Mgr Michel Schooyans a publié un long article dans « l’Osservatore Romano » du 8 février 2010. Il montre le caractère ambigu du mot « compassion » et énumère une longue série de fausses compassions. Mais comment discerner une fausse compassion et une saine présence aux côtés de ceux qui souffrent ?

Source : chiesa.espressonline 8.2.2010

Commentaire de « les2ailes.com »

Mgr Michel Schooyans pose le débat tel qu'il doit l'être : « Lorsqu’on parle de compassion, on pense immédiatement à la souffrance d’autrui, à la situation tragique dans laquelle il se trouve. Il s’agit de le comprendre, de "sympathiser" avec lui, de partager sa détresse et de la porter avec lui. Cette situation de malheur, il faut certes essayer de l’alléger, d’y porter remède dans toute la mesure du possible. Le mot compassion connote en outre l’idée de partage psychologique et affectif de la souffrance. Or, … il est fréquent que l’on invoque la compassion pour "justifier" l’acte qui a été exécuté ou qui va l’être »

Suit alors une longue liste d’exemples de fausses compassions :

  • Compassion vis-à-vis de parents qui avortent d’un enfant déclaré porteur d’une malformation grave au motif que ce serait pour eux « un "fardeau" insupportable » ;
  • Compassion pour un enfant atteint de la malformation, parce qu’il «  aura une vie qui ne vaut pas d’être vécue » ;
  • Compassion pour la société qui reconnait l’avortement au motif qu’un « handicapé de naissance n’apporte rien à la société » ;
  • Compassion vis-à-vis de médecins avorteurs, car « pratiquer un avortement est pour eux – dit-on – une "décision difficile à prendre" et un acte qu’ils n’exécutent que pour obéir à leur conscience » ;
  • Compassion envers les animaux qui requiert « le respect de quotas fixant le nombre, voire la "qualité" d'hommes autorisés à se reproduire » ;
  • Compassion pour Gaïa, « la Terre Mère, qui – avance-t-on – se dégrade en raison de l'action dévastatrice de l'homme. L'homme doit être sacrifié à l'environnement » ;
  • Compassion pour les pauvres clercs pédophiles, « qui souffrent déjà tant de leurs pulsions, et que leurs supérieurs ne peuvent accabler publiquement ni moins encore exposer à la condamnation infamante par des instances judiciaires compétentes » ;
  • Compassion pour les adolescentes qui pousse « Ségolène Royal, [à] "venir au secours de la détresse des élèves", de réduire la détresse sociale que représentent les "grossesses précoces". Après avoir incité à la consommation sexuelle par l'adjonction de préservatifs dans le kit contraceptif, Ségolène Royal rappelle l'existence d'une "circulaire prévoyant déjà la contraception du lendemain" » ;
  • Compassion pour les homosexuels pour lesquels on demande que « l'Église reconnaisse les unions homosexuelles, avec ou sans adoption d'enfants » ;
  • Compassion pour les divorcés pour lesquels on demande que « l'Église permette le "remariage" de divorcés » ;
  • Compassion dans l’action des représentants des pouvoirs publics : « Tous auraient besoin de confort spirituel et devraient pouvoir s'approcher de la Sainte Table », même s’ils omettent de « faire respecter la loi morale naturelle dans la vie publique. Cette omission engendre la confusion et induit en erreur tous les citoyens ».

Mgr Schooyans cite Mgr. Burke, archevêque de St-Louis (Missouri) aux USA, qui déclara le 29 septembre 2009 : « Dans une société dont la pensée est gouvernée par la ‘tyrannie du relativisme’, et dans laquelle le politiquement correct et le respect humain sont les ultimes critères de ce qu’on doit faire ou de ce qu’on doit éviter, l’idée d’induire quelqu’un en erreur morale a peu de sens. […] Ce qui cause émerveillement dans une telle société, c’est le fait qu’il en est qui omettent d’observer le politiquement correct, et qui, par là-même, semblent perturber la prétendue paix de la société. Cependant, mentir ou omettre de dire la vérité n’est jamais un signe de charité ».

Quelle devrait donc être une vraie Compassion ?

"les2ailes.com" proposent deux textes du Magistère qui appellent l’Eglise à une véritable Charité, à condition qu’elle s’exprime dans la lumière de la Vérité :

  • « [L’Eglise] veut être présente aux côtés de toute personne souffrante dans son corps et dans son âme, pour offrir non seulement un réconfort, mais aussi la lumière et l’espérance,… » (Introduction §3 de « Dignitatis personae » - 8 décembre 2008)
  • Evoquant la blessure de l'avortement, le pape avait également adressé une exhortation aux femmes qui portent cette blessure dans leur âme :
    « Ne vous laissez pas aller au découragement et ne renoncez pas à l'espérance. Sachez plutôt comprendre ce qui s'est passé et interprétez-le en vérité.
    Si vous ne l'avez pas encore fait, ouvrez-vous avec humilité et avec confiance au repentir : le Père de toute miséricorde vous attend pour vous offrir son pardon et sa paix dans le sacrement de la réconciliation. C'est à ce même Père et à sa miséricorde qu'avec espérance vous pouvez confier votre enfant ».
    « …On ne peut s'approcher des victimes et leur permettre de se relever et de reprendre le chemin de la vie, qu'avec l'attitude de l'amour miséricordieux ».
    (Discours de Benoît XVI au Congrès International de l’Institut Pontifical Jean-Paul II pour les études sur le mariage et la famille. Samedi 5 avril 2008)