Le chiffre de 48.000 décès est tiré d’un rapport de Santé Publique France, daté de : juin 2016 et intitulé « Impacts de l’exposition chronique aux particules fines sur la mortalité en France continentale et analyse des gains en santé de plusieurs scénarios de réduction de la pollution atmosphérique ».
Ce rapport en conclue, malgré tout, que « sous un scénario sans pollution anthropique, plus de 48.000 décès seraient évités chaque année en France ».
Ce chiffre est répété en boucle dans les médias, par les politiques, par les militants d’ONG… le tout sur des hypothèses consensuelles et de prétendues méta-analyses de l’Organisation Mondiale de la Santé toujours en mal de catastrophisme. Même les essayistes les plus dissidents -et passionnants- ne peuvent s’empêcher d’écrire dans leurs raisonnements que « de nombreuses études internationales relèvent que les centrales au charbon sont particulièrement mortelles »[1] !
Cette allégation a un effet émotionnel et sous estime la capacité des installations modernes industrielles à dépoussiérer les fumées et à procéder à des extractions minières sous vide. Il ne faut donc pas comparer ce danger à celui, avéré, du grand smog de Londres de 1952 auquel on avait attribué environ 12.000 morts. Mais les concentrations de l'époque avaient atteint des pointes de particules fines à 1800 μg/m3 qui n'ont donc rien à voir avec les niveaux moyens de 13 à 20 μg/m3 cités par le rapport de Santé Publique France pour les grandes villes en France. 
Il faut vraiment comprendre à quel point les données et hypothèses sont totalement contestables :

  • Une approche qualifiée abusivement de« contrefactuelle » qui ne permet absolument pas de quantifier le lien causal entre particules et mortalité
  • L’exploitation d’une cohorte dite « Gazel-Air » de personnes observées dont les données de santé ne sont pas représentatives de la société française.
  • Le recours, par une méta-analyse, à des hypothèses de niveaux de risques qui sont tirés de modèles « de Cox » dont l’expérience montre qu’ils surestiment gravement les risques. Ce n’est pas parce qu’ils sont adoptés de manière consensuelle par l’OMS qu’ils sont représentatifs des réalités.
  • Le recours à des « modèles de chimie atmosphérique » très complexes, pour compenser l’absence de mesures de pollution dans les zones rurales considérées comme un objectif à atteindre.
  • L’exploitation de registre de décès communaux très contestables

Il faut donc se donner la peine d'entrer un peu dans le détail de la pseudo logique scientifique

Analyse Les2ailes.com

1- Méthodologie du rapport de Santé Publique France

1.1- Un modèle « contrefactuel » n’établit pas des liens de cause à effet.

L’approche de cette étude est qualifiée de « contrefactuelle » (p. 6) c’est-à-dire prétendant « estimer l’impact sanitaire attendu d’une baisse de la pollution atmosphérique, toutes choses égales par ailleurs, sans prendre en compte de délais entre la baisse de la pollution et l’apparition des bénéfices sanitaires, et sans considérer d’évolution au sein de la population (structure démographique par exemple) » (p. 7). Il ne s’agit donc pas d’une étude épidémiologique fondée sur des relevés hospitaliers, des autopsies ou des bilans de santé, mais d’une Évaluation quantitative d’impact sanitaire (ÉQUIS).

Une méthode contrefactuelle n’est qu’un type de modélisation qui repose sur deux piliers : d’un côté le paramètre d’intérêt, qui représente le phénomène économique que l’on cherche à analyser. Dans le cas présent, il s’agit de l’exposition d’une population à une atmosphère contenant une certaine dose de Particules fines (PM). L’autre versant de l’analyse causale est le choc supposé, la mortalité par exemple, que l’on impose au paramètre d’intérêt au travers de la modification des facteurs d’influence par une politique publique.

Les spécialistes montrent la difficulté d’une approche contrefactuelle pour conclure à la présence d’un lien causal de type nécessaire[2].

1.2- Une cohorte n’est pas une étude épidémiologique

Pour appliquer cette méthodologie contrefactuelle, Santé Publique France (SPF) a sélectionné une cohorte dite « Gazel-Air » (p. 7) établi avec l’ISERM.

Se référer à une cohorte peut paraitre une garantie de sérieux à un lecteur qui n’entre pas dans les détails de son contenu.

Or, lorsque l’étude de SPF a été publiée, en 2016, la cohorte Gazel-Air n’était absolument pas représentative de la société française. Lancée en 1989, elle prenait en compte des questionnaires remplis par 20.000 volontaires tous issus de la même entreprise, anciens agents d’EDF-GDF, tous âgés de 64 à 79 ans, ne comportant plus de personnes en activité professionnelle[3].

Les questionnaires[4] ont toutefois le mérite, pendant 30 ans, d’être utilisés, chaque année, auprès des mêmes personnes. C’est ce qu’on appelle le caractère longitudinal[5] d’une cohorte.

Le questionnaire, lui-même, pourrait paraître relativement précis puisqu’il porte sur des éléments multiples :
D’une manière générale :

  • Comment jugez-vous votre état de santé général ?
  • Quelle est votre satisfaction concernant votre logement ? votre quartier ? les relations avec vos proches ? vos loisirs ? la vie que vous menez ?

Au plan de la santé, les questions portent sur :

  • L’indice de masse corporelle
  • L’existence d’un souffle au cœur ou d’une hospitalisation pour problème cardiaque 
  • L’existence d’un problème de santé limitant les activités habituelles
  • Des pathologies diverses (Lombalgie, hypertension, douleurs articulaires, cholestérol, affections digestives, maladies endocriniennes ou métaboliques, affections oculaires, urinaires ou génitales, neurologiques, cancer, …)
  • Affections respiratoires (asthme, bronchite, apnées, etc…)
  • Des données de santé pendant l’enfance (poids à la naissance, naissance à terme, naissance par césarienne, allaitement maternel,

Au plan psychique, de nombreuses questions portent sur la capacité des participants à la concentration, au sommeil, aux prises de décisions, à se sentir utile, à surmonter des difficultés, ou sur d’éventuelles situations de déprime ou de perte de confiance en soi.

D’autres questions sont d’ordre sociologiques :

  • Position dans la fratrie,
  • Travail de la mère pendant la grossesse et les premières années de vie,
  • Diplôme des parents,
  • Lieu de naissance personnel, des parents et des grands parents[6].
  • Fumeurs (tabac, électronique ou cannabis)
  • Consommation d’alcool, (quantités, ivresse ponctuelle, types d’alcool,
  • Caractéristiques du logement (m², nb de personnes, salubrité, confort, VMC, …)
  • Aides à domicile, détails sur la qualité des travaux ménagers, (spray ou déodorants utilisés, …)
  • Situation financière,

C’est sur les questions de décès que la cohorte Gazel souffre de lacunes importantes. La cohorte a recours au Centre d'épidémiologie sur les causes médicales de Décès (CépiDC)[7]. 30% des décès constatés sur 31 ans n’ont pas été soumis au CépiDC. Pour les autres cas, les causes signalées sont le cancer (54% sans précision de l’organe affecté), l’appareil circulatoire (9%), des cardiopathies (7%), des traumatismes ou empoisonnements (5%), des suicides (4%). Les décès ne faisant l’objet d’aucun autre détail représentent 20%. Les âges de décès ne sont pas précisés.

Ce n’est donc pas la référence à la cohorte Gazel qui permet d’établir le moindre lien de cause à effet entre exposition aux particules fines et mortalité.

C’est pourquoi, la méthodologie du rapport de SPF oblige à se fonder sur des présupposés consensuels, qui ne sont pas en soi une preuve, admettant :

  • la « causalité …entre l’exposition aux PM d’une part, et la morbidité et la mortalité d’autre part » (p. 7)
  • les niveaux de risques relatifs (RR)[8] qui expriment une « relation entre les variations du polluant et de la mortalité » (p. 4)
  • le choix «  d’appliquer les RR disponibles dans toutes les communes, y compris les communes rurales » (p. 10)
  • la « log-linéarité de ces relations entre les concentrations et la mortalité » (p. 7).

 1.3- Une méta-analyse n’est pas une étude !

Les risques relatifs (RR) admis dans des « méta-analyses » menées par l’OMS[9] et dans le cadre de cohortes diverses[10].
Une méta-analyse est une méthode scientifique systématique combinant les résultats d'une série d'études sur un problème donné. Plus spécifiquement, il s'agit d'une synthèse statistique des études incluses dans une revue systématique qui, malheureusement, rassemble des études à faible degré de connaissance scientifique (études d’opinions, essais de laboratoire, études croisées, …) et d’autres à degrés plus élevés (études transversales, études de cas témoins, études de cohortes, essais contrôlés randomisés, …).

Mais, ce type de méta-analyse est sujet à ce qu’on appelle des biais de notification, le plus connu étant le biais de publication, appelé également « effet tiroir » par lequel des chercheurs ont tendance à moins publier des études concluant à une absence de résultat. Or, souvent, ce sont les études les plus scientifiques qui concluent à la difficulté de retenir des résultats fiables.

C’est pourquoi, les méta-analyses, dont le qualificatif évoque un sérieux apparent, font en réalité partie des méthodes d'analyse dites secondaires en ce sens qu'elles s'appuient sur la ré-exploitation de données existantes, n’ayant qu’un but économique de réduction de coût et de délais de recherche.

Pour juger de la qualité des études retenues, il faudrait entrer dans le détail des 17 cohortes citées par Santé Publique France (tableau 1, p.10, ci-dessous). 

C’est, bien sûr impossible. Nous avons toutefois, à titre de test, parcouru les quatre premières citées : Puett et al. 2011, Lipsett et al. 2011, Ostro et al. 2010, Pope et al. 2002. On découvre très vite que toutes ces études ont eu recours à des modèles à risques proportionnels de Cox variables dans le temps pour évaluer les relations entre la mortalité toutes causes confondues et les résultats cardio-vasculaires avec les expositions prévues aux PM10, PM2,5 et PM10–2,5. Or, ces « modèles de risque » qui sont courants (modèles de Cox, Kaplan-Meier, Fine-Gray), souffrent d’une triste réputation. Ces modèles avaient conduit l’Imperial College à prévoir 510.000 morts du Covid en Angleterre. Pourquoi ? Parce que ces modèles surestiment les allégations en présupposant que les risques sont proportionnels et indépendants d’« évènements concurrents » qui pourraient survenir et que les hypothèses retenues sont indépendantes du temps.

Prétendre que le Risque Relatif de mortalité est de 1,06 pour une augmentation de 10 µg/m3 des niveaux de PM2.5 (p. 9) est donc parfaitement subjectif. Une telle valeur n’est pas anodine. Elle signifie que la mortalité augmente de 6 % quand les personnes sont exposées à une atmosphère dont la charge de PM2,5 augmente de 10 µg/m3 ! Appliquer ce taux de 6% à une mortalité moyenne française de 650.000 habitants, signifierait 39.000 morts évités. Quand on voit que les fourchettes varient entre des RR de 1,01 (Lipsett et al. 2011) et 1,26 (Puett et al. 2009), cela signifierait que le nombre de morts évités varieraient entre 6.500 et 169.000 décès ! Et c’est sans compter les auteurs[11] qui n’excluent pas des valeurs de RR <1 ce qui signifierait que la mortalité diminue quand l’exposition aux PM augmente !

On comprend que le rapport SPF reconnaisse que, « parmi les éléments clefs d’une EQUIS, figurent les choix des RR liant le polluant à l’effet sanitaire étudié, le scénario de l’EQUIS, et les méthodes d’estimation de l’exposition » (p. 6) !

1.4- Le recours aux « Associations agrées de surveillance de la qualité de l’air » (Aasqa)

Ces associations, au nombre de 27 en France, sont agréées par le ministère de l'Écologie pour communiquer officiellement leurs résultats. Il s’agit, par exemple de AirParif, Air Rhône-Alpes, Air Provence-Alpes-Côte d’Azur-Paca, Air Paca, … Malheureusement, leurs résultats ne concernent que « les agglomérations de plus de 100 000 habitants… et, en dehors de ces agglomérations, … l’exposition à la pollution de l’air ne peut être estimée que par des modèles de chimie atmosphérique » (p. 5).

De quoi s’agit-il ? Les mesures faites en un lieu et un instant ne permet cependant pas de couvrir les quatre dimensions spatio-temporelles. Les modèles de chimie atmosphérique sont des programmes informatiques permettant de reproduire le plus fidèlement possible les concentrations de différents polluants sur une zone géographique voulue à partir des équations de la physique et de la chimie. Sur les deux modèles tridimensionnels utilisés en France, Chimère et Mocace, c’est le 1er que le rapport SPF a retenu (p. 11). Ce sont des modèles extrêmement complexes, reposant sur une chimie atmosphérique très sophistiquée.

Ceci explique que la confrontation entre les mesures et les modèles conduit à des corrélations de « seulement 0,42 pour les PM2.5 » (p. 12)

1.5- Les observations en matière de mortalité

Le rapport précise que « les données de mortalité toutes causes et par âge pour les personnes âgées de 30 ans et plus ont été obtenues pour chaque commune auprès du Centre d'épidémiologie sur les causes médicales de décès (CépiDC) pour la période 2007-2008 » (§ 2.1.4 p. 14). Il y a là, un présupposé très discutable dans la mesure où une personne exposée aux valeurs de PM2,5 d’une commune, peut décéder dans l’hôpital d’une grande agglomération, contribuant ainsi à aggraver le Risque relatif (RR).

D'autant plus que le questionnaire de la cohorte dite « Gazel-Air » ne fournit aucune donnée sur les éventuelles mobilités saisonnières des personnes. Or, la France se place en première position au niveau Européen, avec 9,5% du parc de logements identifiés comme résidences secondaires et deux résidences secondaires sur trois sont détenues par un ménage de 60 ans ou plus. Ces résidences se trouvent sur le littoral (40 %) ou en altitude (16 %), donc dans des zones peu exposées aux particules fines. Rien n’est dit sur les communes où sont collectées les données de mortalité : s’agit-il d’un hôpital urbain proche de la résidence principale ou secondaire des défunts.

1.6- Les observations en matière de concentrations de PM2.5

Un seuil a été fixé au percentile 5 de la distribution des concentrations des PM2.5 dans les communes rurales françaises. Le rapport « évalue le nombre de décès évités chaque année si toutes les communes françaises atteignaient les niveaux de PM2.5 observés dans les communes de type d’urbanisation équivalent les moins polluées. » (p. 15)

Le rapport fournit un tableau de données d’expositions aux particules fines (Tab. 3, p. 18).

1.7- Les conclusions de l’étude SPF

Le rapport SPF, sous l’apparence d’une démarche scientifique, s’appuie en fait sur des données totalement contestables :

  • Une approche « contrefactuelle » ne permettant pas de conclure à la présence d’un lien causal de type nécessaire
  • L’exploitation d’une cohorte dite « Gazel-Air » de personnes observées dont les données de santé ne sont pas représentatives de la société française
  • Le recours, par une méta-analyse, à des hypothèses de niveaux de risques qui sont tirés de modèles « de Cox » dont l’expérience montre qu’ils surestiment gravement les risques. Ce n’est pas parce qu’ils sont adoptés de manière consensuelle par l’OMS qu’ils sont conformes aux réalités.
  • Le recours à des « modèles de chimie atmosphérique » très complexes, pour compenser l’absence de mesures de pollution dans les zones rurales.
  • L’exploitation de registre de décès communaux très contestables

Il en conclue, malgré tout, que « sous un scénario sans pollution anthropique, plus de 48.000 décès seraient évités chaque année en France » (§ 2.2.1, p 18)

2- Les données de l’Organisation mondiale de la Santé (WHO)

La banque de donnée de l’OMS donne seulement 18.916 (13.627 à 24.470) morts attribuables à la pollution de l’air ambiant en France en 2019[12].
Parler de 19.000 morts ou de 48.000 morts, n'enlèvent rien aux faits qu'un seul mort est toujours regrétable. Mais, une telle fourchette confirme que ce type de mortalité attribuée aux Particules fines n'a aucun fondement scientifique. Les causes de mortalité d'une personne exposée ont toujours d'autres origines que la dite-exposition.

3- D’une allégation fausse à celle évoquant la bronchiolite

Lorsqu’on est dans une logique d’idée, définition même de l’idéologie, on refuse toujours de se confronter au réel.
Ainsi, la Dress, l’antenne de statistiques du ministère de la Santé, a publié le 4 janvier 2024 une étude portant sur l’exposition des enfants à la pollution de l’air. Il en ressortirait que les plus pauvres et les plus riches sont les plus exposés.

Les données sont consultables sur un fichier Exel « ER1292 (1) ». Toutes les données, curieusement remontent toujours à la même époque : « seules les années 2012 à 2016 sont considérées » (graph. 2). On y trouve, selon les déciles de niveau de vie, des données de « naissances prématurées », de « poids de naissance », de nombre de passage dans des services de néonatologie ». On y affirme que « les enfants les plus modestes nés cette année-là (premier dixième de niveau de vie des enfants de l’échantillon) ont une exposition aux PM2,5 de 0,44 µg/m³ plus élevée que ceux de niveau de vie médian (cinquième dixième) en moyenne, et de 1,08 µg/m³ plus élevée » (graph 1). Mais on précise qu’il s’agit de données de l’Atmopheric Composition Analysis Group (ACAG) :  « Dans les aires de 200 000 à 700 000 habitants, cet écart est de  1,20 µg/m³ en moyenne ». Il ne s’agit pas d’observations mais de données calculées par un modèle de Université américaine Washington University in St-Louis. Ils appliquent, comme Santé Publique France, « des modèles mondiaux de transport chimique ». Dès lors, ce sont les mêmes critères d’hypothèses d’expositions aux particules fines qui sont retenues en fonction des communes de < 50.000 hab, 50-200.000 hab, 200-700.000 hab, > 700.000 hab, et Paris. Il est précisé que les communes retenues sont celles de la « exposition l’année de leur naissance à la commune de résidence » (graph 1). On y fournit également, par décile de niveau de vie, des données d’admission en urgence pour asthme pour les enfants < 3 ans et de bronchiolite < 2 ans et des données de consommation de médicaments contre l’asthme (graph 3).
Le dossier prétend comparer les données entre les « groupes exposés et ceux dits non exposés » et établir une corrélation avec les données hospitalière. Il est bien précisé qu’il s’agit d’« estimations obtenues par des modèles de régression linéaire ». Les spécialistes expliquent les lacunes de ce type de modèles : il faut choisir « la variable que vous voulez comprendre, prévoir ou modéliser. Cette variable est appelée ‘variable dépendante’ ». Dans le cas présent, il s’agit des données hospitalières. Il faut ensuite déterminer « quels facteurs peuvent expliquer cette variable dépendante. Ces variables sont appelées ‘variables explicatives’ ». Dans le cas présent, il s’agit de facteurs tels que les revenus, l’exposition théorique aux particules fines, … Mais, « comment savoir quelles variables explicatives sont significatives ? … si des variables sont ou non redondantes ? si des biais ne polluent pas le résultat ? ».

Ces questions ne sont pas anodines quand le gouvernement explique lui-même que « la bronchiolite est une infection respiratoire liée à un virus très répandu en automne et en hiver ». Le 17 janvier 2023, Moderna a d’ailleurs annoncé via un communiqué que les essais de phase 3 de son candidat-vaccin à ARNm contre le virus respiratoire syncytial (RSV), à l’origine de la bronchiolite… Même si le communiqué gouvernementale du 19.sept 2023 précise qu’il ne s’agit « pas d’un vaccin mais d’un traitement préventif par anticorps monoclonal », alors que, pour le Covid, il l’appelait vaccin pour un traitement utilisant également l’ARN !
Le virus se transmet par la salive, les éternuements, la toux et par les mains et reste sur les objets souillés (tels que les jouets, les tétines, les “doudous”).
Il se transmet surtout dans les espaces ventilés. C’est pourquoi l’Agence régionale de Santé de Bretagne recommande d’« éviter d’emmener son enfant dans les endroits publics confinés (transports en commun, centres commerciaux, etc.) ». Lors d’une crise de Bronchiolite avait envahi les hôpitaux, il a suffi qu’une grève de la RATP pour que l’affluence baisse aussitôt… malgré les embouteillages automobiles qui en résultaient. La pollution aux particules fines n’est donc pas la « variable explicative » que l’on croit !

Quant à l’asthme, l’étude de la DRESS ne dit rien à propos du « tabagisme pré et post natal qui a des conséquences sur le développement pulmonaire, modifie la réponse immunitaire et augmente la prévalence des bronchites sifflantes durant l’enfance. Les nouveau-nés exposés ont un risque d’altération de leur fonction respiratoire et d’augmentation des symptômes d’asthme ».
Elle ne dit rien non plus de la durée de l’allaitement. Or une étude évaluant les relations entre l'alimentation en début de vie est l'asthme infantile  précise que « la durée de l'allaitement était plus basse chez les bébés élevés par une mère célibataire, dont les parents avaient un niveau plus bas de scolarité, étaient fumeur, ou qui avaient des animaux familiers à leur domicile »

4- Conclusion: des allégations qui conduisent à des « dettes vertes » abyssales

Tout cela n’empêche pas les hommes politiques de contribuer à faire tourner ce chiffre sempiternellement :

  • Communiqué interministériel du 23 juillet 2018 du ministre de l’Écologie (Nicolas Hulot) et de la Ministre des Transports (Elisabeth Borne),
  • Déclaration du Président de la République Emmanuel Macron le 27 novembre 2018 pour justifier les taxes sur les carburants.
  • Anne Hidalgo, s’était déjà appuyée sur cet argument en 2017 pour le plan anti-pollution de la Ville de Paris
  • En 2018, le ministre Nicolas Hulot a fait interdire la vente d’incinérateurs de jardins, qui « contribuent ainsi à la pollution de l’air qui est la 3e cause de mortalité en France avec 48 000 décès prématurés par an ».
  • On a aussi voulu interdire les flambées de noël dans nos cheminées et pourquoi pas la cuisson des pizza au feu de bois !

Or, l’observation des réalités montre à quel point ces modélisations sont théoriques et déconnectées des faits. Jean Orselli constate par exemple que « la structure des décès selon les tranches d’âge est quasiment identique entre l’Île de France très polluée et le « grand » Massif Central peu pollué (…), ce qui « fait preuve » que la pollution n’a aucune influence sur la mortalité au plan national »[13].

Concernant le monde entier, la différence des évaluations farfelues est analogue. En 2012, l’OMS évaluait les décès prématurés dus à la pollution de l’air extérieur dans le monde à 3,7 millions. En 2019, la société européenne de cardiologie estimait ce chiffre à 9 millions…[14].

La science se soumet à une armée de fonctionnaires, sous l’égide de SPF, Santé publique France :

  • de 560 collaborateurs directs
  • 120 agents des Cellules interrégionales d’épidémies (Cire) placés auprès des Agences régionales de santé.
  • 500 personnes dans les associations agréées de surveillance de la qualité de l’air (Aasqa) subventionnées à 70% par l’Etat et, pour le reste, par les collectivités territoriales et par la taxe générale sur les activités polluantes (TGAP) payée par les industriels.

Toutes ces fausses allégations conduisent nos politiques à enfoncer les citoyens dans une « dette verte » abyssale. « Pour financer ces dépenses vertes, l’État empruntera 15 milliards d’euros en 2024, soit 4 milliards de plus que l’an dernier, selon un communiqué de l’Agence France Trésor (AFT), la division de Bercy chargée d’émettre la dette. La dette verte de la France s’élève actuellement à 61,9 milliards d’euros, contre 56 milliards en Allemagne et 52 milliards au Royaume-Uni, par exemple. Cette dette verte correspond à l’encours des titres verts émis par le Trésor. Ces obligations particulières servent spécifiquement à lever des fonds pour financer des dépenses liées à la transition écologique, à aider les Français à faire des travaux de rénovation énergétique dans leur logement. Au-delà de l’écologie, l’État français prévoit de lever 285 milliards d’euros sur les marchés financiers en 2024 pour financer ses dépenses, écrasant le record de l’an dernier » (source : Figaro 12.1.2024)


[1] Fabien Bouglé « Guerre de l’énergie », (Ed. du Rocher, déc. 2023, p. 276) ; l’auteur se fonde sur une note de bas de page évoquant des auteurs Stephen Jarvis & al « The private and External Costs of Germany’s Nuclear Phase out Get » (Journal of the European Economic Association (Vol 20, Issue 3, Juin 2022. Or cette référence n’a rien de scientifique et se contente de reprendre « les estimations dose-réponse du projet ESCAPE (Lancet 2014). Plus précisément, le projet ESCAPE rapporte que le taux de mortalité lorsque l'exposition aux PM2,5 est de X + 5 µg/m3 divisé par le taux de mortalité lorsque l'exposition aux PM2.5 est de X µg/m3 est de 1,07 » (p. 26).

[2] Pierre-Henri Bono et Alain Trannoy, « Causalité et contre-factualité dans l’évaluation économique des politiques publiques » (Atelier interdisciplinaire Labyrinthe, n° 39, 2012, p. 35-53)

[3] Certes, depuis, elle a été élargie, mais n’est toujours pas représentative de la société française. https://www.gazel.inserm.fr/sites/default/files/2019-02/Journal_57_janvier-2018.pdf

[4] Cohorte Gazel, rapport année 30 (2019)

[5] Une étude épidémiologique doit être ce qu’on appelle longitudinale et non pas transversale. Une étude transversale consiste à observer, à un moment donné ou pendant une durée moyenne de suivi courte, par exemple les personnes qui ont un cancer. Une étude longitudinale va vérifier que telle personne a eu tel comportement pendant dix ans, et va réinterroger les mêmes personnes, dix ans plus tard, puis 20 ans, pour vérifier si elles ont été victimes d’un cancer et lequel

[6] 6 à 7% sont nés hors de France mais, 15 % environ des interrogés ignorent le lieu de naissance de leurs grands-parents.

[7] Service de l'Inserm en charge de produire la statistique nationale des causes médicales de décès.

[8] Par exemple, un risque relatif de 1,02 signifie que les personnes exposées ont un risque de voir survenir, en réponse à l’augmentation de l’exposition aux polluants d’une valeur donnée, l’évènement sanitaire à l’étude avec une fréquence augmentée de 2 %.

[9] Trois références fournies

  • Hoek G, Krishnan RM, Beelen R, Peters A, Ostro B, Brunekreef B, et al. Long-term air pollution exposure and cardio- respiratory mortality: a review. Environ Health 2013; 12(1):43.
  • WHO Regional office for Europe. Health risks of air pollution in Europe - Hrapie project

Recommandations for concentration-response functions for cost-benefits analysis of particulate matter, ozone and nitrogen dioxide. Copenhague, Danemark: WHO Regional office for Europe; 2013. 60 p

  • WHO Regional office for Europe. WHO Expert Meeting: Methods and tools for assessing the health risks of air pollution at local, national and international level. Bonn: WHO; 2014. 107 p.

[10] Deux cohortes citées :

  • cohortes européennes Escape (European Study of Cohorts for Air Pollution Effects) qui inclut 22 cohortes pour l’analyse des impacts de la pollution sur la mortalité totale [5] et cardiovasculaire [19] ainsi que 17 cohortes pour l’analyse des impacts sur la mortalité par cancer du poumon [20] ;
  • cohorte française Gazel-Air produits par l’InVS qui ont l’avantage de porter sur une population française. Bien que spécifiques (travailleurs actifs et retraités d’une grande entreprise), les résultats présentent l’intérêt d’être issus des mêmes données d’exposition que celles utilisées pour l’EQIS

[11] Puett et al. 2011 : 0,86 [0.72 :1.02] ; Lipsett et al. 2011 : 1,01 [0.94 :1.08] ; Bentayeb et al. 2015 : 1,06 [0.97 :1.16]

[12] Source : https://www.who.int/data/gho/data/indicators/indicator-details/GHO/ambient-air-pollution-attributable-deaths

[13] Source : Jean Orselli : « le mythe des morts prématurées dues à la pollution de l’air » (L’harmattan – 2022)

[14] https://www.lemondedelenergie.com/enfumage-48000-morts-prematurees-dues-pollution-air/2022/08/10/