"Comme un champ magnétique qui attire et aligne la limaille de fer, une puissante croyance culturelle aligne de multiples sources de biais scientifiques dans la même direction"
(Daniel Sarewitz [1]

La presse s’en est fait largement l’écho : L’humanité aurait commencé, le 28 juillet, à consommer 70% d’une seconde planète qui serait, parait-il, nécessaire à l’humanité pour survivre durablement !
Dit autrement, l’humanité aurait besoin de 1,7 planète pour vivre !
Que diable ! Mais, comment fait-on le calcul des besoins de l’humanité ?
Cet indicateur a été élaboré par Mathis Wackernagel, président de Global Footprint Network et par William Rees, son ancien professeur. Tous les deux ont développé le concept d’empreinte écologique, Footprint en  anglais. L’indicateur du « jour du dépassement » calcule le rapport entre ce que les auteurs appellent la capacité biologique de la planète avec la dite « empreinte écologique » de l’humanité. Ces deux quantités seraient, disent les auteurs, évaluées en « hectares globaux ». Une date étant plus évocatrice que le pourcentage de ce rapport, Mathis Wackernagel a imaginé de l’appliquer au nombre de jours d’une année. En 2022, ce prétendu jour du dépassement tombe le 28 juillet !
Mais ce raisonnement, apparemment simple, ne dit rien du concept d’« hectares globaux ».

Source: LSDJ

Les auteurs parlent de coefficient d’équivalence pour pouvoir additionner, par exemple des hectares de terre arables sur lesquelles l’homme produit du blé et des hectares d’océans dans lesquels il prélève des sardines. Un agronome est en droit de s’interroger sur la pertinence de ces coefficients, dont l’origine reste, au demeurant, totalement opaque. A ces « hectares globaux » sont ajoutés des « sols énergétiques » que leurs auteurs appellent des  « hectares fictifs » permettant d’absorber le CO2 provenant de la combustion d’énergie fossile.  
Ce concept de jour du dépassement souffre d’un amalgame et d’une lacune grave.

Un amalgame qui consiste à mesurer en fait simplement les émissions de gaz à effet de serre.

Les « surfaces fictives » sont en effet fondées sur l’idée que les travaux du Giec seraient un acquit de la science et qu’il faudrait planter des forêts pour stocker le CO2 émis à partir des ressources fossiles. Or, on sait que les modèles du Giec ne retiennent que 150 ans d’observations climatiques. Ces modèles ne prennent pas en compte les variations de l’activité magnétique du soleil qui ont un impact sur les quantités de rayons cosmiques atteignant notre planète et contribuant à la formation des nuages. Ces impacts sont cycliques et expliquent les périodes chaudes romaines, médiévales et contemporaines. Les surfaces de sols énergétiques représenteraient 52 % du total ce qui est à la fois considérable et déconnecté du réel. Curieusement, l’énergie nucléaire est incluse dans l’empreinte énergie et comptabilisée comme équivalente à la combustion fossile. « Convention très discutable », commentent laconiquement les auteurs ! Il ne faut donc pas s’étonner que la planète supplémentaire, dont l’humanité aurait besoin, soit une planète de forêts considérée comme un puits de carbone ! L’outil contribue donc à entretenir l’alarmisme climatique.

La lacune grave de cet indicateur résulte d’une vision fixiste des techniques d’un moment.

C’était déjà un reproche fait par de nombreux scientifiques au « rapport Meadows –Halte à la croissance » publié par le Club de Rome en 1972. Le rapport Meadows, pas plus que le concept de « jour du dépassement », ne prennent en compte les phénomènes de prix liés à la rareté des ressources. C’est un facteur qui a pourtant toujours poussé l’humanité à modifier ses comportements et à se mobiliser pour rechercher de nouvelles technologies. Le rapport du Club de Rome prétendait que, si les tendances se maintenaient, tout devait s’effondrer vers les années 2005. Il s’est trompé. Les analyses de  Mathis Wackernagel et William Rees, en reproduisant les mêmes erreurs, annoncent un effondrement général de notre civilisation dans les années 2050 si on ne réduit pas les émissions de gaz à effet de serre. Les deux auteurs ne cachent d’ailleurs pas leur appartenance au Club de Rome qui est toujours actif.

Pourquoi donc de telles approximations dans le concept de « jour du dépassement » ?

Il ne s’agit pas ici de faire des procès d’intentions. Il convient de rester factuel. Une chose est certaine, ces concepts, ceux du club de Rome d’hier et celui d’empreinte écologique aujourd’hui, servent une vision malthusienne qui influence de nombreuses ONG. Le Global Footprint Network (GFN) est aujourd’hui très influent et regroupe plus de 70 organisations partenaires, y compris le WWF International, la Banque Sarasin, le Groupe Pictet, la New Economics Foundation, le cabinet de conseil britannique Best Foot Forward et l'initiative d'Abu Dhabi Global Environmental Data. Le président du GFN est toujours Mathis Wackernagel. Il est le propriétaire des droits d’auteur sur l’utilisation du concept.

[1] Daniel Sarewitz, professeur de sciences et société à l'Arizona State University "Beware the Creeping Cracks of bias" (Nature, 485, n° 7397, 2012, p. 149, https/::doi.org/10.1038/485149a