Peut-on dire que « le climat est un bien commun » ? C’est ce qui est écrit dans Laudato si (§23) ! Or, construire le "bien commun" se conjugue à la 1ère personne du pluriel, "Nous". Le climat dépend-il de nous ? L’identification des systèmes complexes montre que non : le soleil constitue l'essentiel de la cause explicative de la période chaude contemporaine.
Ce n’est pas parce que le climat tempéré de notre planète (18° en moyenne) est un facteur favorable à la vie que c’est un « bien commun », défini comme étant la « dimension sociale du bien moral ».
Il existe en effet d’autres facteurs favorables au développement de la vie, comme la pesanteur ou les marées. Imagine-t-on que l’homme puisse modifier la valeur de la pesanteur ou la force des marées ? Et pourtant, que deviendrait-on sans pesanteur ? Il n’y aurait pas de climat sans pesanteur ! L’eau ne serait pas brassée sur toute la planète sans les marées : sans elles, l’eau se concentrerait en un seul lieu[1]. Peut-on donc dire, à ce titre, que la pesanteur ou les marées relèvent du « bien commun » ? A l’évidence non, car on ressent bien que le « bien commun », dépasse ce qui est utile à chaque homme.
Le bien commun (au singulier) commence quand on peut dire « Nous », alors que les biens universels (au pluriel) sont indispensables pour que « Je » vive. Les biens universels relèvent de l’addition des biens nécessaires aux besoins de chacun , l'accès à l'eau, au logement, au travail... : s’il en manque un il faut l’ajouter. Le bien commun relève de la multiplication. S’il manque un de « nous » pour le construire, tout s’effondre. Il faut le rebâtir en commun.

Faut-il attendre un éclairage pour comprendre ce point de Laudato si ? 

Commentaire: "les2ailes.com"

L’encyclique commence son § 23 par cette phrase: « Le climat est un bien commun». Cet article indéfini laisse entendre qu’il y a des « biens communs » au pluriel. Or, le compendium retient cette définition: « Le bien commun est et demeure commun, car indivisible et parce qu'il n'est possible qu'ensemble de l'atteindre, de l'accroître et de le conserver… Le bien commun peut être compris comme la dimension sociale et communautaire du bien moral.» (CDSE § 164). C'est donc un bien au singulier indivisible.

Ne doit-on pas utiliser, pour parler du climat, d'un bien destiné universellement comme le sont l'eau, le logement, l'accès à la nourriture, etc ? Le concept de « destination universelle des biens » se mesure à la capacité d'une société à permettre à chaque individu d'avoir accès à ce qui lui est indispensable pour survivre. Le concept de "bien commun" est difficile à évoquer dans nos cultures de consommation pour qu'il ne soit pas utilisé au pluriel, sinon, ne risque-t-on pas de le confondre avec le concept d'intérêt général?

L’encyclique consacre d’ailleurs ses § 156-157 et 158 au bien commun en rappelant cette autre phrase du Compendium:  c’est « l’ensemble des conditions sociales qui permettent, tant aux groupes qu’à chacun de leurs membres, d’atteindre leur perfection d’une façon plus totale et plus aisée ». (Ls § 156 et CDSE §164)

 

[1] Pour que les océans soient en mouvement, il faut des marées. C'est possible si la planète possède un satellite suffisamment gros : dans le cas de la Terre, c'est la Lune qui joue ce rôle. Or, certaines planètes n'ont pas de satellites.
Le satellite a une grande importance dans les marées. S'il est trop proche ou trop grand, il peut bloquer toute l'eau sur une partie de la planète et éventuellement figer sa rotation. Si une planète ne tourne plus, elle ne montre qu'une face à son soleil. Les océans pourraient alors s'accumuler côté nuit et former une grande calotte glaciaire, laissant le côté jour à sec.