Dans une série de vidéos, deux frères, Geoffroy et Loïc de la Tullaye ont présenté leurs expéditions autour du monde pour comprendre « l’extraordinaire force qui, depuis les chasseurs-cueilleurs, nous a poussé à nous rassembler en ville ». Dans une des vidéos, intitulée « La faim des villes, la fin des champs », une kenyane répond pourquoi elle préfère le bidonville de Kibera à Nairobi à son village : « Dans l’ouest on n’a pas à payer l’eau ni un loyer: on cultive notre propre nourriture, mais le salaire est insignifiant et le niveau de vie est très bas. En ville, c’est vrai qu’il faut tout payer, et ce qui est bien, c’est que si je trouve un travail, je serai payé en argent. Je pourrai envoyer mon enfant à l’école, et nous pourrons vivre sans problème, sans la peur du lendemain ». Le propos fait écho à la phrase de Laudato si qui parle de la ville comme lieu de communion entre les hommes. Certes, dit-il, "il existe une "sensation d’asphyxie, produite par l’entassement dans des résidences et dans des espaces à haute densité de population", mais ce sentiment peut être "contrebalancé si des relations humaines d’un voisinage convivial sont développées, si des communautés sont créées, si les limites de l’environnement sont compensées dans chaque personne" (§ 148) ! Pour en savoir plus...

Commentaire "les2ailes.com"

Que dit Laudato si ?

L’objectif, dit le pape François, n’est pas "de créer de nouvelles villes soi-disant plus écologiques", où il ne fait pas toujours bon vivre. Au contraire, "il faut prendre en compte l’histoire, la culture et l’architecture d’un lieu, en maintenant son identité originale" (§ 143). Le pape cite des favelas d’Amérique latine et montre que, "dans ces conditions, beaucoup de personnes sont capables de tisser des liens d’appartenance et de cohabitation, qui transforment l’entassement en expérience communautaire où les murs du moi sont rompus et les barrières de l’égoïsme dépassées. C’est cette expérience de salut communautaire qui ordinairement suscite de la créativité pour améliorer un édifice ou un quartier " (§ 149). L’encyclique retient des phrases positives sur ce que peut et doit être la ville : "elle nous héberge et nous unit" (§ 151), la ville doit être "un espace vraiment partagé avec les autres". C’est à ces conditions que le pape François se laisse aller à un élan personnel : "Comme elles sont belles les villes qui, même dans leur architecture, sont remplies d’espaces qui regroupent, mettent en relation et favorisent la reconnaissance de l’autre ! " » (§ 152)

Que dit la jeune Kenyane interviewée ?

Nairobi est la capitale de la Kenya, à 1800m d’altitude. Son nom veut dire en Massaï « eau froide » En cas de sécheresse, toutes les personnes qui ne peuvent plus vivre dans leur environnement naturel et ils viennent en ville. Le bidonville de Kibera accueille 700.000 migrants venant de tout le Kenya de 42 ethnies différentes. La densité est estimée à 200.000 hab au km2, soit dix fois plus que Paris. Ils viennent parce qu’il n’y a pas d’emploi et d’alimentation, parce que, dit la jeune kenyane, « dans nos villages, on peut ne pas manger.... Ici aussi, il y a des gens qui ne mangent pas, mais pas autant que dans les campagnes ». Pourtant, on imagine que s’ils restaient à la campagne, à travailler la terre, il y aurait quelque chose à manger. « Oui, quelque chose mais pas assez », répond-elle. Et ce n’est pas parce qu’il n’y a pas assez de terre. Elle objecte : « Oui, il y a des terres ? … mais quand vous vivez à la campagne, vous n’avez pas d’argent , alors c’est très difficile de rester, parce que aujourd’hui, il faut de l’argent pour tout ». A la question « La vie est-elle plus facile ici que dans l’ouest ? », la jeune kenyane répond : « Dans l’ouest on n’a pas à payer l’eau ni un loyer : on cultive notre propre nourriture, mais le salaire est insignifiant et le niveau de vie est très bas. En ville, c’est vrai qu’il faut tout payer, et ce qui est bien, c’est que si je trouve un travail, je serai payé en argent. Je pourrai envoyer mon enfant à l’école, et nous pourrons vivre sans problème, sans la peur du lendemain » On comprend que le développement des villes est une solution pour faire face à l’augmentation de la population. Mais ces bidonvilles témoignent d’un exode rural trop rapide. .. même s’il pourrait y avoir des solutions pour freiner cet exode .