Avoir ou ne pas avoir d'enfant? La PMA ne répond pas à toutes les questions. Le sujet est brûlant car l'infécondité est toujours une souffrance, qu'elle soit biologique chez des personnes de sexes différents, ou qu'elle soit sociale pour des personnes de même sexes. La question se pose de savoir si la sémantique de Procréation Médicalement Assistée (PMA) ne serait pas profondément trompeuse. L'enfant désiré, aussi naturel soit ce "désir", peut-il devenir un objet qui satisferait un "besoin"?
Les souffrances qui sont sous-jacentes dans ces débats ne sont jamais à prendre à la légère.  Faut-il pour autant éluder les questions? 

Commentaire: "Les2ailes.com"

 1°) L’expression « Procréation Médicalement Assistée » relève-t-elle due sémantique appropriée ?

- Peut-on parler de procréation ?
Le mot création suggère une émergence de quelque chose de fondamentalement nouveau, au point de surprendre. L’enfant doit rester une surprise pour être accueilli pour ce qu’il est. Aujourd’hui, on programme tout : « quand je veux, comme je veux, ce que je veux ».  L’embryon fait d’ailleurs l’objet d’un diagnostic préimplantatoire comme pour s’assurer de la qualité du futur produit fini.  
Tout est programmé, un peu comme dans la conduite d’une production. Il serait plus approprié de parler d’une forme de production d’enfants, d’autant que, dans l’affaire, l’enfant devient un objet d’un droit des parents et non un sujet accueilli.

- Peut-on parler de médical ?
Dans le cas d’une infécondité biologique ou sociale, le médecin ne guérit pas l’infécondité. Il applique une procédure technique. Le médecin joue le rôle d’un technicien. Pourquoi ne pas parler d’une technique, même si elle nécessite l’intervention d’un diplômé supérieur en biologie humaine.

- Peut-on parler d’assistance ? Est-ce le médecin qui se met à disposition d’un patient, ou, au contraire, des parents qui mettent leurs organes de reproduction à disposition de la technique. Aujourd’hui, ils offrent leurs ovocytes et spermatozoïdes. Demain, on sait que n’importe quelle cellule souche pourra être différenciée pour produire des gamètes artificiels. Aujourd’hui, l’embryon est implanté dans l’utérus de la « mère porteuse », qu’elle soit la future mère sociale ou non. Demain, on implantera l’embryon dans un utérus artificiel.
Dans l’infécondité, l’assistance ne relève pas d’une prothèse qui assisterait le malade. L’enfant à naître n’est pas une prothèse ni un objet ; il est un être qui deviendra une personne. 

La logique est bien celle d’une forme de "Production d’Enfants Techniquement Avancée" (PETA), plus que d’une Procréation Médicalement Assistée (PMA).

2°) "Avoir ou ne pas avoir ?"  

Le désir d’enfant est naturel. Que les parents soient de sexes différents ou de même sexes.
Mais un désir peut ne pas être satisfait quand il s’agit de la procréation d’un être (verbe Être)
Un besoin n’est pas du même ordre que le désir. On a besoin d’objets qui s’acquièrent. On acquiert pas un enfant pour satisfaire un besoin.

Avoir ou ne pas avoir ? L’enfant est le cœur de cette problématique : « that is the question » aurait dit Shakespeare ! Car l’enfant ne doit pas être instrumentalisé en un moyen d’assouvir un besoin, aussi naturel soit-il. La génétique moderne est à l’origine d’une dérive grave pour l’enfant. Aujourd’hui, elle permet à des parents d’éliminer un individu risquant d’avoir un handicap, voire une maladie. Aujourd’hui, on s’interroge sur les circonstances atténuantes à accorder à un criminel au motif qu’il serait porteur d’un gène de l’agressivité. Demain, en arrivera-t-on à ne retenir que des individus porteurs d’un gène de la docilité. Comment réagira l’enfant lorsqu’en grandissant, il réalisera qu’il n’a pas les qualités dont rêvaient  les parents ? La docilité espérée pourrait se transformer en révolte ou en insoumission. Comment réagira l’enfant lorsqu’il prendra conscience qu’il a été le fruit, non d’un amour, mais de la satisfaction d’un besoin ? L'enfant, pour acquérir son autonomie, doit se savoir voulu pour ce qu'il est et non attaché par la satisfaction d'un besoin

La vraie question est donc celle de l’enfant. Il n’est pas un objet qu’on A (verbe avoir), mais un sujet destiné à Être humain (verbe Être)