Le président Poutine a réagi calmement à l’annonce de D. Trump de sortir de l’accord de la COP21. Il s’exprimait, le 2 juin, en public lors du Forum économique de Saint-Pétersbourg. En marge de ce forum, les principales agences de presse mondiales se sont réunies, avec un thème de réflexion : « Vraie ou fausse information:  défis pour le monde d’information contemporain » ! Tout un programme au moment où les agences relaient en permanence de fausses informations scientifiques sur le climat ! [NB: On notera que l'Agence France Presse n'était pas invitée. La Russie n’avait probablement pas envie de voir des propagandistes autour de la table, mais des journalistes].
Pour se faire un jugement, il faut mieux lire, intégralement, les déclarations  du Président Poutine plutôt que les résumés d’agence.
La réaction de V. Poutine, le 2 juin, est totalement en ligne avec ce qu’il avait dit le 30 mars 2017, le lendemain de la nomination du climato-sceptique Scott Pruitt à la tête de l’EPA (Agence américaine de la Protection de l’Environnement).

Dans les deux déclarations, le président Poutine a utilisé la même recette, mélangeant un zest de scepticisme à une grosse dose de diplomatie :
- scepticisme sur la cause humaine du changement climatique.
Lors du lors du Forum sur l’Arctique à Arkhanguelsk, en mars, il prouvait, détails à l’appui, que le réchauffement climatique avait commencé avant les années 1930 et que la glace autour de l’archipel des Îles François-Joseph avait été dramatique à cette époque : « En 1930, on n’avait pas d’émissions CO2 ; ce n’est pas un effet provoqué par l’homme; le réchauffement était déjà là ».  A St-Petersbourg, le lendemain du discours de D. Trump, il plaisantait en indiquant que « dans notre pays, on ne sent pas très bien cette croissance de la température »   
- Une ligne diplomatique appelant à renégocier l’accord de Paris.
À Arkhanguelsk, Poutine avait déjà dit que, « pour la COP21, il faudra un compromis ». Il l’a répété le 2 juin à St-Petersbourg, comprenant que D. Trump  « ne renonce pas à la nécessité de travailler sur cet accord. Donc, peut-être  doit-on diminuer le bruit autour de ce problème ». Cette insistance à parler de négociation explique probablement pourquoi, en marge du Forum international de Saint-Pétersbourg, le ministre russe de l’Environnement, Sergueï Donskoï, a d’ailleurs déclaré que « la Russie projette de ratifier l'accord de Paris d'ici 2020, mais la décision finale sur la ratification ne sera prise pas avant janvier 2019 ». La ratification par la Russie n’est donc pas pour demain. Mais, de cela, la presse ne parle pas.

Quant aux chinois, c’est par le “Quotidien du Peuple” qu’on apprend que “la NASA a révélé que les gains de masse de la couche de glace de l’Antarctique sont suffisants pour compenser les pertes croissantes des glaciers de la région”!

Il n’y a donc pas une grande divergence de position entre la Russie, les États-Unis: pour des raisons de politique interne, l'un sort de la COP21 et l'autre ne le ratifie pas. La Chine n'est pas dupe et, pour des raisons politiques, plaide pour des quotas de CO2 par habitant qui obligeront ses concurrents à délocaliser les industries émettrices de CO2 vers la Chine.
Pendant ce temps là, Macron s'agite et l’Europe est la seule à faire du zèle pour défendre un accord totalement inefficace puisque sans fondement scientifique, que les preuves s'accumulent qu'il faut se tourner vers le soleil pour comprendre la période chaude contemporaine. L'Europe sera-t-elle la seule à suivre une stratégie ruineuse pour son économie?

Nous donnons, ici, l’intégralité des discours de Vladimir Poutine, à rapprocher de celui de D. Trump du 1er juin 2017.

Sources : Interview du président Poutine 2 juin 2017 et Interview du Président Poutine du 30 mars 2017

Transcription: "les2ailes.com"

1- La position de Poutine, le 30 mars 2017, le lendemain de la nomination de Scott Pruit à la tête de l’agence américaine de protection de l’environnement (EPA)

L’extrait ci-dessous est tiré d’un débat auquel participait les présidents russe, Finlandais et Islandais à l’issue du Forum sur l’Arctique à Arkhanguelsk, dans le Grand nord russe. Vladimir Poutine s’était rendu, la veille, dans l’archipel des îles François-Joseph.

Il avait fait une intervention pendant ledit forum[1].
Mais c’est pendant le débat qui a suivi, en présence des présidents finlandais et islandais que V. Poutine a réagi à la décision de D. Trump de nommer un climato-sceptique à la tête de l’Agence américaine de Protection de l’environnement.

Nous donnons ici l’intégralité de cet interview.

Journaliste[2]- Monsieur le Président, il semble qu’on a maintenant une administration américaine qui a nommé, à la tête de l' EPA (Environmental Protection Agency), quelqu’un qui ne croit pas aux conclusions scientifiques sur la manière dont le réchauffement climatique est arrivé.  Il n’y a pas d’américain sur l’estrade, mais comment faites-vous face cette difficulté de discuter avec des personnes  qui ne voient pas que la fonte des glaces est le résultat de l’accélération du réchauffement ?

Poutine- D’abord, s’il n’y en a pas sur l’estrade, nous avons un américain ici, dans la salle. [Poutine le salue]
Deuxièmement, ce que je vais dire est probablement impopulaire, mais la Russie va respecter les accords de Paris et les russes ont travaillé au protocole de Paris.
Comme je l’ai dit, le réchauffement climatique global va continuer. ... Comme je vous l’ai déjà dit je suis allé hier aux îles François-Joseph, et dans ce territoire, je crois que c’est en 1932, je peux me tromper, bien sûr, mais je pense que c’était à peu près à cette époque, un explorateur autrichien, M. Byron ( ?), Ensuite il a quitté se territoire et a décrit la glace. 20 ans plus tard, le futur roi d’Italie est allé là bas et a fait des photographies. Il les a prises et les a montrées à M. Byron, Il avait une mémoire photographique, il a vu les cartes et a dit qu’en 20 ans, la glace avait fondu de façon dramatique !
En d’autres termes, le réchauffement a commencé dans les années 1930. En 1930, on n’avait pas d’émissions CO2 ; ce n’est pas un effet provoqué par l’homme; le réchauffement était déjà là. Ce n’est pas une question de prévention. Je suis d’accord avec ceux qui disent que ce n’est pas une question de prévention.  C’est probablement un cycle global, un cycle planétaire. On a juste besoin de s’adapter à cela. Monsieur Johannesson[3] a parlé de la façon dont les bans de poissons apparaissent dans différents endroits. On doit faire des recherches sur ce sujet
Donc, nous devons nous adapter à cette situation.
Je ne sais pas le nom de la personne nommée à l’EPA. Mais, pour la COP21, il faudra un compromis. J’avais eu un excellent entretien avec GW Bush qui était contre l’accord climatique. Il ne faut pas se bloquer.  Je ne sais pas qui est à la tête de cet EPA, mais nous devrions nous écouter les uns les autres. Maintenant c’est la même chose. Il faut trouver un compromis . il y a toujours des solutions optimales à tous les problèmes. (applaudissements)

Journaliste - Le nom du Président de l’EPA est Scott Pruitt.  Vous dites que vous allez trouver un accord au sujet de Paris, mais on n’entend pas la même détermination de trouver  un accord du côté de Washington.

Poutine- Il ne faut parler de préoccupations. il faut que nous recherchions un compromis. Je me souviens très bien que j’avais de très bonnes relations avec G.W. Bush
Quand il était venu à Paris, il était contre tout cela, contre le protocole, mais il a voulu travailler à un compromis. C’est la même chose qui arrive maintenant. Je ne voudrais pas dramatiser ce qui arrive aujourd’hui ni utiliser ces arguments cruciaux pour des questions de politiques internes américaines.

2- L’interview du Président Poutine à St-Petersbourg, le lendemain de l’annonce du retrait des USA de la COP21

Le Président Poutine a été interviewé en public, le 2 juin 2017, en présence du Premier ministre indien, du Président moldave Igor Dodon, et du Chancelier fédéral de l’Autriche. 

La journaliste- Nous allons commencer par les actualités et vous savez que, hier, D. Trump a dit que les États-Unis vont se retirer  de l’accord de Paris sur le climat en disant que cet accord n’est pas favorable à l’économie américaine. Quelle est votre vision de cette situation, M. le Président Poutine ?

Poutine- Je ne suis pas parmi les leaders européens. En tous les cas, c’est la vision des leaders européens (Applaudissements), mais, nous, je pense à la Russie, nous avons  notre point de vue. est-ce que vous avez lu, vous même cet accord de Paris ? Non ! (rires dans la salle).
En fait, les accords de Paris, c’est un document qui extrêmement utile qui vise à régler des problèmes majeurs de notre époque. C’est à dire que c’est un accord qui vise à empêcher le changement climatique. Il s’agit dans ces accords de limiter la croissance de la température de 2 degrés. Mais je dois dire que dans notre pays, on ne sent pas très bien cette croissance de la température, mais nous devons être  reconnaissant envers le président Trump, parce qu’on m’a dit qu’il neigeait à Moscou et que, aujourd’hui, à St-Petersbourg, il fait très froid et il pleut.  Et maintenant nous pourrions être très reconnaissant de cela au Président Trump et des entreprises impérialistes américaines. Mais nous n’allons pas le faire, bien évidemment. Je plaisante. Mais qu’est-ce c’est que cet accord de Paris ? C’est une sorte d’accord cadre et l’accord de Paris, finalement prévoit que toutes ces dispositions doivent être mises en œuvre par les pays. Et, donc, les États-Unis se sont engagés, par exemple, à réduire de 28% ses émissions de Gaz à Effet de Serre d’ici 2025, alors que la Russie s’est engagée à réduire de 70% d’ici 2030. Les États-Unis auraient du signer cet accord. Pas la Russie !
Si nous ne l’avons pas fait, c’est que nous attendons qu’il y ait des règles qui soient mises en place sur la répartition des ressources et sur d’autres choses très importantes. Les États-Unis se sont engagés à mettre au profit  du Fonds vert 100 milliards de dollars. Il s’agit de fonds qui doivent être utilisés par les pays en voie de développement pour leur programme écologique. Mais comment ces fonds doivent-ils être versés ? Comment seront-ils utilisés ? Toutes ces questions ne sont pas encore réglées. Donc mon analyse pour réduire les émissions de 26 à 28% d’ici 2025, c’est une date qui est déjà trop proche, il faut faire beaucoup de travail. Il faut   les milieux d’affaire de  placer des milliards de dollars dans l’économie
Il y a une autre face à cette médaille : il faut bien penser à l’avenir des ouvriers qui vont être retirés du système actuel de la production. Il faut penser à leur avenir. Il faut placer de l’argent dans leur avenir si nous ne voulons pas que ces gens-là se retrouvent en dessous du seuil de pauvreté.
Vous avez posé la question par rapport aux pauvres de la Russie. Parce que en 2000, il y avait 40% de la population qui vivait en dessous du seuil de pauvreté, alors que nous avons réduit ce chiffre par deux. Donc la même réflexion doit être faite aux États-Unis. Qu’est ce qu’on va faire avec les gens qui vont perdre leur travail ? C’est une réflexion qui est donc nécessaire. Et je ne voudrais pas condamner aujourd’hui le Président Trump. Le président Obama a pris la décision de façon peut-être insuffisamment réfléchie aux yeux de Trump. Peut-être le Président Trump pense que les États-Unis n’ont pas les ressources nécessaires. A mon avis, donc, il pourrait ne pas souhaiter cet accord parce que c’est un accord cadre. Peut-être  faut-il modifier les engagements des États-Unis dans le cadre de cet accord de Paris. Mais on ne peut pas faire marche arrière, parce que ce qui est dit, est dit. Donc, on doit comprendre  comment il faut le dire dans l’avenir. Bien sûr qu’on ne doit pas laisser tomber le problème. Je ne connais pas en détail le texte de l’intervention de M. Trump, mais si ma mémoire est bonne, il a dit qu’il voulait renégocier les engagements de Trump, ou bien qu’il y ait un nouvel accord. Donc, ce que je veux dire, c’est qu’il ne renonce pas à la nécessité de travailler sur cet accord. Donc, peut-être  doit-on diminuer le bruit autour de ce problème. On doit se concentrer sur les problèmes les plus pratiques car un pays aussi important, pays aussi pollueur  que les États-Unis qui ne veut pas coopérer, alors ce sera difficile de résoudre le problème. Je pense que nous devons tenir compte de ce que nous avons aujourd’hui pour  essayer de conclure ce travail de façon fructueuse.

Journaliste-  Monsieur le Premier ministre, vous venez de dire que ne pas réagir au changement climatique serait très ennuyeux. Que vous voulez dire à l’adresse du Président Trump ?

Premier ministre indien Narendra Modi-  En fait, nous sommes tous reliés à des médias pour créer des actualités qui deviennent des actualités qui commencent à devenir brulantes. C’est votre façon de réagir. Mais, moi, je vais parler de façon assez simple pour vous expliquer quel est le rêve de l’Inde. Je parlais des anciens indiens qui disent comment l’homme doit profiter de la nature pour traire les vaches, pour produire du lait. Mais, l’exploitation de la nature est quelque chose qui est interdit dans notre philosophie. Il y a 3 jours, en Allemagne, on m’a posé une question alors que je parlais de cela en Allemagne, à propos de Paris, nous sommes persuadés, parce qu’il s’agit là de notre tradition culturelle que nous ne pouvons pas enlever ce que nous devons aux générations futures. Il faut leur laisser un pays aussi beau de façon qu’elles puissent continuer à vivre en respirant de l’air pur, et donc, c’est ce qui correspond à notre tradition et c’est ce que je voudrais dire en réagissant à votre question.

Journaliste- Si vous permettez, je pense que, peut-être M. Trump serait d’accord avec ce que vous venez de dire, mais quel peut être le dommage pour les États-Unis, car le Président Trump pense que c’est un grand dommage pour les États-Unis. C’est cela qui a été contesté par les européens. Qu’est-ce que vous pouvez dire là dessus ?

Premier ministre indien Narendra Modi- Je ne pense pas qu’il s’agit d’un sujet sur lequel je dois prendre une position. Parce que, pour moi, ce qui est important, c’est de protéger les générations qui ne sont pas encore nées. Dans les siècles prochains, les gens qui vont naître, dans beaucoup de siècles, moi je serai de l’autre côté.

Poutine- Cet accord, il n’est  pas encore en vigueur, parce qu’il doit entrer en vigueur  à partir de 2021. Donc je pense que nous avons encore du temps, et que si nous allons procéder  de façon constructive nous pouvons avoir un bon résultat. Donc «  don’t worry, be happy » (rires)

Journaliste- Sur le même ton, je voudrais dire que, cette semaine, la Chancelière Merkel a fait une déclaration qui est adressée en fait à vous, M. le Premier ministre, en disant notamment que D. Trump prend un risque pour l’Union Européenne quand il dit que l’Union Européenne doit apporter sa contribution. Est-ce que vous êtes d’accord ?

Le chancelier fédéral d'Autriche Christian Kern - Nous allons voir. C’est en fait la première fois qu’on a affaire à un président américain qui voudrait peut-être que les intérêts américains soient affaiblis . C’est cela l’enjeu de ce sujet. L’Europe peut en conclure qu’il y a des choses que nous n’avons pas vu venir.  Peut-être ces choses sont-elles assez nombreuses. Cela concerne l’ensemble des questions de sécurité. Cela concerne aussi toute la problématique de la protection de l’environnement, le changement climatique. Économiquement, nous sommes forts. Nous sommes un milieu économique important, le plus important dans le monde, et donc nous devons faire un pas en avant, et M. Poutine, je pense que vous avez dit avec beaucoup de justesse qu’il faut prêter attention à cette problématique du changement climatique. L’accord de Paris est très important, mais je pense que si les États-Unis se retirent de cet accord, ce sera un pas en arrière, et un pas vers le passé, et donc, nous devons nous poser la question : comment allons-nous assurer le bien être  nos peuples, à nos gens ? Et donc, cet élan de croissance, comment pouvons-nous l’assurer ? Pendant certaines périodes,  on a inventé la machine à vapeur, un ordinateur. C’étaient de grands pas en avant, et les technologies en matière d’environnement aussi. Et donc tout cela devrait changer le business modèle. Et je pense qu’il y aura de nouvelles opportunités pour  assurer le développement durable et stable dans le monde.  Lorsque j’ai commencé à réfléchir à la question qui est de savoir ce qui va se passer en Europe, j’en arrive à me demander si ces initiatives de certains vont affaiblir . Comment faut-il, par exemple réguler les flux financiers ?

 

[1] Discours du Président Pouine :  http://forumarctica.ru/en/news/vladimir-putin-s-speech-at-the-arctic-territory-of-dialogue-international-arctic-forum/

Bonjour, mesdames et messieurs!

Cher Monsieur Niinisto (NDLR Président de Finlande) et cher Monsieur Johannesson (président d’ISlande)!

Permettez-moi de vous accueillir cordialement tous en Russie, à Arkhangelsk.

C'est la deuxième fois que la capitale du Nord-russe accueille le Forum «Arctique: territoire de dialogue». Et c'est symbolique. Arkhangelsk est historiquement lié à des événements marquants et à des noms qui ont révélé les routes des latitudes glacées au monde.

L'un des anniversaires « polaires » est également célébré cette année. Je parle du 85e anniversaire de la célèbre expédition d'Otto Schmidt, qui a été le premier voyageur du port d'Arkhangelsk à l'océan Pacifique en un seul voyage et qui a marqué le début de la navigation régulière sur les rives de la Sibérie - la légendaire route de la mer du Nord.

De nos jours, l'importance de l'Arctique a augmenté de nombreuses fois. Il devient un lieu d'attention particulière pour les pays et les peuples comme région dont dépend, en grande partie, le bien-être de la planète, en tant que trésor d'une nature unique et, bien sûr, comme un territoire avec d'énormes opportunités économiques et un énorme potentiel économique.

Il est essentiel que l'Arctique reste un espace de dialogue constructif, de création et d'interaction égale. Notre forum, consacré cette année à un thème aussi important que « People and the Arctic», est également destiné à jouer un rôle important dans la réalisation de cet objectif.

En réunissant des scientifiques, des hommes d'affaires et des politiciens respectés, ce Forum est devenu une plate-forme de contacts professionnels sérieux sur le présent et l'avenir de l'Arctique. C'est précisément ce sur quoi nous comptons. C'est un forum pour rechercher les formes d’un partenariat sur l’Arctique. Vos évaluations et initiatives d'experts sont importantes pour le Conseil de l'Arctique, qui depuis 20 ans a servi d'exemple de coopération internationale efficace qui n'est soumise à aucune conjoncture externe.

La Russie, qui représente près d'un tiers de la zone arctique, est consciente de sa responsabilité particulière pour ce territoire. Notre objectif est d'assurer le développement durable de l'Arctique, ce qui implique la création d'infrastructures modernes, l'exploration de ressources, le développement d'une base industrielle, l'amélioration de la qualité de vie des peuples autochtones du Nord et la préservation de leur culture et traditions distinctives. C’est une attitude responsable de gouvernement.

Cependant, ces objectifs ne peuvent être considérés isolément des problèmes liés à la conservation de la biodiversité et des écosystèmes fragiles de l'Arctique. Il est réconfortant que la protection de l'environnement polaire naturel soit l'une des principales priorités de la coopération internationale dans cette région ainsi que la coopération scientifique. Nous devons nous rappeler une autre date importante dans l'histoire de l'Arctique - le 80e anniversaire de la station soviétique flottante sur le «Pôle Nord». En continuant cette tradition, la station flottante russe de «Barneo» est devenue une maison commune pour les chercheurs du monde entier.

La coopération entre les scientifiques et le large échange d'expériences et de programmes sont particulièrement importants compte tenu de l'ampleur des plans de développement de ce territoire, y compris dans le cadre de grands projets internationaux. Bien sûr, l'un des exemples positifs récents est le projet Yamal LNG dans lequel sept pays sont impliqués d'une manière ou d'une autre [NDLR : Yamal est un projet de liquéfaction de gaz naturel situé au cœur du grand nord russe, une région gelée 7 à 9 mois par an et où la nuit dure 3 mois. Ainsi, l’hiver, les équipes travaillent par - 40 °C éclairées par des projecteurs. Un défi que Total  relevons aux côtés de Novatek, l’opérateur du projet].

La Russie part du principe qu'il n'y a pas de potentiel de conflits dans la région de l'Arctique. Les normes internationales définissent clairement les droits des États côtiers et autres et servent de base solide au travail conjoint pour résoudre tous les problèmes, y compris ceux qui sont sensibles à la délimitation du plateau continental dans l'océan Arctique et à la prévention de la pêche non réglementée dans la partie centrale de l'océan Arctique. La mer, qui est fermée des zones économiques exclusives des États-Unis, du Canada, du Danemark, de la Norvège et de la Russie.

Je souligne que la Russie est ouverte à une coopération constructive et crée toutes les conditions pour son développement efficace. Nous avons un programme économique très étendu pour l'Arctique qui est calculé pour de nombreuses années à venir. Il comprend déjà plus de 150 projets avec un investissement estimé de trillions de roubles. Surtout, nous appuierons les initiatives qui ont un effet multiplicateur pour les régions arctiques et pour notre pays dans son ensemble, y compris par le biais de mécanismes de partenariats public-privé et la création de zones dites de développement, que nous considérons non seulement comme des territoires mais Principalement en tant que liste de projets coordonnés, mutuellement complémentaires, ainsi que d'instruments de soutien de l'État. Tout cela, et bien d'autres mesures, seront incluses dans la nouvelle version du programme d'État pour le développement de la zone arctique de la Russie. En particulier, nous parlons de la formation d'un bloc de solutions scientifiques et technologiques modernes qui sont nécessaires dans les conditions difficiles de cette région, l'amélioration du système de surveillance environnementale et le développement des dépôts offshore. Nous accordons une attention particulière à la Route de la mer du Nord, dont je viens de parler au début de mon intervention.

Les changements dans la nature des glaces et l'émergence de nouveaux navires modernes font de la route de la mer du Nord presque une artère utilisable toute l’année. Au moins, je suis certain que cela se produira dans un proche avenir d'une manière efficace et fiable qui a un grand potentiel pour les économies russe et mondiale. J'ai déjà demandé au gouvernement de travailler sur des questions liées à la création d'une structure distincte responsable du développement intégré de la Route de la mer du Nord et des zones de soutien adjacentes, y compris l'infrastructure, l'hydrographie, la sécurité, la gestion et tous les services nécessaires.

Nous invitons nos collègues étrangers à utiliser activement les opportunités offertes par la Route de la mer du Nord, ce qui réduira le coût et le temps de livraison des marchandises entre l'Europe et l'Asie. Nous comprenons également que, afin de garantir que ce corridor soit compétitif, universel et souhaité pour le transport de tous types de marchandises - des matières premières aux conteneurs -, nous devons créer les conditions les plus favorables pour les entreprises de transport répondant aux normes internationales les plus modernes dans cette zone.

En conclusion, j'aimerais remercier tous les participants du forum pour leur discussion constructive sur les problèmes auxquels fait face l'Arctique et pour leur attitude passionnée envers son avenir.

Je remercie tout particulièrement mes collègues, le président de la Finlande et le président de l'Islande, qui ont trouvé le temps nécessaire pour assister personnellement aux événements d'aujourd'hui. Une telle représentation internationale large et respectée est un bon signe de la volonté politique de l'Arctique et d'autres États de préserver l'Arctique en tant que territoire de paix, de stabilité et de coopération mutuellement bénéfique.

Merci de votre attention! 

[2] Minute n° 48 :35 de la vidéo de Youtube

[3] Président Islandais