Un colloque sur le réchauffement climatique s’est tenu au coeur des jardins du Vatican, le 28 avril 2015 en présence du secrétaire Général de l’ONU. Ce "Workshop", intitulé « Protection de la terre, Dignité humaine- Les dimensions morales du changement climatique et d’une humanité durable », s’est tenu à la Casina Pio IV, siège des deux Académies pontificales des sciences (PAS) et des sciences sociales (PASS) qui avaient l’initiative commune de ce colloque avec deux autres institutions : le mouvement des "Religions pour la paix" et le "Sustainable Development Solutions Network", (SDSN), agence de l’ONU chargée de la mise en place des engagements du millénaires qui deviendront, à partir de 2015, les objectifs pour le développement durable.
A quelques semaines de la parution d’une encyclique du Pape François consacrée à l’écologie, l’évènement mérite un décryptage attentif.
On notera trois points que n’ont souligné aucun observateur : le discours du Cardinal Turkson disant "L'Église n'est pas un expert dans la science, la technologie, ou l'économie. Nous comptons sur des gens comme vous dans cette assemblée pour cela". Ce propos dénote avec la déclaration finale qui se permet des affirmations scientifiques. "L’origine humaine du changement climatique est une réalité scientifique". Cette affirmation est d’autant plus étonnante qu’il s’avère qu’il n’y a jamais eu de confrontations contradictoires à l’Académie pontificale. Enfin, le président de l’Académie, Werner Arber, bien que présent, n’a pas signé la déclaration finale. Que signifie ce silence d’autant plus assourdissant qu’il est prix Nobel ?

Source : Académie Pontificales des Sciences

Commentaires « les2ailes.com »

La visite de Ban ki Moon au Pape François

Ban Ki Moon a rendu visite au Pape François, juste avant de se rendre au colloque. On a glosé sur cette visite et sur une unité de point de vue entre le Pape et Ban ki Moon. En réalité, rien n’a filtré des propos du Pape lui-même. Seul Ban ki Moon a fait des commentaires sur cette rencontre ce qui n’engageait que lui. Des organes de presse ont prétendu que "lors d'une rencontre avec Ban Ki-moon mardi matin, le Saint-Père a fait part de sa volonté de se mobiliser plus intensément dans ce combat". Or, à la lecture des communiqués, on voit qu'aucun communiqué n'a repris les propos du Pape. C'est Ban Ki-Moon qui a dit que le Pape se mobiliserait. On est face à une situation classique en diplomatie dans laquelle une des parties fait pression sur les médias pour faire croire à des propos pontificaux.
Les médias ont fait état d'une "initiative du Vatican,…". C'est également une erreur puisqu'il s'agit d'une initiative de l'Académie Pontificale des Sciences. Or le Vatican ne se résume pas à l'APS.

L’organisation du colloque

Le site de l’Académie Pontificale des sciences a précisé qu’une centaine d’invités de haut niveau seraient les participants officiels issus du monde de la science, du business, de la diplomatie, d’experts en développement, de leaders religieux, d’académiciens et d’universitaires. Le but déclaré était : « Aider à renforcer le consensus mondial sur l'importance du changement climatique dans le contexte d’un développement durable. Le changement climatique global affecte défavorablement chaque aspect de notre civilisation et devrait donc être un sujet de préoccupation sérieux pour toutes les religions mondiales. Son effet sur les pauvres est encore plus sévère. Nous voulons élever l'importance des dimensions morales de la protection de l'environnement juste avant l'encyclique Papale et susciter un mouvement mondial pour traiter le changement climatique et le développement durable pour 2015 et au-delà. »
Dès l’annonce de ce colloque, il a été annoncé une « déclaration commune sur l'impératif moral et religieux de traiter le changement climatique dans le contexte du développement durable, mettant en soulignant le lien intrinsèque entre le respect de l'environnement et le respect des personnes - particulièrement les pauvres, l'exclu, les victimes de la traite des humains et l'esclavage moderne, les enfants et les générations futures ».

Les intervenants ont donc été les suivants :
• 10.30-11.00- Welcome by H.E. Mgr. Marcelo Sánchez Sorondo Chancellor of the PAS
Opening addresses by
- Ban Ki-moon, UN Secretary General
- H.Em. Card. Peter Turkson, President, Pontifical Council for Justice and Peace
• 11.00-11.30- Brief statements by
- Prof. Jeffrey Sachs, Director of the UN Sustainable Development Solutions Network
- Dr. William Vendley, Secretary General of Religions for Peace
- Prof. Veerabhadran Ramanathan, Pontifical Academy of Sciences
- President Margaret Archer, Pontifical Academy of Social Sciences
• 11.30-12.50- Panel 1: Technical aspects. Evidence on social exclusion and climate science
- Moderator: Peter Raven
- Panelists: Partha Dasgupta, John Schellnhuber, Martin Rees, V.Ramanathan, Y.T. Lee
• 12.50-13.45 - Lunch at Casina Pio IV
• 14.00-15.30 - Panel 2: Justice and Responsibility.Leading representatives from the major religions
- Moderator: William Vendley
- Panelists: Rabbi David Rosen, Olaf Tveit, Metropolitan Emmanuel, Din Syamsuddin, Vinu Aram, Kosho Niwano
• 15.30- 17.00 - Panel 3: Practical aspects from local to global. Proposed solutions and follow up
- Moderator: Jeffrey Sachs
- Panelists: President Rafael Correa, Hans Vestberg, Laurence Tubiana (directrice de la chaire de développement durable à Sciences-Po Paris), Cardinal John Onaiyekan
• 17.00-18.00 - Panel 4: Eliminate Human Trafficking and Resettle its Victims: Next Steps Towards Sustainable Development
- Moderator: Margaret Archer
- Panelists: Bishop Marcelo Sánchez Sorondo, Pierpaolo Donati, Stefano Zamagni
• 18.00- 18.30- Discussion of joint statement
• 18.30- 20.00- Reception and refreshments, Casina Pio IV

Le discours de SE le Cardinal Turkson, président du Conseil Pontifical justice et Paix

SE le Cardinal Turkson est intervenu immédiatement après le Secrétaire général de l’ONU.
Dans sa conclusion, il dit clairement que « l'Église n'est pas un expert dans la science, la technologie, ou l'économie. Nous comptons sur des gens comme vous dans cette assemblée pour cela ». Le propos est d’autant plus clair qu’il précise bien que « les solutions ne peuvent pas être simplement techniques, ni nos engagements simplement contractuels. Ils doivent plutôt être fondés dans la moralité ». Mais comment, alors, expliquer cette contradiction consistant à tenir des propos accréditant la cause humaine du changement climatique: « Les citoyens de pays plus riches ...ont une obligation spéciale ... de faire face au changement climatique en atténuant ses effets et en réduisant son ampleur. » ? Comment expliquer que le Cardinal s’implique dans la proposition de solutions techniques : « les pays les plus riches ... qui ont profité le plus des combustibles fossiles, sont moralement obligés de promouvoir et découvrir des solutions concernant le changement climatique et protégeant ainsi l'environnement et la vie humaine. Ils sont obligés à la fois de réduire leurs propres émissions de carbone ». On ne peut s’empêcher de penser qu’il s’agit de propos de circonstances, tenus devant l’éminent diplomate qu’est le secrétaire général de l’ONU. L’Église considère-t-elle qu’il est des discours trop tranchés qui risqueraient de se traduire par des ruptures du dialogue ? Comment expliquer autrement cette contradiction avec la recommandation conciliaire faite aux laïcs : « qu’ils ne pensent pas... que leurs pasteurs aient une compétence telle qu’ils puissent leur fournir une solution concrète et immédiate à tout problème, même grave, qui se présente à eux, ou que telle soit leur mission. » (Gaudium et spes § 2) ?

En revanche, le Cardinal Turkson a bien expliqué que l’Église est experte en humanité et que cela lui donne la légitimité de s’insurger contre la pauvreté : « Au moins trois des sept milliards d'habitants de la planète sont embourbés dans la pauvreté, un tiers d'entre eux sont dans une pauvreté extrême, tandis qu'une élite mondiale privilégiée d'environ un milliard de personnes contrôlent la plus grande partie de la richesse et consomme la plus grande partie des ressources. Considérez les conséquences dans un secteur : nourriture. Aujourd'hui le monde produit plus de nourriture que nécessaire pour alimenter ses 7.3 milliards d'habitants, mais plus de 800 millions (plus de 11 %) souffrent de la faim, tandis que la FAO (Food and Agriculture Organization) évalue que chaque année, environ un tiers de toute la nourriture produite pour la consommation humaine dans le monde est perdue ou gaspillée . Bien que ce soit honteux, beaucoup de nos semblables, femmes et enfants sont traités comme de simples instruments de travail, de profit ou de plaisir, particulièrement par la traite des humains et les formes modernes d'esclavage ... Ce sont des poisons. Ils contrecarrent le projet humain, étranglent le potentiel humain et insultent la dignité humaine ».

Le Cardinal a insisté sur la nécessité d’une véritable conversion : « Sans conversion morale et sans changements de nos cœurs, même de bons règlements, de bonnes politiques et de bons objectifs mondiaux ne s'avéreront probablement pas efficaces. Sans cette base éthique, l’humanité manquera du courage (la vertu morale) pour réaliser ne serait-ce que les plus raisonnables des propositions politiques » . Cette conversion est au coeur de la problématique du développement durable qui lie le comportement de l’homme vis à vis de la nature et vis à vis de l’humanité : « Les êtres humains font partie de la nature. De la conception jusqu’au moment de la mort, la vie de chaque personne est un tout et supportée par une panoplie stupéfiante de processus naturels. Cela appelle à une réponse réciproque de la part de l'humanité - à nourrir et défendre la terre, le jardin, qui nous nourrit à son tour et nous défend ». Le développement durable passe par une vision globale : « Tout résulte du principe essentiel que nous sommes faits à l'image et à la ressemblance de Dieu et ainsi en possession d'une dignité innée qui ne peut jamais être niée, dégradée, ou dénigrée. Cela impose de traiter chaque personne comme un frère ou une soeur - avec une relation basée sur le respect, la réconciliation et la solidarité ». Le Cardinal a plaidé pour « un impératif moral de portée générale : protéger et se soucier tant de la création, de notre jardin, de notre maison, que de la personne humaine qui y demeurent - et agir pour réaliser cela. Si l'éthos dominant et omniprésent est l'égoïsme et l'individualisme, le développement durable n'arrivera pas. Progresser vers la durabilité exige une ouverture fondamentale à la relation ou, autrement dit, à la justice et à la responsabilité, ouvrant de nouvelles avenues de solidarité ».
L’objectif, a dit le Cardinal, est double et inséparable : « Nous devons donc cultiver un nouvel ensemble de valeurs et de vertus - incluant la conservation de l'environnement, la compassion vis à vis de l'exclu, le courage pour prendre des décisions courageuses et un engagement à marcher ensemble vers le but commun de l'intérêt commun global. Nous avons besoin d'une conversion complète des coeurs et des esprits, des habitudes et des modes de vie, des structures et des institutions ».

Ajoutons que le Cardinal Turkson n'a pas condamné la technique ni la modernité : « Le progrès scientifique, technologique et économique remarquables a permis de nombreux importants appréciables comme le progrès de la durée de la vie, des moyens de subsistance et des modes de vie inimaginables pour nos ancêtres. Les quelques dernières décennies ont été témoin de centaines de millions sortis de la pauvreté extrême ». Le Cardinal n’a pas hésité à s’appuyer sur les propos exacts dePaul VI qu’il a rappelés: « le péril ne vient, ni du progrès, ni de la science, qui, bien utilisés, pourront au contraire résoudre un grand nombre des graves problèmes qui assaillent l'humanité. Le vrai péril se tient dans l'homme, qui dispose d'instruments toujours plus puissants, aptes aussi bien à la ruine qu'aux plus hautes conquêtes. » (Paul VI devant l’AG de l’ONU le 4 oct. 1965)

Déclaration finale du colloque

Les2ailes.com transcrivent ici une traduction de l’intégralité de la déclaration finale :

« Déclaration de leaders religieux, de leaders politiques, de dirigeants d'entreprise, de scientifiques et de praticiens du développement - 28 Avril 2015 :
« Nous soussignés, nous sommes réunis à l’Académie pontificale des sciences et à l’Académie pontificale des sciences sociales pour prendre la parole sur les défis d’origine humaine sur le changement climatique, l’extrême pauvreté, et la marginalisation sociale, incluant les trafics humains, dans le contexte du développement durable. Nous nous associons, provenant de plusieurs religions et expériences de vie, reflétant la même aspiration partagée pour la paix, le bonheur, la prospérité, la justice, et la durabilité de l’environnement. Nous avons considéré l'écrasante évidence scientifique quant l’origine humaine du changement climatique, de la perte de la biodiversité, et de la vulnérabilité des pauvres aux chocs économiques, sociaux et environnementaux.
Face aux urgences créées par l’origine humaine du changement climatique, de l’exclusion sociale et de l’extrême pauvreté, nous nous réunissons pour déclarer que :
L’origine humaine du changement climatique est une réalité scientifique, et une réduction décisive est un impératif moral et religieux pour l’humanité.
Au coeur de cet aspect moral, les religions du monde jouent un rôle essentiel. Toutes ces traditions affirment la dignité inhérente de chaque individu liée à l'intérêt commun de toute l'humanité. Elles affirment la beauté, les merveilles et les bienfaits inhérents du monde naturel et ressentent que c'est un cadeau précieux confié à notre soin commun - ce qui implique pour nous un devoir moral de respecter plutôt que de dévaster le jardin qui est notre maison.
Les pauvres et les exclus dont face aux sinistres menaces sur la perturbation climatique, incluant la fréquence accrue des sécheresses, des tempêtes extrêmes, des vagues de chaleur et de la hausse du niveau des mers;
Le monde a en main la technologie, les moyens financiers et le savoir-faire pour atténuer le changement climatique, ainsi que, également, d’éliminer la pauvreté extrême, par l'application de solutions de développement durable, solutions incluant l'adoption de systèmes énergétiques à faible teneur en carbone promues par les technologies de l’information et des communications.
Le financement du développement durable, incluant la réduction du changement climatique, devrait être soutenue par de nouvelles incitations pour une transition vers des énergies à faible teneur en carbone, et par la poursuite implacable de la paix, qui permettra aussi une réorientation du financement des financements publics militaires vers des investissements urgents en faveur du développement durable;
Le monde devrait considérer que le sommet de Paris sur le climat qui va se réunir prochainement cette année (COP21), peut être la dernière occasion effective pour négocier des dispositions limitant le réchauffement d’origine humaine en dessous des 2 ° C, et pour se fixer le but de maintenir la tendance actuelle en dessous des 2 °C et empêcher qu’elle n’atteigne le seuil catastrophique de 4 ° C ou plus;
Les leaders politiques de tous les pays membres de l’ONU ont la responsabilité spéciale de parvenir, lors de la COP21, à un accord audacieux qui limite le réchauffement global dans des limites pour la sécurité de l’humanité, tout en protégeant le pauvre et le vulnérable des changements climatiques actuels qui mettent leur vie gravement en danger. Les pays à hauts revenus devraient aider les pays à faible revenu à financer le coût de la réduction du changement climatique comme les pays à haut revenu ont promis de le faire;
La réduction du changement climatique exigera une transformation mondiale rapide vers un monde propulsé par une énergie renouvelable et à faible taux de carbone, et vers une gestion durable des écosystèmes. Ces transformations devraient être portées le contexte d’objectifs globalement acceptés de développement durable, cohérents avec l’élimination de l’extrême pauvreté, la garantie de l’accès universel à la santé, à une éducation de qualité, à une eau salubre, et à une énergie durable ainsi qu’à une coopération pour en finir avec les trafics humains et toutes les formes modernes d’esclavage;
Toutes les catégories et parties prenantes doivent apporter leur part pour que cet promesse dans laquelle nous nous engageons pleinement en fonction de nos capacités. »
Cette déclaration appelle de sérieux commentaires sur lesquels nous reviendrons en conclusion.

Cette déclaration a été approuvée par 55 signataires dont on peut extraire les noms suivants:
• Des membres des deux académies pontificales des sciences (PAS) et des sciences sociales (PASS), dont :
- Msgr. Marcelo Sánchez Sorondo, Chancelier des deux académies pontificales PAS et PASS
- Margaret S. Archer, PASS President and Professor of Sociology, University of Warwick
- Paul J. Crutzen, PAS Academician and Professor at the Max Planck Institute for Chemistry, Department of Atmospheric Chemistry
- Sir Partha Dasgupta FBA FRS, PASS Academician
- Pierre Léna, PAS Academician and President of « La main à la pate Foundation »
- Dr Yuan T. Lee, PAS Academician and President, International Council for Science
- Dr Veerabhadran Ramanathan, PAS Academician and Distinguished Professor of Atmospheric and Climate Sciences, Scripps Institution of Oceanography, UCSD
• des représentants du conseil pontifical Justice et paix :
- S.E. Peter Cardinal Turkson, President, Pontifical Council for Justice and Peace
- Michael Czerny S.J., Office of the President, Pontifical Council for Justice and Peace
• deux autres cardinaux :
- S.E. Renato Raffaele Cardinal Martino, Honorary President, Dignitatis Humanae Institute
- S.E. John Cardinal Onaiyekan, Roman Catholic Archbishop of Abuja, Nigeria
• et deux autres personnalités catholiques :
- Fr Luciano Larivera S.J
- Emmaus Maria Voce, President, Focolare Movement
• Et 42 autres signataires de multiples horizons dont ceux du mouvement « religions pour la paix » et ceux de l’agence de l’ONU, le SDSN [3].

CONCLUSION

Doit-on considérer la réalisation de ce colloque, en présence de BankiMoon comme le résultat de la grande performance diplomatique vaticane ? Est-ce au contraire une initiative malencontreuse consistant à favoriser un discours consensuel à la veille de la publication de l’encyclique du Pape François ? On se gardera de tirer des conclusions.

On peut toutefois souligner des faits vérifiables :
Malgré les apparences, ce colloque dans l’enceinte de l’Académie pontificale des sciences, n’est en rien une caution d’un travail scientifique qu’elle aurait réalisé. Au contraire, force est de constater que l’Académie pontificale des sciences n’a jamais organisé de débats pluriels contradictoires sur la question climatique ?

♦ Un groupe de travail a été réuni à l’Académie pontificale des sciences autour de Mgr Sánchez Sorondo, du 2 au 4 avril 2011 et intitulé « Avenir des glaciers de montagne pendant l’Anthropocène ». Il a été suivi d’une publication le 11 mai 2011. Toutefois, les questions portaient sur les conséquences des changements climatiques, en particulier sur les glaciers, plus que sur ses causes, anthropique ou non. Par ailleurs, la liste des intervenants montrait qu’il s’agissait, pour l’essentiel, de représentants de l’IPCC, son président Rajendra K. Pachauri en tête, sans véritables débat contradictoire.

♦ Un colloque a été organisé du 2 au 6 mai 2014 par les deux académies pontificales des sciences et des sciences sociales, intitulé « Humanité durable, nature durable : notre responsabilité ». Les vidéos intégrales montrent un large spectre de sujets abordés : l’éthique sociale, l’éducation, les trafics humains, la solidarité avec les générations futures, les GMO, la démographie et les mégapoles, les disponibilités et besoins alimentaires, l’aspect océanographique, la déforestation, la biodiversité, le nucléaire, les nouvelles technologies,... et bien sûr, la question climatique. Les personnes qui ont fait des exposés, ou qui ont pris part aux débats, sont :

o soit des académiciens comme
- Veerabhadran Ramanathan, professeur de sciences atmosphériques au San Diego Scripps Institution of Oceanography de l’université de Californie,
- Paul J. Crutzen, prix nobel de Chimie et professeur au Max-Planck-Institute for Chemistry de Mainz,
- ou Partha Sarathi Dasgupta, Professor of Economics, University of Cambridge, auteur de "Pricing Climate Change" Politics, Economics, & Philosophy, 2014

o soit des personnalités extérieures comme
- Dr. Pablo Canziani, Physicien de l'atmosphère,
- Y.T. Lee, prix Nobel de Chimie à l’académie chinoise de l’Institut des sciences atomiques et moléculaire de Taïpei (Taïwan),
- ou Martin Rees, professeur d’Astronomie à l’université de Cambridge,
- Hans-Joachim Schellnhuber, fondateur du Potsdam Institute for Climate Impact Research (PIK).

♦ Le colloque sur « les dimensions morales du changement climatique » dont nous rendons compte ici a réuni les mêmes intervenants scientifiques et universitaires qu’en 2014.

Tous sont des chercheurs qui ont collaboré directement ou indirectement aux travaux de l’IPCC. Aucun d’eux n’a évoqué, pendant les débats de ces colloques, le fort ralentissement du réchauffement depuis une quinzaine d’année, ni le fait que l’IPCC a reconnu ne pas l’avoir prévu.
Faute d’un indispensable débat contradictoire entre des approches plurielles, il est logique que les communiqués qui ont suivi ces colloques retiennent des assertions formelles :
- « L’utilisation massive des énergies fossiles, a un impact décisif sur la planète... Si les tendances actuelles se poursuivent, ce siècle connaîtra des changements climatiques sans précédents... L’utilisation massive d’énergie fossile qui est au cœur de notre système énergétique global perturbe le climat de la planète... Le réchauffement climatique et les évènements climatiques extrêmes qui lui sont associés vont atteindre des niveaux sans précédents... » (Communiqué final du colloque de mai 2014)
- « Nous avons considéré l'écrasante évidence scientifique quant l’origine humaine du changement climatique... L’origine humaine du changement climatique est une réalité scientifique,... Le monde a en main la technologie, les moyens financiers et le savoir-faire pour atténuer le changement climatique... incluant l'adoption de systèmes énergétiques à faible teneur en carbone ...». (Communiqué final du colloque du 28 avril 2015)

Or toutes ces assertions sont invalidées par des conclusions contradictoires de nombreux scientifiques.

On notera d’ailleurs avec intérêt que le Pr Werner Arber, prix Nobel et président de l’Académie Pontificale des sciences, n’a signé aucun de ces deux communiqués alors qu’il était présent au colloque.


[1] Traduction « les2ailes.com » de l’intervention du Cardinal Turkson au colloque du 28 avril 2015 :

« Le titre du colloque d'aujourd'hui, évoquent notre sujet et notre tâche : il faut "Protéger la Terre, Honorer l'Humanité" et le sous-titre dit qu’il faudrait prendre en main "le changement climatique et le développement durable" en insistant sur leurs "dimensions morales". Nous ferons en effet face aux problèmes si et seulement si, la position que nous prenons est profondément humaine et morale.
A partir de ces titre et sous-titre, laissez-moi me concentrer sur trois points pour encadrer  la discussion:

  • Le titre présente les problèmes comme des impératifs - la terre doit être protégée, l'humanité doit être honorée.
  • Deuxièmement, le sous-titre nomme les solutions comme la correction de cours - pour gérer le changement climatique et promouvoir le développement durable.
  • Troisièmement, comme les problèmes sont énormes et les solutions de long-terme, les solutions ne peuvent pas être simplement techniques, ni nos engagements simplement contractuels. Ils doivent plutôt être fondés dans la moralité, orientés par la moralité et mesurés en termes de prospérité humaine et de bien-être.

Les problèmes en tant qu’impératifs
Bien que les problèmes auxquels nous faisons face soient aigus, même effrayants, nous apprécions vraiment et affirmons les grands accomplissements des deux derniers siècles. Le progrès scientifique, technologique et économique remarquables a permis de nombreux importants appréciables comme le progrès de la durée de la vie, des moyens de subsistance et des modes de vie inimaginables pour nos ancêtres. Les quelques dernières décennies ont été témoin de centaines de millions sortis de la pauvreté extrême grâce à l’amélioration des voyages, des transport et des communications.
Mais ces progrès ont leurs côtés sombres et des coûts inacceptables. Malgré la création de grandes richesses, nous voyons apparaître des disparités violentes - un nombre énorme de personnes exclue s et rejetées, leur dignité piétinée sur. Comme la société globale se définit de plus en plus par le consumérisme et les valeurs monétaires, les privilégiés, à leur tour ,dédeviennent de plus en plus sourds aux cris des pauvres.
Au moins trois des sept milliards d'habitants de la planète sont embourbés dans la pauvreté, un tiers  d'entre eux sont dans une pauvreté extrême, tandis qu'une élite mondiale privilégiée d'environ un milliard de personnes contrôlent la plus grande partie de la richesse et consomme la plus grande partie des ressources. Considérez les conséquences dans un secteur : nourriture. Aujourd'hui le monde produit plus de nourriture que nécessaire pour alimenter ses 7.3 milliards d'habitants, mais plus de 800 millions (plus de 11 %) souffrent de la faim, tandis que la FAO (Food and Agriculture Organization) évalue que chaque année, environ un tiers de toute la nourriture produite pour la consommation humaine dans le monde est perdue ou gaspillée. (Source : « FAO, Food wastage footprint, Impacts on natural resources. Summary report », 2013, p.6.)
Bien que ce soit honteux, beaucoup de nos semblables, femmes et enfants sont traités comme de simples instruments de travail, de profit ou de plaisir, particulièrement par la traite des humains et les formes  modernes d'esclavage.
Le Pape François déplore à juste titre tout ceci : "la culture du déchet", les nouvelles formes d'esclavage et "la mondialisation de l'indifférence". Ce sont des poisons. Ils contrecarrent le projet humain, étranglent le potentiel humain et insultent la dignité humaine.
Une approche concentrée sur l'environnement naturel, l'indifférence, le traitement abusif et l'approche jetable s'applique aussi à la manière dont nous traitons le monde naturel, la planète Terre, le jardin qui nous a été donné comme notre maison.
Les êtres humains font partie de la nature. De la conception jusqu’au moment de la mort, la vie de chaque personne est un tout et supportée par une panoplie stupéfiante de processus naturels. Cela appelle à une réponse réciproque de la part de l'humanité - à nourrir et défendre la terre, le jardin, qui nous nourrit à son tour et nous défend. Aujourd'hui, la consommation sans cesse croissante de combustibles fossiles et la puissance de notre machine économique perturbent le fragile équilibre écologique de la terre à une échelle presque inimaginable.
Dans notre insouciance, nous franchissons certaines frontières naturelles parmi les plus fondamentales de la planète. Et la leçon du Jardin d'Éden raisonne toujours juste aujourd'hui - la fierté, l'orgueil, l'égocentrisme sont toujours périlleux, parce que destructifs. l’importante technologie qui a apporté de grandes récompenses est maintenant balancée pouvant apporter une grande ruine.
Des désastres concernant le climat sont une réalité tant pour des pays pauvres en marge de l'économie moderne que pour ceux qui y sont au coeur. Considérez les sécheresses dévastatrices de la Californie à la Syrie et en Afrique. Considérez la fréquence croissante d'événements météorologiques extrêmes, qui frappent toujours le plus sévèrement les pauvres. Par exemple, l’ouragan qui a dévasté les Philippines en 2013, a tué environ 6,000 personnes. Aux Philippines, comme c’est le cas dans beaucoup de pays dans le monde entier, les populations, placées dans de telles situations, sont simplement trop pauvres pour se protéger. Elles sont à la merci de la fureur de nature.
Les solutions pour corriger le cours des choses
Permettez-moi de me tourner maintenant vers les solutions. Nous avons clairement besoin d'un changement fondamental de cap, protéger la terre et ses habitants - qui nous permettra en retour "d'honorer l'humanité".
Tout résulte du principe essentiel que nous sommes faits à l'image et à la ressemblance de Dieu et ainsi en possession d'une dignité innée qui ne peut jamais être niée, dégradée, ou dénigrée. Cela impose de traiter chaque personne comme un frère ou une soeur - avec une relation basée sur le respect, la réconciliation et la solidarité.
Cela implique aussi de reconnaître que tout ce que Dieu a créé est bon, précieux et de valeur - et que Dieu nous a donné à tous cette planète comme un cadeau, pour pourvoir à nos besoins. Et la réponse correcte à la réception d'un cadeau si magnifique sont sûrement celles de la gratitude, de l'amour et du respect ".
Selon le Livre de la Genèse, Dieu le Créateur nous a chargés de cultiver la terre et de la garder (Gn 2:15). Ces concepts équilibrés de "labour" et de "garde" impliquent une relation vitale et réciproque entre l'humanité et le monde créé. Chaque personne et chaque communauté ont un devoir sacré de puiser prudemment, avec respect et avec reconnaissance dans les ressources de la terre et de s'en soucier d’une façon qui assure leur capacité à continuer à être fructueuses pour les générations à venir.
Ceux qui cultivent et gardent la terre ont aussi la grande responsabilité d’en partager les fruits avec d'autres - particulièrement les pauvres, les démunis, les étrangers, les oubliés. L'Écriture sainte judéo-chrétienne est claire à ce sujet - le cadeau de la terre est un cadeau pour tous.
L'atmosphère planétaire, les océans, les forêts et les autres ressources naturelles sont un bien commun de l'humanité. Comme d'autres, le Pape François a affirmé que la terre n'est pas seulement un héritage de nos parents, mais un prêt de nos enfants, que nous devons protéger et dont nous devons nous soucier avec grande tendresse et avec un sens aigu de solidarité entre les générations. En même temps, le prophète Isaïe éclaire le lien entre la dégradation environnementale et le comportement humain : "la terre languit pour les péchés d'homme." (Cf. Isaïe, ch. 24)
Cultiver et garder n'interdisent pas à l’humanité de se servir des cadeaux de la terre. Mais en même temps, le modèle actuel économique lié au développement est déséquilibré.
Il est parfaitement clair que nous avons "trop labouré" et "trop peu gardé". Notre relation avec le Créateur; avec notre prochain, particulièrement les pauvres; et avec l'environnement est devenue fondamentalement "non gardée".
Nous devons nous éloigner de ce mode de comportement et revenir, au lieu de cela, vers plus de protection et plus "de garde".
En termes pratiques, nous avons besoin de solutions technologiques et économiques novatrices et durables, aussi bien que d’une direction politique courageuse et déterminée, exercée à divers niveaux incluant le mondial. [Dans un contexte différent mais lié, le Conseil Pontifical Justice et Paix a réfléchi profondément sur la crise financière mondiale ; cf. "Pour une réforme des systèmes financiers et monétaires internationaux dans le contexte d'une autorité publique globale", Libreria Editrice Vaticana, 2011].
Nous devons nous détourner d'un engouement irréfléchi pour le PIB(produit intérieur brut) et pour un zèle résolu pour l'accumulation. Nous devons apprendre à travailler ensemble pour un développement durable, dans un cadre qui lie aussi bien la prospérité économique à l'intégration sociale qu'à la protection du monde naturel.
Nous avons besoin de la communauté des nations pour embrasser ce concept "de développement durable". Dans cette grande recherche, 2015 sera une année décisive. Trois conférences majeures - sur le financement du développement à Addis Abeba en juillet, sur les objectifs de développement durable (SDG) à New York en septembre et sur le changement climatique à Paris à la fin de novembre doivent faire face aux problèmes et convenir de remèdes proportionnés.
Les bases morales
Laissez moi me tourner, pour terminer, vers les fondements moraux, les lignes directrices et les critères. Le Patriarche Oecuménique Bartholomew pose clairement et irrésistiblement le problème :
"Il s'ensuit que, commettre un crime contre le monde naturel, est un péché. Quand les humains sont la cause d’extinction d’espèces et de destruction de la biodiversité, de la création de Dieu ... quand les humains dégradent l'intégrité de Terre en causant des changements de son climat, en déshabillant la Terre de ses forêts naturelles, ou en détruisant ses marécages ... quand des humains blessent d'autres humains avec la maladie ... quand des humains contaminent les eaux de la Terre, ses sols, son air et sa vie, avec des substances toxiques ... tout ceci sont des péchés." (source :  Patriarch Batholomew, Discours au Symposium environnemental de Santa Barbara, U.S.A., 8.11.1997)
Sans conversion morale et sans changements de nos cœurs, même de bons règlements, de bonnes politiques et de bons objectifs mondiaux ne s'avéreront probablement pas efficaces. Sans cette base éthique, l’humanité manquera du courage (la vertu morale) pour réaliser ne serait-ce que les plus raisonnables des propositions politiques. Pourtant sans politiques efficaces, notre énergie morale est bien trop facilement dispersée.
Ceci est un impératif moral de portée générale : protéger et se soucier tant de la création, de notre jardin, de notre maison, que de la personne humaine qui y demeurent - et agir pour réaliser cela. Si l'éthos dominant et omniprésent est l'égoïsme et l'individualisme, le développement durable n'arrivera pas. Progresser vers la durabilité exige une ouverture fondamentale à la relation ou, autrement dit, à la justice et à la responsabilité, ouvrant de nouvelles avenues de solidarité.
Les citoyens de pays plus riches doivent se tenir coude à coude avec les pauvres, tant dans leurs pays qu'à l'étranger. Ils ont une obligation spéciale d'aider leurs frères et sœurs dans des pays en voie de développement, de faire face au changement climatique en atténuant ses effets et en réduisant son ampleur. Une analogie simple pourrait nous rendre cela clair. Imaginez dix personnes marchant dans un désert énorme. Deux des dix personnes ont déjà bu la moitié de la provision d'eau commune au groupe. Les huit autres s’affaiblissent de soif. Et il n'y a plus d'eau en vue. Dans une situation si désespérée, les deux qui se sont abreuvés ont un devoir moral de partir en éclaireur pour trouver une oasis. Quand ils le trouvent, ils ont un devoir moral d’y guider le reste du groupe, en assurant qu'aucune vie n'est perdue.
Comme ceci le suggère, les pays les plus riches, ceux qui ont profité le plus des combustibles fossiles, sont moralement obligés de promouvoir et découvrir des solutions concernant le changement climatique et protégeant ainsi l'environnement et la vie humaine. Ils sont obligés à la fois de réduire leurs propres émissions de carbone et d’aider les pays plus pauvres à se protéger des désastres causés ou renforcés par les excès d'industrialisation.
Cette obligation morale s’étend à tous - leaders politiques, leaders d'entreprise, société civile et gens ordinaires également. Les sociétés et les investisseurs financiers doivent apprendre à préférer la durabilité à long terme au bénéfice à court terme et reconnaître que le résultat final financier est secondaire par rapport au service de l'intérêt commun. Et chaque personne de bonne volonté est convoquée par un appel intérieur d'embrasser des vertus personnelles qui fondent le développement durable - et le plus importantes d’entre elles constituent une œuvre globale de charité qui irradie de soi vers les autres, des vivants aujourd'hui vers ceux qui ne sont pas encore nés.
Au coeur de cet aspect moral, les religions du monde jouent un rôle essentiel. Toutes ces traditions affirment la dignité inhérente de chaque individu liée à l'intérêt commun de toute l'humanité. Elles affirment le besoin d'une économie d'inclusion et l'opportunité, où tous peuvent s’épanouir et accomplir la vocation donnée par Dieu. Elles affirment la beauté, les merveilles et les bienfaits inhérents du monde naturel et ressentent que c'est un cadeau précieux confié à notre soin commun - ce qui implique pour nous un devoir moral de respecter plutôt que de dévaster, de garder plutôt que de gaspiller, de protéger plutôt que de piller, d’être intendant plutôt que de saboter le jardin qui est notre maison et de partager l’héritage des ressources naturelles.
Ces éclairages religieux peuvent aider à orienter et à intégrer les êtres humains dans le plus large univers, à identifier ce qui a vraiment de la valeur est ce que nous protégeons et supportons comme sacré. Dans la tradition Chrétienne, quelle charte plus radicale pour le développement durable pouvons nous trouver si ce n’est les Béatitudes; l'appel à la générosité, à la pitié et à la rencontre qui transpirent de Evangelii Gaudium? Quel meilleur modèle pour les vertus de développement durable que Saint. François d'Assise, qui a vécu sa vie basée sur la proximité et la fraternité avec la création, les créatures et les pauvres?
Je sais que chaque tradition représentée peut ici aujourd'hui puiser dans des racines profondes de la même façon.
Nous devons donc cultiver un nouvel ensemble de valeurs et de vertus - incluant la conservation de l'environnement, la compassion vis à vis de l'exclu, le courage pour prendre des décisions courageuses et un engagement à marcher ensemble vers le but commun de l'intérêt commun global. Nous avons besoin d'une conversion complète des coeurs et des esprits, des habitudes et des modes de vie, des structures et des institutions.
En fin de compte, il s’agit de s’habituer à des pratiques vertueuses, provenant d'un désir intrinsèque de faire ce qui est juste. Et ici, le monde a besoin de l’émulation de bons modèles. Ainsi permettez que des chefs religieux se mettent en avant! Laissez-nous donner l'exemple! Pensez au message positif que recevraient les croyants pour non seulement prêcher la durabilité, mais pour vivre des vies durables! Par exemple, pensez au message positif qu’ils enverraient aux églises, aux mosquées, aux synagogues et aux temples dans le monde entier pour devenir «non émetteur de carbone »
À un moment comme celui-ci, le monde compte sur des leaders religieux pour les conseiller. C'est pourquoi le Pape François a voulu publier une encyclique sur la protection de l'environnement à ce moment unique de l’histoire. 
Conclusion
Permettez-moi de finir en regardant derrière et regardant en avant. L'Église n'est pas un expert dans la science, la technologie, ou l'économie. Nous comptons sur des gens comme vous dans cette assemblée pour cela. Mais l'Église est "experte en l'humanité" - concernant le vrai appel de la personne humaine pour agir avec justice et charité. C’est pour cette raison que l'Église lit "les signes des temps" aux moments clés dans l'histoire.
Au cours des 19ème et récent 20ème siècles, l'Église a exprimé une profonde inquiétude pour les injustices qui ont résulté de l'industrialisation, avec un abîme énorme apparaissant entre une minorité de privilégiés et les masses en lutte.
Dans la deuxième moitié du dernier siècle, elle a tourné son attention vers le défi épineux du développement global et vers la menace grave posée par l'accumulation d'armes nucléaires pendant la Guerre froide.
Et maintenant, l'Église doit parler avec force du grand défi de notre temps - le défi du développement durable. Comme le dit le titre du nouveau livre de Jeffrey Sachs - dont les copies sont ici aujourd'hui -, nous vivons dans l'âge du développement durable et il nous revient à tous de faire les bons choix, les choix moraux.
Au mois de septembre, le Pape François s’adressera aux Nations unies sur les buts de développement durable. Cinquante ans plus tôt, le Bienheureux Pape Paul VI s’était adressé à la même Assemblée Générale. Les problèmes étaient différents et pourtant l'orientation de l'Église est semblable.
Le bienheureux Paul VI avait conclu son message par ces mots: "l'édifice que vous construisez ne repose pas sur des fondations purement matérielles et terrestres, car dans ce cas ce serait une maison construite sur le sable. Cela donne du repos surtout sur des consciences. Oui, le temps est venu de 'la conversion' pour la transformation personnelle, pour le renouveau intérieur."
Le Saint-Père avait continué en disant : "l'appel à la conscience morale de l'homme n'a jamais, auparavant, été aussi nécessaire qu’aujourd'hui, en cet âge marqué par un si grand progrès humain. Le danger ne vient ni du progrès, ni de la science; si ceux-ci sont bien utilisés, ils peuvent, au contraire, aider à résoudre un grand nombre des problèmes sérieux qui harcèle l'humanité. Le danger réel vient de l'homme, qui n’a jamais eu à sa disposition des instruments aussi puissants et qui sont aussi adaptés à provoquer la ruine qu’à réaliser des conquêtes élevées."
À la lumière de cet appel bouleversant du bienheureux Paul VI "à la conscience morale d'homme," laissons nous adopter les vertus principales d'intendance et de solidarité. Sans intendance, la Terre sera de moins en moins habitable. Sans solidarité, l'avidité sèmera un ravage plus grand que jamais. Mais avec l'intendance et la solidarité, nous sommes sûrs de produire une plus grande durabilité et une plus grande sécurité.
Nous pouvons, avec réalisme, compter plus que jamais sur une planète hospitalière pour fournit un milieu de vie pour chaque homme, femme et enfant, dans chaque pays et à chaque génération.
Pour arriver là, nous avons besoin de cette même conversion, de cette même transformation personnelle, que ce même renouvellement dont le bienheureux Paul VI a parlé il y a un demi-siècle et que le Pape François encourage aussi avec insistance.
Merci de cette réunion dans cette Académie Pontificale pour aider l'Église, tous les croyants, tous les personnes de bonne volonté, de se joindre ensemble pour relever les défis.
Merci beaucoup »

Version originale en anglais :
« Our topic and task, in the words of today’s title, is to “Protect the Earth, Dignify Humanity”. The subtitle would have us grasp “climate change and sustainable development” by insisting upon their “moral dimensions”. We will indeed come to grips with the problems if, and only if, the stand we take is substantially human and moral.
Out of this title and sub-title, let me focus on three points to frame the discussion:
• The title states the problems as imperatives – the earth needs to be protected, humanity needs to be dignified.
• The subtitle, secondly, names the solutions as course correction – to manage climate change and to promote sustainable development.
• As the problems are vast and the solutions long-running, thirdly, the solutions cannot be merely technical, nor our commitments merely contractual. Rather, they must be grounded in morality, oriented by morality and measured in terms of human flourishing and well-being.
The problems as imperatives
Although the problems we face are striking, even frightening, we do appreciate and affirm the great achievements of the last two centuries. Remarkable scientific, technological and economic progress has significant numbers enjoying lifespans, livelihoods and lifestyles unimaginable for our ancestors. The last few decades have witnessed hundreds of millions lifted out of extreme poverty along with accelerated travel, transportation and communications.
But this progress has its dark sides and unacceptable costs. Despite the generation of great wealth, we find starkly rising disparities – vast numbers of people excluded and discarded, their dignity trampled upon. As global society increasingly defines itself by consumerist and monetary values, the privileged in turn become increasingly numb to the cries of the poor.
At least three billion of the seven billion inhabitants of the planet are mired in poverty, a third of them in extreme poverty, while a privileged global elite of about one billion people control the bulk of the wealth and consumes the bulk of resources. Consider the consequences in one sector: food. Today the world produces more than enough food to feed its 7.3 billion inhabitants, but over 800 million (over 11%) go hungry, while the FAO estimates that each year, approximately one-third of all food produced for human consumption in the world is lost or wasted. (Source : FAO, Food wastage footprint, Impacts on natural resources. Summary report, 2013, p.6.)
Beyond all shame, many of our fellow men, women and children are treated as mere instruments of labour, of profit or of pleasure, especially through human trafficking and modern forms of slavery.
Pope Francis rightly deplores all this: the “throwaway culture”, the new forms of slavery, and  the “globalization of indifference”. They are poisonous. They thwart human purpose, choke human potential, and affront human dignity.
Focussing on the natural environment, indifference, abusive treatment and the throwaway approach also apply to how we treat the natural world, the planet Earth, the garden that was given to us as our home.
Human beings are part of nature. From conception to the moment of death, the life of every person is integrated with and sustained by the awesome panoply of natural processes. This calls for a reciprocal response on the part of humanity – to nourish and sustain the earth, the garden, that in turn nourishes and sustains us. Today, the ever-accelerating burning of fossil fuels that powers our economic engine is disrupting the earth’s delicate ecological balance on almost-unfathomable scale.
In our recklessness, we are traversing some of the planet’s most fundamental natural boundaries. And the lesson from the Garden of Eden still rings true today – pride, hubris, self-centredness are always perilous, indeed destructive. The very technology that has brought great reward is now poised to bring great ruin.
Climate-related disasters are a reality both for poor countries on the margins of the modern economy and for those at its heart. Consider the devastating droughts from California to Syria to Africa. Consider the increasing prevalence of extreme weather events, which always hit the poor hardest. For example, a typhoon devastated the Philippines in 2013, killing about 6,000 people. In the Philippines, as is the case in many countries worldwide, people in such situations are simply too poor to protect themselves. They are at the mercy of nature’s fury.
The solutions as course correction
Let me turn now to solutions. We clearly need a fundamental change of course, to protect the earth and its people – which in turn will allow us to “dignify humanity”.
Everything stems from the essential principle that we are made in the image and likeness of God, and thus possessing an innate dignity that can never be denied, degraded, or denigrated. That means treating every single person as a brother or a sister – with a relationship based on respect, reconciliation, and solidarity.
It also means recognizing that everything that God has created is good, precious, and valuable – and that God has given all of us this planet as a gift, to provide for our needs. And the correct response to receiving such a magnificent gift is surely one of gratitude, love and respect ».
According to the Book of Genesis, God the Creator charged us to till the earth and to keep it (Gn 2:15). These balanced concepts of “tilling” and “keeping” imply a vital and reciprocal relationship between humanity and the created world. Every person and every community has a sacred duty to draw prudently, respectfully and gratefully from the goodness of the earth, and to care for it in a way that assures its continued fruitfulness for generations to come.
Those who till and keep the land also have a great responsibility to share its fruits with others– especially the poor, the dispossessed, the stranger, the forgotten. The Hebrew-Christian Scripture is unequivocal about this – the gift of the land is a gift for all. The global atmosphere, the oceans, the forests, and other natural resources are common goods of mankind. Like others, Pope Francis has asserted that the earth is not just a legacy from our parents, but a loan from our children, so we must protect and care for it with great tenderness and with a keen sense of inter-generational solidarity. At the same time, the prophet Isaiah brilliantly links the environmental degradation with human behaviour: “The earth languishes for the sins of man.” (Cf. Isaiah, ch. 24)
To till and to keep does not prohibit humanity from making use of the earth’s gifts. But at the same time, the current economic-developmental model is out of balance.
It is blatantly clear that we have “tilled too much” and “kept too little”. Our relationship with the Creator; with our neighbour, especially the poor; and with the environment has become fundamentally “unkept”.
We must move away from this mode of behaviour, and instead become more protective, more “keeping”.
In practical terms, we need innovative and sustainable technological and economic solutions, as well as brave and determined political leadership exercised at various levels including the global one. [In a different but related context, the Pontifical Council for Justice and Peace reflected deeply on the global financial crisis, cf. « Towards reforming the international financial and monetary systems in the context of global public authority », Libreria Editrice Vaticana, 2011]. We need to shift away from an unthinking infatuation with GDP and a single-minded zeal for accumulation. We need to learn to work together toward sustainable development, in a framework that links economic prosperity with both social inclusion and protection of the natural world.
We need the community of nations to embrace this concept of “sustainable development”. In this great quest, 2015 will be a defining year. Three major conferences – on financing development in Addis Ababa in July, on SDGs in New York in September, and on climate change in Paris at the end of November – must come to grips with the problems and agree on proportionate remedies.
The grounding in morality
Let me finally turn to the moral foundation, guidelines, and criteria. The Ecumenical Patriarch Bartholomew clearly and compellingly situates the problematic:
“It follows that, to commit a crime against the natural world, is a sin. For humans to cause species to become extinct and to destroy the biological diversity of God's creation... for humans to degrade the integrity of Earth by causing changes in its climate, by stripping the Earth of its natural forests, or destroying its wetlands... for humans to injure other humans with disease... for humans to contaminate the Earth's waters, its land, its air, and its life, with poisonous substances... these are sins.” (source :  Patriarch Batholomew, Speech at the Environmental Symposium, Santa Barbara, U.S.A., 8.11.1997).
Without moral conversion and change of hearts, even good regulations, policies, and targets in the world are unlikely to prove effective. Without this ethical foundation, humanity will lack the courage (moral substance) to carry out even the most sensible policy proposals. Yet without effective policies, our moral energy is all-too-easily dispersed.
This is an all-embracing moral imperative: to protect and care for both creation, our garden home, and the human person who dwells herein – and to take action to achieve this. If the dominant, pervasive ethos is selfishness and individualism, sustainable development will not come about. For progress towards sustainability requires a fundamental openness to relationship or, in other words, justice and responsibility, opening up new avenues of solidarity.
Citizens of wealthier countries must stand shoulder to shoulder with the poor, both at home and overseas. They have a special obligation to help their brothers and sisters in developing countries to cope with climate change by mitigating its effects and by assisting with adaptation. A simple analogy might help make this clear. Imagine ten people walking in a vast desert. Two of the ten people have already drunk half of the group’s combined supply of water. The other eight are growing weak from thirst. And there is no more water in sight. In such a desperate situation, the two who have drunk their fill have a moral duty to scout ahead to find an oasis. When they find it, they have a moral duty to guide the rest of the group there, making sure that no life is lost.
As this suggests, the wealthiest countries, the ones who have benefitted most from fossil fuels, are morally obligated to push forward and find solutions to climate-related change and so protect the environment and human life. They are obliged both to reduce their own carbon emissions and to help protect poorer countries from the disasters caused or exacerbated by the excesses of industrialization.
This moral obligation extends to all – political leaders, corporate leaders, civil society, and ordinary people too. Corporations and financial investors must learn to put long-term sustainability over short-term profit, and to recognize that the financial bottom line is secondary to, and at the service of, the common good. And every single person of good will is summoned by an inner call to embrace the personal virtues that ground sustainable development – and the most important of these is an enfolding charity that radiates outwards from the self to others, from those alive today to those not yet born.
In this core moral space, the world’s religions play a vital role. These traditions all affirm the inherent dignity of every individual linked to the common good of all humanity. They affirm the need for an economy of inclusion and opportunity, where all can flourish and fulfil their God-given purpose. They affirm the beauty, wonder, and inherent goodness of the natural world, and appreciate that it is a precious gift entrusted to our common care – making it our moral duty to respect rather than ravage, to keep rather than lay waste, to protect rather than plunder, to steward rather than sabotage, the garden which is our home and shared inheritance of natural resources.
These religious insights can help orient and integrate human beings within the wider universe, to identify what is truly valuable, what we protect and sustain as sacred. Within the Christian tradition, what more radical charter for sustainable development can we find than the Beatitudes; the call for generosity, mercy, and encounter that permeates Evangelii Gaudium? What better role model for the virtues of sustainable development than St. Francis of Assisi, who lived his life based on kinship and fraternity with creation, creatures, and the poor?
I know that each tradition represented here today can draw from similarly deep roots.
We therefore need to cultivate a new set of values and virtues – including conservation of the environment, compassion for the excluded, courage to take bold decisions, and a commitment to work together in common purpose for the global common good. We need a full conversion of hearts and minds, habits and lifestyles, structures and institutions.
Ultimately, it is about the habituation of virtuous practices, stemming from an intrinsic desire to do what is right. And here, the world needs good role models. So let religious leaders step up to the plate! Let us lead by example! Think of the positive message it would send for people of faith to not only preach sustainability but to live sustainable lives! For example, think of the positive message it would send for churches, mosques, synagogues, and temples all over the world to become carbon neutral.
At a time like this, the world is looking to faith leaders for guidance. This is why Pope Francis has chosen to issue an encyclical on protecting the environment at this unique moment in time.
Conclusion
Let me end by looking back and looking ahead. The Church is not an expert on science, technology, or economics. We rely on good people like you in this room for that. But the Church is an "expert in humanity" – on the true calling of the human person to act with justice and charity. It is for this reason that the Church reads the "signs of the times" at key moments in history.
In the late 19th and early 20th centuries, the Church expressed deep concern for injustices that arose from industrialization, with a vast chasm emerging between the privileged few and the struggling masses.
In the latter half of the last century, she turned her attention to the thorny challenge of global development, and to the grave threat posed by the accumulation of nuclear weapons during the Cold War.
And now, the Church must speak forcefully on the great challenge of our time – the challenge of sustainable development. As the title of Jeffrey Sachs's new book – copies of which are here today – says, we are living in the age of sustainable development, and it is up to all of us to make the right choices, the moral choices.
This September, Pope Francis will address the United Nations on the sustainable development goals. Fifty years earlier, Blessed Pope Paul VI addressed the same General Assembly. The problems were different, and yet the orientation of the Church is similar.
Blessed Paul VI concluded his address with these words: "The edifice you are building does not rest on purely material and terrestrial foundations, for in that case it would be a house built on sand. It rests most of all upon consciences. Yes, the time has come for ‘conversion,’for personal transformation, for interior renewal.”
The Holy Father went on to say: "The appeal to the moral conscience of man has never before been as necessary as it is today, in an age marked by such great human progress. For the danger comes neither from progress nor from science; if these are used well they can, on the contrary, help to solve a great number of the serious problems besetting mankind. The real danger comes from man, who has at his disposal ever more powerful instruments that are as well fitted to bring about ruin as they are to achieve lofty conquests."
In the light of Blessed Paul VI’s stirring appeal “to the moral conscience of man,” let us adopt the primary virtues of stewardship and solidarity. Without stewardship, the Earth will be less and less habitable. Without solidarity, greed will wreak ever greater havoc. But with stewardship and solidarity, we are sure to generate greater sustainability and greater security.
We can ever more realistically count on a hospitable planet that provides a nurturing home for every man, woman, and child in every country and in every generation.
To get there, we need that same conversion, that same personal transformation, that same renewal that Blessed Paul VI talked about a half century ago and that Pope Francis encourages so insistently.
Thank you for gathering in this Pontifical Academy to help the Church, all believers, all people of good will, to join together in taking up the challenges.
Thank you very much »

[2] Version anglaise de la "Declaration of Religious Leaders, Political Leaders, Business Leaders, Scientists and Development Practitioners - 28 avril 2015"

« We the undersigned have assembled at the Pontifical Academies of Sciences and Social Sciences to address the challenges of human-induced climate change, extreme poverty, and social marginalization, including human trafficking, in the context of sustainable development.  We join together from many faiths and walks of life, reflecting humanity’s shared yearning for peace, happiness, prosperity, justice, and environmental sustainability. We have considered the overwhelming scientific evidence regarding human-induced climate change, the loss of biodiversity, and the vulnerabilities of the poor to economic, social, and environmental shocks.
In the face of the emergencies of human-induced climate change, social exclusion, and extreme poverty, we join together to declare  that: Human-induced climate change is a scientific reality, and its decisive mitigation is a moral and religious imperative for humanity;
In this core moral space, the world’s religions play a very vital role. These traditions all affirm the inherent dignity of every individual linked to the common good of all humanity. They affirm the  beauty, wonder, and inherent goodness of the natural world, and appreciate that it is a precious gift entrusted to our common care, making it our moral duty to respect rather than ravage the garden  that is our home;
The poor and excluded face dire threats from climate  disruption including the increased frequency of droughts, extreme storms, heat waves, and rising sea levels;
The world has within its technological grasp, financial means, and know-how the means to mitigate climate change while also ending extreme poverty, through the application of sustainable development solutions including the adoption of low-carbon energy systems supported by information and communications technologies;
The financing of sustainable development, including climate mitigation, should be bolstered through new incentives for the transition towards low-carbon energy, and through the relentless pursuit of peace, which also will enable the shift of public financing from military spending to urgent investments for sustainable development;
The world should take note that the climate  summit in Paris later this year (COP21) may be the last effective opportunity to negotiate arrangements that keep human-induced warming below 2 degrees  C, and aim to stay well below 2-degree C for safety, yet the current trajectory may well reach a devastating  4-degrees C or higher;
Political leaders of all UN member states have a special responsibility to agree at COP21  to a bold  climate agreement that confines global warming to a limit safe for humanity, while protecting the poor and the vulnerable from  ongoing climate  change  that gravely endangers their lives. The high income countries should help to finance  the costs of climate-change mitigation in low-income countries as the high-income countries have promised to do;
Climate-change mitigation will require a rapid world transformation to a world powered by renewable and other low-carbon energy and the sustainable management of ecosystems.  These transformations should be carried out in the context  of globally agreed Sustainable  development Goals, consistent with ending extreme poverty; ensuring universal access for healthcare, quality education, safe water, and sustainable energy; and cooperating to end human trafficking and all forms of modern slavery;
All sectors and stakeholders must do  their part, a pledge that we fully commit to in our individual capacities »

[3] Les 42 autres signataires de la déclaration finale du 28 avril 2015 sont:

  1. - Swami Advaita, Founder-Director, Advaitam
  2. - Dr. Anthony Annett KCHS, Climate Change and Sustainable Development Director, Earth Institute and Religions for Peace
  3. - Pablo Bergel MP, President of the Climate Change Commission, Government of the City of  Buenos Aires, Argentina
  4. - Jacqueline Corbelli, Chairman and CEO of Brightline
  5. - Frank Ramsey Professor Emeritus of Economics, Faculty of Economics, University of Cambridge
  6. - Ellen Dorsey, Executive Director, Wallace Global Fund H.E. Metropolitan Emmanuel, Director, Patriarchate Liaison Office of the European Union
  7. - Rafael Flor, Earth Institute, Columbia University
  8. - Rev. Dr Olav Fykse Tveit, General Secretary, World Council of Churches
  9. - Jennifer Stengarrd Gross, William and Sue Gross Family Foundation
  10. - Benjamin Harnwell, Founder and President of the Board of Trustees, Dignitatis Humanae Institute
  11. - Pavel Kabat, Director General and CEO, International Institute for Applied Systems Analysis
  12. - Csaba Kőrösi, Director for Environmental Sustainability, Office of the President of the  Republic of Hungary
  13. - Christina Lee Brown, Co-Founder, Center for Interfaith Relations
  14. - Dr. Rajaa Naji al Makkawi, Scholar, Mohammad al Khamis University, Morocco
  15. - Valerie Nash, Chief of Staff, Office of the Secretary General, Religions for Peace
  16. Dr Maria Neira, Director, Public Health and the Environment Department, World Health Organization
  17. - Rev. Kosho Niwano, President Designate, Rissho Kosei-kai
  18. Giannozzo Pucci, Publisher, Libreria Editrice Fiorentina
  19. - Idanna Pucci, International Trustee, Religions for Peace
  20. - Sabina Ratti, Executive Director, Fondazione Eni Enrico Mattei
  21. - Lord Martin Rees of Ludlow, PAS Academician, Master of Trinity College and Professor of Cosmology and Astrophysics, University of Cambridge
  22. Angelo Riccaboni, Rector, University of Siena
  23. - Gualtiero Ricciardi, Commissioner, Italian National Institute of Health, and Director of Department of Public Health, Università Cattolica del Sacro Cuore
  24. - Johan Rockstrom, Executive Director, Stockholm Resilience Center
  25. - Chief Rabbi David Rosen, International Director of Interreligious Affairs, American Jewish Committee
  26. - Alejandro Rossi, Environmental Advisor, Latin America and the Caribbean, United Nations Office for Project Services (UNOPS)
  27. Joanna Rubinstein, President and CEO, World Childhood Foundation
  28. - Jeffre Sachs, Director, Earth Institute, Columbia University
  29. - Sonia Ehrlich Sachs, Director of Health, Millennium Villages Project, Earth Institute
  30. - - Dr. John Schellnhuber, Director, Potsdam Institute for Climate Impact Research
  31. Guido Schmidt-Traub, Executive Director, UN Sustainable Development Solutions Network
  32. Dr. Michael Shank, Professor, George Mason University
  33. - Bhai Sahib Mohinder Singh, Chairman, Guru Nanak Nishkam Sewak Jatha
  34. Jennifer Stengarrd Gross, Member of the Board, SDSN
  35. Dr. Din Syamsuddin, President, Muhammadiyah
  36. - His Holiness Sri Sugunendra Theertha Swamiji, Abbot, Sri Puthige Matha
  37. - Dr. William F. Vendley, Secretary General, Religions for Peace International
  38. Hans Vestberg, CEO, Ericsson
  39. H.H. Preah Aggamahasangharajadhipati Tep Vong, Great Supreme Patriarch, Kingdom of Cambodia
  40. Terence Ward, International Trustee, Religions for Peace
  41. Elaine Weidman, Vice President, Sustainability and Corporate Responsibility, Ericsson
  42. Stefano Zamagni, PASS Academician and Professor, University of Bologna, Department of Economic Sciences