En 2009, Guillemette Pesme a retrouvé un opuscule exceptionnel, intitulé « Villégiatures 1944 », et écrit par Edouard de LARMINAT (fils de Joseph et de Marie Le Saulnier de la Cour).
Stanislas de LARMINAT en a assuré la transcription pour en permettre la diffusion sur le site internet familial. Il a assorti ce travail de notes (en bleu dans les pages qui suivent) qui permettront aux plus jeunes générations de comprendre le contexte historique et la qualité des nombreux personnages célèbres qui y sont cités.
De quoi s'agit-il ?
En novembre 1942, le gouvernement de Vichy avait décidé la création d'une unité militaire appelée « la phalange africaine » destinée à combattre les forces alliées débarquées en Afrique du Nord. Après une déroute militaire, de nombreux « phalangistes » sont faits prisonniers par le « Comité d'Alger », gouvernement provisoire de la République du général de Gaulle. Certains sont jugés et fusillés en 1944.
Le gouvernement de Vichy réagit en faisant arrêter, en avril 1944, une quarantaine d'otages, tous liés familialement à des proches du Général de Gaulle. On y retrouve Edouard de LARMINAT (le colonel-baron), et ses trois cousins germains, François, Joseph et Robert de LARMINAT (tous les trois fils de Jean et de Marguerite Colas des Francs), au seul motif de leur parenté avec leur cousin issu de germain, le général Edgard de LARMINAT.
Ils y retrouvent des personnages célèbres, dont en particulier :
- Henry de MENTHON (1865-1952), député de Haute Loire et père de François de MENTHON, le Commissaire de la Justice du Comité d'Alger,
- Louis CHODRON de COURCEL (1874-1951), père de Geoffroy de COURCEL (1912-1992) qui était compagnon du général de Gaulle,
- Jean de HAUTECLOCQUE (1893-1957), diplomate, résident général en Tunisie, qui était cousin germain du célèbre Général Philippe LECLERC,
- Mr. JACOB, beau-frère de Georges CATROUX (1877-1969), général d'armée, compagnon du Général de Gaulle,
- Jean PICOT, baron d'ALIGNY (1907-1945), cousin de François de MENTHON,
- Jacques, Henri, Marie LECOMPTE-BOINET (1905-1974), gendre du général Charles Mangin, compagnon de la libération,
- André VIENOT (1887-1969), avocat et frère de Pierre VIENOT, ambassadeur du Comité d'Alger à Londres,
- Jacques LE TROQUER, pharmacien, fils d'André LE TROQUER (1884-1963), député de Paris pendant le front Populaire qui avait rejoint de Gaulle en 1942,
- Edgar PISANI (o 1918), gendre du précédent, qui sera Ministre de l'Agriculture,
- Michel WORMS de ROMILLY, né vers 1910, époux de Nicole Pleven, fille du ministre René Pleven,
- Jean-Paul PALEWSKI (1898-1976), avocat, frère de Gaston qui était commandant des Forces Françaises Libres en Est Afrique,
- François VALENTIN (1909-1961) ancien député de Meurthe et Moselle, connu pour ses liens le colonel de Lattre,
- Georges VALIN, né vers 1870, et sa femme, Louise Durieux, étaient parents, entre autres, de Martial Henri VALIN (1898-1980), général d'armée aérienne, commandant des Forces aériennes de la France libre,
- Marie-Anne Jacquemont du Donjon (1889-1961), seconde épouse d'Émile Henry MUSELIER, (1882-1965) amiral français qui organisa les Forces navales françaises libres,
- Suzanne LEMAIRE, épouse de Raoul CALARY de LAMAZIERE, belle-mère du Général de LATTRE de TASSIGNY,
- Paul-Joseph FAJON, père d'Etienne FAJON (1906-1991), député communiste de la Seine de 1936 à 1940,
- Marcelle Hourblin (1878-1958), veuve de Pierre LEROY-BEAULIEU, polytechnicien, professeur à Sciences-Po et député de l'Hérault dont un fils, Paul LEROY-BEAULIEU (1902-1999), fut nommé par le général de Gaulle, chef des approvisionnements au commissariat à l'armement au Comité d'Alger,
- Henri LEROY-BEAULIEU, frère de Paul,
- René LEMAIGRE du BREUIL (1892-1979) était le frère de Jacques LEMAIGRE DUBREUIL, connu pour avoir favorisé le débarquement des Alliés en Afrique du Nord,
- Jean LAJOUMARD de BELLABRE (o 1889), beau-frère du Général Alphonse JUIN,
- Gérard de MOLLERAT du JEU (1903-1997), cousin de François de MENTHON, commissaire à la Justice d'Alger,
- Louis et Marius BAREL, frères de Virgile BAREL, (1889-1979), député communiste de Cannes et représentait le parti communiste à Alger en 1943,
- Joseph CHAMBE (o 1887), frère de René CHAMBE (1889-1983), aviateur qui avait rejoint le comité d'Alger,
- M. GUILLOT, dit le « Morvandiau », originaire du Morvan, beau-père d' Emile-Eugène, dit Waldeck ROCHET (1905-1983), qui représentait le parti communiste à Londres.
Tous sont emprisonnés les uns, à la caserne des Tourelles à Paris, les autres à l'hôtel International du Mont-Dore.
François de LARMINAT est libéré rapidement, « par mégarde ». Edouard et Robert sont transférés au Mont Dore où ils retrouvent Joseph de LARMINAT qui y avait été interné.
Registre du camp des Tourelles,
dans lequel Edouard de Larminat est enregistré au n°5025
Ce document familial raconte de façon amusante et illustrée, leur vie quotidienne d'otages, mais aussi, leur libération à la suite d'un « coup de force » des maquisards du Mont-Mouchet. A cette occasion, Edouard de LARMINAT raconte les rencontres qu'il fit de quelques célèbres chefs maquisards, dont en particulier :
- Willy Mabrut, alias « TONTON », médecin socialiste de Bourg-Lastic, qui dirigeait le maquis de la zone III – FFI.
- René Tallet, dit « VIOLETTE », et Gabriel BEUCHON, dit « lieutenant-colonel RAC », chefs du maquis de Sarlande depuis avril 1942, qui contribuera à repousser jusqu'à l'Atlantique, en particulier à Royan !
Le document relate leurs retours épiques chez eux :
- l'un rédigé par Edouard de LARMINAT, racontant son repli, avec Joseph, à la Pouyade,
- et l'autre, rédigé par Robert de LARMINAT, dont le mariage avec Marguerite Mangin d'Ouince, prévu à deux reprises aux Tourelles, puis au Mont-Dore, n'a été célébré que pendant leur retour à la Hardonnière.
La lecture de ces souvenirs est réservée à la famille.
Merci de bien vouloir vous identifier.