"J'aime mieux être homme à paradoxes qu'homme à préjugés"
(Jean-Jacques Rousseau - Emile ou l'éducation, Liv. II)

L’expression « Chemin d’évangélisation » est utilisée par Benoit 16 dans son message pour la 46ème journée mondiale des communications sociales, du dimanche 20 mai 2012. Curieusement, il associe cette expression à deux mots Silence et Parole.
Que dit Benoit 16 ? Il observe que « … l'homme contemporain est souvent bombardé de réponses à des questions qu’il ne s’est jamais posées… [Le silence] peut être bien plus éloquent qu’une réponse hâtive et permettre à qui  s’interroge de descendre au plus profond de lui-même et de s'ouvrir à ce chemin de réponse que Dieu a inscrit dans le cœur de l'homme....  ».
Comment faire silence dans une démarche d’évangélisation  et de pastorale de l'écologie intégrale ?

Réflexion "les2ailes.com" 

 

  1. Accepter de faire l'expérience de l’étonnement.

La réponse à cette question pourrait commencer par cette phrase de Voltaire : « L’étonnement précède le silence ».
En matière d’écologie, une première approche peut consister à accepter d’écouter des scientifiques qui démontrent le rôle majeur du soleil dans la période chaude contemporaine.
Nous n’insisterons pas ici. Notre site s’y emploie souvent
- sur la détection et l'attribution, selon le Giec "la détection-attribution du Giec, une discipline subjective de circonstance" (Le giec avait prétendu, dans notre débat, que la détection-atribution, était une méthode identique à celle de l'identification des systèmes complexes…)
- Sur l'étude "Planetary Boundaries" que je conteste: "Malthus revient avec des "limites planétaires": un concept non fondé" série de 10 articles critique sur chacune des "limites planétaires"
- Sur la question des "probabilités subjectives" du Giec: " cause humaine du réchauffement climatique: des probabilités subjectives"
Accepter l'étonnement, c'est accepter de travailler sur des dissidents qui ont publié des articles dans de grandes revues scientifiques à comité de lecture :

  • Henrik Svensmark : Il est Physicien et professeur à  l'Université Technique du Danemark (DTU). Il a détaillé sa théorie de la cosmo-climatologie dans de nombreux articles publiés dans des revues à comité de lecture où il montre le lien entre l'activité solaire, les rayons cosmiques et les changements climatiques sur Terre. Il a publié « The Chilling stars ; a new theory of climate change ».
  • Philippe de Larminat : il est spécialiste mondialement reconnu de l’identification des systèmes complexes. Il a publié " Changement climatique, Identification et projections" (éditions Iste en français) et un article revu par les pairs publié chez Annual reviews in Controle/Elsevier (Version française)
  • Mais il en existe bien d’autres sur lesquelles nous ne nous prononçons pas : "Une avalanche de publications contredisant le Giec"

En recommandant cette démarche, le but pastoral n’est pas de convaincre, mais de provoquer un choc, comme le dit E. Kant : « L’étonnement est un choc de l’esprit …qui suscite un doute  » (E. Kant, Critique de la faculté de juger, p. 281-282).
Or, en sciences, le consensus n’est pas une preuve ; la littérature dissidente suscite l’étonnement, qui lui-même inspire le silence, et pourra nous ouvrir à la Parole, puis à l’évangélisation.
Accepter de se prêter à cette expérience d’étonnement, n’a pas pour but de nous taire, mais plutôt de faire taire nos émotions et nos peurs.

2. La mission évangélisatrice de l'Église

Faire silence, pour un pasteur, ou un laïc missionné pour une démarche de pastorale de l’écologie intégrale, est d’autant plus essentiel que l’Église est formelle: Les questions scientifiques ne relèvent pas de la mission de l’Église: « Que les laïcs ne pensent pas …que leurs pasteurs aient une compétence telle qu’ils puissent leur fournir une solution concrète et immédiate à tout problème, même grave, qui se présente à eux, ou que telle soit leur mission ». (Concile Vatican 2- Gaudium et spes, § 43-2)

Laudato si dit la même chose : « L’Église n’a pas la prétention de juger des questions scientifiques  » (Laudato si, § 188)

Ce silence pastoral, s’impose d’autant plus que,  « dans le domaine des interventions d’ordre prudentiel, il est arrivé que des documents magistériels ne soient pas toujours exempts de déficiences. Les Pasteurs n’ont pas toujours perçu aussitôt tous les aspects ou toute la complexité d’une question. (…) Certains jugements du Magistère ont pu être justifiés à l’époque où ils furent prononcés (…) Ce n’est souvent qu’avec le recul du temps qu’il devient possible de faire le partage entre le nécessaire et le contingent » (Instruction Donum veritatis de la Congrégation pour la doctrine de la foi, 1990, §  24)

Cette démarche peut paraître contradictoire. En effet :

  • D’un côté L’écologie est un signe des temps. Or, «  l’Église a le devoir, à tout moment, de scruter les signes des temps » (Concile Vatican 2- Gaudium et spes, § 4-1)
  • De l’autre, « l’Église n’a pas mission de juger des questions scientifiques »!

Comment lever cette contradiction ?
La solution pour l'Église, sans prendre parti,  est de susciter le débat public : « J’invite à un débat honnête et transparent  » (Laudato si, § 188)
Or, comment un débat serait-il honnête s’il n’est pas contradictoire? Et comment un débat serait-il  transparent s’il n’est pas ouvert au grand public?

Cette recommandation concerne les pasteurs, mais aussi les responsables de pastorale ! Pourquoi ? Parce que de deux choses l’une :

  • ou bien ces laïcs sont compétents, et ils ont liberté de parler en abandonnant leur mission qui ne donne aucune autorité à leur compétence et parce qu’ayant reçu mission de leur pasteur, ils sont tenu à ne pas prendre parti dans une mission pastorale
  • ou bien ces laïcs reconnaissent un déficit de compétence et ils doivent se contenter de réflexions plus dogmatiques, théologiques, anthropologiques, pour éclairer les chrétiens dans leur recherche de l’évangile. C’est cette mission qu’il reçoive de leur pasteur. Ils parlent en son nom.

C’est après avoir fait silence (sur les questions bruyantes de l’écologie) que Benoît 16 propose le temps de la Parole pour  « aider les personnes, non seulement à se retrouver elles-mêmes, mais aussi à retrouver  la Vérité qui donne sens à toutes choses.
Le Dieu de la révélation biblique parle également sans paroles : Comme le montre la croix du Christ, Dieu parle aussi à travers son silence. ...
Si Dieu parle à l'homme aussi dans le silence, de même l'homme découvre dans le silence la possibilité de parler avec Dieu et de Dieu. »  (Benoît 16 – 20 mai 2012)

3. Quelle pastorale à partir de Laudato si ?

Recourir à des experts « consensuels » pour une pastorale de Laudato si a un inconvénient : Ce choix est indirectement un parti-pris!  La solution  passe par le débat contradictoire, car  les experts consensuels sont catastrophistes tiennent des propos qui  collaborent souvent avec la peur ambiante. Or il n’y a pas d’évangélisation possible dans un climat de peur qui conduit la jeunesse à ne pas vouloir avoir d’enfants pour sauver la planète (no kids!). La solution parait simple : Commencer par proclamer la parole du Christ,  « N’ayez pas peur, soyez dans la joie »

Laudato si est un chemin de pastorale, à condition d’en faire la bonne lecture :

  1. Accueillir le message de Laudato si pour ce qu’il est : Ce n’est pas une encyclique verte
  2. L’encyclique répond aux questions de sens et non aux questions temporelles
  3. Entrer dans la vision eschatologique de Laudato si:
    « La création est tendue vers la divinisation, vers les saintes noces, vers l’unification avec le Créateur lui-même» (Ls § 236).
  4. Expliquer l’écologie intégrale:
  • non pas l’intégralité de l’écologie
  • mais l’intégralité des relations entre Dieu, les hommes et la création qui contribuent à l’unité de notre personne.

5. Comprendre que « Tout est lié »

  • Non par des liaisons « accidentelles »
    par exemple de cause (éco-geste) à effet (soin de la planète)
  • Mais par des liaisons « essentielles», liant le plus profond de notre être, avec Dieu, avec nous-même et avec autrui:

Tout porte une « structure trinitaire » (Ls §  239)

6. Faut-il attendre le salut? Ou cultiver cette terre?
La réponse à ce risque de contradiction est dans le concile :
« l’attente de la nouvelle terre, loin d’affaiblir en nous le souci de cultiver cette terre, doit plutôt le réveiller. ... Car, …tous ces fruits de notre nature et de notre industrie, que nous aurons propagés sur terre selon le commandement du Seigneur et dans son Esprit, nous les retrouverons plus tard, mais purifiés de toute souillure, illuminés, transfigurés, lorsque le Christ remettra à son Père, un Royaume éternel et universel  »  (Gaudium et spes, n° 39-2 et 3).

Ces réflexions permettent de faire silence et de se poser les questions essentielles auxquelles l’évangélisation doit ouvrir le cœur. Qu’est-ce que l’évangélisation ?

La Parole  conciliaire  Ad gentes répond: La fin propre de l’évangélisation est :

  • la plantation de l’Église dans les peuples (6,2) et de faire connaître le dessein du Père (2), qui appelle les hommes à la divinisation,
  • d’annoncer que son fils Jésus est le véritable médiateur entre Dieu et les hommes (3,2), et qu’il a pris la condition d’homme pour faire participer l’humanité à la nature divine,
  • d’expliquer la mission de l'Église qui, avec l’aide du Saint-Esprit, est de baptiser toutes les nations et de propager la foi ».

Nous sommes tous appelés à évangéliser. En matière d’écologie, comment pouvons-nous contribuer à l’évangélisation en jouant de cet équilibre entre Silence et Parole ?

  • Parents et enseignants ?
  • Laïcs en charge de pastorale ?
  • Chefs d’entreprises ?