Lors de sa visite à Berlin le 22 septembre 2011, Benoit XVI a parlé d’écologie et a rappelé « avec force un point qui aujourd’hui comme hier est –me semble-t-il- largement négligé: il existe aussi une écologie de l’homme ».

Source : Site Vatican.va

Commentaire "les2ailes.com"

Qu’a dit exactement Benoit XVI ?

Le « droit naturel »

Le contexte était celui des fondements du droit. Quoi de plus intéressant pour un aditoire de parlementaires ?
Il se fondait sur l’histoire du jeune roi Salomon qui sut demander à Dieu, non pas longue vie ou richesse, non plus l’élimination de ses ennemis, mais  « un cœur docile pour discerner entre le bien et le mal ». (1 R 3,9).
Benoit XVI explique que « Servir le droit et combattre la domination de l’injustice est et demeure la tâche fondamentale du politicien. Dans un moment historique où l’homme a acquis un pouvoir jusqu’ici inimaginable, cette tâche devient particulièrement urgente. L’homme est en mesure de détruire le monde … Comment pouvons-nous distinguer entre le bien et le mal, entre le vrai droit et le droit seulement apparent? »

Benoit XVI va alors donner des éléments de réponse : « Contrairement aux autres grandes religions, le christianisme n’a jamais imposé à l’État et à la société un droit révélé ….  Il a au contraire renvoyé à la nature et à la raison comme vraies sources du droit – il a renvoyé à l’harmonie entre raison objective et subjective, une harmonie qui toutefois suppose le fait d’être toutes deux les sphères fondées dans la Raison créatrice de Dieu ». Le pape évoque le concept de « droit  naturel ». Il explique pourquoi, aujourd’hui, on « a presque honte d’en mentionner même seulement le terme ». Tout cela résulte d’une « conception positiviste de la nature … Dans cette vision, ce qui n’est pas vérifiable ou falsifiable ne rentre pas dans le domaine de la raison au sens strict. »

Certes, Benoit XVI reconnait que « la vision positiviste du monde est dans son ensemble une partie importante de la connaissance humaine et de la capacité humaine, à laquelle nous ne devons absolument pas renoncer ». Mais, ajoute-t-il, « Là ou la raison positiviste s’estime comme la seule culture suffisante, reléguant toutes les autres réalités culturelles à l’état de sous-culture, elle réduit l’homme, ou même, menace son humanité ».

C’est dans ce contexte que Benoit XVI aborde la question de l’écologie, pour expliquer les « processus de la récente histoire politique »

L’apparition du mouvement écologique.

Benoit XVI lui reproche de n’avoir « peut-être pas ouvert tout grand les fenêtres ». Il reconnait que le bon côté a été d’avoir correspondu à  « un cri qui aspire à l’air frais ». Benoit XVI «  entrevoit trop d’irrationalité » dans ce cri, mais estime que ce n’est pas une raison pour qu’il soit « ignoré ni être mis de côté ». Il reconnait à ce cri écologique la prise de conscience que « qu’il y a quelque chose qui ne va pas dans nos relations à la nature; que la matière n’est pas seulement un matériel pour notre faire, mais que la terre elle-même porte en elle sa propre dignité et que nous devons suivre ses indications. »
Quelles indications nous donne la nature. Benoit XVI parle d’un langage : « Nous devons écouter le langage de la nature et y répondre avec cohérence ». Mais Benoit XVI rappelle aussitôt que la première des natures dont il faut écouler le langage, c’est la nature même de l’homme : « Je voudrais cependant aborder avec force un point qui, aujourd’hui comme hier, est –me semble-t-il- largement négligé: il existe aussi une écologie de l’homme. L’homme aussi possède une nature qu’il doit respecter et qu’il ne peut manipuler à volonté ».

C’est sur ce rappel solennel que Benoit XVI termine son propos concernant l’écologie. Comme dans la plupart de ses discours concernant l’écologie, il recentre toujours le débat sur l’écologie de l’homme. Qui a travaillé le « compendium de la doctrine sociale de l’Eglise » ne peut être surpris. C’est une constance du discours du magistère de l’Eglise de parler d’ « écologie de l’homme » et d’ « écologie sociale ».

Le Dieu Créateur et l’écologie

Suivre les indications de la nature, « cela présupposerait un Dieu créateur, dont la volonté s’est introduite dans la nature ». Benoit XVI rappelle que c’est ce qui gêne les positivistes. Pourtant, « Est-ce vraiment privé de sens de réfléchir pour savoir si la raison objective qui se manifeste dans la nature ne suppose pas une Raison créatrice, un Creator Spiritus? ».
Benoit XVI en arrive à faire l’éloge du « patrimoine culturel de l’Europe » en rappelant que  c’est sur « la base de la conviction de l’existence d’un Dieu créateur [que] se sont développées l’idée des droits de l’homme, l’idée d’égalité de tous les hommes devant la loi, la connaissance de l’inviolabilité de la dignité humaine en chaque personne et la conscience de la responsabilité des hommes pour leur agir. Ces connaissances de la raison constituent notre mémoire culturelle ».