On se rappelle que les experts du climat avait déjà été épinglés au sujet des glaciers de l’Himalaya.  Le GIEC, en janvier 2010, avait écrit une grosse « bourde » et avait du reconnaître s’être inspiré de l’ONG environnementaliste WWF. Voilà que le GIEC remet cela, mais avec une ampleur encore plus importante. Il prévoit le 8 mai 2011, avec le plus grand sérieux, « 80% de renouvelables en 2050 » ! Si la science le dit, serait-ce vrai ? Mais quand la science retient des modèles établis par Greenpeace et par les professionnels du secteur, la ficèle est un peu grosse !

Source : Rapport spécial du GIEC sur les Sources d’énergies renouvelables et la réduction du changement climatique

Commentaire "les2ailes.com"

Quels devraient être les principes du GIEC ?

Nous voudrions rappeler que le GIEC se prétend un groupe d’expert climatiques. S'ils l'éataient, ils devraient traiter de questions climatologiques.
Mais, ces climatologues ne cessent de se targuer de recommandations d’actions, ce qui devrait être le propre du pouvoir politique ou d’ingénieurs opérationnels, mais en aucun cas de chercheurs. « Les2ailes.com » ne se lasseront pas d’appeler à la distinction entre :
- le chercheur qui a pour mission la compréhension de la nature des choses, 
- et l’ingénieur à qui il revient de se confronter avec les réalités de ladite nature.
A chaque fois qu’un chercheur propose des  programmes d’actions, il court le risque grave de déraper vers le militantisme.
Citons Hervé Le Treut, climatologue du GIEC et membre de l’Académie des Sciences, qui a participé à une étude de l’IDDRI « Science du changement climatique- Acquis et controverses » (2004). Il parle des perspectives pour le XXI°. Il reconnait que « ces projections relèvent du travail des socio-économistes. Elles s’appuient sur une série d’images possibles de l’avenir, qui possèdent une cohérence interne en termes de démographie, de mode de développement économique, de choix sociaux et technologiques. Les scénarios fournis aux modélisateurs du climat transcrivent ces hypothèses en émissions futures de gaz à effet de serre ou d’aérosols. Les climatologues intègrent ensuite ces scénarios d’émission dans leurs modèles climatiques ». (p 18).

Dans le cas du présent rapport, les chercheurs du GIEC ne se donnent même plus la peine de suivre la recommandation de M. Le Treut et de demander à des « socio-économistes » de fournir les hypothèses à retenir en matière d’énergies renouvelables. Ils en appellent :
- à des ONG partisanes –Greenpeace en l’occurrence- et à son représentant allemand Sven Teske, Directeur des énergies renouvelables - Greenpeace International.
-  et aux organisations professionnelles intéressées - EREC (l’European Renewable Energy Council) qui est une ONG fondée en 2000 et qui regroupe des grandes associations industrielles, commerciales et de la recherche dans le domaine de l'énergie renouvelable[1] et qui recouvre 70 milliards d’€ de CA !

Le propos n’est pas de contester ici l’existence de ces associations professionnelles. Il est parfaitement légitime que tous ces secteurs professionnels, comme d’autres, se regroupent en syndicats professionnels. Il est légitime qu’ils puissent intervenir, à titre professionnel, auprès des organisations politiques pour faire leur « lobby »…. à la condition, toutefois, que lesdits politiques ne ferment pas leurs portes aux contre lobbies. 
Le dérapage devient flagrant quand les dites ONG et intérêts sectoriels fournissent les hypothèses économiques à des chercheurs qui se prétendent indépendants.
C’est une nouvelle erreur grave du GIEC d’avoir, encore une fois, trempé sa plume dans l’encrier des militants !

Que dit le rapport du GIEC du 8 mai 2011 sur les énergies renouvelables?

Ce rapport est un « résumé pour les décideurs » qui a été formellement approuvé par le  groupe de travail III du GIEC lors de sa 11ème session d’Abu Dhabi des 5 au 8 mai 2011.
Le GIEC prévoit que 80 % de l’énergie sera d’origine renouvelable en 2050.
Le propos n’est pas ici de nier que certaines formes d’énergies renouvelables puissent être rentables dans l’avenir, et donc progresser.
Ce qui est inadmissible c’est de voir le GIEC retenir des modèles à partir des études de Greenpeace et de l’EREC, qui, comme par hasard, sont très souvent associées[2].
Le rapport du GIEC en appelle 70 fois à Greenpeace et aux travaux de Sven Teske, son Directeur des énergies renouvelables.
Le rapport y fait référence quand il fait l’état des installations existantes de production d’énergie renouvelable (chapitre 3-p 75). Pourquoi pas ? Il ne s’agirait que d’un constat !
Mais est-ce de la science économique que de faire appel à de telles sources quand il s’agit de :

  • estimer l’évolution de la demande électrique en 2020, 2030, puis 2050 (chap. 4- p. 39) ?
  • prévoir la de demande en chauffage et climatisation sur la même période…. (chap. 4- p. 41) ?
  • établir un scenario de croissance de l’énergie éolienne et solaire sur les mêmes périodes (chap 5- page 53) ?
  • estimer les coûts opérationnels et de maintenance de ces développements (chap 5 - page 54, 55,59  et chap.7 page 75) ?
  • estimer la durée de vie des investissements liés à l’énergie hydraulique (chap 5  page 60) ?
  • établir les bases des coûts futurs (chap 5  page 62) ?
  • poser les projections en matière d’énergie des océans (page 38- chap. 6) ?
  • répartir ce développement régionalement ( chap 7- p. 80, 81) ?

Il est alors étonnant de voir le GIEC dire : « la littérature donne des scénarios qui montrent que l’énergie éolienne peut jouer à long terme un rôle dans la réduction globale des émissions de gaz à effet de serre ». Parmi cette « littérature », le GIEC cite aussitôt l’étude de Greenpeace (chapitre 7 – p 80).
Il ne faut pas s’étonner de voir le GIEC faire des recommandations d’actions très militantes :

  • « de nouveaux investissements substantiels sont nécessaires. En l’absence de politiques stables et de la fixation d’objectifs à long terme, les investisseurs reculeront en raison du risque politique » et de citer une étude de Greenpeace comme preuve de cette nécessité  (chap. 11 - page 95)
  • « Deux des technologies d’énergies renouvelables dont la croissance peut être le plus rapide, l’éolien et le solaire, sont à des stades de technologies de générations différentes. Une nouvelle croissance de ces ressources de façon soutenue exige la mise en place de nouvelles réglementations si ont veut éviter de tomber dans l’inefficacité » (chap 11 – p. 95). C’est, là encore, l’étude de greenpeace qui est citée comme preuve de cette exigence.
  • « on peut conduire de tels développements en jouant sur les forces du marché (choc des prix de carburants) ou par des politiques actives (tarification du CO², impots sur les émissions, normes de rendements, étiquetage ». Voilà que le GIEC, groupement de chercheurs, rappelons-le, fait des recommandations fiscales…. Toujours en faisant référence à l’étude de Greenpeace ! (ch 11 – p 96)

Tout cela est assez affligeant !

Quelles ont été les réactions le lendemain de la sortie du rapport ?
Les plus empressés à se réjouir ont, bien sûr, été les ONG écologistes! Comment s’en étonner ? Ecoutons l’un d’eux justifiant la raison pour laquelle il se réjouit : « Les experts du GIEC jouissent d'une renommée internationale », déclare le directeur du "comité de liaison énergies renouvelables" (CLER), Raphaël Claustre[3]. Il aurait été étonnant qu’il dise le contraire puisque un des experts était de leurs rangs ! « Ces conclusions scientifiques donnent tout leur poids aux idées que les ONG expriment depuis longtemps sur le potentiel des énergies renouvelables »... Il faut se porter en faux contre une telle intoxication de l’opinion et ne pas hésiter à nier le caractère scientifique à ce qui n’est que de la compilation d’hypothèses partisanes! 
La réaction la plus cynique est celle de Greenpeace elle-même qui en appelle à sa responsable des négociations politiques pour Greenpeace France, Karine Gavand[4]. Elle se réjouit -il y a de quoi!- avec le commentaire suivant : "On sort enfin de la dictature du court terme, lorsque les Etats commencent à penser à 2050, c'est là que les énergies renouvelables deviennent attractives car elles sont rentables à long terme et ne s'appuient pas sur des ressources épuisables". Elle a hélas raison : les états croient à la rentabilité de scénario…. car leurs experts sont ceux de Greenpeace !

Conclusion

Certains bloggeurs prennent la mouche et n’ont pas tord de titrer : « La farce du GIEC, perroquet de Greenpeace »[5]


[1] Ses onze membres sont des associations actives dans une des différentes branches de l'énergie renouvelable: photovoltaïque, solaire thermique, hydraulique à petite échelle, biomasse, géothermique et éolienne.

  • Association européenne pour la biomasse (AEBIOM)
  • Conseil européen de l’énergie géothermique (EGEC)
  • European Photovoltaic Industry Association (EPIA)
  • Fédération Européenne sur les énergies renouvelables (EREF)
  • Européenne de la petite hydro-électricité (ESHA)
  • Association européenne de l’Electricité solaire thermique (ESTELA)
  • Fédération européenne de l’industrie solaire thermique (ESTIF)
  • Association européenne de l’industrie de la biomasse (EUBIA)
  • Association européenne de l’énergie océanique
  • Association européenne des centres de recherche sur l’énergie renouvelable (EUREC-Agency)
  • Association européenne de l’énergie éolienne (EWEA)

[2] Chap 3- page 75, chap 5- page 53,

[3] http://www.euractiv.fr/%C3%A9nergies%20renouvelables-GIEC-rapport-2050-article

[4] http://www.euractiv.fr/%C3%A9nergies%20renouvelables-GIEC-rapport-2050-article

[5] http://www.contrepoints.org/2011/06/18/30837-la-farce-du-giec-perroquet-de-greenpeace