Dans son célèbre texte « De l'esclavage des nègres », extrait de « De l'Esprit des Lois », Montesquieu fait, avec ironie, un réquisitoire implacable contre l’esclavage. "Si j’avais à soutenir le droit que nous avons eu de rendre les nègres esclaves, voici ce que je dirais...", se proposait-il. Parmi les arguments avancés, Montesquieu disait que "ceux dont il s’agit sont noirs depuis les pieds jusqu’à la tête ; et ils ont le nez si écrasé qu’il est presque impossible de les plaindre" [1] ou bien que "le sucre serait trop cher, si l'on ne faisait travailler la plante qui le produit par des esclaves"»[2] . 
Le problème, comme l’a bien montré Odile Tobner, agrégée des Lettres dans son essai Du racisme français, c’est que rien ne prouve – hormis l’autorité de MM. Lagarde et Michard – que cette page soit entièrement ironique.
Imaginons que Montesquieu revienne. Que penserait-on de pages qu’il pourrait très bien écrire : « Si j’avais à soutenir le Giec dans ses explications de la cause humaine de la période chaude contemporaine, voici ce que je dirais : de toutes façons, la cause est entendue puisque nous avons reçu mission de "comprendre les fondements scientifiques des risques liés au changement climatique d'origine humaine" (Cf: Principes de gouvernance Giec-§ 2). L’effet de l’activité solaire ne peut donc pas être supérieur à l’ "origine humaine" (sic).

Nous donnons dix autres raisons qui nous permettent de répondre à cette question  : Montesquieu serait-il climato-sceptique ? 

Commentaire "les2ailes.com"

Montesquieu savait évoquer des arguments précis et faisant preuve de finesse. Il les présentait sous formes d'antiphrases ironiques et de questions rhétoriques absurdes ou décalées, avec des références littéraires historiques, culturelles souvent habilement suggérées.
A l'évidence, Montesquieu pourrait écrire ce texte aujourd'hui:

  1. « Si j’avais à soutenir le Giec dans ses explications de la cause humaine de la période chaude contemporaine, voici ce que je dirais : de toutes façons, la cause est entendue puisque nous avons reçu mission de "comprendre les fondements scientifiques des risques liés au changement climatique d'origine humaine" (Cf: Principes de gouvernance Giec-§ 2). L’effet de l’activité solaire ne peut donc pas être supérieur à l’ "origine humaine" (sic).
  1. Si j’avais à soutenir le Giec dans ses explications de la cause humaine de la période chaude contemporaine, voici ce que je dirais : il n’est pas utile de remonter à Socrate qui défendait l’autorité des arguments. Aujourd’hui, ce qui importe, c’est l’argument d’autorité : le Giec est composé de milliers de scientifiques qui sont d’accord. Cela suffit !
  1. Si j’avais à soutenir le Giec dans ses explications de la cause humaine de la période chaude contemporaine, voici ce que je dirais : l'important n'est pas la raison de notre agir, mais la nécessité d'agir. C'est pourquoi il faut savoir faire peur et mentir pour les bonnes causes comme celles du climat. De la même manière qu'il y avait au XVIII° siècle un "despotisme éclairé" défendu par Voltaire dans « Zadig », il faut aujourd'hui ne pas craindre le "catastrophisme éclairé". Stephen H. Schneider, un des rédacteurs du troisième rapport du groupe II du GIEC faisait cette recommandation en disant: " Nous devons proposer des scénarios effrayants, faire des déclarations simplifiées et dramatiques et faire peu de cas des doutes que nous pourrions avoir" (Wikipedia)
  1. Si j’avais à soutenir le Giec dans ses explications de la cause humaine de la période chaude contemporaine, voici ce que je dirais : La priorité est d’obtenir le consensus sur la cause humaine. L’important n’est pas le contenu des arguments, mais de mettre en place des procédures de consensus, dans des "lieux de consensus" comme les "conférences de consensus" que sont les  COP21, 22, 23 etc… Qu’importe le contenu de l’accord pourvu qu’on ait le consensus.  Alfred de Musset disait bien : « qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse » (La Coupe et les lèvres - 1831). Aux fins de l'obtention du consensus,  il faut éliminer les opposants en les accusant d'être diviseurs. D’ailleurs, l’ONU nous a donné mission de « travailler par consensus » (communiqué Giec n° 2015/19).
  1. Si j’avais à soutenir le Giec dans ses explications de la cause humaine de la période chaude contemporaine, voici ce que je dirais : il est légitime de se limiter à 150 ans d'observations (Giec AR5, Chap. 10,  Fig. 10.1, p. 107. Il est en effet inutile de remonter à 1000 ans pour expliquer les causes de la période chaude médiévale, ou la petite période glaciaire qui a causé la Bérésina. Tout cela est de la vieille histoire qui ne permet pas de prouver que l’augmentation de CO2 est la cause du réchauffement récent.
  1. Si j’avais à soutenir le Giec dans ses explications de la cause humaine de la période chaude contemporaine, voici ce que j'affirmerais : A priori, la probabilité est de 95% que le réchauffement soit d’origine humaine. Il est inutile de fournir un calcul puisque il s’agit d’une probabilité non calculée et subjective et que « les probabilités "Objectives" et "Subjectives" ne sont pas toujours explicitement distinguées » (Giec AR5 GT2, § 2.6.2). Ce qui compte, c’est notre intime conviction et non les calculs.
  1. Si j’avais à soutenir le Giec dans ses explications de la cause humaine de la période chaude contemporaine, voici ce que je dirais : notre méthode de « détection/attribution », consiste à détecter l’effet température, et l’attribuer à la cause humaine. S’il le faut, je m’appuierais sur un effet comme El Nino pour le transformer en une cause. D’ailleurs, la "détection attribution" « n’exige pas que chaque aspect de la réponse à une cause soit correctement simulé » (Giec- AR5- chap2.1). Pour nous : qu’importe les causes et les effets, pourvu qu’on ait une simulation sur ordinateur.
  1. Si j’avais à soutenir le Giec dans ses explications de la cause humaine de la période chaude contemporaine, voici ce que je dirais : Les « planètes numériques» de nos modèles sont élaborés dans "des conditions de ciel clair … car l'introduction de nuages compliquerait grandement les objectifs de la recherche" (Giec WGI-AR5_WGI 8.3.1). Puisque notre mission est de prouver la cause humaine, il ne faudrait pas que les nuages deviennent une cause de variations climatique. De toutes façons, toute « complexité ajoutée, bien que destinée à améliorer certains aspects du climat simulé, introduit aussi de nouvelles sources d’erreur possible » (Giec, AR5, chap 9 FAQ, p.82).
  1. Si j’avais à soutenir le Giec dans ses explications de la cause humaine de la période chaude contemporaine, voici ce que je dirais : il faut avoir confiance dans nos « modèles de connaissance»[3] (AR5, Chap 7), même si, quand il s’agit des nuages, notre « compréhension est pauvre » (p.13), nous sommes conscient de l’« importante faiblesse dans la compréhension actuelle » (p. 29), et les « besoin d’explication » (p. 30), ou d’« erreur possible dans le modèle » (p. 22)
  1. Si j’avais à soutenir le Giec dans ses explications de la cause humaine de la période chaude contemporaine, voici ce que je dirais : Il est inutile de faire état de nos erreurs de prévisions passées. En effet nous avons des difficultés à expliquer les raisons de la panne du réchauffement observée depuis 15 ans  et  «la différence de tendance entre les modèles et les observations durant 1998-2012 ». Il est probable que ceci soit dû à «  une surestimation par certains modèles de la réponse à l’augmentation des gaz à effet de serre ». (Giec -WG1-AR5 - Chap 9  p. 743).
  1. Si j’avais à soutenir le Giec dans ses explications de la cause humaine de la période chaude contemporaine, voici ce que je dirais : Nous ne sommes plus à l'époque où certains dominicains géo-centristes se moquait des jésuites convaincus de la thèse de Galilée. Aujourd'hui, ce sont les hélio-centristes climatiques qui sont ridicules. Il faut défendre les géo-centristes climatiques et traiter les hélio-centristes de négationnistes, comme ceux qui nient l’existence des crimes commis par Hitler.

 

[1] Texte de Montesquieu: De l’esprit des Lois, XV, 5 (1748) 
"Si j’avais à soutenir le droit que nous avons eu de rendre les nègres esclaves, voici ce que je dirais :
- Les peuples d'Europe ayant exterminé ceux de l'Amérique, ils ont dû mettre en esclavage ceux de l'Afrique, pour s’en servir à défricher tant de terres.
- Le sucre serait trop cher, si l'on ne faisait travailler la plante qui le produit par des esclaves.
- Ceux dont il s'agit sont noirs depuis les pieds jusqu'à la tête ; et ils ont le nez si écrasé qu'il est presque impossible de les plaindre.
- On ne peut se mettre dans l'esprit que Dieu, qui est un être très sage, ait mis une âme, surtout bonne, dans un corps tout noir.
- Il est si naturel de penser que c’est la couleur qui constitue l'essence de l’ humanité, que les peuples d'Asie, qui font les eunuques, privent toujours les noirs du rapport qu'ils ont avec nous d'une façon plus marquée.
- On peut juger de la couleur de la peau par celle des cheveux, qui, chez les Égyptiens, les meilleurs philosophes du monde, étaient d'une si grande conséquence, qu'ils faisaient mourir tous les hommes roux qui leur tombaient entre les mains.
- Une preuve que les nègres n'ont pas le sens commun, c'est qu'ils font plus de cas d'un collier de verre que de l'or, qui, chez les nations policées, est d'une si grande conséquence.
- Il est impossible que nous supposions que ces gens-là soient des hommes ; parce que, si nous les supposions des hommes, on commencerait à croire que nous ne sommes pas nous-mêmes chrétiens.
- De petits esprits exagèrent trop l'injustice que l'on fait aux Africains. Car, si elle était telle, qu'ils le disent, ne serait-il pas venu dans la tête des princes d'Europe, qui font entre eux tant de conventions inutiles, d'en faire une générale en faveur de la miséricorde et de la pité ?" (Montesquieu)

[2] C'est le type d'argument utilisé par le site "Anarchrisme", probablement sous la plume de Jacques de Guillebon, discréditant Stanislas de Larminat pour sa sensibilité écologique et son expertise agricole au motif qu'il les aurait "développées tout au long d'une brillante carrière dans le grand groupe de l’agro-industrie Saint-Louis-Sucre, ... industrie sucrière déjà en elle-même tragique,..  intimement liée au colonialisme... dont la production... a fortement contribué, il y a moins de trois siècles, à la mise en esclavage des Noirs d’Afrique par centaines de milliers". Il est donc vrai que si on est esclavagiste, on n'a plus qu'un droit, celui de se taire!

[3] Knowledge-based model