Comment l'encyclique Laudato si peut-elle aider à la réflexion quant aux futures décisions que pourrait prendre la prochaine conférence de l'ONU sur le climat dite COP21 qui doit se tenir à Paris en décembre 2015?
Les politiques se sont déjà précipités sur la publication de l’encyclique « Laudato si » pour justifier les positions qu’ils compte prendre au sujet de la COP21. Ils s’appuient sur des citations pour justifier, tant des positions scientifiques sur la question climatique que les mesures de renforcement de la gouvernance mondiale qu'ils préparent. Qu’en penser vraiment ?

Commentaire "les2ailes.com"

1- Le Pape François : Une longue pratique de la gestion du conflit intellectuel

Le Cardinal Bergolio a toujours apprécié la gestion des conflits intellectuels. On a pu l'entendre dire que : "l’unité passe par le dépassement du conflit, sans le refuser et sans s’y embourber... dépassement qui se réalisera sur un plan plus élevé... seule façon pour que l’unité soit supérieure au conflit[1].
C’est pourquoi il est essentiel de bien analyser deux lectures possibles dans l’encyclique. Tout y est : une vision consensuelle pouvant porter à critique, même par son auteur, et une vision supérieure permettant de sortir du conflit.
Sur les deux sujets du réchauffement climatique et de la gouvernance mondiale, on ne peut rien comprendre si on ne s’appuie pas sur cette double lecture :

2- La question climatique

  • Une première lecture apparemment consensuelle

Le Pape François évoque la prochaine COP21 en écrivant : "S’agissant du changement climatique, les avancées sont hélas très médiocres.... Les négociations internationales ne peuvent pas avancer de manière significative en raison de la position des pays qui mettent leurs intérêts nationaux au dessus du bien commun général. ... Alors que se préparait cette Encyclique, le débat a atteint une intensité particulière. Nous, les croyants, nous ne pouvons pas cesser de demander à Dieu qu’il y ait des avancées positives dans les discussions actuelles, de manière à ce que les générations futures ne souffrent pas des conséquences d’ajournements imprudents". (§ 169). Le contexte de cette phrase est donc bien celui du réchauffement climatique. Le Pape appelle la communauté internationale à avancer. Mais quelles sont les "avancées positives" qu'il souhaite ?
S’agit-il de peser sur les causes des variations climatiques ? Une lecture rapide pourrait le laisser penser et conduire à ne citer que la première partie de l’encyclique dans laquelle le Pape fait une description de « l’état de la maison ». La cause humaine des variations climatiques de la fin du 20° siècle [2] semblerait ne pas faire de doute : L’encyclique se réfère au "consensus scientifique très solide qui indique que nous sommes en présence d’un réchauffement préoccupant du système climatique" (§ 23). Le texte fait référence à "de nombreuses études scientifiques [signalant] que la plus grande partie du réchauffement global des dernières décennies est due à la grande concentration de gaz à effet de serre ...émis surtout à cause de l’activité humaine" (§ 23).
Pour ces raisons, le pape François rejoint l'appel consensuel à "réaliser des changements de style de vie, de production et de consommation, pour combattre ce réchauffement ou, tout au moins, les causes humaines qui le provoquent ou l’accentuent" (§ 23).
Le Pape va jusqu’à proposer quelques solutions techniques comme la réduction de "l’émission du dioxyde de carbone... , en remplaçant l’utilisation de combustibles fossiles et en accroissant des sources d’énergie renouvelable" (§ 26).

  • Une seconde lecture indispensable au sujet de la question climatique.

Une seconde lecture est indispensable car, faire état d’un consensus relève-il d’une position définitive de l’encyclique en la matière ? Non, puisque le Pape reconnait "qu’on ne peut pas attribuer une cause scientifiquement déterminable à chaque phénomène particulier ... Il y a, certes, d’autres facteurs (comme le volcanisme, les variations de l’orbite et de l’axe de la terre, le cycle solaire)" (§ 23) [3]. Concernant les solutions, il admet que, "sur beaucoup de questions concrètes, en principe, l’Église n’a pas de raison de proposer une parole définitive et elle comprend qu’elle doit écouter puis promouvoir le débat honnête entre scientifiques, en respectant la diversité d’opinions" (§ 61). L’encyclique appelle par ailleurs au dialogue entre les diverses visions : "Cela donnerait lieu à divers apports qui pourraient entrer dans un dialogue en vue de réponses intégrales". (§ 60) Puissent les politiques et les médias oser ouvrir ce dialogue !
L’encyclique est ainsi fidèle à la recommandation conciliaire qui veut que les laïcs n’attendent pas de leurs pasteurs qu’ils "aient une compétence telle qu’ils puissent leur fournir une solution concrète et immédiate à tout problème, même grave, qui se présente à eux, ou que telle soit leur mission"  (Gaudium et spes § 43.2). Dans le "dialogue" conclusif de l’encyclique on lit bien que "dans certaines discussions sur des questions liées à l’environnement, il est difficile de parvenir à un consensus. Encore une fois je répète", insiste le Pape, "que l’Église n’a pas la prétention de juger des questions scientifiques ni de se substituer à la politique, mais j’invite à un débat honnête et transparent, pour que les besoins particuliers ou les idéologies n’affectent pas le bien commun" (§ 188).
Ainsi, en s’appuyant, d’un côté, sur les propos consensuels de la communauté internationale sur la question climatique, le Pape est entendu. Mais, malgré tout, il reconnaît que, dans les discussions "il est difficile de parvenir à un consensus" (§ 188).

3- La question de la gouvernance mondiale 

  • Une première lecture très favorable aux « mondialistes »

L’encyclique ne passe pas sous silence la question de la gouvernance mondiale. Elle parle à plusieurs reprises de la nécessité "de régulation ... de contrôles suffisants" (§ 29), de la difficulté à mettre en œuvre des "mécanisme adéquat de contrôle, de révision périodique et de sanction en cas de manquement , ... de missions de vérification... du respect effectif des conventions" (§ 167). Elle regrette "l’absence de mécanismes sévères de réglementation, de contrôle et de sanction [qui] finissent par miner tous les efforts" (§ 174).  L’encyclique évoque même la nécessité d’un "pouvoir pour sanctionner" (§ 175). Le pape souligne le besoin d'un « accord sur les régimes de gestion, pour toute la gamme de ce qu’on appelle les ‘‘biens communs globaux’’» (§ 174).
Voilà des propos qui plaident en faveur de ceux qui souhaitent que la COP21 prenne des "mesures contraignantes", en faveur de ceux qui plaident pour donner à l’ONU des moyens financiers à travers ce fameux "fonds vert pour le climat". N’a-t-on pas entendu Jean Jouzel, représentant du GIEC en France, réclamer «  mille milliards pour le climat » [4]. Excusez du peu!

  • Une seconde lecture rappelant le principe de subsidiarité. 

Faut-il en rester à cette première lecture? En étant attentif au texte on perçoit une seconde porte d'entrée essentielle avec le principe de subsidiarité: "Qu’en est-il de la politique ? Rappelons le principe de subsidiarité qui donne la liberté au développement des capacités présentes à tous les niveaux, mais qui exige en même temps plus de responsabilité pour le bien commun de la part de celui qui détient plus de pouvoir" (§ 196).
L’encyclique fait sienne, au § 175, le propos de Benoît XVI dans Caritas in veritate : "Pour le gouvernement de l’économie mondiale, pour assainir les économies frappées par la crise, pour prévenir son aggravation et de plus grands déséquilibres, pour procéder à un souhaitable désarmement intégral, pour arriver à la sécurité alimentaire et à la paix, pour assurer la protection de l’environnement et pour réguler les flux migratoires, il est urgent que soit mise en place une véritable Autorité politique mondiale telle qu’elle a déjà été esquissée par mon Prédécesseur, le bienheureux Jean XXIII [5]" (§ 175).
Le Pape François se place ainsi délibérément dans la continuité de "Caritas in veritate" qui rappelait bien que "une telle autorité devra être réglée par le droit, se conformer de manière cohérente aux principes de subsidiarité et de solidarité[6]. Or parler de gouvernance mondiale et de subsidiarité est un exercice subtile et délicat.
Il ne faut pas se méprendre sur l’interprétation à donner au mot subsidiarité. Or les politiques se plaisent à confondre le principe d’exacte adéquation [7] totalement opposé au concept de subsidiarité :
-  Dans le concept d’exacte adéquation, chaque niveau de collectivité devrait « recevoir compétence pour résoudre les questions qui, en raison de leur nature, ne sont solubles que là ». Ces pouvoirs juridiques seraient accordés par une source supérieure mal définie.
-  Au contraire, le principe de subsidiarité part de l’idée que « c’est chaque niveau qui délègue à la collectivité, dite supérieure, les pouvoirs qu’elle n’est pas à même d’exercer convenablement ». La collectivité supérieure se construit alors à partir de la base.
Pour le magistère, c’est la famille qui constitue la cellule sociétale subsidiaire de base par excellence.Or les politiques, quand ils prétendent se référer au principe de subsidiarité, parlent en fait de délégation de la structure supérieure aux niveaux inférieurs.
Le principe de subsidiarité ne doit laisser place à aucune méprise : "La sagesse et la prudence nous suggèrent de ne pas proclamer trop hâtivement la fin de l’État" [8].
Laudato si ne s’y trompe pas qui affirme qu’il ne faut pas "homogénéiser les cultures [ni] affaiblir l’immense variété culturelle, qui est un trésor de l’humanité" (§ 14). En cela le Pape François est dans la continuité de Jean-Paul II : "Je vous dis : veillez, par tous les moyens à votre disposition, sur cette souveraineté fondamentale que possède chaque Nation en vertu de sa propre culture. Protégez-la comme la prunelle de vos yeux pour l’avenir de la grande famille humaine. Protégez-la ! Ne permettez pas que cette souveraineté fondamentale devienne la proie de quelque intérêt politique ou économique. Ne permettez pas qu’elle devienne victime des totalitarismes, impérialismes ou hégémonies, pour lesquels l’homme ne compte que comme objet de domination et non comme sujet de sa propre existence humaine. Pour ceux-là aussi, la Nation ― leur propre Nation ou les autres ― ne compte que comme objet de domination et appât d’intérêts divers, et non comme sujet: le sujet de la souveraineté provenant de la culture authentique qui lui appartient en propre"[9].
Les instances internationales doivent donc veiller à préserver les structures subsidiaires que constituent les états et la famille.

4- Comment le Pape François sort-il de ces apparentes contradictions ?

On le voit:  la contradiction est apparente dans l’encyclique [10].
Mais, le Cardinal Bergolio savait que pour parvenir à une synthèse et à "l’union des esprits, il y a un fondement non négociable,... la doctrine commune" [11]. Quels sont ces points de doctrine qui peuvent éclairer les décideurs de la COP21 ? Beaucoup relèvent de la théologie et de la foi. C'est l'essentiel de l'encyclique. Mais retenons trois points accessibles à tout homme de bonne volonté, croyant ou non:

  • « Tout est lié »

Cette phrase lancinante répétée 10 fois dans l’encyclique, qui l’a entendue ? « Puisque tout est lié, la défense de la nature n’est pas compatible non plus avec la justification de l’avortement » (§ 120), « les attaques auxquelles [la famille] est exposée », (§ 213), « l’effacement des différences sexuelles » (§ 155), « la culture du relativisme (...), l’exploitation sexuelle des enfants ou l’abandon des personnes âgées » (§ 123). On voit que toutes les questions relevant des droits de l'homme sont indirectement abordées. Qui prépare les esprits pour que la COP21 intègre dans ses décisions cette "écologie intégrale" ?
Nul doute que le Pape François attend des conventions internationales qu’ils adoptent des "Objectifs de développement durable" (ODD) qui ne se limitent pas à prévoir "d’autonomiser toutes les femmes et les filles, (…) d’assurer la santé et l’éducation". Car, derrière cette bonne conscience, cette sémantique fourre-tout cache la "santé reproductive" dont on sait qu’elle ambitionne de faire du droit à l’avortement une clef de voûte. Le Pape a pourtant condamné, dans l’encyclique, "les pressions internationales (…) conditionnant des aides économiques à certaines politiques de santé reproductive" (§ 50) [12].

  • Le lien entre écologie et pauvreté

La lutte contre la pauvreté est, à l’évidence, la priorité du Pape François. Il n’est qu’à lire quelques phrases clefs de son encyclique : "On voit jusqu’à quel point sont inséparables la préoccupation pour la nature, la justice envers les pauvres" (§ 10).
Et plus loin : "une vraie approche écologique ... doit intégrer la justice dans les discussions sur l’environnement, pour écouter tant la clameur de la terre que la clameur des pauvres". (§ 49). Ou encore : "L’incohérence est évidente de la part de celui qui lutte contre le trafic d’animaux en voie d’extinction mais qui ... se désintéresse des pauvres" (§ 91).
Qu’attendre de la COP21 ? Faut-il consacrer des milliards pour peser sur les causes du réchauffement climatique ? La justice ne veut-elle pas qu’on pèse en priorité sur les conséquences ? Le Pape n’est pas dupe. Il l’a dit avec force devant l’ONU, le 25 septembre : "L’exclusion économique et sociale est une négation totale de la fraternité humaine et une très grave atteinte aux droits humains et à l’environnement. Les plus pauvres sont ceux qui souffrent le plus de ces atteintes pour un grave triple motif : ils sont marginalisés par la société, ils sont en même temps obligés de vivre des restes, et ils doivent injustement subir les conséquences des abus sur l’environnement". Le pape se place bien ici sur le terrain des conséquences du climat
La COP21 saura-t-elle entendre ce message ? Comment assurer un développement économique aux pays les plus fragiles pour qu’il puisse se prémunir eux-mêmes des calamités naturelles ? Est-ce en développant sans cesse une "Organisation Mondiale du Commerce" (OMC) qui empêche les plus fragiles de se protéger avec des frais de douanes des importations en provenance des pays du Nord. Ce libéralisme des frais de douanes relève d’un dogme inique et cynique qui consiste à organiser une concurrence dont on sait qui seront les perdants : "La détérioration continuelle des termes d’échange des matières premières et l’aggravation du fossé entre pays riches et pays pauvres a poussé le Magistère à rappeler l’importance des critères éthiques qui devraient orienter les relations économiques internationales[13].
L’encyclique s’insurge d’ailleurs sur une mesure que pourrait prendre la COP21 consistant à "imposer aux pays de moindres ressources de lourds engagements de réduction des émissions, comparables à ceux des pays les plus industrialisés. L’imposition de ces mesures porte préjudice aux pays qui ont le plus besoin de développement. Une nouvelle injustice est ainsi ajoutée sous couvert de protection de l’environnement. Comme toujours, le fil est rompu à son point le plus faible. Étant donné que les effets du changement climatique se feront sentir pendant longtemps, même si des mesures strictes sont prises maintenant, certains pays aux maigres ressources auront besoin d’aide pour s’adapter aux effets qui déjà se produisent et qui affectent leurs économies". (§170).
L'encyclique ne mâche pas ses mots et parle d’« un système de relations commerciales et de propriété structurellement pervers » (§ 52). La COP21 pourrait utilement appeler les états à revoir les bases de leurs négociations internationales en matière de commerce !

- Ne pas prendre la démographie en otage au nom d’un prétexte climatique.

L’ONU a adopté 17 objectifs de développement durable pour les années 2015-2030. Le second d’entre eux est symptomatique et prévoit que « tous les pays ont droit au développement qui respecte les "limites planétaires", ... et qui contribue à stabiliser la population mondiale d’ici le mi-siècle ». L’ONU précise que ces neuf  « limites planétaires décrivent le "terrain de jeu" dans lequel l’humanité reste en sécurité par rapport à l’équilibre du système Terre exprimé à travers neuf dimensions critiques ... »[14]... Comme si la stabilisation de la population mondiale était un « terrain de jeu » pour l’ONU !
Or l’encyclique est parfaitement claire sur cette question : « Au lieu de résoudre les problèmes des pauvres et de penser à un monde différent, certains se contentent seulement de proposer une réduction de la natalité. Les pressions internationales sur les pays en développement ne manquent pas, conditionnant des aides économiques à certaines politiques de “santé reproductive”.... La croissance démographique est pleinement compatible avec un développement intégral et solidaire » (§ 50).
Le pape attend donc des conférences internationales qu’elles ne se cachent pas derrière des prétextes environnementaux, pour développer des objectifs malthusiens qu’ils soient économiques ou démographiques. Ce qui lui importe, c’est un "développement intégral" des personnes.

Conclusion : Quel est l’enseignement de l’encyclique pour les leaders politiques ?

Dans une déclaration de presse, le chef de l'ONU, Ban ki Moon,  a salué, dès le 18 juin, "l'encyclique papale publiée par Sa Sainteté le Pape François, qui souligne que le changement climatique est l'un des principaux défis de l'humanité".
Le même jour, Laurent Fabius, ministre français des affaires étrangères, saluait dans l’encyclique "un geste sans précédent" et "une contribution importante pour le succès de la COP21".
Toutes ces prises de positions relèvent d’une forme d’instrumentalisation de la science, d’instrumentalisation de l’encyclique, bref, d’instrumentalisation de nos consciences. Une lecture intégrale de l’encyclique est indispensable si on veut discerner ce que le Pape François attend réellement des instances internationales et de la COP21 en particulier.
Le pape François a d’ailleurs commenté lui-même sa propre encyclique un mois après sa publication : «  Face à une question qu’on m’a posée, j’ai dit : Non, ce n’est pas une encyclique "verte", c’est une encyclique "sociale" » [15].


[1] Cardinal Bergolio, « Réflexions sur l’espérance II (1192) », in Espérance ; institutions et politique, I » (Parole et Silence, 2014), p. 55

[2] Nous n’intégrons pas le début du 20° siècle dans nos références. En effet, le GIEC, lui-même, reconnaît « la réduction observée dans la tendance au réchauffement ... sur les derniers 10 ou 15 ans » (GIEC -WG1-AR5 - Chap 9  p. 743). Pourtant la planète n’a pas connu une réduction de combustion des énergies fossiles pendant cette période ! Or Valérie Masson Delmotte, co-présidente du groupe 1 du GIEC reconnait, dans une vidéo publiée par Le Monde le 8 octobre 2015, que, depuis le dernier rapport du GIEC, « 30 articles scientifiques... continuent à essayer de comprendre » ce hiatus. Y parviennent-ils ? Elle reconnaît qu’« on a eu un léger ralentissement de l'activité du soleil » pendant cette période ! Ce serait donc que le soleil a un rôle plus important qu’on ne veut bien le dire !

[3] Nous ne reviendrons pas sur deux analyses contradictoires qui s’opposent : 
♦ La position dominantes des modèles numériques du GIEC
Le Giec s’appuie sur des modèles numériques à Circulation générale (CGM),  obtenus par décomposition en plus de 200.000 subdivisions de la planète, connectées par quelques millions d’équations relevant de lois de la physique retenues par plus de 400 auteurs. Les résultats des simulations par calculateurs numériques sont rassemblés dans des rapports du Giec portant sur 1550 pages et 9200 références. Cet amoncellement de connaissances parcellaires a conduit le Giec à élaborer un concept de validation dénommé « détection attribution » consistant à « détecter un effet, le réchauffement, et l’attribuer à une cause ». Cette discipline de validation est récente et n’est avancée que par un nombre restreint d’experts. Il résulte de ces travaux qu’il serait « extrêmement probable que l’influence de l’homme soit la cause principale du réchauffement observé depuis le milieu du xxe siècle » (Communiqué de presse publié le 26/09/2013 à Stockholm), mais faute d'une science robuste permettant la synthèse, le Giec admet que «ces niveaux de confiance ne sont pas des statistiques fréquentistes mais des "probabilités subjectives" qui représentent des degrés de croyance » (rapport GIEC - AR5 GT2, § 2.6.2)
♦ L’école, moins médiatisée, des modèles à comportement externe
De nombreux scientifiques estiment, de leur côté, que les variations du climat sont à imputer aux variations de l’irradiance solaire et à d’autres phénomènes naturels. Ces analyses s’appuient en particulier sur des calculs de corrélations entre des séries de données reconstituées sur de longues périodes.
Des travaux de recherches ont été publiés en 2014 (Iste-Wiley) s’appuyant sur des « modèles à comportement externe » structurés à partir de lois simples de conservation de l’énergie. Les périodes d’observations de ces modèles sont de plus de 1000 ans et la méthode scientifique utilisée est celle de l’identification des systèmes complexes pour identifier les paramètres de sensibilité climatique. Ces modèles font état de simulation a posteriori permettant de prédire a posteriori, le ralentissement du réchauffement constaté depuis 15 ans. Des tests d’hypothèses permettent à ces modèles d’estimer, avec 90 % de certitude que "
rien ne prouve que l’activité humaine ait une influence significative sur le climat, et tout indique que l’activité solaire est déterminante" (Iste-Wiley, page 17, dernier §).
Cette école, il faut le reconnaître, a encore peu de visibilité faute de reprise médiatique.

[4] Propos tenu le 23 août 2014 pendant la campagne électorale pour les élections européennes, aux journées d’été organisées par une liste de candidats réunis sous la bannière « Nouvelle Donne ».

[5] Benoit XVI, Lettre encyclique. Caritas in veritate (29 juin 2009), § 700.

[6] Ibid § 700.

[7] Guy Heraud (1920-2003), professeur français de droit public, a consacré de nombreux travaux à un prétendu principe d’exacte adéquation,  dans Les principes du fédéralisme et la fédération européenne, Presses d’Europe, 1968, p. 50. Guy Héraud a été candidat à la présidence de la République en 1974 sur un programme se référant au fédéralisme européen.

[8] Benoît XVI, Caritas in veritate, op. cit., § n° 41.

[9] Discours du Pape Jean-Paul II à l’UNESCO, (Paris 2 juin 1980)

[10] Leo Strauss,(1899-1973), ancien professeur de science politique à l'Université de Chicago, a su expliquer un des arts politiques, d’écrire "entre les lignes".
Il explique que, sous un régime dictatorial ou despotique, c'est l'art d'écrire avec la conscience qu’un censeur n’est pas loin. La thèse de Strauss posait la question de savoir si ce besoin d’écrire entre les lignes pourrait un jour devenir nécessaire dans des pays plus libéraux. Strauss a observé que lorsqu’un écrivain de talent se contredit d’une manière qui embarrasserait même un écolier, cela pourrait être le signe que cette contradiction est tout à fait volontaire. L’écrivain essaye peut-être d’inciter le lecteur attentif à être encore plus attentif. Et le lecteur peut trouver là l’enseignement profond que l’auteur pour une raison ou une autre, a décidé de ne pas publier à son de trompette. Il garde prudemment l’enseignement profond à l’abri du grand public qui ne serait pas prêt à le comprendre ou à le recevoir.
Dans un article du 14 octobre 2015, Hadley Arkes, politologue américain au Amherst College, explique que cela mériterait qu’on s’y attarde à propos de l'écriture de Laudato si. Il a relu l'encyclique en portant une attention accrue à la différence entre l’enseignement plus amplifié, et celui qui reste plus discret. «Il y a bien sûr le texte standard avec tous les clichés libéraux sur le "changement climatique", ainsi que l’étrange lamentation sur les énergies fossiles et la croissance économique qui ont dramatiquement sorti des millions de personnes de la pauvreté. Mais la chose saisissante était ceci : à peu près à chaque paragraphe, à chaque rubrique familière présentant le souci de "l’environnement", François cherche à montrer que si nous allons aux racines de la question, le sujet de la « vie humaine » a une importance encore plus grande dans l’ordre de la "nature" – en fait c’est le sommet de la création. Et l’inquiétude pour les vies humaines que provoquent le manque de nourriture et la mauvaise qualité de l’air est à peine comparable à la destruction immédiate des vies des enfants non nés sur une échelle de masse.
François pointe alors avec force que l’inquiétude pour la planète ne peut pas être un prétexte à la "divinisation" de la terre, car l’ "environnementalisme" aboutirait à du paganisme. Le souci du monde animal serait moralement mis à l’envers s’il consistait à "mettre tous les êtres vivants sur le même plan" et "privait les êtres humains de leur valeur unique". Alors, François se plaint de l’obsession de "protéger les autres espèces" et de "dénier toute prééminence à la personne humaine". C’est "clairement inconséquent", dit-il , de condamner le trafic des espèces en danger et de demeurer complètement indifférent au trafic humain, sans souci des pauvres, et d’entreprendre la destruction d’un autre être humain jugé indésirable.
Mais bien sûr, ces fils conducteurs, dans l’encyclique, n’ont pas été relevés par les médias, bien qu’ils aient fourni les principes de base – et l’enseignement le plus profond – de ce document.  Et voilà le piège des deux niveaux d’écriture : l’enseignement orthodoxe était tranquillement délivré aux fidèles, s’ils écoutaient attentivement. Par contre, ce qui pouvait être vu et entendu de tous était ce qui pourrait flatter les préjugés du grand public, tout en s’assurant que rien de vraiment sérieux ne serait enseigné».

[11] Cardinal Bergolio, « Réflexions sur l’espérance II (1192) », in Espérance ; institutions et politique, I » (Parole et Silence, 2014), p. 45

[12] L’Église n’est absolument pas dupe du contenu des concepts qui se cachent derrière la sémantique internationale de la Santé reproductive. Nous donnons ici quelques références le prouvant:
♦ La conception utilitariste de la "santé reproductive": « Il faut rappeler qu'il y a une différence de fond entre la conception utilitariste de la sexualité humaine, associée au concept de la santé reproductive, et la perspective offerte par l'Église dans son respect pour la dignité de l'homme et de sa sexualité... Il faut donc respecter la double signification du don mutuel de l'homme et de la femme, ouvert à la vie, dans le mariage, signification contredite par la contraception encouragée par la prétendue « santé reproductive » [« la santé reproductive des réfugiés » (Conseil Pontifical pour la Pastorale des migrants et des personnes en déplacement - Note pour les conférences épiscopales, 14.9.2001)].
♦ Une "santé reproductive" qui menace les fondements de la famille: « Je dois également mentionner un autre grave sujet de préoccupation : les politiques de ceux qui, dans l’illusion de faire progresser l’« édifice social », en menacent les fondements mêmes. Combien est amère l’ironie de ceux qui promeuvent l’avortement au rang des soins de la santé des « mamans » ! Combien est déconcertante la thèse de ceux qui prétendent que la suppression de la vie serait une question de santé reproductive (cf. Protocole de Maputo, art. 14)! » (Discours de Benoit XVI à Luanda 20.3.2009)
♦ Une"santé reproductive" qui va de pair avec l’avortement et l’homosexualité: « La nouvelle idéologie est dynamique et s'impose à la fois aux cultures et aux politiques. Elle exerce pression sur le législateur pour qu'il prescrive des lois favorables à l'accès universel aux informations et aux services contraceptifs et abortifs (concept de “santé reproductive") ainsi qu'à l'homosexualité. » (Cardinal Sarah , 5° congrégation générale du 7.10.2009, Carrefours de la II Assemblée Spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques)
♦ Une santé reproductive qui devient facteur de destruction de toute la jeunesse: « Encourager un "changement de comportement" parmi les adolescents dans les programmes d’éducation sexuelle, alors qu’en réalité on veut "les encourager à utiliser un préservatif lorsqu’ils ont des rapports sexuels pré-matrimoniaux", tout en encourageant les rapports sexuels pré-matrimoniaux eux-mêmes, c’est détruire non seulement la santé reproductive de l’adolescent, mais aussi leur santé émotionnelle, mentale, et spirituelle, et même leur future et leur vie entière (§ 15)... L’Église continue à entreprendre la promotion d’une authentique santé reproductive de même que la santé des femmes, qui inclut une information complète sans terminologie ambiguë, et une pratique de la sexualité vraiment sûre, fondée sur une sexualité humaine authentique (§ 19)... » [ Conseil Pontifical de la Famille: « Les valeurs familiales versus la sexualité sans risques (Safe sex) » par le cardinal A.L . Trujillo, président du Conseil pontifical pour la famille, (1.12.2003, § 15)].
♦ Les réserves de l’Église face à la "santé reproductive": « Cette "santé reproductive" est promue aujourd'hui par certaines organisations de l'ONU comme l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) et le Fonds des Nations unies pour la Population (FNUAP). Lors de la session conclusive de la Conférence du Caire, le Saint-Siège a fait une déclaration dans laquelle il a exprimé les réserves de l'Église sur l'idéologie de la "santé reproductive" » (Mgr Martino R.), Consenso parziale e con riserve, « L'Osservatore Romano », vendredi 16 septembre 1994, p. 4)

[13] Compendium de la doctrine sociale de l’Eglise, §364.

[14] La revue Sciences express a publié le 15 janvier 2015, une prétendue étude scientifique intitulée : "Planetary Boundaries: Guiding human development on a changing planet". Dix neuf auteurs y analysent une série de neuf critères justifiant, selon eux, des entraves à l’activité humaine sous forme de "limites planétaires".
Johan Rockström,  un des co-auteurs, a longuement présenté les conclusions au « forum économique mondial » de Davos, les 21-24 janvier 2015. Nul doute que les principaux dirigeants de la planète seront convaincus de l’urgence de mesures de décroissance puisque, selon un des auteurs,  "la civilisation a dépassé quatre des neuf soi-disant limites planétaires".
Cette étude vient à l'appui de l'ONU qui a adopté les "Objectifs du développement durable" pour les années 2015-2030 et qui a associé les thématiques de  "limites planétaires" et de population. Elle en a fait son Groupe Thématique n°1  intitulé "Macroéconomie, dynamique des populations, et limites planétaires". Cette association est un aveu évident du malthusianisme qui règne au sein des instances internationales sous couvert de développement durable.
L’étude retient 9 critères. Tout y passe:
Le Changement climatique, fixant une limite d’émission de CO² dans l’air 
L’intégrité de la biosphère, fixant une limite de disparition d’espèces
La réparation du « trou d’ozone » est considéré comme un fait acquit du fait de limites antérieures, le zéro CFC.
L’acidification des océans serait évitée en appliquant la limite de CO2 retenue pour le climat
Les flux de phosphore et d’azote en fixant des limites d’usages d’engrais
Les changements de macro-écosystèmes en limitant les déforestations
Les usages d’eaux douces en limitant les usages aux « exigences de flux écologiques des rivières »
Les nouvelles entités chimiques dont l’analyse n’a pas encore permis de fixer une valeur limite
Les aérosols et particules fines atmosphériques dont l’analyse n’a pas encore permis de fixer une valeur limite
Avec une telle analyse, comment ne pas justifier la mise en place de mesures démographiques contraignantes ?

[15] Discours au symposium « Prospérité, Peuples et Planète dans les villes » du 21 juillet 2015