La revue à comité de lecture Earth & Environnemental Science Research & Revew [1] a mis en ligne, le 16 mars 2023, un article intitulé « Des modèles climatiques comportementaux et des données millénaires à la réévaluation du réchauffement climatique anthropique (AGW) ». L’auteur, le professeur Philippe de Larminat [2], est un expert en identification des systèmes dynamiques, autrement dit la modélisation des processus à partir de leur comportement observé.

Il a déjà publié en 2016, un article[3] sur l’identification du système climatique, dans lequel les simulations à partir de différents modèles identifiés montrent que l’activité solaire pourrait jouer un rôle prépondérant dans le réchauffement actuel, tandis que celui de l’activité humaine pourrait être insignifiant. Ceci en contradiction avec une origine humaine que le GIEC considère comme extrêmement probable dans ses derniers rapports d’évaluation.  

 

Dans cette nouvelle étude, l’auteur approfondit  les raisons d’une telle divergence entre les différents modèles. Elle tient essentiellement aux données climatiques retenues pour l’identification, en particulier aux reconstructions de températures retenues pour la période préindustrielle, selon qu’elles font apparaître ou non les évènements climatiques historiques connus sous le nom de période chaude médiévale (800-1200) et petit âge glaciaire (1550-1850).

 Communiqué "Les2ailes"

Ce nouvel article repose la question avec insistance :

Le principal moteur du réchauffement climatique actuel pourrait-il être l’activité solaire ? L’auteur ne prétend pas apporter une réponse définitive à la question, mais il démontre qu’elle mérite d’être posée, ceci malgré un consensus dominant que – à l’instigation du GIEC– les média sont parvenus à faire passer pour un consensus scientifique.

On sait que les modèles spéculatifs ne prouvent rien tant qu’ils ne sont pas validés par les observations. La complexité des modèles n’y change rien, à moins d’être basés exclusivement sur des lois physiques reconnues et quantifiées, ce qui est très loin d’être le cas. La complexité constitue même un obstacle à cette validation, en raison de la difficulté de faire le lien entre les observations et le détail des modèles.

Il est indispensable de passer par des modèles de complexité réduite, dits modèles boîte noire, ou grise, qui sont parfaitement capables de simuler le comportement observé du climat terrestre en fonction ses facteurs de déséquilibre climatique. Le GIEC développe d’ailleurs de tels modèle, dont l’objectif est de reproduire, à moindre coût, le comportement de ses modèles spéculatifs, ce qui ne valide évidemment pas ces derniers.

La validation ne peut passer que par les techniques de l’identification, dont les fondements relèvent du premier cycle des universités, mais que les scientifiques du climat dans leur ensemble ignorent totalement : aucune des milliers de publications référencées dans les rapports du GIEC ne comporte le mot clé « identification ». À défaut, ils ont développé une technique apparentée, réservée à leur propre usage, dite « détection et attribution ».

Reste que pour appliquer ces techniques au climat réel, il faut faire appel à des observations d’une durée suffisante, au moins millénaires, alors que la quasi-totalité des travaux en détection et attribution concerne la période dite « historique » (1850 à nos jours), excluant la période préindustrielle qui serait susceptible de mettre en question la prépondérance de l’explication anthropique.

Pour réaliser des identifications, Philippe de Larminat s’appuie sur des séries de température historiques et des reconstructions paléoclimatiques généralement acceptées. Certaines d’entre elles, référencées dans le cinquième rapport d’évaluation du GIEC (Moberg, Loehle, Ljungqvist), font apparaître une période chaude médiévale et un petit âge glaciaire extrêmement prononcés. Les modèles issus de l’identification font alors apparaître une contribution prépondérante de l’activité solaire au réchauffement climatique actuel.

On ne s’étonnera donc pas que les reconstructions de température préindustrielles aient fait l’objet d’intenses controverses, en particulier la courbe dite « en crosse de hockey (M. Mann et al. 1999). Malgré des reconstructions alternatives référencées dans le 5ième rapport, le GIEC a relancé, en 2021, une courbe en crosse de hockey dont il affirme, contre l’évidence, qu’elle est en accord avec les précédentes.

L’origine solaire du réchauffement se trouverait disqualifiée s’il était avéré que la puissance des variations d’activité solaires était insuffisante pour avoir un effet sensible. Là encore, ce point suscite la controverse.

L’irradiance solaire totale n’est mesurée que depuis l’ère satellitaire (1978). Antérieurement, on ne dispose que de proxies : les taches solaires depuis 1610 et les isotopes cosmogéniques (14C ou 12Be), antérieurement à 1950. Les reconstructions existantes sont basées sur des modèles solaires, dont aucun ne peut prétendre avoir été définitivement validé puisqu’il n’existe pas une seule mesure instrumentale d’irradiance solaire antérieure à 1978 qui permettrait de calibrer ces proxies sur une durée suffisante. Le GIEC considère comme acquises les seules reconstructions d’une amplitude trop faibles pour avoir la moindre influence sur le climat. Pour ne pas susciter la polémique, le GIEC préfère admettre la possibilité d’une activité solaire de forte amplitude : "bien que des variations plus fortes dans le passé lointain ne puissent être totalement exclues, rien n'indique que de tels changements se soient produits au cours des 9 derniers milliers d’années » (AR6). Mais justement, la période chaude médiévale et le petit âge glaciaire constituent une telle indication.

Les médias allèguent d’un consensus scientifique qui, en fait, n’existe donc pas. En tout état de cause, « Ni les consensus, ni les votes n'ont de place en science ; seules les preuves importent. A l’argument d’autorité, Descartes opposait l’autorité de l’argument. Or, le consensus n'est qu'une soumission à l'argument d'autorité, le plus faible qui soit ».

Cette étude, à tout le moins, appelle au débat contradictoire. En effet, ledit consensus est en passe de bouleverser les équilibres économiques mondiaux (COP 21, 26) autant que les repères éthiques (Laudato si).


[1] Lien libre accès en anglais :  https://www.opastpublishers.com/open-access-articles/from-behavioral-climate-models-and-millennial-data-to-agw-reassessment.pdf
Lien pour la version française https://www.icloud.com/iclouddrive/060t27la3z-Lv8cy250p1JA5A

[2] Philippe de LARMINAT - Contact : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.  - Contact presse : 06 07 55 01 31

[3] Philippe de Larminat, « identification du climat terrestre vs. détection et attribution » (Annual Reviews in Control -ARC, 2016), version française : https://www.icloud.com/iclouddrive/063zKstxF0zEbaz1MGadwPTtA
Auteur également de « Changement climatique - identification et projections » (ISTE/Wiley 2014).