« Je désirerais seulement qu’on me fît comprendre comment il se peut que tant d’hommes, tant de villes,  tant de nations  supportent quelquefois tout d’un tyran seul,  qui n’a de puissance que celle qu’on lui donne, qui n’a pouvoir de leur nuire, qu’autant qu’ils veulent bien l’endurer et qui ne pourrait leur faire aucun mal, s’ils n’aimaient mieux tout souffrir de lui, que de le contredire» (Etienne de la Boétie [1])

Avec le dé-confinement, experts et intellectuels de tous bords réfléchissent au « monde d’après » dans de multiples forums ou tribunes. À cette occasion, les écologistes reviennent en force, comme s’ils craignaient que la crise économique ne mette à bas ce à quoi ils croient. C’est en fait le monde d’avant qui risque de revenir, mais en pire. Pourquoi ? Les belles paroles resteront vaines si elles persévèrent dans un triple mépris, économique, écologique et politique.

Analyse "les2ailes.com"

Mépris de la réalité économique

Le président Macron a déclaré le 12 mars « qu'il est des biens et des services [dont] nous devons reprendre le contrôle ». Il ne s’agit pas de reprocher à des entrepreneurs d’avoir localisé certaines productions près de nouveaux marchés émergents. Ils ont fait l’expérience de coûts du travail moins élevés, de pressions fiscales plus réduites, de réglementations plus simples et de taux de changes favorables. Mais le retour en Europe de certaines productions ne se fera ni par un coup de baguette magique, ni par des obligations réglementaires.
Concrètement, il revient à l’État de créer les conditions de ce retour en se remettant profondément en cause, en se dégraissant dans des secteurs tristement réputés comme celui de l’Éducation nationale. La crise du corona a également montré la lourdeur de nos Agences régionales de santé. Sans une réduction drastique du coût de nos administrations, tout allègement fiscal sera impossible. Ayons conscience du rapport du Sénat chiffrant la fiscalité dite « verte » en France à plus de 65 milliards d’€. Sans économie compétitive, ni nos systèmes de santé, ni la qualité de nos universités ne pourront être financés, et que le rapatriement de la production de biens stratégiques ne sera qu’un vœu pieux.

Mépris de la réalité écologique

Aucune relocalisation ne sera possible sans une remise en cause profonde des normes environnementales qui pèsent sur nos entreprises. Les réglementations doivent être, elles aussi, dégraissées pour ne conserver que celles qui sont fondées sur des faits réels, des études épidémiologiques et des quantifications précises de relations entre les causes alléguées et les observations qui inquiètent les opinions.
Les entreprises sont entravées par la menace de taxes ou de quotas d’émissions de CO2 qui ne sont, en fait, que des impôts déguisés. Il y a urgence à en finir avec une science militante : on a vu comment les comités d’experts ont muselé l’expérience du Pr. Raoult. En matière climatique, le Giec censure, de la même manière, des milliers d’auteurs prestigieux qui, chaque année, signent des centaines de publications éditées dans des revues à comité de lecture et qui attribuent la période chaude contemporaine aux variations séculaires d’activité solaire.
Après un dé-confinement limitant nos déplacements à 100 km, prenons garde que les citoyens ne se voient un jour imposer des « cartes carbone » qui leurs interdiraient de se déplacer quand leurs crédits seraient dépassés. La « Carte Visa Avenir » déjà proposée par une banque, relève aujourd’hui du volontariat, mais des ONG rêvent de les rendre un jour obligatoire comme alternative aux taxes carbones.
Concrètement, il y a urgence à financer sur fonds publics, des équipes rouges, couleur de la contestation, pour rechercher les failles dans les travaux des équipes bleues, couleur du consensus. Cette pratique dite « Blue team / Red team » devrait faire l’objet de comptes rendus contradictoires diffusés, à des heures de grande écoute, sur les chaines de télévision.
Concrètement, la transition énergétique doit être orientée vers des ressources compétitives non handicapées par le financement d’un éolien qui n’a aucune justification. Il faut arrêter de diaboliser le nucléaire si on veut que des producteurs d’aciers réinvestissent sur nos territoires.

Mépris de la réalité politique

Il est une réalité politique avec laquelle il faut rompre, celle de la perte de confiance des citoyens dans leurs dirigeants et dans leurs élus. Elle a été manifeste dans la manière dont la crise du Covid 19 a été gérée.
Les Gilets jaunes avaient déjà exprimé toute une série de malaises. Malaise d’une société qui n’est consultée que pour donner l’illusion d’un pouvoir à l’écoute, mais qui n’en tire aucune conclusion (référendum pour l’aéroport de ND des Landes, débat du CESE sur la PMA, conférences citoyennes de toutes sortes, enquêtes publiques sur les éoliennes, …). Malaise consécutif à des discours programmes proposant des améliorations d’ordre économiques systématiquement restés sans lendemains au profit de changements sociétaux qui ne sont pas la priorité des classes populaires en France : lois de bioéthique, sociétales, écologiques. Malaise de subir des médias  moins soucieux de recherche de la vérité, que de servir le pouvoir et des groupes de pressions  développant une véritable « pensée unique ».
Concrètement, il y a urgence à en finir avec les pouvoirs idéologues et démagogues qui jouent de la peur et du mensonge pour asservir les opinions à leurs agendas. Les écologistes voient la peur du corona s’éloigner et vont redoubler de discours alarmistes pour imposer leur vision du « monde d’après ».

[1] Étienne de La BoétieDiscours de la servitude volontaire (1576), transcription par Charles Teste, 1836, rééd. Flammarion, coll. « GF », 2011