Don Jean-Rémi Lanavère, prêtre de la communauté de St-Martin, a fait un commentaire remarqué sur l’encyclique "Laudato si", paru dans la revue de la communauté, "Sub signo Martini". L'auteur rappelle que l’encyclique ne se situe pas au niveau "des mesures concrètes à prendre, [qui] ne relèvent pas de son domaine de compétence" et qu’il "serait donc vain de chercher dans l’encyclique Laudato si, un catalogue des recettes aux problèmes écologiques actuels". Ce prêtre, ordonné en 2012, fait partie de l’équipe de formation des séminaristes qui partagent la vie commune avec les séminaristes. Il y est Directeur adjoint de l’École supérieure de Théologie et directeur spirituel. Il explique le sens de la phrase "tout est lié"répétée dans l’encyclique.

Source : Revue "Sub signo Martini " (n° 48 - septembre 2015)

Information "les2ailes.com"

Les2ailes.com reprennent ici le texte intégral de l'article de Don Jean-Rémi Lanavère

L’encyclique du pape François sur les questions écologiques était attendue avec impatience : sa publication en juin dernier a rencontré un écho très important et presque inhabituel pour un texte pontifical

Il y aurait cependant un risque à transformer cette encyclique en écrit de circonstance, et à la cantonner à son seul impact médiatique, pour une double raison.

D’une part, il est vrai que le pape François a souhaité terminer la rédaction de l’encyclique avant la Conférence internationale sur le climat qui se tiendra de 30 novembre au 11 décembre 2015 à Paris, afin que la voix de l’Église soit portée aussi sur ce thème d’une grande importance. Il serait pour autant très réducteur de limiter l’ambition de ce texte à ce seul événement : la force de l’encyclique est précisément de se situer au niveau des principes d’une écologie chrétienne authentique et non pas des mesures concrètes à prendre, qui ne relèvent pas de son domaine de compétence. Du reste, le pape François inscrit d’entrée de jeu son texte dans la continuité du magistère de ses prédécesseurs, depuis Jean XXIII, indiquant par là qu’il ne souhaite pas tant innover qu’actualiser un enseignement de l’Église qui murît au fil du temps. Il serait donc vain de chercher dans l’encyclique Laudato si, un catalogue des recettes aux problèmes écologiques actuels, ou une prise de position définitive de l’Église catholique sur tel ou tel problème particulièrement sensible aujourd’hui (la décroissance, le nucléaire, etc).

D’autre part, même si cette encyclique porte sans aucun doute sur la question écologique, ce serait passer à côté d’un de ses messages centraux que d’en faire une encyclique seulement... écologique ! Une des convictions majeures, qui revient souvent sous la plume du pape François, est en effet que tout est lié : autrement dit, on ne peut pas désolidariser les enjeux écologiques des enjeux économiques, sociaux, humains et spirituels. L’écologie, dès lors, n’est plus un « secteur » parmi d’autres, mais devient, pour le ape François, une clef de lecture de l’ensemble de notre rapport au réel.

Avoir placé cette encyclique sous le patronage de saint François d’Assise nous conduit dans cette direction, celle de l’unité : que ce même saint ait été à la fois celui de la contemplation de la beauté de la Création, celui de l’amour des plus pauvres, et celui d’une telle proximité avec le Christ qu’il en porta les stigmates, est pour nous l’indice que cette conversion écologique à laquelle le pape François nous appelle n’est pas secondaire dans notre vie chrétienne !

Jean Rémi Lanavère + prêtre