La plupart des leaders de la « fourniture de contenu ou d’applications en ligne »[1] vient de lancer le « Laudato si Challenge » pour lancer des start-ups sensées résoudre durablement la crise mondiale du changement climatique d'ici 2030. Il s’agit des principales entreprises de la Silicon Valley, leader dans le cyberespace, telles que  Facebook, USC (Université de Californie du Sud), box (Dropbox) , Rightnow (service Cloud), Instagram (réseau social d’échange de photos), Earth day network, Pipedrive (formulaires Web de type Pipe Line), Scribd (partage de documents en ligne), Twitter Inc (microblogage)...
Une fois de plus, Mgr Sorondo, chancelier de l'Académie Pontificale des Sciences, va faire du zèle puisque les startups qui seront sélectionnées « vendront » leurs projets au cours d’un grand oral devant des investisseurs réunis à ladite Académie. On aimerait que l’Académie Pontificale fasse preuve du même zèle pour organiser un véritable débat scientifique contradictoire "honnête et transparent" (Laudato si § 188) sur la question climatique. Il n'a jamais eu lieu, et ce serait plus répondre à sa mission que d'organiser des événements qui sont financés dans ses murs par des entreprises mondiales peu soucieuses de Doctrine Sociale de l'Eglise.
On s’étonne, aussi, de voir des leaders de l’écologisme dit chrétien faire la promotion d’une opération lancée par les géants de la connectique pour blanchir l'image de leur activité ne répondant pas toujours aux règles éthiques: on pense en particulier à ces "innovations technologiques" appelées "décodex", mises en place par ces entreprises et consistant, sous couvert de lutte contre les « fake-news » à dénoncer ce qui, sur la blogosphère, serait contraire à la "post-vérité"[2]... Une sorte de Miniver (Ministère de la Vérité décrit dans le reoman 1984 de George Orwell)! 
Certains chrétiens, régulièrement invités à promouvoir Laudato si dans les paroisses, ont oublié l’addiction à tous ces objets techniques dont nous sommes victimes et qui sont promus par les partenaires du « Laudato si challenge ». Le Pape rappelait pourtant dans son encyclique : « Il faut reconnaître que les objets produits par la technique ne sont pas neutres, parce qu’ils créent un cadre qui finit par conditionner les styles de vie, et orientent les possibilités sociales dans la ligne des intérêts de groupes de pouvoir déterminés. Certains choix qui paraissent purement instrumentaux sont, en réalité, des choix sur le type de vie sociale que l’on veut développer. C’est devenu une contre-culture de choisir un style de vie avec des objectifs qui peuvent être, au moins en partie, indépendants de la technique, de ses coûts, comme de son pouvoir de globalisation et de massification. » (§ 107).
Ces propos n’ont pas dû être compris par Eric Harr et Stéphen Forte qui sont à l’origine de cette « incubation vaticane » et sont les présidents de fonds d’investissements de la grande finance de la connectique internationale. L’une d’elle, Freco Capita, va jusqu’à se qualifier d’être « la Sainte Trinité du Développement de Produit » ! Comment Paul Orlando, cofondateur d’un accélérateur numérique à Hong-Kong peut-il dire qu’il a ainsi répondu à une demande venant du Vatican: « Cela faisait sens. Le pape lui-même a parlé de ces choses, a écrit sur ce thème et a appelé des leaders dans le monde des affaires à favoriser ce genre d’initiatives ».

Source : http://www.laudatosichallenge.org

Commentaire: "les2ailes.com"

Origine du Challenge

Le souverain pontife est intervenu le 25 avril dernier à une conférence TED (Technology, Entertainment and Design) par vidéoconférence au cours de laquelle il a encouragé les acteurs présents à s’engager en faveur des plus démunis ainsi qu'à sauver la planète :"Si la croissance de l’innovation scientifique et technologique pouvait coïncider avec plus d’égalité et d’inclusion sociale, ce serait merveilleux "
Organisées dans plusieurs villes du monde, les conférences TED  sont un rendez-vous incontournable de l’innovation technologique. Elles accueillent le plus souvent des scientifiques et des entrepreneurs qui s’adressent en priorité à un public issu du monde des startups : c’est donc avec surprise que les participants ont vu le pape François apparaître sur les écrans de la conférence à Vancouver. 
On imagine mal que le Pape ait eu spontanément une telle idée. Qui donc l’instrumentalise dans les coulisses ?

Principe retenu par le « Laudato si Challenge »

Les entreprises fourniront des conseils et des conseils d'experts en démarrage pour que les startups établissent leurs stratégies commerciales, leurs communications et leur stratégie de marketing.
Les entreprises fourniront des conseils et des conseils d'experts en démarrage pour leurs stratégies commerciales, leurs communications et leur stratégie de marketing. Un panel d’experts sélectionnera 12 startups qui seront invitées à Rome pour un « in-person accelerator » (accélérateur d’affaires)  du 13 juillet au 9 septembre 2017. 
Le « Laudato Si Challenge » culminera avec une journée de démonstration et une grande cérémonie à l'intérieur de la Cité du Vatican. Chaque projet sera ensuite « vendu » au cours d’un grand oral devant des investisseurs réunis à l’Académie pontificale des sciences. Les startups « présenteront leurs produits et services qui changent de jeu dans le monde entier, ainsi que le mémorial de la stratégie du 21ème siècle en matière de commerce »! 

Pourquoi « Laudato si » ?

Le site du projet prétendent que les inspirateurs sont :

  • Sa Sainteté le Pape François, 266e et actuel Pape de l'Église catholique romaine
  • Son Éminence Cardinal Turkson, Préfet, dicastère pour la promotion du développement humain intégral

Le projet prétend vouloir relever le défi du « changement climatique et la migration involontaire ».

Où est passée l’éthique recommandée par Laudato si ?

Les mœurs commerciales des entreprises du cyberespace qui font la promotion du LaudatosiChallenge sont pourtant souvent contestées à cause de :

  • L’atteinte aux personnes, avec les risques d’atteinte à la vie privée et d’atteinte à l’image des personnes à travers la diffamation ou la violation du secret des correspondances,.
  • L’atteinte à des droits patrimoniaux, avec le parasitisme et la contrefaçon des marques ou des bases de données, et l’atteinte aux droits d’auteur.
  • L’atteinte aux règles du commerce, dans le cadre d’un marché « infini », et un cadre non sécurisé des transactions.

Même l’union européenne a dû mettre en place une directive, le 8 juin 2000, pour éviter toutes sortes de dérives classiques et pour remédier à l’insécurité juridique classique dans ce type d’activité. Rien n’arrête ces entreprises. Elles font maintenant peu de cas de l’instrumentalisation de la personne du Pape et de son encyclique comme elles le feraient de n’importe quel business !

 

[1] En anglais : Application service provider (ASP). D’une manière générale, il s’agit de prestataires qui offrent à plusieurs clients la possibilité d’utiliser la même application informatique à travers un réseau de télécommunication afin d’en répartir le coût.

[2] On pourrait qualifier, en écologie, une "post vérité" comme étant une proposition dont le rapport signification/charge émotionnelle tend vers zéro.
De même que post-christianisme se réfère à du christianisme sans être du christianisme, la post-vérité prétend être de la vérité alors qu’elle n’a plus de rapport d’adéquation ou d’inéquation avec aucun réel clairement signifié, et se distingue en cela d’une bonne vieille contre-vérité ordinaire. Mais la post-vérité (hélas en pleine expansion) est aussi la dernière injure à la mode (en complément de fasciste, raciste, sexiste, homophobe, islamophobe, productiviste ou autres amabilités) pour désigner des propositions politiquement incorrectes. Que le monde actuel est compliqué, au sens de « le cœur de l’homme est malade et compliqué » (Jérémie) !