Il y a déjà deux siècles, un astronome anglais, William Herschel, découvrait une corrélation[1] entre les taches solaires et le prix du blé en Angleterre. C'était la première observation suggérant une influence des variations du Soleil sur le climat terrestre. Curieusement le GIEC n’y attache pas grande importance, et ne participe pas à un projet majeur pour la compréhension du climat, le « projet CLOUD » mené par le CERN (Organisation européenne pour la recherche nucléaire). Personne, en France, n’en parle.
Pourtant les premiers résultats publiés en août 2011 conduisent leurs auteurs à dire qu’il "faut revoir les modèles utilisés pour simuler le climat" [1bis]!
Pourquoi la France ne participe-t-elle pas  au projet Cloud? De quoi s’agit-il ?

Source : CERN
Revue « Nature » 25 août 2011
Quotidien suisse: "Le Temps 25/8/11"

Commentaire "les2ailes.com"

De quoi s’agit-il ?

Le nom de ce projet est CLOUD – « Cosmics Leaving OUtdoor Droplets »
Ce nom explicite qu’il s’agit d’étudier « les rayons cosmiques et la formation des nuages ».

Participants
L'expérience CLOUD est menée par une équipe interdisciplinaire de scientifiques provenant de 18 instituts de 9 pays, dont en particulier :
-  Suisse:
* Le CERN (European Organization for Nuclear Research), à Genève
* Institut Paul Scherrer (PSI), Laboratoire de chimie atmosphérique à Villigen
-  Autriche:
* L’Université de Vienne (Faculté de Physique) – Autriche
- Finlande :
* L’Université de Helsinki, (Departement de Physique et l’Institut de Physique d’Helsinki) 
* L’Institut Météorologique de Finlande à Helsinki 
* L’Université de Kuopio
- Allemagne
* L’Institut des sciences environnementales et atmosphérique de l’Université Johann Wolfgang Goethe à Frankfort
* L’Institut Leibniz de recherche troposphérique de Leipzig (IFT)
* Institut de Technologie de Karlsruhe (KIT)
- Portugal
* Université de Lisbonne et Université de « Beira interior » (SIM)
-  Russie
* Institut Physique Lebedev (Laboratoire de Recherche du Soleil et des rayons cosmiques) à Moscou
-  Grande Bretagne
* Université de Leeds (School of Earth and environnment)
* Université de Mandchester (School of Earth, Atmospheric and Environmental Sciences)
-  Etats-Unis
* Institut de Technologie de Californie (Division of Chemistry and Chemical Engineering) à  Pasadena

Budget : L'investissement est évalué à 9 millions d'Euros

Objet de l’expérience CLOUD (Rayons cosmiques produisant des gouttelettes extérieures)
Le projet exploite une chambre à brouillard pour étudier un lien possible entre les rayons cosmiques galactiques et la formation des nuages. Elle est alimentée par le Synchrotron à protons du CERN, qui est ainsi le premier accélérateur de particules utilisé pour étudier la science des climats et de l'atmosphère.

Contexte scientifique
Les rayons cosmiques sont des particules chargées qui bombardent l'atmosphère de la Terre depuis l'espace extra-atmosphérique. Des études suggèrent qu'ils pourraient avoir une influence sur l’épaisseur de la couverture nuageuse de par la formation de nouveaux aérosols (minuscules particules en suspension dans l'air qui constituent le germe des gouttelettes des nuages). Ces études sont étayées par des mesures prises par satellite révélant la possibilité d’une corrélation entre l'intensité des rayons cosmiques et l’épaisseur de la couverture nuageuse à basse altitude. Les nuages exercent une forte influence sur l'équilibre énergétique de la Terre; des changements d'à peine quelques pour-cent ont une incidence considérable sur le climat. Comprendre la microphysique sous-jacente dans des conditions de laboratoire contrôlées pourrait contribuer à révéler la relation entre les rayons cosmiques et les nuages.
L'idée à l'origine de cette expérience a émergé il y a deux siècles. William Herschel, astronome royal, remarquait alors une corrélation entre les taches solaires et le prix du blé en Angleterre. C'était la première observation suggérant une influence des variations du Soleil sur le climat terrestre. La variabilité climatique liée au Soleil est restée un grand mystère, malgré toutes les recherches sur ce sujet. Pendant la « petite ère glaciaire » qui a prévalu au tournant du XVIIe et du XVIIIe siècle, les taches solaires ont pratiquement disparu pendant 70 ans, l'intensité des rayons cosmiques a augmenté et le climat s'est refroidi. Ce phénomène semble n'être que le plus récent d'une douzaine d'épisodes similaires qui se sont produits au cours des derniers 10 000 ans. Aujourd'hui, la raison pour laquelle la brillance du Soleil connaîtrait des fluctuations à cette échelle de temps n'a pas été établie. La possibilité d'une influence directe des rayons cosmiques galactiques (qui sont modulés par les fluctuations du vent solaire) sur le climat retient donc l'attention des scientifiques.

Premiers résultats[2]

Au CERN, le projet CLOUD fait le point sur une idée très controversée.
Dans une étude   publiée le 25 août 2011 dans Nature, des physiciens du CERN avancent une explication qui impliquerait de revoir les modèles utilisés pour simuler l’évolution du climat!
Les aérosols sont des corpuscules liquides ou solides, de taille nanométrique (milliardième de mètre). Eux-mêmes réfléchissent une partie de l’énergie solaire. Surtout, ils servent, une fois agglomérés, de noyaux de condensation aux molécules d’eau. Et ainsi les nuages de naître, qui font office de parasol refroidissant à basse altitude.
Mais d’où viennent ces aérosols? Certains sont issus de gaz polluants (comme l’acide sulfurique, dégradé du dioxyde de soufre SO2 émis lors des processus de combustion). D’autres sont d’origine naturelle, telles les microgouttelettes d’eau salée créées à la surface des océans.
Dans les années 1990, le scientifique danois Henrik Svensmark développe une hypothèse subtile: une partie des nuages s’expliquerait par l’arrivée sur Terre de rayons cosmiques, des noyaux d’atomes de haute énergie jaillissant de diverses sources de l’espace lointain; en percutant l’air, ceux-ci accroissent la formation des aérosols précurseurs de nébulosité.
Mais pour pénétrer dans l’atmosphère, ces rayons doivent traverser l’héliosphère, le bouclier magnétique généré par le Soleil autour du système solaire. Or cette carapace est d’autant plus hermétique que l’astre est actif. Ainsi, lorsqu’il atteint son maximum d’activité, peu de rayons cosmiques atteignent la Terre, moins de germes de condensation sont créés, donc moins de nuages, ce qui permet à davantage d’énergie solaire de chauffer la planète. Et l’inverse lorsque le Soleil se calme.

Réaction du GIEC

Daniel Godet, dans les Echos.fr du  20.09.2011 n’a pas tord de rappeler que : « L’expérience CLOUD menée au temple de la physique des particules qu’est le CERN à Genève a tout pour agacer les tenants des thèses du GIEC : c’est d’abord une expérience scientifique au sens habituel du terme, menée de façon contrôlée en laboratoire, et cela, les climatologues n’en ont pas l’habitude … Les climatologues, surtout ceux qui soutiennent les théories diffusées par le GIEC, ne font plus d’expériences ; bien sûr ils appellent ‘experiments’ leurs scénarios de projection réalisés sur modèles informatiques, mais il ne s’agit pas d’expériences au sens propre du terme ».
C’est bien ce qui doit expliquer que, malgré nos recherches, nous n’avons trouvé aucun commentaire du GIEC sur les résultats du CERN. Le mot CERN ne répond d’ailleurs pas au moteur de recherche du site officiel du GIEC.

 



[1] Source: astronome anglais, William Herschel

[1bis] Jasper Kirkby, responsable du projet CLOUD, dit: « Sur la base de ces résultats,  il faut substantiellement revoir le traitement des aérosols dans les modèles de simulation climatiques développés empiriquement.» (…) « On ne peut exclure qu’on soit en présence d’un nouveau forçage radiatif», soit un mécanisme contribuant au réchauffement de la Terre, qui n’est pour l’instant pas pris en compte dans le fameux rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).” inLe Temps 25/8/11 (quotidien à Genève)

[2] Source : « Le temps- Sciences et environnement » du 25 août 2011