"Ils sont inconsistants, tous ces gens qui restent dans l’ignorance de Dieu : à partir de ce qu’ils voient de bon, ils n’ont pas été capables de connaître Celui qui est ; en examinant ses œuvres, ils n’ont pas reconnu l’Artisan. C’est le feu, le vent, la brise légère, la ronde des étoiles, la violence des flots, les luminaires du ciel gouvernant le cours du monde, qu’ils ont regardés comme des dieux... S’ils ont poussé la science à un degré tel qu’ils sont capables d’avoir une idée sur le cours éternel des choses, comment n’ont-ils pas découvert plus vite Celui qui en est le Maître ?" (Sagesse 13,1-9)
Les évêques réunis à Lourdes en novembre 2021, se sont saisis d’une réflexion reprenant la phrase de Laudato si : écouter « la clameur de la terre et la clameur des pauvres »,
Il y a dans ces deux expressions, une magnifique symbolique. Mais comme toute symbolique, elle nécessite une analyse équilibrée si on veut éviter deux confusions :
- Dans ces deux clameurs, « tout est lié», comme le dit Laudato si. Mais cette relation n’est pas une relation de cause à effet entre notre capacité d'écouter la clameur de la Terre et celle des pauvres. Ce n’est pas une « relation accessoire », comme la qualifient les philosophes. Dans l'expression "tout est lié", il s’agit, disent-ils, d’une « relation essentielle » c'est-à-dire d’une dépendance vitale, en l’occurrence dans Laudato si, de la créature vis-à-vis de son créateur.
- La création ne peut être considérée comme un simple objet. En effet, comme le dit Laudato si, « toute la réalité contient en son sein une marque proprement trinitaire» (LS § 239), il n’en demeure pas moins que considérer la terre comme un sujet capable de « clamer » son indignation serait risqué.
Essayons de voir en quoi. Nous nous appuierons, à dessein et à plusieurs reprises, sur deux conférences de carême intéressantes, données à Lyon les
Analyse : les2 ailes.com
1- La "clameur de la terre"
- Le caractère symbolique de l’expression
- Une clameur à ne pas confondre avec le cri des ONG ?
2- La clameur des pauvres
- Celle des pauvres en biens matériels
- Celle des pauvres en dons spirituels
1- La "clameur de la terre"
a. Le caractère symbolique de l’expression
Le dictionnaire Littré évoque l’origine du mot clameur : Ensemble de cris tumultueux, souvent de mécontentement, de réprobation… Le synonyme, cri, est le mot général mais la clameur le particularise. Le cri est la voix poussée avec effort, mais sans être nécessairement articulée. Un homme qui souffre beaucoup peut jeter des cris, mais non des clameurs. La clameur suppose toujours un sens et des paroles ; elle emporte l'idée de plainte, de demande, d'accusation, de réclamation, voire d'indignation.
Laudato si parle nous appelle à « écouter tant la clameur de la terre que la clameur des pauvres » (LS § 49).
L’encyclique reprend cette symbolique en parlant de « gémissements de sœur terre qui se joignent au gémissement des abandonnés du monde, dans une clameur exigeant de nous un changement de direction » (LS § 53).
Il y a dans cette symbolique une reprise de l’expression de « gémissement de la terre » présente chez Saint-Paul (Rm 8, 26-27) et dans la prière chrétienne de Saint-François d’Assise avec la création (Loué sois-tu, Seigneur...). Ce sont des expressions ayant une lourde charge symbolique.
Ainsi Benoît XVI parle de «l’Esprit saint qui prie en nous par des gémissements inexprimables pour nous amener à adhérer à Dieu de tout notre cœur et de tout notre être » (catéchèse, audience du 16.5.2012).
Le Père Cantalamessa, commentait St-Paul en disant que « En tant que telle, [cette création] n’est pas en mesure d’espérer subjectivement, mais Dieu a en tête un rachat pour elle ». Le P. Cantalamessa distingue donc l’« homme », qui a fauté, du reste de « la création » qui, sans faute de sa part, n’a pas la capacité subjective d’espérer. C’est pourquoi, ajoute-t-il, la responsabilité des chrétiens vis à vis du monde est de « manifester, dès maintenant, les signes de la liberté et de la gloire auquel tout l'univers est appelé, en souffrant avec espérance. La souffrance de la création n’est donc pas tant celle du monde matériel qui n’a pas de subjectivité, mais bien de celle de l’homme »[3].
Le caractère symbolique de cette expression « clameur de la terre » est donc d’emblée à souligner.
D’ailleurs, dans une belle conférence de carême à Lyon, le Père Michel Raquet a raison de recommander, en matière d’éducation, de développer chez les enfants, « à côté de la pensée discursive, la pensée symbolique, et ce qu’on appelle plus largement aujourd’hui l’intelligence émotionnelle » [4]. La parole de Dieu donne en effet une part importante à la symbolique.
Le Père Michel Raquet recourt à une autre expression symbolique de la Bible : « un cœur de chair et non un cœur de pierre » pour faire valoir l’idée que « la perception intellectuelle devient alors un ressenti, une émotion profonde »[5]. Certes, Il y a du vrai dans cette prédication, mais il faudrait éviter une forme de procès d’intention à celui qui attacherait de l’importance à l’analyse scientifique des faits : celui qui serait dissident quant au catastrophisme ambiant, aurait-il un cœur de pierre et non de chair ? Serait-il incapable "d’élargissement de sa conscience" une fois l’analyse avérée des faits ? Serait-il insensible à la clameur des pauvres ? Bien sûr que l’accès au réel demande bien plus que le recours à une simple rationalité. Le père Raquet a raison de dire que « le réel a une profondeur. Il est épais, il est complexe. Il doit se comprendre sur plusieurs plans et non sur le simple plan de la rationalité technicienne »[6].
À juste titre, Mgr de Moulins Beaufort, dans son introduction du mercredi 3 novembre 2021, à Lourdes a associé, comme objet de l’écoute de cette clameur, la terre et tout « ce vaste cosmos qui nous entoure et à travers lequel Dieu nous parle »[7]. Il renforce ainsi le caractère symbolique de cet appel à écouter la clameur de la terre, non pas en se culpabilisant, mais en contemplant le créateur de toute chose. Cet élargissement souligne un caractère symbolique de cette expression qui nous aide à nous « laisser toucher par le créateur, la création et ceux qui l’habitent », comme le souligne le Père Duffé[8]. Laudato si évoque d’ailleurs cette conviction que « tout le cosmos rend grâce à Dieu » (LS § 236).
b. Une clameur à ne pas confondre avec le cri des ONG ?
En effet, il y a un paradoxe à privilégier la sensibilité, tout en se faisant l’écho, dans les plus belles homélies sur la clameur de la Terre, des discours des ONG et des agences scientifiques internationales qui prédise un avenir catastrophique pour la terre : « le climat change depuis 20 ans, avec des conséquences de plus en plus visibles, que la biodiversité s’effondre aujourd’hui »[9]. Tous ces discours se fondent sur des affirmations prétendument scientifiques.
Il y a donc une forme de dialectique à vouloir opposer sensibilité et raison, par exemple quand Jacques Tassin dit que la sensibilité est une véritable voie de contact et de connaissance du réel que l’intelligence froide et conceptuelle ne remplace pas : « S’il fallait opposer le sensible à la raison, ce serait la distance à l’objet, car le sensible rapproche autant que la raison éloigne »[10]. Cette dialectique sert-elle à discréditer la raison quand les faits contredisent l’approche sensible dont rêve ceux qui se targuent de sensibilité ? Le caractère dialectique de cette opposition binaire entre sensibilité et raison ressort également du propos du Père Raquet : « si nous nous comportons mal, aujourd’hui avec la création, si nous avons du mal à changer notre façon d’être et nos priorités, c’est que nous manquons cruellement de sensibilité »[11]. Comme si, refuser certains éco-gestes inutiles relevait d’un « manque cruel de sensibilité ». Et si c’était, a contrario, une grande sensibilité à la clameur du pauvre qui pouvait amener à contester la manière dont nous recevons la clameur de la terre telle que certains idéologues veulent nous l’imposer ?
Le Père Raquet fait l’analyse suivante : « notre modernité, à laquelle nous participons, a dévalorisé petit à petit la sensibilité »[12]. Mais, peut-être la postmodernité a-t-elle dévalorisé la raison pour laisser la place à des sciences idéologiques et des discours politiques fondés sur l’émotion et la peur. Le Père Raquet ajoute le constat d’un « paradigme du sérieux et de l’efficace » [13] qui contribue à révéler « la un monde qui n’en peut plus, qui ne respire plus, un monde devenu irritable » [14]. Certes, l’efficacité n’est pas une valeur éthique première, comme le serait la dignité de l’homme, la solidarité, etc…. Une morale de l’utilité n’est pas toujours une bonne morale. Mais si l’efficacité respecte les valeurs supérieures, elle devient une nécessité qui, si on la méprise, deviendrait coupable et source de toutes sortes de gaspillages. Car il est des faits qui peuvent être contredits par la raison. Il est paradoxal de dénoncer « les limites du système des experts et la difficulté de les faire dialoguer »[15], mais en même temps, de commencer les réunions pastorales par des interventions d’experts qui mettent en exergue les théories consensuelles catastrophistes et de ne rien faire dans l'Église pour donner la parole à des dissidents climatiques et profondément chrétiens.
Pourtant, au plan scientifique, un déficit de raison nous ramènerait à un comportement ressemblant à celui des géo-centristes opposés à Galilée. Ils croyaient que le soleil tournait autour de la terre. Aujourd’hui, les « carbo-centristes » croient que la cause humaine du réchauffement climatique est une chose entendue. Le dernier rapport du Giec « AR6 » n’a pourtant pas répondu à deux questions essentielles :
- Pourquoi le Giec ne se fonde-t-il que sur 150 ans d’observations ? Seuls 1000 ans d'observations, reconstituées par la paléoclimatologie, peuvent expliquer les causes de la période chaude médiévale et du petit âge glaciaire.
- Où sont les calculs de probabilité dans les modèles du Giec ? On en reste à la déclaration du rapport AR5 qui « ne distingue pas explicitement les probabilités "Objectives" et "Subjectives" » !
On est confondu quand le Giec reconnait que "dans la recherche et la modélisation du climat, ... nous avons affaire à un système chaotique, et la prévision à long terme des futurs états climatiques n'est pas possible" et que leur modèle « n’exige ni n’implique que chaque aspect de la réponse au facteur causal en question soit correctement simulé» !
Il y a donc un paradoxe à dire dans une conférence de carême :« Ce n’est pas tout réduire à des calculs mathématiques et économiques voire politiques, ni cultiver d’ailleurs l’émotion pour l’émotion »[16], tout en se fondant sur le consensus de modèles mathématiques pour parler d’une « destruction de notre si belle planète » [17]!
Pourtant des milliers de publications attribuent la période chaude contemporaine à des variations d’activité solaire. Mais qu’importe, on se pose de moins en moins de questions. Galilée doit se retourner dans sa tombe !
Ne pas écouter un minimum sa raison pourrait bien nous rendre incapable d’entendre la clameur des pauvres :
2- La clameur des pauvres
a. Celle des pauvres en biens matériels
Sans un questionnement de la raison, qui entendra la clameur des africains qui nous interpellerons sur notre volonté de dé-carboner les économies, peut-être sans aucun fondement scientifique. Qui entendra la clameur de l’Afrique qui nous reprochera d’avoir ainsi rendu les pays pauvres encore plus pauvres en la privant, sans motif, d’une énergie abondante et bon marché, indispensable au développement.
Aujourd’hui, l’UE dépend à 80% des énergies fossiles. Après avoir dépensé 1000 milliards d’€ en 20 ans, en éolien et solaire, nous en sommes à 2,5%. Samuele Furfari, fonctionnaire européen pendant 36 ans à la DG Énergie de la Commission européenne, connaît les chiffres : En Afrique, la consommation est de 700 kg d’équivalent pétrole d’énergie/personne/an contre 3.300 Kg en Europe! 900 millions d’africains cuisinent avec des bouses animales séchées ou du bois vert, ou, si on est riche, avec du charbon de bois. Cela représente 60% de la consommation africaine d’énergie pour la cuisine dont 99% en Ouganda, à Madagascar ou au sud Soudan. En Europe, la consommation électrique est de 6100 kwh/habitant contre 530 en Afrique. 570 millions d’africains n’ont pas accès à l’électricité. Au Kenya, 65% des entreprises sont victimes de déclenchements de deux heures entre 4 et 14 fois par semaine.
Croit-on un instant que l’Afrique pourra se développer dans de telles conditions ? Ni l’éolien ni le solaire ne permettront de rattraper un tel retard. Et quand certains pays d’Afrique envisagent d’investir dans des barrages hydroélectriques, ou des centrales à charbon, les ONG et organisations financières s’insurgent au motif que ce serait contraire au « développement durable » !
Allons-nous entendre également cette clameur ? Ne nous méprenons pas : vouloir compenser ces stratégies économiques par des flux financiers destinés aux pays pauvres ne sera qu’un geste destiné à nous donner bonne conscience et une gigantesque hypocrisie : la France prétend déjà donner 12 milliards chaque année, alors qu’il s’agit de vieux flux accordés à travers l’Agence Française de Développement (AFD) qui ont été repeints à l’aune du climato-compatible. Entendrons-nous la clameur de la zambienne, Dambisa Moyo, qui dénonce une "aide fatale" qui encourage un cycle sans fin de corruption en Afrique.
Sans nier l’existence d’une pauvreté en Afrique et ailleurs, ces questionnements soulignent le risque de ne plus entendre la vraie « clameur des pauvres » si on accorder trop d’importance à une « clameur de la terre », « ou plutôt d’un cri des ONG » qui prétendent s’être appropriés cette capacité d’écoute.
b. Celle des pauvres en dons spirituels
Le Pape François disait le jeudi 25 juillet 2013, dans la Favella de Varginha (Manguinhos), lieu symbolique de la pauvreté s'il en est: "il est certainement nécessaire de donner du pain à celui qui a faim ; c’est un acte de justice. Mais il y a aussi une faim plus profonde, la faim d’un bonheur que seul Dieu peut rassasier. Faim de dignité. Il n’y a ni de véritable promotion du bien commun, ni de véritable développement de l’homme quand on ignore les piliers fondamentaux qui soutiennent une Nation, ses biens immatériels: la vie, qui est don de Dieu, valeur à préserver et à promouvoir toujours; la famille, fondement de la vie ensemble et remède contre l’effritement social; l’éducation intégrale, qui ne se réduit pas à une simple transmission d’informations dans le but de produire du profit; la santé, qui doit chercher le bien-être intégral de la personne, aussi dans sa dimension spirituelle, essentielle pour l’équilibre humain et pour une saine vie en commun; la sécurité, dans la conviction que la violence peut être vaincue seulement à partir du changement du cœur humain".
Saurons-nous également entendre la clameur de ceux qui recherchent le bien-être intégral de la personne dans sa dimension spirituelle ? La pauvreté spirituelle de nos contemporains en occident génère une clameur que nous ne savons plus entendre : suicide des jeunes, perte de sens au point de ne plus vouloir avoir d’enfants –souvent d’ailleurs au prétexte de sauver la planète-, dépressions nerveuses et consommation de drogues, etc…
Combien de jeunes ont-ils conscience du plan divin pour chacun d'eux ? Saint-Irénée dit que « Dieu s’est fait homme pour que l’homme devienne dieu ». Qui s’emploie à annoncer cette bonne nouvelle, nouvelle absolument incroyable ?
Conclusion
En ces temps où l'Église fait repentance de sa « responsabilité collective » dans les agressions sexuelles pratiquées par certains de ses prêtres, on est admiratif des déclarations de nos pasteurs, comme celle de Mgr Leborgne, vice-président de la conférence des évêques de France et évêque d'Arras. Sur radio Vatican le 9 novembre 2021 [18], Mgr Leborgne témoignait en écoutant à Lourdes les témoignages de victimes,de sa « peur de perdre ». Il se demandait « qu’est-ce que tu risques de perdre ? … Et tout d’un coup, en écoutant les victimes, leur besoin, leur cri, on n’a plus peur de se dire « mais qu’est-ce qu’on va faire et qu’est-ce qu’on risque? ». Cette écoute est profondément évangélique… À un moment, on nous a dit : « Mais est-ce que ce ne sont pas les medias qui vous stressent ? » Bien sûr, mais on est absolument convaincu que c’est le Seigneur qui nous appelle aujourd’hui ».
Monseigneur de Moulins Beaufort disait la même chose en parlant de la crédibilité de l’Eglise : « … La question n’est pas celle de l’image de l’Église et de sa crédibilité. Mon seul objectif est de restaurer la possibilité pour les gens de rencontrer le Christ… L’Église, en tant que telle n’est pas mon souci. … L’enjeu de demain, c’est que les hommes et les femmes autour de nous puissent de nouveau rencontrer le Christ. Ce qui compte n’est pas l’Église, c’est le Christ »[19].
On peut s’interroger si, dans quelques années, l'Église ne devra pas, sur la thématique de l’Écologie, toute proportion gardée bien sûr, faire repentance pour l’absence de libération de la parole en matière d’écologie. Nous acceptons, bien sûr le caractère disproportionné de cette comparaison tant les agressions sexuelles ont un caractère insupportable. Mais si l'Eglise a craint l'image qu'elle donnait, que penser aujourd'hui de son refus d’accepter le témoignage contradictoire de scientifiques dissidents qui ne partagent pas le consensus ambiant sur le catastrophisme planétaire ? De quoi l'Église a-t-elle peur ? De l’image qu’elle donnerait à organiser des débats contradictoires ? D’une pression des medias si Elle ne suivait pas aveuglément le consensus du monde en la matière ? La jeunesse d’aujourd’hui n’est-elle pas la grande victime de cette collaboration avec la peur qui la conduit consciemment ou inconsciemment à refuser d’avoir des enfants pour sauver la planète ? Car oui, les jeunes de 12 à 18 ans ont peur et ils en témoignent même dans les lettres qu’ils envoient à leur évêque pour demander la confirmation ! Attention à ce que l'Église, n’instrumentalise pas les jeunes dans les paroisses et les aumôneries, en insistant trop sur l’écoute de la « clameur de la Terre », comme pour se rassurer elle-même. L'Église-elle prête à écouter la « clameur des pauvres en spiritualité », plutôt que de collaborer avec une peur incompatible avec l’évangélisation. Ce sont les plus jeunes qui seront victimes de cette posture, souvent prise par souci de préserver l’image médiatique de l'Église.
L'auteur de cette chronique ne se sent "ni pur, ni pauvre, ni bon" pour dénoncer le péché de l'Eglise dans sa pastorale écologique qui collabore avec la peur. Il se permet de reprendre un extrait de l'homélie prononcée à Lourdes par Mgr André Dupuy le 7.11.2021. Il citait Carlo Carretto, disciple de Charles de Foucault, fondateur des petits frères de l'Evangile: « Église, combien tu es contestable et comble ien je t’aime ; combien tu m’as fait souffrir et combien je te suis redevable. Que de fois tu m’as scandalisé ; et pourtant tu m’as fait comprendre la sainteté … Non ce n’est pas mal de critiquer l'Église quand on l’aime ; c’est mal de la contester quand on se tient sur la touche comme des purs. Non ce n’est pas mal de dénoncer le péché et ses dépravations ; mais c’est mal de les attribuer seulement aux autres et de se croire innocents, pauvres et bons ! » [20]
Mgr Dupuy ajoutait que Carlo Carretto n'a "jamais couvert de silence ce qui devait être connu". Son authenticité séduisait Mgr Dupuy: "C'est au nom de l'authenticité que Jésus fustige hypochrisie du gratin religieux de Jérusalem... Dans un monde où la parole de Dieu est de moins en moins entendue, se laisser nourrir par elle reste le seul moyen de changer en eaux vives la mer morte qu'est devenue notre société. Pour nous chrétiens, c'est un devoir d'être authentique, d'avoir la passion et le courage de l'authenticité". Peut-on parler d'authenticité dans nos pastorales écologiques? Sommes nous sûrs que nos pastorales n'encombrent pas nos efforts pour faire entendre la parole de Dieu? Choisissons-nous l'authenticité en matière d'évangélisation ou la cohérence avec les discours du monde?
13 :42 à 14 :38) "Alors moi, personnellement, sans hésitation [je suis prêt à aller jusqu’au bout de la démarche]. Il y a eu comme une bascule : A un moment on voulait écouter les victimes. Je me suis rendu compte à un moment qu’inconsciemment, j’avais peur de perdre. J’écoutais, mais, en même temps, je me demandais, mais qu’est-ce que tu risques de perdre ? Et tout d’un coup, en écoutant les victimes, de leur besoin, de leur cri, on n’a plus peur de se dire « mais qu’est-ce qu’on va faire et qu’est-ce qu’on risque? ». Cette écoute est profondément évangélique. J’ai le sentiment qu’on veut tous aller jusqu’au bout. À un moment, on nous a dit : « Mais est-ce que ce ne sont pas les medias qui vous stressent ? » Bien sûr, mais on est absolument convaincu que c’est le Seigneur qui nous appelle aujourd’hui. C’est lui qui nous a poussés sur ce chemin et on ne peut pas faire demi-tour ».
[19] Interview de Mgr de Moulins-Beaufort, LeFigaro 9 novembre 2021 (page 13)
[20] Carlo Carretto, disciple de Charles de Foucault, fondateur des petits frères de l’Évangile : « J’ai cherché et j’ai trouvé », Paris, Cerf, 1983 p.159