Le leader mondial de production de panneaux solaires, Abengoa, a annoncé le 25 novembre 2015 être dans une situation de "pré-dépôt de bilan". De petits producteurs l’avaient déjà précédé : en France, notre fleuron national Photowatt, avait fait naufrage en 2011. EDF racheta l’entreprise alors que sa direction avouait ne croire qu’à moitié à l’avenir du solaire en France.
Avec l’annonce d'un passif d’Abengoa de 25 milliards d’€, la consternation est grande en Espagne. Personne n'en parle en France ! Et pourtant, imaginons qu'une société comme "la Lyonnaise des eaux" fasse faillite. L'émotion serait immense étant donnée son implication dans l'écologie. Abengoa a assis l’essentiel de sa stratégie sur la "croissance verte". Pourtant, nous avons toujours annoncé ici depuis quelques temps que ce prétendu "modèle de croissance" serait à l’origine d’une "Green crise" qui pourrait suivre la "Subprime crise". Est-on à l’aube d’une nouvelle crise mondiale résultant de la grande illusion de la "croissance verte" ? En quoi l’affaire Abengoa peut-elle en être un signe annonciateur ?

Commentaire « les2ailes.com »

1- L’ÉCHEC FINANCIER D’ABENGOA

1.1 Qui  est Abengoa ?

Abengoa est une société industrielle espagnole qui emploie 28.700 personnes dans le monde entier.
La part du Chiffre d'affaire d'Abengoa dans le Bâtiment et les Travaux Publics (BTP) est importante. Certes, c'est un secteur qui a subi une crise importante pendant ces dernières années. Mais, près de 50% de son activité est consacrée à la « croissance verte », c’est à dire dans des secteurs supposés apporter des « bénéfices environnementaux »,
* dans des grandes centrales solaires : Abengoa est ainsi devenue leader mondial dans la production d’énergie solaire.
* dans les agro-carburants et les sous produits associés destinés à l’alimentation du bétail (20% de son activité). Abengoa est le premier producteur européen de biocarburants.
* dans le recyclage de toutes sortes de déchets principalement d’aluminium et  de zinc, (20 % de son activité)
Le groupe s’est développée essentiellement sur l’endettement. Abengoa a-t-il cru que les investissements sont un carburant suffisant pour faire tourner la machine économique?

1.2 Qui sont les créanciers ?

* 9 banques parmi les plus grandes espagnoles ainsi que le Crédit Agricole Française et la banque anglaise HSBC !
* L’état espagnol pour 400 millions d’euros,
* Mais également de multiples « fonds verts » qui ont souscrits des emprunts obligataires placés dans Abengoa.

1.3 Des problèmes datant de 2013 ?

En 2013,  la dette d’Abengoa s’était avérée deux fois supérieure à celle annoncée dans ses comptes.
Le 16 avril 2015, la société a émis des obligations à 7% d’intérêt par an et remboursables en  2020, qui amenaient, pendant l’été suivant, les analystes financiers à parler d’une simple « crise de croissance ».
Erreur d’analyse puisque, le 24 septembre 2015, certains actionnaires acceptaient d’injecter de l’argent dans une augmentation de capital à hauteur de 650 millions d’€ en particulier de la part
* du principal actionnaire, Inversion Corporativa (120 millions d’€) regroupant  la famille fondatrice Benjumea,
* du fonds américain Waddell & Reed (85 Millions d’€), celle de trois banques
* de trois des banques impliquées, Santander, HSBC et Crédit Agricole (465 millions d'euros).
Dès lors, la famille fondatrice avait perdu ses droits de vote majoritaire et le président Felipe Benjumea avait dû démissionner.
Les fonds apportés devaient être destinés pour 300 millions à rembourser des emprunts et la société prévoyait, en outre, de vendre des filiales pour 500 millions.
Ce plan n’a pas suffi.
Le groupe a annoncé le 25 novembre 2015 un « pré-dépot de bilan » lorsque le groupe Gonvarri Corporación a renoncé à entrer au capital. Cette société leader dans la transformation des métaux. En effet, Les difficultés d’Abengoa sont liées à l’effondrement des cours du pétrole. « Abengoa a développé des technologies alternatives avec un baril à 120 dollars. À 40 dollars, ce n’est pas la même histoire ». Engagé dans des investissements à l’étranger, notamment au Brésil, le groupe s’était endetté sans vraiment maîtriser sa croissance. Il s'est retrouvé lesté d’une dette colossale, de 9,5 milliards d’euros à la fin de fin 2015 et dégageait des pertes de 1,2 milliard en 2015 et de 340 millions au premier trimestre 2016.

En décembre 2015 un cabinet de conseil et d'audit  a été mandaté  par les créanciers.
Son passif est estimé à 25 milliards d’euros. Abengoa risquait de faire l’objet de la plus grosse faillite de l’histoire d’Espagne. Abengoa entre  progressivement dans une spirale de défauts de paiement dans le monde entier. Abengoa avait quatre mois pour négocier une restructuration de sa dette avec ses créanciers. Faute d’accord, le groupe risquait la cessation de paiement et, à terme, la liquidation. Abengoa avait réussi, le 28 mars 2016, à faire adopter par les trois quarts de ses créanciers une clause dite de "standstill" (gel de procédure). Elle permettait de suspendre toute demande de paiement anticipé de leur part et la vente de participations pendant sept mois.
Le 6 avril 2016, une décision de justice du tribunal de commerce de Séville a homologué l'accord passé par le groupe espagnol Abengoa avec la plupart de ses créanciers, lui accordant sept mois de répit pour se restructurer et éviter la faillite. mais le moratoire de sept mois sur la dette concerne désormais 100% des créanciers d'Abengoa, qu'ils aient ou non signé l'accord.
Le 11 août 2016, on annonçait qu'Abengoa allait recevoir 1,17 milliard d’euros de liquidités au prix d’une sévère restructuration de son capital et d’une révolution actionnariale.
Selon les termes de l’accord, la part de la famille Benjumea et le flottant - car Abengoa est coté - seront réduits à 5 %. Les fonds d’investissement et les banques créancières convertiront 70 % de la dette et auront 95 % du capital.
Parmi les cinq grandes banques qui ont négocié l’accord, le Crédit agricole deviendra le premier actionnaire avec 5 % du capital. De nouveaux crédits à quatre ans seront garantis par quelques-uns des joyaux de la couronne, notamment une centrale de cogénération au Mexique et la participation dans la filiale américaine Atlantica Yield.

1.4 Qui sont les perdants ?

  • Les actionnaires institutionnels, familles fondatrices et banques
  • Les épargnants qui ont investi,
    -  soit directement en bourse, ou indirectement dans des fonds d’assurance vie placés en bourse : le cours de bourse s’est effondré : En un an, l’action est passé de 19,18 à 1,6 €
    -  soit sous la forme, réputée sûre, d'obligations. Or Abengoa a annoncé qu’il classait ses obligations "vertes" ("green bonds") émises quelques mois plus tôt par la structure financière Abengoa Greenfield, en "dette sans recours", créant la confusion auprès des investisseurs. L’obligation 2020 d’Abengoa cotait pendant l’été 2015 à  42% du pair.
  • Les salariés qui risquent de perdre leur emploi.
  • Les fournisseurs. On pense en particulier au groupe Villar-Mir (OHL),  leader mondial de production de silicium cristallin indispensable à la construction des panneaux voltaïques. Les producteurs chinois de panneaux. La Chine s'est imposée en 2013  comme le premier fabricant mondial de panneaux solaires photovoltaïques, assurant 70 % de la production mondiale
  • Les clients qui risquent de ne pas bénéficier du service après-vente de leurs installations.
  • L’environnement : les fabricants européens de panneaux photovoltaïques se sont regroupés autour de l’association PV Cycle pour organiser la collecte et le recyclage. Que vont devenir les installations en fin de vie ?

1.5 Une procédure contre Abengoa pour entente illicite

Pour ne rien arranger, la Commission de Bruxelles a ouvert le 7 décembre 2015 une enquête contre trois producteurs de biocarburants, Abengoa (Espagne), Alcogroup (Belgique) et Lantmännen ek för (Suède), soupçonnés d'avoir manipulé les prix de l'éthanol à la hausse. Une amende ne ferait qu’accroître le passif d’Abengoa.

1.6 D'autres producteurs de solaire dans la même tourmente

Invanpah est la plus grande centrale solaire thermodynamique au monde, installée à dans le désert californien de Mojave où scintillent  173.500 miroirs. Elle est également menacée de faillite. Son capital est détenu NRG Energy, Google et BrightSource (lui-même détenu à 20% par le français Alstom. Finalement selon le Daily Caller du 18 mars 2016, la centrale a obtenu un délai pour lui permettre d’atteindre ses objectifs de production. On peut avoir des doutes sur la pérennité de cette ferme solaire critiquée par ailleurs pour être à l’origine de la mort de milliers d’oiseaux comme l’affirme un expert du « Center for Biological Diversity ». Même Libération reconnait que le solaire thermodynamique est prohibitif par rapport (notamment) au gaz naturel avec lequel le rapport de coût de 1 à 5,5.

SunEdison, groupe américain, selon Reuters du 21 avril 2016, s’est placé jeudi sous la protection du Chapitre 11 de la loi américaine sur les faillites, devenant l’une des plus grosses entreprises non financières à déposer son bilan depuis une dizaine d’années. Selon le New York times, cette décision met fin aux ambitions de la compagnie de devenir un des leaders mondiaux des énergies renouvelables. SunEdison est une entreprise américaine spécialisée dans la fabrication de matériels utilisés dans les énergies renouvelables, notamment de petites plaques de semi-conducteurs qu'on appelle des wafers utilisés dans le développement des centrales solaires et autres centrales à énergies renouvelables. En juillet 2015, SunEdison, via sa filiale TerraForm Power acquiert, pour 2,2 milliards de dollars, Vivint Solar, une entreprise qui emploie 3 000 personnes, spécialisée dans la pose de panneaux photovoltaïques chez les particuliers.

2- UNE STRATÉGIE ASSISE SUR LA "CROISSANCE VERTE"

Analysons successivement les trois secteurs clefs de développement d'Abengoa: le solaire, les biocarburants et le recyclage des déchets. Quels en sont les fondamentaux techniques et économiques?

2.1 - Un solaire non rentable ?

La seule situation qui semble justifier le solaire est celle d'une absence de réseau filaire pour recevoir l'électricité du réseau public: les panneaux de signalisation routière, les zones d'habitat décentré que ce soit en montagne ou dans des zones peu habitées de pays peu avancés, etc...
Mais dans les zones où la fourniture d'électricité est concurrentielle, on ne voit pas pourquoi l’électricité solaire produite est achetée par EDF, comme pour l'éolien, à des prix supérieurs au prix auquel EDF revend au consommateur. Le coût pour la collectivité est donc considérable. C’est pourquoi EDF a recalculé à la baisse en 2010 les tarifs de rachats de l’électricité solaire afin d'en limiter le coût de distribution. Il n’en demeure pas moins que ce seul indicateur montre la difficulté à rentabiliser le solaire. Peut-on donc se réjouir de voir l'Union européenne atteindre 70% de la part mondiale d'énergie solaire? Faut-il se réjouir de voir que ce développement considérable du secteur en Europe, en particulier pour les installations d'Abengoa, a nécessité une très forte importation de panneaux solaires en provenance d'Asie et principalement de Chine ? Comment s'expliquer que la Chine, bien que leader de fabrication de panneaux, n'investit pas dans le secteur de production d'énergie? La Chine ne se cache pas d'estimer que l'énergie solaire reste trop coûteuse et cela malgré une baisse du prix de vente des panneaux dont la Chine a été le principal moteur !
Pourquoi l'énergie solaire pose-t-elle des problèmes ?

 

Des installations solaires ayant un impact sur l’environnement :

  • Ombrage partiel du sol avec assèchement superficiel des sols
  • Érosion hydraulique du fait de l’écoulement de la pluie en partie basse des panneaux

 

Des installations solaires coûteuses en entretien.

Un nettoyage des panneaux est nécessaire régulièrement, sinon la poussière se colmate sur les panneaux et réduit considérablement leur efficacité. L’appel à des sociétés spécialisées et équipées de robots est nécessaire.

Des matériaux photovoltaïques moins "vertueux" qu'il n'y parait ?

Il y a deux procédés d'énergie solaire:

* L'énergie solaire "photovoltaïque"
- Les "panneaux solaires" de première génération
Ils sont constitués de très fines lamelles de "silicium cristallin" qui, soumis à l'action de la lumière, éjecte des électrons en produisant un courant électrique. Mais la qualité "solaire" nécessite de purifier le silicium de 99,999% obtenu en fondant le quartz dans des fours, dits à "arc électrique", très consommateurs d’énergie (2.750.000 Kwh / T. de silicium solaire), puis le traiter avec des solvants (30 T de chlore et 60 T d’acides divers par T. de silicium solaire), et le refroidir avec des quantités d’eau considérables.
La teneur de l'écorce terrestre est de 28 % en silicium (2nd élément le plus abondant après l'oxygène) Toutefois, pour l’exploiter, il faut extraire un silicium cristallin d’une pureté de 99,9999%. Le silicium est extrait de minerais de quartz par des procédés métallurgiques par réduction carbo-thermique, dans des fours à arc électrique. Ces process sont très propices au gaspillage de matière première . Ainsi, en 1990, la production de silicium de qualité métallique a été de 800.000 tonnes. Après les dernières étapes de purification seules 3.200 tonnes ont été utilisables dans la filière solaire, soit un rendement de purification de 4 pour mille !.
Un commissaire chargé d’une enquête préalable à l’installation d’un champ de panneaux solaires en Provence a pu conclure : « L’industrie électronique est considérée comme une industrie plus propre que ses voisines (mines, chimie, pétrole, mais en réalité, son impact environnemental est bien plus important en regard de la quantité de ressources, d’eau, d’énergie et de produits toxiques en jeu par unité de produit final ». Malheureusement, le commissaire enquêteur, courageux mais pas téméraire,  décida d'émettre un avis favorable à la demande de permis de construire les installations solaires du fait "que les avantages l'emportent sur les inconvénient". L'avantage cité était l'indépendance énergétique de la PACA puisque "la région PACA est déficitaire sur le plan de la production d'énergie par rapport à ses besoins". Il s'agit là d'un concept aussi absurde que de vouloir, au niveau régional, dire que la PACA est déficitaire au plan alimentaire et de vouloir, à ce titre, transférer des zones céréalières de la Beauce vers la PACA ! Ou de transférer à Calais des atouts touristiques qui sont "excédentaires" en côte d'azur. Que signifie le concept d'autonomie entre les régions? Sur quels critères faire une telle pesée entre bénéfices et risques? Le commissaire enquêteur conclut sans les spécifier !
Le groupe Ferropem spécialisé en France dans la production de silicium métallurgique, est filiale du Groupe Villar Mir. Ce groupe espagnol, chef de file mondial de la production de silicium métallurgique, est l'un des plus importants producteurs d'alliages de manganèse et de ferrosilicium.
- Une seconde génération de panneaux
Ils sont dits "en couches minces" à base de Tellurure de Cadmium (CdTe), de Cuivre/Indium/Sélénium (CIS), de Cuivre/Indium/Gallium/Sélénium (CIGS), de Cuivre/Indium/Gallium/Disélénide/Disulphide (CIGSS), ou d’Arséniure de Gallium (Ga-As). Toutes ces matières premières limitées sont en concurrence avec d’autres usages, sont toxiques et nécessitent des processus de recyclage complexes. Il ne faut pas s’étonner que la Chine ne permette de produire du CdTe que pour l’exportation.
Certes, on peut imaginer le développement de nouvelles technologies aux noms plus ou moins exotiques (systèmes à concentration, cellules à colorants, cellules organiques, trous quantiques, puits quantiques, …). Mais peut-on dire que ce sont des énergies "vertueuses" ?
La Chine fabrique des panneaux à partir de Cadmium qui porte bien son nom de "terre rare". Les mouvements écologiques parlent de matériaux toxiques dont l’extraction "empoisonne l’air, la terre et l’eau". Ces affirmations sont exagérées mais montrent que ces panneaux solaires ne sont pas forcément très "écologiques".

* L'énergie solaire "thermodynamique"
Le rayonnement solaire est concentré par des milliers de miroirs qui suivent le mouvement du soleil, répartis sur plus de 100 hectares. Les rayons solaires convergent vers un récepteur situé au sommet d’une tour haute de plus de 100 mètres. La chaleur est transportée par un liquide caloporteur (inverse d’un liquide réfrigérant) vers des vaporisateurs. La vapeur d’eau fait ensuite tourner des hélices comme dans n'importe quelle centrale thermique au fuel, pour produire de l'électricité. Pour compenser l’absence de soleil pendant certaines périodes, ces "centrales solaires" sont équipées de chaudières à gaz fossile pour au moins 15% de leur capacité. Il faut, à d’autres moments, stocker de la chaleur inutilisée grâce à des énormes bacs à "sels fondus" ressemblant à ceux utilisés dans l’industrie chimique. Ils sont très contestées par les organisations écologiques pour leurs risques appelés "Seveso". Seveso est une ville italienne où est survenu une catastrophe en 1976, consécutive au dégagement d'un gaz toxique suite à un accident industriel. Depuis cet accident l'Europe a mis en place des règles obligeant les usines à être classées "Seveso 1" ou "Seveso 2", etc... en fonction des risques liés à leurs activités.
Une centrale thermo-solaire avec un rendement correct utilise obligatoirement un fluide caloporteur qui induit des risques obligeant à classer ce site industriel sous la norme SEVESO. C'est ce qui s'est passé pour le projet SOLENHA sur l’aérodrome d’Aspres sur Buëch dans les Alpes de Haute-Provence. Suite à cette classification, le projet a été abandonné. En Europe, l’Italie apparaît comme le premier pays à imposer des normes environnementales strictes. La France a fait de même en proposant de classer « Site Seveso » un projet utilisant la technologie cylindro-parabolique de type Andasol.

Il est curieux que, pour le solaire, les mêmes militants écologistes soient silencieux.

L'impact des installations solaires sur le réchauffement climatique

Pour mesurer cet impact, on utilise le concept d'albedo qui correspond au pouvoir réfléchissant d'une surface.
Les sables clairs (lègers et secs) du désert ont un albedo relativement élevé (environ 0.25 à 0.45, retenons 0.35) : ils réfléchissent 35% de l’énergie solaire incidente vers l’espace. Si les sables sahariens étaient noirs, la température saharienne serait encore plus élevée. Yves Fouquart, physicien de l’atmosphère, spécialiste des transferts d’énergie par rayonnement dans l’atmosphère terrestre, ancien directeur du laboratoire d’optique atmosphérique de l’Université de Lille, rédacteur du rapport 1995 du Groupement Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat (IPPC / GIEC, explique que, « de nos jours, la température moyenne sur notre planète est de 15°C. Si la Terre était recouverte de forêts, la température serait de 24°C. Sur une Terre désertique, la température serait de 13°C. Si elle était entièrement recouverte par des océans, la température serait de 32°C, parce que les océans sont sombres, et ont un albédo faible, comme un objet noir. Notre planète, si elle était recouverte de glace, serait très froide (-52°C) ! » Or de grandes centrales thermo-solaires diminueraient l’albedo des déserts. Une variation d’albedo sur de grandes surfaces du Sarara aurait potentiellement un impact sur le bilan radiatif.
Yves Fouquart ajoute : « Changer l’albédo de surfaces aussi grandes ne sera pas sans conséquences, par exemple sur la nébulosité (...) Le problème est que cette énergie sera absorbée et non pas réfléchie et que, comme le rendement n’est pas égal à un, loin de là, il y aura un apport d’énergie supplémentaire dans la région ».

Le mauvais rendement des énergies solaires

Le rendement de l'énergie solaire peut se mesurer par unité de surface: Pour produire l'équivalent d'une centrale électrique de 1.600 MW, il faudrait installer des panneaux solaires sur 56 km² (ou aligner 2400 éoliennes sur 800 km!). Peut-on parler d'un impact négligeable sur l'environnement ? On pourra objecter que de grandes surfaces de toitures sont disponibles. Mais c'est oublier que la durée d'amortissement d'une toiture en panneaux solaires est seulement de 20-25 ans en solaire, au lieu de 50-75 ans pour des couvertures traditionnelles. Par ailleurs, seules les grandes installations solaires permettent d'amortir des colonnes de conversion.

Des installations solaires délicates à démanteler

Après 20 ou 30 ans de service, l’installation doit cesser sa production. En effet, la production électrique est handicapée par une décroissance de production de 20 % sur 25 ans. La fin de vie reste toutefois à l’appréciation du producteur. Le démantèlement d’une installation photovoltaïque consiste à déposer tous les éléments constitutifs du système, depuis les modules jusqu’aux câbles électriques en passant par les structures support.
Après séparation mécanique des câbles, boîtes de jonction et cadres métalliques, le recyclage des modules à base de silicium cristallin peut suivre deux voies.

  • Celle du traitement thermique va permettre d’éliminer le polymère encapsulant en le brûlant et de séparer ainsi les différents éléments du module photovoltaïque (cellules, verre et métaux : aluminium, cuivre et argent).
  • Celle du traitement chimique consiste à broyer l’ensemble du module puis à extraire des matériaux secondaires par fractions, selon différentes méthodes.

Une association européenne, baptisée PV Cycle, regroupe 41 producteurs de panneaux solaires. Que deviendront ces sites de recyclage maintenant qu’Abengoa est en faillite ?
On a beaucoup glosé sur le « démantèlement » des installations nucléaires. On oublie la nécessité de démanteler les installations solaires (et éoliennes) !

Face à toutes ces difficultés, l’Europe n’a de cesse de mettre en place des réglementations sur le recyclage et les normes de production des panneaux qui grèvent le coût de cette production. A cela ajoutons le bénéfice prétendu sur le climat qui se révélera être un mensonge dans quelques années.

Des effets d'échelle qu'il faut modéliser

On aime à objecter, face à une technique non rentable, qu'elle le deviendra avec les économies d'échelle, quand la technique arrive à maturité. C'est oublier qu'il existe des cas où les effets d'échelle ne jouent pas comme une économie, mais comme un coût supplémentaire. Lorsqu'un des facteurs de production augmente mais pas les autres, la production augmente et la production marginale diminue. Que peut-on dire du solaire? Le rendement de purification de 4 pour mille pour produire le silicium solaire est-il sérieusement améliorable? La surface d'occupation au sol parait un facteur limitant, un peu comme l'est la taille d'une éolienne. L'avenir d'une économie d'échelle se modélise et peut être simulée. On aimerait entendre les producteurs de panneaux solaires sur ce sujet et ne pas se contenter d'affirmations lénifiantes sur l'effet d'échelle. Sans ce type d'analyse, on ne peut prédire qu'une industrie est ou arrivera à maturité.

Les installations solaires gigantesques d'Abengoa, appelées bien improprement des "fermes solaires", sont équipées de tours d'une hauteur de 160 mètres où est produite de la vapeur qui sera ensuite convertie en électricité à l'aide d'une turbine. D'autres tours comme celle envisagée dans l'Arizona atteindra un diamètre de 130 mètres pour une hauteur de 800 mètres. Le principe est alors d'élever la température au des panneaux de 80 à 90 degrés. L'air chaud ainsi créé s'engouffre dans la tour et se dirige de bas en haut. Des turbines intégrées au dispositif bénéficient ensuite de cet apport d'air chaud pour fonctionner et produire de l'électricité. Dans tous les cas, il faut un convertisseur pour transformer de l’énergie lumineuse en énergie électrique. 
Quand on parle des équipements solaires sur les toitures, il faut équiper chaque maison d'un "onduleur". En effet, quand elle reçoit de la lumière, la cellule photovoltaïque la transforme en petit courant électrique d’environ 5 à 7 ampères. Le courant délivré est un courant continu. Or, nos appareils domestiques sont majoritairement conçus pour recevoir du courant alternatif. L’équipement photovoltaïque doit donc être relié à un onduleur qui sera chargé de transformer le courant continu délivré par les cellules photovoltaïques en courant alternatif dont les caractéristiques sont identiques à celles de l’électricité du réseau (soit une tension de 230 volts et une fréquence de 50 hertz). Les effets d'échelle sont donc particulièrement faible pour les équipements individuels.

2.2 Des biocarburants condamnés à être subventionnés

Les difficultés d'Abengoa ne s'expliquent pas que par son implication dans la production d'énergie solaire. Premier producteur de biocarburant européen, Abengoa a subi de plein fouet la baisse des soutiens publics à cette activité. Pourquoi?

Le problème des biocarburants est leur coût budgétaire pour les états. Compte tenu de leur coût de production, les états, sous la pression du monde agricole, a dû accepter une défiscalisation partielle de ce type de carburants. Or, c’est une véritable hémorragie pour les états qui sont ainsi privés des taxes correspondantes sur les produits pétroliers qui, dès lors, sont moins consommés. Les Etats n'ont pas de budgets extensibles à l'infini et les exonérations fiscales. Toute chose étant égales par ailleurs, ils doivent trouver des recettes pesant sur l'économie par ailleurs pour se substituer aux défiscalisations accordées aux bio-carburants.

Dans les conditions d’endettement des états, ceux-ci sont amenés à revoir sans cesse à la baisse les faveurs fiscales qu’ils ont accordées à ces productions. Dès lors, les installations de production sont de moins en moins rentables. Abengoa a-t-il souffert de cette situation de fait. Force est de constater que pour faire face, Abengoa a dû s’entendre avec ses concurrents pour tenir les prix élevés. L’enquête de l’UE dira si c’est exact.

2.3 Le recyclage des déchets

Abengoa était, en particulier, spécialisé dans le  recyclage de rebuts d'aluminium et de zinc. Le recyclage des déchets industriels s’effectue comme les déchets ménagers, à la différence, non négligeable, que certains déchets industriels sont toxiques et dangereux. Cette activité fait l’objet d’une collecte sélective, d'un recyclage et d'une valorisation. Toute la difficulté est de concilier environnement et profit. Or le recyclage industriel fait l'objet de transactions marchandes. Les entreprises les plus efficaces devraient, en théorie, être récompensées pour leur efficacité à amoindrir progressivement l’impact environnemental des activités économiques.

Or, nombreuses sont les ONG écologistes qui soutiennent que la recherche du profit inciterait les industriels à rejeter leurs résidus dans la nature plutôt qu’à chercher à les transformer en produits utiles et à réduire par le fait même la pollution résultant de leurs opérations. Dès lors, ils font du lobby pour que les réglementations gouvernementales soient de plus en plus contraignantes. L'effet est malheureusement contraire à l'objectif recherché. On en arrive à recréer, sans le savoir, à revenir aux instruments économiques qui furent privilégiés par les planificateurs des économies communistes, notamment dans la Hongrie de l’après-guerre, où leur utilisation déboucha sur de grandes catastrophes écologiques.
Le véritable problème est que chaque filière, généralement, n'a qu'un nombre très limité de solutions technologiques profitables aux problèmes environnementaux. Malheureusement, certaines administrations imposent ce qu'elles appellent "les meilleures pratiques" qui sont, le plus souvent déconnectées du réel. Dès lors, on "ne sera guère surpris d’apprendre que c’est la réglementation, et non l’efficacité ou la rentabilité, qui constitue le premier facteur de motivation à la modernisation environnementale des entreprises". C'est ce qu'explique Jean-Pierre Revérêt, responsable de la chaire de responsabilité sociale et environnementale à l'Université du Québec.

Il n'est pas rare de voir les états mettre en place des primes pour la collecte des déchets et des financements publics de centres de tri et de valorisation. Ces types de planification étatiques court-circuitent le fonctionnement du mécanisme des prix, pourtant essentiel à l’allocation rationnelle des ressources, et substituent leurs connaissance limitée (et partiale) de tel ou tel phénomène aux apprentissages résultant d’un partage d’information progressif entre les acteurs d'une filière.

Faute d'avoir les éléments concrets, il n'est pas possible de dire dans quelle mesure les activités de recyclage d'Abengoa ont été ou non victime de cette logique infernale des normes, s'accumulant les unes aux autres, qui conduit l'activité du recyclage à une véritable quadrature du cercle. Il serait nécessaire d'analyser les process en détail ainsi que les circuits de revalorisation.

3- LA "CROISSANCE VERTE" : ARTIFICIELLE ET ILLUSOIRE §

La "croissance verte" est un concept artificiel et souvent illusoire. La "croissance verte" comme celle consistant à développer des éoliennes, des grands champs de panneaux solaires, ou à imposer des réglementations verticales dites "vertes" sont la plupart du temps destructrice d’emplois, car financées par les autres activités. Elles font inexorablement penser au "Sapeur Camember", héros d’une des premières bandes dessinées par Marie-Louis-Georges Colomb, dit Christophe (1856-1945). Ce héros creusait un trou pour mettre la terre du trou qu’il venait de creuser: « Sergent ! interroge Camember, et la terre du trou ? — Que vous êtes donc plus hermétiquement bouché qu’une bouteille de limonade, sapeur ! Creusez un autre trou ! — C’est vrai! » approuve Camember. La croissance verte consiste à subventionner la création d'emplois non rentables, qui ne créent pas de "valeur" au sens premier du mot. Dès lors, il y a destruction d'emploi par excès de charges budgétaires et nécessité de subventionner à nouveau les victimes du chômage.

3.1 La croissance est un concept qui renvoie toujours à celui de la rentabilité

Si la croissance ne créé pas de "valeur", on est dans l’activisme, voire dans l’idéologie. Cet activisme a un coût qui est inéluctablement financé par d’autres secteurs de l’économie. Si ce coût handicape à ce point ladite économie, il génère des délocalisations ; il est, de façon induite, destructeur d’emplois.
Quand la croissance créé-t-elle de la "valeur" ? Rappelons ce que couvre le concept de "valeur" en citant Christophe J. Nijdam, maître de conférences à Sciences Po : « La valeur naît de la confrontation entre rentabilité et risque : il y a création de valeur uniquement quand la rentabilité est supérieure au risque »[1]. Et encore : « Quand la rentabilité économique (Roce) est supérieure au coût du capital économique (Wacc), il y a création de valeur économique (EVA). À l’inverse, il y a destruction de valeur économique ».
Le concept de valeur tourne donc bien autour de celui de rentabilité, n'en déplaise aux idéologies de la croissance verte.
De l’importance de toujours se poser la question de la rentabilité quand on pense à la "croissance verte".

Prenons quelques exemples :

  • Dans le bâtiment, le comité de filière [2] est resté prudent et juge que les emplois concernés seront surtout des emplois maintenus et non des emplois supplémentaires, et que les mesures prises lors du « Grenelle de l’environnement » devait permettre d’abord de contrecarrer les effets de la crise. On peut se demander si ce n’est pas l’inverse : les normes vertes renchérissent le coût de la construction de façon considérable. N’est-ce pas un facteur de découragement pour les investisseurs qui peuvent préférer se tourner vers d’autres secteurs ? Toutes ces normes se répercutent sur le marché de la location dont le pouvoir d’achat ne permet pas de suivre les coûts. N’est ce pas une des causes de la crise de la construction ?
  • Dans l’agriculture, la filière parle de la création de
    -   10.000 emplois dans l’agriculture biologique
    -   25.000 emplois dans la filière bois
    -   22.500 emplois dans la gestion du patrimoine naturel
    Malheureusement, on sait l’absence de rentabilité de l’agriculture bio, son inefficacité en matière de bénéfice environnemental, et surtout, son incapacité à nourrir 9 milliards d’habitants en 2050 ! Les questions se posent également dans la filière bois. Comment sont rentabilisés les capitaux investis ?

Veiller à la rentabilité d’une filière verte est essentiel. Tous les secteurs de la croissance verte devraient se poser les questions de son coût pour la collectivité, de sa maitrise et de son évolution prévisible.

3.2 La norme: moteur de "croissance verte" et/ou inhibition des capacités individuelles de discernement ?

Une norme est-elle neutre ? Le législateur, en les multipliant, se fixe des objectifs. Les normes en matière d'économie d'énergie répondent-elles à un objectif de bien commun? Certes, on peut imaginer que certaines normes ont été facteur d'amélioration de certaines technologies. Par exemple, l'obligation des constructeurs automobiles de tester la résistance au choc de leur véhicule, ou celle d'imposer l'équipement des ceintures de sécurité, ont évité de nombreux morts dans les accidents. 
En revanche, pour rester dans le domaine de la transition énergétique, l'obligation de faire des économies d'énergies fossiles a un coût. L'investissement est toujours un prélèvement dans des ressources financières limitées. Au nom de quel principe le consommateur serait-il obligé d'investir dans les économies d'énergies ? On a beau jeu de dire que ces investissements sont rentables en 5 ou 10 ans? Mais chacun peut préférer alloué ses ressources autrement 
- des investissements indispensables à sa vie quotidienne (achat d'une voiture espace en cas de famille nombreuse, ...)
- des investissements à rentabilité plus courte (achat d'un congélateur en zone rurale pour éviter les trajets d'approvisionnements quotidiens, ...)
-  des investissements à rentabilité plus longue (éducation d'enfants, ...)
- et ne parlons pas des 4,9 millions de pauvres en France (en 2013, selon l'Insee) pour qui parler d'investissement serait un affront. Pourquoi leur imposer une norme leur interdisant d'acheter des ampoules à incandescence au motif que les ampoules basses consommations seraient "rentables" et d'une durée de vie plus longue!!!
Chacun, en définitive, est libre de discerner l'utilisation de ses ressources financières qu'il sait limitées. Le bien commun, en imposant des investissements obligatoires n'est pas toujours au RV. Ne parlons pas de l'idéologie climatique qui sert à justifier des normes en matière d'énergie sans fondement scientifique avéré.

3.3 La "croissance verte" favorise-t-elle la "solidarité avec les générations futures" ?

Il est exact que le risque existe de ne mesurer la création de valeur qu’à l’aune d’une rentabilité de court terme.
Le Compendium de la Doctrine Sociale de l’Église aborde le sujet en terme d’efficacité économique et sociale : « La solidarité entre les générations exige que, dans la planification globale, on agisse selon le principe de la destination universelle des biens, qui rend moralement illicite et économiquement contre-productif de décharger les coûts actuels sur les générations futures: moralement illicite signifie ne pas assumer les responsabilités nécessaires, et économiquement contreproductif parce que la réparation des dommages coûte davantage que la prévention »[3]. Ce qui est illicite n’est donc pas l’utilisation d’une ressource rare, mais d’en « décharger les coûts actuels sur les générations futures », sans  avoir le sens des responsabilités. Qu’est-ce à dire ? Dans le domaine de l’énergie, par exemple, il serait irresponsable de ne pas faire preuve de « prévention » c'est-à-dire de ne pas investir dans une solution alternative.
Le « Compendium » lance d’ailleurs explicitement un appel à la communauté scientifique pour qu’elle contribue « à identifier de nouvelles sources énergétiques, à développer les énergies alternatives et à élever les niveaux de sécurité de l'énergie nucléaire » [4].
Concrètement, cela signifie que les critères d’une croissance verte, ne doivent pas être jugés à l’aune de la création d’un emploi à court terme. Ils doivent avoir faire l’objet d’une mise en perspective avec les générations futures. Par exemple, à quoi sert de favoriser l’emploi en subventionnant la production d’éolienne ou du solaire quand on sait que les subventions ne permettront jamais d’atteindre des effets d’échelle suffisant dans le futur, et donc d’en baisser le coût économique pour les générations futures.

Malheureusement encore, le rapport  du Conseil d’Orientation pour l’Emploi semble n’avoir qu’une vue à court terme. D’un côté, il dit vouloir « s’assurer du bon calibrage des interventions publiques pour favoriser le développement des nouvelles activités vertes ». Mais aussitôt, il demande que « les tarifs de rachat de l’électricité soient fixés à un niveau suffisant (cf. éolien off shore) pour encourager l’investissement sans pour autant générer de situations de rente » [5]. L’exemple est mal choisi quand on sait que l’éolien ne sera pas la voie permettant de faire baisser les coûts de l’énergie !

CONCLUSION

Rémy Prud'homme, Professeur émérite à l'Université de Paris XII, pose d'ailleurs, dans le Figaro.fr du 27/11/2015, un regard très pertinent sur la "croissance verte":

"La «croissance verte» est d'abord une trouvaille de langage. Comme tout le monde est pour le vert et pour la croissance, tout le monde est pour une économie verte qui créerait de la croissance. Mais il ne suffit pas d'accoler les deux mots pour créer une causalité. En réalité, si la lutte contre le CO2 crée bien des emplois et de l'activité dans les secteurs qu'elle subventionne, les impôts qui la financent réduisent les ressources des ménages et des entreprises et donc leurs dépenses et détruisent des emplois dans le reste de l'économie; au total, l'effet des créations d'emplois nettes des destructions d'emplois est très faible, et probablement légèrement négatif. Si la dépense publique «créait» des emplois, la France, championne du monde de la dépense publique, n'aurait plus un chômeur depuis longtemps. Quant à l'effet sur le bien-être des ménages, il est très largement négatif. En Europe, le prix de l'électricité est d'autant plus élevé que les investissements éoliens et photovoltaïque sont importants. Et cet effet est régressif, parce que les dépenses affectées (électricité, logement, transports) pèsent plus lourd dans le budget des pauvres que dans celui des riches. La comparaison des dépenses environnementales (vertes) avec les dépenses militaires (rouges) est éclairante: objectifs de lutte comparables, financements également étatiques, prétentions à la croissance identiques. L'impact économique des dépenses rouges a été très étudié: il apparaît négatif. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, on est conduit à penser que celui des dépenses vertes est également négatif. Pas pour tout le monde: le complexe écolo-industriel qui est le pendant du célèbre complexe militaro-industriel y trouve son compte. Ségolène Royal a bien compris ou senti que l'écologie (elle veut dire la politique écologiste) peut être «punitive» ; elle cherche à éviter cela, mais elle a beaucoup de mal à y parvenir car la politique écologique, nécessairement faite de taxes et de contraintes, est naturellement punitive".

Si le regard n’est pas renouvelé sur la "croissance verte", il y a fort à parier que cet engouement se soldera par un naufrage et une "green crise" qui rappellera la "subprime crise". Dans les deux cas, c'est la fausse croissance assise sur le sur-endettement qui se termine mal. Abengoa, avec sa croissance assise sur un endettement plus que sur de la création de valeur, autre que celle de la mode, en a probablement fait l’expérience cuisante. D’autres suivront hélas, avec des destructions d’emplois à la clef.


[1] Source : Christophe J. Nijdam : Membre de la SFAF, maître de conférences à Sciences Po Paris

[2] Rapport  du Conseil d’Orientation pour l’Emploi  « Croissance verte et emploi ». Page 13

[3] « Compendium de la doctrine sociale de l’Eglise », 2 avril 2004, § 367

[4] « Compendium de la doctrine sociale de l’Eglise », 2 avril 2004, § 470

[5] Rapport  du Conseil d’Orientation pour l’Emploi  « Croissance verte et emploi ». Page 19