L’art commence à prendre le "traumatisme post avortement" comme sujet d’inspiration. Deux chansons reprennent ce thème, l’une intitulée "le Cordon", en rap, publiée en 2015 par Biglo et Oli, l’autre, plus classique "le fruit de vos entrailles", enregistrée en 2013 par les frères Martineau. Tous ces textes méritent d’être lus pour ne pas céder à des émotions trop rapides.
La plus belle oeuvre nous semble être la statue de crée en 2010 par Martin Hudáček en mémorial à l’enfant non né. Plus que des chansons, elle laisse la place à la méditation et au regard intime.
Quels sont les textes de ces chansons et où les écouter ?
Commentaire « les2ailes.com »
1- « le cordon », chanson de Biglo et Oli
Les paroles méritent d’être écoutées mais méritent surtout d’être lues pour dépasser l’émotion première :
J’aurais pu être un grand artiste, un prix Nobel ou un bandit
Naître dans tes bras, voir dans tes rides à quel point j’ai grandi
Tes battements d’cœur me font imaginer ton sourire
Je vivrai dans ton monde main dans la main avec tes souvenirs
Laisse-moi t’appeler « maman », c’est pas souvent, c’est vrai
Je veux une place au soleil dans ton jardin secret
Pourquoi t’as pas voulu de moi ? Tu dois avoir tes raisons
Y’avait sûrement pas assez d’place dans notre petite maison
Sèche tes larmes, j’suis qu’une graine qui n’a pas pris racine
J’me connais pas et, toi, maman, dis-moi comment tu m’imagines
J’étais trop pressé, c’était p’t-être trop tôt
À mon souvenir, accroche sur l’mur un cadre sans photo
Décris-moi la vue de ta chambre, chante pour m’réconforter
Parfois, je ris en imaginant le nom que j’aurais porté
La mort, la vie : j’y connais rien, quand j’y pense, je m’y perds
J’le verrai jamais mais, s’te plaît, maman, fais-moi un petit frère
Retiens juste mon amour, profite, va faire un tour
Tu serais peut-être bien plus triste si j’avais vu l’jour
J’aurais p’t-être claqué la porte et tout foutu en l’air
Gâcher nos vies en un éclair, d’ailleurs, où est mon père ?
La mer, les fleurs, le soleil, les amis, les anniv’ ratés
La tristesse, la peur : je ne connaîtrai jamais
Ça fait quoi d’respirer ? Parle-moi, j’veux pas te voir en pleurs
Tu ne m’as pas gardé dans ton ventre, mais laisse-moi une place dans ton cœur
Maman, comment c’est, dehors?
L’amour fort que nous nous portons
Je suis ni vivant ni mort
Mais je sens encore le cordon
Mon enfant, tu sais que j’t’adore
Et je te demande pardon
Je n’ai ni raison ni tort
Et je sens encore le cordon
D’abord, maman, on t’aime, ça, faut qu’tu le saches
Je pense tous les jours à toi en m’regardant dans la glace
Tu me ressemblerais, j’entends ton rire dans mes rêves
Et je ressens un grand vide quand le matin se lève
Mais tu ressemblerais à ton père, ce lâche nous a abandonné
Faut dire qu’à cette époque, on était tous un peu paumés
Et ça m’a fait d’la peine, son sang coulerait dans tes veines
Et, moi, je l’aimais comme je t’aime
Je suis jeune, j’ai toujours pas une thune
J’ai toujours pas fini mes études, et je suis seule
J’étais pas prête à t’accueillir, j’ai du mal à m’en sortir
Et depuis qu’il n’est plus là, c’est encore pire
Entre les cahiers et les couches, le loyer et les cours
J’me serais noyée dans mes journées, broyée par les coups
J’ai dû faire un choix, sans toi, au bord de la falaise
J’ai préféré ne pas être mère qu’en être une mauvaise
Je nous vois dans un parc, la boue sur les chaussures
les éclaboussures,
à avoir peur du temps qui passe
Tu me tiens par la main, tu me parles avec les yeux
Je n’entends plus personne, je ne sens que nous deux
Et j’voulais pas que tu galères, que tu connaisses mes fins de mois
Et puis ton père serait sûrement souvent bien plus absent que toi
On se retrouvera à la prochaine
Je ne t’ai pas donné la vie pour pas tu n’aies pas à vivre la mienne
Certains pourront regretter que ce soit, à la réflexion,
- un dialogue non avec un enfant, mais avec un concept qui n’aurait ni nom ni image
- un dialogue entre la mère et elle-même qui cherche des justifications et qui aurait besoin d’entendre son enfant lui dire qu’elle a bien fait
- un dialogue « pro choix » qui affirme « j’ai dû faire un choix »
- un dialogue qui parle de, « l’amour fort que nous nous portons ». Mais quel cet amour qui ne va pas jusqu’à la « demande de pardon » et à un « pardon donné », mot absent du texte.
- un dialogue développant le relativisme ambiant : « je ne suis ni vivant ni mort », « je n’ai ni raison ni tort »
C’est une chanson moderne qui permet, à tout le moins, de lancer une discussion avec les jeunes
2- « Le fruit de vos entrailles », chanté par les frères Martineau
Les paroles sont les suivantes :
Couplet 1 - Je n'vous avais rien demandé
Vous les deux apprentis sorciers
Qui avez joué à faire ma vie
Fragile étoile dans la nuit
Premier instant mon premier jour
Conçu de ce surcroit d'amour
Quand, l'un en l'autre vous donnant
M'avez permis d'être un enfant
Et mon cœur si chaud si petit
A soudain explosé de vie
Dans ce ventre plein de lumière
Où mon silence s'est fait chair
Refrain 1- Je suis le fruit de vos entrailles
A l'aube de mon premier jour
Je suis l'épi de vos semailles
Et le plein chant de vos amours
Je ne suis pas un accident
Je ne suis pas un théorème
Que l'on rejette ou que l'on prend
Je suis le fruit de vos "je t'aime"
Couplet 2 - Et loin des regards indiscrets
Tout doucement je grandissais
C'est tout ce que j'avais à faire
A l'abri des crocs de l'hiver
Je profitais dans mon enceinte
De vos amoureuses étreintes
Que se prodiguent les amants
Dès que monte en eux le printemps
Fort du miel de votre tendresse
Ivre du vin de vos caresses
Comment pouvais-je imaginer
Que sur un gouffre je dansais ?
Couplet 3 - Je ne sais ce qui s'est passé
D'un seul coup tout a chaviré
Elle est venue en blouse blanche
Avec sa loi, avec sa science
La mort, la mort m'a arraché
Écartelé, déchiqueté
Me précipitant dans l'oubli
Comme une honteuse maladie
Mais moi, pourtant je vous aimais
Je n'venais pas vous déranger
J'voulais juste être votre joie
Vous dire un jour : "Maman ! Papa !"
Refrain final- J'étais le fruit de vos entrailles
Et je le resterai toujours
J'étais l'épi de vos semailles
Et le plein chant de vos amours
Et du Royaume des vivants
Ni accident, ni théorème
Je vous offre dès maintenant
Mon pardon et mes "je vous aime"
Cette chanson, met, plus que la précédente, le mot pardon au coeur du dialogue, même si elle compare les parents à « deux apprentis sorciers » qui ont « joué à faire ma vie ».
3- « The child that was never born », sculpture de Martin Hudáček
La statue est faite à partir de matériaux composites et moderne : la mère est sculptée en époxyde avec imitation de pierre artificielle. L'enfant est fabriqué en polyester.
L’auteur évoque le texte hébreu de la Bible, dans laquelle un mot décrit le don de quelque chose dans l'intention d'offrir un hommage à une puissance supérieure. Ce mot est minchāh. Dans le grec de la Bible, un autre mot se réfère à un cadeau donné à quelqu'un. Ce mot est dōrēma. Ces deux mots - minchāh et dōrēma - décrivent le don d'un don.
Cette sculpture transmet une multitude d'émotions si clairement qui pousse au silence. Le verset qui a inspiré le sculpteur est le suivant:
"Entraînez un enfant dans la voie qu'il doit suivre;
Et, même quand il est vieux, il ne s'en détourne pas". (Proverbes 22: 6)
Il est possible d’acquérir des répliques en pierre artificielle en allant sur le site de l’auteur. Les prix varient entre 449 € (hauteur 24 cm), 899 € (hauteur 45 cm) et 6.499 € (hauteur 90 cm)