Église Klosterkirche Fussen Bavière

Laudato si est une encyclique d’espérance. Malheureusement, elle est souvent mal interprétée par un militantisme chrétien qui en fait une mauvaise lecture, en particulier du 1er paragraphe sur l’état de la maison commune. Le pape explique qu’il se fonde sur le consensus climatique. Mais, le Pape François n’est pas dupe. Il connait les limites des consensus : « Une menace parcourt le monde, écrivait-il en 2013, celle de la "mondialisation de l’uniformité hégémonique" caractérisée par la "pensée unique"». Benoit XVI disait que « le consensus de la majorité devient le dernier mot auquel nous devons obéir. Et ce consensus … peut également être un "consensus du mal" ». … On pourrait ajouter un « "consensus du mensonge" » !
En sciences, en appeler au consensus n’est qu’un argument d’autorité qui n’apporte aucune autorité aux arguments.
Le Pape est d’autant moins dupe qu’il répète deux fois que « l'Église n’a pas à prendre parti sur ces sujets ; j’appelle à un débat honnête et transparent » (Laudato si § 61 et 188). Dans la mesure où l’écologie est un signe des temps, l'Église doit donc s’ouvrir au dialogue contradictoire si elle veut remplir sa mission de discernement. Et comment un débat peut-il être honnête sans être contradictoire et transparent s’il n’est pas public. On ne peut en rester à des discussions d’alcôves.
Faire ce constat n’est pas une remise en cause de l'Église. Elle est notre mère et nul ne peut se passer de sa mère, même si elle n’est pas parfaite. Elle est sainte tout en étant traversée par les fléaux de son temps… comme chacun de nous l'est d’ailleurs. Quels fléaux ?

Analyse « les2ailes.com »

  • L'Église, comme la société, a été victime du dieu argent… Elle a dû réagir avec des encycliques condamnant « le détestable commerce, dans la célébration des messes » (Benoit XIV en  1741 « Pro eximia tua ») et condamnant « l’avarice du clergé » (Clément 14 en 1769 « Decet quam maxime »). Point besoin d’un long examen de conscience pour reconnaître que chacun de nous est victime du Dieu argent.
  • L'Église, comme la société, a été victime des idées des Lumières… Chacun de nous n’est-il pas pétri, lui aussi, de ces philosophies qui nous ont été enseignées dans nos lycées ?
    Pourtant l'Église a dû réagir contre « ces menteurs savants qui  ….ouvrent les yeux vers une fausse lumière qui fait plus de mal que les ténèbres mêmes ».  (« Inscrutabili divinae sapientiae » Pie VI 1775).
  • L'Église, avec sa théologie de la libération, a flirté, comme la société, avec le communisme. Pourtant, des encycliques avaient mis en garde contre une idéologie qui « renferme une idée de fausse rédemption » (Pie XI  « Divini Redemptoris » 1937). Examinons si chacun de nous n’est pas traversé par les rêves de programmes politiques ou associatifs promettant de fausses rédemptions.
  • L'Église, comme la société, use et abuse des « mots de "liberté" et de "prospérité publique"».
    Sans appartenir à des loges, ne sommes-nous pas pétris de cette sémantique relevant de philosophies humanistes, voire transe-humanistes  qui  rêvent d’une raison humaine « maîtresse et souveraine ». C’est ce contre quoi une encyclique (Léon 13 « Humanum Genus » 1884) nous a mis en garde à propos du relativisme philosophique et moral de la franc-maçonnerie dont les membres « jouent le personnage d'amis des lettres ou de philosophes réunis ensemble pour cultiver les sciences. Ils ne parlent que de leur zèle pour les progrès de la civilisation, de leur amour pour le pauvre peuple ». Léon 13 appelait à ne pas se laisser « tromper par de fausses apparences d'honnêteté » et regrettait « l'imprudente légèreté de ceux qui auraient eu cependant l'intérêt le plus direct à la surveiller attentivement ».
  • Plus récemment, en 1968, la société s’est laissée imprégner par l’obsession du sexe. S’il est un fléau qui nous traverse c’est bien celui de la concupiscence. Il a fallu une encyclique prophétique pour nous mettre en garde. (Humanae vitae, Paul VI, 1970) Mais, la pastorale, influencée par la société, a eu peur de l’expliquer. Peut-être n’aurions-nous pas eu l’avortement, le mariage pour tous, la PMA si nous avions su être plus pédagogues et si chacun n’avait pas trouvé de bons alibis pour se révolter contre cette encyclique. L’Église aura probablement à faire acte de repentance pour ce déficit pastoral vis-à-vis de la culture de vie.
  • Avec Laudato si, nous sommes dans la même situation : Ce texte prophétique est devenu une justification pour les militants catastrophistes. Dans la pastorale écologique, il faut commencer par le message évangélique : « n’ayez pas peur… Soyez dans la joie ». Or, trop souvent,
    • dans le pire des cas, l'Église ne donne la parole à des collapsologues en mal d’effondrement général de la planète et de nos civilisations !
    • dans le meilleur des cas, elle fait appel à des personnalités de bonne volonté, engagées dans des réalisations fraternelles et spirituelles, convaincues que la frugalité est une vertu. Tout cela force l’admiration, mais ces personnalités se font indirectement l’écho du catastrophisme ambiant en faisant la promotion d’une sorte de frugalité par précaution pour sauver la planète !

Faut-il être grand devin pour prévoir que l’Église devra un jour faire acte de repentance pour une pastorale de vulgarisation de Laudato si qui aura collaboré avec l’ennemi qu’est la peur en refusant le débat contradictoire et en n’ayant recours qu’à une expertise partiale, partielle et catastrophiste.
Ce fléau de la collaboration avec la peur nous traverse chacun. Que faisons-nous pour développer une écologie de l’espérance auprès d’une jeunesse qui voit, dans le refus d’enfant, un éco-geste efficace pour sauver la planète ?

Conclusion

Inutile de vouloir convertir l’Église sans commencer par une conversion personnelle !