La revue à comité de lecture Earth & Environnemental Science Reserach & Reviews a mis en ligne, le 10 mai 2024, un article intitulé « Refondation des concepts de rétroaction climatique et de forçage radiatifs à partir d’un modèle de complexité minimale ». L’auteur, le professeur Philippe de Larminat, est un expert en identification des systèmes dynamiques, autrement dit de la modélisation des processus à partir de leur comportement observé.

Il avait déjà publié, en 2016, un article sur une telle identification du système climatique, dans lequel les simulations, à partir de différents modèles identifiés, montraient que l’activité solaire pourrait jouer un rôle prépondérant dans le réchauffement actuel, tandis que celui de l’activité humaine pourrait être insignifiant. Ceci était en contradiction avec une origine humaine que le GIEC considère comme extrêmement probable dans ses derniers rapports d’évaluation. 

Dans une autre étude publiée le 16 mars 2023 dans Earth & Environnemental Science Research & Revew et intitulée « Des modèles climatiques comportementaux et des données millénaires à la réévaluation du réchauffement climatique anthropique (AGW) », l’auteur avait approfondi les raisons d’une telle divergence entre les différents modèles. Elle tient essentiellement aux données climatiques retenues pour l’identification.

Dans sa nouvelle étude du 10 mai 2024, Philippe de Larminat confirme sa précédente étude tout en proposant une nouvelle approche basée sur « le développement d’un modèle de complexité minimale (MCM) », là où les modèles physiques complexes sont un des piliers du Giec. 

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L’auteur se fonde, une fois encore, sur une démarche méthodologique consistant à estimer par identification, c'est-à-dire sur la base de données d’entrée-sortie, et à obtenir, les coefficients de réaction climatique et des forçages radiatifs. Philippe de Larminat rappelle que, par forçages radiatifs, on entend une mesure des facteurs de déséquilibre climatique externes (humains et naturels), et par réaction climatique, le flux qui en résulte sous forme de rayonnement infrarouge émis depuis la Terre vers l’espace.

Ce rappel est d’autant plus important que ces notions ont été mal posées en leurs temps et propagent, depuis des décennies, une compréhension erronée et une quantification discutable des phénomènes climatiques. Les climatologues les plus réputés déplorent d’ailleurs un « brouillage des frontières » entre ces concepts [Ramaswamy, V. et al. (2019)]. La communauté scientifique, composée de milliers d’experts, ignore le domaine de l’analyse et de la modélisation comportementale des systèmes dynamiques qui sont régis par l’évolution de stocks et non de simples bilans de flux. En matière climatique, il convient d’analyser la réaction de stocks de chaleur sur les flux de chaleur, par l’intermédiaire des différences de températures (fonction du niveau des stocks), réaction qui n’a rien à voir avec une rétroaction cybernétique (feedback). Dans ce contexte, « l’Etat » du système climatique n’est autre que celui des stocks de chaleur (atmosphère, océans, cryosphère...) et les modèles sont des « équations d’Etat ». Le réchauffement climatique est, fondamentalement, le réchauffement d’un stock thermique.

Ainsi, la rétroaction climatique, telle que définie par le GIEC, est une pseudo-réaction qui incorpore, en fait, une fraction non quantifiée des forçages radiatifs. D’autres, parmi les climato-réalistes, et faute de se familiariser avec la modélisation comportementale, prétendent que le concept de forçage radiatif violerait le principe de conservation de l’énergie ou que l'effet de serre serait contraire au second principe de la thermodynamique.

Philippe de Larminat a donc entrepris une véritable refondation des modèles climatiques et évalue les contributions des différents facteurs de déséquilibre aux variations climatiques. Or, « tout dépend de la richesse de l'information et de la validité des observations », dit l’auteur.

Parmi ces informations,

  • Les variables d’entrées sont les forçages anthropogènes (variation de teneur de CO2 dans l’atmosphère) et les forçages solaires et volcaniques. Les indices d’oscillations océaniques ENSO et AMO (El Nino/El Nina) sont représentatifs de la variabilité climatique dite interne, même si ce ne sont donc pas à proprement parler des facteurs de déséquilibre externes. Ils sont néanmoins traités comme tels en considérant qu’ils se traduisent par des déséquilibres au niveau des échanges atmosphère-océans, et donc sans provoquer des forçages radiatifs au sommet de l’atmosphère (TOA)
  • Les variables de sorties sont en premier lieu la température globale de surface. Les données historiques disponibles se distinguent par l’ampleur des Variations climatiques préindustrielles (PCA). Philippe de Larminat en compare deux niveaux :
    - Des PCA relativement faibles, se limitant à environ 0.2°C entre la Période chaude médiévale (MWP) et le Petit âge glaciaire (LIA). Elles sont proposées dans une reconstruction (HadCRUT5) issue d’un consortium initié par le réseau “PAst climate chanGES” [PAGES2k, (2019)].
    - Des PCA plus fortes, dépassant 1°C et résultant de la moyenne de quatre reconstructions de températures : Moberg, A. (2005), Loehle, C. (2008), Ljungqvist, F. C. (2010), Christensen, B. (2012) qui sont citées dans le rapport AR5 du GIEC.

L’étude de Philippe de Larminat « met en évidence la sensibilité des évaluations aux données climatiques, en particulier à la reconstruction des températures préindustrielles. Plus précisément, en supposant que les écarts climatiques entre la période chaude médiévale et le petit âge glaciaire auraient atteint des niveaux élevés, les évaluations paramétriques et les simulations attribuent à l'activité solaire une contribution prédominante au réchauffement actuel ».

Les niveaux de contributions naturelles et anthropiques sont comparés et chiffrés. Dans le cas de données à forte PCA, « et malgré l'élargissement des fourchettes d'incertitude, les mesures deviennent incompatibles avec celles du GIEC » (tableau 2).

Philippe de Larminat en conclut : « On ne peut exclure une forte contribution de l'activité solaire au réchauffement actuel… Si l'on retient des reconstructions de températures dans lesquelles la période chaude médiévale et le petit âge glaciaire sont significatifs, la primauté de l'activité humaine est remise en cause ».