L’Empreinte écologique (EE) est un indicateur censé mesurer l'empreinte d'une population par rapport à la surface qu'elle utilise. Il prétend mesurer les surfaces alimentaires productives de terres et d'eau nécessaires pour produire les ressources qu'un individu, une population ou une activité consomme et pour absorber les déchets générés, compte tenu des techniques et de la gestion des ressources en vigueur.
Pour l’opinion publique, il s’agit d’un folklore d’ONG en mal de communiquer des concepts alarmistes en calculant
- soit la date à laquelle l’EE des habitants aurait dépassé la Bio-capacité (BC) de la planète. En 1987, elle aurait été dépassée le 19 décembre en 1987. En 2016 la date fatidique serait désormais le 8 août !
- soit le nombre de planètes nécessaire à l’absorption de l’empreinte écologique de la planète. L’espèce humaine aurait eu besoin de 1,6 planètes en 2010 pour assurer ses besoins et de 1,8 planète en 2016 !
Comment sont calculés ces indicateurs? Quels sont leurs fondements scientifiques? Quels sont les enjeux qui les sous-tendent?

Analyse "les2ailes.com"

1- Qu’est ce que l’empreinte écologique ?

Le Global Footprint Network (GFN) définit l’EE comme  « la surface biologiquement productive de terre et dʹeau dont un individu, une population humaine ou une activité a besoin pour produire les ressources quʹelle consomme et absorber les déchets quʹelle génère en utilisant les technologies et les pratiques de gestion des ressources existantes ».
Ce concept d’empreinte écologique se fonde sur deux approches :
- celle de la comparaison  des  ressources (biocapacité) et des besoins  (empreinte écologique), développée par le professeur Willim E. Rees et Mathis Wackernagel
- celle de l’équation IPAT  (acronyme anglais pour : impact = population x affluence x technology), formulée dans les années 1970 par Paul Ehrlich et John Holdren

2- Le calcul bio-capacité (BC) / empreinte écologique (EE)

2.1- Ses auteurs

Ce calcul a été imaginé par Mathis Wackernagel. Né à Bâle en 1962, il créa le concept d’empreinte écologique et en développa la méthodologie dans sa thèse supervisée en 1994 par le Professeur William E. Rees, professeur émérite et  ancien Directeur de « School of Community and Regional Planning » à l’Université de la Colombie Britanique au Canada
Il a fondé en 2003 le Global Footprint Network (GFN) qui regroupe plus de 70 organisations partenaires2, y compris le WWF International, la Banque Sarasin, le Groupe Pictet, la New Economics Foundation, le cabinet de conseil britannique Best Foot Forward et l'initiative d'Abu Dhabi Global Environmental Data. Le président du GFN est toujours Mathis Wackernagel. Il est le propriétaire des droits d’auteur sur l’utilisation du concept.
Mathis Wackernagel compte parmi les influences idéologiques de l'organisation écologiste suisse Ecopop, association qui proposa un referendum en Suisse  pour que sa diplomatie fasse la promotion  du malthusianisme dans le Tiers Monde et qu’elle affecte au Planning familial 10% de son aide au développement afin de  limiter la surpopulation.

2.2- Le calcul de l’empreinte écologique

a)  Les ressources en Bio-Capacité BC

Sur l’ensemble de la surface terrestre (environ 51 milliards d’hectares), on estime qu’environ 12 milliards d’hectares (terrestres et aquatiques) sont bioproductifs.
On les convertit en une nouvelle unité, l’hectare global (hag), qui représente un hectare de bio-productivité moyenne.
Le calcul de la bio-capacité pour chaque type de surface prend en compte la productivité du pays par rapport à la moyenne mondiale. Les surfaces de terres et d’eaux sont exprimées en hectares globaux pour pouvoir ensuite être additionnées pour calculer la BC de la planète ou d’un pays. Cette normalisation est faite à l’aide d’un facteur de rendement et d’un facteur d’équivalence :
- le « facteur de rendement » correspondant au rapport entre le rendement national d’un type de terre donnée par rapport au rendement moyen mondial d’un sol de même type.
- le « facteur d’équivalence » qui permet de comparer le rendement d’un type de sol avec le rendement moyen de tous les sols mondiaux.

b)  Les besoins entrant dans le calcul de l’empreinte écologique EE
- Les besoins correspondants aux « produits primaires ».
Il s’agit, bien sûr, des surfaces nécessaires à leur production. Son calcul consiste à diviser les quantités de produits primaires par le rendement de Bio-Capacité des surfaces permettant de les produire. Ils sont ensuite « normalisés » avec les fameux « facteurs d’équivalence » et « facteur de rendement ».
- Les besoins pour recycler les déchets
En fait de déchet, le seul qui soit pris en compte est l’émission de CO2 provenant de la consommation d’énergie fossile que, selon les auteurs, il faudrait « absorber »[1].

c) Le modèle compare ensuite l’EE et la BC.
On aurait des pays en situation de « déficit écologique » quand l’EE est supérieur à son BC, ou, dans le cas contraire, en situation de « réserve écologique ».
On met cette comparaison en perspective avec ce que les écologistes appellent l’Indice de Développement Humain (IDH). Il s’agit d’un calcul composite censé représenter le niveau de vie, d’instruction et de santé publique. Tous ces éléments sont également très subjectifs.

3- L’approche IPAT

Avec  l'IPAT [2], l’impact écologique de l’activité humaine (noté I) est égal au produit de trois facteurs : la taille de la population (P), l’abondance matérielle, représentée par le revenu par personne (A), et la technologie (T).

3.1- Ses auteurs

Paul Ehrlich et John Holdren respectivement professeurs aux universités de Stanford et de Harvard ont tous les deux  exploré le thème de la surpopulation en défendant des politiques malthusiennes, notamment dans leur article de 1969  « Paul R. Erlich et John P. Holdren. "Population and Panaceas A Technological Perspective"[3].
Ils publient ensemble, en 1977, avec Anne H. Ehrlich « Ecoscience: Population, Resources, Environment » (San Francisco, Freeman, 1977), dans lequel ils évoquent des solutions à la surpopulation, depuis le planning familial volontaire jusqu’à la stérilisation forcée pour les femmes après avoir donné naissance à un nombre prédéfini d'enfants. John Holdren proposa l’avortement forcé et l’introduction de stérilisants dans l’eau de boisson pour contrôler la population.

3.2- Le calcul de l’Empreinte I=PAT

Le calcul s’applique très simplement en fonction des données moyennes planétaires :

a) La situation actuelle
IPAT : I = P x A x T
Pour simplifier, on va de nouveau représenter l’impact écologique par les émissions de gaz carbonique, tandis que le facteur technologique sera représenté par l’intensité en carbone, c’est-à-dire la quantité d’émissions nécessaires pour produire une valeur de 1 $.
En 2010, on a :
I = 33 milliards de T de CO²
P= 6,84 Milliards d’hommes
A = RNB/Hab = 9.136 $
T = Intensité en carbone = 33 / (9.136 x 6,84) = 530 gCO²/$ de RNB

b) Les perspectives affichées pour 2050
Avec une population de 9 MM d’hab et si on imagine que la technologie  permettra de continuer à réduire l’intensité énergétique à 0.22, on en  arrive à Impact écologique égal à une croissance du RNB qui atteindrait
A = 33 / (9 x0,22)  = 16.700 $.

c) Les conclusions qu’en tirent les auteurs
Cette extrapolation poserait deux problèmes :
- Le quasi doublement apparent du revenu moyen, comme toute moyenne,  cache le fait que  ce niveau n’est en réalité que la moitié du niveau de revenu européen.
- Cette perspective occulte le fait que l’impact écologique, mesuré par les émissions actuelles de 33 MMT de CO2 est jugé dangereux pour le climat. On prétend que pour  limiter le réchauffement à 2°C, il faudrait réduire les émissions à 15 MMT.  Dès lors, le revenu tomberait à A = 15 / (9 x 0.22) = 7.600 $, soit une baisse par rapport à la situation actuelle.

Deux solutions s’imposent avec cette formule :
- soit tabler sur une baisse du revenu des plus riches pour s’ajuster au revenu mondial moyen de 16.700, voire à 7.600 $ pour tenir compte de la question climatique. Est-ce réaliste ?
- soit conclure qu’une population atteignant un revenu, par exemple de 20.000 $, ne devrait pas dépasser: P =  15 / (20000 x 0.22) = 3.4 milliards d’habitants. Pour ne pas être accusés de malthusiens démographiques, les spécialistes disent simplement que l’empreinte écologique de l’homme nécessiterait de disposer de  6.84/3.4 = 2 planètes.

Et les promoteurs de la méthode d’ajouter que si l’on veut protéger, en même temps la biodiversité, l’empreinte écologique de l’humanité devra être encore plus réduite !

4- L’empreinte écologique de la biodiversité ?

Très paradoxalement, le calcul de l’empreinte écologique ne prend pas en compte les besoins de la biodiversité. C’est d’ailleurs un reproche fait par les ONG écologistes les plus radicales.
Certes, il est des aspects où il y a une synergie entre le développement de la biodiversité et de la satisfaction des besoins humains. On pensera aux bactéries d’un sol, ou aux abeilles. Mais quand on pense à la disparition de certaines espèces, on nous parle de concurrence avec l’homme :

- L’agriculture intensive utiliserait des semences hybrides, pour ne pas parler des OGM, néfastes au développement de la biodiversité. Faudrait-il renoncer à désherber les champs pour revenir à la présence des coquelicots dans les champs de blé. Ce serait oublier que la « mauvaise herbe » concurrence les cultures à hauteur de l’équivalent de plusieurs centaines de millions de tonnes de blé !

- Que penser de ces espèces de grands animaux dont les populations diminuent gravement, celle des éléphants par exemple ? Que répondre à ces africains qui se plaignent de voir leurs efforts de culture ravagés par des éléphants friands des produits de l’agriculture ? Est-il acceptable de vouloir réduire la population africaine pour que ce continent reste un zoo vivant pour certains touristes du nord pour qui l’écologie est plus un « esthétisme de luxe » qu’une philosophie de développement intégral au service de l’homme ? Que faire ? Il est intéressant de lire les remarques déjà faites au XIX° : l’explorateur Paul Bourdarie (1864-1950) évoquait la possibilité de domestiquer l’éléphant d’Afrique à l’instar de son cousin asiatique. Ce serait, disait-il déjà, un moyen efficace de le protéger d’un anéantissement rapide. « On met quelques mois à l’apprivoiser, quand il est jeune et quelques semaines suffisent ensuite, pour le bien dresser ». [Cuvillier - Fleury. Cité par F. Rouget, p 807]. Le prosélytisme de Paul Bourdarie en faveur de l’éléphant d’Afrique, n’a pas fait école : en 1906, il n’y avait encore que dix huit éléphants domestiqués en Afrique.  
Dans nos cultures croyant au mythe du « bon sauvage », cette idée parait maintenant saugrenue. Les biologistes savent pourtant que la domestication du cheval par l’homme a contribué au développement de l’espèce, tant en quantité qu’en diversité ! Ils savent également que l'élevage du bison a permis d'en porter la population à plusieurs milliers en Europe alors qu'ils n'étaient qu'une cinquantaine en 1920 dans quelques zoos.

- Que penser de ces éleveurs de Patagonie qui font le constat que le développement des guanacos sauvages concurrence à près de 50% la disponibilité des pâturages pour l’élevage ? Il est interdit aux éleveurs d’en réguler la population !

On nous dit que l’homme exploite aujourd’hui 1,8 planètes sans que l’indicateur ne prenne en compte les besoins de la biodiversité. Il n’y a que deux solutions :
- ou bien l’objectif affiché  de 3.4 milliards d’habitants est encore trop élevé et l’homme devrait encore laisser la place aux autres espèces vivantes.
- ou bien, tout simplement, l’indicateur utilisé d’empreinte écologique est complètement incohérent et ne devrait même pas mériter attention. Ne serait-il pas tout simplement fondé sur rien de scientifiquement sérieux ?

5- Les incohérences du concept d’empreinte écologique

5.1- Les incohérences intrinsèques

a) L’illogisme des coefficients d’équivalences en hectares globaux

- le « facteur de rendement » utilisé revient à considérer qu’une surface non cultivée n’a pas de potentiel de Bio-Capacité puisqu’on ne peut lui affecter de rendement moyen !
- quant au « facteur d’équivalence », il est comparable à la conversion de toutes les monnaies en dollar pour pouvoir les additionner, en oubliant que cela ne dit rien de la valeur mondiale du dollar. Avec ce facteur, on calcule une sorte de monnaie que le Global Footprint Network (GFN) appelle l’ « hectare global ». On peut toujours additionner des chiffres, mais cela ne confère aucun sens intrinsèque à cette opération autre que celui qu’on veut idéologiquement lui attribuer !

b) La différence de traitement des forêts selon qu’il s’agit de leur bio-capacité ou de leur utilisation

Quand il s’agit des bio-capacités, les surfaces forestières de forêts ne sont prises en compte que pour leur capacité à produire du bois. Leur capacité à absorber le CO2 ou à fournir un habitat pour certaines espèces animales n’est pas prise en considération dans le calcul de la BC au motif que le CO2 est relâché dans l’atmosphère quand le bois est coupé. Or, le CO² n’est pas relâché quand le bois est coupé mais seulement quand il est brûlé ou décomposé en humus.
Mais dans le calcul des besoins écologiques, la méthode introduit des besoins en surfaces virtuelles pour absorber le CO2 provenant de la combustion d’énergie fossile.
Comprenne qui pourra ! Il ne faudra pas s’étonner, au résultat, qu’il y ait un immense déficit de surfaces écologiques !

c) Des indicateurs fixistes

Les indicateurs d’empreinte écologique sont inspirés des calculs faits par le Club de Rome depuis plus de 50 ans !
Sous des apparences mathématiques, on donne au concept d’empreinte écologique une image scientifique .
En réalité, cette approche pose deux graves erreurs :

L’inefficacité totale de ce type de modèle pour guider notre agir
Ce type de modélisation a montré son incapacité à s’appliquer à nos économies. Le Club de Rome s’était déjà largement trompé dans les années 1970 avec son fameux « rapport Meadows » en mettant  en formule cinq variables: la population, le PIB/Habitant, la ration alimentaire/personne/an, la pollution, et, enfin, les ressources non renouvelables.  L’idée était que,  plus la population augmente, plus les ressources disponibles par habitant se réduisent. Nulle part on ne trouvait de prévisions dûment datées.  Mais  la lecture des courbes[4], montrait que si les tendances se maintenaient, tout devait s’effondrer vers les années 2005. Étant donné ce qu’on a constaté, on ne peut qu’émettre des doutes sur la validité de ce type de modèle.
Samuel Farfari[5] a résumé les critiques qu’il convient de faire au rapport Meadows: « La principale raison pour laquelle ce club …s'est fourvoyé sur cette question comme sur d'autres, c'est parce qu'il pensait à une évolution linéaire de la technologie et estimait que les évolutions de la démographie, de la pollution et des besoins suivaient une tendance exponentielle. Cela ne pouvait que conduire à une interprétation catastrophique du futur. Petite erreur d'hypothèse mais grande divergence quant aux résultats ».
Quelles sont, concrètement, les critiques faites au rapport Meadows:
« Il lui est d’abord reproché d’avoir fondé son modèle sur  l’agrégation qui a toujours été considérée comme une démarche appauvrissante bien qu’inévitable en macroéconomie et qui, de ce fait ignore largement les problèmes de structure. Il est également reproché d’avoir appliqué un « principe d’accélération », qui veut qu’un output soit proportionnel à son stock en capital. Il est reproché d’avoir (implicitement) supposé que la même proportionnalité prévalait pour la pollution - qui est aussi un output ! »
Toutes ces critiques s’appliquent exactement de la même manière au concept d’empreinte  écologique : agrégation des indicateurs, proportionnalité des évolutions dans le temps, etc...

- Le problème central de l’empreinte écologique est son statisme
Comme pour le rapport Meadows, et au delà des choix arbitraires de facteurs d’équivalence et de rendement et des erreurs inhérentes à la qualité des données, il faut surtout retenir que les modèles d'Empreinte Écologique ne sont pas  dynamiques. il ne tiennent pas compte de l’état réel, année après année, ni des différents stocks de ressources biologiques (pâtures, pêche etc.). Les chiffres fournis sont d’autant plus artificiels que la formule qui les produit ne tient pas compte du progrès technique. C’est dommage, car la technologie améliore les rendements agricoles, ce qui diminuerait l’empreinte.

d) Des modèles ignorant les facteurs économiques

La formule ne considère pas non plus le prix des choses. Or, plus une ressource renouvelable se fait rare, plus elle est chère, ce qui limite sa consommation : la théorie économique classique ne dit pas que des âneries. L’empreinte écologique pourrait donc atteindre un plateau par le seul fait de la loi de l’offre et de la demande.

5.2- Un indicateur redondant avec la problématique climatique

Toutes ces incohérences intrinsèques aux modèles de calcul d’empreinte écologique seraient perfectibles s’ils ne souffraient pas d’une erreur majeure : leur fondement scientifique partial.

a) Le poids des surfaces fictives  liées au recyclage du carbone

Dans l’équation IPAT, l’élément "I", représentant l’impact écologique, est, pour 100%, celui de l’émission de CO2.
Dans le calcul de l’Empreinte Écologique à partir des « surfaces globales», on fait apparaître un type de sol virtuel, celui des  ʺsols énergétiquesʺ. Ces sols fictifs sont destinés à absorber le CO2 provenant de la combustion d’énergie fossile. Ils représentent 1,43 hag par habitant, soit 53%  des besoins globaux de 2,7 hag. C’est considérable et complètement déconnecté du réel.
Très sournoisement, l’énergie nucléaire était incluse dans l’empreinte énergie et comptabilisée comme équivalente à la combustion fossile. « Convention très discutable », commentent laconiquement les auteurs. On voit comment l’idéologie a pu pousser les auteurs à retenir des hypothèses de calcul à ce point contestable. Ils appellent cela « une convention » ! On surestimait donc d’un facteur 150 l’empreinte écologique du nucléaire. Il fallait forcément masquer l’aspect positif du nucléaire qui n’émet pas de gaz à effet de serre. Et faisant d’une pierre deux coups, ce petit tour de passe-passe permettait de multiplier par 2 la supposée croissance de l’empreinte écologique. Retenir de telles hypothèses discrédite totalement les auteurs, même si les contestations ont été telles que, à partir de 2008,  l’énergie nucléaire a été supprimée purement et simplement des modèles « pour des raisons techniques ».
Parmi ces raisons techniques, il y a l’absurdité de vouloir ramener en « hectares globaux » l’absorption des déchets nucléaires. La capacité biologique des sols est en effet extrêmement faible en la matière. On peut parler de surface occupée par leur stockage mais il est absurde de vouloir parler de surface pour leur absorption. On met ici le doigt sur la grande incapacité de ces modèles à prendre en compte les évolutions technologiques.
En réalité, cet indicateur d’Empreinte écologique n’est donc qu’un vulgaire bilan carbone déguisé.
Mais il y a plus grave :

b) La problématique climatique : un consensus qui n’a pas sa place en science.

Malheureusement, cette place éminente accordée aux facteurs climatiques n’est le résultat que d’un argument d’autorité, celui du consensus élaboré par le GIEC d’une dite cause humaine du réchauffement climatique. Or en sciences, les votes ou consensus n’ont pas leur place. Seules les preuves comptes. Comment apporter une cohérence entre les travaux de milliers de scientifiques, experts dans leur domaines, mais dont les uns s’occupent des causes (climatologues, hélio-sismologues, thermodynamiciens, chimistes, etc) et les autres ne s’occupant que des conséquences (glaciologues, agronomes, biologistes, océanographes, etc...). Seule la systémique permet de chiffrer réellement le poids des relations de cause à effet. Or le GIEC ne réunit que quelques spécialistes d’identification des systèmes complexes (Gabriele Hegerl et autres) qui ne se sont jamais confrontés à la communauté internationale de cette discipline. Dès lors ils n’ont pas corrigé deux erreurs méthodologiques majeures :
- celle de s’appuyer sur des séries de données observées sur 150 ans, période beaucoup trop courte pour expliquer les variations de l’ « optimum médiéval » ou du « petit âge glaciaire » qui a suivi.
- Celle de confondre les causes et les effets en retenant des phénomènes comme ceux de El Nino comme une cause, alors que chacun sait que leur existence dépend de facteurs climatiques.
Une étude française fondée sur l’identification des systèmes dynamiques a démontré et chiffré pourquoi il fallait rechercher dans la variation de l’activité solaire, l’essentiel de l’explication de la période chaude récente. Cette étude a été publiée dans la revue Elsevier le 26 octobre 2016, après validation par un comité de relecture constitué de pairs en systémique. Elle est intitulée « Identification du système climatique vs. détection et attribution » (Accès version française)
Comment, dès lors, accorder une crédibilité à des indicateurs d’empreinte écologique qui accordent plus de 50% de leurs calculs à un impact du CO² qui n’est pas fondé ?

Tout cela pourrait être sans importance s’il ne s’agissait que d’un outil de communication pour médias ou ONG en mal de créer de l’émotion dans les esprits.
Or il ne s’agit pas de cela :

6- Les dangers politiques et économiques du concept d’empreinte écologique

a) L’enjeu politique et peu démocratique

Ces indicateur ne relèvent pas de la plaisanterie. Pour parvenir à calculer l’empreinte écologique de chaque état, les Nations Unies ont progressivement imposé la mise en place d’un véritable « système de comptabilité économique intégrée à l’environnement » (SEEA-Système of Environnemental and Economic Accounts). Ces comptes dits « satellites » s’imposent progressivement à la comptabilité des entreprises. Il devient difficile d’échapper à ce concept dont les fondements sont pourtant dépourvus de toute fiabilité. Or, pour calculer l’empreinte écologique de chaque pays, ce sont des milliers de fonctionnaires qui sont mobilisés à la FAO et dans d’autres administrations mondiales.  Tout cela sur un fondement scientifique douteux ! Curieusement, cette méthode est utilisée par tous les pays du monde alors qu’elle n’a jamais été validée ni par des panels scientifiques ni par des accords politiques !
Tout cela finira par devenir prescriptif : il n’est qu’à voir comment le Sommet Mondial de Johannesburg a retenu, comme objectif primordial, la mise en oeuvre d’objectifs de réduction de l’empreinte écologique ! Et, nulle part, cela ne fait l’objet de débats démocratiques transparents et honnêtes.
L’honnêteté voudrait que ces débats soient contradictoires et, au nom de la transparence, ils  ne doivent pas être confisqués par les ONG mais les minutes des expertises plurielles doivent être rendues publiques.
En effet l’enjeu n’est pas mince :

b) L’enjeu économique

Comment faudrait-il répartir la BioCapacité (BC) planétaire entre les pays ?
Le poids du CO² dans ces calculs est tel qu’on en arrive à une évidence : les Émirats Arabes Unis et le Qatar sont les deux premiers pays au classement de la mauvaise empreinte écologique. Mais, paradoxalement, c’est Cuba qui serait le pays de cocagne avec un Indice de Développement Humain (IDH) idéal de 0,8 et une empreinte écologique qui ne dépasserait pas 1,8 hag.
Un pays comme la Belgique est qualifiée de débiteur écologique alors que l’Australie est créditrice, mais l’Empreinte Écologique (EE) par habitant de l’Australie dépasse celle de la Belgique ! Or, pour qu’un pays réduise son déficit écologique, il devrait soit réduire son EE (à BC constante), soit augmenter sa BC (à EE constante).
- La réduction de l’EE ?
L’influence d’un état sur le rendement moyen mondial des différents types de surfaces et sur le « facteur d’équivalence » est nul. Il ne peut réduire son EE sans réduire les quantités produites et importées, puisque, s’il augmente ses productions exportées, cela aurait des conséquences sur l’EE d’autres pays !
- L’augmentation de la BC ?
Convertir des surfaces à rendements faibles en surfaces à rendement plus élevés, aurait des impacts sur les zones forestières ou de montagnes. Il faudrait donc favoriser l’agriculture conventionnelle ou l’élevage intensif au détriment de l’agriculture biologique ou de l’élevage extensif qui ont des « rendements » plus faibles ! L’autre solution consisterait à acquérir des terres à l’étranger. La mise en oeuvre de ces indicateurs finit par devenir un enjeu concurrentiel entre les états dont les vainqueurs ne seront pas les pays pauvres !

7- Conclusion: du malthusianisme ...au messianisme ?

On voit comment cette indicateur risque de n’être que la justification pseudo scientifique du malthusianisme. Les auteurs de ces calculs ne se cachent pas dans leur discours : ils sont persuadés de la nécessité de réduire drastiquement la démographie humaine.
Par ailleurs, la dimension planétaire de ces indices induit un discours simple : « A problème global, gouvernance mondiale ». La problématique ainsi posée favorise ceux qui souhaitent réduire le poids politique des états et mettre en place une gouvernance mondiale au profit d'intérêts faisant peu de cas du principe de subsidiarité ou du désir des peuples. Tout cela ressemble à un messianisme, c’est à dire à la stratégie de minorités se considérant comme des élites qui organisent la peur et le mensonge pour que les opinions publiques suivent un programme sensé apporter le salut temporel. Une illusion !


[1] http://www.footprintnetwork.org/content/images/uploads/Belgium_working_pager_11_10.pdf

[2] https://reporterre.net/La-croissance-impossible

[3] [archive], Bioscience, vol. 19, pages 1065-1071, 1969.

[4] "Halte à la croissance ?" (Écologie - Fayard – 2nd T 1972) - (Figure 31)

[5] Il enseigne la géopolitique de l'énergie à l'Université libre de Bruxelles; docteur en Sciences appliquées; fonctionnaire à la Commission UE