L'Eglise est le lieu de Vie par excellence. Sans elle, pas de naissance à la vie, ni nourriture spirituelle, ni transmission de la vie, ni transition, par la mort, vers la vie éternelle! Cette Eglise, par ses faiblesses, laisse la place à nos propres vulnérabilités. Il n'empêche que le souci du bien de l'Eglise peut nous amener à exercer le devoir auquel le concile appelle les laïcs: "dans la mesure de leurs connaissances, de leurs compétences et de leur situation" à user de leur "faculté et même de leur devoir de manifester leur sentiment en ce qui concerne le bien de l’Église" (Lumen Gentium § 37).
C'est dans cet esprit que nous osons dire que, faute d' "avocat du diable" dans le débat scientifique, l'Académie Pontificale des Sciences a canonisé, à tort, la cause humaine du réchauffement climatique.
Or, lors des procès de béatification et de canonisation par l'Église catholique romaine, il y a un promoteur de la justice traditionnellement appelé "avocat du diable". On cherche en vain dans l'Académie Pontificale, qui a joué ce rôle d'avocat du diable, pour l'empêcher d'être scientifiquement correct!
Ce n'est pas la première fois que l'Académie ne joue pas son rôle de conseil auprès du Saint-Siège. Nous rappellerons ici sa position sur la contraception, avant Humanae vItae, et celle qu'il a prise sur le Darwinisme. C'est pourquoi, le conformisme de l'Académie Pontificale des Sciences en matière écologique mérite de se poser cette question: pourquoi ne pas rattacher les questions de théologie de la création, de théorie de l’évolution, d’OGM, de climatologie et d’écosystèmes... à l'Académie Pontificale pour la Vie, présidée par Mgr Paglia?

Commentaire: "les2ailes.com

« Les rationalistes fuient le mystère pour se précipiter dans l’incohérence » (Bossuet)

Nous reprenons une analyse de Jean de Pamplona, parue dans la revue du Centre d'Etudes et de Prospective sur la science (CEP) n°44 du 3ème trimestre 2008 [2]

Introduction

Le pape Pie XII, dans les encycliques Divino Afflante Spiritu (30 septembre 1943) et Humani generis (12 août 1950), avait fixé avec précision les règles devant régir la recherche scientifique face aux dogmes catholiques, en particulier l‟inerrance biblique [3], en reprenant l‟enseignement de Vatican I, de Léon XIII dans l‟encyclique Providentissimus Deus (18 novembre 1893), et de Benoit XV dans Spiritus Paraclitus (15 septembre 1920).

Historique

Origine de l’Académie :

L’Accademia dei Lincei (des lynx) (1603-1630) érigée sous Clément VIII ne survit pas à son fondateur, le botaniste et prince romain Federico Cesi. Elle eut Galilée pour premier président. Ressuscitée par Pie IX en 1847 (Pontificia Accademia dei Nuovi Lincei), restaurée en 1887 par Léon XIII, puis par Pie XI en 1936, elle prit un essor considérable après la guerre.
L'Académie dispose, de par ses statuts « modernisés » en 1976 sous Paul VI et en 1986 sous Jean-Paul II, d‟une autonomie complète dans les choix des sujets de recherche et axes de travail. Ses membres sont cooptés parmi des scientifiques éminents "sans discrimination ethnique ni religieuse, signe de l’harmonie profonde qui existe entre les vérités scientifiques et les vérités de foi" (Jean-Paul II, 10 novembre 1979).
Le pape régnant est membre de droit.
Devise : « Deus, scientiarum dominus », Dieu maître des sciences.

Composition

Les récents présidents ont été:
- Rev. Agostino Gemelli, (1878-1959), OFM , du 28 Octobre 1936 au 15 Juillet 1959
- Mgr. Georges Lemaître , du 19 Mars 1960 au 20 Juin 1966
- Rev. Daniel JK O'Connell , SJ du 15 Janvier 1968 au 15 Janvier 1972
- Prof. Carlos Chagas Filho  du 9 Novembre 1972 au 1930 Octobre 1988)
- Prof. Giovanni Battista Marini-Bettòlo (1915-1996), du 31 Octobre 1988 au 29 Mars 1993
- Prof. Nicola Cabibbo  du 30 Mars 1993 au 16 Août 2010
- Prof. Werner Arber  depuis le 20 Décembre 2010

Les Chanceliers et directeurs:
- Prof. Dr. Pietro Salviucci (1936 - 1973), du 28 Octobre 1936 au 31 Décembre 1973
- Mgr. Eng Renato Dardozzi,  du 30 Janvier 1995 au 30 Juin 1997
- SE Mgr. Giuseppe Pittau, SJ, (1928-2014), du 1 Juillet 1997 au 4 Octobre 1998
- SE Mgr. Marcelo Sánchez Sorondo, (o 1942), depuis le 5 Octobre 1998.

• 83 membres ordinaires, dont 31 prix Nobel en 2008 (37 %)
• 5 membres honoraires (le cardinal Georges Cottier, suisse; Stanley L. Jaki, bénédictin américain d‟origine hongroise; Jean Michel Maldamé, dominicain français; le cardinal Carlo Maria Martini, Italien; Robert J. White, un chirurgien américain)
• 4 membres permanents (chancelier : Marcelo Sanchez Sorondo, Argentin; le directeur de l‟Observatoire du Vatican: José Funès, jésuite argentin; le préfet de la Bibliothèque apostolique: Cesare Pasini, Italien; le préfet des Archives secrètes: Sergio Pagano, Italien).

La répartition en 2008 des membres par spécialité scientifique montrait une prépondérance très forte des sciences « dures » (79 contre 13) qui se maintient depuis 1936 :
Physique, mécanique, astronomie : 39
Chimie, biochimie : 19
Mathématiques : 21
Médecine, biologie : 4
Économie, démographie : 2
Philosophie : 5
Théologie : 2

L’Académie et l’Évolution.

Nous citons en annexe [4] un des passages d'Humani generis, en 1950, qui concerne les théories de l‟Évolution. On aurait pu attendre de l'Académie Pontificale des Sciences un souci de se conformer aux sages directives pontificales indiquées dans l'introduction.
Il serait prétentieux de croire que, depuis 1893, les progrès scientifiques incontestables ont pu mettre en difficulté les enseignements de l‟Église en la matière. C‟est le contraire qui est vrai : les découvertes actuelles éclairent crûment les erreurs évolutionnistes, erreurs qui constituent une des bases du modernisme.
Cette constatation garde toute sa valeur au XXIe siècle, comme de nombreux articles du Cep l'ont montré, malgré les déclarations ultérieures malheureuses de Jean-Paul II en 1996 et de Benoît XVI en 2007. L'influence de l'Académie dans ces déclarations papales est palpable pour les raisons suivantes.

Le médecin brésilien Carlos Chagas (fils), Président de 1973 à 1990 donnera une orientation très « scientifiquement correcte » aux travaux des académiciens en matière d'origine de la vie. Il favorisera la campagne pour une révision du procès de Galilée, dont une statue en marbre grandeur nature sera bientôt dressée dans les jardins du Vatican, à la demande de l'Académie. Les discours lus par le pape lors de commémorations ou conférences sont rédigés par un ou plusieurs académiciens spécialistes du sujet traité. En résulte le principal grief qui puisse être fait aux membres de l‟Académie : ils sont tous sans exception évolutionnistes. La diversité d'opinion sur la question de l'Évolution n'y est pas plus respectée que dans les académies laïques du monde entier.
Pour preuve nous donnons quelques commentaires sur la conférence « Aperçus scientifiques sur l‟évolution de l‟univers et de la vie » prévue du 31 octobre au 3 novembre 2008 au Vatican. Le président de l'APS de l'époque, le physicien italien Nicola Cabibbo, signa conjointement avec le microbiologiste suisse Werner Arber une introduction (texte en anglais, allemand et italien) à cette conférence qui dit : "Le Conseil de l’APS invite les académiciens à présenter, dans la prochaine session plénière, toute contribution scientifique qui puisse valider ou infirmer les théories de l’évolution et fournir un aperçu plus avancé des processus évolutionnistes du monde vivant et du monde inerte".
Remarquons la structure de la phrase en deux parties : la première semble ouvrir les portes à un débat "valider/infirmer", la seconde ne parle plus que de "processus d’évolution", le débat n'aura pas lieu, les portes se sont refermées. Cela n'est pas étonnant, tous les membres de l'Académie sont évolutionnistes, la seule classification possible se réduisant à théistes ou nonthéistes (matérialistes athées, agnostiques, sceptiques [5]…).
L'introduction poursuit : "Des contributions sur l’influence spécifique que des activités humaines pourraient avoir sur les processus évolutionnistes seront aussi les bienvenues" [6]. C‟est typiquement teilhardien. Le progrès et la culture accélèrent l'évolution vers des lendemains qui chantent. L'homme vient d'un lointain chaos et se dirige vers le paradis (terrestre).
Quelques déclarations publiques d'académiciens sur ce sujet :

* Manfred Eigen (né le 9/05/1927, Allemand, nommé à l'APS le 12/05/1981), prix Nobel de chimie 1967, écrivait dans sa préface au livre de J. Monod, prix Nobel de médecine 1965, Le Hasard et la Nécessité (Paris, Le Seuil, 1970): "La biologie moléculaire a mis fin au mysticisme de la création maintenu à travers les siècles: elle a achevé ce que Galilée avait commencé".
Il y a donc un fil conducteur évident qui mène de Galilée à la théorie de l'Évolution, excluant le "mythe" de la Création. Le nœud du problème est là. Il est savoureux de constater que c‟est un pur chimiste qui parle ainsi de biologie, science du vivant et non de l'inerte. La démonstration expérimentale que des éléments chimiques inertes auraient pu donner naissance à des molécules puis des cellules vivantes est l‟espoir insensé qui s‟évapore de l'imaginaire du plus fanatique des bio-généticiens évolutionnistes actuels.
Le mythe Miller (soupe primordiale) s'est effondré au fur et à mesure de l'avancée des connaissances sur la synthèse des protéines et de la structure cellulaire. Pourtant le professeur suisse en chimie organique Albert Eschenmoser (né le 5/8/1925, nommé le 9/6/1986) nous fera, au colloque annoncé, un exposé sur les écoles en compétition pour "expliquer" le passage de l'inerte au  vivant : soit métabolisme auto-catalytique (chimie pure), ou génétique primordiale (darwinisme moléculaire), ou encore compartimentalisme (la vie apparaît au niveau cellulaire). Ces trois spéculations sont évolutionnistes, mais incompatibles entre elles.
On relève des perles du genre : "un système chimique est vivant quand, dans un environnement donné, il est auto-suffisant et capable d’initier une évolution darwinienne[7].

* Peter Schuster, biologiste autrichien, président de l‟Académie des sciences de Vienne, agnostique, ami de Benoît XVI, a travaillé avec Manfred Eigen. Il est souvent consulté comme expert en Évolution et a participé au Schülerkreis de 2006 ès-qualités, comme témoin du "fait" évolutif.

* Le néo-teilhardien et généticien italien Luigi Luca Cavalli-Sforza (25/1/1922, nommé le 2/8/1994) parlera de l‟évolution de la culture : une accélération horizontale (d‟hommes à hommes) remplaçant l'évolution verticale (parents à descendants) grâce au langage qui nous distingue des primates.

* Le microbiologiste suisse Werner Arber (3/6/1929, nommé le 12/5/1981, prix Nobel 1978) évoquera le darwinisme moléculaire présumé à l'origine de la vie.

* Le directeur de l'Observatoire du Vatican, José G. Funès (né le 31/1/1963, Argentin nommé le 5/8/2006, membre permanent) nous parlera des 2 mécanismes d'évolution des galaxies depuis les 13 derniers milliards d‟années [8], l'un rapide dans le passé, mais lent actuellement.

* Le physicien théorique polonais Michael Heller (né le 12/3/1936, nommé le 4/10/1990) va nous faire paniquer dans l'imbroglio des "modèles" physiques de l'univers, tout en ayant l'espoir qu'une future structure mathématique assez compliquée pourra tout unifier. Le tout en 20 mn d'exposé.

* Le cardinal Martini [9] (né le 15/2/1927, nommé le 13/11/2000, membre honoraire), bibliste moderniste, va proposer une lecture biblique de l'Évolution, tout comme, 

* Le philosophe dominicain Jean-Michel Maldamé (né le 31/8/1939, nommé le 29/1/1997, membre honoraire) annonce, avec "Création par évolution", le mariage de l'Évolution avec la foi moderniste, ce qui donne un évolutionnisme théiste adaptable à tout "progrès" ultérieur des sciences matérialistes, réputées inerrantes.

* Le biologiste grec Fotis C. Kafatos (né le 16/4/1940, nommé le 23/1/2003) nous parlera d'ADN et accessoirement du danger mortel du créationnisme sous le titre : "Modern life sciences and evolution".

* Madame Maxine F. Singer, biochimiste américaine (née le 15/2/1931, nommée le 9/6/1986), nous réchauffera le plat principal de la propagande avec la forme et la taille du bec des pinsons des Galapagos. La complexité irréductible est parfaitement comprise par les évolutionnistes, affirme-t-elle, éreintant au passage l'Intelligent Design. Elle lui reproche ce qu'on peut aussi reprocher à l'évolutionnisme matérialiste.

* Le neurologue américain Robert J. White (né le 21/1/1926, nommé le 29/3/1994, membre honoraire) ne craindra pas d'affirmer que "l’origine de l’espèce humaine (cerveau) nécessite une intervention divine".

Voilà qui est clair et fera de la peine aux évolutionnistes athées. Il faut espérer que le Congrès annoncé pour 2009 par Mgr Gianfranco Ravasi, président du Conseil pontifical de la Culture fera bien "se rencontrer science, théologie et philosophie, à propos des différentes théories de l’évolution".
Il faudrait cependant une rencontre ouverte, attachée non seulement à confronter ces théories, mais aussi à en examiner le présupposé.

L’évolution a toujours intéressé Benoît XVI : Il assista à un séminaire restreint les 2 et 3 septembre 2006, à Castelgandolfo, sur le thème Création et évolution. Cette rencontre était organisée par le Schülerkreis de Benoît XVI, c’est-à-dire le cercle de ses anciens élèves. Le cardinal Christoph Schönborn y participait également. Ce dernier avait été entraîné dans une querelle à la suite de son article paru dans le New York Times le 7 juillet 2005, où il avait écrit que « l’évolution au sens d’un ancêtre commun est peut-être vraie, mais l’évolution au sens néo-darwinien –un processus non guidé et non planifié de variation aléatoire et de sélection naturelle– ne l’est » [10].

L’Académie, la contraception et l’avortement

L'affaire "Humanæ Vitæ" montra l'incompétence notoire de l'Académie. Sans surprise, quand on constate la prédominance totale des sciences dures face aux sciences du vivant. Mais on ne peut pas demander l'impossible à des scientifiques, de plus non catholiques pour la plupart. C'est-à-dire leur demander d'être plus orthodoxes que l'écrasante majorité de cardinaux et des experts qui se déclarèrent en faveur de la contraception dès 1966, au grand dam de Paul VI, confronté à une réalité qu'il ne voulait pas voir. Paul VI passa courageusement outre et promulgua l'encyclique le 25 juillet 1968. Le sabotage épiscopal quasi-général qui s'en suivit, montra combien le mal avait progressé dans le monde occidental, via les élites cléricales et scientifiques. Cette culture de mort prenait cependant racine dans les erreurs évolutionnistes enseignées dans les séminaires dès 1920.
Les déboires de Paul VI dans ses consultations "d'experts" avant la rédaction de l‟encyclique "Humanæ Vitæ" amenèrent Jean-Paul II à fonder des Académies pontificales spécifiques [11]. L'APS fut ainsi dessaisie, sans scandale public, des questions de défense de la vie.

L’Académie et le Linceul de Turin.

Aucun des membres de l'APS n'a pris une position publique favorable à l'authenticité du Linceul de Turin. Le médecin brésilien Carlos Chagas (fils), président de 1973 à 1990, laissa l'initiative à des laboratoires extérieurs et au British Museum dans l'affaire de la datation au carbone 14 de 1988. Le dominicain Jean-Michel Maldamé, pour des raisons philosophiques et "pastorales" (ne pas tolérer de "triomphalisme" catholique), écrivit plusieurs articles hostiles à l'authenticité de cette relique et fut interrogé par la télévision.

La période chaude contemporaine

L'analyse des travaux de l’Académie Pontificale des Sciences montre que son chancelier, Mgr Fernando Sánchez Sorondo, semble avoir toujours refusé que les colloques de son Académie soient ouverts à d’autres sensibilités que celle du GIEC sur la question climatique :

• Un groupe de travail a été réuni à l’Académie pontificale des sciences autour de Mgr Sánchez Sorondo, du 2 au 4 avril 2011 et intitulé "Avenir des glaciers de montagne pendant l’Anthropocène". Il a été suivi d’une publication le 11 mai 2011. Toutefois, les questions portaient sur les conséquences des changements climatiques, en particulier sur les glaciers, plus que sur ses causes, anthropiques ou non. Par ailleurs, la liste des intervenants montrait qu’il s’agissait, pour l’essentiel, de représentants du GIEC, son président Rajendra K. Pachauri en tête, sans laisser la place à de véritables débats contradictoires sur les causes.

• Un colloque a été organisé du 2 au 6 mai 2014 par les deux Académies Pontificales des Sciences et des Sciences Sociales, intitulé « Humanité durable, nature durable : notre responsabilité ». Les vidéos officielles montrent un large spectre de sujets abordés : l’éthique sociale, l’éducation, les trafics humains, la solidarité avec les générations futures, les OGM, la démographie et les mégapoles, les disponibilités et besoins alimentaires, l’aspect océanographique, la déforestation, la biodiversité, le nucléaire, les nouvelles technologies… et, bien sûr, la question climatique. Les personnes qui ont fait des exposés, ou qui ont pris part aux débats climatiques, sont :

soit des académiciens comme
- Veerabhadran Ramanathan, professeur de sciences atmosphériques au San Diego Scripps Institution of Oceanography de l’université de Californie,
- Paul J. Crutzen, professeur au Max-Planck-Institute for Chemistry de Mainz,
- ou Partha Sarathi Dasgupta, Professor of Economics, University of Cambridge, auteur de « Pricing Climate Change » (Politics, Economics, & Philosophy, 2014)

soit des personnalités extérieures comme
- Dr Pablo Canziani, Physicien de l’atmosphère,
- Y.T. Lee, chercheur à l’académie chinoise de l’Institut des sciences atomiques et moléculaires de Taïpei (Taïwan),
- Martin Rees, professeur d’Astronomie à l’Université de Cambridge,
- ou Hans-Joachim Schellnhuber, fondateur du Potsdam Institute for Climate Impact Research (PIK) et membre du très malthusien Club de Rome.

• Un autre colloque sur "les dimensions morales du changement climatique" s’est tenu à l’Académie pontificale des sciences le 28 avril 2015 en partenariat avec le réseau SDSN des Nations Unies et le mouvement « Religions pour la paix ». Les intervenants étaient les mêmes que ceux du colloque de 2014. Tous sont des chercheurs qui ont collaboré directement ou indirectement aux travaux du GIEC. Aucun d’eux n’a évoqué, pendant les débats de ces colloques, ni le fort ralentissement du réchauffement depuis une quinzaine d’années, ni le fait qu’il soit reconnu par le GIEC sans, pour autant, qu’il ait pu le prévoir ou l’expliquer.

Faute, semble-t-il, d’un indispensable débat contradictoire entre des approches plurielles, il est logique que les communiqués qui ont suivi ces colloques aient retenu des assertions formelles telles que les suivantes :
- « L’utilisation massive des énergies fossiles, a un impact décisif sur la planète… Si les tendances actuelles se poursuivent, ce siècle connaîtra des changements climatiques sans précédents… L’utilisation massive d’énergie fossile qui est au coeur de notre système énergétique global perturbe le climat de la planète… Le réchauffement climatique et les événements climatiques extrêmes qui lui sont associés vont atteindre des niveaux sans précédents… » (Communiqué final du colloque de mai 2014)
- « L’action humaine, à travers l’usage des énergies fossiles, a un impact décisif sur la planète. Si les tendances actuelles se poursuivent, ce siècle assistera à un changement climatique sans précédent et à la destruction de l’écosystème qui aura de nombreux impact sur nous ». (Communiqué final du colloque d’avril 2015)
Or toutes ces assertions ne sont pas validées par les conclusions exposées dans cet ouvrage et n’ont jamais été débattues de manière contradictoire par l’Académie des Sciences.
On notera d’ailleurs avec intérêt que le Pr Werner Arber, prix Nobel et président de l’Académie Pontificale des Sciences, n’a signé aucun de ces deux communiqués. Il est regrettable qu’aucun observateur averti n’ait souligné ce point révélateur.

L'académie Pontificale des Sciences: une science militante?

Dans son discours lors de l'Assemblée plénière de l'Académie, le 28 novembre 2016, le Pape a dit:

"Jamais auparavant n'a été aussi clair le besoin que la science soit au service d'un nouvel équilibre écologique global...
Je dirais qu'il incombe aux scientifiques, qui travaillent sans intérêts politiques, économiques ni idéologiques, de développer un modèle culturel qui puisse faire face à la crise du changement climatique et ses conséquences sociales, pour que le potentiel énorme de productivité ne soit pas réservé seulement à quelques uns...
Il est maintenant devenu essentiel de créer, avec votre coopération, un système normatif qui inclut des limites inviolables et assure la protection d'écosystèmes
"

Il y a, semble-t-il une confusion, dans ce propos, entre science et technique. La science cherche à se mettre au service du savoir. La technique utilise la science au service du faire. On pourrait penser qu'une Académie des sciences a vocation à faire progresser le savoir et non à se mettre "au service" d'une cause, si éclairée soit-elle, à "développer un modèle culturel" ou  à "créer un système normatif".
Est-ce vraiment la pensée du Pape? Il est l'usage de certains mots qui semblent signer une plume extérieure qui évoque le sens de cet appel comme "un signe de grand soin pour la terre de mère". Le concept de la "terre-mère" est très panthéiste et n'appartient pas à la tradition chrétienne.
Très probablement, tout le discours du Pape a été rédigé par le Chancelier de l'Académie Pontificale des Sciences, Mgr Sorondo. 
Ce dernier éloigne de plus en plus l'Académie dans sa vocation de favoriser le dialogue scientifique "honnête et transparent" (Laudato si § 188), pour la transformer en une caisse de résonance des ONG et de l'ONU.

Conclusion

L'Académie Pontificale des Sciences était un exemple de ce qu'il fallait faire, mais des conceptions fausses de l'objectivité et de la neutralité scientifiques, issues de l'affaire Galilée, ont fait admettre en son sein des académiciens catholiques, non catholiques, athées, agnostiques qui ont complètement gauchi les objectifs originaux qui étaient : informer le Saint-Siège des avancées scientifiques, mais en gardant la prééminence de la théologie basée sur les deux sources de la Révélation [12].

L'absence de véritable controverse lors des récents colloques organisés par l'Académie est un très mauvais signe. Il semblerait que les académiciens aient emboîté le pas des scientistes matérialistes agitant le danger fondamentaliste chrétien ou musulman. L'envoi de « l‟Atlas de la Création », tomes 1 et 2, par le collectif turc Harun Yahya à des personnalités et institutions françaises a agi comme détonateur d'une campagne massive et bien orchestrée voyant l'alliance du libre-penseur et du prêtre face à l'ennemi commun. La question de la vérité des arguments et des preuves ne semble pas les intéresser outre mesure.
L'absence d‟une véritable théologie de la Création laissa la place à un évolutionnisme théiste obligé de concéder aux matérialistes le soin de mener leurs idées jusqu'à leurs conséquences extrêmes. Benoît XVI a vu le danger mais n'arrive pas à trancher dans le vif cette contradiction.

Plaidoyer pour le rattachement des questions écologiques à l'Académie pontificale pour la vie

Le 5 novembre 2016, de nouveaux statuts de l’Académie pontificale pour la vie ont été publiés, signés par le pape François le 18 octobre précédent. Ils  précisent la mission de l’Académie : étudier de façon interdisciplinaire les problèmes liés à la vie humaine ; former à une culture de la vie ; informer de façon claire et opportune sur les résultats les plus importants de ses activités d’étude et de recherche.
Le devoir de l’académie pour la vie est essentiellement « scientifique », établissent les nouveaux statuts. L’Académie doit maintenir "des contacts étroits avec les Instituts universitaires, les sociétés scientifiques et les centres de recherche" qui traitent des thèmes liés à la vie. L'écologie est un de ces thèmes.

Le conformisme de l'Académie Pontificale des Sciences en matière écologique mérite de se poser cette question: pourquoi ne pas rattacher les questions de théologie de la création, de théorie de l’évolution, d’OGM, de climatologie et d’écosystèmes... à l'Académie Pontificale pour la Vie?
En effet, comme le dit Dominique Tassot, ingénieur des Mines et docteur en philosophie, "Aujourd’hui, c’est donc la science qu’il faut démythiser, et les scientifiques sont mal placés pour entrevoir la tâche. Ne serait-ce pas alors aux théologiens, une fois dégrisés de leurs entrechats diplomatiques, qu’il reviendra de réaliser cette œuvre salutaire ? Il leur suffirait d’appliquer leur propre méthode, par ailleurs, assez facile à justifier aux yeux de la raison : celle qui impose de définir ce dont on traite" (cf Le Cep n° 44. 3ème trimestre 2008, p. 11).

 


[1] Ce poste d’avocat, instauré dans le droit canon en 1587 sous Sixte V, a perduré jusqu’en 1983, date à laquelle Jean-Paul II a allégé les procédures de canonisation et supprimé cette fonction dans la nouvelle constitution apostolique Divinus Perfectionis Magister. Dans le cours de la procédure intervient, malgré tout, le promoteur de la foi, sorte d'avocat général dont la mission est de ne rien laisser dans l'ombre de la vie du serviteur de Dieu, y compris tout ce qui pourrait être défavorable à sa cause (d'où l'appellation d' "avocat du diable " qui lui est toujours familièrement donnée)

[2] La "profession de foi du CEP s'intitule "Pour une vision du monde inspirée de la Révélation".
"Cloisonnés dans leurs discipline et bridés par leurs théories, les hommes de science parviennent souvent mal à entrevoir le sens de leurs recherches. De plus en plus, c’est de sens que le monde a besoin en ce début de millénaire, anxieux qu’il est de savoir où le mènent des découvertes toujours plus perfectionnées et plus dangereuses. Le sens seul permet de s’élever jusqu’à la contemplation d’un ordre intégrant toutes les vérités, lesquelles se tiennent et s’appellent mutuellement.
De même que l’ingénieur connaît le mieux le fonctionnement de l’objet qu’il a conçu, ainsi qui est le plus à même de nous renseigner sur l’Univers, sur son contenu et sur la loi qui le régit, sinon son créateur ? En imposant d’étudier la nature, les sociétés et leur histoire comme si Dieu n’existait pas, un laïcisme mal compris a privé les chercheurs des lumières les plus hautes, donc les plus utiles en définitive. Alors que des hypothèses extravagantes ont droit de cité, on refuse d’office, avant même de les examiner, les précieuses indications laissées par l’Esprit Saint dans le texte le plus vénéré de l’histoire humaine.
Il y a là un préjugé aussi antiscientifique dans son fondement que stérilisant pour la science elle-même et dévalorisant pour la Religion.
Le C.E.P. se propose, tout à l’inverse, de coordonner les différentes sciences, considérées sans oeillères idéologiques réductrices, mais de le faire à la lumière des vérités révélées, afin de rétablir ainsi un pont nécessaire entre la Science et la Foi".

[3] En théologie chrétienne, l’inerrance biblique (ou simplement inerrance) est une position doctrinale dont la croyance est que la Bible ne comporte aucune erreur dans sa forme originelle (manuscrits d'origine), tant en ce qui concerne la foi et la vie du croyant, qu'au sujet de l'authenticité du texte et des détails scientifiques, historiques et géographiques (concordisme).

[4] Extraits de l’encyclique Humani Generis du pape Pie XII (12 août 1950). [titres ajoutés et phrases soulignées en gras par les soins du CEP]

Commentaires préliminaires
1) L’extrait A souligne qu'en 1950 les "preuves" de l'Évolution n‟étaient pas irréfutables. En 2008, on peut affirmer que les objections létales à cette théorie se sont multipliées. Le nombre de scientifiques de tous horizons, de tous pays, croyants et non croyants, mais adversaires de l‟Évolution, ne cesse de croître. Cette tendance est totalement ignorée ou niée par les évolutionnistes, ou attribuée à des groupuscules « intégristes » et « fondamentalistes » ultra-minoritaires. Une telle position deviendrait rapidement intenable si un débat loyal était accepté et mis en place. La « théorie » ne résiste que par la désinformation et le mensonge, dans un véritable terrorisme intellectuel qui s‟étale principalement dans les publications de vulgarisation scientifique.
L'exemple le plus frappant est le recours systématique que font les évolutionnistes à des exemples de sélection au sein d'une même espèce (quelquefois appelée improprement micro-évolution) pour ensuite extrapoler et prétendre que les mêmes mécanismes expliquent le passage d'une espèce à une autre (improprement appelé macro-évolution). Le becs des pinsons des Galapagos, les phalènes du bouleau, les drosophiles irradiées, les bactéries de toutes sortes, etc., ne sont nullement des preuves de l'Évolution.
Notons que Pie XII, grand spécialiste du communisme, fit le lien entre cette idéologie et la théorie de l‟Évolution. Les liens sont aussi évidents avec la « culture de mort » prônant la perversion des mœurs, l‟eugénisme, les manipulations génétiques, l‟avortement et l‟euthanasie (voir dans Le Cep n°6 : Haeckel démasqué).
2) L’extrait B, traite de l‟inerrance biblique et donne un démenti cinglant à ceux qui prétendent qu‟elle ne s'applique qu'en matière de foi et de mœurs, proposition déjà condamnée par Léon XIII et saint Pie X. D'ailleurs les propos du pape sont très logiques : cette restriction avait été inventée et enseignée par des clercs paralysés par le respect humain et soucieux d'éviter tout conflit avec la « science » (ce que l‟on peut nommer « le syndrome Galilée »).
Mais faisons preuve de bon sens et posons-nous la question : quelle activité humaine peut prétendre se situer dans une sphère inaccessible et neutre en matière de foi et de mœurs ?
3) L’extrait C traite plus particulièrement des sciences positives. C'est dans ce passage que les évolutionnistes extraient une seule phrase pour asseoir leur prétention que l'Eglise ne nous interdit pas de croire à l‟Évolution et laisser entendre que Pie XII aurait admis l‟Évolution. Les garde-fous et conditions posés par Pie XII sont passés sous silence.

EXTRAIT A : Les théories de l’Évolution ne sont pas prouvées.
« Quiconque observe attentivement ceux qui sont hors du bercail du Christ découvre sans peine les principales voies sur lesquelles se sont engagés un grand nombre de savants. En effet, c'est bien eux qui prétendent que le système dit de l'Évolution s'applique à l'origine de toutes les choses; or, les preuves de ce système ne sont pas irréfutables même dans le champ limité des sciences naturelles. Ils l'admettent pourtant sans prudence aucune, sans discernement et on les entend qui professent, avec complaisance et non sans audace, le postulat moniste et panthéiste d'un unique tout fatalement soumis à l'Évolution continue. Or, très précisément, c'est de ce postulat que se servent les partisans du communisme pour faire triompher et propager leur matérialisme dialectique dans le but d'arracher des âmes toute idée de Dieu. » (fin de citation de l’extrait A).

EXTRAIT B : Inerrance biblique intégrale
« Mais pour en revenir aux systèmes nouveaux auxquels nous avons touché plus haut, il y a certains points que quelques uns proposent ou qu'ils distillent, pour ainsi dire, dans les esprits, qui tournent au détriment de l'autorité divine de la Sainte Écriture.
Ainsi on a audacieusement perverti le sens de la définition du Concile du Vatican sur Dieu, auteur de la Sainte Écriture; et la théorie qui n'admet l'inerrance des Lettres sacrées que là où elles enseignent Dieu, la morale et la religion, on la professe en la renouvelant, bien qu'elle ait été plusieurs fois condamnée. Bien plus, de la façon la plus incorrecte, on nous parle d'un sens humain des Livres Saints, sous lequel se cacherait le sens divin, le seul, nous dit-on, qui serait infaillible. Dans l'interprétation de la Sainte Écriture, on s'interdit de tenir compte de l'analogie de la foi et de la Tradition ecclésiastique. En conséquence, c'est la doctrine des Saints Pères et du magistère sacré qui devrait être ramenée, pour ainsi dire, à la juste balance de l'Écriture et de l'Écriture telle qu'elle est expliquée par des exégètes qui ne font appel qu'à la lumière de la raison; et, partant, ce n'est plus la Sainte Écriture qu'il faudrait expliquer selon la pensée de l'Église que le Christ institua gardienne et interprète de tout le dépôt de la Vérité divinement révélée.
En outre, le sens littéral de la Sainte Écriture et son explication faite laborieusement, sous le contrôle de l'Église, par tant d'exégètes de si grande valeur doivent céder, d'après les inventions qui plaisent aux novateurs, à une exégèse nouvelle, dite symbolique et spirituelle; et ainsi seulement, les Livres Saints de l'Ancien Testament, qui seraient aujourd'hui encore ignorés dans l'Église, comme une source qu'on aurait enclose, seraient enfin ouverts à tous. Ils assurent que toutes les difficultés, par ce moyen, s'évanouiront, qui ne paralysent que ceux-là qui se tiennent attachés au sens littéral de la Bible. » (fin de citation de l’extrait B)
Commentaire : Dans ces quelques lignes Pie XII cerne parfaitement l’erreur des exégètes modernistes.
Les modernistes, pour enlever toute portée à ces déclarations papales, ont présenté Pie XII comme un conservateur en retard sur son temps. Cette calomnie a été largement propagée en France dans les milieux cléricaux et les séminaires diocésains, passablement influencés par la dialectique marxiste.

EXTRAIT C : Recherches et débats permis, mais soumission au jugement de l’Église.
«Il nous reste à dire un mot des sciences qu'on dit positives, mais qui sont plus ou moins connexes avec les vérités de la foi chrétienne. Nombreux sont ceux qui demandent avec instance que la religion catholique tienne le plus grand compte de ces disciplines. Et cela est assurément louable lorsqu'il s'agit de faits réellement démontrés; mais cela ne doit être accepté qu'avec précaution, dès qu'il s'agit bien plutôt d' "hypothèses" qui, même si elles trouvent quelque appui dans la science humaine, touchent à la doctrine contenue dans la Sainte Écriture et la Tradition. Dans le cas où de telles vues conjecturales s'opposeraient directement ou indirectement à la doctrine révélée par Dieu, une requête de ce genre ne pourrait absolument pas être admise.
C'est pourquoi le magistère de l'Église n'interdit pas que la doctrine de l' " évolution ", dans la mesure où elle recherche l'origine du corps humain à partir d'une matière déjà existante et vivante - car la foi catholique nous ordonne de maintenir la création immédiate des âmes par Dieu - soit l'objet, dans l'état actuel des sciences et de la théologie d'enquêtes et de débats entre les savants de l'un et de l'autre partis : il faut pourtant que les raisons de chaque opinion, celle des partisans comme celle des adversaires, soient pesées et jugées avec le sérieux, la modération et la retenue qui s'imposent; à cette condition que tous soient prêts à se soumettre au jugement de l'Église à qui le mandat a été confié par le Christ d'interpréter avec autorité les Saintes Ecritures et de protéger les dogmes de la foi (11). Cette liberté de discussion, certains cependant la violent trop témérairement : ne se comportent-ils pas comme si l'origine  du corps humain à partir d'une matière déjà existante et vivante était à cette heure absolument certaine et pleinement démontrée par les indices jusqu'ici découverts et par ce que le raisonnement en a déduit; et comme si rien dans les sources de la révélation divine n'imposait sur ce point la plus grande prudence et la plus grande modération.  (11) Cf. Allocut. Pont. ad membra Academiæ Scientiarum, 30 nov. 1941 ; A. S. S., vol. XXXIII, p. 506". (fin de citation de l’extrait C).

[5] NdA : ces qualificatifs sont utilisés dans la suite du texte pour les personnes qui se sont déclarées publiquement telles (exemple, le physicien anglais Stephen W. Hawking se déclare athée, alors qu‟il est plutôt déiste).

[6] http://www.vatican.va/roman_curia/pontifical_academies/acdscien/2008/BOOKLET_10.pdf

[7] NdA : vous avez compris ? Non ? Ce n‟est pas grave, Eschenmoser non plus…

[8] NdA : ou 10, ou bien 18 voire 25 milliards, selon la dernière valeur à la mode de la « variable » de Hubble.

[9] Papabile, face à Ratzinger ; partisan d‟une relativisation de la morale catholique en matière de contraception, d‟avortement et de lutte anti- SIDA.

[10] On dispose de quelques séries de fossiles qui permettent de penser à une descendance nombreuse d'une même origine. Mais, comment expliquer cette merveilleuse diversité?

a) Charles Darwin a émis une théorie: l'évolution serait un phénomène fondé uniquement sur des mutations dues au hasard. Les individus qui ont bénéficié de certaines mutations ont pu être avantagés par cette sélection naturelle.
Par exemple, dans les îles des Galápagos, on a constaté des épisodes de sécheresse suivies par une raréfaction des graines molles. Parallèlement, on a observé chez certains oiseau (des pinsons) une augmentation de la taille du bec des pinsons leur permettant de briser la coquille des graines restantes, plus dures. Ils étaient "avantagés" par rapport aux autres. Ils ont "évolué" parce que cette qualité est devenue héréditaire.
Mais Darwin ne prouvait rien au niveau du mécanisme du changement évolutif. L'évolution est un fait évident, mais le darwinisme n'est qu'une des explications possibles de ce fait.
Or, une théorie est intéressante par ce qu'elle pourrait expliquer. Mais elle l'est encore plus par ce qu'elle n'explique pas. La curiosité de l'homme le pousse alors à approfondir.
Certes, le Darwinisme a permis d'expliquer des milliers de choses, comme, par exemple, la résistance des bactéries aux antibiotiques. Mais il n'explique pas:
- pourquoi, par exemple, on retrouve les mêmes structures en hélice à la fois dans la coque de l'escargot et les cornes du bélier, alors que les deux espèces pourraient être réunies par un ancêtre qui est dépourvu de cette structure.
- pourquoi la vie s'est-elle développée dans le sens de la complexité croissante. Les mathématiciens reconnaissent que ce degré de complexité dépasse de loin la capacité de ce que peut faire un simple hasard génétique. Ils démontrent qu'il n'y aurait jamais eu assez de temps depuis l'origine de la terre pour aboutir à l'homme par une sélection fonctionnant par processus d'essais corrigeant des erreurs. Tout se passe comme si une loi d'optimisation était intégrée dans le modèle vital.
- pourquoi le hasard n'a-t-il jamais reconstruit un reptile à partir d'un mammifère?
- pourquoi un poisson comme le "coelacanthe" n'a-t-il jamais évolué depuis 350 millions d'années ? On en a péché par hasard en 1938 près de Madagascar. Il est considéré comme un fossile vivant, parce qu'il a le poumon des animaux terrestres et les branchies d'un poisson, traces des premiers poissons sortant des eaux pour atteindre le sol terrestre.
- pourquoi certaines mouches, très sensibles aux mutations, n'ont-elles pas évoluées pendant des dizaines de millions d'années? Serait-ce que la capacité à "muter" serait différente de la capacité à "évoluer"?
- pourquoi l'oeil de certaines pieuvres et celui de l'homme ont des structures proches, alors que leur ancêtre commun n'avait pas d'oeil ? Comment le hasard pur aurait-il pu se répéter à un tel niveau de complexité.

b) Cent ans après Darwin, un biochimiste belge, Christian de Duve, a expliqué que le hasard pouvait être canalisé par une structuration des lois physiques et biologiques dont la découverte n'est pas encore achevée. Avec bien d'autres biologistes, il estime qu'il y aurait des trajectoires évolutives vers des formes cohérentes et viables.
On objecte que l'existence d'un but inscrit dans la vie relève de la philosophie, voire de la religion, mais non de la science. Certes, mais ce n'est pas parce qu'un phénomène est déterminé que cela implique qu'une intelligence soit à l'origine du processus. Ce n'est pas parce qu'il ne s'explique pas qu'il n'existe pas.
Il faudrait un Einstein de la biologie pour comprendre ces concepts nouveaux.

[11]  NdA : L’Académie Pontificale pour la Vie a été fondée par J-P. II le 11 février 1994 (motu proprio « Vitæ Mysterium ») pour dessaisir l’APS des questions morales concernant la contraception, l’avortement, les manipulations génétiques et l’euthanasie. Son premier président fut le professeur Jerôme Lejeune, décédé peu après, en avril 1994. Elle compte 51 membres et 72 correspondants. Elle est à l’origine de nombreuses études sur l’effet abortif des pilules, de la recherche sur cellules-souche adultes, de l’opposition argumentée à la contraception, l’avortement, les manipulations génétiques et l’euthanasie.
L‟Académie Pontificale des Sciences Sociales créée le 1/1/1994 (motu proprio Socialum Scientiarum), compte 31 membres et compense la faiblesse de l‟APS dans les domaines sociologiques et éthiques.

[12] Constitution dogmatique Dei Verbum du 18 nov 1965 (Concile Vatican II).