A Hambourg, le 8 juillet 2017, en marge du G20, Emmanuel Macron avait prétendu que « Quand des pays ont encore sept à huit enfants par femme, vous pouvez décider d'y dépenser des milliards d'euros, vous ne stabiliserez rien ».
Le 17 septembre 2017, sur France inter, Michel Camdessus, ancien Directeur du FMI, déclare que « la grande pauvreté ...a augmenté en nombre de gens qui souffrent de la faim à cause du développement démographique ».
On s’étonne que cet ancien président des Semaines Sociales de France, membre du Conseil pontifical Justice et Paix et père de six enfants, n’arrive pas à entendre Laudato si qui dit que « la croissance démographique est pleinement compatible avec un développement intégral et solidaire » (Ls § 50).
Attribuer la pauvreté à une cause démographique est malheureusement une véritable culture dans les instances internationales ! 
Qu’a dit exactement Michel Camdessus?

Commentaire "Les2ailes.com"

La question démographique

Michel Camdessus intervenait sur France Inter 17 septembre 2017 à 8h38 (Émission Interactiv) à l’occasion de la sortie de son livre : « Vers le monde de 2050 » (Fayard)
A la minute 10:25 de son interview, il explique : "Le monde s’est donné dans les années 80 un premier objectif qui est de réduire [la pauvreté] de moitié. La grande pauvreté, ce sont des gens qui vivent avec moins de 1,90 $ par personne et par jour. Cet objectif de la réduire de 50% a été atteint grâce au formidable développement de la Chine. Aujourd’hui, nous nous sommes donnés, à New-York en 2015,  un objectif de la supprimer entièrement d’ici 2030. Observons cependant que, malgré la réduction de moitié par rapport à 1980, elle a augmenté en nombre de gens qui souffrent de la faim à cause du développement démographique"
C
ertes, les démographes connaissent le parallélisme entre baisse de la fécondité et développement économique. C'est probablement pour cette raison que Michel Camdessus croit pouvoir ajouter (à la minute 11:14 de son interview) : "et donc aujourd’hui, il s’agit, à la fois de contenir le développement démographique et de prendre toutes les mesures pour combattre la pauvreté, mais en même temps, car elles sont soeurs jumelles  dans les inégalités de la distribution de la richesse ». Malheureusement, il ne peut pas dire que développement démographique et pauvreté sont des "soeurs jumelles". Ce serait faire croire qu'elles ont toutes les deux un même facteur causal, ce qui est faux: c'est le développement économique qui permettra l'éradication de la pauvreté et du ralentissement démographique, et non le ralentissement démographique qui assurera le développement économique et l'éradication de la pauvreté. La pauvreté a d'autres causes, en particulier celle de l'égoïsme du Nord qui impose une concurrence inique et injuste aux pays du Sud. Le libéralisme des frais de douane finit par être mortifère pour le Sud incapable de résister à la concurrence du Nord!
Et si la démographie n'était qu'un facteur comme les autres sur lesquels il faudrait "jouer", se poserait alors la question des moyens  à mettre en oeuvre! L'enfant unique obligatoire? Le développement de la contraception? Celui de la "santé reproductive et sexuelle" au sens où l'entend l'ONU, c'est à dire de l'éducation à l'avortement et à la stérilisation [1]? Ou celui de "l'autonomisation des femmes" [2] dont on sait qu'elle fait la promotion de l’égalité des sexes et que c’est également un excellent moyen de déconstruire les cellules familiales dans les pays du Sud.
On peut également se demander si la libération des femmes n’a pas été menée au nom de la libération sexuelle des hommes ? Mais on n’est pas à une hypocrisie près !? 

La question de l’ « empreinte écologique »

Comment pourrait-il penser autre chose, quand on entend (à la minute 5:00 de l’interview) que Michel Camdessus croit à cette histoire d’empreinte écologique : « Je rappelle par exemple qu’il y a beaucoup d’économistes mondiaux dont je connais les calculs qui vous montrent que si le monde de 2050 , ce monde de 9 milliards 450 millions d’habitants dont 8 milliards auront un niveau de classes moyennes, si ce monde là consommait selon notre modèle de consommation comme en Europe aujourd’hui, il faudrait 2 à 3 planètes disponibles, et ça ne marche pas ! »
Si cela ne marche pas, c’est bien parce que le raisonnement est faux : et on a peine à croire qu’un fonctionnaire de ce niveau prétende qu’il en  « connait les calculs ». En effet, ce concept d’empreinte écologique se fonde sur deux approches :
- celle de la comparaison  des  ressources (biocapacité) et des besoins  (empreinte écologique), développée par le professeur Willim E. Rees et Mathis Wackernagel
- celle de l’équation IPAT  (acronyme anglais pour : impact = population x affluence x technology), formulée dans les années 1970 par Paul Ehrlich et John Holdren
Or ces indicateurs sont truffés d’incohérences intrinsèques, de calculs de surfaces virtuelles, de coefficients d’équivalence totalement fictifs et fixistes c’est à dire qu’ils ne tiennent pas compte des progrès techniques dans le temps. Ces indicateurs ignorent les facteurs économiques : la formule de l’empreinte écologique ne considère pas non plus le prix des choses. Or, la théorie économique classique ne dit pas que des âneries : plus une ressource renouvelable se fait rare, plus elle est chère, ce qui limite sa consommation. Par ailleurs, les indicateurs d’empreinte écologiques retenus sont totalement redondant avec une problématique climatique, mal posée qui plus est !
Michel Camdessus, en définitive n’a très probablement pas analysé ces calculs. Il se fonde sur un pseudo consensus qui n’a pas a place en science. Ce n’est qu’un argument d’autorité auquel il fait malheureusement  appel comme beaucoup de ses collègues des instances internationales.
Ces indicateurs risquent  de n’être que la justification pseudo scientifique du malthusianisme. Les auteurs de ces calculs ne se cachent pas dans leur discours : ils sont persuadés de la nécessité de réduire drastiquement la démographie humaine. C’est d’ailleurs le cas de Mathis Wackernagel, un des inventeurs du concept d’empreinte écologique, qui a compté parmi les influences idéologiques de l'organisation écologiste suisse Ecopop. Cette association proposa un referendum en Suisse  pour que sa diplomatie fasse la promotion  du malthusianisme dans le Tiers Monde et qu’elle affecte au Planning familial 10% de son aide au développement afin de  limiter la surpopulation.

Qui osera dire que la ressource la plus importante d’un pays est son capital humain. C'est ce capital qu'il faut restaurer d'urgence étant donné le "crash démographique" vers lequel va le monde. L'Afrique sera probablement le modèle à suivre, et le malthusianisme du Nord un contre-exemple! Et Gary Becker, prix Nobel d’économie (1992), a montré que ce capital, qui menace de manquer, se forme essentiellement dans la famille.


[1] La position de l’Église vis à vis des concepts de « santé reproductive »
L’Église n’est absolument pas dupe du contenu des concepts qui se cachent derrière cette sémantique internationale. Nous donnons ici quelques références le prouvant:
♦ La conception utilitariste de la "santé reproductive"
« Il faut rappeler qu'il y a une différence de fond entre la conception utilitariste de la sexualité humaine, associée au concept de la santé reproductive, et la perspective offerte par l'Église dans son respect pour la dignité de l'homme et de sa sexualité... Il faut donc respecter la double signification du don mutuel de l'homme et de la femme, ouvert à la vie, dans le mariage, signification contredite par la contraception encouragée par la prétendue « santé reproductive » (« la santé reproductive des réfugiés » (Conseil Pontifical pour la Pastorale des migrants et des personnes en déplacement - Note pour les conférences épiscopales, 14.9.2001)).
♦ Une "santé reproductive" qui menace les fondements de la famille
« Je dois également mentionner un autre grave sujet de préoccupation : les politiques de ceux qui, dans l’illusion de faire progresser l’« édifice social », en menacent les fondements mêmes. Combien est amère l’ironie de ceux qui promeuvent l’avortement au rang des soins de la santé des « mamans » ! Combien est déconcertante la thèse de ceux qui prétendent que la suppression de la vie serait une question de santé reproductive (cf. Protocole de Maputo, art. 14)! » (Discoursde Benoit XVI à Luanda 20.3.2009)
♦ La "santé reproductive" va de pair avec l’avortement et l’homosexualité
« La nouvelle idéologie est dynamique et s'impose à la fois aux cultures et aux politiques. Elle exerce pression sur le législateur pour qu'il prescrive des lois favorables à l'accès universel aux informations et aux services contraceptifs et abortifs (concept de “santé reproductive") ainsi qu'à l'homosexualité. » (Cardinal Sarah , 5° congrégation générale du 7.10.2009, Carrefours de la II Assemblée Spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques,)
♦ La santé reproductive : facteur de destruction de toute la jeunesse
« Encourager un "changement de comportement" parmi les adolescents dans les programmes d’éducation sexuelle, alors qu’en réalité on veut "les encourager à utiliser un préservatif lorsqu’ils ont des rapports sexuels pré-matrimoniaux", tout en encourageant les rapports sexuels pré-matrimoniaux eux-mêmes, c’est détruire non seulement la santé reproductive de l’adolescent, mais aussi leur santé émotionnelle, mentale, et spirituelle, et même leur future et leur vie entière (§ 15)... L’Église continue à entreprendre la promotion d’une authentique santé reproductive de même que la santé des femmes, qui inclut une information complète sans terminologie ambiguë, et une pratique de la sexualité vraiment sûre, fondée sur une sexualité humaine authentique (§ 19)... » (Conseil Pontifical de la Famille  (cardinal A.L . Trujillo, président du Conseil pontifical pour la famille, (1.12.2003, § 15).
♦ Les réserves de l’Église face à la "santé reproductive"
« Cette "santé reproductive" est promue aujourd'hui par certaines organisations de l'ONU comme l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) et le Fonds des Nations unies pour la Population (FNUAP). Lors de la session conclusive de la Conférence du Caire, le Saint-Siège a fait une déclaration dans laquelle il a exprimé les réserves de l'Église sur l'idéologie de la "santé reproductive" » (Mgr Martino R.), Consenso parziale e con riserve, « L'Osservatore Romano », vendredi 16 septembre 1994, p. 4).
"C’est pourquoi, les Pères synodaux ont tenu à souligner les aspects discutables de certains documents émanant d’organismes internationaux: en particulier ceux concernant la santé reproductive des femmes." (Exhortation apostolique post-Synodale Africae Munus » de Benoit XVI, 19.11.2011, § 70)

[2] En présentant son rapport du 14.11.2012, le Directeur exécutif du FNUAP, Babatunde Osotimehin a déclaré« La possibilité pour les couples de choisir le moment de la procréation et le nombre d’enfants qu’ils souhaitent avoir est non seulement bénéfique pour aider les pays à sortir de la pauvreté, c’est également l’un des moyens les plus efficaces d’autonomiser les femmes ».
Autonomiser ? On sait ce que cela veut dire : c’est promouvoir l’égalité de genre, et proscrire toute idée de complémentarité dans l’égalité. Or « les femmes qui usent de moyens contraceptifs sont en général en meilleure santé, plus éduquées et autonomes au sein de leurs foyers et communautés, et sont donc plus productives sur le plan économique. Or, la participation de la main d’œuvre féminine est primordiale pour l’économie des pays », a expliqué Babatunde Osotimehin.
L’objectif est à peine caché. Il faut que les femmes se reproduisent moins, pour devenir une force plus productive sur le plan économique !
Les ONG écologistes ne veulent pas qu’on transfère au sud le modèle économique du nord, mais le modèle de la femme occidentale, qu’on veut transférer dans ces pays, est-il le modèle social qui leur convient ?
Il y a des associations qui militent en Afrique pour obliger les femmes à se révolter pour devenir propriétaire. Rien de choquant quand on est au nord. Mais dans les pays du Sud, c'est  un excellent moyen de faire exploser les structures familiales