Les Lagatinerie assisteront-ils au mariage ?

Le jour du mariage, Jacques Marie MARRIER n’assistera pas à la fête et prend prétexte du mauvais état de sa jambe blessée pour refuser l'invitation. La rancœur n’a donc pas vraiment été atténuée.

« Je t’annonce que la célébration du mariage de Victorine a été conclue hier à huit heure du matin. J’ai reçu dimanche soir une lettre de mon frère qui me l’annonce. Elle renferme un mot de lui pour toi que je n’ai pas eu le temps de te faire passer lundi. »

 

Le prétendant éconduit félicitera-t-il ?

Les conseils que le père de ce dernier lui donne pour la rédaction de sa lettre de félicitations sont assez piquants. D'ailleurs, pour plus de sûreté, le père rédige lui-même le brouillon, craignant que son fils n'écrive une lettre blessante :

« Et comme tu dois lui répondre, j’ai pensé que tu ne serais pas fâché d’avoir une espèce de minute à laquelle tu changeras ce qui ne te plaira pas.

Peut-être en trouveras-tu le style laconique, mais il me semble que les choses s’étant passées sans être pénétrées de la confiance si intéressante en franchise, tu ne pourrais pas te livrer à ce qu’inspire d’agréable l’établissement de deux jeunes gens et que tu devrais, au contraire, être très réservé et très poli. D'ailleurs Mme de Bois d’hiver n’aime pas la plaisanterie...

...

Il ne me reste plus qu’à te communiquer la minute de la réponse à la lettre de mon frère à qui tu ne peux pas te dispenser d’écrire promptement :

Brest le...,

Mon Oncle, J’ai reçu la lettre par laquelle vous me faites l’honneur de m’annoncer que vous avez donné votre consentement au mariage de ma cousine avec M. de Larminat.

Je vous remercie de ne m’avoir pas oublié dans cette circonstance et vous prie de croire que je suis sensible à votre souvenir. Ne doutez pas de l’intérêt avec lequel j’apprendrai toujours ce qui peut contribuer à votre bonheur, à celui de ma Tante et de vos enfants auxquels je vous demande de dire beaucoup de choses obligeantes et affectueuses de ma part.

Agréez l’assurance du respect avec lequel j’ai l’honneur d’être, mon Oncle, votre très humble et obligé serviteur neveu.

P.S. Je n’oublie pas, ma chère Tante Jabline à laquelle j’offre mes tendres hommages ; le souvenir des soins qu’elle a prodigués l’année dernière à mon père ne s’effacera jamais de ma mémoire ni de mon cœur. »

(lettre de Jacques-Marie MARRIER à son fils - 29.7.1807)

 

Le père commente lui-même l’esprit dans lequel il a rédigé ce projet de réponse :

« Il y a une grande différence entre la lettre et le P.S. mais il faut des ombres dans les tableaux de feutrine.

Tu auras soin d’adresser directement ta lettre à M. de Bois d’hiver, capitaine forestier, régisseur de la capitainerie impériale, rue Basse à Fontainebleau.

Adieu, je t’embrasse comme je t’aime de tout mon cœur. » (lettre de Jacques-Marie MARRIER à son fils Charles-Jean-Marie, du 29.7.1807)


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