A la différence de certaines églises protestantes, l’Eglise catholique réserve l’accès au pastorat aux seuls hommes. Certains voient là une injuste discrimination fondée sur des préjugés dépassés. Plus profondément, on peut s’interroger sur les raisons qui expliquent cette position. Qu’elles sont elles ?
R. Si l’Eglise ne permet pas que des femmes soient ordonnées prêtre, c’est par fidélité à la volonté du Christ et à son exemple. Ceci n’implique pas un quelconque abaissement de la femme dans la mesure où « les plus grands dans le royaume des Cieux ne sont pas les ministres mais les saints ». Au contraire, cette position de l’Eglise éclaire le mystère de l’Eglise et du Sacerdoce et aide à « approfondir la mission respective de l’homme et de la femme[1] ».
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EN SYNTHÈSE :
1. La distinction homme/femme, une complémentarité voulue par Dieu.
L’Eglise enseigne que la distinction entre l’homme et la femme, loin d’être purement culturelle, revêt une signification profonde, voulue par le créateur.
2. Le Christ ayant voulu réserver le sacerdoce uniquement aux hommes, il n’appartient pas à l’Eglise de revenir sur ce point.
L’Eglise n’a pas le pouvoir d’ordonner des hommes. En effet, on devient prêtre par le sacrement de l’ordre. Or, tous les sacrements impliquent la présence d’éléments précis fixés par le Christ lui même.
3. Cette règle éclaire le mystère des liens entre le Christ ey son Eglise.
L’Eglise enseigne qu’elle est l’épouse du Christ. Or, le prêtre représente le Christ et celui ci est et demeure un homme. Le fait que le prêtre soit également un homme, par la ressemblance qui existe entre celui-ci et le Christ, éclaire ce mystère.
4. L’enseignement de l’Eglise sur l’égale dignité de l’homme et de la femme.
Cette règle ne diminue en rien la dignité de la femme. En effet, l’Eglise considère que « les plus grands dans le royaume de Dieu ne sont pas les ministres mais les saints »[2].
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1. La distinction homme/femme, une complémentarité voulue par Dieu.
L’Eglise enseigne que la distinction entre l’homme et la femme, loin d’être purement culturelle, revêt une signification profonde, voulue par le créateur.
La théorie du genre, en vogue depuis les années 1970, prétend que la différence sexuelle entre l’homme et la femme, est uniquement un produit de la culture. Sans contester les indéniables différences anatomiques, elle les considère comme indépendantes d’un « sexe social » choisi. Chacun serait en fait libre de déterminer son sexe en fonction de ses préférences.
Cette théorie n’est pas compatible avec la doctrine de l’Eglise. En effet, sans nier l’influence de la culture dans la construction de l’identité sexuée, elle enseigne que la différence homme femme est d’abord le produit de la nature. Il existe donc une nature masculine et une nature féminine. « Certain dons, inclinations et dispositions naturelles sont propres seulement à l’homme ou à la femme, ou bien sont répartis inégalement chez l’un et chez l’autre, les uns étant plus développés chez l’homme, les autres chez la femme, si bien que la nature leur a attribué des champs d’activité et des rôles distincts. Il n’est point ici question de capacités ou de dispositions naturelles secondaires, comme seraient des aptitudes ou attraits pour les lettres, les arts et les sciences, mais bien de qualités aux retentissements essentiels dans la vie familiale et dans la communauté [3]». Cette distinction entre l’homme et la femme n’abolit pas l’unité du genre humain, mais elle la révèle. En effet, ces deux natures n’en font véritablement qu’une seule, car elles individualisent chacune différemment la même nature humaine.
Les sciences naturelles et humaines pourraient ici souligner et faire l’inventaire des différences entre les deux sexes soulignées. Mais l’Eglise, ne fonde pas sa position d’abord sur celles-ci, bien qu’elles ne soient pas en contradiction avec elles.
2. Le Christ ayant voulu réserver le sacerdoce uniquement aux hommes, il n’appartient pas à l’Eglise de revenir sur ce point.
L’Eglise n’a pas le pouvoir d’ordonner des hommes. En effet, on devient prêtre par le sacrement de l’ordre. Or, tous les sacrements impliquent la présence d’éléments précis fixés par le Christ lui même.
Le fondement de l’ordination sacerdotale réservé aux hommes est essentiellement d’ordre théologique : « les problèmes de théologie sacramentaire, ne peuvent trouver leur solution qu’à la lumière de la Révélation. Les sciences humaines, si précieux que soit leur apport dans leur domaine ne peuvent suffire, car elles ne peuvent saisir les réalités de la foi : le contenu proprement surnaturel de celles-ci échappe à leur compétence[4] ».
Cela signifie, relativement à la question qui nous préoccupe, que la prêtrise n’est pas une institution purement humaine. Elle n’est pas « un simple service de pastorat ». Pour l’Eglise, le prêtre a pour mission d’assurer « la continuité des fonctions confiées par le Christ aux douze et des pouvoirs qui s’y rapportent [5]». Or, il y a dans ses fonctions quelque chose de « surnaturel », c’est à dire quelque chose qui, sans la contredire, dépasse la « nature ». Ainsi, le prêtre a le pouvoir de pardonner les pêchés. Ceci ne contredit pas la science et la nature, mais échappe à leur objet d’étude. C’est dans ce sens qu’il faut entendre le terme « surnaturel ». C’est pourquoi les questions qui touchent à l’ordination - et plus largement à tous les sacrements – trouvent leur solution dans l’exemple et dans l’enseignement du Christ. En effet, les sacrements ont été institués par le Christ. Pour être efficaces, ils doivent donc être conformes à sa volonté. Sans cela, le sacrement, n’est plus qu’un rite religieux, sans doute digne d’intérêt, mais qui n’implique pas les effets normalement attachés au sacrement.
Il faut souligner que l’Eglise n’a pas de pouvoir de décision quant à « la substance des sacrements ». C’est à dire tout ce que Jésus « a voulu que l’on maintienne dans le signe sacramentel[6] ». Les signes sacramentels sont les éléments matériels, gestes et paroles présents dans le sacrement. Ainsi, on ne peut pas dire une messe sans pain et sans vin. Bien sûr, un prêtre pourra toujours dire les paroles de la messe autour d’un autre aliment et d’une autre boisson. Il pourra dire « ceci est mon corps, ceci est mon sang », mais les éléments apportés ne seront pas pour autant transformés en corps et sang du Christ. De même, un pseudo Baptême célébré en omettant les paroles « je te baptise au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit » ne produira pas les effets attachés au Baptême. Pour celui qui n’a pas la Foi, les sacrements de l’Eglise apparaissent comme des rites religieux, peut-être revêtu d’une certaine valeur sociale ou esthétique, mais sans efficacité précise. Pour le croyant, le sacrement est porteur d’effets bien précis, qui résultent d’une intervention directe de Dieu. La substance du sacrement, ne peut donc pas être modifiée sans que le sacrement ne disparaisse par le fait même.
Le sacrement de l’ordre n’échappe pas à cette règle.
Or, la Tradition de l’Eglise a toujours considéré que le Christ a voulu réserver le sacerdoce aux seuls hommes. Cela est manifesté par son attitude, et à sa suite, par la pratique des Apôtres.
Le Christ a, pour son époque, une attitude révolutionnaire vis-à-vis des femmes. Comme le souligne le Pape Paul VI : « son attitude vis-à-vis des femmes contraste singulièrement avec celle de son milieu et marque une rupture volontaire et courageuse[7] ». En effet, il laisse la « pècheresse » s’approcher de lui (Lc 7,37), il montre qu’on ne doit pas être plus sévère envers la faute d’une femme qu’envers celle d’un homme (Jn 8,11), il est entouré de nombreuses femmes (Lc 8, 2-3)… Pourtant, il ne choisit pas de femmes parmi les douze apôtres. « Sa mère elle même, associée si étroitement à son ministère, et dont le rôle hors pair est souligné par les Evangiles de Luc et de Jean, n’a pas été investi de ministère apostolique[8] ». Ce contraste entre l’attitude de bienveillance envers les femmes et son choix de ne choisir que des hommes pour la prêtrise marque donc bien la volonté du Christ de n’attribuer cette charge qu’à ces derniers.
Cette volonté du Christ a été constamment suivie par les Apôtres, puis par leurs successeurs.
Le fait d’être un homme constitue donc un élément nécessaire pour que le sacrement de l’ordre soit valide. Autrement dit, de la même manière qu’on ne peut pas célébrer une messe sans pain et sans vin, on ne peut ordonner qu’un homme. Si on reproduisait le rite de l’ordination sur une femme, celle-ci ne deviendrait pas prêtre, même si elle était socialement reconnue comme telle. Parler de « femme prêtre » est donc une contradiction dans les termes. C’est Pourquoi Benoit XVI explique : « Nous ne disons pas : nous ne voulons pas (ordonner des femmes), mais : nous ne pouvons pas. Le Seigneur a donné à l’Eglise une forme, avec les Douze Apôtres puis, à leur suite, les évêques et les presbytes, les prêtres. Ce n’est pas nous qui avons donné cette forme à l’Eglise, c’est lui, et elle est constitutive[9] ».
3. Cette règle éclaire le mystère des liens entre le Christ et son Eglise.
L’Eglise enseigne qu’elle est l’épouse du Christ. Or, le prêtre représente le Christ et celui ci est et demeure un homme. Le fait que le prêtre soit également un homme, par la ressemblance qui existe entre celui-ci et le Christ, éclaire ce mystère.
L’Eglise enseigne que le prêtre, dans l’exercice de son ministère, n’agit pas en son nom propre, mais il représente le Christ, qui agit par lui. Il est donc bon qu’il y ait une certaine ressemblance naturelle entre le prêtre et le Christ. S’il n’y avait pas « cette « ressemblance naturelle » qui doit exister entre le Christ et son ministre si le rôle du Christ n’était pas tenu par un homme : autrement, on verrait difficilement dans le ministre l’image du Christ. Car le Christ fut et demeure un homme[10] ». En effet, Saint Thomas explique que « les signes sacramentels représentent ce qu’ils signifient par une ressemblance naturelle ». Cela signifie que ces signes sacramentels s’appuient sur des symboles inscrits dans la psychologie humaine. Ainsi, l’eau du baptême représente la vie de la grâce. On l’admet aisément dans la mesure où l’eau est universellement reconnue comme un des symboles de la vie. De même, la masculinité du prêtre aide à saisir sa ressemblance avec le Christ lui même.
Par ailleurs, dès l’Ancien testament, l’Alliance entre Dieu et les hommes revêt un caractère nuptial. « Le peuple élu devient pour Dieu une épouse ardemment aimée[11]». Ainsi, on ne peut comprendre pleinement le mystère de l’Alliance entre Dieu et les hommes que par analogie à l’amour de l’homme pour la femme. Cette analogie se poursuit dans le Nouveau testament : « le Christ est l’époux ; l’Eglise est son épouse[12] ». Cette dualité de l’homme et de la femme et de l’époux et de l’épouse est particulièrement présente dans les épîtres de Saint Paul (Ep5, 22-23). Or le christianisme est une religion de l’incarnation. Il est donc nécessaire que le Christ, époux de l’Eglise, soit représenté par un homme.
4. L’enseignement de l’Eglise sur l’égale dignité de l’homme et de la femme.
Cette règle ne diminue en rien la dignité de la femme. En effet, l’Eglise considère que « les plus grands dans le royaume de Dieu ne sont pas les ministres mais les saints »[13].
Pour l’Eglise, « les plus grands dans le royaume des Cieux, ce ne sont pas les ministres, mais les saints[14] ». La place attribuée à Marie la « pleine de grâces », nous rappelle que la créature la plus honorée dans l’Eglise n’est pas Saint Pierre ou Saint Paul – qui furent tous deux prêtres – mais une femme. La prêtrise et les autres états de vie ne sont donc que des voies différentes pour parvenir au même but : la sainteté.
La dignité de la femme ainsi que la grandeur de sa vocation ont été réaffirmé à plusieurs reprises par l’Eglise. Ainsi, le Pape Jean-Paul II a écrit une longue lettre apostolique sur la dignité de la femme.
Pour l’Eglise, s’il est vrai que l’homme et la femme ont, en ce qui concerne la personnalité, « une égalité d’honneur, de dignité, de valeur et d’estime, ils ne sont pas égaux en tout[15] ».
Par ailleurs, l’histoire de l’Eglise regorge de saintes et de réformatrices. On pourrait citer Sainte Thérèse d’Avila, et Sainte Thérèse de Lisieux, toutes deux docteurs de l’Eglise. Plus récemment l’influence de Mère Teresa sur la vie de l’Eglise est encore considérable. On pourrait encore citer des dizaines d’exemples.
Cela n’a pas empêché le Pape Paul VI de souligner : « Il apparaît avec évidence que la femme est appelée à faire partie de la structure vivante du christianisme d’une façon si important qu’on en a peut-être pas encore discerné toutes les virtualités[16] ». S’il est manifeste que la place des femmes dans l’Eglise n’a pas encore pris toute la dimension qu’elle devrait avoir, un tel déploiement de sa vocation ne se fera que dans la conformité à l’enseignement du Christ. En effet, la « valeur positive » de la position de l’Eglise « apparaîtra à la longue, car elle pourrait aider à approfondir la mission respective de l’homme et de la femme[17] ».
POUR CONCLURE :
La question d’une éventuelle ordination des femmes fait partie des points sur lesquels certains médias en appellent régulièrement à une « révision de la position de l’Eglise ». Même si une telle révision entrainerait probablement une hausse de la popularité de l’Eglise dans les statistiques, celle-ci reste fidèle à l’enseignement de Jésus. Il ne faut donc pas s’attendre à une réforme en la matière : « L’Eglise n’a en aucune manière le pouvoir de conférer l’ordination sacerdotale à des femmes (…). Cette position doit être définitivement tenue par tous les fidèles de l’Eglise [18]». Est elle alors figée dans un enseignement rétrograde ? Non. Il convient de distinguer les éléments intangibles établis par le Christ, de ceux qui tout en devant toujours respecter un certain cadre et un certain esprit, peuvent faire l’objet de réformes dans leurs manifestations extérieures. Tel est par exemple le cas de la liturgie. Dans ce domaine, comme dans bien d’autre, l’Eglise a montré qu’elle est capable d’être attentive aux évolutions de son temps tout en restant fidèle à son fondateur.
Par ailleurs nous avons vu que cette règle n’est en aucun cas contraire à la dignité de la femme ou rétrograde. Il est sans doute bon que des personnes extérieures à l’Eglise s’interrogent sur son fondement. Mais quand l’interrogation se transforme en paroles de mépris – comme cela est parfois le cas – on peut s’interroger sur la légitimité de ceux qui les profèrent. On s’aperçoit souvent que ce sont les mêmes qui se font les promoteurs d’une culture de la femme objet.
[1] Déclaration de la Congrégation pour la doctrine de la Foi, Inter Insigniores sur la question de l’admission des femmes au sacerdoce ministériel, 15 octobre 1976
[2] Idem
[3] Pie XII, Allocution du 24 avril 1943
[4] Déclaration de la Congrégation pour la doctrine de la Foi, Inter Insigniores sur la question de l’admission des femmes au sacerdoce ministériel, 15 octobre 1976
[5] Idem
[6] Idem
[7] Idem
[8] Idem
[9] Benoit XVI, Lumière du monde, p. 197
[10] Déclaration de la Congrégation pour la doctrine de la Foi, Inter Insigniores sur la question de l’admission des femmes au sacerdoce ministériel, 15 octobre 1976
[11] Idem
[12] Idem
[13] Idem
[14] Idem
[15] Idem
[16] Paul VI, Discours aux participants de la Rencontre internationale du centre féminin italien, 6 décembre 1976
[17] Déclaration de la Congrégation pour la doctrine de la Foi, Inter Insigniores sur la question de l’admission des femmes au sacerdoce ministériel, 15 octobre 1976
[18] Lettre apostolique Ordinatio sacerdotalis du Pape Jean-Paul II sur l’ordination sacerdotale exclusivement réservée aux hommes