Le projet de traité de libre échange transatlantique (TAFTA/TTIP) inquiète les opinions européennes. Serait-ce le début d’importations massives de viandes aux hormones produites aux USA ? Qu’en est-il de ce problème précis ? Très probablement, la consommation de "viande aux hormones" n'a pas plus d'impact sur la santé publique qu'il n'y en a avec les OGM.
Notre opposition au traité TAFTA est plus à regarder du côté de la concurrence entre les élevages intensifs américains de 1000 vaches et l’élevage extensif du plateau de Millevaches autour d’Eymoutiers dans le Limousin. Non pas qu'il faille se faire l'écho de philosophies anti-spécistes très en vogue qui parlent d'élevages "concentrationnaires" [Les victimes de 1940-45, apprécieront un tel amalgame qui relève du mépris voire de l'insulte!]. Le véritable enjeu est celui de l'avenir de nos paysages lorsque les vaches auront été éliminées de nos prairies. Faute de la dentition de nos "soeurs vaches", véritables tondeuses à gazon ambulantes, nos zones de moyennes montagnes deviendront inaccessibles. Nos massifs boisés deviendront des forêts vierges, faute de la présence des éleveurs! Quel environnement voulons nous? Tel est probablement le seul vrai enjeu de l'importation de viandes aux hormones !
Commentaire "les2ailes.com"
1- Qu’est ce qu’une hormone ?
Une hormone est une substance chimique biologiquement active, produite par une glande endocrine, c’est à dire dont la sécrétion s’écoule directement dans le sang, et agissant ainsi à distance sur des récepteurs spécifiques d'une cellule cible. Elle transmet un message sous forme chimique et joue aussi un rôle de messager dans l'organisme.
Une hormone fonctionne à faible dose : les doses s’expriment en Unité Internationale/Litre[1].
Le système endocrinien est composé par l'ensemble des organes (glandes endocrines) qui possèdent une fonction de sécrétion d'hormones.
Un perturbateur endocrinien est une molécule hormono-mimétique qui imite l’effet des hormones et peut ainsi être cause d'anomalies physiologiques[2].
On appelle anabolisant.... une catégorie d’hormone qui facilite ou augmente la production de tissus cellulaires et, en particulier, de la masse musculaire
2- A quoi servent les hormones dans l’élevage des bovins ?
Les produits utilisés par les éleveurs ont les mêmes caractéristiques que ceux employés par les humains dans diverses circonstances, même s’ils ont des origines naturelle ou synthétique. Aux USA, les éleveurs l’utilisent depuis les années 1950 avec plusieurs objectifs :
- La suppression des organes sexuels d’un taureau permet de maîtriser ses comportements dangereux. Dès lors, l’éleveur administre une dose compensatrice pour assurer au bœuf un développement suffisant. L’amélioration est de l’ordre de 5 à 15% de croissance musculaire, soit un gain de 15 à 20 jours sur la durée d’élevage.
- Un complément d’œstrogène dans l’alimentation d’un bovin lui permet une croissance plus rapide des tissus maigres. Un consommateur préfère souvent une viande persillée, c’est à dire contenant des filaments graisseux qui la rende à la fois plus tendre, ... mais moins bonne pour la santé humaine !
- la somatotropine bovine est une hormone de croissance utilisée aux USA pour augmenter de 15% environ la lactation chez la vache[3]
Généralement, une capsule est insérée derrière l’oreille de l'animal ce qui diffuse le produit à très faible dose dans le sang. C'est plus efficace qu'une ingestion orale, car les hormones naturelles sont en grande partie détruite par l’estomac. Aux USA, plus de 96 % des bêtes qui arrivent à l'abattage ont été traitées aux hormones.
2- L’avis de l’Organisation Mondiale de la Santé et de la FAO
Ces organismes de l’ONU estiment que l’usage des stimulateurs de croissance en production animale est sans risque pour la santé humaine s’ils sont employés conformément aux usages vétérinaires prescrits[4]. Le Centre international de recherche sur le cancer (IARC) est arrivé aux mêmes conclusions[5].
3- L’avis des experts européens et l’interdiction européenne
Depuis longtemps, l'usage des hormones en élevage animal s’est développé. Mais des groupes de pression se sont élevés en Europe contre l’usage des hormones. Dès les années 1980, la Communauté européenne a proposé de bannir l’usage des stimulateurs de croissance en production animale, sauf dans un contexte de recherche ou thérapeutique.
En 1981, un groupe d’experts a été consulté, le « Scientific Working Group on Anabolic Agents », plus familièrement appelé Comité Lamming. En 1982, il a remis un rapport disant que l’usage d’hormones naturelles (œstrogènes progestérone et testostérone) ne représente aucun risque à la santé humaine[6]. L’UE a alors proposé en 1984 d’autoriser l’usage des hormones[7], mais en 1985, le parlement européen a rejeté la proposition.
En1985, le Comité Lamming[8] a confirmé que les substances incriminées ne représentent aucun risque pour la santé humaine, ce que l’OMS et la FAO affirmaient de leur côté.
Malgré tout, en 1988, une directive 88/146, étend l’interdiction à l’importation des viandes traitées. Ce bannissement a été contesté devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC) par les pays où l’usage des stimulateurs était permis. L’OMC a donné raison aux pays contestant la position de l’Union européenne qui a toutefois maintenu l’interdiction[9].
En 1995, une « Conférence scientifique sur la stimulation de la croissance et la production de viande » a précisé une nouvelle fois qu’il n’y a pas d’évidence de risque pour la santé humaine[10].
Malgré tout, en 1997, une directive 96/22 renforce les sanctions en cas de violation de l’interdiction.
L’OMC décide alors que cette interdiction est une entrave au libre-échange et que l’UE n’avait pas scientifiquement justifié le risque à la santé. L’UE décide donc de financer des études expérimentales auprès du « Comité scientifique des mesures vétérinaires en rapport avec la santé publique » (CSVSP). Les conclusions sortent en 1999 : « l’œstradiol-17β (E2) serait cancérogène, mais il n’y a pas suffisamment de données pour permettre une estimation du risque découlant de l’usage des autres stimulateurs de croissance hormonaux » !
Un autre groupe de travail, le « Working Group of the Committee for Veterinary Medicinal Products » (CVMP) contredit cette conclusion soulignant notamment que l’ingestion de l’œstradiol-17β par la voie alimentaire était biologiquement insignifiante[11].
Le CSVSP est alors sollicité par la Commission européenne pour clarifier son étude. Il précise « qu’il lui était toujours impossible de quantifier le risque » [12]. Mais il faut préciser que l’UE avait donné une contrainte scientifique à l’étude : tout résidu d’hormones de croissance devait être considéré comme étant risqué. Un objectif réglementaire était également imposé aux experts[13] : le but était d’obtenir l'absence totale de résidus dans la viande des animaux auxquels ces hormones avaient été administrées à des fins anabolisantes.
L’UE confirme donc l’interdiction en 2003, mais demande une évaluation quantitative du risque à l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) qui conclut en 2007 que « aucune nouvelle donnée probante ne permettrait de modifier les conclusions du CSVSP de 1999 »[14]. Depuis 2005 aucune nouvelle donnée pertinente n’a été publiée à l’égard du risque à la santé humaine. Il s’agit exclusivement d’une affaire de règlements de litiges commerciaux basés sur les traités et les ententes de libres-échanges
4- Pourquoi la viande aux hormones serait-elle sans danger ?
a) L’œstrogène, la progestérone et la testostérone sont des hormones naturelles déjà présentes chez les bovins, qu’ils aient été traités ou non.
À titre de comparaison, une portion de 170 g (6 oz) de boeuf provenant d’un animal traité contient approximativement 3,8 ng d’œstrogène. Dans le cas d’un animal non traité, la même portion de 170 g contient approximativement 2,6 ng d’œstrogène.
b) Les hormones utilisées en élevage sont infimes par rapport aux hormones produites par l’homme lui-même !
En effet, les hormones utilisées sont également présentes chez les humains. Par exemple, un adulte de sexe masculin produit chaque jour 136 000 ng d’œstrogène. Ainsi, en une seule journée, un homme produit près de 36 000 fois la quantité d’œstrogène que l’on retrouve dans un morceau de boeuf produit avec l’aide d’hormones de croissance.
c) Dans l’alimentation humaine, le boeuf n’est pas le seul produit alimentaire à contenir des hormones.
Les chercheurs ont identifié des substances présentes dans les végétaux et capables d’imiter l’effet des œstrogènes humains... principalement dans les légumineuses, les graines de sésame, de tournesol, le riz brun, les pommes, la papaye, les carottes, les pois, la sauge, le fenouil, la réglisse. Ainsi, par exemple, 113 g de chou contiennent 2 700 ng d’œstrogène. Un verre de lait en contient 34 ng. Une cuillerée d’huile de soja contient 28 370 ng d’œstrogène – soit presque 7 500 fois la quantité d’œstrogène que l’on retrouve dans un morceau de viande de 170 g provenant d’un animal traité.
d) Les résidus d’hormones sont détruits dans l’estomac.
Non seulement, il est impossible de discerner un résidu d’hormone en fonction de son origine, mais en traversant le système digestif, la plupart des œstrogènes sont métabolisés avant d’être diffusés dans le sang[15].
Tout cela explique pourquoi le codex alimentarius [16] est incapable de distinguer
- les résidus d'hormones naturelles endogènes présents dans la viande, c’est à dire produites par les organismes humains et animaux eux-mêmes[17]
- des résidus d'hormones administrées de façon exogène[18],
On comprend pourquoi l’EFSA a conclu en 2007 qu’il « est impossible de faire un lien « épidémiologique » entre la consommation de viande rouge et des cancers potentiellement attribuables à la présence de ces substances »[19].
Or, quand on est en face de problématiques multifactorielles, seules des études qualifiées d’ « épidémiologiques », portant sur des milliers de consommateurs, permettent de conclure des relations de cause à effet et de distinguer les effets relatifs de causes éventuelles entre elles. En effet, il ne suffit pas de dire qu’une molécule est cancérigène après l’avoir testée en laboratoire sur quelques dizaines de souris. Il ne suffit pas non plus de détecter l’existence de cancer dans une population. Il faut être capable de l’attribuer soit à une consommation de viande, soit à celle du soja, ou à l'existence d’autres perturbateurs endocriniens !
5- La viande aux hormones : perturbateurs endocriniens ?
Si on peut donc imaginer que la viande aux hormones n’a pas d’effet néfaste sur la santé humaine, et en particulier sur son système endocrinien, il n’est pas interdit de se demander s’il n’y a pas de véritables perturbateurs endocriniens qui sont négligés.
a) Les contraceptifs
Un sénateur français vient d’affirmer : "Le plus important perturbateur endocrinien c’est la pilule" ! Il n’est pas inintéressant de comparer la dose ingérée dans une ration de viande et celle d’une pilule hormonale "d'urgence" qui contient 1.500 µg, soit, pour 6 litre de sang, une dose de 250 ng/ml. Cela représenté 100 fois plus qu’une portion quotidienne de viande bovine consommée[20].
b) Les drogues... dites douces !
On ne peut pas alarmer les opinions sur les perturbateurs endocriniens et se faire en même temps l’apôtre de la libération de consommation du cannabis. Pourtant une réunion d’information scientifique sur les effets du cannabis s’est tenu à l’Assemblée nationale, le 28 février 2012 au cours de laquelle les professeurs Jean Paul Escande et Alfred Bernard ont expliqué la nature de perturbateur endocrinien du cannabis : un danger méconnu mais bien réel. C’est d’autant plus grave quand on sait que le cannabis n’est plus une drogue douce depuis que les produits utilisés sont récoltés à partir de plantes OGM renforçant les propriétés hallucinogènes du cannabis !
c) L’alcool
On pourrait également parler longuement de la consommation d'alcool qui élève le taux des œstrogènes chez l'homme et chez la femme par activation d’une enzyme, l’aromatase qui est responsable de la biosynthèse des œstrogènes.
Comment faire confiance au politique quand on voit le contenu du très officiel "Office parlementaire d'évaluation des Choix scientifiques et technologiques" a publié le 11 juillet 2011 "sur les perturbateurs endocriniens, le temps de la précaution". Pas une fois les mots de contraception, ni cannabis ne sont prononcés !
Tout devient écologique et sociétal et on en arrive à refuser de mettre le doigt sur les vrais problèmes.
6- Conclusion
On était déjà arrivé à la conclusion de l'absence de risque pour les OGM. Quelles conclusions faudra-t-il d’analyses du même type sur des problèmes assez proches : le traitement des carcasses de bœuf à l’acide lactique, ou des volailles à l’eau chlorée, de la viande d’animaux clonés[21], sur l’usage des antibiotiques dans l’élevage des porcs, poulets et veaux,... ?
La vraie question est subjective : le goût est-il altéré ? On pourrait imaginer qu’un étiquetage permette au consommateur de savoir ce qu’il achète. Mais un étiquetage du type « viande sans hormone », à lui seul contribue à entretenir l’idée de danger.
Quels sont, dès lors, les vrais problèmes du Traité commercial nord atlantique ?
Nous y reviendrons. Il soulève vraisemblablement plus des problèmes économiques que de santé publique. On pourrait résumer la question avec ce slogan : « Effet des élevages intensifs américains de 1000 vaches sur l’élevage extensif du plateau de Millevaches autour d’Eymoutiers dans le Limousin? ». Il ne s'agit pas de se faire l'écho de philosophies anti-spécistes très en vogue qui parlent d'univers concentrationnaires dans les élevages. La vraie question est celle de l'avenir de nos paysages lorsque les vaches auront été éliminées de nos prairies. Faute de la dentition de nos "soeurs vaches", véritables tondeuses à gazon ambulantes, nos zones de moyennes montagnes deviendront inaccessibles. Nos massifs boisés deviendront des forêts vierges, faute de la présence des éleveurs! Quel environnement voulons nous? Tel est probablement le seul vrai enjeu de la viande aux hormones!
[1] En pharmacologie, l'unité internationale (UI) est une unité de mesure pour la quantité d'une substance. Elle diffère d'une substance à l'autre et elle est établie par convention internationale.
Par exemple 1 UI d'Insuline est d’environ 0,0347 mg par litre de sang. Pour la progesterone, l’UI est un nombre de molécule (3,18nmol/l est équivalent à 1ng/ml)
[2] Dans le domaine gynécologique, l’hypophyse fabrique 3 hormones essentielles : la prolactine ayant pour cible le sein, et la LH et FSH ayant pour cibles les ovaires.
La glande mammaire stimulée fabriquera sous l’influence de la prolactine du lait.
Les ovaires stimulés fabriqueront principalement 2 hormones : la progestérone et les oestrogènes.
De façon nettement plus minime, des androgènes sont aussi synthétisés. Toujours par voie sanguine, les hormones ovariennes iront se fixer sur de nombreux organes cibles : l’appareil génital mais également la peau, les os, le cerveau etc... En cas de grossesse, l’œuf humain fabriquera de l’HCG.
[3] Monsanto, la plus grande entreprise de production transgénique (elle est installée aux États-Unis) a mis au point un nouveau produit miracle : le Prosilac. Cette BST (somatotrophine bovine) est une hormone née du génie génétique. Elle est produite par des bactéries génétiquement modifiées. Son intérêt ? Elle stimule la production laitière de chaque vache, qui peut produire jusqu'à 15 % de lait en plus. Aux États-Unis, près du tiers des vaches laitières sont traitées à la BST.
[4] Le Comité mixte FAO/OMS d’experts des additifs alimentaires a statué plusieurs fois, depuis une trentaine d’années, sur le risque à la santé humaine découlant de la présence de résidus de stimulateurs de croissance dans la viande. Dans un rapport de 1988, plus spécifiquement à l’égard des résidus d’œstradiol-17β, on peut lire : « Le Comité avait examiné l’utilisation des substances à activité hormonale en production animale et il avait conclu14 qu’il ne paraissait pas y avoir lieu de s’inquiéter lorsque l’œstradiol-17β est correctement utilisé à cette fin. Cette conclusion se fondait sur le fait que la consommation de viande provenant d’animaux traités avec l’œstradiol 17β ne contribue que faiblement à la quantité d’œstrogènes apportée par un régime alimentaire normal, et que la quantité d’œstradiol 17β contenue dans la viande est minime par comparaison à la production endogène de cette substance chez l’homme. » (pages 18 et 19, Organisation mondiale de la Santé, 1988). « Le comité a estimé qu’il était inutile de fixer une DJA15 pour une hormone qui est endogène chez l’homme et dont la concentration varie largement selon l’âge et le sexe. Il a conclu qu’il était peu probable que l’utilisation d’œstradiol 17β, conformément aux bonnes pratiques d’élevage, pour activer la croissance des animaux, constitue un danger pour la santé humaine. » (page 20, Organisation mondiale de la Santé, 1988). En 2000, le Comité mixte FAO/OMS a de nouveau évalué le risque potentiel associé aux trois hormones d’origine naturelle (œstradiol 17β, progestérone et testostérone) pour en arriver à la conclusion suivante : « The Committee noted that although the hormone concentrations found in specific populations of treated animals were often statistically significantly higher than the corresponding values for concurrent controls, they were within the physiological range of concentrations of these substances in cattle and that the calculated excess intakes contributed only a small additional amounts of hormones to the intakes resulting from consumption of other foods of both animal and plant origin. On the basis of the available data, the Committee concluded that there would be no need to specify numerical MRLs16 for œstradiol-17β, progestérone and testosterone and recommended MRLs “not specified” for the edible tissues of cattle when the products are used according to good practice in the use of veterinary drugs. » (page 74, World Health Organization, 2000). 14 On fait référence ici à un rapport du Comité datant de 1981. 15 DJA : dose journalière admissible. 16 MRL : maximum residue level (limites maximales de résidus). L’usage des stimulateurs de croissance en production animale : positions des experts et des gouvernements Institut national de santé publique du Québec 21 L’OMS confirmait qu’il n’y avait pas lieu d’établir des seuils acceptables ou tolérables quant aux résidus d’hormones naturelles (œstrogènes, progestérone et testostérone) dans la viande. Cette absence de nécessité de seuil apparaît dans la version de 2009 du Codex Alimentarius17 où, à l’égard de ces trois hormones naturelles on peut lire : « il est peu probable que les résidus provenant de l'utilisation de cette substance en tant que promoteur de la croissance, en conformité des bonnes pratiques zootechniques, représentent un danger pour la santé » (Codex Alimentarius, 2009). En ce qui a trait au mélengestrol, le Comité d’experts de l’OMS s’y est récemment attardé. Dans un rapport de 2009, il est écrit : « it is highly unlikely that dietary residues of MGA will have any estrogenic effects in humans consuming meat from animals treated with this drug… The Committee therefore concluded that residues of MGA and its metabolites would be unlikely to have any influence in the development of breast cancer » (pages 53 et 54, World Health Organization, 2009). L’OMS estime donc que les résidus de mélengestrol ne contribuent pas au développement du cancer du sein.
[5] Le Centre international de recherche sur le cancer (IARC) fait partie de l’OMS. En 1998, le CIRC concluait que, sur la base d’études animales et chez l’humain, il existait suffisamment d’évidences pour considérer l’œstradiol-17β comme une molécule présentant un risque cancérogène pour l’humain, quelques années plus tard, le CIRC a estimé que la prise de contraceptifs oraux ou le traitement hormonal substitutif chez la femme postménopausée sont également des pratiques à risque de développer un cancer (International Agency for Research on Cancer, 2007). Il faut bien comprendre que le CIRC ne s’est pas prononcé sur l’usage des hormones en production animale. Il a plutôt considéré ces substances dans leur ensemble, sachant qu’elles sont naturellement produites chez l’humain à des concentrations reconnues potentiellement dommageables pour la santé. (source § 4.2 : document WT/DS48/R/CAN de l’OMC -https://www.inspq.qc.ca/pdf/publications/1317_UsageStimulaCroissProdAnimalPosExpertsGouv.pdf)
[6] Le rapport n’a jamais été rendu public (Caduff, 2002), un résumé a cependant fait l’objet d’une publication (Lamming et al., 1987).
[7] (Jean-Jacques Perrier, mars 2001, n°209 de Biofutur)
[8] Il concluait qu’elles étaient sécuritaires dans le contexte du respect des directives d’usage : «Le Groupe de travail Scientifique pense que l'utilisation d’œstradiol 17ß, de testostérone et de progestérone … ne présenterait pas d'effets nuisibles à la santé du consommateur quand ils sont utilisés dans les conditions appropriées comme des promoteurs de croissance sur des animaux de ferme » (page 389, Lamming et al., 1987). Pour ces experts, l’usage des stimulateurs de croissance était donc sans risques.
Le comité a poursuivi ses travaux pour évaluer le risque lié à l’usage de deux stimulateurs synthétiques, non évalués dans un premier temps, le trenbolone et le zéranol : «Les niveaux de trenbolone et zeranol et leur métabolites majeur trouvé dans les tissus comestibles … ne présentent pas donc d'effet nuisible à la santé» (p. 391, Lamming et al., 1987)
[9] Malgré tout, " l'Accord sur l'application des mesures sanitaires et phytosanitaires (l'"Accord SPS") du 28 juin 1996 affirme ainsi explicitement le droit de chaque gouvernement de choisir son niveau de protection, y compris un "niveau zéro de résidus" s'il le juge bon. Un gouvernement peut établir son niveau de protection par n'importe quel moyen prévu dans le droit interne, y compris par référendum. En définitive, le choix du niveau approprié de protection est un jugement de valeur à caractère social. L'Accord n'impose aucune obligation d'établir une base scientifique pour le niveau choisi de protection car le choix n'est pas un jugement scientifique". (Source : § 4.8.3 document WT/DS48/R/CAN de l’OMC - https://www.wto.org/french/tratop_f/dispu_f/48rcan.pdf)
[10] En ce qui concerne les hormones de synthèse, le zéranol et la trenbolone, la Conférence scientifique CE de 1995 est arrivée à la conclusion suivante: "Aux doses nécessaires pour activer la croissance, les concentrations de résidus [de trenbolone et de zéranol] sont très inférieures aux concentrations considérées comme étant sans danger (les LMR). A l'heure actuelle, rien ne donne à penser que les faibles concentrations de résidus de trenbolone liés par covalence pourraient présenter des risques pour la santé humaine." (source : Assessment of Health Risk - Working Group II", 1995 EC Scientific Conference Proceedings, pages 20 et 21)
[11] Le CVMP n’a pas partagé les conclusions du CSVSP quant aux risques d’ingestion de résidus hormonaux par le biais de l’alimentation: « Although tissue levels might be somewhat higher than the physiological limits immediately after treatment, it was concluded that compared to the amount of human daily production of 17β-œstradiol in prepubertal boys, and compared to the amount of 17β-œstradiol in other food stuffs that are part of the human diet, the amount of exogenous 17β-œstradiol that humans will be exposed to through ingestion of tissue from animal is biologically insignifiant, and will be incapable of exerting an hormonal effect in human beings. » (page 2, Committee for Veterinary Medicinal Products, 1999).
Plus loin, les membres du CVMP reprennent les conclusions d’un groupe de travail de l’Organisation mondiale de la Santé (Joint FAO/OMS Expert Committee on Food Additives (JECFA) : « The Committee noted that the hormones concentrations found in individual populations of treated animals – despite the fact that they were typically higher than the corresponding values of the concurrent controls – were within the physiological range of these substances in cattle and that the calculated excess intakes contributed only a small additionnal hormonal burden to the background dietary intakes resulting from the consumption of other normal foods of both animal and plant origin. » (page 12, Committee for Veterinary Medicinal Products, 1999).
[12] « it has to be concluded, that no quantitative estimate of the risk related to residues in meat could be presented » (page 43, Scientific committee on veterinary measures relating to public health, 1999).
En ce qui concerne l'œstradiol-17β (E2), le CSVSP a conclu qu'il existait des preuves plus consistantes indiquant que cette substance devrait être considérée comme cancérogène. Le comité admettait paradoxalement l’absence d’évidences quant aux effets sur la santé attribuables aux résidus de cette substance dans la viande : « […] there is no direct evidence on the consequences of the contribution of exogenous 17β-oestradiol originating from the consumption of treated meat » (page 43, Scientific committee on veterinary measures relating to public health, 1999).
[13] Il est important de préciser que l’évaluation du CSVSP était basée sur une prémisse de la Commission européenne indiquant qu’aucun seuil sécuritaire (concentration maximale de résidus dans la viande) n’était admissible. En d’autres termes, toute trace d’hormones de croissance devait être considérée comme étant risquée : « The prohibition reflects the fact that the EC chose a level of sanitary protection of accepting no or “zero” additional risk to human health from the residues in meat and meat products of these hormones when used for growth promotion purposes » (page 1, Scientific committee on veterinary measures relating to public health, 1999). Cette remarque du CSVSP met en lumière un important précepte qui lui a été imposé et qui, en fait, lui laissait peu de marge de manœuvre dès que l’on rapportait l’existence de résidus à l’état de traces dans la viande.
[14] En 2005, la Commission européenne a de nouveau exigé qu’un groupe scientifique se penche sur cette question, cherchant notamment à obtenir une évaluation quantitative du risque, ce que le CSVSP avait refusé de faire. La requête concernait plus spécifiquement les stimulateurs de croissance autres que l'œstradiol-17β. Le CSVSP n’existant plus en 2005, c’est l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) qui a reçu la requête de la Commission, laquelle a été transmise au Groupe scientifique sur les contaminants de la chaîne alimentaire (CONTAM). Conformément au mandat, le groupe d’experts a révisé la documentation la plus récente, En conclusion générale, les membres du groupe scientifique CONTAM ont écrit (European Food Safety Authority, 2007, p. 28) : « The CONTAM Panel concluded that the new data that are publicly available do not provide quantitative information that would be informative for risk characterisation, and therefore do not call for a revision of the previous assessments of the Scientific Committee on Veterinary Measures relating to Public Health (SCVPH). » Les experts du comité ont notamment rappelé l’existence d’un lien entre la consommation de viande rouge et certains cancers, tel que révélé par plusieurs études épidémiologiques. Cependant, selon les experts du comité CONTAM, rien ne montre que ce lien serait attribuable à des résidus d’hormones de croissance dans la viande, puisque ce lien épidémiologique mettrait plutôt en cause des constituants mêmes de la viande rouge (comme les lipides saturés, par exemple). Le résumé officiel, en langue française, de ce rapport précise ce qui suit (Autorité européenne de sécurité des aliments, 2007) : « Les données épidémiologiques actuelles apportent des preuves évidentes qu’il existe un lien entre la quantité de viande rouge consommée et certaines formes de cancer hormono-dépendant. Toutefois, il n’est à ce jour pas prouvé que les résidus d’hormones dans la viande favorisent ce risque. Le groupe scientifique CONTAM a conclu que les nouvelles données divulguées n’apportent pas les informations suffisantes à une identification du risque et, par conséquent, il ne demande pas la révision des évaluations précédentes du Comité scientifique des mesures vétérinaires en rapport avec la santé publique (On réfère ici aux études, citées précédemment, du Scientific Committee on veterinary measures relating to public health (1999; 2000; 2002).) »
[15] Les œstrogènes passent dans le sang sous une forme conjuguée, sulfates ou glucuronides. Ils peuvent alors être éliminés par les reins ou excrétés dans la bile. .. ils peuvent être déconjugués par la flore puis réabsorbés par la muqueuse, pour in fine participer à un recyclage entérohépatique.
Selon la composition de cette flore, et son activité de déconjuguaison, cette réabsorbtion va donc se solder par la remise en circulation de métabolites qui n’ont pas tous la même demi-vie, ni la même activité oestrogénique.
[16] Le Codex Alimentarius, ou «Code alimentaire», a été créé par la FAO et l'Organisation mondiale de la Santé en 1963 afin de mettre au point des normes alimentaires internationales harmonisées destinées à protéger la santé des consommateurs et à promouvoir des pratiques loyales en matière de commerce de denrées alimentaires
[17] 2.24 Dans son rapport de 1988, rapport sur lequel s'appuient les normes Codex pour le zéranol, le JECFA a noté que le zéranol avait une faible activité oestrogène qui imitait l'action de l'oestradiol-17â. Il a conclu dans son rapport que l'effet toxique (en l'occurrence tumorigène) du zéranol était lié à ses propriétés hormonales (c'est-à-dire oestrogènes) et qu'une DJA pouvait donc être établie sur la base d'une concentration sans effet hormonal. Adoptant une approche jugée prudente en s'appuyant sur des études menées sur des femelles de singe cynomolgus ovariectomisées (très sensibles aux substances oestrogènes) et utilisant un facteur de sécurité de 100, le JECFA a établi pour l'homme une DJA de 0-0,5 ìg/kg de poids corporel. Pour une personne de 70 kg consommant 500 grammes de viande par jour durant toute sa vie, la concentration maximale admissible ou inoffensive de résidus de zéranol dans la viande serait donc, selon le JECFA, de 70 ìg/kg de tissus comestibles. Cependant, le JECFA a noté dans son rapport que lorsque le zéranol était administré à des bovins conformément aux bonnes pratiques d'élevage, les concentrations moyennes maximales de résidus ne dépassaient à aucun moment 0,2 ìg/kg dans les muscles, 10 ìg/kg dans le foie, 2 ìg/kg dans les reins et 0,3 ìg/kg dans la graisse. Les concentrations de résidus obtenues en observant de bonnes pratiques d'élevage sont donc inférieures au niveau maximal admissible de 70 ìg/kg. Néanmoins, afin d'établir une concentration détectable avec les méthodes d'analyse de résidus couramment utilisées, la LMR Codex a été portée à 2 ìg/kg pour les muscles et fixée à 10 ìg/kg pour le foie. (source § 2.24 : https://www.wto.org/french/tratop_f/dispu_f/48rcan.pdf
[18] § 2.22 : https://www.wto.org/french/tratop_f/dispu_f/48rcan.pdf
[19] En 2005, la Commission européenne a de nouveau exigé qu’un groupe scientifique se penche sur cette question, cherchant notamment à obtenir une évaluation quantitative du risque, ce que le CSVSP avait refusé de faire. La requête concernait plus spécifiquement les stimulateurs de croissance autres que l'œstradiol-17β. Le CSVSP n’existant plus en 2005, c’est l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) qui a reçu la requête de la Commission, laquelle a été transmise au Groupe scientifique sur les contaminants de la chaîne alimentaire (CONTAM). Conformément au mandat, le groupe d’experts a révisé la documentation la plus récente, En conclusion générale, les membres du groupe scientifique CONTAM ont écrit (European Food Safety Authority, 2007, p. 28) : « The CONTAM Panel concluded that the new data that are publicly available do not provide quantitative information that would be informative for risk characterisation, and therefore do not call for a revision of the previous assessments of the Scientific Committee on Veterinary Measures relating to Public Health (SCVPH). » Les experts du comité ont notamment rappelé l’existence d’un lien entre la consommation de viande rouge et certains cancers, tel que révélé par plusieurs études épidémiologiques. Cependant, selon les experts du comité CONTAM, rien ne montre que ce lien serait attribuable à des résidus d’hormones de croissance dans la viande, puisque ce lien épidémiologique mettrait plutôt en cause des constituants mêmes de la viande rouge (comme les lipides saturés, par exemple). Le résumé officiel, en langue française, de ce rapport précise ce qui suit (Autorité européenne de sécurité des aliments, 2007) : « Les données épidémiologiques actuelles apportent des preuves évidentes qu’il existe un lien entre la quantité de viande rouge consommée et certaines formes de cancer hormono-dépendant. Toutefois, il n’est à ce jour pas prouvé que les résidus d’hormones dans la viande favorisent ce risque. Le groupe scientifique CONTAM a conclu que les nouvelles données divulguées n’apportent pas les informations suffisantes à une identification du risque et, par conséquent, il ne demande pas la révision des évaluations précédentes du Comité scientifique des mesures vétérinaires en rapport avec la santé publique (On réfère ici aux études, citées précédemment, du Scientific Committee on veterinary measures relating to public health (1999; 2000; 2002).) »
[20] Certains vont jusqu’à étendre l'impact des contraceptifs sur le déséquilibre sur la flore intestinale avec des conséquences comme l’autisme, car la flore vaginale d’une maman devient la flore intestinale de son enfant.
Le Docteur Natasha Campbell McBride à Cambridge en Angleterre . Elle est fondatrice de la clinique de nutrition de Cambridge, spécialiste en neurologie et en nutrition humaine, auteur de « Syndrome entéropsychologique GAPS (Gut and Psychology Syndrome). Elle explique que à 15-16 ans, les jeunes filles ont pris leur première pilule contraceptive qui a un effet dévastateur sur la flore intestinale. Beaucoup parmi ces femmes prennent la pilule pendant de nombreuses années avant leur premier bébé. La flore intestinale qui est transmise par ces femmes-là est fortement endommagée. Et dans les années 90 on a atteint le point de rupture. C’est à ce moment-là qu’on a commencé à diagnostiquer un enfant sur 150 qui était autiste dans le monde anglophone. Quelques années plus tôt il s’agissait d’un enfant sur 10 000 ! Aujourd’hui le nombre est de 1 enfant sur 40 ou 50 et les prédictions annoncent que d’ici à 2020, ce sera un enfant sur 2! On parle donc de plus en plus de cure de bactéries intestinales pour soigner l’autisme.
[21] La consommation de produits issus d’animaux clonés ou de leurs descendants apparaît désormais techniquement envisageable. Ceci impose qu’une évaluation des risques pour les consommateurs et les élevages soit menée, même si, jusqu'à maintenant, la consommation des produits issus des animaux clonés fait l’objet d’un moratoire de fait partout dans le monde.
Aux États-Unis, la Food and Drug Administration a procédé à une évaluation des risques alimentaires des produits issus des animaux clonés et estimé que la viande et le lait de ces animaux étaient aussi sûrs que ceux des animaux conventionnels. Un comité scientifique américain a cependant demandé de surseoir à la publication de ce rapport considérant que les preuves apportées n'étaient pas suffisantes. Les autorités sanitaires australienne et néo-zélandaise ont établi une revue des données disponibles relatives à la sécurité des produits issus des animaux clonés et ont demandé d'adopter une approche de prudence avant de conclure à l'équivalence entre les produits issus d'animaux conventionnels et d'animaux clonés.
Les risques ne portent probablement pas sur la santé des consommateurs, mais sur les conséquences en matière de santé animale. et sur la génétique des espèces concernées.