La « communauté Laudato si » est un réseau d’associations fondé par Mgr Domenico Pompili et le fondateur de Slow Food, Carlo Petrini. La posture de Slow Food était de s’opposer au concept de Fast Food, mais rapidement le mot est devenue synonyme de décroissance économique. 
Le 6ème forum de la communauté Laudato si’ s’est tenu dans la ville de Vérone en Italie les 14 et 15 octobre 2023. Ses tables rondes ont largement donné la parole au jésuite Gaël Giraud, qui n’a pas peur de parler de « génocide climatique » et de proposer Greta comme modèle pour la jeunesse.
Carlos Alvarez Pereira, vice-président du “Club de Rome “ a lui aussi été invité à s’exprimer au Forum.  Carlos Alvarez Pereira vient de cosigner avec Ugo Bardi un livre intitulé Limits and Beyond : 50 years on from The limits to Growth, what did we learn and wha’s next ? (Les limites et au-delà : cinquante après Les limites à la Croissance, qu’avons-nous appris et qu’est-ce qui se dessine ?) Ce livre est un simple mensonge apologétique, le cinquième au moins après les prétendues « mises à jour » du fameux rapport commandé en 1972 par le Club de Rome à trois « chercheurs » du MIT (Massassuchets Institute of Technology), Donella Meadows, Dennis Meadows (membre du Club de Rome), Jorgen Randers (membre du Club de Rome). Il fut couramment nommé « rapport Meadows » et publié en français sous le titre La fin de la croissance ?

Mgr Domenico Pompili avait réussi à obtenir une caution pontificale à ce forum en obtenant du Pape qu’il adresse un message vidéo pour les 70 communautés Laudato si’ d’Italie et d’Europe qui participaient à ce forum.
L’évêque de Vérone a explicitement appelé les présents à une « conversion » à la foi écologiste, afin de créer une « utopie » planétaire. Cette utopie qui prône la décroissance, y compris démographique[1].

D’où vient cette apparente allégeance au Club de Rome vient directement du Vatican ?

Analyse: "Les2ailes.com"

1- Le club de Rome, acteur très présent auprès du Vatican

Nombreux sont ses membres qui participent à des colloques auprès du Vatican

  1. Ernst Ulrich von Weizsäcker, co-président du Club de Rome, était au Vatican le 22 mars 2017 lors d’une conférence internationale au sujet de la « reconstitution des valeurs de l’eau pour un monde assoiffé». 
  2. Mathis Wackernagel, Membre du Club de Rome, au symposium sur l'extinction biologique intitulé « Comment sauver le monde naturel dont nous dépendons», du 27 février au 1er mars 2017.
  3. Hans-Joachim Schellnhuber, fondateur du Potsdam Institute for Climate Impact Research (PIK) et membre du Club de Rome, membre de l’Académie Pontificales des Sciences.
  4. Carlos Alvarez Pereira, vice-président du “Club de Rome“ au forum de la communauté Laudato si à Vérone les 14 et 15 octobre 2023
  5. Paul Ehrlich, membre du Club de Rome[2], colloque sur la biodiversité du 27 février au 1er mars 2017, auteur de l'Ouvrage "la bombe P" (comme Population)
  6. Frederick C. Dubee, Canada, Conseiller sénior auprès des Nations Unies et membre du club de Rome, colloque sur la COP22 le 28/09/2016
  7. Sandrine Dixson-Declève, coprésidente du Club de Rome, animatrice du web-séminaire de la commission Vatican-Covid-19, le 9 décembre 2020.

Qui finance ces colloques ?
La question est légitime quand on sait, par exemple, que la Fondation Ford a financé deux millions de dollars pour le Conseil Missionnaire Indigéniste chargé de l’organisation du synode sur l’Amazonie en 2019. Mgr Roque Paloschi, archevêque de Porto Velho au Brésil, a reconnu que « les chiffres sont sur Internet » et n’a pas nié avoir reçu des fonds de la Fondation Ford. N’est-il pas très étrange que des organismes toujours prêts à se déclarer anti-occidentaux et anticapitalistes se laissent ensuite financer par une organisation qui est une expression de l’Occident capitaliste riche ? Et encore plus étrange que les organismes catholiques reçoivent des fonds de ceux qui soutiennent l’avortement et la théorie du genre [3]?
La question se pose également pour l’Académie pontificale des sciences. Pour son symposium « Prospérité, Peuples et Planète dans les villes » du 22 juillet 2015, organisé conjointement par "l’Académie Pontificale des Sciences Sociales" et le "Réseau de l’ONU pour les solutions au développement durable - UN.SDSN", Mgr Sorondo avait invité l'ancien top-modèle Valeria Mazza[4], épouse de Alejandro Gravier, homme d’affaire argentin et ami proche d'Albert de Monaco. Pour rendre sa stratégie séduisante, Mgr Sorondo a donc voulu donner dans le show-biz ! A moins que Alejandro Gravier[5] ne soit le mécène qui a financé tout le colloque, puisque le Vatican a indiqué que le symposium a représenté un coût de 120 000 euros, "mis à la disposition de l’Académie par un mécène du secteur privé" [6].  On aimerait savoir qui est le mécène en question ?

L’académie Pontificale est d’ailleurs officiellement financée par une fondation dotée de fonds privés (Wikipedia)

 2Qu’est-ce que le Club de Rome

Il n'y a aucun complotisme à mettre en cause ce club. Les citations qui suivent sont des faits qui, rapprochés les uns des autres, permettent à chacun de se faire une opinion sur ce Club:  

a. Un think-Tank

Le Club de Rome se constitue en une élite autoproclamée avec par exemple : Beatrix, reine des Pays-Bas, Raymond Barre, Jacques Delors, Mikhaïl Gorbatchev, le Roi Juan Carlos 1er, Dennis et Donella Meadows, Philippe, roi des Belges et tant d’autres économistes, fonctionnaires, hommes politiques ou industriels. Cette élite manifeste une défiance méprisante vis-à-vis de la démocratie. C’est explicite dans « The First Global Revolution », le livre qu’ont publié en 1991 le Président du Club de Rome, Alexander King, et son secrétaire général, Bertrand Schneider. La lecture de ce rapport est édifiante : « Le véritable ennemi, c’est l’humanité » dit le rapport !

b. Son rapport de 1972, rédigé par Meadows

Le club de Rome, déjà dans les années 1970, annonçait la famine généralisée pour 2000. Cela s’est avéré faux. Quels sont les principaux tenants et aboutissements de son rapport et qu’en retenir ? Ce « rapport Meadows (1972) », commandé par le Club de Rome, n’était en fait que celui d’une équipe du Massachusetts Institute of Technology (MIT). Il avait pour titre français « Halte à la croissance ? ». Il s’était limité à des corrélations entre seulement cinq variables : la population, le PIB/Habitant, la ration alimentaire/personne/an, la pollution, et, enfin, les ressources non renouvelables.  Le rapport avait modélisé les évolutions en appliquant une loi dite « loi des rendements décroissants » énoncée en 1817 et publiée en 1821 par David Ricardo, dans ses « Principes de l'économie politique et de l'impôt ». Ce concept des rendements décroissants –qui date quelque peu- s'accordait bien avec l'idée malthusienne selon laquelle plus la population augmente, plus les ressources disponibles par habitant se réduisent. 

Si les tendances s’étaient maintenues, tout devait s’effondrer vers les années 2005. Etant donné ce qu’on a constaté, on ne peut qu’émettre des doutes sur la validité du modèle. Le rapport modélisait l’effondrement de notre civilisation, même avec une régulation parfaite des naissances, stabilisant la population mondiale aux 4 milliards d'habitants de 1975, par une égalité des taux de mortalité et de natalité !

c. La mise à jour de 1992

Le rapport Meadows a fait l’objet, en 1992, d’une première mise à jour, intitulée « Beyond the Limits », mais n’a pas pris en compte les critiques dont la première édition avait été l’objet. Enfin, en 2004, paraissait une seconde mise à jour qui, jusqu’ici, n’a pas été traduite en français : « Limits to Growth. The 30-Year Update ». Les auteurs ont jugé cette mise à jour nécessaire pour souligner la gravité de la situation actuelle. Les auteurs s’appuient largement sur la notion d’ « empreinte écologique » et sur le travail de Mathis Wackernagel dans la création de cet indicateur. Au cœur de leur mise à jour se trouve le concept d’ « overshoot »,  qui signifie que nous serions déjà au-delà des limites de la planète.

d. Le rapport “The first Global revolution” de 1991

Ses recommandations consistent à promouvoir :

  • Une gouvernance mondiale
    « Une stratégie coordonnée mondiale et une attaque simultanée sur tous les éléments dans une stratégie coordonnée mondiale (FGR p. 48) » Stratégie contradictoire avec le principe de subsidiarité
  • Les droits de l’homme
    « La reconnaissance mondiale de la faible importance des droits de l'homme a été-une caractéristique positive de ces dernières années » (FGR p. 66). Mais rien n'est dit sur les droits de la société qui ne peuvent être garantis que par des devoirs du citoyen vis-à-vis du "bien commun".
  • Le mépris de la démocratie
    « Telle qu’on la pratique aujourd’hui, la démocratie n’est plus adaptée aux tâches qui nous attendent » (FGR p. 71)
  • Une politique de population
    « Il y a indubitablement un besoin urgent de ces pays à adopter des politiques humanitaires de régulation de la population, et des mesures visant à encourager la planification familiale qui viendrait compléter …une meilleure hygiène ». On retrouve ici la sémantique classique de « santé reproductive » proposée par l’ONU. Elle cache, on le sait, les politiques que proposent d’ailleurs les auteurs : « …. L'un des plus sûrs moyens d'atteindre des taux de fécondité inférieurs est de favoriser le développement économique ; mais dans de nombreux endroits c’est un espoir lointain, surtout là où le taux élevé de croissance de la population crée ainsi un cercle vicieux.
    Une percée scientifique en technologie contraceptive est en retard, en particulier dans la production de contraceptifs largement disponibles à bas prix et d'autres par voie orale ou qui serait facilité contrôle de la population ...» (FGR p. 105). Tout cela est totalement contradictoire avec la Doctrine sociale de l’Eglise qui affirme « que la croissance démographique est pleinement compatible avec un développement intégral et solidaire » (Compendium 483)
  • Un transhumanisme
    « La dimension spirituelle et éthique n'est plus un objet de mépris ou d'indifférence, elle est perçue comme une nécessité qui devrait conduire à un nouvel humain » (FGR p. 153). On est loin de l’homme nouveau que Saint-Paul nous appelle à revêtir (Eph 4, 20-24).

Comment peut-on faire confiance à une telle élite quand on sait que leur objectif est de créer une société agglutinée autour de nouveaux ennemis : leur problème n’est pas de savoir si « la pollution, la menace du réchauffement climatique, les pénuries d'eau, la famine » sont ou non de vrais problèmes. Ce qui importe c’est de se servir de la peur comme d’une vertu agglutinante pour les sociétés et de s’en servir pour faire avancer la cause de la « gouvernance mondiale ».

 Dès lors, comment croire leur analyse sur des sujets de préoccupation décrits comme étant ceux relatifs à la croissance de l’activité humaine, du réchauffement climatique et ses implications, de la sécurité alimentaire mondiale, du contrecoup démographique ?

e. Le rapport « Earth for All » (Terre pour Tous) de 2022

Il se fonde sur le même catastrophisme en y ajoutant, la multiplication des phénomènes extrêmes (températures, sécheresses, inondations, mégafeux…), la recrudescence de la violence religieuse et l’arrivée au pouvoir de dirigeants populistes qui sont accusés de gouverner par la peur.

Il conserve la même idéologie, mais, très habilement, se drape dans des thématiques altruistes

  • La transition d’un capitalisme où le « gagnant rafle toute la mise » à une économie axée sur la protection des ressources communes. C’est ce qu’ils appellent l’économie inclusive !
  • Le remplacement du libéralisme commercial par ce qui est appelé un « modèle des communautés villageoises interconnectées, qui redonne à chacun le sentiment d’y avoir sa place et à tous un sentiment d’appartenance »

Le rapport ajoute à tous ces thèmes, ceux très onusien

  • De l’émancipation des femmes, dont on sait qu’elle contribue à déstabiliser les sociétés des pays pauvres.
  • De la « transition vers des énergies dites propres », dont on sait qu’elles rendront les pays pauvres encore plus pauvres, puisque c’est d’énergie abondante et bon marché qui est une condition à leur développement.
  • De « nouveaux modes de réflexion sur les droits de propriété ». Il s’agit là, sans le dire de la « commonisation des biens », prétendument pour sauvegarder la « maison commune »

3- Conclusion : Qu’attendre de ces liens privilégiés avec cette dictature potentielle ?

Jean-Paul II savait rencontrer toutes sortes de dictateurs de droite ou de gauche, comme Fidel Castro, François Duvalier dit « Baby Doc », la junte militaire argentine en 1982, ou les dictateurs du Chili, Augusto Pinochet (1987), et du Paraguay, Alfredo Stroessner (1988), ou les sandinistes au pouvoir au Nicaragua (1983), entre autres. Ces visites papales dans ces pays ont parfois largement contribué à leurs chutes. 

En appeler au Club de Rome dans tant et tant de forum au Vatican a-t-il pour but de déstabiliser leur stratégie mondialiste et malthusienne ? Ne risque-t-elle pas au contraire de déstabiliser la jeunesse qui y participe ?

Une chose est sûre, c’est que l’idéologie du club de Rome infiltre l’entourages du Pape qui reprend les thèmes chers au Club de Rome, ceux:

  • de maison commune et de climat comme « bien commun » (Laudato si)
  • de catastrophisme environnemental et sanitaire (Laudate Deum)
  • de nécessité d’une gouvernance mondiale contraignante (Laudato si)

[1] https://reinformation.tv/conversion-ecologiste-vatican-rome-mille/

[2] https://rage-culture.com/une-civilisation-ultra-technologique-a-plus-de-chances-deviter-leffondrement

[3] https://www.benoit-et-moi.fr/2020/2019/10/18/synode-la-fondation-ford-finance-le-cimi/

[4] On nous pardonnera d’être choqué de voir Valeria Mazza accueillir le Pape François au symposium du 21 juillet en lui « claquant une bise » comme à un de ses élèves de Sciences Po, alors que le pape lui tendait la main (Source : https://www.youtube.com/watch?v=usgDRCu2wuM&feature=youtu.be)

[5] En 2008, Alejandro Gravier a créé DESA, la filiale Argentine de Ducati Energia SpA.

[6] http://fr.radiovaticana.va/news/2015/07/15/le_vatican_accueille_une_rencontre_sur_l%E2%80%99esclavage_moderne_et_le_r%C3%