Le présent projet « Entr’acte sous le figuier »©, propose à des paroisses de s’appuyer sur Laudato si,
- moins pour sensibiliser des chrétiens à des éco-gestes,
- que se convertir le regard et le cœur vers Dieu le Père, vers le Christ Sauveur.

Participer à un Enseignement « Entr’acte sous le figuier »©,
c’est profiter d’une expérience inédite pour échanger avec d’autres sur le monde naturel dans lequel nous vivons : quelle est la mission confiée à l’homme dans ce monde ? Quel regard porter sur les créatures ?

Pourquoi cette appellation « Entr’acte sous le figuier »© ?
La parole centrale est celle de l’Évangile selon St Jean, chapitre 1, 45-51 : « Quand tu étais sous le figuier, je t'ai vu ».
Quel est le contexte de cet évangile?
(1,45) Philippe rencontre Nathanaël et lui dit : « Celui dont parlent la loi de Moïse et les Prophètes, nous l’avons trouvé : c’est Jésus fils de Joseph, de Nazareth. »
(1,46) Nathanaël lui dit : « De Nazareth ! Peut-il sortir de là quelque chose de bon ? » Philippe répond : « Viens, et vois. »
Lorsque (1,47) Jésus vit Nathanaël venir vers lui, il déclare : « Voici vraiment un Israélite sans détours ». On dirait aujourd’hui, un homme qui ne sait pas mentir
(1,48) Nathanaël lui demande : « D’où me connais-tu ? » Jésus lui répondit : « Avant que Philippe t’appelât, quand tu étais sous le figuier, je t’ai vu. »
(1,49) Nathanaël reprit : « Rabbi, tu es le Fils de Dieu ! Tu es le roi d’Israël ! »
(1,50)  Jésus lui répondit : « Parce que je t’ai dit : je t’ai vu sous le figuier, tu crois !  »
(1,51) Et il lui dit : « En vérité, en vérité, je vous le dis : vous verrez le ciel ouvert, et les anges de Dieu monter et descendre au-dessus du Fils de l’homme. »

Dossier "les2ailes.com"

A- Points de réflexion[1]

Pourquoi cette appellation « Entr’acte sous le figuier »© ?

  1. Dans ce passage, nous avons beaucoup à apprendre du personnage de Nathanaël. Jésus se réjouit de trouver en lui un « israélite sans détour ». Certains de nos contemporains sont « sans détour ». Ils voient dans l’écologie un véritable signe des temps et seraient prêts à se convertir au nom de ce qu’ils considèrent comme un idéal. Pour que Jésus le dise, Nathanaël devait être un homme profondément droit, qui dit et qui fait ce qu’il pense. Jésus pense cela aussi de tous les hommes de bonne volonté de notre temps. Mais, Nathanaël est également assez sceptique, il ne croit pas ce que lui dit Philippe, mais sa curiosité est suffisamment éveillée pour qu’il le suive. Ce n’est pas Philippe qui convainc Nathanaël, mais c’est Jésus qui touche son cœur. Une évangélisation de type « Entr’acte sous le figuier »©  ne consiste pas à convaincre, mais à témoigner de notre rencontre avec le Christ, pour inciter les gens à le chercher. Ensuite c’est Dieu qui ouvre et qui touche les cœurs. Qui mieux que lui connaît le cœur de chacun et sait comment y rentrer ? Quand Nathanaël entend le compliment que lui fait Jésus, il reste sur la défensive : « d’où me connais-tu ? » Les paroles qu`il prononce montre que Nathanaël est un homme qui a construit plusieurs barrières autour de son cœur : il fait preuve de rationalisme, de scepticisme ; la tendance à la méfiance est forte en lui. Mais Jésus le connaît et il sait comment faire tomber ces barrières. Nous sommes tous des Nathanaël en matière d’écologie.
  2. Jésus a su piquer la curiosité de Nathanaël, en lui montrant qu’Il le connaît et qu’Il l’apprécie. Il ne s’avoue pas vaincu face aux réactions de défense de Nathanaël , au contraire : « Avant que Philippe t’appelât quand tu étais sous le figuier, je t’ai vu ». Qui sait ce qui s’est passé sous le figuier ? Seuls Nathanaël et Jésus le savent, mais cela devait être quelque chose de très intime pour que Nathanaël réagisse en disant « Rabbi, tu es le Fils de Dieu, tu es le roi d’Israël ». Jésus a fait tomber ses barrières et l’amène à la conversion en lui montrant qu’il est celui à qui rien n’est caché, qui vit dans l’intimité de l’homme, qui connaît tous ses désirs, toutes ses pensées et tous les mouvements de son cœur. La rencontre entre Nathanaël et Jésus nous montre que Dieu nous connaît mieux que nous-mêmes, et qu’il est attentif au moindre mouvement intérieur de notre âme. Ne mettons pas d’obstacle entre lui et nous, n’ayons pas peur, ne faisons pas preuve d’incrédulité face à l’annonce de l’Évangile, mais ouvrons nous à la présence de Dieu. Et si nous n’y arrivons pas, Nathanaël nous montre que Jésus sait comment nous chercher et comment ouvrir notre cœur et que, comme lui, nous pourrons répondre, si nous sommes sincères avec nous-mêmes.

Les prières à méditer au fur et à mesure d’un enseignement « Entr’acte sous le figuier »© :
- « Jésus, merci d’être si bon avec moi et d’attendre patiemment que j’ouvre mon cœur. Je veux te rencontrer et me laisser transformer par cette rencontre. Je veux dire du plus profond de mon âme la prière de Nathanaël : Rabbi, tu es le Fils de Dieu, tu es le roi d’Israël ».
- « Mon Dieu, je me mets en ta présence car je veux t’adorer et te rencontrer. Tu sais comment je suis et quels sont tous ces obstacles, que consciemment ou inconsciemment, je mets entre toi et moi. Je te prie de m’aider à les détruire, pour que ce moment de prière touche profondément mon cœur.
- « Libère mon cœur des murailles que j’ai pu construire autour de lui pour me protéger ».

Qui sont invités à un enseignement « Entr’acte sous le figuier »© ?

Tous ceux ou celles :

  • qui sont dans le monde du travail, agricole ou non, ou qui se préparent à y entrer,
  • qui sont ou non en charge d’une famille,
  • et qui veulent donner un sens à l’ordre biblique « tu garderas et cultiveras la terre»,
  • qu’ils aient une foi ou non, une religion ou juste une philosophie, des expériences spirituelles ou non.

Quelques thèmes : en quoi mon regard sur la création va-t-il, à la fois,
- impacter mon développement personnel ?
- modifier ma relation avec autrui ?
- habiter différemment mes rapports avec mon environnement ?
- et m’aider à combler mes aspirations d’ordre spirituel ? 

Structuration des enseignements « Entr’acte sous le figuier »©,
L’idée retenue est articulée, de façon assez classique en :
- soirées  Topo + Repas + Partage en soirée
- et un WE/an

Pour mettre en place un projet « Entr’acte sous le figuier »©, il faut passer par deux étapes:

  1. Réflexion pour une équipe de fondateurs intéressés par l’idée.
  2. Il conviendrait de constituer au préalable une forme de conseil d’administration de « Entr’acte sous le figuier»©, prêt à soutenir et développer le projet.
    La ligne directrice de ce parcours est celle d’une évangélisation.
    A cette fin, on évite tout ce qui pourrait focaliser les participants sur une forme d’écologisme militant : "Non, ce n’est pas une encyclique verte, c’est une encyclique sociale"  avait dit le Pape devant les maires des grandes métropoles urbaines le 21 juillet 2015.
    L’objectif de ce parcours est donc de :
  • donner des clés de contemplation du « livre de la nature » pour y découvrir Dieu,
  • d’inciter à cultiver nos « jardins intérieurs », plus qu’une terre qui, en tout état de cause, donne des fruits en abondance,
  • de comprendre le mystère de l'Église pour conduire vers le baptême

Le document ci-joint répond à cette première étape.

  1. Formation des « orateurs »

Le présent document mériterait ensuite d’être adapté pour servir de matrice à une formation des « orateurs », des responsables régionaux de « Entr’acte sous le figuier » ©, ou pour présenter le parcours à des curés des paroisses accueillant le parcours.

  1. Les a priori du présent document :
  • Dans la mesure où l’encyclique reconnaît que « l’Église n’a pas la prétention de juger des questions scientifiques ni de se substituer à la politique» (§ 188), ce parcours prend le parti de laisser de côté les messages de Laudato si suggérant des solutions d’ordre politique ou scientifique pour se concentrer sur un message d’évangélisation. C’est pourquoi il est axé sur le Credo dans Laudato si.
  • Cet enseignement « Entr’acte sous le figuier»©, est donc tout sauf une sensibilisation à des éco-gestes quel qu’ils soient. Il prévoit, malgré tout, une séance destinée, sans prendre parti, à donner une idée du contenu des deux concepts pivots du § 188 de Laudato si que sont les « consensus » et la nécessité du « débat honnête et transparent » en matière d’ « état de la maison commune ».
  • La dernière séance, point culminant de ce parcours d’évangélisation, est une méditation sur les sacrements de Baptême et d’Eucharistie. Cette méditation est délibérément focalisée sur le mystère de la Création, pour rester dans la ligne inspirée par Laudato si.
  • Le parcours proposé est articulé en sept séances symbolisant la création en 7 jours et un week-end passé hors de la ville pour un public d’urbains, ou dans une banlieue pour un public de ruraux.

AVERTISSEMENT
Il est proposé dans ce document des « topos » qui ont été calibrés autour de 1800 mots (entre 1200 et 2700 mots), c'est-à-dire d’une vingtaine de minutes seulement. Ce calibrage restreint et centré sur un cœur de discours très charpenté, laisse donc une large disponibilité pour être enrichi d’anecdotes plus plaisantes, des comparaisons amusantes permettant aux participants de s’approprier plus facilement le cœur du message. C’est un travail à finaliser par des équipes rompues à cet exercice. 
Par ailleurs, il conviendra de transcrire son contenu sous forme d’un témoignage personnel des « orateurs » montrant à l’auditoire qu’il s’agit d’un message qu’ils se sont personnellement appropriés.
Plus de 80 notes de bas de pages, en sus de 70 références à Laudato si, permettront aux décideurs de voir qui a inspiré ce parcours. Il faudra, le moment venu, les supprimer.

Principales ABREVIATIONS utilisées :
LS = Laudato si
CDSE = Compendium de la Doctrine sociale de l'Église
CEC = Catéchisme de l'Église Catholique

B- Programme d’évangélisation  « Entr’acte sous le figuier »© - Le credo dans Laudato si

Séance 1- Je crois en un seul Dieu. 
1.1. L’écologie : un signe des temps. 
1.2- Dieu amour, Dieu trinitaire, Être de relation. 

Séance 2- Je crois en Dieu, créateur du ciel et de la terre. 
2.1- Le plan divin : créer un homme de relation, à son image ! 
2.2- L’homme co-créateur. 
2.3- Qu’est ce que le péché originel ? Quel est le sens du mal, comment y résister ?.
2.4- Tout est trinitaire dans la création, …..
2.5- …Mais une seule créature est « capable de Dieu » : l’homme dominera la création. 
2.6- Chaque créature à sa place ! 
2.7- Tout est lié. 

Séance 3- Je crois en Dieu le père tout puissant 
3.1- La création continuée. 
3.2- Apocalypse : initiative divine ou humaine ?. 
3.3- L’homme tout puissant : 

Séance 4- Je crois en J.C. fait homme, mort et ressuscité. 
4.1- Jésus Christ, nouvel Adam ….. 
4.2 …et Marie, nouvelle Ève ! 
4.2- La résurrection inaugure une seconde création. 
4.3- Eucharistie et création. 

Week-End. 
WE : 1er RV - Contempler Jésus Messie ou les messianismes temporels ?
   a) TOPO introductif aux ateliers sur l’« État de la maison commune». 
   
b) Ateliers d’échanges sur l’« État de la maison commune ».
WE- 2nd RV - L’attente de la terre nouvelle - Le sens du travail 
   
a) TOPO introductif aux ateliers sur le sens du travail 
   b) Ateliers d’échanges sur le sens du travail 
WE - 3ème RV  - La vie en abondance. 
   a) TOPO introductif aux ateliers sur le sens de la frugalité. 
   b) Ateliers de réflexion sur l’abondance. 
WE.4- Louange- Messe des Rogations. 

Séance 5- Je crois en JC qui reviendra juger vivants et morts ; j’attends la vie à venir. 
5.1- Le mal est vaincu. 
5.2- Quels fruits retrouverons-nous dans le royaume ? 
5.3- La vie à venir : Être Dieu, une nouvelle façon d’être homme. 

Séance 6- Je crois en l’esprit saint et en l’église catholique et apostolique. 
6.1- L’esprit saint : croire avant de comprendre ! 
6.2- L'Église est catholique et apostolique. 
6.3- La doctrine sociale de l'Église dans « Laudato si ». 
   a) Principe de dignité humaine. 
   b) Principe de la destination universelle des biens. 
   c) Principe du bien commun. 
   d) Les biens supérieurs de Vérité, de liberté, de beauté, de spiritualité. 
   e) Principe de subsidiarité. 

Séance 7- Je crois en l’Église, une et sainte. 
7.1- L'Église est sainte, par nature. 
7.2- L’Église est une, à la fois visible et invisible. 
7.3- Les sacrements : baptême et eucharistie. 
 
  Le baptême. 
   L’eucharistie. 

 

Le Crédo des chrétiens dans Laudato si

 

Séance 1- Je crois en un seul Dieu

« Entr’acte sous le figuier »©
Soyons comme Nathanaël à qui Philippe dit : « Viens et tu verras » (Jn 1,45)

1.1. L’écologie : un signe des temps

Le christianisme n’est pas dépassé. Les grands leaders politiques ont accueilli favorablement Laudato si. L'Église a donc quelque chose à dire à tous les hommes, croyants ou non. Pourquoi ? Parce que  « l’Église a le devoir, à tout moment, de scruter les signes des temps et de les interpréter à la lumière de l’Évangile »[2]. Or l’écologie est un signe des temps. La peur qui anime nos contemporains est également un signe : peur des OGM ou des pesticides, peur des variations climatiques et d’une augmentation des sécheresses ou des typhons, peur de la famine ou d’un manque d’eau, etc…. Qui peut apporter des réponses à ces inquiétudes ? Les vraies inquiétudes de l’homme d’aujourd’hui ne sont-elles pas plus profondes que celles concernant la planète ?
Laudato si définit la crise écologique comme une crise du sens : « la crise écologique est l’éclosion ou une manifestation extérieure de la crise éthique » (LS § 119).
Les grandes peurs écologiques sont-elles des questions éternelles ? Probablement pas. Les vraies questions éternelles sont celles qui concernent le sens de la vie, le pourquoi du mal, notre destinée après la mort...
Le catastrophisme, même s’il semble mobiliser des énergies pour une bonne cause, risque souvent de paralyser... comme un oiseau est paralysé et ne s’envole pas devant un chien d’arrêt qui lui fait peur..
Laudato si est dans la ligne du concile qui rappelle que, face aux signes de notre temps, l'Église doit pouvoir « répondre, d’une manière adaptée à chaque génération, aux questions éternelles des hommes sur le sens de la vie présente et future et sur leurs relations réciproques »[3].
Laudato si, a rencontré un grand succès également parce qu’il répond à un autre signe des temps, celui du besoin de répondre à des « questions éternelles » de sens. Or notre temps ne sait plus où aller :

  • le darwinisme a mis à mal l’idée d’un Dieu créateur. Notre monde ne serait-il que le fruit du hasard des mutations génétiques ?
  • La théorie de l’évolution met à mal la question du péché originel. Comment expliquer le mal ?
  • La théorie du Big bang, met à mal l’idée même d’un créateur. Tout a-t-il une cause ? Toute réalité n’existe-t-elle que dans notre monde visible dans le temps et l’espace ? Ou existe-t-il une réalité qui n’a pas d’explication ? La cause première de toute chose ne serait-elle pas Dieu lui-même, non créé ?

Comment alors rendre compte de l’univers ?
La difficulté de notre temps à répondre à ces questions conduit à cette réflexion de Woody Allen : « Dieu est mort, Freud est mort, Marx est mort et moi-même, je ne me sens pas très bien... J’ai été longtemps très déprimé. Je m’apprêtais à me suicider mais je suivais une psychanalyse freudienne stricte, et si vous vous suicidez, on vous fait payer les séances que vous ratez. Et puis à tout moment, provenant de quelque zone intérieure, j’entendais cette injonction : ‘continue à vivre !’ J’ai soudain reconnu cette voix. C’était celle de mon assureur ».
Et si Laudato si apportait une direction dans un monde déboussolé ? Cette voix qu’on entend en observant la nature, c’est la voix de Dieu lui-même. La clameur du pauvre est le signe d’une relation qu’il faut rétablir entre les hommes. Pourquoi quand je suis seul, est-ce que je ressens qu’il manque quelque chose dans ma vie ? La réponse à ces questions réside dans une seule et même question : d’où vient que tout soit lié : ma relation avec autrui, avec la nature, et même avec moi-même ? Quel sens donner à cette soif ? Laudato si nous répond : tout est relation, parce que Dieu est trinité, Dieu est donc relation pure, parce qu’il est amour et se donne en permanence.
A force de me poser ces questions, je me rends compte que je ne suis pas seul à comprendre que le fond de mon cœur est le lieu d’une inclination à entrer en relation. Ce cœur profond, c’est le lieu où réside Dieu lui-même. Parce que Dieu est amour et que j’ai soif d’amour. C’est la première affirmation des chrétiens : Dieu est amour.

1.2- Dieu amour, Dieu trinitaire, Être de relation.

Un grand saint chrétien, Jean de la Croix, a rédigé une poésie en espagnol, évoquant sous forme  d’une romance ce que Dieu pouvait vivre avant la création. Il s’agit, certes d’une poésie d’une grande beauté. Mais on dit souvent que le beau est un accès à une réalité impossible à révéler autrement que dans l’art.

« Au commencement était la Parole. Cette Parole était Dieu lui-même. La parole se nommait Fils. Comme l’aimé réside en son amant, Dieu  résidait dans le Fils et le Fils dans le Père.
L’Amour qui les unissait était d’une égalité de valeur, faisant ainsi trois personnes, un seul aimé entre tous trois ».


Cette poésie montre que Dieu est Relation, c’est pour cela que les chrétiens parlent d’un Dieu unique, mais trinitaire parce qu’il est relation de trois personnes tellement unies que l’une l’Esprit d’amour s’identifie aux deux autres qui s’aiment au point d’être l’une en l’autre.
Saint Jean de la Croix continue sa romance en expliquant la logique implacable de cet amour  trinitaire :

« Dans cet immense amour qui procédait des deux autres, le Père disait au Fils des paroles de grande joie: ”rien ne me contente, Fils, si ce n’est ta compagnie. Et si quelque chose me contente, c’est en toi-même que je l’aime. En toi seul je me suis complu, ô vie de ma vie !
Je veux te donner, mon Fils, une épouse qui t’aime et qui, grâce à toi, mérite de nous tenir compagnie et de manger le pain à une même table, de ce même pain que moi je mange, pour qu’elle connaisse les biens que je possède en un tel Fils et qu’elle se réjouisse avec moi de ta grâce et de ta vigueur”.
”Je t’en remercie beaucoup, Père”, lui répondit le Fils :”à l’épouse que tu me donneras, moi je donnerai ma lumière, pour qu’elle voie, par elle-même, toute la valeur de mon Père. Je la prendrai sur mon bras . Elle s’enflammera en ton amour et exaltera ta bonté avec une éternelle joie »[4].

La logique de l’amour trinitaire est donc de démultiplier sans cesse cet amour, de le faire croître.
Cet « unisson », cette unité entre les personnes, se traduit en grec par le mot « ekklisía » qui est l’origine du mot chrétien « Église ». La Trinité est, en quelque sorte l'Église d’origine, qui a vocation à devenir l’épouse même de Dieu, incluant toute l’humanité.
Dans le plan d’amour du Père, le destin de l’humanité est donc, non seulement d’être l’épouse immortelle du Fils, mais bel et bien, grâce à l’Esprit, de prendre la nature divine de la trinité, c'est-à-dire, comme le dise encore les orthodoxes, d’être divinisée ! Rien que cela !
Le Pape François  ne dit rien d’autre dans Laudato si : Toute "la création est tendue vers la divinisation, vers les saintes noces, vers l’unification avec le Créateur lui-même" (LS§ 236).

Comment cela se fera-t-il ?
Saint Jean de la Croix poursuit sa poésie :

Dieu « créa le monde, fit en grande sagesse un palais pour l’épouse; lequel il divisait en deux appartements haut et bas, composait celui du bas de variétés infinies… »[5]. Toutes les créatures, cosmos, végétaux et  animaux, composent donc ce palais créé pour l’homme. « Un temps viendrait où le Fils se ferait semblable à eux …s’en viendrait avec eux et habiterait avec eux, … où Dieu serait homme et que l’homme serait dieu » [6].

Les chrétiens affirment donc leur foi en reconnaissant Dieu créateur du ciel et de la terre, le palais dont parle saint Jean de la Croix (séances 2 et 3), et Jésus qui se fait semblable à l’homme (séance 4).

 

Séance 2- Je crois en Dieu, créateur du ciel et de la terre

« Entr’acte sous le figuier »©
Dieu a un plan cosmique pour chacun de nous :
« quand tu étais sous le figuier, je t’ai vu» (Jn 1,48)

2.1- Le plan divin : créer un homme de relation, à son image !

Il y a dans la bible, un livre qui s’appelle la Genèse, mot grec qui veut dire "création". Ce livre  n’explique pas le comment de la Création, mais en explique le sens.
En français, quand on dit « ça s’est fait par l’opération du Saint Esprit », c’est à peu près synonyme de « mystère et boule de gomme ». Croire au Père Noël paraît presque plus raisonnable.
Mais l’Esprit Saint n'est pas un phénomène nouveau.
Eh bien, cette expression est pourtant exacte. Laudato si l’explique : «  L’Esprit, lien infini d’amour, est intimement présent au cœur de l’univers... Le monde a été créé par les trois Personnes comme un unique principe divin » (LS § 238).
Quand la Genèse parle d’Adam et Ève, placés dans un paradis, est-ce une simple histoire symbolique ?
Il faut comprendre ce qu’est un symbole : C’est « ce qui donne sens en reliant deux réalités : une visible, l’autre invisible »[7]. Si le paradis est un symbole, c’est aussi une réalité invisible. Quelle est donc ce paradis invisible créé par Dieu et où il a placé l’homme ?

Il existe des réalités invisibles. Réfléchissons à deux exemples de réalités invisibles :
- la conscience : nous devinons bien que nous avons un esprit, qu’on a une conscience. Mais, un chirurgien de l'université d'état de Californie à San Francisco, Benjamin Libet, a fait des expériences chirurgicales sur des traumatisés du crâne qui l’ont amené à imaginer que la conscience pourrait ne pas être une « production du cerveau » !  La conscience est une réalité invisible.
- les apparitions : les grands saints ont également eu des apparitions qui prouvent qu’il existe des réalités en dehors du temps et de l’espace.

Dès lors, si le paradis originel est une réalité invisible, il ne sert à rien de chercher Adam dans le temps, à l’époque de Cro-Magnon, ou de chercher le Paradis dans l’espace, du côté de l’Afrique de l’Est, là où seraient apparus les premiers hommes. On peut imaginer qu’ils aient été créés en dehors du temps et de l’espace. Cette réalité invisible correspond à ce que Jean-Paul II appelle la « préhistoire théologique de l'homme…  à la base de tous les faits qui constituent l'histoire de l'homme - l'histoire du péché et du salut- et qui révèle ainsi la profondeur et la racine même de son historicité »[8].
La matérialité de ce paradis nous échappe, mais la Genèse explique que l’homme est créé à l’image (eikóna = icône) et à la ressemblance (omoíosin = simulation) de Dieu (Gen 1, 26)[9]. L’homme est la seule créature voulue à l’image et à la ressemblance de Dieu. C’est une ressemblance qui constitue l’homme lui-même et qui est donc définitive et immuable : l’homme n’est pas seulement en relation avec la création, il est Relation, au même titre que la Trinité, comme on l’a vu pendant la séance n°1.

2.2- L’homme co-créateur

On a vu en séance n°1 que l’homme a été voulu par Dieu pour être divinisé. Mais dans un stade intermédiaire, celui du Paradis, l’homme reçoit la mission de parfaire son image avec Dieu, justement pour pouvoir être divinisé. Il n’est que Ressemblance. La création n’est donc pas terminée. Ce caractère intermédiaire ressort de la Genèse : « il s'était reposé de tous ses travaux, des travaux qu'il avait entrepris de faire » (Gen 2, 3). Dieu ne se repose pas d’un travail qu’il a terminé, mais d’une création qu’il a « entrepris ». La création ne fait donc que commencer. Pour assurer cette poursuite, Dieu dit : « créons-lui un aide semblable à lui » (Gen 2, 18). Il est clair que les animaux n’apportent pas à Adam l’aide nécessaire pour remplir sa mission. Pourtant, « Adam donna des noms à tous les bestiaux, et à tous les oiseaux du ciel, et à toutes les bêtes des champs », preuve qu’il les connaissait bien. « Mais il ne se trouvait pas pour Adam d'aide semblable à lui » (Gen 2, 20).
Ève sera cette aide, chair de sa chair (Gen 2, 23). Leur relation réciproque leur permettra, ensemble et en harmonie avec Dieu, d’accomplir le projet initial de leur divinisation.

Mais, ce projet va être bouleversé par le mal, par le péché originel. De quoi s’agit-il ?

2.3- Qu’est ce que le péché originel ? Quel est le sens du mal, comment y résister ?

Par essence semblable à Dieu, l’homme (i)"ne devait pas mourir", (ii)"ne devait pas souffrir", (iii)"était intact et ordonné dans tout son être, parce que libre de toute concupiscence", et (iv)"avait été constitué dans un état d’amitié avec son créateur"[10].
Mais, par le péché d’un seul, « la mort est entrée dans le monde » (Rom 5,12), la souffrance également, mais, surtout, un profond désordre a remplacé l’harmonie des relations liant l’homme, Dieu et toute la création : « L’harmonie intérieure de la personne humaine, l’harmonie entre l’homme et la femme, enfin l’harmonie entre le premier couple et toute la création constituait l’état appelé "justice originelle" » (CEC § 376-377). Une triple convoitise a désormais soumis l’homme « aux plaisirs des sens, à la convoitise des biens terrestres et à l’affirmation de soi contre les impératifs de la raison » (CEC § 376-377).
Alors on peut comprendre qu’il y a eu un « paradis » dans lequel Adam et Ève ont été placés, et que le péché a introduit la mort et le désordre dans toute la création. Certains théologiens[11], pour éviter toute confusion, parlent de création pour désigner la perfection du paradis d’origine et de monde naturel pour désigner le cosmos résultant du péché.
Cette distinction va nous aider à comprendre ce que veut dire la Genèse quand elle rapporte l’ordre reçu par Adam de "garder et cultiver sa terre". Même s’il est toujours délicat d’introduire une forme de chronologie dans un concept qui se veut en dehors du temps, on peut dire que cet ordre "précède" le péché. Adam avait nommé les animaux sans en tuer un seul. Ceux-ci avaient-ils donc vraiment besoin d’être gardés ? Et la terre avait-elle besoin d’être cultivée puisque ordre avait été donné que « la terre produise des plantes herbacées, portant semence  » ? A ces questions, une théologienne, Annick de Souzenelle, répond que Dieu attendait essentiellement d’Adam, et donc de nous aujourd’hui, « un retournement de nos terres intérieures »[12]. Le mot Paradis fait d’ailleurs référence, en grec, à un jardin clos qui n’est pas sans rappeler la symbolique monastique du « cloître », un jardin « à la fois un lieu concret… et un lieu spirituel »[13]. Nos « terres intérieures » ? Il s’agit de notre cœur profond, là où réside notre ressemblance à Dieu. Il y a du travail à faire au fond de nous !
Certes, avec le péché, l’homme appelé à cultiver et garder essentiellement « ses terres intérieures », est dès lors condamné à le faire dans le cadre d’une nouvelle matérialité, la terre extérieure. Mais la mission initiale donnée à l’homme est toujours la même : « Ne vous inquiétez donc pas en disant: Qu’allons-nous manger?’ …Cherchez d’abord le royaume de Dieu » (Math 6, 28-33). 

On ressent bien que ce retournement de notre « terre intérieure », est ce qu’il y a de plus difficile. Plus difficile que de labourer la terre. Laudato si parle de la « dramatique histoire humaine, capable de se convertir en un déploiement de libération, de croissance, de salut et d’amour, ou en un chemin de décadence et de destruction mutuelle » (LS § 79).
La question se pose alors : comment résister au mal ?

  • Il faut d’abord croire au démon. Baudelaire a fort bien écrit : « La plus grande malice du démon, c'est de nous persuader qu'il n'existe pas ».
  • Il faut avoir conscience des tactiques du diable : créer le doute, la confusion, la gêne, la division, et même le mensonge. Pensons à Jésus qui avait interpellé les pharisiens (Jn 10, 31-42 ) en leur rappelant le psaume « Vous serez des Dieux» (Ps 82,6). Le serpent a donc menti en disant : « vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal »[14]. La prétention d’Adam et Ève à une connaissance ne dépendant que d’eux, les a conduits à croire qu’ils seraient « comme des Dieux ». Cette vanité les a entrainés, eux et tout le cosmos, dans une chute inéluctable de mort : « Vous mourrez » ! 
  • Il faut se défendre en prenant, comme le dit Saint-Paul, « la vérité pour ceinture, la justice pour cuirasse, le zèle pour chaussures, la foi pour bouclier, l’espérance dans la résurrection comme casque, la parole de Dieu pour glaive » (Eph. 6, 13-18)
  • Il faut prendre l’offensive dans la prière et l’action.
  • Il faut avoir la foi en Jésus qui nous guérit du mal.

2.4- Tout est trinitaire dans la création, …

Puisque toute la création est la conséquence inéluctable de l’amour trinitaire, on comprend mieux cette phrase de Laudato si : « toute la réalité contient en son sein une marque proprement trinitaire » (LS § 239). Mais comment croire cela ? Un artiste devine bien que, dans son œuvre d’art, il s’exprime lui-même. Le philosophe Hegel parle de « cette sorte de reproduction de soi-même qu’est une œuvre d’art »[15].  Il en est de même dans la création : Toute l’œuvre de l’« artiste », si on peut qualifier Dieu d’« artiste », est trinitaire, puisque Dieu est trinitaire.
Avec le péché, la mort est entrée dans toute la création. Elle aurait pu être réduite à néant, au néant précédant la création. Mais Dieu a voulu qu’il reste, dans la nature, des traces de cette constitution trinitaire ; Laudato si le répète une deuxième fois dans le même paragraphe : « Toute créature porte en soi une structure proprement trinitaire » (LS § 239). 
Beaucoup de théologiens ont parlé du fait que les créatures nous présentent des « vestiges de la Trinité »[16].
Dès lors, Laudato si dit très clairement que « cela implique une relation de réciprocité responsable entre l’être humain et la nature.  » (LS § 67).

2.5- …Mais une seule créature est « capable de Dieu » : l’homme dominera la création

L’homme est la seule créature voulue à la ressemblance de Dieu. Il faut bien relire le texte de la Genèse : « Faisons l'homme à notre image, comme notre ressemblance, et qu'il domine sur les poissons de la mer, les oiseaux du ciel, les bestiaux,  etc… » (Gen 1, 26). Dans ce texte, cet ordre de dominer ne concerne pas tant une « manière d’agir » mais une « manière d’être ». Une manière d’agir pourrait consister à dire : « tu peux faire ce que tu veux avec la nature ». Ce n’est pas cela. Le texte est complètement lié à la création de l’homme et à sa ressemblance avec Dieu. Cela lui montre une manière d’être. On pourrait éclairer cette phrase en disant : tu seras en position de domination, car ton « état » est supérieur aux autres créatures, ce qui te donne du recul, une position dominante pour comprendre les autres créatures.
C’est d’ailleurs en ce sens que la Genèse explique que « toutes les bêtes sauvages et tous les oiseaux du ciel, … devaient porter le nom que l'homme lui aurait donné » (Gen 2,19). Dominer la création consiste à donner un nom aux choses. Dans les familles traditionnelles, c’est le père qui nomme son fils. En laissant au père la responsabilité de nommer leur enfant, la mère reconnait non seulement qu’il est bien le père biologique -elle seule sait intimement que ce n’est pas un autre- mais également, elle lui donne mission de respecter cet enfant, c'est-à-dire de lui donner la dignité que mérite cet enfant.
Dans la Genèse, Dieu, créateur de toutes choses, donne la même mission à Adam. Le catéchisme l’explique : « En les nommant, l'homme doit reconnaître les choses pour ce qu'elles sont et établir envers chacune d'elles un rapport de responsabilité »[17].

2.6- Chaque créature à sa place !

Comment établir ce juste rapport de responsabilité et de respect de chaque créature ?  Res-pecter  la nature, c’est donner à chaque chose (« res ») le poids (« pect ») qu’elle mérite. Laudato si dit bien qu’il y a une « place spécifique de l’être humain dans ce monde » (LS § 15).  Ce n’est pas la science des écosystèmes qui donnera le poids de chaque chose.
Une chose est sûre, il ne faut :

  • ni diviniser la nature. Laudato si le dit : « cela ne suppose pas … une divinisation de la terre» (LS § 90).
  • ni accorder la même place à toutes les espèces. C’est ce que font croire les « anti-spécistes » faisant croire que l’homme a les mêmes droits que les autres espèces. L'Église a toujours souligné que la place de l’homme se mesure au fait d’être la « seule créature sur terre que Dieu a voulue pour elle-même » (Gaudium et spes, 24), car, « parmi toutes les créatures du monde visible, en effet, seul l'homme est “capable de Dieu”[18]» (CDSE § 109)

Un jésuite belge a dit la même chose : « sur cette terre, seul l'homme reçoit la bénédiction et … la charge de remplir la terre, de la dominer et d'exercer sur tout le monde animal, … un pouvoir de chef. …. Cette domination sur le monde infrahumain, l'homme la reçoit comme la conséquence de ce qu'il est : « à l'image et à la ressemblance de Dieu », ce qui fait de l'homme une sorte de vice-roi au sein de la création »[19]. Ce pouvoir de vice-roi résulte bien de cette bénédiction reconnue à l’homme au titre de sa ressemblance à Dieu. C’est un appel au discernement, un peu une manière de dire que notre mission consiste d’abord à parfaire notre ressemblance à Dieu.
Cette juste place de l’homme implique pour lui une responsabilité énorme.  En effet, le pape François explique comment "l’indifférence ou la cruauté envers les autres créatures de ce monde finissent toujours par s’étendre, d’une manière ou d’une autre, au traitement que nous réservons aux autres êtres humains. Le cœur est unique, et la même misère qui nous porte à maltraiter un animal ne tarde pas à se manifester dans la relation avec les autres personnes" (LS  § 92). En cela, tous les mauvais traitements envers les créatures sont contraires à la dignité humaine.
L’enjeu est celui de notre relation avec nous-mêmes : « l’analyse des problèmes environnementaux est inséparable de … la relation de chaque personne avec elle-même  » (LS § 141), car « Tout est lié », selon l’expression répétée neuf fois dans l’encyclique.

2.7- Tout est lié

Cette marque trinitaire, encore présente dans la nature, explique que tout y soit Relation. C’est ce qui fait dire au Pape, dans Laudato si, que « tout est lié », que tout est « Relation intérieure avec moi-même, avec les autres, avec Dieu et avec la terre » (LS § 70).
Cette affirmation ne veut pas dire que tout est lié au sens qu’il y aurait des relations de cause à effet entre tout. Il s’agit de relations beaucoup plus essentielles qui renvoient à l’amour existant entre Dieu, l’homme, et le cosmos.
C’est le cœur même de ce que le pape appelle « l’écologie intégrale » qui ne peut se comprendre que dans une perspective très large : « une écologie intégrale requiert une ouverture à des catégories qui transcendent le langage des mathématiques ou de la biologie, et nous orientent vers l’essence de l’humain » (LS § 11). Il ne s’agit donc pas d’une écologie qui se limiterait à étudier la biologie des écosystèmes avec des modèles mathématiques. C’est une écologie qui intègre les relations voulues par Dieu dans toute la création.

 

Séance 3- Je crois en Dieu le père tout puissant

« Entr’acte sous le figuier »© « De Nazareth ! Peut-il sortir de là quelque chose de bon ? » (Jn 1,46)
Renonçons à tous nos scepticismes : Dieu est tout puissant !

3.1- La création continuée

Vouloir comparer la création à un programme informatique, est très tentant, mais cela n’a pas grand sens. Pourquoi ?

  • D’un côté, le péché peut être comparé à un « big bug » comme disent les informaticiens. Mais, la responsabilité du Bug est à chercher le plus souvent dans un défaut du programmateur. Or, il n’y avait pas de défaut dans la création. Dieu n’est en rien responsable du mal. Le mal n’est même pas une conséquence de la liberté accordée par Dieu à l’homme. Ce serait rendre Dieu complice du mal par omission. Or le mal est totalement imprévisible, même pour Dieu. Il reste donc incompréhensible à la raison humaine.
  • Par ailleurs, on pourrait comparer la création à un programme informatique qui aurait tout prévu. Certains appellent cela le « dessein intelligent». Mais, il faut préférer l’idée d’une « création continue ».

Comment se manifeste cette continuité permanente de la création ?  On peut évoquer trois exemples :

  • Après l’acte par lequel Dieu a tout créé à partir du chaos, Il continue à intervenir pour empêcher le retour au chaos absolu.
  • Il intervient à nouveau avec Jésus qui se fait chair dans le corps d’une vierge. La tradition de l'Église appelle d’ailleurs Jésus le « nouvel Adam », et Marie, la « nouvelle Ève ». Dès lors, qu’on ne vienne pas dire, que Dieu n’a aucun pouvoir sur la matière s’il est capable de faire enfanter une vierge ! Et il intervient encore avec sa résurrection, qualifiée par l'Église de seconde création.

Comment y croire ? Il faut faire un détour par ce qu’on appelle la critique textuelle et historique de la Bible. Cette démarche permet à la raison humaine de s’élever vers la contemplation de ces vérités extra-ordinaires. Elle nous confirme la véracité historique de Jésus, de sa naissance et de sa mort

  • Dieu manifestera encore sa toute puissance quand il reviendra. Les évangiles annoncent ce retour. L’Apocalypse de Saint-Jean également.

3.2- Apocalypse : initiative divine ou humaine ?

Le mot apocalypse vient d’un mot grec qui signifie « découvrir, dévoiler ». Dans l’antiquité, des auteurs écrivaient des livres de style apocalyptique pendant des périodes troublées qui permettaient aux lecteurs de découvrir le sens des catastrophes, des occupations militaires ou des persécutions. L’auteur parlait au futur comme pour dire que le mal du moment n’est rien et que le mal futur sera pire. Le mot Apocalypse est donc un mot qui fait peur… Si vous lisez l’Apocalypse, vous lirez que « les sept anges qui avaient les sept trompettes se préparèrent à en sonner. Le premier sonna de la trompette. Et il y eut de la grêle et du feu […] Le deuxième ange sonna de la trompette […] une grande montagne brûlée par le feu fut jeté dans la mer […] Le troisième ange sonna de la trompette. Et il tomba du ciel une grande étoile qui brûlait comme une torche […] Le quatrième ange sonna de la trompette. Et le tiers du soleil fut frappé […] Le cinquième ange sonna de la trompette. Et je vis une étoile qui du ciel était tombée […] »  (Ap 8,6 à 9,1) !

Il y a de quoi être terrorisé.
D’une certaine manière, il y a un écologisme qui annonce, sans toutefois les prouver, des catastrophes du même genre : « L’émission de gaz à effet de serre, conséquence directe de l’utilisation d’énergies fossiles et notamment du pétrole, a atteint un tel niveau que des catastrophes majeures sont à prévoir : des événements météorologiques extrêmes …, l’élévation du niveau de la mer et son acidification, des changements thermiques et pluviométriques, ayant comme conséquence… le bouleversement complet de nos écosystèmes. Ces changements risquent d’entraîner la destruction irréversible des moyens d’existence » ! Destruction irréversible ! Rien que cela !
En réalité, l’Apocalypse qu’attendent les chrétiens est une espérance. En lisant bien le texte, chaque cataclysme est précédé d’un son de trompète qui annonce que Dieu arrive, qu’il revient. Mais l’homme est perdu dans ses occupations habituelles. Arrive un premier évènement pour le réveiller. Mais rien n’y fait. Il faut sonner cinq fois pour que l’homme sorte de ses petites préoccupations. Certains écologistes font croire que c’est l’homme qui causera une vraie apocalypse planétaire ! Mais l’apocalypse chrétienne ne sera pas d’initiative humaine. L’évangile le dit : « on verra le Fils de l'homme venant sur les nuées du ciel avec puissance et grande gloire. Et il enverra ses anges avec une trompette sonore, … Ainsi vous, lorsque vous verrez tout cela, comprenez qu'Il est proche… Quant à la date de ce jour, et à l'heure, personne ne les connaît, ni les anges des cieux, ni le Fils, personne que le Père, seul »  (Matthieu 24, 31-36).
Croire que l’homme tout puissant pourrait être la cause de la fin des temps ressemble à un péché d’orgueil. Quant à l’idée qu’il suffirait de suivre le programme écologique pour empêcher l’Apocalypse, c’est se prendre pour Dieu tout puissant. Laudato si nous rappelle que la fin des temps sera d’initiative divine : « Cela nous projette à la fin des temps, quand le Fils remettra toutes choses au Père » (LS § 100).

3.3- L’homme tout puissant :

L’homme a bien d’autres façons de se croire tout puissant.

  • En matière de démographie, l’humanité n’a cessé de croître. Notre époque a l’orgueil de croire qu’avec 10 milliards d’habitants, nous aurions dépassé le seuil de développement écologiquement durable. En réponse à ce point, le pape, d’emblée, exclue tout amalgame éco-malthusien accusant la croissance démographique d’être la cause des désordres planétaires : « Au lieu de résoudre les problèmes des pauvres et de penser à un monde différent, certains se contentent seulement de proposer une réduction de la natalité. Les pressions internationales sur les pays en développement ne manquent pas, conditionnant des aides économiques à certaines politiques de “santé reproductive”... Il faut reconnaître que la croissance démographique est pleinement compatible avec un développement intégral et solidaire » (LS § 50). L’encyclique souligne que cette accusation de certains, portant sur la croissance de la population "est une façon de ne pas affronter les problèmes" (LS § 50).
  • En matière technologique, l’homme en arrive à vouloir se recréer lui-même. Pensons au trans-humanisme qui voudrait rendre l’homme immortel, ou sélectionner des hommes parfaits, voire plus petits pour réduire leur empreinte écologique. Laudato si rappelle que « toute solution technique que les sciences prétendent apporter sera incapable de résoudre les graves problèmes du monde si l’humanité perd le cap ». (LS § 200). 
  • En matière de politique, l’homme voudrait augmenter les pouvoirs d’une gouvernance mondiale pour résoudre tous les problèmes, y compris écologiques. La bible rappelle l’histoire de la Tour de Babel. Benoît XVI y voit bien un drame, celui des «hommes, désireux de construire de leurs mains un chemin vers le ciel »[20]. C’est pourquoi l’église, quand elle parle de gouvernance mondiale l’associe toujours au « principe de subsidiarité ». C’est un mot compliqué qui signifie que le pouvoir politique doit toujours émaner de la cellule sociale la plus basse, à commencer par celle de la famille. Laudato si le dit également : « Qu’en est-il de la politique ? Rappelons le principe de subsidiarité qui donne la liberté au développement des capacités présentes à tous les niveaux, mais qui exige en même temps plus de responsabilité pour le bien commun de la part de celui qui détient plus de pouvoir » (LS § 196). 

Il ne suffit pas de dénoncer ces structures malsaines. Cette posture consiste souvent à accuser un bouc émissaire qu’on charge de tous les maux pour éviter de se demander si on est ou non complice. C’est pourquoi il faut ouvrir les yeux, et réfléchir à notre complicité dans ces situations :

  • En matière de démographie, On pense que les pays pauvres ne devraient pas accepter une fécondité élevée étant donnée leurs conditions matérielles. Comment ne pas tomber dans ce piège si nous-mêmes, ou nos proches, préférons reporter une naissance pour des motifs matériels. Lapaternité responsable est une mission et non une limite, disait Paul VI.
  • En matière technologique, quelle attitude avons-nous vis-à-vis de toutes les lois qui se succèdent autorisant les manipulations d’embryons, ou de filiation sans père ou sans mère ? Ne sommes-nous pas un peu complices par nos silences ?
  • En matière de politique, quelle importance attachons-nous aux programmes politiques sensés résoudre des problèmes matériels plus qu’à servir le bien commun ? Le mal n’est pas toujours dans les structures, il traverse d’abord notre personne. La première urgence est de se convertir.

 

Séance 4- Je crois en J.C. fait homme, mort et ressuscité

« Entr’acte sous le figuier »© - « Voici vraiment un Israélite sans détours » (Jn 1,47).
Soyons sans détours : Christ est ressuscité !

4.1- Jésus Christ, nouvel Adam …

Saint-Paul écrit que le Christ fait homme est le « nouvel Adam » (1 Co 15, 45). Pourquoi cette comparaison ?
Dans le plan éternel de la création, « en l’incarnation devait s’achever ce qui était commencé dans le processus de la création »[21]. Un théologien anglais, Jean Duns Scott, disait que « la création est enceinte de Dieu et en accouche par l’incarnation du Christ »[22]. Il n’y aurait pas eu « d’incarnation possible sans cette poussée originelle de toute la création »[23]. Malgré le péché d’Adam, l’incarnation reste inscrite dans la création. Le rôle de l’humanité reste « d’apporter dans le projet créateur un être de relation portant l’image de Dieu afin que Dieu puisse naître parmi les créatures »[24].
Certes, la faute d’Adam n’était pas prévue dans ce projet. Non plus que la mort du Christ incarné dans un monde devenu mortel. Mais le plan divin est toujours le même : donner à l’être humain « une fonction décisive pour la création tout entière, achever de rendre la création capable de Dieu. Ce n’est pas une mince responsabilité »[25], et elle indique en retour, selon l’expression de Laudato si, la « dignité éminente » (LS § 43) de la personne humaine, supérieure à toutes les autres, même si l’incarnation est une raison de plus pour donner une « valeur propre » à toute la création.
La finalité de la création est toujours la gloire de Dieu, « qu’il y ait eu le péché ou pas … »[26]. Dieu juge que le monde naturel, même dans sa matérialité consécutive au péché, reste digne d’être investi de sa vie divine et d’être intégré dans le corps du Christ.
« La cause de l’incarnation n’est donc pas le péché et la rédemption, mais un projet d’amour qui implique toute la création »[27].
C’est ce qu’évoque bien Laudato si : « Dès le commencement du monde, mais de manière particulière depuis l’Incarnation, le mystère du Christ opère secrètement dans l’ensemble de la réalité » (LS § 99).

4.2 …et Marie, nouvelle Ève !

L’incarnation d’une des personnes divines donne une place toute particulière à la personne de Marie qui est « l’écrin » de la création préparée en elle à unir une nature divine dans une nature humaine.
L’Église qualifie Marie de « Nouvelle Ève ».
Mais comment alors comprendre que le privilège que Marie a reçu d’être conçue sans péché ne l’ait pas soustraite à la douleur et à la mort, qui sont pourtant des suites du péché originel ?
Dieu n’avait pas prévu l’insoupçonnable, le péché. Il a pris acte de sa logique jusqu’au bout, jusqu’à ce que la douleur et la mort atteigne Marie, comme Jésus. Mais leur mortalité  ne fut pas comme des suites du péché originel qui ne les a jamais effleurés. …
Jésus, pour être notre Rédempteur par sa mort sur la croix, a été virginalement conçu dans une chair mortelle; et il accepta volontairement de souffrir et de mourir pour notre salut. A son exemple Marie accepta volontairement la douleur et la mort pour s'unir au sacrifice de son Fils.
Chose étonnante, qui fait l'admiration des saints contemplatifs, le privilège de l'Immaculée Conception, loin de soustraire Marie à la douleur, augmentèrent considérablement en elle la capacité de souffrir du plus grand des maux qui est le péché. Quand une mère a un cœur de pierre elle ne peut compatir. La vierge avait un cœur si compatissant que sa douleur était extrême de voir le péché dans les âmes coupables comme nous voyons, nous, des plaies purulentes dans un corps malade. Or la plénitude de grâce et de charité qui n'avait cessé de grandir en elle depuis son immaculée conception, augmentait proportionnellement en son cœur sa capacité de souffrir du plus grand des maux. On en souffre en effet d'autant plus qu'on aime davantage Dieu[28].

C’est ce qu’évoque Laudato si en disant : « Marie, la Mère qui a pris soin de Jésus, prend soin désormais de ce monde blessé, avec affection et douleur maternelles. Comme, le cœur transpercé, elle a pleuré la mort de Jésus » (LS § 241).

4.2- La résurrection inaugure une seconde création

L’Incarnation avait été donc « le pivot entre création ancienne et création nouvelle »[29]. Malgré le péché, la première création a été sanctifiée par l’incarnation[30].
La résurrection inaugure la seconde. Comme la première, que l’homme ait péché ou non, il fallait que Jésus incarné entre dans la gloire de son père pour y associer l’homme. « Puisqu'elle débouche sur cette « seconde création », la faute ne modifie en rien le but de la création prévu de toute éternité »[31]. La résurrection n’est donc pas tant une victoire sur la mort qu’une seconde création dans le Christ.
Il existe donc un lien nécessaire entre les grandes étapes de l’histoire du salut. « Le Christ, par sa résurrection inaugure le nouveau cosmos eschatologique dont il est le chef »[32].   
C’est bien ce qu’évoque Laudato si : « Le dimanche est le jour de la résurrection, le “premier jour” de la nouvelle création, dont les prémices sont l’humanité ressuscitée du Seigneur, gage de la transfiguration finale de toute la réalité créée » (LS § 237).
C’est ce que les chrétiens invoquent dans l’invocation finale de la 4ème prière eucharistique : « A nous qui sommes tes enfants, accorde, Père très bon, l'héritage de la vie éternelle …dans ton Royaume, où nous pourrons, avec la création tout entière enfin libérée du péché et de la mort, te glorifier par le Christ, notre Seigneur ».
Mais comment croire en la résurrection d’un homme ? Les historiens font état d’une personne nommée Jésus : il est né sous le règne du roi Hérode-le-Grand, et a été crucifié sous Ponce Pilate, gouverneur de Judée. L’histoire rapporte que cet homme se disait Dieu

Mais, de quels éléments disposons-nous pour nous forger une conviction sur la réalité de sa résurrection ? Il y a quatre points:

  • L’Absence de Jésus dans le tombeau
  • Les apparitions de Jésus à ses disciples
  • L’impact de la résurrection sur les disciples qui sont tous morts martyrs. Si les douze avaient organisé l’enlèvement du corps, l’un d’eux aurait avoué pour échapper au martyr.
  • L’expérience chrétienne au cours des âges.

4.3- Eucharistie et création

Dans l’Église, un sacrement est un acte symbolique destiné à la sanctification des hommes. Comme tout symbole, il est destiné à rendre visible la réalité invisible qu’est cette sanctification dont Dieu nous fait le don.
Le sacrement eucharistique nous sanctifie en faisant mémoire de cette seconde création. C’est pourquoi Laudato si apporte une dimension complémentaire au sacrement eucharistique : «  Le dimanche, la participation à l’Eucharistie a une importance spéciale. Ce jour… est offert comme le jour de la purification des relations de l’être humain avec Dieu, avec lui-même, avec les autres et avec le monde » (LS § 237).
Mais, la préface eucharistique traditionnelle rappelle que le dimanche ne consiste pas seulement à faire mémoire de la nouvelle création, mais aussi de la première. La préface n°4 proclame : « Unis à leur hymne d'allégresse, avec la création tout entière qui t'acclame par nos voix, Dieu, nous te chantons ».
Pourquoi attacher une grande importance à la liturgie eucharistique ? Le Concile répond : parce que « la liturgie… contribue au plus haut point à ce que les fidèles, en la vivant, expriment le mystère du Christ et la nature authentique de la véritable Église »[33].
Or, non seulement l’acte liturgique par excellence est le sacrifice eucharistique par lequel Jésus nous révèle la plénitude de l’amour,  mais  toute la création est elle-même un sacrement de Sa présence et de Son amour. Le pain et le vin de l'Eucharistie, comme Corps et Sang du Christ, ne sont pas des exceptions : ils révèlent la vérité de la création.

 

Week-End

« Entr’acte sous le figuier »©  -  « Parce que je t’ai dit : je t’ai vu sous le figuier, tu crois » (Jn 1,50).
Ce n’est pas Philippe qui convainc Nathanaël, mais c’est Jésus qui touche son cœur

C’est un temps à la fois d’échange et d’expérience de prière. Un temps pour faire tomber les barrières qu’on a tendance à construire.
Il pourra être opportun de rassembler, pendant le WE, deux ou trois groupes « Entr’acte sous le figuier »©, d’origine urbaine ou de banlieue avec ceux se déroulant en zone rurale.

Programme de WE

Option 1

Option 2

trajet, installation, accueil par le curé

Vendredi soir

Samedi 8-10h

1er RV avec ateliers

Samedi matin

Samedi AM  14-16h30

animations festives, chants de louange

Samedi AM  14-16h30

Samedi AM 16h30-19h

2nd RV avec ateliers

Samedi AM 16h30-19h

Samedi soir 20h30-22h

animations festives, chants de louange

Samedi soir

/

3ème RV avec ateliers

Dimanche matin 9-11h 

Dimanche matin 9-11h 

Messe des rogations

Dimanche matin

Dimanche matin

Retour

Dimanche Après-midi

Dimanche Après-midi


WE : 1er RV - Contempler Jésus Messie ou les messianismes temporels ?

a) TOPO introductif aux ateliers sur l’« État de la maison commune» (45’):

Au cours de nos cinq premières séances de l’enseignement « Entr’acte sous le figuier »©, nous sommes progressivement entrés dans la contemplation de Dieu, à travers sa création, dans la personne du Jésus historique, né, mort et ressuscité.
Mais il est difficile de contempler un Sauveur invisible qui dit, « je suis le Chemin, la Vérité et la Vie », quand tant et tant d’hommes proposent des chemins de salut. 

Comment choisir entre deux programmes de salut :

  • celui de Jésus qui dit : « Ne vous inquiétez donc pas en disant: « Qu’allons-nous manger? Qu’allons-nous boire? … Votre Père céleste sait bien que vous avez besoin de toutes ces choses. Cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice et tout cela vous sera donné par surcroît » (Math 6, 28-33)
  • celui des hommes qui disent : « réduisez vos émissions de carbone, vos consommations de viande, l’usage de pesticides, etc…».

Rendez à César ce qui est à César

La sagesse ne serait-elle pas, pour celui qui cherche le chemin, de suivre ce que Jésus dit : « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu »[34] ?
Or, la politique appartient à César, alors que notre salut est dans les mains de Dieu.
Certes, il ne s’agit pas de faire une dichotomie entre le monde temporel et l’attente de la Terre Nouvelle. Mais, certains diront qu’il y a urgence à répondre aux problèmes de notre temps.
C’est bien pour cette raison que dans le premier chapitre de Laudato si, le Pape observe « ce qui se passe dans la maison commune ». Il s’appuie, à cette fin et en particulier pour la question climatique, sur un « consensus scientifique » (LS § 23).
Mais, d’un autre côté, le Pape rappelle que « l’Église n’a pas la prétention de juger des questions scientifiques ni de se substituer à la politique » (LS § 188).
Épistémologiquement parlant, un consensus scientifique n’est pas une « preuve scientifique », mais seulement un « consensus social avec des arguments scientifiques ». Tout recours abusif à un consensus peut apparaître comme un « argument d’autorité » et révéler une forme d’esquive de recherche d’« autorité des arguments ».
Faire appel à un consensus est une forme d'énumération de la pensée des autres, mais cela ne constitue pas une pensée. Cela peut même devenir obstacle à notre propre pensée.
Il faut donc toujours faire l’effort de l’autorité des arguments avancés. Même quelqu’un qui n’est pas initié à l’approche scientifique peut avoir de profondes intuitions sur la qualité d’un débat contradictoire.
C’est pour cela que nous aurons des ateliers spécifiques où chacun pourra s’interroger en fonction de ses sujets particuliers d’intérêt.
C’est parce que les considérations qui y seront évoquées doivent être approfondies, que le Pape a invité « à un débat honnête et transparent » (LS § 188), « en respectant la diversité d’opinions" (LS § 61). La règle conciliaire est dans cette ligne : les laïcs ne doivent pas attendre de leurs pasteurs qu’ils "aient une compétence telle qu’ils puissent leur fournir une solution concrète et immédiate à tout problème, même grave, qui se présente à eux, ou que telle soit leur mission"[35]. Nous sommes tous appelés à évangéliser. Or cette recommandation ne s’adresse pas seulement aux pasteurs, mais également à tous les laïcs engagés dans des actions d’évangélisation. De deux choses l’une :

  • Ou bien ils mettent en avant l’argument d’autorité que leur donne leur rôle pastoral, et dans ce cas, ils sont tenus au même devoir de réserve ;
  • Ou bien, ils interviennent au titre de leur compétence et aucune référence à leur mission pastorale n’augmente l’autorité de leurs

C’est dans cet esprit que le Pape a appelé à des débats contradictoires qui libèrent les regards. Sans ces débats, le risque existe, dit Laudato si, que « des idéologies n’affectent le bien commun » (LS § 188). Comment ne pas percevoir ce risque dans les idéologies malthusiennes qui font de l’enfant unique l’éco-geste ultime ? Ou dans les discours mondialistes qui s’appuient sur des slogans simplistes : « A problème global, gouvernance mondiale » ? Ou encore dans les messianismes trans-naturels et constructivistes proposant des programmes de salut temporel, oubliant ce propos de Benoit XVI : « Aucune structuration positive du monde ne peut réussir là où les âmes restent à l'état sauvage »[36] ? L’idéologie avance derrière des solutions qui ont la prétention « d’interpréter et de transformer la réalité" (LS § 63).

La nécessité du débat contradictoire

Laudato si serait-il contradictoire en écoutant le discours consensuel de ce monde et l’appel à continuer à débattre ?
Le Pape François a toujours aimé gérer les conflits d’analyse quand il n’était que le Cardinal Bergolio : « l’unité passe par le dépassement du conflit, sans le refuser et sans s’y embourber... dépassement qui se réalisera sur un plan plus élevé... seule façon pour que l’unité soit supérieure au conflit »[37]. Il sait que pour parvenir à « l’union des esprits, il y a un fondement non négociable,... la doctrine commune »[38].
Effectivement, Laudato si dépasse le conflit en portant son discours à un plan plus élevé au fil des chapitres. Il y apporte progressivement une réponse doctrinale commune. Le cœur de son message réside dans le concept d’écologie intégrale que nous avons expliqué lors de notre séance n° 2, car tout est «  Relation intérieure avec moi-même, avec les autres, avec la terre, avec Dieu » (LS § 70)

La vérité de la vie quotidienne

Rendre « à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu », cela ne veut pas dire qu’on ne cherche la vérité que dans la doctrine, dans la théologie, la métaphysique ou dans le livre de la nature (ontologie). L'Église attache de l’importance au discours de la raison humaine.
L’encyclique Foi et raison (FR) évoque ce réseau de chemins permettant à la vérité de se révéler :

  • un «ordre de vérité de la vie quotidienne et de la recherche scientifique » (FR § 30)
  • les « structures ontologiques (FR § 97). C’est un mot compliqué qui veut dire qu’il faut réfléchir sur la nature même des choses. C’est ce qui fait dire à Laudato si que « le livre de la nature est unique et indivisible » (LR § 6)
  • la métaphysique, « médiation privilégiée dans la recherche théologique » (FR § 83)
  • et la théologie qui « s'approprie le contenu de la Révélation » tout en répondant « aux exigences spécifiques de la pensée » (FR § 65) 

Aucune de ces approches ne peut être négligée : « Toute vérité atteinte n’est jamais qu’une étape vers la pleine Vérité » (FR § 3). D’ailleurs, Laudato si précise qu’« une écologie intégrale requiert une ouverture à des catégories qui transcendent le langage des mathématiques ou de la biologie, et nous orientent vers l’essence de l’humain » (LS § 11). Transcender ne veut pas dire délaisser l’étape de la spéculation scientifique, mais la prolonger par des réflexions ontologiques, métaphysiques et théologiques qui élèvent l’esprit humain vers la contemplation de l’essence même de Dieu, de l’homme et du reste de sa création.
Au plan scientifique, Laudato si rappelle que « la sincérité et la vérité sont nécessaires dans les discussions scientifiques et politiques » (§ 183).

C’est pour à donner sa juste place au travail de la raison et du débat contradictoire, que chacun est appelé à rejoindre un des deux ateliers d’échange suivant :
- L’impact de l’homme sur les écosystèmes locaux
- L’impact de l’homme sur l’écosystème planétaire

b) Ateliers d’échanges sur l’« État de la maison commune » (60’)

L’objectif est de trouver de nouveaux ressorts de mobilisation pour travailler à un monde plus juste, mais avec la conviction que c’est la « vérité qui rendra libre » d’agir.
Annoncer que l’objet du 2nd RV du Week-End sera de réfléchir à la manière de redonner du sens au travail de l’homme pour qu’il parvienne à plus de justice.

Organiser l’atelier en 2 temps :

  • Commencer par laisser chacun exprimer ses inquiétudes, ou la confiance qu’il a dans le futur
  • Inciter chacun, quelque soit son point de vue, à questionner les éléments du consensus qu’il reçoit le plus souvent. A cette fin l’animateur pourra présenter une logique de renouvellement des réflexions et proposer des informations permettant de se questionner. L’animateur essaiera d’aider les participants à ne pas se réfugier dans l’argument du simple consensus

En ce qui concerne les écosystèmes locaux :

Un observateur doit pouvoir se pencher sur la nature des allégations avancées pour vérifier si elles sont fondées

  • sur de simples enquêtes d’opinion (i),
  • sur des monographies d’études (ii),
  • sur des études de laboratoire (iii),
  • sur des mesures d’impacts sur le terrain (iv),
  • ou sur de véritables «études épidémiologiques longitudinales » (v). Expliquer à cette fin ce qu’est une étude épidémiologique : Elle porte sur des dizaines de milliers d’individus, sélectionnés pour être représentatifs d’une population et qui sont interrogés ou observés sur de multiples facteurs de leur mode de vie (alimentation, activité physique, consommations d’alcool ou de tabac, maladies et traitements pharmaceutiques y compris somnifères ou contraceptions, tabagisme, anatomie, profession, ..). Elles sont longitudinales, c'est-à-dire qu’elles sont répétées sur les mêmes individus tous les 5 et 10 ans qui suivent.

Les unes et les autres n’apportent pas les mêmes niveaux de certitudes. Certaines approches peuvent être répondre à des soucis idéologiques. Laudato si est vigilant à ce sujet : dans les débats scientifiques, il faut veiller à ce que « les idéologies n’affectent pas le bien commun » (LS § 188).

En ce qui concerne l’écosystème planétaire :

On pense aux questions relatives à la couche d’ozone, aux variations climatiques, à la dite « sixième extinction des espèces », à l’acidification des océans, etc… qui nécessitent la construction de modèles.
Les épistémologistes soulignent qu’un modèle sert à prévoir et non à expliquer une complexité. Ils décèlent de grandes constantes pour vérifier la solidité de ces modèles :

  • Il faut des indicateurs. Or, tous les observateurs reconnaissent que, par exemple en matière de biodiversité, aucun indicateur (Variabilité Phylogénétique des Espèces, Taux Mondial d’Extinction, Indice d’Intégrité de la Biodiversité, …) n’est pertinent au plan planétaire. Il n’en n’existe pas non plus pour l’acidité des océans.
  • Il faut rassembler un historique de données. La paléoclimatologie s’appuie sur des données de plus de 1000 ans suffisamment précises pour reconstruire les observations du petit âge glaciaire (Bérésina), ou de l’optimum médiéval (du Xème au XIVème siècle). Les scientifiques s’interrogent sur la légitimité du Giec à se limiter à seulement 150 ans d’observations[39]. En matière d’ozone, les observations sont très récentes et on ne dispose pas d’outils de reconstructions de données sur des longues durées.
  • Il faut structurer les modèles avec des lois robustes. En matière de biodiversité, l’ONU reconnait que « la plupart des études ne fournissent aucune évaluation critique de la solidité de leurs conclusions »[40]. Certains climatologues s’interrogent également sur la pertinence d’utiliser des modèles climatiques structurés en plus de 000 sous-ensembles dans des « planètes numériques ». La complexité devient telle que le Giec en est réduit à ne retenir, dans ses calculs, que "des conditions de ciel clair…; l'introduction de nuages compliquerait grandement les objectifs de la recherche"[41]. Dès lors, comment rendre compte de la complexité des rétroactions fondamentales de l’eau dans la mécanique climatique ?

Quant au paramétrage des modèles, les observateurs s’interrogent sur cette enquête menée par le Giec, dont il ressort que 22 des 23 principaux centres de modélisation climatiques interrogés sont paramétrés « pour obtenir les propriétés souhaitées »[42] !

Concernant l’ozone, l’ONU a reconnu en 2010 que « l'origine d'une réponse dynamique au cycle solaire n'est pas totalement comprise »[43].

  • Il faut quantifier chaque hypothèse causale par des tests d’hypothèses. Est-il pertinent de reconnaître que « les probabilités"Objectives" et "Subjectives" ne sont pas toujours explicitement distinguées »[44] ? Certains modèles systémiques permettent pourtant de quantifier avec 90 % de certitude des relations de cause à effet entre variations climatiques et activité solaire[45].
  • Il faut faire des prévisions et les comparer avec des réalisations. Les statisticiens savent remplacer une série d’expériences par une seule, de durée suffisamment longue[46]. Il suffit de traiter le passé comme un futur. C’est de la « rétro-prévision ». Le Giec a publié un travail de ce type[47]. Le résultat se caractérise par un flou effaçant les variations connues. Peut-on qualifier d’efficient un modèle qui n’est pas capable de restituer l’historique passé ?

Conclusion : Contempler Jésus Messie ou les messianismes temporels ?

C’est bien parce que la réponse à ces questionnements mérite réflexion qu’il faut prendre du recul sur la problématique elle-même. Ce qui importe est bien de tourner notre regard vers le Christ qui reviendra. Notre regard sur le monde est celui du Christ qui rappelle : « Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas » (Mat 24,35). Les meilleurs de nos modèles ne peuvent pas tout calculer à l’avance. Tout cela exige de nous un abandon filial et une confiance infinie en la Parole qui ne passera jamais. L’espérance est donc bien la vertu la plus difficile à vivre, la plus petite des vertus mais la plus forte. Et l’espérance a un visage : le visage du Seigneur ressuscité, qui vient « avec grande puissance et avec gloire » (Mat 24,30). 

WE- 2nd RV - L’attente de la terre nouvelle - Le sens du travail

 a) TOPO introductif aux ateliers sur le sens du travail (45’):

Pour Adam, cultiver ses terres intérieures consistait à parfaire sa ressemblance à Dieu au point de librement devenir Dieu-Relation. Nous sommes désormais condamnés à le faire dans le cadre d’une nouvelle matérialité. Certes dans la douleur et la fatigue, l’esprit est le même : avancer vers le royaume en étant de plus un être de Relation.
Le modèle de l’écologie intégrale est à cette fin d’une grande aide. Laudato si l’explique : « Dans n’importe quelle approche d’une écologie intégrale qui n’exclue pas l’être humain, il est indispensable d’incorporer la valeur du travail ». C’est ainsi que « les ouvriers et les artisans assurent une création éternelle »[48] (LS § 124).

Quel sens donner au travail ?

Il s’agit de gouverner le monde avec Dieu, d’être la main du Christ qui continue à créer et à faire du bien.
Ce souci de faire du bien s’exprime par cette phrase de l'Église : « le travail humain est donc finalisé à la charité »[49]. Mais il devient une occasion de contemplation et peut se transformer en prière intense. Les moines sont pour nous un modèle : « Travaille et prie ». En cela, le travail contribue à notre salut.
Qu’on ne se trompe pas, ce n’est pas la pénibilité du travail qui est salutaire. La souffrance en tant que telle n’est jamais un salut. Elle est inqualifiable car reste un mystère. C’est l’ouverture de nos souffrances qui, partagées avec celles du Christ, peut devenir une prière, une participation à la rédemption. Comme l’explique Laudato si, le Christ lui-même, comme charpentier « a sanctifié de cette manière le travail et lui a conféré une valeur particulière pour notre maturation. Saint Jean-Paul II enseignait qu’ "en supportant la peine du travail en union avec le Christ crucifié pour nous, l’homme collabore en quelque manière avec le Fils de Dieu à la Rédemption"»  (LS § 98).
Cette parenté entre travail et prière est le signe de l’alliance mystérieuse entre l’agir humain et l’action de Dieu. Laudato si explique cette « longue tradition du monachisme … [dans laquelle] on a appris à chercher la maturation et la sanctification dans la compénétration du recueillement et du travail » (LS § 126).

La doctrine sociale de l'Église explique que « le travail toujours est pour l'homme et non l'homme pour le travail… le but du travail, de tout travail exécuté par l'homme -fût-ce le plus humble service, le travail le plus monotone selon l'échelle commune d'évaluation, voire le plus marginalisant-  reste toujours l'homme lui-même » (CDSE § 272). Par ailleurs, Jean-Paul II disait que le travail d’un homme « s'imbrique naturellement dans celui d'autres hommes. Plus que jamais aujourd'hui, travailler, c'est travailler avec les autres et travailler pour les autres : c'est faire quelque chose pour quelqu'un »[50].

Le travail : une manière de dominer le monde selon le plan divin originel

L'Église fait le lien entre le sens du travail et le texte de la Genèse qui appelle l’homme à dominer la création. « Le travail confirme la profonde identité de l'homme créé à l'image et à la ressemblance de Dieu: “En devenant toujours plus maître de la terre grâce à son travail et en affermissant, par le travail également, sa domination sur le monde visible, l'homme reste, dans chaque cas et à chaque phase de ce processus, dans la ligne du plan originel du Créateur; et ce plan est nécessairement et indissolublement lié au fait que l'être humain a été créé, en qualité d'homme et de femme, à l'image de Dieu“[51]. Cela qualifie l'activité de l'homme dans l'univers: il n'en est pas le maître, mais le dépositaire, appelé à refléter dans son œuvre l'empreinte de Celui dont il est l'image. » (CDSE § 275).

La permaculture : un modèle ?

Un des fondateurs de la permaculture, Bill Mollison, voulait développer une approche globale intégrant la production, mais aussi une vision philosophique, esthétique et sociale du vivre ensemble. La définition qu’il donnait ne se limitait pas à l’agriculture : il parlait d’un « système de design de société humaine ». Pour lui, comme le dit le Pape François, tout est lié dans des systèmes et des écosystèmes interconnectés et se soutenant entre eux. Il a appliqué cette philosophie à une forme d’agriculture qu’il a appelé permaculture. Ce regard des fondateurs de la permaculture rejoint ce que Laudato si dit : « le travail devrait être le lieu de ce développement personnel multiple où plusieurs dimensions de la vie sont en jeu : la créativité, la projection vers l’avenir, le développement des capacités, la mise en pratique de valeurs, la communication avec les autres, une attitude d’adoration » (LS § 127).
Cette philosophie est-elle transposable à d’autres types d’activités : agriculture plus conventionnelle, artisanat, usines, ou emplois publics ?

Laudato si répond que dans l’écologie intégrale, le travail ne concerne pas que le travail de la terre : « Nous ne parlons pas seulement du travail manuel ou du travail de la terre, mais de toute activité qui implique quelque transformation de ce qui existe, depuis l’élaboration d’une étude sociale jusqu’au projet de développement technologique » (LS § 125).
On ne peut pas, en effet, nier « les bienfaits des progrès scientifiques et technologiques, qui manifestent la noblesse de la vocation de l’homme à participer de manière responsable à l’action créatrice de Dieu dans le monde… On ne peut pas … inhiber ceux qui ont des dons spéciaux pour le développement scientifique et technologique, dont les capacités ont été données par Dieu pour le service des autres. » (LS§ 131).

C’est donc pour partager des expériences multiples sur le sens du travail que nous nous mélangerons dans trois types d’ateliers:
- dans le travail de la terre,
- dans la production de biens, que ce soit dans l’artisanat ou à l’usine,
- dans la production de services, dans le travail du chercheur ou de l’enseignant,

b) Ateliers d’échanges sur le sens du travail (60’):

L’objectif de l’atelier est de brasser les expériences, car, dans le travail, chacun peut faire appel à « sa culture, son expérience, ses initiatives et ses capacités » (LS § 14).
Idéalement, l’idée est de proposer

  • à des producteurs de biens de partager leurs expériences avec des agriculteurs
  • à un agriculteur de partager ses expériences avec celui qui a un emploi dans les services
  • ou à des employés de partager leurs expériences avec des producteurs de biens

L’objectif est de découvrir que chacun peut, quelque soit son travail, y découvrir que « chaque créature est l’objet de la tendresse du Père, qui lui donne une place dans le monde » (LS § 77).

Deux écueils sont à éviter, auxquels l’animateur devra veiller :

  • Celui de prétendre incarner un modèle pour tous et de refuser de voir que tous sont appelés à construire une communauté. Chacun peut être une richesse d’exemple dans lequel apparait « la relation de l’être humain avec les choses, la question du sens et de la finalité de l’action humaine sur la réalité » (LS § 125),
    • que ce soit en pratiquant la permaculture ou l’agriculture raisonnée
    • que ce soit en produisant des biens artisanaux ou des biens industriels, même si ce sont des produits de haute technologie, qui peuvent être utiles au développement de l’intégralité des personnes
    • ou que ce soit en participant à la distribution de soins, de formations ou de services publics
  • Celui de se culpabiliser dans l’idée malsaine que ses choix de vies relèvent d’une impasse sociale. Il pourra être opportun, en particulier, de montrer le regard de Laudato si sur la ville comme lieu de communion entre les hommes. L’objectif, dit le pape François, n’est pas "de créer de nouvelles villes soi-disant plus écologiques" (LS § 143). Certes, ajoute-t-il, il existe une "sensation d’asphyxie, produite par l’entassement dans des résidences et dans des espaces à haute densité de population", mais ce sentiment peut être "contrebalancé si des relations humaines d’un voisinage convivial sont développées, si des communautés sont créées, si les limites de l’environnement sont compensées dans chaque personne"  (§ 148) !

Une attention particulière sera portée à ceux qui vivent, personnellement ou dans leur entourage, une situation de chômage. Comment un chômeur peut-il vivre ce message selon lequel le travail est à la fois un droit et un devoir ?

  • Un droit fondamental : « en raison de son caractère de nécessité, …le travail est nécessaire pour fonder et faire vivre une famille, pour avoir droit à la propriété, pour contribuer au bien commun de la famille humaine» (CDSE § 287).
  • Un devoir, car « la conscience du caractère transitoire de la scène de ce monde ne dispense d’aucun engagement historique, et encore moins du travail» (CDSE § 264). Comment un chômeur peut-il contribuer à la hauteur de ses moyens à ce type d’engagement ?

WE - 3ème RV  - La vie en abondance

« Entr’acte sous le figuier »©  -  « Tu verras mieux encore.» (Jn 1,50).
Soyons ouvert à l’abondance divine

a) TOPO introductif aux ateliers sur le sens de la frugalité (45’):

La frugalité est-elle une vertu ou une nécessité écologique, une école de vie ou un écogeste, un chemin de partage pour économiser des ressources naturelles limitées ou un moyen de redistribution?
Pour répondre à ces questions, il faut s’interroger sur l’idée qu’on se fait des « ressources naturelles ». Qu’entend-on par cela ? Quel sens donner à la redistribution des biens ? Quelle est la vraie utilité de la frugalité ?

L’abondance des ressources

L’Église attache trop d’importance au travail de l’homme pour oublier sa capacité de programmation, son imagination qui le conduisent à mettre en œuvre un « processus productif d’élaboration technique et économique des ressources disponibles et naturelles » (CDSE § 174).
Parler de la même manière, et sans un certain recul, de ressources d’énergie à l’époque de la tourbe, du charbon, du pétrole, du nucléaire, et demain d’autres techniques risquerait de mener à des contre-sens en matière de morale, car les ressources revêtent des formes multiples en fonction des techniques disponibles à chaque époque.
Le cheikh Yamani, l’un des architectes de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) est réputé avoir dit : « l’âge de pierre ne s’est pas terminé du fait d’un manque de pierres, et l’âge du pétrole ne se terminera pas du fait d’un manque de pétrole ».
Plus certaines ressources diminueront, plus l’homme inventera des matériaux qui deviendront rentables du fait de la hausse des cours des ressources en voie de raréfaction.
Est à considérer, comme une ressource, tout ce qui a vocation à satisfaire les besoins de l’homme. Son contenu est donc, par essence, variable.

La doctrine sociale de l'Église définit ce qu’elle entend par ressources. Il s’agit de « tous les biens et services auxquels les sujets économiques, producteurs et consommateurs privés et publics, attribuent une valeur pour l’utilité qui leur est inhérente dans le domaine de la production et de la consommation » (CDSE § 346).
Ce serait un raccourci de limiter l’usage du mot ressources à celles qui sont naturelles. L’intelligence humaine est également une ressource naturelle ! Faut-il gaspiller les premières ?
En matière agricole, par exemple, l’étude Agrimonde de l’Institut National de la recherche Agronomique a été reconnue par la FAO. Elle, énonce clairement qu’il est parfaitement possible de nourrir 9 milliards d’habitants, même en prenant en compte les questions environnementales. La famine est causée par les guerres ou les dictatures. La malnutrition relève d’une autre problématique : celle de règles de commerce international qui poussent les acheteurs du Sud à importer les céréales des pays riches à meilleur prix que celles qu’ils pourraient acquérir dans les zones agricoles indigènes. Rien de tel pour ruiner des agricultures locales et pour provoquer une exode rurale des brousses vers les banlieues alors que ces agriculteurs pourraient avoir un potentiel de production considérable. Tous ces chômeurs n’ont pas même pas les revenus nécessaires pour  acheter les céréales ainsi importées.

Ce n’est pas le risque de pénurie de production alimentaire qu’il faut craindre, mais s’insurger contre les désordres inhérents à certaines pratiques du commerce mondial !
Depuis la plus haute antiquité, l’homme s’est toujours adapté, non sans peine ni souffrance, à la croissance de sa démographie. Il est passé de la cueillette à l’agriculture.
Encore aujourd’hui, même si on doublait la population mondiale, la planète dégorgerait de ressources. En matière de pêche, nous en sommes encore au stade de la cueillette, la pisciculture est totalement sous développée.

Le Pape François sait que la planète dispose de ressources insoupçonnables : « S’il y a la faim sur la terre, ce n’est pas parce qu’on manque de nourriture!... Le monde est riche en ressources pour assurer tous les biens primaires… Ce qui manque, c’est un esprit d’entreprise libre et prévoyant, qui assure une production adéquate, et une approche solidaire »[52]
Laudato si reconnait également cette abondance que Dieu met à notre disposition : « L’ensemble de l’univers, avec ses relations multiples, révèle mieux l’inépuisable richesse de Dieu » (LS § 86).
Laudato si attribue d’ailleurs à l’Esprit saint, cette surabondante capacité de la nature : « L’Esprit de Dieu a rempli l’univers de potentialités qui permettent que, du sein même des choses, quelque chose de nouveau peut surgir : « La nature n’est rien d’autre que la connaissance d’un certain art, concrètement l’art divin inscrit dans les choses, et par lequel les choses elles-mêmes se meuvent vers une fin déterminée… » (LS § 80). Cette fin déterminée est de parvenir au Royaume éternel.
Alors, n’ayons pas peur !

Redistribution, ou partage ?

Pour éradiquer la pauvreté, il y a des discours qui ressemblent à de la redistribution, avec le risque d’engendrer des dérives. Une économiste, Dambisa Moyo, originaire de Zambie, a su observer en détail les mécanismes de redistribution internationaux, pratiqués depuis plus de 50 ans. Elle dénonce l' "aide fatale". Les situations d’assistance dans lesquelles sont placés certains peuples génèrent une forme d’envie dont les migrations économiques sont quelquefois le signe.
Les discours focalisés sur la redistribution, détournent les regards d’autres solutions innovations, économies, incitations, justice équitable, vertu,  culture, croissance.
Il n’en demeure pas moins que le partage est toujours une vertu à encourager, non pas tant pour « redistribuer », mais pour être à l’écoute de Dieu et entrer dans une forme de communion humaine avec les plus démunis. Laudato si explique que « aider les pauvres avec de l’argent doit toujours être une solution provisoire pour affronter des urgences. Le grand objectif devrait toujours être de leur permettre d’avoir une vie digne par le travail » (LS § 128).
Quelles sont les solutions concrètes à apporter ? Laudato si rappelle que « l’Église n’a pas la prétention …de se substituer à la politique » (LS § 188), mais on trouve dans le texte l’idée de faire en sorte « que les pays en développement puissent accéder au transfert de technologies, à l’assistance technique, et aux ressources financières » (LS § 172). Il ne s’agit pas donc d’assistanat mais de permettre l’acquisition d’une autonomie.

De quels gaspillages parle-t-on ?

Compte tenu de l’abondance de ressources dont dispose l’homme, il n’est pas évident que la réduction du gaspillage soit une solution aux pénuries occasionnelles et locales. Lutter contre le gaspillage a un coût et d’autres solutions sont à régler en priorité.
Par exemple, le premier gaspillage de produits alimentaires n’est pas au nord comme on le pense, mais au sud :

  • la faible technicité agricole du Sud conduit à un déficit de lutte contre les mauvaises herbes. Or, « les mauvaises herbes sont l’ennemi naturel numéro un des agriculteurs» [53]. C’est ce que dit Ricardo Labrada-Romero, expert de l’ONU. Les mauvaises herbes sont à l’origine de quelque 95 milliards de dollars de pertes de production vivrière à l’échelle mondiale, correspondant à environ 380 millions de tonnes de blé, soit plus de la moitié de la production mondiale de 2012-13.
  • l’absence d’équipements logistique conduit à la perte de centaines de millions de T. de récoltes, stockées dans des silos impropres à une saine conservation ou transportés dans des camions tout aussi inadaptés. Les dégâts causés par les rats et autres prédateurs bactériens sont très difficiles à chiffrer. Ne parlons pas de récoltes entières bloquées dans des zones inaccessibles pendant certaines saisons.

Le grand gaspillage du nord ne serait-il pas surtout celui des milliers de milliards de dollars gaspillés dans une économie verte peut être fondée sur des faits non avérés ?

La frugalité : une vertu

Certains se posent la question : sommes-nous en train de confondre la "frugalité par précaution" avec une "frugalité par choix" ? La "frugalité par précaution" fait penser à un prêtre appelant à jeûner le vendredi saint pour maigrir, à un conférencier appelant à la frugalité par charité pour les générations futures. Or, économiser des ressources naturelles risque d’être tout aussi inefficace que si nos ancêtres nous avaient gardé des stocks de tourbe. Il serait bien préférable d’investir dans de nouvelles technicités parce que, dit la Doctrine sociale de l'Église, il serait « moralement illicite et économiquement contre-productif de décharger les coûts actuels sur les générations futures » (CDSE § 367). Or toute problématique d’investissement se résout d’autant mieux qu’elle est anticipée.

La "frugalité par précaution" apportera-t-elle des solutions aux problèmes ?
En revanche, une "frugalité par choix" s’impose ; il s’agit de cette vertu qui redonne sa liberté à l’âme et qui signe le combat entre Avoir plus et Être plus. Le gaspillage traduit une défaite de l’unité profonde humaine dans ce combat intérieur.
C’est, dit Laudato si, une vertu qui permet de passer « du gaspillage à la capacité de partager, …apprendre à donner, et non simplement à renoncer. C’est une manière d’aimer, de passer progressivement de ce que je veux à ce dont le monde de Dieu a besoin. C’est la libération de la peur, de l’avidité, de la dépendance » (LS § 9).
L’encyclique explique longuement que cette sobriété peut rendre heureux : « La spiritualité chrétienne propose une autre manière de comprendre la qualité de vie, et encourage un style de vie prophétique et contemplatif, capable d’aider à apprécier profondément les choses sans être obsédé par la consommation. ... L’accumulation constante de possibilités de consommer distrait le cœur et empêche d’évaluer chaque chose et chaque moment. ... La spiritualité chrétienne propose une croissance par la sobriété, et une capacité de jouir avec peu. ... » (LS § 222).
L'Église fait un formidable lien entre frugalité et sens du travail en disant que le gaspillage ferait oublier qu’une « ascèse vigilante » permet de « finaliser le travail humain à la charité, ... [de lui] conférer une spiritualité animatrice et rédemptrice » (CDSE § 266).
La sobriété est un chemin de liberté et de pacification et non pas une peur du lendemain ni une façon de retarder une apocalypse pour la planète. La véritable sobriété, si elle « est vécue avec liberté et de manière consciente, est libératrice » (LS § 223).

Préparation de la liturgie eucharistique proposée pendant le WE

L'Église a une vieille tradition de la messe des Rogations. A l’origine, il s’agissait d’une eucharistie au cours de laquelle était lu l’évangile de St-Jean « demandez ce que vous voudrez et vous l’aurez » (Jn 15,7). Cette célébration avait été instituée par Saint Mamert, évêque de Vienne. Il appelait au jeûne pour tous les malheurs qui  survenaient dans la ville. La fête des Rogations a donc été instituée pour rétablir un ordre menacé. A d’autres périodes, il s’est agi de prier pour l'avènement de conditions météorologiques propices pour les récoltes. Dans notre occident contemporain, comme on l’a vu, l’abondance ferait croire que nous n’avons pas d’autres besoins. 

Nous allons nous réunir en groupe pour réfléchir sur à ce dont nous disposons et ce dont nous avons besoin. Le Paper board, fruit de ces réflexions sera symboliquement apporté à l’autel en guise d’offrande eucharistique

b) Ateliers de réflexion sur l’abondance (60’):

L’objectif est de collecter ce que chacun ressent :
- de quels biens dispose-t-il en abondance ?
- de quels biens a-t-il besoin ?
L’animateur note, au fur et à mesure, les divers points abordés sur un tableau de papier, sous la forme d’une matrice séparée par deux axes :
- Abondance      ↔   Rareté   (en vertical)
- Biens matériel  ↔   Biens immatériels et spirituels  (en horizontal) 

Par exemple :

 

Biens matériels

Biens immatériels et spirituels

Abondance

‐    Ressources alimentaires

‐    Jeux videos, TV

‐    Drogues, pharmacies de confort

‐    surinformation

‐    pornographie,

‐    loisirs, bruits

Rareté

‐    Emploi

‐    Pauvreté dans les pays en voie de développement

‐     

‐    Défense de la vie

‐    Souci du bien commun

‐    Aide humanitaire

‐    Beauté et vérité, silence

‐    Temps de prière, de retraites, ou de liturgie

Dans cette perspective, une réflexion pourra être engagée entre :
-  certains objets matériels produits par la technique qui peuvent ne pas être neutres « parce qu’ils créent un cadre qui finit par conditionner les styles de vie » (LS § 107)
- et d’autres qui, grâce à « la technologie [ont] porté remède à d’innombrables maux qui nuisaient à l’être humain et le limitaient » (LS § 102).

Ceux qui voudront amener le fruit de leur travail, en symbole matériel de l’abondance dont ils bénéficient, pourront le faire pendant la profession des offrandes.
Ceux qui souffrent de besoins, pourront le formuler sous forme de prière universelle sur des papiers dont 6 seront tirées au hasard pour être lues.

WE.4- Louange- Messe des Rogations

  • Cantique d’entrée « C’est toi qui nous appelle »
  • Textes : Genèse Création, St-Paul : Romains (8,19-27),
  • Évangile : (Math 6, 28-33) « Regardez les oiseaux du ciel: ils ne sèment ni ne moissonnent… et votre Père céleste les nourritNe vous inquiétez donc pas en disant: « Qu’allons-nous manger? Qu’allons-nous boire? De quoi allons-nous nous vêtir? »… Votre Père céleste sait bien que vous avez besoin de toutes ces choses. Cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice et tout cela vous sera donné par surcroît ». 
  • Homélie sur le thème de l’abondance. De la priorité à chercher le royaume de Justice. La justice commence par la conversion du cœur. Les structures de péché sont des boucs émissaires oubliant que nous sommes complices de ces structures et que le péché nous traverse. Cultiver le jardin c’est cultiver son jardin intérieur.
  • Prière universelle : refrain « donne à ton peuple ce qui lui manque » (sens de la vie, goût du travail, optimisme et espérance, sens du bien commun, …)
  • Offertoire - procession d’offrande de ce que nous avons en abondance (fruits, légumes, objets d’artisanats, ordinateurs utilisés au service d’un travail, pansements, médicaments, …)
  • Chant de communion « Ne crains pas, je suis ton Dieu »
  • Chant de sortie : louange :
  • https://www.bayardmusique.com/album/1569/chantons-en-eglise-laudato-si-21-chants-pour-la-creation-collectif

 

Séance 5- Je crois en JC qui reviendra juger vivants et morts ; j’attends la vie à venir.

« Entr’acte sous le figuier »©  - « Vous verrez le ciel ouvert, et les anges de Dieu monter et descendre au-dessus du Fils de l’homme.» (Jn 1,51).  
Soyons ouvert à la vie à venir

5.1- Le mal est vaincu

Les séances précédentes ont fait ressortir une tension entre un vague désir de retour au paradis perdu et l’attente d’une terre nouvelle. Mais Adam a été chassé du Paradis, et deux chérubins barraient le chemin du retour : « Dieu bannit Adam ; il l'établit à l'opposé du paradis de délices, et il plaça des chérubins, armés d'épées flamboyantes qu'ils faisaient tournoyer, pour garder le chemin de l'arbre de vie » (Gen 3, 24).
Ces deux Chérubins, gardiens du chemin de l’arbre de vie, sont de puissants animaux mythiques constitués des attributs des 4 évangélistes (avec une tête d’homme sur un corps avant de taureau et un arrière train de lion, le tout magnifiquement ailé). Ils montrent la route à suivre, car le nouvel arbre de vie, c’est la croix du Christ.
Et, de fait, le Christ ressuscité a vaincu la mort et le mal dès le jour de Pâques.
Regardons ensemble dans l’épître aux Colossiens : la merveilleuse nouvelle, qu’est la victoire du bien sur le mal. « [Dieu] nous a arrachés à l’empire des ténèbres et nous a transférés dans le Royaume de Son Fils bien-aimé » (Col 1, 13).
Une fois transférés, nous sommes capables de nous soustraire au contrôle de l'ennemi. Jésus règne ! Nous sommes maintenant sous l'autorité de Jésus-Christ. Désormais nous n’avons plus à écouter la voix de l'ennemi, parce que nous ne sommes plus sous son autorité. Comme lorsqu’un joueur de football est transféré d’un club à l’autre. Son ancien entraîneur n’a plus d’autorité sur lui. Nous aussi avons été transférés. Paul écrit dans : « Il a dépouillé les dominations et les autorités, et les a livrées publiquement en spectacle, en triomphant d'elles par la croix. » (Col 2, 15). Satan est un ennemi vaincu.

Mais comment cela est-il possible ? Concrètement, on a le sentiment que le mal est toujours présent dans le monde.
Nous vivons entre la croix et la deuxième venue de Jésus. Satan a été désarmé et vaincu sur la croix, mais tente toujours de faire des dégâts.
C’est un peu comme entre le Débarquement, qui fut l’acte décisif dans la Seconde guerre mondiale, le 6 juin 1944, et le jour de la victoire, le 8 mai 1945, le jour où la guerre fut terminée grâce au débarquement, où la guerre fut véritablement gagnée. Les opérations de nettoyage ont continué pendant presque une année. Et là, c’est la même chose, la croix c’est le moment où l'ennemi a été vaincu. Maintenant nous sommes dans la période des opérations de nettoyage, où Satan a perdu, mais il s’énerve parce que le temps lui manque.
En attendant la paix finale, nous ne devons rester un peu comme les apôtres après l’ascension à qui l’ange leur avait dit : « Pourquoi vous tenez-vous là, regardant vers le ciel » (Ac 1,11).
Au contraire, le catéchisme nous dit que « l’attente de la terre nouvelle, loin d’affaiblir en nous le souci de cultiver cette terre, doit plutôt le réveiller » (CEC § 1049).

5.2- Quels fruits retrouverons-nous dans le royaume ?

Le concile nous explique que tous les « fruits de notre nature et de notre industrie que nous aurons propagés sur terre, […] nous les retrouverons plus tard, mais purifiés de toute souillure, illuminés, transfigurés, lorsque le Christ remettra à son père un royaume éternel et universel : royaume de vérité et de vie, royaume de sainteté et de grâce, royaume de justice et de paix »[54].
À nous, donc, de travailler à ce royaume de sainteté et de grâce, de justice et de paix en attendant que le Christ revienne pour le transformer en cette Terre Nouvelle qui nous est promise.
C’est donc sur cela que nous serons jugés. C’est tout l’esprit de la parabole des talents : « celui qui avait reçu les cinq talents alla les faire valoir et en gagna cinq autres. De même, celui des deux en gagna deux autres. Celui qui avait reçu un talent s’en alla creuser la terre et cacha l’argent de son maître » (Mt 25, 16-18).
Le Christ qualifie les premiers de bons et fidèles. En revanche, il qualifie celui qui a enterré son talent de mauvais et paresseux. Ce qui est condamnable, c’est d’enterrer, car la mise en terre est synonyme de mort. Imaginons que celui qui n’avait qu’un talent ait cherché à le faire fructifier en achetant un œuf et en allant ensuite l’enterrer, idée peut-être saugrenue ! Cet homme n’aurait probablement pas été condamné car il aurait tenté quelque chose. Ce qui est bon, c’est de faire fructifier.

Que faire ? Sans entrer dans les détails politiques ou écologiques qui ne sont pas de la compétence de l'Église, résumons ce que nous dit Laudato si : entre la résurrection du Christ le jour de Pâques, le temps de son retour, « nous nous unissons pour prendre en charge cette maison qui nous a été confiée, en sachant que tout ce qui est bon en elle sera assumé dans la fête céleste. Ensemble, avec toutes les créatures, nous marchons sur cette terre en cherchant Dieu » (LS § 244). 

C’est dans ce contexte que Laudato si évoque sans cesse l’option préférentielle que nous devons aux pauvres. Le mot pauvre, pauvreté, est prononcé  65 fois !
Il est exact, comme le dit l’encyclique que « la détérioration de l’environnement et celle de la société affectent d’une manière spéciale les plus faibles de la planète: "Tant l’expérience commune de la vie ordinaire que l’investigation scientifique démontrent que ce sont les pauvres qui souffrent davantage des plus graves effets de toutes les agressions environnementales" » (LS § 48).

5.3- La vie à venir : Être Dieu, une nouvelle façon d’être homme

Le destin de l’homme est non seulement d’être immortel, mais bel et bien, par grâce, d’être divinisé. Benoît XVI dit que l’incarnation du verbe, « inaugure une nouvelle façon d’être homme »[55] . C’est ce que Ysabel de Andia appelle le « principe de progrès » par lequel Dieu voulait, dès la création, une progression de l’homme « jusqu’à être proclamé Dieu, c’est-à-dire divinisé, et l’élévation d’Adam du paradis au ciel. Le paradis est un stade intermédiaire entre les deux »[56].
Ce dessein voulu par Dieu est affirmé par le Christ lui-même : « Vous êtes des dieux » (Jean 10, 34 en référence au psaume 82).
Le concile explique que l'Église incarne dès aujourd’hui, cette réalité dans laquelle toute la création sera renouvelée : « L’Église… n’aura que dans la gloire céleste sa consommation, lorsque viendra le temps où sont renouvelées toutes choses et que, avec le genre humain, tout l’univers lui-même, intimement uni avec l’homme et atteignant par lui sa destinée, trouvera dans le Christ sa définitive perfection » (Lumen Gentium § 48).
Cette perfection -c’est l’espérance du chrétien- sera source d’émerveillement, de plénitude et de bonheur : « A la fin, nous nous trouverons face à face avec la beauté infinie de Dieu (cf. 1 Co 13, 12) et nous pourrons lire, avec une heureuse admiration, le mystère de l’univers qui participera avec nous à la plénitude sans fin…. La vie éternelle sera un émerveillement partagé, où chaque créature, transformée d’une manière lumineuse, occupera sa place et aura quelque chose à apporter aux pauvres définitivement libérés » (LS § 243). 

 

Séance 6- Je crois en l’esprit saint et en l’église catholique et apostolique

« Entr’acte sous le figuier »©  - « Philippe dit à Nathanaël : c’est Jésus fils de Joseph, de Nazareth.» (Jn 1,45).
Écoutons l'Église des apôtres qui nous annonce Jésus

6.1- L’esprit saint : croire avant de comprendre !

Saint Paul écrivait au Corinthiens que « nul ne connaît ce qui concerne Dieu, sinon l’Esprit de Dieu »  (1 Co 2, 11).
C’est Lui qui nous donne d’entrevoir en profondeur ce que signifie Laudato si quand il y est écrit que toute créature est trinitaire. C’est Lui qui nous permet de comprendre ce que Jésus veut dire quand il nous dit : « vous serez des dieux ».  C’est l’Esprit de Dieu, l’Esprit Saint, qui nous fait connaître Jésus, jusqu’à ce que nous devenions habités par une présence.
C’est également l’Esprit de Dieu qui nous accorde une joie et une paix profonde, même au milieu des angoisses qui peuvent nous saisir à l’écoute de certains discours écologiques : « Que nos luttes et notre préoccupation pour cette planète ne nous enlèvent pas la joie de l’espérance » (LS § 244).
C’est l’esprit qui nous accorde ses dons, chacun à notre place, pour savoir que faire. A chacun de discerner ce que  l’Esprit a surtout déployé comme don en lui :

  • des dons de sagesse, par exemple comme commentateur, pour voir ce qui ressort des « luttes idéologiques [qui] ne manquent pas » (LS § 201) et discerner ce qui relève de la réalité des enjeux.
  • des dons d’intelligence, par exemple comme agent économique pour avoir «  la préoccupation pour la nature, la justice envers les pauvres, l’engagement pour la société et la paix intérieure » (LS § 10), sans pour autant, utiliser des éléments de langage trompeurs pour les consommateurs.
  • des dons de conseil, par exemple comme éducateur, pour apprendre à des étudiants à prendre du recul par rapport aux consensus ambiants et à « avoir un jugement équilibré et prudent sur les diverses questions, en prenant en compte tous les paramètres pertinents » (LS § 135).
  • des dons de force, par exemple dans les familles, pour être des témoins du respect de la dignité humaine sans laquelle aucune écologie intégrale n’est C’est dans la famille qu’il faut avoir la force de témoigner de l’incompatibilité qu’il y a dans « la défense de la nature ...et la justification de l’avortement» (§ 120)
  • des dons de science, comme chercheur, en acceptant les confrontations contradictoires, « honnêtes et transparentes » (LS § 188).
  • des dons de piété, comme membre d’une association caritative, en luttant concrètement sur le terrain dans « une approche intégrale pour combattre la pauvreté, pour rendre la dignité aux exclus » (LS § 139), en veillant à ne pas se limiter à l’assistanat, mais en cherchant toujours à reconstituer du lien social.
  • des dons de crainte de Dieu, en particulier comme pasteur ou laïc engagé dans l'Église, en cultivant la vertu d’espérance pour « que notre préoccupation pour cette planète ne nous enlève pas la joie de l’espérance » (LS § 244).

L’Esprit Saint n’est jamais éloigné de notre quotidien. Par exemple, il peut nous arriver d’être pris au dépourvu dans une conversation inattendue. Soudainement une réponse nous surprend presque : c’est l’Esprit Saint qui nous a assisté pour parler « en vérité ».
Finalement, nous ne pourrons jamais saisir ce qu'est le christianisme si l'Esprit Saint ne nous éclaire pas. Nous y voyons assez clair pour faire un pas dans la foi, par exemple en nous inspirant pour comprendre le « livre unique de la nature ». Mais un pas dans la foi n'est pas un saut aveugle dans la foi.
Or, souvent la véritable compréhension ne vient qu'avec la foi. Anselme de Canterbury avait raison de dire de manière très lapidaire : « Je crois, afin de pouvoir comprendre ». Il nous faut d'abord croire et accueillir l'Esprit Saint pour être capable de comprendre vraiment ce que Dieu nous a révélé.
C’est pour cela qu’il faut être capable de faire un acte de foi. C’est le premier pas.
Même si après avoir fait un « acte de foi », nous nous sentons mal à l’aise face aux fautes que nous pouvons commettre, c’est l’Esprit Saint qui veillera sur nous : «  Dieu, qui veut agir avec nous …, est aussi capable de tirer quelque chose de bon du mal que nous commettons, parce que l’Esprit Saint possède une imagination infinie, propre à l’Esprit divin, qui sait prévoir et résoudre les problèmes des affaires humaines, même les plus complexes et les plus impénétrables » (LS § 80).
N’ayons pas peur de proclamer un acte de foi, même sans tout comprendre. L’esprit Saint, avec l’aide de l'Église, agira en nous.

6.2- L'Église est catholique et apostolique

L'Église est catholique « parce qu’elle est envoyée en mission par le Christ à l’universalité du genre humain »[57]. Et elle est apostolique parce qu’« elle garde et transmet, avec l’aide de l’Esprit qui habite en elle, l’enseignement le bon dépôt, les saines paroles entendues des apôtres » [58].  
La mission de l'Église est sacerdotale, prophétique et royale.
Que veulent dire ces trois mots compliqués :

  • « Sacerdotale » c'est-à-dire que l’Église a la même mission que le Christ lui-même, d’être l’intermédiaire entre Dieu et l’humanité, en particulier en faisant participer l’humanité aux sacrements permettant à Dieu d’agir.
  • « Prophétique», c'est-à-dire que sa mission est d’être au service de la vérité divine et d’en chercher la compréhension la plus exacte, de manière à la rendre plus accessible à tous, dans toute sa force, sa splendeur, sa profondeur et en même temps dans sa simplicité. C’est pourquoi, seule l'Église est « juge du sens et de l’interprétation véritable des Écritures »[59].
  • « Royale» c'est-à-dire qu’elle nous permet de participer à cette unique et irréversible restitution de l'homme et du monde au Père à la fin des temps.

6.3- La doctrine sociale de l'Église dans « Laudato si »

C’est à la fois dans le double souci d’être au service de la vérité et d’aider l’humanité à participer, au quotidien, à la construction du royaume, que l'Église a élaboré, au fil des siècles, une véritable doctrine sociale.
Elle utilise à cette fin quelques « principes » qui sont rappelés dans Laudato si. Les principaux sont les suivants :

a) Principe de dignité humaine

Laudato si définit parfaitement en quoi se fonde le principe de dignité de l’homme : « La Bible enseigne que chaque être humain est créé par amour, à l’image et à la ressemblance de Dieu (cf. Gn 1, 26). Cette affirmation nous montre la très grande dignité de toute personne humaine, qui n’est pas seulement quelque chose, mais quelqu’un » (LS § 65).
La dignité d'un individu ne se mesure pas à la quantité de ses « avoirs » qu’il s’agisse de position sociale, ou de capacités physiques ou biologiques. La dignité trouve sa source simplement  dans le seul fait d'être un « être » humain. La personne âgée perdrait-elle sa dignité parce qu’elle est dépendante, handicapée, dans le coma, ou même simplement parce que ses enfants ne portent sur elle aucun projet filial ? Peut-on nier, de la même manière qu’un embryon n'aurait pas de dignité parce qu’il est dépendant de l’utérus auquel il est accroché, ou simplement parce que ses parents n’ont aucun projet parental sur lui ? Pourquoi, demain, ne pas retirer sa dignité à un SDF parce qu'il n'aurait pas de projet fraternel porté par ses frères en humanité ? Doit-on retirer sa dignité à l'embryon parce qu'il n'a pas de futur, et à la personne âgée qui n'a plus que son passé ? 
Laudato si est très clair à ce sujet : « Le riche et le pauvre ont une égale dignité parce que le Seigneur les a faits tous les deux » (LS § 94). Il faut donc reconnaître une « immense dignité du pauvre à la lumière des convictions de foi les plus profondes » (LS § 158).

b) Principe de la destination universelle des biens

Ces biens répondent à des besoins indispensables pour vivre et survivre. Leur modalité d'accès et de consommation peuvent se discuter et varier selon les circonstances. Ils sont pluriels comme un logement, l’alimentation, les soins. Leur accès peut s’acheter, comme l’eau, ou non, comme l’air. Ils sont fondés sur les inclinations universelles que chaque homme possède de vouloir vivre. A ce titre, leur satisfaction doit faire l'objet d'une option préférentielle de la part des gouvernants.
Laudato si en donne quelques exemples : « l’accès à l’eau, potable et sûre, est un droit humain primordial, fondamental et universel, parce qu’il détermine la survie des personnes » (LS § 30).
Il l’évoque également en rappelant qu’il existe un principe de dépendance « de la propriété privée à la destination universelle des biens et, par conséquent, le droit universel à leur usage, est une “règle d’or” du comportement social, et « le premier principe de tout l’ordre éthico-social » (LS § 93). Autrement dit, une société est injuste à chaque fois que son organisation ne permet pas à chacun d’acquérir ces besoins élémentaires à un prix raisonnable accessible par les fruits de son travail.

c) Principe du bien commun

Il est une priorité car toute la société en bénéficie. Il ne se consomme pas. Il ne se négocie pas mais se construit en communauté, car il se définit comme « la dimension sociale et communautaire du bien moral »[60]. Ce n’est pas un bien, mais le bien.
Il est fondé sur les inclinations altruistes de chaque membre de la société.
Attention aux imitations : l' "intérêt général" n'est que l’addition de diverses mesures destinées à satisfaire le maximum d'inclinations individualistes : « Le bien commun ne consiste pas dans la simple somme des biens particuliers de chaque sujet du corps social » [61].
S'il manque une dimension du bien commun, il faut l'ajouter. Le "bien commun" ne relève pas de l'addition mais de la multiplication de plusieurs facteurs : si l'un est nul parce qu’ignoré, c'est l'ensemble qui devient nul et c’est tout le bien commun qu’il faut alors reconstruire.
C’est dans ce sens qu’on peut comprendre Laudato si : « L’écologie intégrale est inséparable de la notion de bien commun, un principe qui joue un rôle central et unificateur dans l’éthique sociale. C’est l’ensemble des conditions sociales qui permettent, tant aux groupes qu’à chacun de leurs membres, d’atteindre leur perfection d’une façon plus totale et plus aisée » (LS § 156).
Laudato si explique très bien que le bien commun présuppose le respect de la personne humaine, le bien être social, la défense de la famille, la paix sociale (LS § 157).

d) Les biens supérieurs de Vérité, de liberté, de beauté, de spiritualité

Leur accès est un objectif absolu qui garantie le développement intégral de chacun. 
Il n'appartient pas à la loi civile de définir ce que sont Vérité, Liberté, Altérité, Beauté ou Spiritualité. En revanche, ces valeurs supérieures seront garantes d'un développement intégral de l'homme. Il est indispensable qu’il y ait des hommes politiques fortement interpellés pour justifier des projets de lois symboliques assis sur ces concepts solides.

e) Principe de subsidiarité

C’est un principe constant de la doctrine sociale de l’Église qui préside à toute organisation humaine mais qui prend un sens particulièrement essentiel dès lors qu’on envisage une autorité supérieure. Le mot subsidiarité est un mot compliqué qui vient du latin subsidium, signifiant soutien et aide.
Jean-Paul II avait précisé le concept central de la subsidiarité : « Le principe de subsidiarité […] exige qu’une communauté d’un ordre supérieur ne doit pas interférer dans la vie interne d’une communauté d’un ordre inférieur, privant cette dernière de ses fonctions légitimes. Au contraire, l’ordre supérieur devrait soutenir l’ordre inférieur et l’aider à coordonner son activité avec celle du reste de la société, en ayant toujours à cœur de servir le bien commun »[62].
Toute autorité doit donc prendre « soin de la famille, des groupes, des associations, des réalités territoriales locales, bref de toutes les expressions associatives de type économique, social, culturel, sportif, récréatif, professionnel, politique, auxquelles les personnes donnent spontanément vie et qui rendent possible leur croissance sociale effective » [63].
C’est un principe rappelé dans Laudato si : « le principe de subsidiarité donne la liberté au développement des capacités présentes à tous les niveaux, mais exige en même temps plus de responsabilité pour le bien commun de la part de celui qui détient plus de pouvoir » (LS § 196). Quand il y a urgence, la tentation est grande pour un pouvoir d’avoir recours à la suppléance. Mais l’Église dit solennellement que ce sont des situations d’exception : « Cette suppléance institutionnelle ne doit pas se prolonger ni s’étendre au delà du strict nécessaire, à partir du moment où elle ne trouve sa justification que dans le caractère d’exception de la situation »[64]. Reste à toujours avoir recours à des débats « honnêtes et transparents » (LS § 188), pour juger de l’urgence d’une situation. 

 

Séance 7- Je crois en l’Église, une et sainte

« Entr’acte sous le figuier »©  - « Rabbi, tu es le Fils de Dieu ! » (Jn 1,49).
Dans les sacrements, reconnaissons le Fils de Dieu vivant.

7.1- L'Église est sainte, par nature

Comme on l’a vu dès la 1ère séance, la logique de l’amour trinitaire des trois personnes divines relève d’un véritable « unisson », d’une totale unité entre les personnes, mot qui se traduit en grec par le mot « ekklisía ». C’est l’origine du mot chrétien « Église ». La Trinité est, en quelque sorte l'Église d’origine, qui a vocation à devenir l’épouse même de Dieu, incluant toute l’humanité.
L’Église est donc sainte par nature.
Le concile Vatican 2 explique bien que l'Église a été « annoncée en figure dès l’origine du monde »[65]. Le philosophe Etienne Gilson dit que, d’une certaine manière, c’est « dans le paradis, qu’a été posé le commencement de l’Église, puisque l’homme aimait comme il était aimé et il connaissait comme il était connu »[66]. De cette manière, le paradis devient l’image, voire le synonyme, de la béatitude ultime à laquelle l’homme est appelé.
Toute la création a sa place dans ce projet ultime. Le théologien orthodoxe, Olivier Clément allait jusqu’à dire qu’« il n’y a pas un brin d’herbe qui ne pousse dans l’Église, pas une constellation qui ne gravite en elle. Toute quête de vérité, de justice de beauté se fait en elle… »[67].
L'Église a donc une dimension cosmique par nature. Comment le Christ aurait-il pu entrer dans la matière sans que toute la matière cosmique n’en soit transformée ?
Saint Hippolyte fait le même parallèle entre l'Église et le paradis : « Il coule dans ce jardin un fleuve d’une eau intarissable. Quatre fleuves en découlent, arrosant toute la terre. Il en est de même dans l’Église : le Christ, qui est le fleuve, est annoncé dans le monde entier par le quadruple évangile. Il arrose toute la terre et sanctifie tous ceux qui croient en lui, selon la parole du prophète[68]: Des fleuves sortent de son corps”(Jn 7,38). Dans le paradis se trouvaient l’arbre de la connaissance et l’arbre de la vie, de même aujourd’hui deux arbres sont plantés dans l’Église : la Loi et le Verbe. Car par la loi vient la connaissance du péché, mais par le Verbe est donnée la vie et accordé le pardon des péchés. Autrefois Adam, pour avoir désobéi à Dieu et goûté l’arbre de la connaissance, fut chassé du paradis »[69].

Ainsi, consécutivement au péché, l'Église devient une réalité à atteindre. L’Église de la grâce et de la gloire originelle n’a pas été suspendue dans l’air.
Dès lors, l’Église doit, un peu comme le christ lui-même, s’incarner dans le monde naturel. Le théologien Karl Rahner explique cela : « l’Église existait depuis toujours, voire depuis l’éternité, en tant qu’unie dans le Christ et que cette existence devient historique et visible par l’incarnation du Verbe divin »[70]

7.2- L’Église est une, à la fois visible et invisible

C’est ce qui explique que l’Église, étant véritablement le corps mystique du Christ, possède, comme son Chef « deux faces » : une visible, l’autre invisible. Dieu s’appuie sur son église pour l’amener à son achèvement invisible.
L’Église visible est issue du côté du Christ[71], comme Ève née d’Adam pendant son sommeil[72].
On pourrait dire que, dans  l'Église, s’entrelacent, comme la confluence de deux fleuves,  à la fois la vie humaine des créatures visibles et la vie invisible de Dieu Créateur. L'Église est donc l’interpénétration de deux vies (incréée et créée), comme celles des deux natures du Christ (divine et humaine).

L'Église est un double sacrement au sens où un sacrement est un acte symbolique destiné à la sanctification des hommes.
- Dans sa nature visible, l’Église est "sacrement du Christ" ressuscité présent et agissant encore aujourd’hui dans le monde. En elle, la vie divine se manifeste dans la vie créée.
- Dans sa nature invisible, L'Église est "sacrement du salut". Elle révèle la « Jérusalem céleste » en  s’identifiant, dans sa plénitude, au Royaume de Dieu.

Depuis le jour de la Pentecôte, jour J de la création de l'Église visible, elle est sainte par nature, malgré le péché des hommes.

7.3- Les sacrements : baptême et eucharistie

Ce merveilleux mystère de l'Église montre que notre destinée est bien l'Église éternelle. C’est la raison pour laquelle saint Jean Chrysostome y attachait tant d’importance et nous a fait cette recommandation pour ici-bas : « Ne vous séparez pas de l'Église, car l'Église a une puissance sans égale. Votre espérance c'est l'Église; votre salut, l'Église; votre refuge, l'Église. Elle s'élève plus haut que le ciel, elle s'étend plus au large que la terre »[73].
C’est grâce aux sacrements de l'Église que nous avons accès à l’immortalité : dans le jardin d’Éden l’homme prolongeait sa vie en mangeant le fruit de l’arbre de vie. Il « devenait » petit à petit immortel. Dans l’Église visible, le baptême et l’eucharistie font de même. Ils communiquent à l’homme l’immortalité, non pour qu’il ne puisse plus mourir, mais pour qu’il puisse ressusciter.

De la même manière, on peut faire un parallèle à propos de l’Eucharistie : L'Église est le  « jardin spirituel de Dieu, …dont le Christ en est le fleuve »[74], disait Saint Hippolyte. La Croix est le nouvel arbre de vie au centre de ce jardin qu’est l’Église. L’Eucharistie en est le fruit, antidote du fruit défendu.

Le baptême

L'Église, par la liturgie du baptême, nous offre une seconde création. L’évêque Chromace en parle dans une de ses homélies sur le baptême : « Comme notre première création fut l'œuvre de la Trinité, ainsi notre seconde création est, elle aussi, l'œuvre de la Trinité »[75]. L'Église devient ainsi notre seconde mère.
Le baptême est une nouvelle naissance, la participation à la mort et à la résurrection du Christ. Par le baptême, le « vieil homme » du vieil Adam qui est en nous, meurt pour « revêtir le Christ », présenté par saint Paul comme le nouvel Adam. Le baptême est passage de la filiation en Adam à la filiation adoptive en Christ[76]. Le rituel maronite du baptême intègre une prière évoquant cette image : « Toi qui façonnes l’enfant dès sa conception dans le sein de sa mère, un enfant créé à l’image d’Adam corrompu par le péché, tu as voulu qu’en recevant le sacrement du Baptême, par une nouvelle naissance spirituelle, il devienne une créature nouvelle purifiée par l’eau et l’Esprit »[77].
Dans la tradition du baptême orthodoxe, le prêtre souffle trois fois sur la bouche, le front et la poitrine du baptisé. Le rituel du soufflement[78] est interprété, d’un côté, comme l’équivalent de l’acte par lequel le Dieu Créateur inspire l’âme à Adam (Gen 2, 7) et, en même temps, il rappelle symboliquement le futur salut au sens de l’évangile selon saint Marc où le ciel s’ouvre de cette manière : (Mc 7, 33–34)[79].

L’eucharistie

Les deux sacrements du baptême et de l’eucharistie sont les principaux signes visibles de cette mystérieuse relation entre Dieu et les hommes :

  • L’Eucharistie est le sacrement de l’Incarnation :
  • Le verbe de Dieu, vrai homme, nait d’une vierge
  • et les hommes, par le baptême, naissent à la vie spirituelle de fils de Dieu.
  • L’Eucharistie est le sacrement de la Vérité:

Dieu « se fait nourriture pour l’homme assoiffé de Vérité »[80].

  • Pour cela, le Christ fait l’offrande complète de sa vie divine
  • et les hommes en font mémoire en faisant l’offrande de leur vie, aussi imparfaite soit-elle.
  • L’Eucharistie est le sacrement de l’Unité:

« Le sacrement de l’Eucharistie est l’unité des fidèles dans la communion ecclésiale […]. L’unicité et l’indivisibilité du Corps eucharistique du Seigneur impliquent l’unicité de son Corps mystique, qui est l’Église une et indivisible »[81]. C’est cette union mystique qui permet au Christ de faire définitivement barrage au mal. La présence réelle eucharistique est le mystère de l’expérience de l’union,

  • du corps du Christ,
  • avec les membres du corps du Christ que nous sommes.

Cette union réelle et terrestre, préfigure l’union éternelle entre

  • Dieu fait homme,
  • et l’homme devenu dieu (saint Irénée).

C’est ce que préfigure le prêtre, lorsqu’il verse le vin et un peu d’eau dans le calice, avec cette prière : « Comme cette eau se mêle au vin pour le sacrement de l’Alliance, puissions-nous être unis à la divinité de Celui qui a pris notre humanité ».

  • L’Eucharistie est le sacrement de la Charité:
  • Le Christ, fait don de Sa vie sur la Croix pour les hommes
  • Et chaque homme meurt à lui-même en se donnant aux autres.

Sans cette communion à nos frères, le mystère de la présence réelle du Christ dans l’Eucharistie perdrait son sens plénier.
Dans l’Eucharistie, nous nous faisons pain rompu pour les autres[82]. Nous les reconnaissons comme des frères pour lesquels le Seigneur a donné sa vie en les aimant « jusqu’à la fin » (Jn 13,1). Nos frères, dans l’Eucharistie, sont un don pour nous, et nous-mêmes sommes dons pour nos frères. Dans l’Eucharistie, nous nous nourrissons les uns les autres, tout imparfaits que nous soyons. Il ne faut pas tant se préoccuper de la pureté des espèces offertes, constituées de pain et de vin. L’important est notre propre pureté, signe vivant et réel de nous-mêmes, même si nous nous reconnaissons comme des personnes blessées ? Le Christ, Lui-même, vrai homme quand il meurt sur la Croix, est un homme blessé et son corps est celui d’une humanité humiliée et abandonnée ! Quand le prêtre redit les paroles du Christ « Faites ceci en mémoire de moi », on pourrait dire à son voisin : « Ce pain et ce vin, c’est ma vie, prenez, mangez, buvez » !
Ainsi, en se donnant aux autres dans l’Eucharistie, chaque homme devient ce que le père J.M Martin appelle un « homme eucharistique »[83] au sens où c’est notre vie rompue qui est partagée comme le pain. C’est à la « fraction du pain », le sien et le nôtre, qu'on reconnaîtra le Christ vivant

Le baptême n’est pas un passage pour avoir un « droit à l’eucharistie », celui de recevoir le Christ.
Le baptême nous permet d’avoir accès à une nouvelle vie pendant laquelle, grâce au « devoir eucharistie », nous pourrons nous fractionner nous-mêmes. On devient chrétien (Christ !) par le baptême et la pratique conjointe de ce geste du fractionnement.


[1] Cette méditation est inspirée de Jeanne Mendras, consacrée de Regnum Christi

[2] Gaudium et Spes § 4.1

[3] Gaudium et Spes § 4.1

[4] D’après Saint Jean de la Croix: Œuvres complètes, Cerf, 2004, p.157 à 165.

[5] Romance 4 de Saint Jean de la Croix: Œuvres complètes, Cerf, 2004, p.157 à 165.

[6] Ibid,  Saint Jean de la Croix, Romance 4

[7] Glossaire de l'Église Catholique en France sur le site Église catholique en France

[8] Audience de Jean-Paul II du 25 juin 1980

[9] Traductions de la Genèse à partir de la Septante (https://theotex.org/septuaginta/genese/genese_2.html)

[10] Catéchisme de l'Église Catholique (§ 374 à 376)

[11] Père Urfels (Bernardins) ou Mgr Léonard (primat de Belgique)

[12] « L’Égypte intérieure ou les dix plaies de l’âme » de Annick de Souzenelle, 1997, Albin Michel, p. 132 

[13] Christophe Boureux, o.p., in « Penser l’écologie dans la tradition catholique », (Labor et Fides, oct. 2018, ch 18, p. 333)

[14] Conformément aux grammaires sémitiques, être = être comme, principe de l’analogie et de l’interdit de nommer et de représenter. (http://ddata.over-blog.com/1/89/26/26/La-mere--la-mere-eglise--les-juifs--2008.pdf, p . 184)

[15] Georg Wilhelm Friedrich Hegel, Esthétique (1835) I, trad. S. Jankélévitch, ED, Flammarion, coll. " champs" 1979, p. 61

[16] Saint Bonaventure

[17] Catéchisme de l'Église Catholique, § 373

[18] Gaudium et spes, 12 et Catéchisme de l'Église Catholique, titre du 1er chapitre, 1ère Section, 1ère partie

[19] Maurice GII.BERT, S.J., théologien de l’Université catholique de Louvain, « observations exégétiques sur Gn 1, 28 » (p. 730)

[20] Benoît XVI, Homélie de la Pentecôte 2006, Zénit- 5 juin 2006.

[21] Fabien Révol « Penser l’écologie dans la tradition catholique » (Ed. Labor et Fides 2018, § « L’incarnation du Christ », chap. 6, p.120)

[22] Ilia Delio  « A franciscan View of Creation… », St. Bonaventure (NY), Franciscan Institute (The Ft=ranciscan Heritage Series 2), 2003, p. 10

[23] Fabien Révol « Penser l’écologie dans la tradition catholique » (Ibid., p.121)

[24] Fabien Révol « Penser l’écologie dans la tradition catholique » (Ibid., p.120)

[25] Fabien Révol « Penser l’écologie dans la tradition catholique » (Ibid., p.121)

[26] Fabien Révol « Penser l’écologie dans la tradition catholique » (Ibid., p.122)

[27] Fabien Révol « Penser l’écologie dans la tradition catholique » (Ibid., p.123)

[28] Fr. Réginald Garrigou-Lagrange, O.P, site « Salve Regina »

[29] Jean Bastaire « La terre de Gloire » p. 41

[30] Ilia Delio  « A franciscan View of Creation… »,St. Bonaventure (NY), Franciscan Institute (The Franciscan Heritage Series 2), 2003, p. 16

[31] Emilio Brito, « Création et eschatologie chez Schelling », (Laval Théologie et philosophique, n° 42, 2, 1986, p. 257)

[32] Joseph Ratzinger, « Foi chrétienne, hier et aujourd’hui »,Paris 1969,  p. 60, cité par Daniel de Reynal dans « Théologie de la liturgie des heures » (Beauchesne Religions, p. 61)

[33] Concile Vatican 2, « Sacrosanctum Concilium » § 2

[34] Marc 12, 17 ; Matthieu 22,15-22

[35] Gaudium et spes § 43.2

[36] Encyclique Spe salvi § 15

[37] Cardinal Bergolio, « Réflexions sur l’espérance II (1192) », in Espérance ; institutions et politique, I » (Parole et Silence, 2014), p. 55

[38]  Ibid, Cardinal Bergolio, « Réflexions sur l’espérance II (1192) », p. 45

[39] Giec AR5, Chap. 10,  Fig. 10.1, p. 107

[40] IPBES- 25.11.2015-  Principale conclusion 3.4

[41] Giec WGI-AR5-WGI 8.3.1

[42] Source : publication intitulée « The Art and Science of Climate Model Tuning » (L’art et la science du réglage des modèles climatiques) parue le 9 juillet 2016 dans la revue en ligne de l’American Meteorological Society

[43] Rapport WMO 2010, § 2.4.3.2

[44] Giec AR5 GT2, § 2.6.2).

[45] Publication, intitulée « identification du système climatique vs. détection et attribution » et référencée sur le site « ScienceDirect », relue, dans les règles, par les pairs du comité de lecture de Annual Reviews in Control (ARC), une des sept revues scientifiques de l'IFAC, Fédération internationale qui regroupe des milliers d'experts en contrôle, automatique et identification des systèmes complexes.

[46] Ils s’appuient sur ce qu’ils appellent « l’hypothèse d’ergodicité »

[47] Report Graphics- Technical Summary- Box TS.5, fig 1

[48] Si 38, 34

[49] Compendium de la Doctrine Sociale de l’Egise (§ 266)

[50] Jean-Paul II, Encycl. Centesimus annus, 31: AAS 83 (1991) 832.

[51] Jean-Paul II, Encycl. Laborem exercens, 4: AAS 73 (1981) 586

[52] Pape François, Audience générale sur la place Saint-Pierre, 7 novembre 2018

[53] ONU, Les mauvaises herbes, ennemi naturel numéro un, dépêche du Centre d’actualités de l’ONU, 11 août 2009.

[54] Concile Vatican II, Gaudium et spes, l’Église dans le monde de ce temps, op. cit., n° 39.

[55] Joseph Ratzinger, L’enfance de Jésus, op. cit., p. 23.

[56] Ysabel de Andia, Homo Vivens. Incorruptibilité et divinisation de l’homme selon Irénée de Lyon, op. cit., p. 94.

[57] Cf. Mt 28, 19 cité par le Catéchisme de l'Église Catholique § 831

[58] Cf.  Ac 2, 42 et 2 Tm 1, 13-14, cité par le Catéchisme de l'Église Catholique § 857

[59] Dz 3007,  1er  concile du Vatican en 1870 (« Dei filius » Chap 3)

[60] Compendium de la Doctrine sociale de l'Église (§ 164)

[61] Compendium de la Doctrine sociale de l'Église (§ 164)

[62] Jean-Paul II, Centisemus annus, encyclique, à l’occasion du centenaire de Rerum novarum,1 mai 1991, § 48.

[63] Compendium de la Doctrine sociale de l'Église (§ 185).

[64] Compendium de la doctrine sociale de l’Église, (§ 188)

[65] Lumen Gentium 2

[66] Voir E. GILSON, La philosophie de saint Bonaventure, Paris 1924, p. 415-417

[67] Olivier Clément « Sources… »,  page 88

[68] Allusion à « Il arrivera, en ce jour-là, que des eaux vives sortiront de Jérusalem, moitié vers la mer orientale, moitié vers la mer occidentale: il y en aura été comme hiver »( Zac 14,8) et « voici que de l'eau sortait de dessous le seuil du Temple, vers l'orient, car le Temple était tourné vers l'orient. »(Ez 47) 

[69]Saint Hippolyte « Commentaire sur Daniel »  I, 17 : SC 23, 103-107

[70]Cité dans  « L'Église comme nouveau paradis » de Tomasz Nawracala, Université de Fribourg), p. 221

[71] J. Daniélou,  Sacramtetum futuri, p. 40-43 où la corporéité de l’Église est présentée en liaison avec le sommeil d’Adam

[72] Décrets du Concile de Vienne en 1312

[73]  Jean Chrysostome, Œuvres complètes, tome IV, 2ème homélie sur la disgrâce d'Eutrope, Guérin & Cie- éditeurs, 1864,  p. 290

[74] Saint Hippolyte de Rome, Commentaire sur Daniel,   I, 17 : SC 23, 103-107, Paris 1947.

Citation dans « L'Église comme nouveau paradis » de Tomasz Nawracala, (Université de Fribourg,  p.81)

[75] Sermon 18a de Chromace, évêque d'Aquilée au IVe siècle

[76]  Cf. Col 1,13; Rm 8,15; Ga 4,5; Concile de Trente, Session VI, ch. 4, Denx. S 796 (1524)

[77] Paroisse Notre-Dame du Liban, 5, av. du Parc Borély – 13008 Marseille (http://www.maronites.fr/IMG/doc/rituel_du_bapteme.doc)

[78] On pourra évoquer les kit de survie proposé dans le commerce pour les « super parrain et marraine » qu’ils offrent aux parents. Ces kit contiennent une petite fiole de poudre colorée avec une notice : « il suffit de souffler la poudre magique et le bobo disparaît ». Un peu comme le rituel selon la forme extraordinaire, le prêtre, revêtu d’une étole violette souffle trois fois sur le visage de l’enfant et prononce ces paroles : « Sors de cet enfant, esprit impur, et cède la place à l’Esprit-Saint Paraclet ». C’est l’exsufflation.

[79] Dimo Chesmediev et Maria Schnitter : « Le corps baptisé : aspects verbaux et non-verbaux des pratiques religieuses des Slaves orthodoxes », (Revue Noesis, déc. 2017, §12)

[80] Benoît XVI- Sacramentum Caritatis, Exhort. apostolique post Synodale, 22 février 2007, § 2.

[81] Ibid., § 15.

[82]Ibid., § 88.

[83] Jean-Marie Martin, né en 1927, prêtre, théologien et philosophe, donnait des cours à l'Institut Catholique de Paris, auteur de « Résurrection et création »  de la Revue Spiritus (1979, p. 273-281)