Surprise : le journal fait l’éloge du glyphosate ! Son expert, Gérard Le Puill ose énoncer une vérité connue des seuls milieux agricoles : le glyphosate est, aujourd’hui encore, un allié essentiel de « l’agriculture de conservation », c’est à dire une technique de «  semi direct sans labour ». Il explique que « cette technique  améliore la qualité des sols en faisant proliférer les vers de terre qui, à leur tour, accélèrent la transformation des débris de végétaux en matière organique fertilisante... En dépit du traitement au glyphosate, le non passage de la charrue tous les ans augmente la densité des vers de terre sur chaque mètre carré de terre cultivable au point d’arriver à trois tonnes de petites bêtes à l’hectare, alors que leur nombre diminue dans un champ labouré régulièrement ».
Ironiquement, l’auteur pense « probable que des hommes comme Emmanuel Macron, Edouard Philippe, Nicolas Hulot et le ministre de l’Agriculture Stéphane Travert ne disposent pas d’assez de connaissances agronomiques pour comprendre cela : ... avec l’interdiction du glyphosate, le non labour disparaîtra alors qu’il est urgent de généraliser sa pratique dans le mesure où il permet de stocker du carbone dans les sols».
Certes, Gérard Le Puill  évoque l’amélioration du bilan carbone des cultures grâce à la technique du « sans labour ». En effet, le labour remet à la surface le système racinaire des cultures précédentes qui, au contact des bactéries de l’air, se transforme en CO2. Chacun imagine que le labour serait néfaste en contribuant au réchauffement climatique. Malheureusement cette corrélation des émissions de CO2 avec les variations climatiques n’est pas prouvée, malgré les allégations du Giec. En revanche, la nécessité de conserver le carbone dans le sol est vitale car il est un composant essentiel de l’humus. Cet humus améliore ainsi la capillarité et la conservation de l’eau dans les microfissures du sol. Oui, le glyphosate, en ce sens, améliore le bilan carbone du sol.
Nous proposons, dans la suite de cet article, de fournir une explication vulgarisée du « sans labour », de son impact sur les quantités d’humus du sol et donc de sa capacité à stocker l’eau.

Source : Humanité.fr du 19.9.2017

Commentaire: "les2ailes.com"

À propos du débat sur l’interdiction annoncée du glyphosate, Gérard Le Puill se fait, dans son article de l’Humanité.fr du 19.9.2017[1],  l’apôtre du « sans labour ». Pourquoi ?

Le "sans labour", utile pour les réserves d’eau du sol

Qui n’a pas fait un jour, en classe de physique, l’expérience  de la « capillarité »? On voit bien ici que l'eau tente de grimper le long des parois du tube de verre... Dans le sol de nos champs, c’est la même chose: Le long de chaque micro-fissure du sol, l’eau tente de grimper vers le haut.  Plus un sol aura de fissures, plus il conservera l’eau!
Mais on voit aussi, ici, que si l’eau monte le long d’un tube en verre, elle ne le fait pas le long de ce tube de plastique !
Pourquoi l’eau monte-t-elle le long d’un tube en verre, et pas le long de ce tube de plastique? C’est ce qui résulte de la plus ou moins grande mouillabilité d'une surface solide par un liquide.
Dans le sol de nos champs, c’est la même chose: Le long de chaque micro-fissure du sol, l’eau tente de grimper d’autant plus que les fissures sont « beurrées »  par une sorte de gras qui provient du pourrissement des déchets végétaux morts.
Ce gras, c’est « l’humus ». Plus nous enfouissons des plantes, plus nous créons de l’humus! Plus les plantes s’enracinent dans le sol, plus nous créons des « fissures ». Bref plus nous stockons de l’eau!

Une Agriculture, intensivement écologique, peut donc contribuer à la gestion de l’eau dans nos sols. Si par des techniques intensivement écologique,  10.000 agriculteurs se donnaient les moyens d’améliorer le stockage de l’eau de 20%  dans les fissures de leurs sols,  cela représenterait:
2 millions d’ha x 1 m de profondeur
x 1% de capillarité x 120% d’amélioration
= 240 millions de m3 !

Ce chiffre de 10% des agriculteurs, dans une optique intensivement écologique, peut contribuer à la gestion de l’eau dans nos sols de 240 millions de m3 ! C’est plus que le lac-réservoir Seine « d’Orient » qui protège Paris des risques de crues!

Le point de vue de Gérard le Puill 

Même si Gérard Le Puill évoque peu le facteur "réserve d'eau, il a raison d'expliquer: "Or, sans le glyphosate, il est quasi impossible de pratiquer le semi direct sans labour. Au moment de semer du colza en septembre ou du blé en octobre, ils utilisent un broyeur qui, placé devant le semoir, va transformer la verdure présente sur le champ en matière organique. Pour qu’elle soit moins encombrante, elle a été traitée au glyphosate. Elle deviendra vite un fertilisant au fur et à mesure que les vers de terre l’auront consommée et transformée. Mais, à la différence du labour, le semis direct ne permet pas d’enfouir en profondeur les graines de mauvaise herbe. Celles-ci vont pousser en concurrence directe avec le colza ou la céréale. Elles vont étouffer et les plants en pleine levée et leurs subtiliser leurs nutriments pourtant rendus plus vite assimilables par le travail des vers de terre. Voilà aussi pourquoi, les paysans en non labour ont besoin de recourir au glyphosate pour une double fonction juste avant le semi. Ils sont dans une pratique qui améliore au fil des ans la qualité des sols en les enrichissant en matière organique issue de la dégradation des végétaux par les des vers de terre ... Tout comme les paysans impliqués dans le non labour depuis des années, les agronomes qui les conseillent et qui analysent leurs résultats estiment, « qu’en dehors de la charrue, il n’y a pas d’alternative technique réelle au glyphosate pour éliminer durablement les plantes vivaces telles que le chiendent, le rumex, l’ambroisie » et quantités de graminées adventices ».

Conclusion

Le Puill conclut lui-même « cette interdiction va augmenter le bilan carbone du secteur des grandes cultures en obligeant les adeptes du non labour à réutiliser la charrue dans 90% des cas! Comme quoi, il n’est pas toujours évident de jouer à "plus écolo que moi tu meurs" quand on devient ministre de la Transition écologique ». 

[1] Texte intégral de l’article de Gérard Le Puill
Il se dit aussi que la Commission européenne souhaite une prolongation de dix ans de l’usage du glyphosate, mais qu’elle ne ferait cette proposition qu’en étant certaine d’obtenir une majorité qualifiée auprès des pays membres. 
Un vif débat oppose le gouvernement d’Edouard Philippe au monde paysan et surtout au secteur des grandes cultures depuis des semaines. La France affirme qu’elle prendra position en octobre à Bruxelles pour l’interdiction du glyphosate. Cet herbicide sert à détruire les mauvaises herbes, notamment dans les champs de céréales et de colza. Mais, sans le glyphosate, il est quasi impossible de pratiquer le semi direct sans labour. Or, cette technique  améliore la qualité des sols en faisant proliférer les vers de terre qui, à leur tour, accélèrent la transformation des débris de végétaux en matière organique fertilisante. Ce qui permet de réduire le bilan carbone des grandes cultures. 
Plus que dans tout autre secteur, le pilotage de l’écologie est difficile en agriculture. La production agricole est soumise d’un bout à l’autre de l’année aux aléas climatiques qui vont  des orages et des inondations aux sécheresses, en passant par les gelées tardives du printemps, les grêles parfois dévastatrices pour la vigne, les arbres fruitiers et de nombreuses cultures. Quand le printemps et l’été sont humides, le mildiou et d’autres maladies des plantes peuvent faire de gros dégâts et les traitements chimiques sont indispensables pour ne pas perdre tout ou partie de la récolte.
Il faut avoir ces questions là en tête quand on nous parle de supprimer le glyphosate un herbicide dont l’interdiction pourrait réduire sensiblement les rendements céréaliers. En juillet 2016, la Commission européenne avait  prolongé l’autorisation d’utilisation de cette molécule pour encore 18 mois, faute de solutions alternatives. Depuis cette date, les alternatives n’ont pas été trouvées. Néanmoins, par la voix de Nicolas Hulot, la France a annoncé le 29 août que notre pays voterait cet automne contre la prolongation de l’utilisation du glyphosate quand le sujet viendra en débat au niveau européen. Le 5 septembre, Matignon a fait savoir que « Nicolas Hulot  a réaffirmé la position de la France indiquée à la Commission européenne en juillet. Quant à Stéphane Travert, ministre de l’Agriculture, il se dit qu’il s’exprimerait sur le sujet avant le début du mois d’octobre, sachant qu’une réunion du comité permanent en charge de cette question aura lieu les 5 et 6 octobre prochain.
Il se dit aussi que la Commission européenne souhaite une prolongation de dix ans de l’usage du glyphosate, mais qu’elle ne ferait cette proposition qu’en étant certaine d’obtenir une majorité qualifiée auprès des pays membres de l’Union. Si un autre délai est accordé au glyphosate, les paysans de la plupart des pays membres de l’Union européenne continueront de l’utiliser. Si la France est seule à l’interdire, cela se traduira par une distorsion de concurrence au détriment des producteurs français de céréales, d’oléagineux et de bien d’autres cultures que le gouvernement contraindrait à renoncer à cette molécule tandis que leurs concurrent l’utiliseraient et pourraient nous exporter leurs produits ainsi traités.

Ne pas déboucher sur une distorsion de concurrence

Il vaudrait donc mieux que les règles soient les mêmes dans tous les pays membres de l’Union européenne. Mais il est un autre sujet qui rendrait plus contestable encore l’interdiction du Glyphosate en France. Et il s’agit cette fois de bonnes raisons écologiques bien que le propos puisse sembler paradoxal puisque nous avons à faire à un herbicide. Pour les lecteurs peu au fait des bonnes pratiques agronomiques  voici de quoi il retourne. En France, des  céréaliers encore minoritaires ont déjà de longues années de pratique dans ce que l’on appelle l’agriculture de conservation. Ces paysans ne retournent  plus la terre. Ils pratiquent le semi direct sans labour. Au moment de semer du colza en septembre ou du blé en octobre, ils utilisent un broyeur qui, placé devant le semoir, va transformer la verdure présente sur le champ en matière organique. Pour qu’elle soit moins encombrante, elle a été traitée au glyphosate. Elle deviendra vite un fertilisant au fur et à mesure que les vers de terre l’auront consommée et transformée. Car, en dépit du traitement au glyphosate, le non passage de la charrue tous les ans augmente la densité des vers de terre sur chaque mètre carré de terre cultivable au point d’arriver à trois tonnes de petites bêtes à l’hectare, alors que leur nombre diminue dans un champ labouré régulièrement.
Mais, à la différence du labour, le semis direct ne permet pas d’enfouir en profondeur les graines de mauvaise herbe. Celles-ci vont pousser en concurrence directe avec le colza ou la céréale. Elles vont étouffer et les plants en pleine levée et leurs subtiliser leurs nutriments pourtant rendus plus vite assimilables par le travail des vers de terre. Voilà aussi pourquoi, les paysans en non labour ont besoin de recourir au glyphosate pour une double fonction juste avant le semi. Ils sont dans une pratique qui améliore au fil des ans la qualité des sols en les enrichissant en matière organique issue de la dégradation des végétaux par les des vers de terre.
Il est probable que des hommes comme Emmanuel Macron, Edouard Philippe, Nicolas Hulot et le ministre de l’Agriculture Stéphane Travert ne disposent pas d’assez de connaissances agronomiques pour comprendre cela. Mais il convient de  leur expliquer, qu’avec l’interdiction du glyphosate, le non labour disparaîtra alors qu’il est urgent de généraliser sa pratique dans le mesure où il permet de stocker du carbone dans les sols et de réduire les apports d’engrais azotés dont la fabrication est gourmande en gaz naturel, son épandage répandant de surcroît beaucoup de protoxyde d’azote, un puissant gaz à effet de serre.

Faudra-t-il  abandonner le non labour au profit de la charrue ?

Tout comme les paysans impliqués dans le non labour depuis des années, les agronomes qui les conseillent et qui analysent leurs résultats estiment, « qu’en dehors de la charrue, il n’y a pas d’alternative technique réelle au glyphosate pour éliminer durablement les plantes vivaces telles que le chiendent, le rumex, l’ambroisie » et quantités de graminées adventices. Cité par La Moselle agricole de cette semaine, Nicolas Hulot déclarait devant les sénateurs en juillet dernier : « je constate également l’absence d’alternative actuelle au glyphosate. Il faut que l’on comprenne qu’il est nécessaire de travailler aux alternatives ».  Ce qui a conduit Christiane Lambert, présidente de la FNSEA, à poser dernièrement cette question qui trotte dans la tête de tous les pratiquant du non labour : « Pourquoi interdire le glyphosate tant qu’il n’y a pas d’alternative ? »
Pourquoi en effet puisque cette interdiction va augmenter le bilan carbone du secteur des grandes cultures en obligeant les adeptes du non labour à réutiliser la charrue dans 90% des cas! Comme quoi, il n’est pas toujours évident de jouer à « plus écolo que moi tu meurs » quand on devient ministre de la Transition écologique.

Commentaires  

# Henri-Alain Audran 25-10-2017 10:06
On peut en effet débattre de tout cela. C'est pourquoi, il me semble, les adversaires de l'usage du glyphosate se sont surtout placés sur un autre terrain : L'OMS, émanation de l'ONU, organisation malthusienne, anti productiviste et adoratrice de la biodiversité a classé cancérigène le glyphosate, bien entendu sans préciser à quelles doses. Comme disaient nos grands-pères, qui veut faire tuer bon chien l'accuse de la rage.
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