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Scott Pruitt, l’administrateur de l’Agence américaine pour la Protection de l’Environnement (EPA), a été interviewé le 11 juillet 2017 par l’agence Reuters. Ses déclarations sont très intéressantes à plusieurs titres.
Il annonce d’abord qu’il va organiser un débat contradictoire entre scientifiques qu’il aimerait voir diffuser à la télévision. Les partisans du GIEC se sont aussitôt opposés à cette idée[1] . Ils qualifient cette idée de « connerie » et reprochent à Scott Pruitt de vouloir donner la parole aux lobbies de l’industrie ! Quand arrêtera-t-on de vouloir disqualifier la personne pour ce qu’elle serait et non pour ce qu’elle dit ? Scott Pruitt répond : « Pourquoi ne souhaitez-vous pas participer? » Il les compare à une équipe sportive de première division qui voudrait jouer seulement contre une équipe qu’ils sont sûrs de battre ! « Si vous allez gagner et si vous êtes tellement certain à ce sujet, venez ... [Vous ne devriez] pas avoir peur du débat et de la discussion ... ».
Au plan méthodologique, il propose un débat sur le mode classique appelé « Red team-blue team » : « Les scientifiques de « l'équipe rouge » et les scientifiques de « l'équipe bleue » se réunissent et ont une discussion solide à ce sujet pour que tout le monde la voit ... Ils se vérifient les uns les autres ». Scott Pruit ajoute : « le peuple américain mérite une discussion honnête, ouverte et transparente ». Cela pourrait intéresser n’importe quel citoyen européen. Hélas, les politiques européens n'organisent jamais de tels débats contradictoires.
Le second intérêt de cette interview est de comprendre la philosophie américaine de la réglementation. En Europe, dès que se manifeste un problème, on créé une norme, on instaure une règle, voire on vote une loi exprimant des déclarations d’intention incantatoires. Aux USA, les questions se posent en terme d’incitation, de décentralisation au niveau des États, d’assistance fédérale pour soutenir techniquement les États, etc.... Les conséquences judiciaires ne sont pas anodines : si la réglementation est mal positionnée, le risque existerait que l’EPA soit « poursuivie par un tiers, par un mécanisme d'exécution, par une ONG, et cette ONG demanderait à la cour d'obliger cette agence à prendre certaines mesures, soit par la modification des lois, ... puis l'agence accepterait un décret exécutoire modifiant le cadre législatif. C'est la réglementation par litige et cela est, à mon avis, incompatible avec l'autorité sur cette agence ».
Sur le fond du traité de Paris, Scott Pruitt rappelle que « la Chine n'a rien programmé de faire jusqu'en 2030 et l'Inde a conditionné toutes ses obligations à la réception de deux milliards et demi d'aide. La Russie, l'Inde et la Chine ont versé 0 dollars au Green Climate Fund... La Chine construit une installation de charbon par jour... L’inde va continuer à brûler du charbon ». Scott Pruit estime qu’il serait plus important que les USA exportent « de la technologie et de l'innovation pour les aider à nettoyer » les usines. Au sujet de l’Allemagne, il pose la question : « Pourquoi l'Allemagne s’est-elle éloignée du nucléaire? Ils abolissent leur portefeuille nucléaire et augmentent quoi ? Leurs émissions de CO2! Pourquoi personne ne parle-t-il avec la chancelière Merkel à ce sujet? ».
Nous proposons ici une traduction intégrale de cette interview.
source : Transcript of Reuters interview
Transcription: "les2ailes.com"