Dans une chronique de géopolitique intitulée "Carte blanche", Radio Notre Dame donne la parole chaque samedi  à Hubert de Beaufort. La rubrique est rediffusée à quatre horaires différents pendant tout le week-end !  Le 24 octobre 2015, on a été surpris d’y entendre des propos regrettant que la COP21 n’évoque jamais la raison principale du réchauffement climatique : « l’explosion démographique ayant fait passer en un siècle la population humaine de un à sept milliards d’habitants ». Non seulement la "cause humaine" de la période chaude contemporaine qu’on a vécu entre les années 1970 et 2000 n’a rien d’évident, mais les commentaires des auditeurs de RND ont fait, à cette occasion, la promotion d’une association "Démographie responsable" qui paraphrase le thème de la "paternité responsable"  mérite approfondissement.
Que penser de cet éco-malthusianisme rampant ?

Source : Radio Notre Dame

Commentaire "les2ailes.com"

1- L’émission de Hubert de Beaufort sur Radio Notre Dame

Le 24 octobre 2015, Hubert de Beaufort a dit qu’

« un des aveuglements les plus spectaculaires concerne l’écologie. Elle redoute à juste titre les conséquences du réchauffement climatique, mais n’évoque jamais, nous disons bien jamais sa raison principale : l’explosion démographique ayant fait passer en un siècle la population humaine de un à sept milliards d’habitants. Il est pourtant évident que la pollution s’est propagée au rythme de cette croissance, mais le mot démographie est un mot tabou et la fameuse conférence mondiale sur le climat qui va se tenir à Paris n’en dira pas un mot !  En réalité, la plupart de mouvements écologistes sont des mouvements de gauche, ce qui est bien entendu leur droit, mais qui se parent du qualificatif pour se donner une éthique. Il est désolant que le débat écologique ne porte pas sur cette question vitale pour l’avenir de l’humanité : quelle population notre terre peut-elle nourrir ? »

Il continuait en faisant l’éloge de l’enfant unique en Chine :

« Peut-on considérer comme viable de voir une population de l’Afrique doubler tous les vingt ans ? Un milliard et demi d’habitants aujourd’hui, deux milliards en 2050 ? Seule la Chine a compris le défi en imposant la politique de l’enfant unique.  Quant à l’Europe elle stabiliserait sa population si elle n’avait pas à faire face aux migrations massives que nous constatons aujourd’hui ».

Voilà une chronique typique de l’esprit eco-malthusien qui envahit la pensée dominante.

2- La position écologique du "Planning familial"

Un chroniqueur comme Hubert de Beaufort peut sembler être une position isolée. Hélas non. Le très influent "Planning Familial" a pris une position analogue: A l'occasion de la COP21, il a publié, le 25 novembre 2015, un communiqué demandant que les "droits des femmes", particulièrement les "droits sexuels et reproductifs" soient "au centre des négociations" sur le Climat. Il y voit "un enjeu majeur pour l’élaboration de stratégies de développement durable".
Cette déclaration est parfaitement conforme à la pensée du Planning Familial qui a toujours milité pour la réduction de la population mondiale, de préférence dans les pays en développement. Cette pensée exprime la volonté de maîtriser, à l’échelle de la planète, les conditions de la vie et de l’évolution de l’espèce humaine.
Les éléments de langage ont simplement évolué. Gregor Pupinck, Docteur en droit et directeur du European Center for Law and Justice", l'explique bien:

* Le discours eugéniste des fondateurs.
Margaret Sanger, Maria Stopes, Sir Julian Huxley, à l'origine du Planning Familial envisageaient l’humanité comme une espèce animale en compétition pour la maitrise et l’exploitation de son environnement naturel. Leur discours consistaient à considérer l'espèce humaine comme devant être régulée artificiellement, pour juguler la prolifération de ses éléments les « moins évolués » et favoriser les plus civilisés. En limitant la population au bénéfice de ses éléments les plus « évolués », ils prétendaient réduire la concurrence au sein de l’espèce, notamment dans l’accès au ressources et préserver l’environnement. On agissait, selon eux, ainsi pour la paix, le développement et l’environnement. Le fait que le planning familial utilise l’occasion de cette conférence sur le climat pour promouvoir les politiques de limitation des naissances n’a donc rien d’étonnant.

* Avant la seconde guerre mondiale
C’était au nom de l’eugénisme que ce même discours était tenu. On expliquait alors qu’il fallait absolument stériliser au moins 10% de la population pour sauver l’humanité d’un danger de dégénérescence de l’espèce humaine. Margaret Sanger était favorable à la « ségrégation » des femmes jugées physiquement ou mentalement déficientes et à leur stérilisation forcée, afin de « s’assurer que la parentalité soit absolument interdite aux faibles d’esprit ».
Sir Julian Huxley était à la fois néo-malthusien, eugéniste et environnementaliste. Avant d’être le premier Secrétaire Général de l’Unesco, puis notamment le co-fondateur du WWF, c'était un zoologiste libre-penseur. Il a fondé et géré des parcs naturels en Afrique pour l’Empire britannique et a pensé le monde comme tel. Il a eu une grande influence, avec d’autres, comme Maurice Strong, à la mise en place d’une politique mondiale en matière d’environnement.

* Après la seconde guerre mondiale
Dans le contexte d’un monde divisé à l’époque de la guerre froide, la menace d’une « bombe démographique » était idéale pour soutenir une action politique universelle. De fait, le taux de croissance démographique a été réduit, mais les prédictions pessimistes et catastrophistes des néo-malthusiens ont heureusement été démenties, car la disponibilité des ressources a eu une croissance toujours supérieure à celle de la population.
En 1972, les Etats participants à la Conférence des Nations Unies sur l’environnement humain, tenue à Stockholm, déclaraient que « l’augmentation naturelle de la population pose sans cesse de nouveaux problèmes pour la préservation de l'environnement et il faudrait adopter, selon que de besoin, des politiques et des mesures appropriées pour régler ces problèmes». Un discours analogue a été tenu à la Conférence de Rio en 1992, qui a insisté sur le rapport synergique entre les démographiques et le développement durable.

* Aujourd’hui: le climat, nouvel argument pour le contrôle des populations
C’est au nom de l’impact de l’activité humaine sur le climat que le planning familial promeut le contrôle de la population. Hier, c’était au nom d’un danger imminent et catastrophique, celui d’une « surpopulation », que ce même discours était tenu. On nous assurait que, sans plan mondial de limitation de la population, l’explosion démographique provoquerait des famines, des guerres et l’épuisement des ressources naturelles.
Aujourd’hui, le thème du dérèglement climatique, présenté de façon tout aussi dramatique que le fut celui de la surpopulation, a des qualités plus grandes encore pour soutenir une action politique universelle d’envergure, car il met en cause le plus grand « bien commun » universel.
Le climat est un excellent levier politique car il semble universel, vital et la résultante d’un grand nombre de facteurs. La menace du « dérèglement climatique » permet de faire avancer plusieurs projets politiques. Il y a d’abord la question écologique en tant que telle, et elle est centrale. Ensuite, d’autres intérêts et projets se greffent et se combinent avec l’environnement, comme celui des néo-malthusiens qui conserve une réelle influence : réduire la population mondiale.

3- La promotion de « Démographie responsable » ?

Dans la page consacrée à la chronique de Radio Notre Dame, certains commentateurs en ont profité pour faire l’éloge de l’association « Démographie Responsable ».
Le premier, Didier Barthes, proposa d'assister à deux conférences sur ce thème le jeudi 19 novembre à 20 h 30 à la Fiap Jean Monet à Paris en précisant : «  la question sera évoquée de front par différents orateurs (notamment Yves Cochet et Antoine Waechter). La réunion est organisée par l'association Démographie Responsable ». Il recommande de lire, sur le même sujet, l'ouvrage "Moins nombreux plus heureux" publié aux éditions Sang de la Terre, en se réjouissant de voir que « si le sujet est tabou, certains quand même osent l'aborder ».
Une autre commentatrice, Anne Teysseire, ajouta que « le plus grave problème écologique c'est la démographie et le nombre des hommes qui ne cesse d'augmenter ».

4 - Que penser de ce parallèle entre « Démographie responsable » et « Paternité responsable »?

L'amour conjugal exige donc des époux une conscience de leur mission de "paternité responsable", sur laquelle, à bon droit, on insiste tant aujourd'hui.
Mais quel sens donner à cette responsabilité ?

- Au plan de la famille, serait-il irresponsable pour des parents d’avoir un nouvel enfant compte tenu de la situation professionnelle des parents, de leur logement, de leur nombre d’enfants déjà présents dans la famille, etc ? Certes, il existe des situations extrêmes qui poussent au discernement, mais on devine qu’en se limitant à une approche matérielle de la paternité responsable, on risque d’avoir une vision étriquée.

- Au plan planétaire, la question se pose de la même manière : serait-il irresponsable de laisser la démographie progresser, compte tenu des ressources naturelles disponibles, du niveau d’empreinte écologique que l’humanité aurait dépassé, etc.. ?

a-  Au plan technique, la démographie n’est pas le problème essentiel

Une étude Agrimonde de l’INRA, reconnue par la FAO, énonce clairement qu’il est parfaitement possible de nourrir 9 milliards d’habitants, même en prenant en compte les questions environnementales.  La FAO a également présenté le 9 octobre 2012 un Rapport sur l’état de l’insécurité alimentaire dans le monde[1]. Les conclusions de ce rapport s’érigent en faux par rapport à la thématique de la croissance zéro proposée par les organisations écologistes.
Le message et la constatation de la FAO sont clairs : la croissance agricole d’un pays, et surtout lorsqu’elle se base sur de petites exploitations, a des effets très directs sur la baisse de la malnutrition dans les pays les plus pauvres. L’organisation estime que les progrès de productivité en agriculture ont été supérieurs de 1,5% chaque année à ceux des autres secteurs d’activité. Le rapport de la FAO affirme que

la politique clé, dans les pays les plus pauvres, est de permettre à l’agriculture de devenir le moteur de la croissance […]. Une forte croissance économique sera cruciale pour la réussite et la durabilité de la réduction de la faim. En effet, les régions qui ont connu la croissance la plus forte sont généralement celles où la réduction de la faim a été le plus rapide.

Prétendre que la décroissance, y compris celle de la population, est la seule solution pour sauver la planète est un discours inconséquent pour les pays les plus pauvres et donc facteur d’injustice.

L’Église est parfaitement au courant de ces données.
C’est pourquoi l'encyclique "Laudato si" rappelle un enseignement constant du magistère : « il faut reconnaître que la croissance démographique est pleinement compatible avec un développement intégral et solidaire » (§ 50). Le Compendium de la Doctrine sociale de l’Église le disait déjà  au §483.

Jean-Paul II avait dit avec force dans Familiaris consortio, le 22 novembre 1981 :

« C'est ainsi qu'est né un esprit contraire à la vie (anti-life mentality) qui apparaît dans beaucoup de questions actuelles: que l'on pense, par exemple, à une certaine panique dérivant des études faites par les écologistes et les futurologues sur Ia démographie, qui parfois exagèrent le péril de la croissance démographique pesant sur la qualité de la vie... C'est pourquoi l'Église condamne comme une grave offense à la dignité humaine et à la justice toutes les activités des gouvernements ou des autres autorités publiques qui essaient de limiter en quelque manière la liberté des conjoints dans leurs décisions concernant les enfants. Par conséquent, toute violence exercée par des autorités en faveur de la contraception, voire de la stérilisation ou de l'avortement provoqué, est à condamner absolument et à rejeter avec force. En même temps, il faut stigmatiser comme gravement injuste le fait que, dans les relations internationales, l'aide économique accordée pour la promotion des peuples soit conditionnée par des programmes de contraception, de stérilisation et d'avortement provoqué ». (§ 30).

Jean Paul II le répéta dans Sollicitudo rei socialis le 30 décembre 1987 :

« il paraît très alarmant de constater, dans beaucoup de pays, le lancement de campagnes systématiques contre la natalité, à l'initiative de leurs gouvernements, en opposition non seulement avec l'identité culturelle et religieuse de ces pays mais aussi avec la nature du vrai développement. Il arrive souvent que ces campagnes soient dues à des pressions et financées par des capitaux venant de l'étranger, et ici ou là, on leur subordonne même l'aide et l'assistance économique et financière. En tout cas, il s'agit d'un manque absolu de respect pour la liberté de décision des personnes intéressées, hommes et femmes, fréquemment soumises à d'intolérables pressions, y compris les contraintes économiques, pour les plier à cette forme nouvelle d'oppression. Ce sont les populations les plus pauvres qui en subissent les mauvais traitements; et cela finit par engendrer parfois la tendance à un certain racisme, ou par favoriser l'application de certaines formes, également racistes, d'eugénisme. » (§25)

b- Au plan doctrinal, la paternité responsable a un « rapport avec l'ordre moral objectif, établi par Dieu »

Où donc trouver la source d’une véritable dimension de la « paternité responsable » ? L’Église a écrit de très belles lignes sur ce thème de la « paternité responsable. C’est l’encyclique Humanae vitae qui a précisé ce concept. Elle y consacre tout son §10. La paternité responsable est une mission et non une limite : « L'amour conjugal exige des époux une conscience de leur mission de "paternité responsable" ».
L’encyclique met en garde sur la nécessité que cette mission soit « être exactement comprise ».
Certes, l’encyclique reconnait que des « conditions physiques, économiques, psychologiques et sociales » peuvent nécessiter l’exercice d’une « détermination réfléchie et généreuse ». C’est ce discernement généreux qui pourra, justifier une décision « prise pour de graves motifs et dans le respect de la loi morale, d'éviter temporairement ou même pour un temps indéterminé une nouvelle naissance ».
Mais Paul VI considère plusieurs aspects liés entre eux pour comprendre toutes les dimensions d’une paternité responsable :
- Par rapport aux processus biologiques, « la paternité responsable signifie connaissance et respect de leurs fonctions: l'intelligence découvre, dans le pouvoir de donner la vie, des lois biologiques qui font partie de la personne humaine »[2].
- Par rapport aux tendances de l'instinct et des passions, « la paternité responsable signifie la nécessaire maîtrise que la raison et la volonté doivent exercer sur elles ».
- Par rapport au projet divin : « La paternité responsable comporte encore et surtout un plus profond rapport avec l'ordre moral objectif, établi par Dieu, et dont la conscience droite est la fidèle interprète ».

La paternité responsable n’est donc pas un droit : « Dans la tâche de transmettre la vie, les conjoints ne sont par conséquent pas libres de procéder à leur guise, comme s'ils pouvaient déterminer de façon entièrement autonome les voies honnêtes à suivre ». La paternité responsable est au contraire un devoir « envers Dieu, envers eux-mêmes, envers la famille et envers la société, dans une juste hiérarchie des valeurs ».

Pour l’exercice responsable de la paternité, les conjoints doivent « conformer leur conduite à l'intention créatrice de Dieu, exprimée dans la nature même du mariage et de ses actes ».
La paternité responsable au plan renvoie au concept même de la liberté, de la vérité et de la loi naturelle. « Dans l'exercice de la liberté, l'homme accomplit des actes moralement bons, constructifs de sa personne et de la société, quand il obéit à la vérité, c'est-à-dire quand il ne prétend pas être le créateur et le maître absolu de cette dernière, ainsi que des normes éthiques.[3] En effet, la liberté « n'a pas sa source absolue et inconditionnée en elle-même, mais dans l'existence dans laquelle elle se situe et qui, pour elle, constitue à la fois des limites et des possibilités. C'est la liberté d'une créature, c'est-à-dire un don, qu'il faut accueillir comme un germe et qu'il faut faire mûrir de manière responsable ».[4] Dans le cas contraire, elle meurt comme liberté et détruit l'homme et la société [5]» (Compendium § 138).

c- Quelle est la compétence de l'Etat en matière démographique?

Populorum Progressio dit que "il est certain que les pouvoirs publics peuvent intervenir", mais le texte précise bien "dans les limites de leur compétence" et "en développant une information appropriée" (§ 37). Quelles sont ces compétences? Quelle information est appropriée?

* en matière de compétence, il faut ici souligner le principe de subsidiarité: "La doctrine de l’Église a élaboré le principe dit de subsidiarité". Selon celui-ci, " une société d’ordre supérieur ne doit pas intervenir dans la vie interne d’une société d’ordre inférieur en lui enlevant ses compétences, mais elle doit plutôt la soutenir en cas de nécessité et l’aider à coordonner son action avec celle des autres éléments qui composent la société, en vue du bien commun"… Le principe de subsidiarité … trace les limites de l’intervention de l’Etat"  (catéchisme 1883-1885)…. Cela s'applique particulièrement en matière de démographie. En effet, le catéchisme dit bien que "il est légitime que l'Etat intervienne pour orienter la croissance de la population … mais il ne peut légitimement se substituer à l’initiative des époux, premiers responsables de la procréation" (§ 2372) [NB, il ne parle pas de l'intervention d l'Etat pour orienter la décroissance de la population]

* en matière d'information "objective et respectueuse" (CEC 2372), la vérité est le mot clé. Dans des pays dont la fécondité est importante, certains états ne s'y sont pas trompé:
- Vérité en matière de santé reproductive: le président Ougandais Yoweri Museveni a su déclarer à la XVe Conférence internationale sur le Sida, à Bangkok au mois de juillet 2004, pour évoquer le succès de son pays dans la lutte contre le VIH. Il n'hésita pas à déclarer que " le Sida est principalement un problème moral, social et économique. Je considère les préservatifs comme une improvisation, pas une solution."
- Vérité en ce qui concerne l'état de la planète: le mathématicien et astrophysicien sud-africain, Hilton Ratcliffe, n'hésite pas à dire que le "réchauffement anthropique est un mythe" et "ceux qui y croient n'ont pas regardé les nombres mais répètent une propagande politique".
- Vérité en ce qui concerne le développement économique: l'économiste zambienne,  Dambisa Moyo, a su dénoncer l' "aide fatale" et le président du Mozambique a su développer les exportations de son pays grâce à une politique agricole, menée à coups de subventions des semences, engrais, matériel et conseil « parfois contre les préconisations d’institutions internationales comme la banque mondiale et le FMI » (Agra Presse hebdo n° 3205 du 1 juin 2009)
- Vérité en ce qui concerne les valeurs culturelles: le philosophe ghanéen Kwame Nkrumah, savait dénoncer en 1994 le fait que "Le néo-colonialisme, aujourd’hui, représente l’impérialisme à son stade final, peut-être le plus dangereux. [ …] L’essentiel du néo-colonialisme, c’est que l’Etat qui y est assujetti est théoriquement indépendant, possède tous les insignes de la souveraineté sur le plan international. Mais en réalité, son économie, et par conséquent sa politique, sont manipulées de l’extérieur"
En quoi, ces thématiques plaideraient-elles pour une réduction de la fécondité en Afrique si la vérité est clairement énoncée ? La démographie n'est pas responsable des retards de santé publique, ni du réchauffement climatique, ni du retard de développement économique. Les causes sont ailleurs. Il y a beaucoup d'hypocrisie à justifier un malthusianisme démographique par une information biaisée.

5- Conclusion

Quand on utilise le mot "responsable", dans la perspective de la "paternité responsable" ou de la "démographie responsable", il faudrait définir les critères de la responsabilité. C'est très délicat.
Dans Humanae Vitae (§ 10), le premier critère fixé est celui de "mission". La responsabilité revient à assurer une "mission". Laquelle?
- Le premier critère est biologique: "le respect des fonctions". Pour la "paternité responsable, il est question du respect des fonctions du corps. En extrapolant à la "démographie responsable", on pourrait parler d'une mission biologiquement sociale qui est de respecter en priorité la "fonction sociale" de la famille.
- Le second critère cité est la question de l'instinct. Dans la paternité responsable, ce qui est évoqué, Ce sont les passions qui poussent un conjoint à prendre le "pouvoir" sur l('autre pour en faire son "objet". En extrapolant à la démographie responsable, on pourrait parler de l'instinct des états qui consiste à vouloir prendre le pouvoir sur la famille dans beaucoup de domaines (fécondité, planning familial, éducation affective,  etc…
- Le troisième critère économique et matériel, le texte évoque, pour la "paternité responsable", le concept de "générosité pour faire grandir une famille nombreuse". Il est question de "graves motifs" économiques ou psychologiques" pour se soustraire à cette générosité. En extrapolant à la "démographie responsable", on pourrait parler de   "solidarité de la famille humaine" pour éviter que les plus pauvres ne se retrouvent face à de "graves motifs" qui les empêcheraient de remplir cette mission de fécondité "généreuse". 

Autrement dit,  le débat est beaucoup plus large que celui d'une responsabilité très "matérialiste" qui enferme le monde dans des dérives d'une "conception nettement matérialiste de l'homme et de la vie", comme le dit Mater et Magistra. Cette vision matérielle est très réductrice et engage le débat sur celui des ressources naturelles ou du développement économique, qui sont des angles de vue très partiels, voire des "boucs émissaires" ou des prétextes pour justifier des visions malthusiennes de la démographie.

Il parait clair qu'une vision trop matérialiste de la question démographique est fausse scientifiquement parlant. Mais elle ne permet pas, non plus, de résoudre les vrais problèmes de l’humanité. En effet, « aucune structuration positive du monde ne peut réussir là où les âmes restent à l'état sauvage » (Encyclique Spe salvi § 15). Le vrai problème est donc celui de l'évangélisation de la famille humaine.


[1] Agra n° 3369, 15 octobre 2012, pages 4-5.

[2] L’encyclique cite Saint Thomas, Sum Theol. la-Ilae, q.94,a.2.

[3] Catéchisme de l'Église Catholique, 1749-1756

[4] Jean-Paul II, Encycl. Veritatis splendor, 86

[5] Jean-Paul II, Encycl. Veritatis splendor, 44, 99

Commentaires  

# Les2ailes.com 13-07-2018 18:18
@ MUGAMBWE Polycarpe
Je ne partage pas votre point de vue et pense que vous n'avez pas compris que, pour nous, la "démographie responsable" est un concept malthusien.
Nous partageons le regard de l'Institut éthique et Politique Montalembert qui a consacré sa lettre écologique n° 5 à la démographie.
Il y est écrit ceci:
...La prise en compte des valeurs culturelles est également essentielle : le philosophe ghanéen Kwame Nkrumah, savait dénoncer en 1994 le fait que "le néo-colonialisme, aujourd’hui, représente l’impérialisme à son stade final, peut-être le plus dangereux".
- Ne pas se substituer à l’initiative des époux, premiers responsables de la procréation" (CEC § 2372), mais favoriser un cadre permettant à chacun d’assumer cette responsabilité.
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# MUGAMBWE Polycarpe 13-07-2018 16:11
Moi ,je suis burundais ;la démographie chez nous à une empleur très inquiétante. Vu que aucun développement n'est possible du fait que même les efforts de développement menés par nos gouvernements sont engroutis par cette surcoissance, nous avons récemment créé une association (ADRAE):ASSOCIATION POUR UNE DÉMOGRAPHIE RESPONSABLE ADAPTEE A L'ENVIRONNEMENT.Réunis nous plaidons en faveur d'une demographie maîtrisée et responsable pour préserver l'environement.J'en suis le représentant.Nous vous demandons un soutien moral et matériel pour aboutir a nos objectifs.
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# MUGAMBWE Polycarpe 13-07-2018 15:56
Bonjour.je vous remercie sincèrement pour cet exposé;moi aussi je suis convencu que le surcroît démographique est l'andicap principal pour le développement intégral des pays en développement,on sait que même les pays développés ont stratégiquement pris des mesures de stabilisation de leur croissance démographique pour arriver au stade actuel;il s'agit c'est une question qui est négligée par pas mal d'Etats et renforcée par la prédication biblique;pour sauvegarder l'humanité, il faut prendre des mesures sérieuses contrecarrant tout à coup la croissance de la population pour l'adapter à l'environnement sources de prestiges de toute sorte de vie
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