Une "Internationale communiste et papiste"! Une "Pap'intern" comparable au feu" Kom'intern" [1]. Telles sont les expressions utilisées par le philosophe italien Gianni Vattimo lors du "Forum international pour l'émancipation et l'égalité" qui s’est tenu à Buenos Ayres le 13 mars 2015, au Teatro Cervantes de Buenos-Aires. La salle était pleine à craquer. Mgr Sanchez Sorondo, argentin et président de l’Académie Pontificale des Sciences, présidait la session "Présentation des traditions émancipatrices", avec à sa droite, le philosophe italien Gianni Vattimo, connu pour avoir introduit en Italie la pensée de Karl Löwith reconnaissant l’univers comme « dépourvu de fin et sans Dieu » [2] ! A sa gauche se trouvait Léonardo Boff, fondateur de la "théologie de la libération" et chantre de l’ "écologie de la libération" [3]. Ce n’est pas par hasard que Mgr Sorondo a côtoyé de tels orateurs. Il a transformé l’Académie Pontificale, dont il est le chancelier, en une véritable chambre de résonance des ONG altermondialistes et des instances de l’ONU, et a délibérément écarté tout débat scientifique contradictoire dans son Académie sur la question climatique.
Il pourrait être l'inspirateur de la plupart des discours du Pape François concernant l’écologie et la pauvreté.
Pour mieux comprendre l’enjeu de ces réflexions, nous retenons ici, un article du Père James V. Schall, jésuite américain et professeur de philosophie politique à l’université de Georgetown. Il commente le discours du 9 juillet 2015 du Pape François à Santa Cruz de la Sierra en Bolivie.

Transcription "les2ailes.com"

Nous reprenons, tel quel et intégralement après en avoir fait une traduction rapide, l'article du Père James.V Schall, publié dans "the catholic world report" du 24 juillet 2015. L'article est intitulé

"Le manifeste bolivien du Pape François : Apocalyptique et Utopique":

"Le Pape le 9 juillet s’adressant, à Santa Cruz de la Sierra en Bolivie, a décrit pourquoi les choses sont épouvantables dans le monde et comment elles pourraient être idylliques.

J'ai connu de près diverses expériences où les travailleurs, unis dans des coopératives et dans d'autres formes d'organisation communautaire, ont réussi à créer du travail là où il y avait seulement des restes de l'économie idolâtre. J’ai vu certains qui sont présents ici. Les entreprises récupérées, les marchés aux puces et les coopératives de chiffonniers sont des exemples de cette économie populaire qui surgit de l'exclusion et qui, petit à petit, avec effort et patience, adopte des formes solidaires qui la rendent digne. Et que c’est différent de l’exploitation des marginalisés du marché formel, réduits en esclavage !. -(Pape François, Santa Cruz de la Sierra, Bolivie, 9 2015 juillet)

I.

Dès que le Pape François est arrivé en Amérique latine, en Équateur, en Bolivie et au Paraguay, il était dans ce que nous appelons en anglais "a roll". Sa rhétorique a été élevée et passionnément éloquente. Il "n'expliquait pas" en donnant des raisons, mais "exhortait" en soulevant des passions avec des histoires et des cas. Il n’allait pas "du général au particulier", mais appelait plutôt à l’action, au primat de l’action, et à réfléchir ensuite, de façon « ascendante ». Sa prétention est d'être la voix du paysan,de l’exclu, de l'ouvrier agricole, du réprouvé, de l'exploité et de ceux qui ont peu ou rien. Le Pape a peu de patience avec les théories intellectuelles, les excuses, ou les délais enracinés dans la condition humaine. Il parle avec une urgence qui implique que "il n'y a pas de demain".

Le discours du Pape François à l'Université Catholique Pontificale de l'Équateur (le 7 juillet) faisait peu de cas des classiques arts libéraux. L'université est un service social, une institution au service "du changement" d’aujourd’hui." Être prudent! "Le Pape a averti les étudiants à Quito :" Attention: il ne suffit pas de réaliser des analyses, des descriptions de la réalité ; il est nécessaire de créer les domaines, les espaces de vraie recherche, de débats qui offrent des alternatives aux problématiques existantes, surtout aujourd'hui. Que c’est nécessaire d’être concret ! " (7 juillet 2015).  Une telle urgence m'a rappelé la plainte de Saint-François-Xavier au sujet des étudiants, à l'Université de Paris, qui en son temps, tergiversaient autour de débats frivoles. Ils refusaient de partir aux Indes pour sauver les âmes en perdition chaque jour. La vision du Pape François est plus terre-à-terre. Il veut "le changement" et il le veut immédiatement.

En effet, de mon point de vue, le mot "changement", surtout décliné au vocatif, a été utilisé au moins trente fois dans le discours du Pape "aux Mouvements Populaires" (le 9 juillet). Quel sont exactement chacun de ces cent à cent cinquante "mouvements populaires" ? J'ai des difficultés à trouver des informations. J'ai localisé "un Mouvement Populaire" au Maroc, un en Angola et un, de façon intéressante, en Argentine. Mais aucun de ceux-ci ne ressemble au public Bolivien. J'ai vraiment trouvé une liste de plus de cent "mouvements sociaux", dont un était pour "l'union libre". Ils représentent presque toutes les tendances idéologiques que l'on pourrait imaginer. Lors du dernier été, la Congrégation Justice et Paix a tenu une réunion de quelqu'un cent à cent cinquante mouvements sociaux, vraisemblablement choisis pour leur sérieux. En tout cas, le Pape s’est adressé précédemment au même groupe à Rome. Il a insisté pour que chaque diocèse soit représenté. (le 8 oct 2014).

L’assistance au discours du Pape était considérable et sa présence est à replacer dans le contexte, particulièrement dans ces pays de sa propre tradition. Alors que dans la presse on trouve beaucoup de discussion pour savoir qui manipulait qui, le Pape les politiciens ou les politiciens le Pape, les deux avaient autant à gagner qu’à perdre à la moindre faute de relations publiques. Le débat reste ouvert de savoir si "le Crucifix Communiste" que Evo Morales a donné au Pape a aidé ou gêné l'un ou l'autre. Mon pari est que, au sens fort du capitalisme, les répliques de ce crucifix se vendent, disent-ils, comme des petits pains. Le Pape a vu dans ce Crucifix le souvenir d'un poète Jésuite espagnol tué en Bolivie. Il a appelé cela de l’ "art protestant".

Indépendamment de ce qui pourrait être dit d'autre, le discours papal en Bolivie, à Santa Cruz, était du pur Bergoglio. Le discours contient sa vision du monde et ce qui n’entre pas dans sa vision. Il nous la donne - sans nous demander notre avis. Il a déjà établi ses conclusions. C'est ce que j'appellerais un discours très apocalyptique et utopique. Il décrit à la fois combien les réalités sont épouvantables et la manière dont elles pourraient devenir idylliques. Il y a peu de place pour un bon sens intermédiaire, celui d'un monde qui pourrait simplement continuer son propre chemin comme il l’a fait pendant des millénaires. Il évoque le "deuxième commandement" ("aimez votre prochain") et non l'exhortation du "premier commandement" ("cherchez d'abord le Royaume de Dieu"). Il est plus proche de Joachim de Flore que d’Augustin d'Hippone.

II.

Autant que je peux en juger, nous ne trouvons, dans ce discours particulier, presque aucune trace des préoccupations chrétiennes traditionnelles relatives à la vertu personnelle, au salut, au péché, au sacrifice, à la longanimité, au repentir, à la vie éternelle, ou à la vallée constante de larmes. Les péchés et des maux sont transformés en questions sociales ou écologiques qui exigent des remèdes politiques et structurels. Les problèmes sont à la fois décrits comme "globaux" et "individuels". Le Pape François parle d’urgence dans l'action individuelle et le remodelage global. Le mal est causé par le capitalisme sous la forme de l'argent et de l'avidité. Le capitalisme du libre marché, sévèrement limité par l'état, qui existe en réalité, a peu d'écho. Le Times a repris un commentaire sur un tel capitalisme modéré qui serait la seule façon qui pourrait vraiment réaliser ce que le Pape a toujours voulu pour les pauvres. Ainsi les questions centrales que le Pape soulève dans ce discours sont : "Que faire ? Qu'est-ce qui ne marche pas dans le but envisagé ?" Ce but que le Pape François semble prévoir n'est rien moins qu'une transformation mondiale de l’humanité pour se sauver, bientôt, voire maintenant !

Très peu est dit des gouvernements en place, de leur composition, ou de leurs résultats. Nous n’entendons presque jamais parler de l'état moderne, de son pouvoir bureaucratique omniprésent, ni dire que la base théorique et volontariste de cette omniprésence est un problème à lui seul et central. Pour beaucoup, c'est l'état lui-même qui cause la majeure partie des problèmes dangereux dont le Pape s'inquiète. Le Pape François a une théorie de la tyrannie, mais qui n'est pas celle des auteurs classiques qui évoquent la tyrannie de l'état, y compris des états démocratiques ou dit tels.

Il fait des descriptions de guerres épouvantables avec des réfugiés innombrables, mais ne dit à peine un mot sur ce qui pourrait causer ces guerres ni sur ce qui pourrait être fait pour peser sur ces causes et avec quels moyens. Les conflits et les troubles qui résultent de l'Islam, les plus visibles actuellement, n’ont pas d’origines économiques ni politiques. Le vrai problème n'est évidemment pas l'Islam, mais l'argent. Nul doute que les énormes emprunts et la dette de presque toutes les nations, y compris des États-Unis avec son déficit étonnant, la finance internationale sont des questions sérieuses. Ces dettes, cependant, sont plus le fait de demandes politiques "de droits" dans des états socialistes et démocratiques que celui de sociétés ou de systèmes bancaires qui sont dépendants des États ou limités par eux.

Cette difficulté à voir l'état moderne lui-même comme un problème central, est probablement un héritage du passé mercantiliste de l'Amérique Latine datant de l'époque où l'Espagne régnait sur chaque pays latin à partir de Madrid. J'ai lu récemment une biographie de Simon Bolivar qui suggére que la conception latino-américaine de l'Etat était vue comme le principal, ou même l'unique, organe pour avancer et changer le cours des choses. Un des axes majeurs de la rhétorique politique aux États-Unis, au moins, a toujours été de limiter les pouvoirs du gouvernement, en matière de contrôles et d'équilibres, avec le fédéralisme, deux chambres de législature, des élections et un État de droit. Ce qui semble le plus évident, dans notre régime présent, est la perte pratique de ces protections qui ont été installées pour limiter l'état. La Cour suprême en vigueur passe des lois toute seule. Le Président publie des décrets, mais refuse de faire appliquer les lois qu'il devrait faire respecter. Nous verrons si le Pape prend en compte ces choses quand il s’adressera au Congrès en septembre. Mais il est peu probable que François voit l'Amérique avec son besoin de limiter le pouvoir d'état en tant que tel.

Il y a, toutefois, un fil invisible qui unit chacune des exclusions, expose le Pape François. Il ne s’agit pas de questions isolées. Je me demande si nous sommes capables de reconnaître que ces réalités destructrices répondent à un système qui est devenu global. Reconnaissons-nous que ce système a imposé la logique du gain à n’importe quel prix sans penser à l’exclusion sociale ou à la destruction de la nature ? (§ 1)

On a besoin de temps pour décrypter cette analyse remarquable. Le Pape évidemment "voit" un fil "invisible" que la plupart d'entre nous ne voient pas si clairement. Le fil exclut les personnes. Eux ou leurs gouvernements ne génèrent pas de l'exclusion par leurs choix et leurs programmes. Le fil "invisible" -on se rappelle "la main invisible" d'Adam Smith - est dans le monde entier. "Le fil" trahit "un système". Ce "système" n'a exactement rien ôté aux autres. Il a plutôt "imposé une mentalité". La manière dont il a imposé cette mentalité n'est pas claire. En tout cas, elle a un rapport avec "le bénéfice à n'importe quel prix". Ce "n'importe quel prix" doit vraisemblablement être distingué "du bénéfice au juste prix". Sans une certaine sorte de mesure du succès ou de l'échec, généralement appelé l'argent, aucun système ne peut marcher. Ce "fil" invisible exclut aussi et détruit la nature.

Le Pape, comme que j'ai mentionné, est apocalyptique. Comme dans beaucoup de passages semblables, François nous dit très clairement:

Le temps, frères et sœurs, il semble que le temps soit sur le point de s’épuiser ; nous quereller entre nous ne nous a pas suffi, et nous nous acharnons contre notre maison. Aujourd’hui, la communauté scientifique accepte ce que depuis longtemps de simples gens dénonçaient déjà : on est en train de causer des dommages peut-être irréversibles à l’écosystème. On est en train de châtier la terre, les peuples et les personnes de façon presque sauvage. Et derrière tant de douleur, tant de mort et de destruction, on sent l’odeur ... du “fumier du diable” " (§ 1)

Une poursuite sans entrave des règles de l’argent ! On présume qu’une poursuite "entravée" d'argent serait légitime, tout autant qu’un bénéfice qui ne serait pas "à tout prix". Comment tout cela pourrait-il fonctionner est difficile à déterminer dans le discours. Le Pape est clair que la réflexion sur ces questions est une tâche à accomplir.

III.

La lecture est séparée en trois parties générales selon des slogans en partie familiers à n'importe quel étudiant d'économie - non pas "Terre, travail et capital", mais "travail, terre et logement". Le logement remplace le capital, ce qui n'est pas discuté. Et il est intéressant de voir que presque tous les exemples de terre que le Pape utilise sont des terres agricoles. Le travail est le travail sur cette terre. Et le logement est l'endroit où les travailleurs et les familles vivent. Quand nous venons de sociétés dans lesquelles l'agriculture compose moins de deux ou trois pour cent de la main-d'œuvre, tandis que le travail est fortement technique, il faut un peu d'ajustement pour penser que la meilleure façon d'aborder le problème indiqué par le Pape est par la redistribution classique de la terre dans des unités plus petites dans lesquelles un homme peut gagner sa vie. Il n'est pas tout à fait sûr que nous devrions tous retourner à la terre. Les pauvres n'auraient-ils pas besoin d'un autre système, "le capitalisme" souvent appelé, par ce que "le système" entier pourrait être "changé", si je pouvais utiliser ce mot.

Comme je l’ai indiqué sur ce discours et d'autres de ce Pape, je pense qu'il serait utile d'esquisser un contour de ce qu'il a à l'esprit et les hypothèses qui l'authentifient. J'esquisserai alors une autre approche qui a la même préoccupation pour la terre et les pauvres, aussi bien que toutes les autres.

Sur le chemin du retour du Paraguay dans l'avion, un journaliste allemand a demandé au Pape pourquoi il semble toujours diviser le monde entre le très riche et le très pauvre, sans prêter beaucoup d'attention à la classe moyenne. Ceci est, bien sûr, une question éloignée de clles de Platon et Aristote. Cette sorte de division oppose seulement un groupe contre un autre. La théorie de la classe moyenne a été conçue pour représenter la grande majorité qui n'était ni riche, ni pauvre, mais a compris que certains riches et certains pauvres existeraient dans n'importe quelle société. Beaucoup de discussions actuelles concernent le déclin de la classe moyenne et la division croissante entre riche et pauvre dans les pays occidentaux. Le Pape lui-même cite souvent ce dernier fait. Pourtant, on dit d'habitude que la cause de cette baisse est due aux pays pauvres qui peuvent créer des emplois moins chers et avec autant de compétence. Ce transfert d'emplois est un avantage pour les pays plus pauvres, quelque chose que vraisemblablement le Pape veut voir.

Mais d'abord, je pense sage de dire quelque chose à l’occasion des nominations de Schnellhuber, Starks et Kline comme conseillers pontificaux sur l'écologie. Nous voilà préoccupés au sujet du lien entre l’établissement d’un lien entre le sort du mariage et de la famille avec la théorie écologique. Certains ont prétendu que le Pape avait procédé à ces nominations pour séduire ces scientifiques à des points de vue plus modérés. Cependant, l'écologie et la science de l'environnement ne sont pas seulement des théories généreuses ayant le souci de la Terre. Nous sommes en face d’une théorie globale pour le contrôle de population dans laquelle la contraception, l'avortement, des familles réduites, "le mariage homosexuel", le clonage, l'euthanasie et le contrôle de l'État sur l’engendrement des enfants sont des composants à la fois nécessaires et connectés.

Les suppositions de destruction planétaire due au réchauffement climatique que le Saint-Père maintient comme incontestable ne sont, en fait, ni scientifiquement incontestées, ni neutres sur le plan moral.

Le désir de réduire la population de la terre à moins d'un milliard, que retient certains de ces conseillers, est une conséquence logique "d'une croyance" dogmatique de la capacité ou de l'incapacité de la Terre pour supporter l'homme. Il implique un démenti de la capacité de pourvoir aux populations présentes, ou plus importantes, des richesses que Dieu a données à la planète, richesses qui incluent l’esprit humain et sa capacité. Analytiquement parlant, cette combinaison de l'écologie et du contrôle démographique est une forme de tyrannie qui justifie le contrôle de l'État sur les actions et les perspectives humaines.

De plus,ce n'est pas par hasard que l’incitation au soin de la terre et sa signification que le Pape encouragent s’installe dans le monde développé et nulle part ailleurs. Mon point principal est de montrer ici la logique qui découle de la reconnaissance d'une théorie de la population et des ressources limitées. Tous "les moyens" notés ci-dessus suivent - et sont suivis pas à pas dans le monde, par une petite élite- le besoin de débarrasser la planète de six ou sept milliards de personnes en réalité existantes - ceci au nom d’une théorie selon laquelle nous ne pouvons pas nous soucier d'eux. Cependant, ce n'est simplement pas vrai. Le Saint-Père est certainement contre l'avortement, l'euthanasie et le contrôle démographique. Ce qui semble peu clair à beaucoup est de savoir comment les conseillers qui tiennent ces pratiques nécessaires en vue des théories d'écologie servent ce que le Pape recherche vraiment après. Nous tous devrions être du côté de la croissance et de la vertu, non de la mort et du contrôle.

IV.

En résumé, la vision du Saint-Père est que le monde est un don de Dieu qui doit être travaillé et soigné. Il ne nie pas la position de « dominateur » de laGenèse, mais la distinction entre l'utilisation appropriée et l'exploitation ou le saccage de la terre n'est pas clairement distinguée. Le monde, dit-il, est à court de ressources, bien que la disponibilité de ressources, comme le montre Julian Simon, semble toujours augmenter. Nous devons nous soucier des générations futures. Cela signifie que nous devrions limiter nos propres utilisations. Nous perdrions; nous jetterions des choses. Ce serait un problème mondial et individuel. Nous pourrions "pécher" par l'utilisation incorrecte de ressources finies. La combustion de combustibles fossiles serait mauvaise parce qu'elle pollue l'atmosphère.

La majeure partie des problèmes viendrait de l'homme, particulièrement industriel et d’origine technologique non naturelle. Quoique la validité ou les conséquences de ce que cela signifie soient hautement controversées, le Pape insiste qu'il suit ce qu’il appele la science. C'est pourquoi quelques auteurs sont préoccupés de son approche des problèmes dans le sens inverse de Galilée : au lieu de refuser d'accepter un fait scientifique, il peut en embrasser un autre sans le mettre en doute. Puisque les faits scientifiques changent faute de preuve, une grande partie de ce que le Pape affirme est basé sur l'avis scientifique contemporain qui changera presque certainement.

Le Pape François pose comme principe que ce qui contrôles la richesse terrestre est le capitalisme, qui est basé sur l'argent et l'avidité. C'est la cause de la pauvreté, et non la base de leur espoir de ne plus être pauvre. Ce "système" conduit à vanter les mérites du contrôle politique. Les Nations sont gouvernées par ce contrôle; aucune nation n’y échappe. Les victimes sont les pauvres dont le nombre est énorme et devenant de plus en plus pauvres. Les guerres et des désastres sont causés pair ce "système". L'organisation mondiale, vraisemblablement avec un pouvoir coercitif, est nécessaire pour sauver la terre et les pauvres:

Aucun des graves problèmes de l'humanité ne peut être résolu sans l’interaction entre les États et les peuples au plan international. Toute action d'envergure réalisée dans une partie de la planète se répercute sur l’ensemble en termes économiques, écologiques, sociaux et culturels. Même le crime et la violence se sont globalisés. Par conséquent, aucun gouvernement ne peut agir en marge d'une responsabilité commune (§ 3.2)

Les pauvres sont des victimes. Ainsi, d’un côté, le Pape a une vue pessimiste, apocalyptique du monde parce que gouverné par de mauvaises forces, même peut-être celle du diable. "On pille notre maison commune, considérée comme un déchet, et dégradée impunément. La lâcheté dans sa défense est un péché grave."

D’un côté optimiste, le Pape voit les pauvres qui veulent juste de la terre, un logement et des occasions de travail et il est enclin à marcher avec eux. Mais "il n'est pas si facile de définir le contenu du changement, autrement dit, un programme social qui puisse incarner ce projet de fraternité et la justice que nous cherchons," reconnaît le Pape. N’attendez donc pas une recette de ce Pape. Ni le Pape, ni l'Église, n'ont de monopole sur l'interprétation des réalités sociales ou sur les propositions de solutions aux questions contemporaines." La franchise de ce passage est utile pour interpréter, dans ce contexte, les propres remarques du Pape. Ses avis, dans ce deuxième sens de construire une maison terrestre, sont hésitants; ils relèvent presque d’une distribution agraire dans l'humeur du Sud.

Chaque homme et femme veulent une maison, travailler et élever ses enfants. La Technologie est au mieux une aide, mais elle a beaucoup d'effets anti-écologiques et œuvre à concentrer la richesse dans les mains de quelques riches. Il n’est pas clair de discerner si le Pape embrasse ou non le « zéro-croissance » comme un absolu. Certainement le côté écologique ne semble pas juste pour réclamer politique de non-croissance, mais « galement celle d’ une réduction radicale du nombres d’humains. Dans cette vue, les gens comme tels seraient le vrai problème. La pollution, quoique les volcans et des ouragans arrivent et y contribuent réellement, est directement liée aux êtres humains et à leurs activités. Le Pape déclare que "l'économie ne devrait pas être un mécanisme pour accumuler des marchandises, mais pour une administration appropriée de notre maison commune. Ceci entraîne un engagement à se soucier de cette maison et à la distribution allante de ses marchandises à tous. "

V.

Pour conclure, y a-t-il une autre façon de regarder la terre, le travail et le logement, à la terre et l'accomplissement "de bien-être" pour tout le monde qui ferait plus efficace pour ce que semble vouloir le Pape ? Il admet que ses solutions ne sont pas définitives. La meilleure façon de m'approcher de cette question, je pense, est de reconnaître que, en fait, la terre déjà, avec l'aide d'ingéniosité humaine, la vertu et le travail, bénéficient déjà à une grande partie de ses habitants dans une façon proportion meilleur qu’à n'importe quel âge dans le passé. Il y a cinquante ans quand la population de la planète était inférieure à quatre milliards d’habitants, on nous a dit que nous mourrions de faim dans cinquante ans - avec la même sorte de rhétorique que nous recevons maintenant de beaucoup d'écologistes, mais généralement pas des économistes.

Quel était le problème? Faisons la supposition que "des marchandises" - la terre, le travail, le capital - aient été des choses statiques. Si nous avions les outils économiques et industriels des dix-septième ou dix-huitième siècles, il serait impossible que la planète puisse satisfaire une population de sept milliards. Acceptons-nous que cela ait été une mauvaise chose avoir appris à faire ainsi ? Mais il est un fait que presque tous les gens aujourd'hui sont mieux lotis que la plupart dans des époques précédentes.

Deuxièmement, l'image de la terre comme un équilibre perpétuel n'est pas un concept scientifique. La terre elle-même change. Mais en fait si notre connaissance de ce changement et de ce qui est possible. C'est clairement beaucoup plus riche que quelqu'un, sauf peut-être Dieu, ne pourrait l’imaginer. Nous pouvons vouloir cesser de nous efforcer de contenir une grande population, mais nous n'avons pas à le faire. Nous pouvons nous forcer à plaider pour une très petite population sur la base des faits supposés des ressources de la planète. Mais tant la planète que l’esprit humain nous étonnent. À présent il est impossible de deviner ce qui sera nécessaire aux gens dans un ou deux siècles - avec la terre, le travail, le logement, la vertu et un sens de la transcendance. Rechercher l’élaboration d’une politique pour l'avenir sur la base de nos politiques présentes et de nos connaissances n'est ni de la science ni de l'intelligence.

C'est un travail de conjecture et probablement de mauvaise conjecture.

Qu'est-ce qui ne va pas avec une perspective plus raisonnable et agréable qui suggère que la terre (et le cosmos) ait beaucoup de ressources attendant que l’on sache les utiliser ? Je tiendrais pour acquit que le cadeau de Dieu de la terre était suffisant pour ses buts, qui sont en fin de compte notre fin transcendante. Ces ressources ne doivent pas simplement nous servir, se réduisant au fil des âges. Ce, que Benoît XVI a montré dans Spe Salvi, est le projet moderne, ou l’ "immanence de l’eschaton", comme l'a appelé Eric Voegelin. La fin des temps, après tout, comme Josef Pieper l’a rappelé dans son grand livre, la Fin des temps, n'est pas décrit comme un jardin sur la terre, mais comme, avec seulement quelques-uns fidèles à gauche, un jugement final de la façon dont nous avons vécu quelque soit l’âge ou l’endroit dans lequel nous serons nés.

La plupart des personnes qui ont vécu sur cette planète peut-être cent milliards d'entre eux - sont déjà mortes et jugées. Leurs vies n'ont pas dépendu de quelque avenir écologique dans ce monde. Nous n'avons en fait aucune idée combien de "successeurs" nous auront. Nous ne pouvons pas certainement baser notre moralité dans ce monde sur ce qui pourrait arriver dans 4500 ap J.-C.. À la fin, je pense que "le discours bolivien" du Pape François est ce qu'il dit qu'il est. Ne demandez pas de réponse détaillée à toutes les questions, mais considérez ses préoccupations et demandez-vous : "quelle est la meilleure façon d'aider les pauvres ?" "Comment pouvons-nous faire de la terre le fond de ressources que Dieu nous a données pour exister ?" La terre est belle sans homme. Elle est plus belle encore avec des hommes, beaucoup d'hommes, comme je m'imagine que Dieu l’a voulu et pourvu "depuis le début..."

 


 

[1] A partir de la 22° minute (/ 2h41 minutes) de la vidéo reportage de son intervention

[2] Löwith oppose à la tradition chrétienne de la philosophie de l'histoire une « philosophie humaine de l'homme de retour à sa nature » influencée par l'anthropologie sensualiste de Feuerbach. Il cherche à obtenir celle-là en s'appuyant sur la pensée nietzschéenne du monde dans la restitution de la cosmo-théologie grecque antique et de son « concept naturel du monde » : dans la nature immuable, « se suffisant à elle-même », le « monde un de tous les étants ». Grâce à son mouvement circulaire éternel, elle vérifie à nouveau la continuité de l'histoire. En outre, elle permet de retrouver la « conformité au monde de l'existence humaine ». Par sa reconnaissance comme « univers dépourvu de fin et sans Dieu », à partir duquel « l'homme aussi » n'est « qu'une modification sans fin ».

[3] Extrait de : "Les 40 ans de la théologie de la libération", dans Golias Magazine, n°142, janvier-février 2012, pp. 93-103. Leonardo Boff ajoute que cette « écologie de la libération va s'ajouter à toutes les autres initiatives en faveur d'une nouveau paradigme de relations avec la nature, avec un type différent de production et avec des formes plus sobres et solidaires de consommation ».