'occuper de quelqu'un d'autre, de ne pas pouvoir terminer mes études. Elle m'a dit de trouver des amis qui pourraient me prêter 250 dollars et me conduire jusqu'à l'avortoir. (…)
L'avortement n'a rien arrangé du tout. Il a tué ma fille Sarah Elizabeth et il a tué une partie de moi-même. L'avortement ne m'a pas libérée. Il m'a retenue esclave d'un enfer sur terre. (...) »

Ajoutons enfin ce témoignage [1] du 9 mai 2014 de Rebecca Kiessling, américaine dont la mère, violée par son père sous la menace d'un poignard, se fait entendre dire par sa mère, quarante ans après qu'elle ait cherché à se faire avorter :  "je suis si heureuse de t'avoir eu!". La fille raconte: "Il y a tant de gens qui pensent qu’un enfant comme moi doit être la pire chose qui ait pu arriver à ma mère – non pas le viol, mais la grossesse qui s’ensuivit, comme un « souvenir horrible du viol ». Mais ce n’est pas ce que je suis.... Les gens me demandent souvent combien il doit être difficile pour moi de partager cette histoire douloureuse, et si j’aurais préféré ignorer la vérité de ma conception et le fait que j’ai frôlé la mort de près aux mains des avorteurs. Je leur réponds « Aucunement ! c’est mon histoire et Dieu l’utilise pour Ses fins. Généralement je parle à des gens pro-life, mais qui font du viol une exception. Alors j’entends des gens me dire que mon histoire a changé leur opinion pour toujours sur ce sujet, et je reçois cette rare bénédiction d’entendre cette phrase « bénis-sois tu d’être née ! »".

Ceux qui instrumentalisent à grands renforts de médias, les rares cas d’IVG faisant suite à des viols feraient bien de respecter ces témoignages. Ils sont probablement plus représentatifs qu'on ne l'imagine, des souffrances vécues en silence par d'autres femmes victimes de viols. Tous ces témoignages confirment que l'avortement est considéré comme un second viol. Imagine-t-on qu'une femme fera le deuil de son viol en en subissant un second ?

2- L'avortement nécessaire pour sauver la vie de la mère ?

Combien d’IVG sont-elles réellement pratiquées pour « sauver la vie d’une mère » ?
A propos de cet argument qui provoque une émotion évidente chez ceux qui l’entendent, il faut également voir ce qu’il en est au plan épidémiologique.

En Angleterre, les sources officielles disent que « les cas d'avortements urgents pour sauver la vie de la mère ou lui éviter un grave risque de santé sont « rares » en 2009, les cas non urgents dans cette configuration représentent moins de 0,5 %. Mais la statistique ne sépare pas ce qui relève de la « survie » ou du risque grave de santé ». (source: Politics.co.uk du 25 mai 2010).

En France, le Syndicat national des Gynécologues et Obstétriciens de France, déclare qu’en France, on a « 0,5 % (zéro cinq pour cent) de naissance d'avortement thérapeutique soit 400 (quatre cents) par an ». Or la notion de justification thérapeutique prend en compte, d'une part un danger pour la santé de la mère, et d'autre part le risque pour l'enfant à naître d'être atteint d'une maladie incurable d'une particulière gravité.

Or, un risque de séquelles sur la santé ne relève pas du même problème qu’un risque de mort. Mais, nulle part les statistiques ne répondent à cette distinction. Sans nier que les soucis de santé soient à prendre en compte, il ne faut toutefois pas faire l’amalgame entre les deux problématiques.

La médecine peut-elle apporter un regard sur le sujet là où la statistique n’y parvient pas ? Une actualité récente a posé le problème.

Le journal Arizona-Central.com du 15 mai 2010 a révélé qu’à la fin de 2009, une religieuse catholique, Soeur Margaret McBride, avait approuvé un avortement pour empêcher le décès d’une mère gravement atteinte d'hypertension pulmonaire, à l'hôpital Saint-Joseph de Phoenix. L'hôpital disposait de deux directives relatives à l'avortement, selon le journal  « la République ». 
- La première disait que les médecins ne peuvent pas pratiquer des avortements directe en toutes circonstances, y compris pour des raisons de nature à sauver la vie de la mère. - Une seconde directive ajoutait cependant que « les opérations, les traitements et les médicaments qui ont pour objectif direct la guérison d'un état pathologique grave proportionnellement d'une femme enceinte sont permises ... même s'ils se traduira par la mort de l'enfant à naître. ". Cette seconde directive est fondée sur le principe catholique du "double effet", qui dit qu’un traitement peut être licite s’il porte sur les causes directes de l'état de santé de la femme -comme la radiothérapie pour le cancer-, et s’il n’a pas pour finalité de tuer l'enfant à naître, même si ceci peut se produire en tant qu'effet secondaire et non voulu du traitement . Les responsables de l'hôpital ont affirmé qu'ils s’étaient trouvés dans le cas de la deuxième directive en pratiquant une IVG sur le bébé.

L'évêque de Phoenix, Mgr Thomas J. Olmsted,  a fait part de son émotion dans une déclaration fournie au journal la République en disant qu'il était «gravement préoccupé » par le fait qu'un avortement ait été pratiqué il y a plusieurs mois dans un hôpital catholique de ce diocèse. Il a dit, en outre « qu'il était consterné que l'hôpital ait pu suivre un raisonnement torsadé qui justifie l'avortement direct, en réduisant l'enfant à naître à une maladie ». Le prélat ajouta : "Un enfant à naître n'est pas une maladie. Alors que les professionnels médicaux devraient certainement essayer de sauver la vie d'une mère enceinte, les moyens par lesquels ils le font ne peuvent jamais être directement par le meurtre de son enfant à naître. La fin ne justifie pas les moyens ».

Cette déclaration amena un commentaire d'un médecin spécialisé en néonatalogie et pédiatrie, le Dr Paul A. Byrne de Saint Charles Mercy Hospital à Toledo, Ohio. Le Dr Byrne est un pionnier des soins en néonatalogie, puisqu'il est à l'origine de l'adaptation de multiples techniques pour préserver la vie menacée d'un nouveau-né. Pour lui le cas d'hypertension pulmonaire  n'est en aucun cas une raison pour tuer l'enfant à naître, ce qui dans le cas d'espèce à été fait à 11 semaines de gestation, âge où la répercussion de la grossesse sur le système cardiovasculaire de la femme est « négligeable ». Le danger éventuel ne se fait d'ailleurs pas spécialement menaçant jusqu'à la fin du 2e trimestre.
Pendant les trois derniers mois, précise le Dr Byrne, au-delà de la date où le fœtus présente de bonnes chances de viabilité (21 à 24 semaines), on peut faire naître l'enfant par césarienne sans compromettre la vie de la mère, en attendant que l'hypertension soit contrée par divers procédés.
« La seule raison de tuer le bébé à 11 semaines est qu'il est plus petit » ce qui facilite l'avortement, et non l'existence d'un danger immédiat pour la mère.

Sans avoir accès au dossier médical complet, cet habitué des problèmes obstétricaux affirme, dans un entretien avec LifeSiteNews, a déclaré: «Je ne connais pas de situation [où l'avortement est nécessaire pour sauver la vie de la mère]. Je sais que bien des gens parlent de ces choses-là, mais je n'en connais pas. Le principe est toujours de préserver et de protéger la vie de la mère et de l'enfant »

Depuis lors, la Guilde des médecins catholiques de Phoenix a publié une déclaration d' « entier soutien » à Mgr Olmsted « à propos des questions de la vie d'une femme enceinte qui porte un enfant en son sein », a déclaré son président, le Dr William Brophy.
L'affaire est maintenant largement commentée dans la presse américaine qui y voit un épisode nouveau dans la guerre entre l'Eglise catholique et l'Administration à propos de l'Obamacare. Au passage, des journalistes rappellent qu'un tiers des lits hospitaliers sont gérés aux Etats-Unis par des établissements catholiques et que, tout en recevant souvent des subsides publiques, ceux-ci ne sont jamais obligés de pratiquer des actes contraires à la doctrine catholique. Suivez mon regard : cette affaire commence à être exploitée en vue d'imposer ce genre d'interventions là où les personnels de santé catholiques sont encore assez solides pour les refuser.


[1] Traduction intégrale du témoignage:
C’était une journée aigre-douce car ma mère m’appelait pour me souhaiter joyeux anniversaire, mais aussi pour m’annoncer la mort de ma grand-mère. Nous nous apprêtions à raccrocher quand maman s’exclama soudain qu’elle avait une chose urgente à me dire : « je suis si heureuse de t’avoir eu ! ». Elle ne pouvait pas dire qu’elle était heureuse d’avoir choisi de m’avoir, car ce n’était pas le cas. Elle m’avait clairement expliqué des années auparavant que si l’avortement avait été légal elle l’aurait fait sans hésiter. A vrai dire, elle a essayé de le faire deux fois ! Jusqu’au jour où une de ses nièces tomba enceinte de façon imprévue et elle réalisa l’importance de la vie.
Ma mère a souvent été interviewée pour raconter cette histoire, et témoigne « maintenant j’ai cette fille merveilleuse et le soleil brille en elle ! » ; cela fait tant de bien de l’entendre dire cela de moi ! Mais lorsqu’elle me l’a dit à moi directement pour mon anniversaire, ce fut le plus beau présent que j’ai jamais reçu, -enfin, mis à part le don de la vie et celui d’avoir un anniversaire à célébrer !Il y a tant de gens qui pensent qu’un enfant comme moi doit être la pire chose qui ait pu arriver à ma mère – non pas le viol, mais la grossesse qui s’ensuivit, comme un « souvenir horrible du viol ». Mais ce n’est pas ce que je suis. Le jour de la mort de sa mère, maman a vu en moi l’espoir et la guérison dans sa vie. Au moins elle a une enfant à qui elle peut exprimer tout ce qu’elle ressent. Je pense aux millions de femmes pour qui changer d’avis sur l’avortement est une prise de conscience douloureuse d’une opportunité disparue, et je pleure avec elles. Et je pense aussi aux enfants qui étaient planifiés et désirés mais qui n’ont jamais entendu de paroles si profondes de la part de leurs mères. Encore pire sont de rares mères qui sont si détruites qu’elles disent à leurs enfants « j’aurais dû t’avorter ! » ; instinctivement, nous savons combien il est horrible pour une mère de dire une telle chose. Qui pourrait bien faire l’éloge d’un tel cœur ?Les gens me demandent souvent combien il doit être difficile pour moi de partager cette histoire douloureuse, et si j’aurais préféré ignorer la vérité de ma conception et le fait que j’ai frôlé la mort de près aux mains des avorteurs. Je leur réponds « Aucunement ! c’est mon histoire et Dieu l’utilise pour Ses fins. Généralement je parle à des gens pro-life, mais qui font du viol une exception. Alors j’entends des gens me dire que mon histoire a changé leur opinion pour toujours sur ce sujet, et je reçois cette rare bénédiction d’entendre cette phrase « bénis-sois tu d’être née ! ». Je me sens privilégiée alors je dis cette phrase à mes amis lors de leurs anniversaires, vous n’imaginez pas le nombre de gens émus qui me répondent « personne ne me l’avait jamais dit. »
Nous devons nous le dire mutuellement parce que c’est cela un anniversaire – c’est la célébration du fait que vous soyez né ! vous êtes unique, irremplaçable, dessein de Dieu avec une mission et appelé à être une bénédiction, peu importe les circonstances. Si vous êtes un papa ou une maman, n’hésitez pas à dire à vos enfants combien vous êtes heureux de les avoir eu – pas de par votre propre choix ou planification, mais faites leur le don de savoir qu’il y a un plus grand dessein dans leur vie, bien au-delà de vos intentions personnelles, et regardez-les faire leur envol !