Des responsables religieux chrétiens, musulmans, juifs et bouddhistes de la Conférence des responsables du culte en France (CRCF) se sont réunis le 21 mai sous la coupole du Sénat pour un colloque sur le climat et les religions. La journée a été marquée par l'intervention de Nicolas Hulot. Mgr Rubin, président de la commission Famille et Société était présent. Que s’y est-il dit ? Nicolas Hulot a annoncé un prochain rendez-vous avec les religions à l'Elysée, le 21 juillet, en le qualifiant de "sommet des consciences" !!

Source : La vie - 22 mai 2015

Commentaires "les2ailes.com"

Le programme du colloque

Le colloque, intitulé « COP21, le Climat : quels enjeux pour les religions ? » était organisé sous le haut patronage de Gérard LARCHER, Président du Sénat, par la Conférence des responsables de culte en France (CRCF) et par la Commission du développement durable du Sénat, présidée par Hervé MAUREY. Le programme était le suivant :
10h00 Message de Gérard LARCHER, président du Sénat et introduction par Hervé MAUREY, président de la Commission du développement durable du Sénat.
10h05 Présentation des enjeux pour les religions, François CLAVAIROLY, président de la Fédération protestante de France, pour la CRCF.
10h20 « Comment politique et religion  peuvent travailler ensemble en faveur du climat ? », par Nicolas HULOT, Envoyé spécial du Président de la République pour la protection de la planète.
10h40 Regards croisés des religions sur l’environnement
12h10 Débat avec le public
12h45 Point presse avec les membres de la CRCF : Anouar Kbibech, vice-président et futur président du Conseil français du culte musulman (CFCM ), Mgr Brunin, Conférence des évêques de France (CEF), Pasteur François Clavairoly, président de la Fédération protestante de France (FPF), Métropolite Emmanuel, Assemblée des évêques orthodoxes de France (AEOF), Haïm Korsia, Grand Rabbin de France, Olivier Reigen Wang-Genh, Union bouddhiste de France (UBF), et les Sénateurs Hervé Maurey et Jérôme Bignon
15h00 Table Ronde : « Les religions et la société civile, quelles actions concrètes pour le climat, en France et dans le monde ». Le modérateur de la table ronde était Nicolas SENÈZE (La Croix) avec :
- Elena Lasida (Justice et Paix - Conférence des évêques de France)
- Guy Aurenche (Comité catholique contre la faim et pour le développement-Terre Solidaire)
- Anouar Kbibech (Vice-Président et futur Président du CFCM)
- Moniale Hypandia (Monastère orthodoxe de Solan)
- Radia Bakkouch (Association Coexister)
- Juliette Rousseau (Coordinatrice de la Coalition Climat 21)
16h00 Débat avec le public
16h50 Synthèse des travaux par Jérôme BIGNON, Président du groupe de travail du Sénat sur le climat et l’environnement

Qu’a dit Nicolas Hulot ?

On commence à connaître la stratégie de Nicolas Hulot qui veut mobiliser les consciences citoyennes par le canal des religions: "Nous sommes dans une profonde crise de civilisation, et d'ailleurs le mot crise lui même d'ailleurs a-t-il encore un sens, dans la mesure où en théorie une crise est un mauvais moment à passer … ? Reconnaissons ici que ce mauvais moment ne cesse de s'éterniser ce qui prouve qu'il y a quelque chose de profondément intime qui ne fonctionne plus dans nos sociétés. Pour moi, il y a une nécessité absolue, effectivement de mener la bataille de l'Histoire. L'âme du monde est profondément malade".
Pour Nicolas Hulot, le rôle particulier des religieux est de placer cet enjeu à « un niveau supérieur », de relier les hommes entre eux et à leur Histoire pour guérir « l'âme du monde » : « Si la dimension éthique ne dépasse pas la simple expertise, je pense que l'effort, l'échéance sera insuffisante » a-t-il déploré avant de poursuivre : « L'homme n'est plus relié à rien. C'est le désarroi tragique de l'homme moderne. Il n'est plus relié à son passé, il est en train de se désolidariser de son futur et il a pensé, probablement aveuglé par l'hypertrophie de la technique et de la technologie qu'il pouvait détacher sa branche de l'arbre de la création. »
Des responsables religieux, Nicolas Hulot attend ainsi qu'ils aident à séparer le bon grain de l'ivraie du le discours politique : "C'est un moment de vérité et vous devrez nous aider à faire en sorte que, derrière les mots plein d'empathie, parfois larmoyants, parfois sincères mais parfois éloignés de la sincérité les responsables politiques mettent en place des actions à la hauteur de la situation et qu'à Paris ils écrivent l'Histoire et ne la laissent pas s'écrire à notre place ». Faisant allusion aux moqueries qui ont suivi ses trois visites au Vatican il a déclaré : « On dit que je suis tellement désespéré que je vais chercher un miracle. Mais la crise est tellement grave qu'il faut une dimension verticale... ".
Nicolas Hulot ne semble pas avoir bien compris que, en ce qui concerne l’Église Catholique, le concile a été formel : " Les laïcs ne doivent pas attendre de leurs pasteurs qu’ils aient une compétence telle qu’ils puissent leur fournir une solution concrète et immédiate à tout problème, même grave, qui se présente à eux, ou que telle soit leur mission ". (Gaudium et spes, § 43-2).
Il n’empêche que Nicolas Hulot continue à en appeler aux Églises faute de pouvoir convaincre par la raison.

 

Qu’a dit Mgr Jean-Luc Brunin ?

Le site Églises et Écologie annonçait que Mgr Georges PONTIER représenterait la Conférence des évêques de France, en tant que Président. Pourquoi n’a-t-il pas été présent. Seul Mgr Brunin Président de la commission famille et société a assisté au colloque aux côtés de
- Guy Aurenche, Président du Comité catholique contre la faim et pour le développement-Terre Solidaire
-  Christine Lang, Coordonnatrice de l'axe environnement à Pax Christi
- Elena Lasida,  chargée de mission à Justice et Paix, Conférence des évêques de France
- Nicolas Senèze, journaliste à La Croix.
Interviewé, Mgr Brunin a en particulier dit : « il nous faut réagir sur le climat à partir de cette conception d’un monde qu’il nous faut partager, en solidarité avec tous ceux qui vivent sur cette planète, mais aussi avec les générations futures. Quelle planète allons-nous faut laisser aux générations futures ? ». On remarquera, comme souvent, des éléments de langages prêtant à confusion. D’un côté l’Eglise dit ne pas prendre parti dans le débat scientifique des causes climatiques, mais de l’autre, la phrase « il nous faut réagir sur le climat », signifie bien que Mgr Brunin croit au rôle de l’homme sur le climat.

Conclusion

La CRCF a par ailleurs annoncé que ses membres se joindraient, le 1er juillet prochain, à l’initiative inter-convictionnelle (sic) du Jeûne pour le Climat et rendraient public un texte interreligieux concernant les changements climatiques, la COP21 et la position de la France. Lors de l’ouverture du colloque, Nicolas Hulot, Envoyé spécial du Président de la République pour la protection de la planète, a annoncé que François Hollande recevrait la CRCF ce jour-là pour une remise du texte et pour qu’elle puisse lui faire part de sa mobilisation sur ces enjeux. Nicolas Hulot a qualifié cette rencontre à l’Élysée et au Conseil économique, social et environnemental (CESE).de « sommet des consciences » sur le climat prévu le 21 juillet à l’Élysée.... comme si l’Élysée incarnait un haut lieu de la conscience morale !