Le début de la révolution

Veuf avec 8 enfants à charge, J.B.P.A. est une personnalité en vue.

Il est Régisseur Général des Poudres et Salpêtres, intendant de l'Arsenal.
Il est également Secrétaire du Roi et de la Grande Chancellerie de France ainsi que Receveur des Finances de l'Election de Paris.

Cette notoriété et sa fortune lui valent des relations professionnelles, tant avec le Gouverneur de la Bastille, son voisin à l'Arsenal, qu'avec des ingénieurs tels Lavoisier et Edme-Pierre Le Mors de Chessinom, régisseur général des poudres et salpêtres.


Le 14-07-1789, lors de la prise de la Bastille, il fut confondu par la foule surexcitée, avec le Gouverneur de la Bastille, le Marquis de Launay. Le concierge de l'hôtel de ville le soigna à l'hôtel de ville et le fit coucher dans le lit de sa fille.
L'incident fut mentionné le jour même à la séance de l'Assemblée nationale.


« Pendant ce temps, une foule de peuple forçait l'hôtel de la régie des Poudres et salpêtres, brisait des caisses de munitions et en portait aux combattants... La foule se précipitait dans la place, par la rue de l'Orme St-Gervais, en criant que le gouverneur de la Bastille était pris et qu'on l'amenait à l'Hôtel de Ville. Au même instant, plusieurs personnes sont accourues en disant qu'elles venaient de voir l'homme arrêté, que ce n'était pas le Gouverneur de la Bastille et qu'il n'y avait pas un instant à perdre pour sauver au peuple irrité le malheur d'une méprise.

M. CLOUET, régisseur, avait été arrêté, son uniforme le faisant prendre pour M. de Launay. On allait l'immoler à l'instant même, lorsqu'un citoyen intrépide, M. Cholat [1] se présente et vient à bout de suspendre les premiers mouvements de la fureur du peuple. On le traîne à l'hôtel de Ville où M. de Saudray ne lui sauve une seconde fois la vie qu'au péril de la sienne et en recevant sur la tête un coup de sabre dont il est grièvement blessé... Sûrement la violence du coup l'ayant forcé d'abandonner la personne arrêtée, M. le Marquis de la Salle s'en est aussitôt emparé, et tous deux, enfin, sont parvenu à le mettre en sûreté et à sauver sa vie.

Malgré les mauvais traitements qu'il avait essuyés, les blessures nombreuses qu'il avait reçues, et le sang dont il était couvert, il a été universellement reconnu pour être M. CLOUET, régisseur des Poudres et Salpêtres et il a déclaré qu'il était sorti le matin même, à cheval, pour aller chez M. Blondel, maître des Requêtes, chargé du département des Poudres et Salpêtres ; qu'après lui avoir rendu compte, ainsi qu'il est d'usage, des opérations de la régie, il revenait tranquillement chez lui par la rue St-Antoine ; que la foule qui environnait déjà la Bastille lui a fait craindre de ne pouvoir pénétrer par le passage qui donne de la rue St-Antoine dans la cour de l'Orme, qu'alors, il a fait un détour qui semblait l'éloigner de la Bastille ; que ce mouvement et l'habit bleu, brodé en or, dont il était couvert, ont servi de prétexte à quelques femmes pour crier que le gouverneur de la Bastille s'évadait ; qu'à ce cri, il s'est vu tout à coup environné de quelques ouvriers dont le nombre, par degrés, s'est porté à cinq ou six cents personnes ; qu'il a été précipité de dessus son cheval, traîné, accablé de coups jusqu'à l'hôtel de ville, et que sans le secours de quelques citoyens honnêtes qui n'ont cessé de le défendre, il aurait été mille fois massacré.
»

[1] Probablement Claude Cholat, peintre qui représenta à la gouache les évènements de la Bastille.


D'autres sources disent qu'il aurait été frappé de trois coups de sabre sur la tête et d'un coup d'épée dans les reins. Lire « les mémoires sur la Bastille » de Linguet Dusaulx (Paris 1889).

La prise de la Bastille
La prise de la Bastille - Claude Cholat


Engagé du côté du pouvoir au début de la révolution, Clouet était également Capitaine de Grenadiers volontaire de la Garde Nationale parisienne en 1790.
Il conserva ses fonctions à l'arsenal jusqu'après 1791.


« Entraîné par la conviction intime des heureuses suites de la révolution, son zèle n'a pas été refroidi un seul instant par la diminution de fortune qu'elle lui faisait éprouver, ni rebuté par les mauvais traitements dont le peuple l'avait accablé le 14 juillet 1789, en le prenant, sur une fausse dénonciation, pour le gouverneur de la Bastille.
Guéri de vingt blessures qu'il reçut alors, il s'est dévoué sans réserve au service de la municipalité, et malgré l'affreux et nouveau danger auquel la régie fut exposée le 6 août suivant, danger que le sieur Faucheux fils vint volontairement partager avec le courage de l'innocence, en se rendant à l'hôtel de ville où le sieur Faucheux père et Lavoisier avaient été conduits, le sieur Clouet n'a pas cessé de servir dans la garde nationale, comme simple soldat, comme grenadier, comme capitaine, avec une activité et une constance vraiment civiques, et sa bonne volonté même ne pouvant le renfermer dans l'enceinte de la capitale, il s'est déclaré soldat de l'empire.
»
Lavoisier


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