Création
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1èr récit
(Gen 1, 1-31 ; 2,1-4a)
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2nd récit
(Gen 2, 4b-25)
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3ème récit
(Gen 9, 1-7)
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1ere créature
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« Au commencement Dieu créa le ciel et la terre… premier jour… » (Gen 1,1-5)…
« Dieu créa l’homme à son image… sixième jour » (Gen 1, 27-31)
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« Il n’y avait encore aucun arbuste, … aucune herbe… Alors Yahvé modela l’homme » (Gen 2, 5-7)
Ensuite, « Dieu modela toutes les bêtes sauvages et les oiseaux » (Gen 2, 19)
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« Car à l'image de Dieu, l'homme a été fait » (Gen 9, 6)
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Dans le premier récit, l’homme est l’aboutissement de la création[1], dans le second, la création de l’homme est un préalable, précédant les autres créatures
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Mission de l’homme
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« Yahvé-Dieu prit l’homme et l’établit (yanach) dans le jardin d’Eden pour le cultiver (abad) et le garder (shamar) ». (Gen 2, 16)
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« Adam, le terreux, est déposé là. Yanach est synonyme de poser, placer, quitter, partir de, abandonner, permettre, faire reposer, donner du repos, rendre tranquille, faire descendre, déposer, être laissé, être placé…
Sa mission est de « cultiver » ou travailler le jardin. Or, ce verbe dit aussi le service, y compris le service liturgique. Abad est synonyme de Travailler, faire un travail accomplir un labeur, Servir, être soumis, être asservi, être assujetti, servitude, imposer, travailler, cultiver, laboureur, pour un autre, servir un autre par son labeur, mais aussi : Servir Dieu, servir au service lévitique,
Adam doit « garder » le jardin, tout comme il doit garder la parole (Jean 17,6) » [2]. Shamar est synonyme de garder, être gardien, regarder, observer, garder le souvenir, avoir la garde, surveiller, se protéger, prendre garde, avoir soin, être chargé, obéir.
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1ères paroles de Dieu à Adam
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« Soyez féconds (parah) et multipliez, (rabah) emplissez (male) la terre et … » (Gen 1, 28)
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Dieu dit à Noé et ses fils : « Soyez féconds, (parah) multipliez (rabah), emplissez (male) la terre » (Gen 9,1)
« Soyez féconds (parah), multipliez (rabah), pullulez (sharats) sur la terre… » (Gen 9,7)…
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« …soumettez-la (Kabash) ; dominez (Radah) sur… » (Gen 1, 28)
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« … et la remplissez[3] (Male) » (Gen 9.7) ».
« Soyez la crainte (mowra) et l’effroi (chath) de tous les animaux de la terre… ils sont livrés (Nathan) entre vos mains (Yad) » (Gen 9,2)
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Un seul ordre donné à l’homme, articulé en cinq missions, car le chiffre cinq marque toujours une identité. Il s’agit donc d’une identité spécifique de l’homme[4] :
- Fructifiez (perou) PeRou P-R croissance qualitative distinguant la croissance de l’homme de celles de la nature. Parah est synonyme de Fécond, prospérer, fertile, augmenter, produire, naître, fruits, fécondité, fructifier
- croissez (ourebou) ReBou R-B croissance numérique, l’ouverture vers le prochain. Rabah est synonyme de Multiplier, augmenter, croître, s'accroître, beaucoup, accumuler, nombreux, s'écouler, considérable, plus, élever, amas, renforcer, longtemps, quantité,
- emplissez (mil’ou) la terre, MiL’ou M-L croissance qui remplit, le refus du vide, la relation sociale. Male est synonyme de remplir, plein, accomplir, achever, s’écouler, employer, assouvir,
- dirigez-la (kibchouka) KiBShouHa K-B-SH réalisation concrète, la constitution, l’anti-éphémère avec la relation politique. Kabash est synonyme de Assujettir, subjuguer, forcer, garder sous, amener en servitude
- et régentez (redou) toute la vie qui prolifère sur la terre. ReDou R-D l’implication responsable. Radah est synonyme de Dominer, traiter, régner en souverain, triompher, donner la victoire, prendre, surveiller, fouler aux pieds, subjuguer, assujettir, dévorer[5].
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Le troisième récit, après le déluge, reprend, terme à terme, les formulations de Genèse 1, mais avec une nuance de taille : certes les animaux sont à nouveau invités à se multiplier à la surface de la terre : « qu’ils pullulent sur la terre et qu’ils fructifient et multiplient sur la terre » (Gen 8, 17). Certes, Noé et ses fils sont invités, comme autrefois Adam, à fructifier et se multiplier (Gen 9,1) : Dans ce troisième récit, les mots hébreux parah, rabah, male sont bien répétés, mais Le verbe Radah a disparu, et un quatrième mot est introduit : Sharats qui est synonyme de grouiller, fourmiller, essaimer, multiplier, produire en abondance, ramper, se répandre.
Il n’est plus question de dominer sur elle autrement que par l’effroi : « Soyez la crainte et l’effroi de tous les animaux de la terre ».
Les deux mots ont un peu le même sens ce qui prouve l'importance attachée à cette instruction: - Mowra est synonyme de terreur, épouvante terrible - Chath est synonyme de crainte, épouvante.
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Mission donnée aux créatures non humaines
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- Aux animaux en général et aux oiseaux : « que les eaux grouillent d’un grouillement d’êtres vivants… (Gen 1, 20)
- Aux serpents, aux oiseaux et poissons qui rampent « soyez féconds et multipliez, emplissez » (Gen 1, 22)
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Le récit commence par un passif général… Puis Dieu parle et donne également aux animaux mission de fructifier et de se multiplier. Mais, pour ces animaux, le texte insiste sur la multiplication, sur l’objectif de grouiller d’un grouillement….
L’emphase est mise sur la multiplication, alors que, pour l’homme, elle précise la façon de dominer la création[6]
« La vie spirituelle ne relève pas de la performance… Fructifier n’est pas multiplier. Le fruit est intérieur avant d’être extérieur. Il n’est pas à saisir, mais à recevoir » [7]
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Nourriture
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« Je vous donne toutes les herbes portant semence… et tous les arbres qui ont des fruits portant semence : ce sera votre nourriture » (Gen 1, 29)
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« Tu peux manger de tous les arbres du jardin. Mais de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, tu ne mangeras pas, car, le jour où tu en mangeras, tu mourras » (Gen 2,17)
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« Tout ce qui se meut et possède la vie vous servira de nourriture ; je vous donne tout cela au même titre que la verdure des plantes. Seulement vous ne mangerez pas la chair avec son âme (Nephesh), c’est-à-dire le sang (Dam)» (Gen 9, 3-4)
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Dieu prend en compte la réalité de la violence que son plan initial ne prévoyait pas.
Mais il assigne une limite dont le but est de structurer l'humain: ne pas manger de chair animal avec son âme, c'est dire le sang. Mais le mot hébreux Nephesh a deux sens: celui du sang, ce qui respire, le souffle, l'âme, l'être intérieur, mais aussi celui de la vengeance, de volonté d'éliminer l'identité profonde. Le théologien André Wenin pose bien le problème :"Qu'est ce qui peut conduire un homme à une telle violence, sinon ces mouvements intérieurs sur lesquels la loi n'a pas prise, à savoir la haine et l'envie?" La limite fixée par Dieu "cherche à mettre en garde moins contre la violence elle-même que contre ce qui la meut dans les profondeurs du coeur humain... C'est précisément quand elle est l'instrument aveugle de la haine que la violence ne laisse aucune chance à la vie et à l'altérité"[8]. Ainsi, ce rapport de l'homme à la mort de l'animal conduit Noémie Calais, éleveuse de cochons noirs dans le Gers, à militer pour l’abattage familial à la ferme. Aujourd’hui, ce n’est autorisé qu’à raison deux animaux par an, uniquement destinés à la consommation familiale de l’éleveur. Or, ce n’est pas toujours évident de devoir les emmener à l’abattoir, situé à deux heures de route aller-retour de sa ferme. « Quand je les mets dans la bétaillère, j’ai l’impression de les avoir trahis. Je suis la main qui nourrit, qui caresse, à quel moment je peux être la main qui abat ? », s’interroge-t-elle. Elle évoque la façon dont elle fait face à la mort de ses animaux : « Tuer, c’est aussi se transformer soi-même. J’ai tué une part d’innocence en moi, elle est devenue respect." Elle explique : "Lorsqu’on a tué un animal de sa propre main, on ne peut plus jamais consommer de viande de la même manière, on ne peut plus gâcher un bout de viande comme un abat." Une réflexion qui pousse l’agricultrice à souhaiter que chaque carnivore puisse faire l’expérience de tuer soi-même un animal. "C’est une utopie, mais je le souhaite de tout mon cœur, parce qu’on ne peut pas manger de la viande dans l’ignorance, il faut être en conscience. On mange quand même un être qui a été vivant, sensible. Donc c’est quelque chose qu’on ne peut pas faire à la légère", insiste-t-elle [9].
La violence n’est donc pas éradiquée après le déluge. D’ailleurs, Dieu met en garde Noé et ses fils : « Quiconque répand le sang d'un homme, son propre sang sera répandu en compensation du sang versé. » (Genèse 9, 6). Saint-Irénée explique très bien que seul le Christ récapitulera la création par son sang versé :
« De même aussi, le Seigneur disait à ceux qui allaient répandre son sang : « II sera demandé compte de tout le sang innocent répandu sur la terre, depuis le sang d'Abel le juste jusqu'au sang de Zacharie, fils de Barachie, que vous avez tué entre le sanctuaire et l'autel : en vérité, je vous le dis, tout cela viendra sur cette génération. » (Matthieu 23, 35-36) Il laissait entendre par là que l'effusion du sang de tous les justes et de tous les prophètes ayant existé depuis le commencement allait être récapitulée en lui-même et qu'il serait demandé compte de leur sang en sa personne. Or, il ne serait pas demandé compte de ce sang, si celui-ci ne devait être sauvé ; et le Seigneur n'aurait pas non plus récapitulé ces choses en lui-même, s'il ne s'était fait lui aussi chair et sang conformément à l'ouvrage modelé aux origines, sauvant ainsi en lui-même à la fin ce qui avait péri au commencement en Adam »[10].
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