"L'Europe est trop grande pour être unie et trop petite pour être divisée” (Daniel Faucher, géographe)

Quelles limites géographiques retenir pour l'Europe ? Deux types de limites orientales pourraient être imaginées:

  • En rouge, celle selon laquelle il doit être possible de naviguer autour d'un continent. La route commerciale, tracée par des Varègues (Vikings suédois) qui peuplèrent le nord-ouest de la Russie au début du IXe siècle, en est une historiquement connue. Elle passe par les voies navigables des plaines russes. Elle part de la mer Blanche, remonte le long de la Dvina septentrionale et son bras la Soukhona pour atteindre le canal de la Dvina. Ce canal permet d'atteindre la Cheksna, dans le bassin de la Volga, jusqu'à la retenue de Rybinsk. Franchissant le barrage, la limite descend le long de la Volga, jusqu'au canal Volga-Don, qui permet de rejoindre le Don jusqu'à la mer d'Azov et la mer Noire (voir la carte jointe).
  • En bleu, celle selon laquelle les fleuves ne sont pas des limites culturelles, mais au contraire un lien entre elles. Dès lors il faudrait limiter l'Europe à la chaîne de l'Oural et au sud-Est des lignes de partage des eaux des fleuves de la Dvina septentrionale, de la Volga, et du Don. Ce serait en quelque sorte, l’Europe évoquée par le Général de Gaulle de l’Atlantique à l’Oural.
    Mais une telle unité culturelle concerne surtout les peuples slaves mais ne créée pas de liens pour l’Europe.
  • A la question, « Europe, Où es-tu ? », cette idée de lien culturel montre qu’il serait préférable de s’interroger : « Europe, Qui es-tu ? ».

 Analyse: les2ailes.com

1- La réponse institutionnelle du traité de Lisbonne

Le traité de Lisbonne, instituant en 2007 l’Union européenne, a affirmé que l’UE est, entre autres, « fondée sur des valeurs communes caractérisée par le pluralisme, la non-discrimination, la tolérance… », prétendant s’inspirer « des héritages culturels, religieux et humanistes de l’Europe » ?
En réalité, ces trois mots sont très liés. L’homme – au sens le plus profond– est doté, entre autres, de deux critères de base : le premier est sa capacité de discriminer le vrai et le faux, ce qui lui permet de décrire des perceptions ; le second est l’aptitude à différencier le bien du mal, pour évaluer ses actions ou des situations. Or, les deux concepts de « tolérance » et de « pluralisme » ignorent commodément la notion de « vérité » qui, tel un parent pauvre, est laissée dans l’obscurité pour ne pas porter atteinte au subjectivisme en vogue.

Nos constitutionnalistes ont-ils mis en perspective le concept de tolérance avec les héritages qui sont sensés les avoir inspirés ?

1.1- L’héritage Grec

Le concept de tolérance n’est pas une idée développée dans la philosophie grecque. Certes, la cité était en contact avec de nombreuses cultures. Mais si la tolérance est une capacité à entendre des propos novateurs, il faut reconnaître que Platon craignait le changement.
Et, si Socrate, pendant plus de vingt ans, a pu développer des propos hérétiques pour son temps, il a toutefois été condamné à mort au motif que l’interrogation socratique était un instrument qu’on qualifierait aujourd’hui de négationniste. Une forme d’athéisme chez lui a d’ailleurs été une des principales accusations de son procès. La tolérance répressive de Marcuse[1] est ici poussée à son extrémité !
La civilisation grecque s’est nourrie des débats contradictoires sur l’agora. Mais, cette vérité est le fruit d’un jeu de pouvoirs : les discours sur la vérité sont tributaires de la subjectivité des locuteurs, de la contingence de leur contexte, et des insuffisances du langage.

1.2- L’héritage du christianisme

On aura beau jeu de critiquer l’Eglise sur l’intolérance dont elle a fait preuve pendant l’inquisition. Il y a là, une forme d’amalgame entre les pratiques de l’Eglise, institution humaine faillible, et sa doctrine. Pourtant, l’histoire montre même que le droit de la défense a été, en quelque sorte, une mise en œuvre de l’institution des inquisiteurs. En 1376, Nicolau Eymerich, dans son ouvrage "Directorium Inquisitorum" très prisé par les inquisiteurs, écrivait, dans son chapitre intitulé Des défenses de l'accusé : « [...] Comme les défenses de l'accusé semblent être de droit naturel, on doit encore laisser au criminel la liberté d'employer celles qui sont légitimes et de droit ».
Le droit de la défense est une survivance du droit romain qui a été repris par les tribunaux ecclésiastiques institués par le concile de Gratus, vers 348. Et, très tôt, ce sont les évêques eux-mêmes qui ont assumé l’essentiel des prérogatives judiciaires, y compris celle de protéger.

Cependant, la tolérance n’est pas un concept évangélique. Il suffit d'entendre le Christ affirmer que « celui qui pratique des choses viles a de la haine pour la lumière [de la vérité] » (Jean 3:20).
Le Christ, face au pécheur, n’est pas tolérant, mais développe une autre culture, celle du pardon : « Va et ne pèche plus »[2] !

Dans le christianisme, il y a deux mises en garde :
♦ distinguer l’acte et l’auteur de l’acte. On peut être tolérant avec une personne, mais pas nécessairement avec l'acte dont elle est coupable
♦ et ne pas confondre tolérance et relativisme. Jean-Paul II disait: « Croire en la possibilité de connaître une vérité universellement valable n'est pas du tout une source d'intolérance ; au contraire, c'est la condition nécessaire pour un dialogue sincère et authentique entre les personnes »[3]. La tolérance ne consiste donc pas à refuser de rechercher une vérité universelle. Au contraire, « dans de nombreux pays, après la chute des idéologies qui liaient la politique à une conception totalitaire du monde — la première d'entre elles étant le marxisme —, un risque non moins grave apparaît aujourd'hui … : c'est le risque de l'alliance entre la démocratie et le relativisme éthique qui retire à la convivialité civile toute référence morale sûre et la prive, plus radicalement, de l'acceptation de la vérité »[4]. Le pire est même que « s'il n'existe aucune vérité dernière qui guide et oriente l'action politique, les idées et les convictions peuvent être facilement exploitées au profit du pouvoir. Une démocratie sans valeurs se transforme facilement en un totalitarisme déclaré ou sournois, comme le montre l'histoire »[5].

Ce n’est donc pas dans le christianisme qu’on peut trouver les fondements du traité de Lisbonne. L’Europe ne s’est pas inspirée de l’héritage chrétien en matière de tolérance, ni d’ailleurs de la culture islamique. L’évocation par le traité de Lisbonne d’un héritage culturel humaniste est-il plus fondé ?

1.3- L’héritage humaniste des lumières

Au 18ème siècle, Voltaire se prétend l’un des principaux défenseurs des victimes de l’intolérance religieuse en dénonçant, par ses écrits, l’injustice des procédures visant des familles protestantes.
Au nom de la raison, les philosophes critiquent les « superstitions » religieuses. Mais en attribuant à la superstition la cause de l’intolérance, les Lumières ont confondu le combat contre la superstition à celui pour la tolérance.
La tolérance des lumières s’est, d’ailleurs, heurtée à l’épreuve de la Révolution.
Largement inspirée des idéaux politiques des Lumières, notamment des écrits de Montesquieu, la Révolution proclame la liberté de conscience et la liberté de culte, avec une limite : le trouble à l’ordre public. L’article 10 de la déclaration des droits de l’homme stipule en effet que : « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l’ordre public ».
En réalité, l’histoire religieuse de la Révolution est celle de l’échec du projet religieux des Lumières, qui n’a pas su tenir compte des résistances qu’il pouvait engendrer, et celle de la radicalisation d’un État qui a naïvement cherché à diriger les consciences pour mieux les émanciper.

1.4La lecture pratique qui est faite aujourd’hui du traité de Lisbonne.

En ce 21ème siècle, la Cour européenne des droits de l’homme a été instituée comme garante des valeurs de tolérance, mais de quelle garantie parle-t-on quand on s’abrite derrière des héritages culturels, religieux et humanistes qui sont particulièrement flous.

Les opinions semblent aujourd’hui devoir être tolérées. Mais dans la pratique, il sera considéré que les discours ne sont pas dénués d’effet par essence, et que la parole n’est pas qu’un déplacement d’air chaud : ce que les gens pensent et expriment oralement et par écrit sont jugés être d’une « grande dangerosité », au prétexte que les idées sont les précurseurs de l’action. 
C’est à cause de cela que le législateur a adopté en 2018 une loi contre la manipulation de l'information, couramment appelée « loi fake news ». Elle illustre bien que nos élites ne supportent pas la tolérance. Avec cette loi, le ton est donné. Une culture du refus de la dissidence poursuit sa route, engendrant cette forme de tolérance répressive (Marcuse) qui cache son nom.
Ainsi, pour ne retenir que l’exemple de la thématique climatique, Google et YouTube ont adopté en octobre 2021 une mesure interdisant les publicités et la monétisation des contenus qui « contredisent le consensus scientifique bien établi autour de l’existence et des causes du changement climatique ». De son côté, Wikipedia a imaginé un dispositif d'identification et d'alerte aux fausses informations sur le réchauffement climatique. Même la presse est en voie de renoncer à sa liberté de débattre sur le climat : plus de 1.500 journalistes ont signé en octobre 2022 une « Charte pour un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique » dans laquelle toute forme de dissidence est un fake new.

2- La réponse d’une anthropologie sociale chrétienne pour définir les valeurs de l’Europe.

En mettant en exergue, dans le traité de Lisbonne, la question de la tolérance, l’Europe n’est pas allée jusqu’au bout de la réflexion qui est celle du rapport de l’homme avec la vérité.  Or, « ce qui caractérise en premier lieu un peuple, c'est le partage de vie et de valeurs, qui est source de communion au niveau spirituel et moral » [6].
Mais, la seule idée d’évoquer une notion d’anthropologie chrétienne provoque un véritable rejet intellectuel au nom d’une laïcité mal comprise. Pourtant, l’anthropologie montre que les aspirations profondes de l’homme sont de rechercher la vérité, de vouloir travailler au bien commun, de vouloir, librement et personnellement, exercer son rôle dans le cadre d’une subsidiarité bien comprise.

2.1 – Quelle laïcité pour l’Europe ?

Le fondateur de la laïcité est le Christ lui-même qui disait : « Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu ». Certains laïcistes inversent la proposition en rêvant que les peuples confient à César ce qui appartient à Dieu. Or, une telle attitude conduirait, non à une laïcité des états, mais à une laïcisation de la société et à l’intolérance.

Concrètement, l’Islam est un messianisme à caractère religieux qui confond le fait religieux et la loi civile. Il conviendrait donc de renoncer à vouloir faire adhérer en Europe des pays à forte composante islamique.
Malheureusement cette confusion existe également dans l’orthodoxie telle qu’elle est héritée de l’empire byzantin, et qu’elle est pratiquée dans les états slaves. Trop souvent, elle se soumet au fait politique. Il n’est qu’à voir les exemples de :
- L’orthodoxie grecque : Depuis le soulèvement grec contre l’empire ottoman en 1821, une partie du bas clergé a été aux avant-postes des combats. Pour ces derniers, l’idée nationaliste s’est alors confondue avec la religion.
- Ou de celle du patriarche Cyrile apportant son soutien sans faille à l'"opération spéciale" en Ukraine menée par Poutine depuis 2022. 

Paradoxalement, l’existence d’un magistère catholique, indépendant de tous les pouvoirs temporels, est une meilleure garantie de saine laïcité.

2.2- Quel « bien commun » en Europe ?

Le catholicisme définit le bien commun comme « la dimension sociale et communautaire du bien moral »[7]. Il est « indivisible parce qu’il n’est possible qu’ensemble de l’atteindre, de l’accroître et de le conserver ». La vie en société, disait Jean XXIII, est « échange de connaissances dans la lumière de la vérité, […] émulation dans la recherche du bien moral ; communion dans la noble jouissance du beau en toutes ses expressions légitimes ; disposition permanente à communiquer à autrui le meilleur de soi-même et aspiration commune à un constant enrichissement spirituel. Telles sont les valeurs qui doivent animer et orienter toutes choses : activité culturelle, vie économique, organisation sociale, mouvements et régimes politiques, législation, et toute autre expression de la vie sociale dans sa continuelle évolution » [8].

A contrario, les Eglises protestantes, n’ont pas développé de droit positif interne susceptible de remédier à des droits locaux, nationaux ou internationaux. Cette particularité tient à la nature de la pensée protestante, aussi bien dans sa relation à l’espace public et au domaine politique que dans ses options théologiques et éthiques de base. L’absence de magistère doctrinal et moral, comme celui existant dans le catholicisme, conduit à l’adoption de considérants soumis d’abord à la délibération de chacun, à leur conscience dans leur relation aux Écritures. L’absence de normes internes conduit à des points de vue et des courants souvent contradictoires. Dès lors, l’intérêt général est un concept ressemblant à une simple somme de soucis particuliers de chaque sujet du corps social plutôt qu’à « un bien commun indivisible »[9].
Dès lors, la culture protestante se retrouve souvent à l’aise dans les recherches de compromis éthiques menés par les pouvoirs politiques, en fonction de connaissances scientifiques quelque fois plus consensuelles qu’avérées. Les exemples sont nombreux en matière d’approches écologiques ou bioéthiques[10].

3- Les procédures démocratiques de l’Europe à l’épreuve des élargissements de l’Europe

Depuis le traité de Lisbonne, les votes au Conseil de l’UE se déroulent selon trois modalités différentes : la majorité qualifiée, la majorité simple et l'unanimité.
La majorité qualifiée est atteinte si elle regroupe au moins 55 % des États membres [c'est-à-dire 15 États] représentant au moins 65 % de la population de l’Union européenne... Une minorité de blocage doit inclure au moins quatre membres du Conseil, faute de quoi la majorité qualifiée est réputée acquise » (art 9-c4).
Le nombre de domaines pour lesquels l’unanimité est requise s’est réduit au fur et à mesure des changements de traités. Il s’agit désormais des questions :
- de politique étrangère et de défense (politique étrangère et de sécurité commune) ;
- relatives à la justice et aux affaires intérieures (coopération policière et judiciaire en matière pénale, procureur européen) ;
- de fiscalité et d’harmonisation des législations nationales en la matière ;
- liées à l’adhésion à l’UE (élargissement) ;
- budgétaires, avec la définition du budget pluriannuel de l’UE (cadre financier pluriannuel) et l’existence de ressources financières propres à l’Union ;
- de politique sociale, avec l’harmonisation des législations nationales dans le domaine de la sécurité sociale et de la protection sociale ;
- de citoyenneté (sur les droits accordés aux citoyens européens) ;
- ainsi que des modifications apportées aux traités.[11]

On ressent implicitement que plus l’Europe est élargie, puis les situations de blocages sont possibles. En réalité, “la majorité qualifiée fonctionne parce qu’en négociation il y a 30-40 textes à la fois. Les 27 priorités nationales s’affrontent en marchandant un accord sur un texte en échange d’une avancée sur un autre. C’est une machine à fabriquer du compromis, qui serait impossible avec un seul texte en négociation”, explique Jean-Luc Sauron, docteur en droit public [12]
Malgré tout, le Président Macron a déclaré, à la Sorbonne le 25 avril 2024, qu’ « on ne peut pas avoir un continent, des instances qui décident …, avec une participation démocratique qui reste au niveau de 1979. Il nous faut … aller à la majorité qualifiée en matière de politique étrangère et de fiscalité, [voire] aller beaucoup plus loin sur ce sujet ». D’autres rêvent de revoir la pondération des voix qualifiées.[13] Et, lors d’un sommet de la Communauté politique européenne à Prague le 6 oct. 2022, on entendit Mme Schwarzer appeler la « Communauté politique européenne » (CPE) à amender la clause d’unanimité régissant (encore) les décisions de l’UE.  Elle est « Executive Director » pour l’Europe et l’Eurasie au sein de la fondation Soros.
Certes les négociations entamées avec la Turquie en 1987 ont été interrompues, mais, que deviendrait ces mécanismes si l’UE poursuivait les négociations qu’elle a entamées avec le Nord-Macédoine (depuis 2004), le Montenegro (depuis 2008), l’Albanie et la Serbie (depuis 2009), la Bosnie (depuis 2016), et surtout avec l’Ukraine, la Moldavie et la Géorgie (depuis 2022) ?
Paradoxalement l’UE réintroduit une dimension religieuse en ayant reconnue la candidature de la Géorgie, alors que, sans équivoque, elle est en dehors des limites géographiques de l’Europe. Est-ce pour des raisons géopoliticiennes avec la Russie ? En ce cas, pourquoi ne pas élargir l’UE à l’Arménie pour la protéger de la Turquie ?
Quelle serait l’unité culturelle d’une telle Europe ? Progressivement, c’est la dimension économique de l’Europe ou politicienne qui prendrait le dessus sur les aspects culturels et civilisationnels !

Conclusion

Ce sont de tels considérants qui conduisent l’historien des religions et essayiste orthodoxe Jean-François Colosimo à regretter[14] que certains pays aient été intégrés à l’Europe beaucoup trop rapidement et sans réflexion, après la chute du mur de Berlin. Pour lui, l’Europe aurait dû, d’abord, s’entendre « comme l’espace Carolingien[15], … avec la France, l’Allemagne, le Benelux, la Lombardie, la Catalogne, … l’Europe des Cathédrales gothiques[16] », autant dire, le périmètre de l’Europe des Six à son origine ! … et c’est le Président de l’Institut orthodoxe de Paris qui le dit !

Certes, il ne s’agit pas de penser que le cœur de cette Europe a conservé le sens ontologique du bien commun ou d’une laïcité spirituelle. C’est tout l’occident qui est influencé par l’individualisme ambiant. Malgré tout, il convient de s’interroger : « Comment un grand peuple chrétien est-il possible dans la civilisation de demain ? Le problème religieux n'est pas le problème d'une élite mais celui des masses. Et au niveau des masses, religion et civilisation sont étroitement dépendantes l'une de l'autre. Il n'y a pas de civilisation qui ne soit religieuse. Inversement, une religion de masse n'est possible que soutenue par la civilisation »[17]. Quand une culture luthérienne accepte la juxtaposition d'une religion personnelle et d'une société laïque, ou quand une culture slave s’accommode d’une religion soumise au pouvoir politique, de telles conceptions seront ruineuses tant pour la société que pour la religion.

J.F. Colosimo explique que, de la conversion de l’Empire romain au christianisme voulue par l’empereur Constantin, sont nées deux réalités : l’Empire byzantin d’un côté et l’Empire carolingien de l’autre : « Les missionnaires carolingiens et byzantins, devenus étrangers les uns aux autres - dans les rites, dans les proclamations, même un peu doctrinales, surtout dans la mentalité, dans la langue, le latin, le grec, etc. - vont se confronter pour l’évangélisation de Slaves", résume l'essayiste. "Ça va être une rivalité, et cette rivalité va dessiner une ligne de fracture, qui existe encore aujourd’hui. »… « En Occident, on va avoir des États-nations mais à l’Est des Églises-nations ».[18]

Si des règles de gouvernance devaient être revues au fil d’élargissements se poursuivant, ne faudrait-il pas redonner du poids au veto des six fondateurs pour éviter que l’Europe ne devienne qu’une fédération matérialiste et économique, une zone se déclarant "humaniste" mais ayant perdu son âme.


[1] Tolérance répressive telle que l’appelait de ses vœux Herbert Marcuse en 1965 ! Il plaidait pour une tolérance discriminante, en ce sens qu’elle doit choisir ce qui doit être toléré et non toléré. Cela exige-t-il de restreindre la liberté des mouvements qui s’opposent à des objectifs dits progressistes ?

[2] Jean 8.11

[3] Jean-Paul II « Fides et ratio » (§ 92)

[4] Jean-Paul II « Veritatis splendor » (§ 101)

[5] Jean-Paul II « Centesimus annus » (§ 46)

[6] Compendium de la DES (§ 386)

[7] Compendium de la DES (§ 164)

[8] Pape Jean XXIII  « Pacem in terris » (§ 266.)

[9] Lire à ce sujet : Denis Müller « droits internes des Religions – Protestantisme » (extrait du dictionnaire du droit des Religions » de Francis Messner.

[10] Lire à ce sujet :  Denis Müller « droits internes des Religions – Protestantisme » (extrait du dictionnaire du droit des Religions » de Francis Messner,

[11] https://www.touteleurope.eu/fonctionnement-de-l-ue/unanimite-majorite-qualifiee-minorite-de-blocage-comment-les-decisions-sont-elles-prises-en-europ/

[12] https://www.touteleurope.eu/fonctionnement-de-l-ue/unanimite-majorite-qualifiee-minorite-de-blocage-comment-les-decisions-sont-elles-prises-en-europ/

[13] La pondération reflète la double nature de l'Union, qui est à la fois une Union d'Etats et une Union de peuples

[14] Directeur de la rédaction de l’hebdomadaire « la Vie », président de l’Institut orthodoxe de Paris et directeur des éditions du Cerf.
Déclaration lors du grand débat – RND - Louis Daufresne – vendredi 10.5.2024, 51 :45

[15] 1. Byzance et l'Europe carolingienne (e-monsite.com)

[16] Carte : L'art gothique à la conquête de l'Europe | lhistoire.fr

[17] Question posée par le Cardinal Danielou dans un ouvrage toujours d’actualité : « L’oraison, problème politique »

[18] RCF, le 10 novembre 2022 « les racines du Présent » https://www.rcf.fr/articles/culture/aux-racines-du-conflit-en-ukraine-des-tensions-religieuses