Quand on parle de "consensus", on pense à un terme ancien évoquant un propos ne soufrant aucune discussion. Larousse, à propos de ce mot, évoque "une procédure" de discussion pour obtenir "un consentement …qui évite de faire apparaître les objections et les abstentions". On est loin du concept de Vérité. Dès-lors, que penser de cet appel au "consensus" qu'utilisent les climatologues, comme pour esquiver les objections des hélio-centristes" (cause solaire)? 
Le concept de "consensus" est tellement prégnant dans la culture postmoderne que des expressions sont devenues courantes comme "faire consensus", la "culture du consensus",  "l’ingenierie du consensus",  les "lieux de consensus", les "logiques de consensus". Le concept de "consensus" prétend éviter la guerre alors qu’il n’est que l’élimination des dissensus, au risque d’affadir la vérité. Le "consensus" est le signe des "légitimités faibles" de nos sociétés.

« Être dans le vent : une vocation de feuille morte. » (Attribué à Gustave Thibon)[1]

 

Comment fonctionne la mise en oeuvre de cette culture du "consensus" ? Dans l'article qui suit, à chaque fois que nous parlerons de "consensus", avec ou sans guillemets, il s’agira du "consensus" au sens moderne de processus ou procédure.
Nous expliquerons (en § 5-d) comment et pourquoi, en science, le "consensus" n'est qu'un "fait social", moins fondé sur des arguments scientifiques que sur de simples probabilités subjectives. Or, un "fait scientifique" devrait être établi sur des preuves scientifiques ou basé sur des probabilités calculées. Le "consensus scientifique" est l'argument scientifique le plus pauvre qui existe!

Dossier « les2ailes.com »

1. Les présupposés moraux du « consensus »

a) "Consensus" : un acte de paix civile ?

Christophe Pacific, docteur en Philosophie [1bis], explique que "le consensus a pour finalité d'éliminer le conflit. Il aimerait pouvoir sacraliser de nouvelles normes dans une société en crise de rituel". Hélas, la réalité nous montre que l'étoffe du "consensus" est tissée de soumissions librement consenties, de nécessités et de jeux de pouvoir. "A force d'habitude, l'exigence de consensus change le remède en poison", ajoute C. Pacific. "Le consensus sonne le glas de l'éthique. En cherchant l'unité, le consensus diabolise le conflit et cherche expressément à l'éliminer du fait de son chaos apparent".
Le "consensus" devient une forme d’acte de paix civile, car il ne se définit jamais que sur fond de guerre de pouvoirs.

b) J. Habernas, et E. Ostrom, philosophes du Consensus

Le professeur Bernard Fallery [2] voit dans Jürgen Habrmas et Elinor Ostrom, deux philosophes du "consensus" permettant d’élaborer une "théorie de l’Agir collectif" : « La théorie de l'Agir collectif s'appuie sur deux concepts :
- le consensus légitime (issu des travaux de Jürgen Habermas [3] pour une éthique de la discussion), 
- et la gouvernance polycentrique (issue des travaux d'Elinor Ostrom [4] pour une théorie du choix institutionnel dans les systèmes auto-organisés) ».

* Le "consensus légitime"
Habermas fait une apologie systématique du "consensus" à tout prix. Pour lui, le "consensus légitime" ne relève ni de l’unanimité ni du compromis. Il apparaît comme un mode de coordination non autoritaire basé à la fois sur les dissensions et l'entente, qui peut être considéré comme une des bases d’organisations où les "hiérarchies", toujours provisoires, relèvent plus des capacités d'influence et de facilitation que des capacités d'obligation ou d'exclusion.  Il devient un système de "management sans manager", voire de "dictature sans dictateur".
Il ne peut plus y avoir de légitimité forte quand la référence à l'expérience d'un monde commun est en fait impossible... « Il faut donc accepter des régimes de légitimation faible, qui ne tiennent pas à la substance des solutions, qui ne tiennent pas non plus à une confiance qui ne peut pas exister faute d'expérience passée, mais qui tiennent à une réflexivité forte dans la garantie de pouvoir poursuivre collectivement la recherche d’autres accords : c'est la procédure qui légitime (Fallery et Rodhain 2010) »

* La "gouvernance polycentrique"

Ce concept de "consensus" conduit inéluctablement à de nouvelles "alter-structures" dé-hiérarchisées. C’est ce que E. Ostrom appelle la "gouvernance polycentrique" :  "de nombreux concepts théoriques peuvent nous servir à comprendre comment des règles de management se mettent en place quand on a supprimé les rôles de managers intermédiaires : auto-gouvernance, action collective, auto-organisation, changement institutionnel, règles locales, compréhensions partagées, engagements crédibles, surveillance mutuelle, arènes locales...".
E. Ostrom  définit trois phases dans la mise en place de ces nouvelles gouvernances :
«- une première phase de construction des informations (qui est devenue ici capitale, avec les informations sur les coûts-bénéfices et surtout sur les normes sociales partagées),
- une deuxième phase classique de "jugement informé" sur ces coûts-bénéfices incertains
-  et enfin la troisième phase originale "d'action sur les règles" (avec soit une continuation du statu quo, soit une adoption de nouvelle règle).
Une règle, écrite ou non, est ici une compréhension partagée de prescriptions effectives, définissant quelles actions ou quels résultats sont requis, interdits ou permis. »
Si le mode de gouvernance est ici qualifié de polycentrique, c'est bien parce qu'il n'y a pas de centre mais une constellation d'arènes locales de différents niveaux, lesquelles sont en intersection par l'implication de certains participants à plusieurs de ces arènes.
Paradoxalement, si on peut parler d’un management sans manager, on ne peut pas parler d’une organisation sans management. Bien au contraire, le management distribué n’empêche pas l’existence de leaders désignés ou émergents qui  sont nécessaires à la construction des "consensus" [5].

2. Ingenierie du "Consensus"

La construction d'un "consensus" nécessite à la fois un ensemble de définitions et de procédures.

a) La sémantique entourant le concept de "consensus"

- Consensus. Le mot lui-même n’est pas synonyme d’’unanimité. On parlera au contraire d’un accord écrasant (overwhelming agreement) élaboré par  la sagesse de groupe. C’est pourquoi, il est absolument crucial que soit parfaitement clair, dès le départ d’une procédure, que l’objectif  est de parvenir à un "consensus".
- La facilitation est une compétence de gestion destinée à aider les groupes à travailler ensemble qui rappelle les règles de base qu’ils ont arrêtées et, un peu comme un arbitre, intervient lorsque quelqu’un viole les règles de base. L’animateur est censé être impartial ou neutre.
- Les médiateurs sont appelés à travailler avec les parties avant, pendant et après leurs réunions en face-à-face. Ils travaillent dans une gamme extrêmement large de situations de conflit. Mais, il est souvent difficile pour les autres de croire que le leader / médiateur ne cherche pas à faire avancer son propre objectif de "consensus". Le risque existe qu’il ferme les yeux sur des accords potentiellement déloyaux ou inapplicables, même si les «règles du jeu» n’ont pas été violées. Ils sont chargés de « vendre » aux parties récalcitrantes ce qu’il vaudrait pour elles de participer.
- L’enregistrement du "consensus" implique des compétences pour s’assurer que les points clés de l’accord ont bien été repris..
- La convocation ou le rassemblement des parties pour les réunions de "consensus" joue un rôle important.
- L'évaluation des conflits a en fait pour objectif d’éliminer les conflits.
- La revendication des valeurs consensuelles fait partie des arguments pour convaincre les parties prenantes d’atteindre le "consensus".
- Les parties prenantes sont les personnes ou groupes susceptibles d’être affectés par  une décision

b) Les mécaniques du "débat participatif"

Il existe de véritables petits guides de la construction d’un "consensus". Les procédures sont toujours les mêmes et s’articulent autour d’étapes bien définies [6], même si elles ne doivent pas nécessairement être appliquées séquentiellement.

3. L’élimination des "voix dissidentes"

 

Dans l’idée de "consensus", on part d’un principe : ceux qui l’élaborent sont de bonne volonté et les récalcitrants doivent donc délicatement être sortis du jeu: leur attachement à défendre la vérité est une preuve de mauvaise volonté. Les médiateurs (ou facilitateurs) ont mission d’aider à identifier les "bons participants" et d’isoler progressivement les "voix dissidentes" ou de les pousser à s'exclure eux-mêmes du processus,

a) Le jeu du choix des experts

Le choix des experts est essentiel à la construction d'un "consensus". Les membres du groupe des profanes reçoivent une documentation relative à la question dont ils auront à s'occuper et sont invités à l'étudier au cours d'une durée assez longue  afin de sélectionner et de hiérarchiser les questions qu'ils soumettront au groupe des experts. Ce travail préparatoire s'accomplit sous l'autorité du "facilitateur". Pendant ce temps, le groupe d'experts est constitué par le comité d'organisation qui s’emploie assez facilement à obtenir l'accord du groupe de profanes voire à ceux que leurs noms soient suggérés par le groupe de profanes. La conférence proprement dite se déroule en trois temps :
- en premier lieu, les profanes posent des questions aux experts et ceux-ci répondent. Cette étape permet aux experts d'anticiper les éventuels risques de blocage qu'il conviendra de désamorcer.
- ensuite les profanes et le public peuvent poser des questions complémentaires aux experts ; le groupe des profanes s'attache alors à la rédaction d'un document reprenant les principaux points du débat qui vient d'avoir eu lieu, mais privilégiant la recherche du "consensus".
- Enfin ce document est lu en public ; les experts peuvent demander la rectification d'erreurs factuelles ou d'imprécisions. À l'issue de cette œuvre, le document, ayant acquis le statut d'avis ou de rapport écrit, est transmis à l'autorité qui est à l'origine de la procédure.
Ce type de procédure permet au groupe choisi d'experts de repérer les éventuels avis divergents pour mieux les isoler ensuite

b) Le noyautage des dissidents

Le comité de pilotage explicite bien que les profanes recrutés, soit sur la base du volontariat, soit après tirage au sort, ne constituent pas un échantillon représentatif des différentes opinions possibles, mais qu’ils doivent être disposés à rechercher un "consensus". Toute personne qui met la recherche de la vérité comme priorité se retrouve ainsi potentiellement isolée.

Sur le chemin, cependant, il devient souvent clair qu’il y a des récalcitrants – des gens qui croient que leurs intérêts seront mieux servis en restant en dehors de l’accord émergeant. Le reste du groupe peut-il jeter l’éponge? Non, cela inviterait au chantage, c’est-à-dire exigences jugées scandaleuses parce qu'elles n'auraient rien à voir avec les questions en discussion.
Il est expliqué aux éventuels récalcitrants qu’une évaluation des conflits fera l’objet d’un document énonçant quels sont les enjeux. Ce document est préparé par un médiateur prétendument neutre et basé sur des entretiens confidentiels avec les principaux intervenants. Après avoir interrogé les parties prenantes, le médiateur proposera s’il est logique ou non d’aller de l’avant dans le processus de construction de "consensus", et si oui, comment il devrait être structuré.
Les recommandations issues de l’évaluation des conflits ne sont pas le dernier mot. Tout l’art des facilitateurs est de faire croire aux participants qu’ils sont seuls à pouvoir décider s’ils veulent ou non continuer, et, si oui, comment ils veulent organiser l’effort.

Le second moyen d’isoler les récalcitrants est celui de la procédure du « texte unique» de négociation. Plutôt que d’avoir chaque partie qui propose sa propre version d’un accord idéal, une partie neutre porte une seule version d’un éventuel accord de partie à partie à la recherche des «améliorations» qui le rendraient acceptable pour la personne suivante sur la liste. On se garde d’indiquer qui a suggéré quelles modifications au cours de la collecte des propositions d’«amélioration».

c) L’isolement des dissidents

Arrive un moment, dans le processus, où la dénonciation devient le moyen d’aboutir au "consensus". Dans la mesure où les conférences de "consensus" ont été précédées de recommandations pratiques, les participants se rencontrent, jusqu'à un certain point, comme des étrangers moraux. Toute la question est de savoir le sens de ce "jusqu'à un certain point". Pour ceux qui l'endossent, la recherche du consensus interdit à l'avance l'expression d'opinions réellement dissidentes. Dans le meilleur des cas, ces opinions seront enregistrées comme excentriques ou marginales ; ou pire, comme celles de tireurs de signal d'alarme qui auraient eu au moins le mérite de relever des problèmes dont on n'avait pas bien saisi toute la portée, mais auxquels on s'appliquerait à trouver une solution, entre personnes de bonne volonté, c'est-à-dire en excluant les dissidents. En un mot, la recherche de pratiques consensuelles constitue un obstacle principiel à l'affirmation des singularités ou à la formulation d'analyses réellement critiques [7].

Les procédures prévoient comment répondre aux comportements « perturbateurs » : si un participant ou un observateur d’un processus de construction de "consensus" agit d’une manière « perturbatrice », le facilitateur, le médiateur ou président  doit rappeler à cette personne les règles de procédure de base auxquelles elle a souscrit. Si cela n’aboutit pas à modifier son comportement, ils devraient demander aux participants qui ont des liens plus étroits avec le parti perturbateur d’intercéder en faveur du groupe. Si cela aussi, ne parvient pas à dissuader l’individu perturbateur, il peut être judicieux de lever la séance temporairement et de permettre au groupe dans son ensemble de convaincre la personne perturbatrice de modifier son comportement ou de quitter le processus. Si cela échoue aussi, les participants ne doivent pas avoir peur de contacter les autorités civiles compétentes pour demander de l’aide afin d’être débarrassé de l’individu impliqué [8].

 

d) Quand le dissident devient un bouc émissaire

Il est bien connu qu’une société ne réussit à organiser un espace de « fraternité » qu’en déplaçant et en polarisant sur le bouc émissaire l’agressivité inhérente à ses membres. Ainsi, très paradoxalement, les membres protestataires, en faisant dissidence ou en étant exclus, contribuent à rétablir le "consensus" ou à le renforcer au sein du groupe. La protestation d’un membre du groupe peut renforcer le "consensus" en conduisant les membres à se souder pour faire face à l’agression [9].

4. La mise en œuvre des "consensus"

a) Les alter-structures : "lieux de consensus"

Jean-Pierre Raffarin estimait devant le Sénat que "la construction du "consensus" nécessite des lieux dédiés et des outils".
Une instance comme le Conseil Economique Social et Environnemental ne voient leur utilité que dans cette construction de "consensus" multiples. La "démocratie participative" imaginée par Dominique Bourg rêve d’une "troisième chambre" dont la moitié des membres serait tirée au sort, ayant toutes les chances de pouvoir être manipulés par l’autre moitié représentée par les ONG. Ce "parlement des choses" aurait droit de veto sur les autres chambres pour s'assurer d'une mort définitive de la démocratie représentative insuffisamment éclairée !

Les débats participatifs sont un phénomène relativement nouveau. Le principe de cette participation est de créer les conditions d'un dialogue entre experts et profanes au cours d'une conférence publique largement médiatisée. Ils sont convoqués à l'initiative de l'autorité politique.
Ils ont été organisées depuis la fin des années 1980 sous des noms divers de conférences dites "de consensus", de "Publiforums" dans la Confédération Helvétique, de « Conférences des Citoyens » en Allemagne et en France, d’assemblées délibératives, d’ateliers-scénario, de jurys de citoyens, de Commission Nationale du Débat Public, de sondages délibératifs ou, dans un genre assez différent,  de Comités d'éthique avec participation de représentants de la société civile. Au total, ces débats participatif  représentent une tentative de participation de la société civile à la constitution de la science, du moins dans les volets "distribution du savoir" et "application du savoir" .
Tous ces schémas sont des processus positivistes, tels que les imaginait Auguste Comte, même s’il s’agit d’un positivisme qui se prétend "éclairé". Pour les partisans de la posture positiviste classique, ces questions n'ont pas à contrôler l'éthique de leurs activités. La posture positiviste éclairée, en tant que telle, reste paternaliste. Elle est foncièrement technocratique dans ses pratiques. Curieusement, c'est précisément le schéma positiviste qui est recommandé par les opposants les plus radicaux aux sciences et aux techniques. Leurs arguments sont multiples : ils peuvent pointer le fait que les sciences et les techniques sont, dans les faits, indissociables - d'où un certain usage du terme "technosciences"; ils peuvent suggérer que les théories scientifiques elles-mêmes ne sont pas neutres quant aux valeurs.

Jean-Paul II, dans son encyclique "Splendeur de la vérité", met en garde contre cette forme de positivisme en appelant à un « ... discernement attentif dans le cadre de la culture actuelle essentiellement scientifique et technique, exposée aux risques du relativisme, du pragmatisme et du positivisme » (VS § 112).

b) Le syndrome du "consensus"

Avec le progrès scientifique courant, la survenance de résultats contradictoires entrave la science elle-même. Apparaît, en effet, ce que l’épidémiologiste Alvan R. Feinstein appelle le "syndrome du consensus" : « Dans la forme la plus modérée de ce syndrome, les arguments ne sont pas résolus par le processus scientifique qui consiste à identifier et à remédier aux défauts méthodologiques, mais en recourant à une forme de processus politique : le vote majoritaire d'un panel d'autorités bien choisies. […] Le consensus devient un dogme indéracinable, dans lequel les critiques divergentes sont considérées comme des activités hérétiques. Le rejet de leurs demandes de subventions suffisant à réduire les hérétiques au silence, la perpétuation du consensus peut ainsi être vigoureusement encouragée et parfois même imposée activement. […] ».
Le "syndrome du consensus" est devenu aujourd'hui plus manifeste. Au cours des années récentes, des sujets de recherche ayant suscité l'incertitude ou la controverse ont été traités dans une série de conférences à caractère consensuel : «  Les conférences arrivent à produire le "consensus" par l'accord ou le vote majoritaire de panels choisis d'experts réunis pour la cause. Aucune tentative n'est faite de prendre connaissance, d'identifier, ou de remédier aux défectuosités scientifiques donnant lieu à l'incertitude ou à la controverse. […] Le "syndrome du consensus" est particulièrement dommageable pour le progrès scientifique en épidémiologie, parce que les investigateurs peuvent rarement effectuer des essais expérimentaux et doivent se baser sur des études observationnelles. » [10].
En climatologie, l’IPCC (Intergouvernemental Panel on Climate Change-  Giec en français) est une instance typiquement destinée, comme le dit Alvan R. Feinstein,  à « produire le "consensus" par l'accord ou le vote majoritaire de panels choisis d'experts réunis pour la cause ». On occulte le fait que, selon le célèbre site NoTrickZone a dénombré 770 publications dans des revues scientifiques à comité de lecture qui remettent en question le "consensus" du réchauffement climatique anthropique. Il en a compté 240 pour les seuls six premiers mois de l’année 2016 !

c) Les "valeurs de consensus"

Pour que le "consensus" en arrive à considérer  les divergentes "comme des activités hérétiques", c’est que, bien que s’en défendent leurs artisans, il existe un système de valeurs de référence.
Le consensus a pour objectif de "créer de la valeur". Un accord efficace est présumé être celui dans lequel tous les gains disponibles ont été répartis entre les parties.  Deux anciens élèves de Harvard, David A. Lax et James K. Sebenius, ont décrit ce qu’ils appellent, le «dilemme du négociateur» : Comment gérer la tension entre la création et la revendication de valeur dans la construction d’un "consensus" ? « Cette tension résulte du fait que la création de valeur nécessite comportements coopératifs alors que la revendication de la valeur tourne presque entièrement autour de la concurrence ».
Les autres valeurs de référence des partisans du "consensus", sont celles de "tolérance", de  "non discrimination". Par essence, les récalcitrants sont intolérants et leur quête de la vérité, basée sur la recherche du vrai et du faux, relève de la discrimination. Le relativisme est au rendez-vous de ce type de référentiel qui oublie que le "discernement" est par définition une "discrimination" entre diverses propositions de la pensée.

C’est ce relativisme que condamne l’encyclique « foi et raison » de Jean-Paul II : « En définitive, on observe une défiance fréquente envers des assertions globales et absolues, surtout de la part de ceux qui considèrent que la vérité est le résultat du "consensus" et non de l'adéquation de l'intelligence à la réalité objective » (FR § 56) « c'est le risque de l'alliance entre la démocratie et le relativisme éthique qui retire à la convivialité civile toute référence morale sûre et la prive, plus radicalement, de l'acceptation de la vérité » (VS § 101).

d) Le "Consensus", nouvelle forme de révolution culturelle

Une fois les esprits embués par le faux concept de "consensus", tout est en place pour ensuite laisser agir le maillage des "agents de changements" ou "agents de consensus" s'infiltrant dans toute la culture. Ces référents deviennent les nouveaux clercs d'un nouveau salut, l'écologie. Qu’importe le changement pourvu qu’on ait l’agent ! Il y a une forme de terrorisme messianique dans cette démarche. Il s’agit d’une véritable prédication idéologique sous des apparences scientifiques qui, hélas, ne sont fondées que pour amener les esprits à un "changement de paradigme", celui du malthusianisme et de la gouvernance mondiale.
On n'a plus affaire à des gardes rouges, mais à des agents du changement consensuel.

e) Le "Consensus" dans les instances internationales

Dans une correspondance de juin 2002, M. Hans Corell, Secrétaire général adjoint aux affaires juridiques, Conseiller juridique de l'Organisation des Nations Unies, précisait que "dans la pratique des Nations Unies, le concept de «consensus», on entend signifier la pratique de l'adoption de résolutions ou de décisions par accord général sans avoir recours au vote en l'absence de toute objection formelle qui ferait obstacle à la manière d'une décision étant déclarée adoptée en de cette manière. Ainsi, dans le cas où un consensus général ou un accord est atteint, les résolutions et décisions des réunions et conférences des Nations Unies ont été adoptées sans vote. A cet égard, il convient de noter que les expressions «sans vote », «par consensus» et «par accord général" sont, dans la pratique de l'Organisation des Nations Unies, synonyme et donc interchangeables" [10 bis].
C'est en se référant à la pratique des Nations Unies que l'ICANN, organe international de gestion d'internet, précise dans sa charte que "Conformément à la pratique des Nations Unies, par consensus, on entend la pratique de l'adoption de décisions par accord général en l'absence de toute objection formelle". [10ter].
Concrètement, on voit que le consensus au sens international, n'est pas le contenu d'un accord, mais bien la pratique de son obtention. L'expression "par consensus" et "sans vote" deviennent synonymes.
On est donc très proche de la définition du Larousse, à propos de ce mot, évoque "une procédure"de discussion pour obtenir "un consentement …qui évite de faire apparaître les objections et les abstentions".

5. La science, victime des "consensus"

La quête de la vérité étant seconde par rapport à l’objectif d’obtenir un "consensus", les débats scientifiques sont les grands perdants ce "syndrome du consensus".

a) Le "consensus scientifique" n'est, en lui-même, pas un argument scientifique,

Contrairement à ce qu’on finit par croire, la vérité scientifique n’est pas le fruit d’une majorité consensuelle de scientifiques. Le "consensus"  ne fait pas partie de la méthode scientifique. Néanmoins, le "consensus" peut être basé sur la méthode et l'argument scientifiques [11].

b) Les multiples exemples de faux "consensus scientifiques"

- La recherche embryonnaire
On a vu comment, pendant 30 ans, le monde entier a fait croire à la recherche sur les cellules souches embryonnaires comme devant assurer le salut thérapeutique à de nombreux malades. Il a fallu les succès des cellules souches adultes pour que cette idéologie soit ébranlée. Le mensonge perdure, malgré tout, sous la pression de lobbies trans-humanistes, et en particulier ceux de tant de laboratoires de recherche travaillant sur le clonage humain.

- En écologie, nous ne reviendront pas sur ces fameuses « limites planétaires » dont il s’avère que les fondements sont plus malthusiens que scientifiques.

c) Le "consensus", argument d’autorité

Le plus grand risque que les "consensus" font courir à la science est précisément qu’il est utilisé comme un argument d’autorité par les scientifiques eux-mêmes. Le Cardinal Pell, dans la préface du livre « Climat- Et si la vérité (nous) rendait libre » de Stanislas de Larminat,  n’hésite pas à dire que « l'appel complaisant au consensus scientifique est un appel à l'autorité, tout à fait inconvenant en science, voire une façon de se défiler et d’éviter les questions fondamentales. Thomas d’Aquin l’a montré, expliquant que « l’argument d’autorité fondé sur la raison humaine » est la forme d’argument la plus faible (Summa Theologica, 1, 1,8 ad 2.), toujours sujet à une réfutation logique ».

d) Le "consensus scientifique", outil dialectique

L’appel au "consensus scientifique" comme argument consiste à confondre, dans une dialectique grossière, un fait social et un fait scientifique.
Un exemple permet d’illustrer ce risque : un blogueur de renom a utilisé ce syllogisme en se moquant du Cardinal Pell : « le cardinal australien est un climato-sceptique notoire, ... ». On notera le qualificatif de "climato-sceptique", insulte assimilée à  du "révisionnisme" ou de l’"obscurantisme". Le cardinal australien avait rappelé que « l’Église n’a pas à se prononcer sur des faits scientifiques. » Mais le blogueur lui oppose le raisonnement suivant : « Bien sûr, puisqu’un fait est un fait. Faut-il se "prononcer" sur la réalité de l’apesanteur ? Quand 97 % des climatologues mondiaux vont dans le même sens quant à leurs analyses croisées depuis trente ans, on peut parler de "fait", il me semble ».
Ainsi donc, on en arrive à dire qu’un "consensus scientifique" serait une preuve factuelle de ce qui est affirmé. Comparer la climatologie récente à la physique de la pesanteur fait sourire ! Dans le cas de la climatologie, parler d’un consensus de 97% cache les milliers de scientifiques qui contestent l’approche du Giec. Le consensus n’est qu’un fait social. En revanche, dans le cas de la pesanteur, il n’y a pas un scientifique qui conteste les découvertes de Newton. Les preuves scientifiques existent : c’est un fait scientifique. Faire l’amalgame entre les deux types de faits relève soit de la sottise, soit de la volonté de tromper.
Le GIEC reconnait que son fonctionnement relève du consensus: "Les membres du GIEC sont les 195 États membres de l’ONU et de l’OMM. Ils travaillent par consensus pour approuver les rapports du GIEC" (Communiqué presse IPCC n° 2015/19/PR du 6.10.2015)". Il fait appel moins à la preuve scientifique qu'à la croyance qu'ont ses membres sur un problème donné: " Les probabilités "Objectives" et les probabilités "Subjectives" ne sont pas toujours explicitement distinguées ...Les niveaux de confiance ne sont pas des statistiques fréquentistes mais des «probabilités subjectives» qui représentent des degrés de croyance...", même si c'est contraire à la "la vue philosophique populaire de «science objective»" (AR5-WG II § 2.6.2).

e) L'église et le "consensus scientifique"

- Dans Laudato si, le pape François se réfère au "consensus scientifique très solide qui indique que nous sommes en présence d’un réchauffement préoccupant du système climatique" (§ 23). Mais, il ne s'agit pas d'une soumission à un "consensus mou", dans la mesure où il répète également que " l’Église n’a pas la prétention de juger des questions scientifiques" (§ 188). Au contraire, le Pape invite à un "débat honnête et transparent, pour que les besoins particuliers ou les idéologies n’affectent pas le bien commun" (§ 188). S’appuyant, d’un côté, sur les propos consensuels de la communauté internationale sur la crise écologique, le Pape est entendu, mais, de l'autre, il reconnaît que les discussions rendent difficile un "consensus" général. La référence au "consensu"s n'est donc pas une forme de pacifisme intellectuel. Il y a là une forme de gestion des conflits comme a toujours aimé la pratiquer le Cardinal Bergolio : "l’unité passe par le dépassement du conflit, sans le refuser et sans s’y embourber... dépassement qui se réalisera sur un plan plus élevé... seule façon pour que l’unité soit supérieure au conflit" [12].
- Malheureusement, les membres du Groupe de travail écologie et environnement de l’Église de France ne comprennent pas bien que des confrontations scientifiques, mêmes conflictuelles peuvent être enrichissantes. Ils s'attachent à la pérennisation des "consensus mous" élaborés par le scientifiquement correct. La lecture des minutes provisoires du débat qui s'est déroulé sur le climat à la maison des évêques de France le montre (Source: "Climat - et si la vérité (nous) rendait libre" de Stanislas de Larminat- Terramare - 2016). [13]

6. Conclusion

Si la démocratie est le gouvernement pour le peuple par le peuple, le nouveau "consensus" n’est pas le produit d’un processus démocratique, mais plutôt de ce qu’on appelait en France au siècle des Lumières le « despotisme éclairé » : le gouvernement par ceux qui sont "éclairés" par la « lumière » d’une raison laïque. Une telle forme de gouvernement comporte de multiples dangers. Comme le dit Marguerite Peeters, le consensus "tend à la gnose, déresponsabilise la majorité des citoyens qu’il transforme en automates téléguidés par ceux qui ont la connaissance".

Face à cette "légitimité faible" des sociétés consensuelles, il nous parait urgent de proposer quelques recettes pour organiser la résistance:
- Affirmer l’existence de la Vérité
- Ne pas se renfermer dans une neutralité : prendre parti. Il ne suffit pas de se dire : « les uns pensent que le réchauffement est dû aux émissions de carbone, les autres croient aux causes naturelles ! Ne pouvant juger, je prends le parti de la majorité ! ». C’est pourquoi, il faut être capable de prendre parti. Pour notre part, nous ne cachons pas être un hélio-centriste convaincu, c'est-à-dire que l’activité solaire, explique bien des choses, même si les mécanismes en cause, magnétiques ou autres, sont complexes à comprendre. Or, il est une forme de géocentrisme qui voit en l’homme la cause de nos difficultés.
- Réinvestir le champ culturel, en particulier dans les écoles.
- Appeler les jeunes générations à prendre du recul : tout ce qui est consensuel est suspect. Il faut que ceux qui ont le souci du bien commun, comprenne l’utilité de faire carrière dans la recherche scientifique pour éviter que la science ne devienne le champ clos de militants plus soucieux d’idéologie que de vérité.
- Imposer la pluralité des expertises comme une valeur de dialogue.

Nous reprendrons en conclusion ce regard de Marguerite Peeters : « Pourquoi cette convergence entre ce à quoi Dieu appelle l'Église aujourd'hui et, d'autre part, une éthique laïque qui parle des mêmes thèmes ? C’est que le Démon veut toujours singer la vision de Dieu dans notre temps ! Nous devons donc opérer un travail de discernement sur les signes des temps et ne pas nous laisser entraîner vers une déshumanisation ».

C’est ce constat qui nous amène à dire que le "consensus" revient à sacraliser de nouvelles normes dans une société en crise de rituel.


[1] Plus exactement, Gustave Thibon a écrit : « La feuille morte voltige d’un lieu à l’autre, mais tous les lieux se valent pour elle, car son unique patrie est dans le vent qui l’emporte. » (L’équilibre et l’harmonie, p.14, Fayard, 1976)

[2] Source : « Le management sans manager ? Pour une théorie de l'Agir collectif » de Bernard FALLERY, Major du second concours d’agrégation en Sciences de Gestion, professeur émérite  au département "Informatique et Gestion" de l'École Polytech' Montpellier

[3] Jürgen Habermas (o Düsseldorf 18 juin 1929) est un théoricien allemand en philosophie et en sciences sociales

[4] Elinor Ostrom, née le 7 août 1933 à Los Angeles et morte le 12 juin 2012 à Bloomington dans l'Indiana, est une économiste et politologue américaine.

[5] http://wikissimo.aim.asso.fr/lib/exe/fetch.php?media=2014_aim-fallery_bernard.pdf

[6] Par exemple, les «règles de Robert » qui ont été publiées pour la première fois en 1870.
*  Étape 1- Convoquer
a) engager la discussion
b) Préparer une évaluation écrite sur les conflits
- Attribuer la responsabilité de préparer l’évaluation des conflits.
- Identifier les cercles de participants essentiels et ceux susceptibles de renforcer le "consensus"
- Mener les entrevues initiales
-  Préparer l’évaluation des conflits
c) Identifier les représentants appropriés
- Identifier les acteurs manquants susceptibles d’affecter la crédibilité du processus
- Mettre en place des participants chargés d’en  représenter d’autre, soit par acclamation unanime  soit par utilisation d’un processus de caucus. Utiliser un proxy pour représenter les groupes difficiles à représenter
- Identifier les représentants suppléants possibles si la construction d’un "consensus" est susceptible de s’étendre sur plusieurs mois ou années
d) Repérez les financements nécessaires
*  Étape 2 - Clarifier les responsabilités
a) Sélectionner les facilitateurs, médiateurs, et enregistreurs
b- Constituer un comité exécutif et celui qui aura valeur de président
c) fixer un ordre du jour et des règles de base
- obtenir un accord sur l’ensemble des questions à discuter
- Spécifier un calendrier
- Finaliser règles de base de procédure
- Tous les participants devront souscrire aux règles de base
d)  évaluer les options de communication et les listes de diffusion
* Étape 3 - Délibérer
a) Poursuivre délibérations de façon constructive
- Préoccupations expresses de manière inconditionnellement constructive
- Ne jamais échanger des intérêts entre participants
-  S’engager dans une écoute active
- Être en désaccord sans être désagréable
- S’efforcer au plus grand degré de transparence possible
b)  Discerner ce qui ressort de l’inventif et de l’engagement
- S’efforcer d’inventer des options de gain mutuel
- Mettre l’accent sur la forme
- Options de test en jouant le jeu de «What if? »
c) Créer des sous-comités et rechercher l’avis des experts
- formuler des procédures conjointes d’enquête
-  Identifier les experts-conseils
- Organiser la rédaction ou enquête mixte de sous-comités
- Incorporer le travail des sous-comités ou d’experts conseillers
d) utiliser une procédure de texte simple
- Projet de propositions préliminaires
- Brainstorm
- Restreindre la critique
- éviter l’attribution individuelle et d’auteur
- consolider les améliorations dans le texte
- Recherche d’options éventuelles
e) modifier les règles de base et l’ordre du jour (si nécessaire)
- Revoir les responsabilités, obligations et pouvoirs des organismes de parrainage et autres organisations
- Revoir les obligations et les pouvoirs des retardataires
* Étape 4 - Décider
a) Essayez de maximiser les gains conjoints
- Test de la portée et la profondeur de tout accord
- utiliser sondages de la paille
- rechercher l’unanimité
- se contenter d’un niveau de soutien écrasante
- faire tous les efforts pour répondre aux préoccupations des récalcitrants
b) Conserver une trace
- Maintenir un schéma simplifié des points clés d’accord et désaccord
- Examen des versions écrites de toutes les décisions avant qu’elles ne soient finalisées
- Garder un résumé écrit de toutes les discussions pour être revu par tous les participants
* Étape 5 – Mettre en œuvre les accords
a) Cherchez la ratification par catégories de participants
- tenir les représentants pour responsables de la prospection des réponses des électeurs au projet final
-  tenir les représentants responsable de signer et de s’engager en leur nom propre à un accord définitif
b) Inclure les mesures nécessaires pour veiller à ce que les accords informels soient incorporés ou adoptés par tous les mécanismes formels convenus
-  Incorporer procédures de surveillance appropriées
- Inclure des procédures de réouverture ou de règlement des différends.

[7] Source:  « Les Débats participatifs ; regards d'un philosophe » par Jean-Yves Goffi est professeur de Bioéthique et de Philosophie générale au Département de Philosophie de l'UFR Sciences humaines à l'Université Pierre Mendès France-Grenoble 2

[8] https://focusderguini.wordpress.com/2014/12/10/petit-guide-pour-la-construction-dun-consensus/

[9] http://www.irenees.net/bdf_fiche-analyse-764_fr.html

[10] Source : Fraud, Distorsion, Delusion, and Consensus: The Problem of Human and Natural Deception in Epidemiologic Science - Alvan R. Feinstein -  The American Journal of Medicine -Volume 84 pp 475-478 (March 1988)- Alvan R. Feinstein (4 Décembre, 1925-1925 Octobre, 2001) était un chercheur et épidémiologiste  clinique, science  qu'il a contribué à définir.

[10bis] Cité dans le protocole de Montréal, sur les substances qui appauvrissent la couche d'ozone.- rapport d'évaluation technique et économique de mai 2013 - volume 3 - Décision XXIV / 8 Rapport du Groupe de travail - Termes de référence:  
"In United Nations practice, the concept of “consensus” is understood to mean the practice of adoption of resolutions or decisions by general agreement without resort to voting in the absence of any formal objection that would stand in the way of a decision being declared adopted in that manner. Thus, in the event that consensus or general agreement is achieved, the resolutions and decisions of United Nations meetings and conferences have been adopted without a vote. In this connection, it should be noted that the expressions “without a vote”, “by consensus” and “by general agreement” are, in the practice of the United Nations, synonymous and therefore interchangeable" http://conf.montreal-protocol.org/meeting/oewg/oewg-33/presession/Background%20Documents%20are%20available%20in%20English%20only/TEAP-DecisionXXIV-8-May2013.doc

[10ter] From the GAC to the ICANN Board: article XII – Provision of advice to the ICANN board, Principle 47- "Consistent with United Nations practice, consensus is understood to mean the practice of adopting decisions by general agreement in the absence of any formal objection".
https://gacweb.icann.org/display/gacweb/GAC+Operating+Principles

[11] Wikipedia- https://fr.wikipedia.org/wiki/Consensus_scientifique

[12] Cardinal Bergolio, « Réflexions sur l’espérance II (1192) », in Espérance ; institutions et politique, I » (Parole et Silence, 2014), p. 55

[13] La commission d'animation avait appliqué toutes les techniques d'ingenierie du "consensus", à savoir:
- Définition, charte à l'appui, de l'objectif consensuel: « Toutes les questions auront des réponses à classer en trois parties "Le vrai" ou "le très probable", "Le faux" ou le "très improbable", "L’incertain", c’est-à-dire "hypothèse à confirmer" ». Il était impensable, dans l'esprit des organisateurs, qu'il ne puisse pas y avoir de consensus sur cette typologie: tout argument devait entrer dans une de ces cinq cases.
- Choix des experts. Il revenait à la commission d'animation de choisir les experts de référence: ceux du Giec en l'occurrence. Une des difficultés rencontrées difficile à surmonter est née du fait que les partisans de la thèse "héliocentriques" (cause solaire du réchauffement) ont obtenu l'accord de faire venir leur propre expert en identification des systèmes complexes.
- Enregistrement du débat. Seule la commission d'animation était sensée rédiger le compte-rendu. Le projet soumis consacrait 75% du wording aux thèses géocentriques (cause humaine) du Giec. Les dialogues se terminaient systématiquement par les propos du Giec sur un ton conclusif. Une autre difficulté rencontrée est résultée de la demande que chaque expert puisse résumé lui-même sa propre pensée.
- Élargissement du nombre d'expert à un tiers présenté comme "indépendant" pour appuyer la condamnation des arguments hélio-centristes.
- Culpabiliser les "dissidents" en faisant croire qu'ils sont responsables d'un refus de publier les débats. La vérité est que le refus provisoire a été levé à partir du moment où le président du débat a admis que le projet de compte rendu était déséquilibré puisqu'il a proposé de lui-même qu'un autre expert favorable à l'approche systémique puisse faire le pendant de celui que la commission d'animation avait retenu.
- Condamnation finale des "dissidents". Après la publication unilatérale des minutes, une "mise au point" a été publiée le 26 juin, reprochant aux "héliocentristes d'être des "rebelles". Pour la commission d'animation, ils seraient en « rébellion face à cet "ordre" oppressif mais insaisissable [qui] bénéficie (sans le reconnaître ouvertement) du soutien des industries...». Ils seraient également des croyants « obnubilés par cette théorie d’un complot qui n’est plus "judéo-maçonnique", mais "scientifico-onusien" ».
- Consolidation du "consensus" par report de l'échec sur un bouc émissaire: Face à l'échec, la technique d'élimination d'un "récalcitrant" est donc classique: lui reprocher d'où il vient plutôt que ce qu'il dit ! Que voilà des attaques qui sont en fait salutaires pour le "consensus": les hélio-centristes deviennent des "bouc émissaires" qui contribuent, puisqu'ils ne seraient pas de bonne foi, à consolider l'idée que la commission d'animation se fait du "consensus".

Autant il est dans la mission de l'Eglise d'être attentive aux signes des temps en organisant un débat contradictoire sur la question climatique qui inquiète les opinions publiques contemporaines, autant on ne comprend pas cet acharnement à vouloir prendre parti en faveur du "consensus" ambiant. On comprend encore moins que la commission d'animation ait eu des velléités de vouloir se transformer en "comité de pilotage" d'une recherche scientifique complémentaire revenant à confier au Giec un calcul complémentaire pour invalider les thèses hélio-centristes! (lettre de la commission d'animation du 1.7.2016)