Un symposium spécial a été organisé le 22 juillet 2015, conjointement par "l’Académie Pontificale des Sciences Sociales" et le "Réseau de l’ONU pour les solutions au développement durable - UN.SDSN". Après avoir organisé un colloque sur le climat le 28 avril, où n’étaient invités que des experts favorables à la cause dite humaine de la période chaude contemporaine, le chancelier Mgr. Sorondo n’a invité, pour animer les travaux, que des personnalités reconnues pour le soutien à la "santé reproductive et sexuelle". Certes, il s’agit d’un objectif reconnu par l’ONU, mais on peut s’étonner que l’Académie Pontificale n’ait pas eu le courage d’inviter les propres experts de l'Eglise pour expliquer pourquoi, « au lieu de résoudre les problèmes des pauvres et de penser à un monde différent, certains se contentent seulement de proposer une réduction de la natalité. Les pressions internationales sur les pays en développement ne manquent pas, conditionnant des aides économiques à certaines politiques de “ santé reproductive ”. » (Laudato si § 50). Il existe surement d'excellents experts plus ouverts à la doctrine sociale de l'Eglise, par exemple dans la communauté Sant’egidio dont on connait les engagements en Afrique pour le développement d’une santé reproductive qui n’a rien à voir avec celle de l’ONU !
De quoi s’agit-il ?
Commentaire "les2ailes.com"
1- Quel était le programme du symposium de l’Académie Pontificale des Sciences Sociales ?
Le symposium s’intitulait « Prospérité, Peuples et Planète dans les villes ». Le programme a été le suivant :
9.00 : Bienvenu - Mgr Marcelo Sánchez Sorondo, Chancellier de l’Académie Pontificale des Sciences,
9.30: Contexte – ‘Les villes et les objectifs du développement durable- SDGs’ – Professeur Jeffrey Sachs, Directeur du SDSN,
10.15: Pose Café,
10.30: Climat, décarbonisation profonde & zéro-émission des villes », Présidé par le Professeur Laurence Tubiana, Représentante spéciale du Gouvernernent Français pour la Conférence de 2015 sur le climat,
12.00: Les défis de l’inclusion sociale, Présidé par le Dr. Joan Clos, Directeur exécutif de UN Habitat,
13.00: Déjeuner,
14.00: Développement économique, Présidé par Aromar Revi, Directeur de l’Institut Indienpour les établissements humains et Co-Président du groupe thématique urbanisation de SDSN,
15.15: Café,
15.30: Gouvernance & financement, présidé par Vuk Jeremic, ex- Président de l’Assemblée Générale de l’ONU (Davos-Style Panel),
17.00: Clôture
2- Qui ont été les invités du Symposium de l’Académie Pontificale des Sciences ?
a) Jeffrey Sachs
Directeur du UN Sustainable Development Solutions Network (UNSDSN),
Il a pris position publique sur l'avortement dans son livre « Common wealth : Economics for a Crowded Planet » de 2008, dans lequel il « a fait un plaidoyer pour légaliser l’avortement comme un coût efficace pour parvenir à éliminer "les enfants non-désirés" quand la contraception a échoué. Il décrit l’avortement comme » une option à faible risque et low-cost [1] "préférable à de nouvelles vies humaines dans le monde". Il a aussi écrit avec enthousiasme que "la légalisation de l’avortement réduit significativement le taux global de fertilité en moyenne d’au moins un demi enfant" [1bis].
b) Laurence Tubiana
Professeur à Sciences-Po de Paris, elle a signé, en 2014, un rapport en commun avec Jeffrey Sachs sur « les voies de la dé-carbonisation profonde ». C’est une féministe pour qui le droit des femmes ne peut pas passer par des "fermetures de centres IVG" [2]. Elle fait la promotion du gender en rejoignant "plus de 130 femmes leaders réunies à New-York pour faire la démonstration de leur engagement pour une action sur le climat avec une sensibilité pour le gender" [3].
Elle est co-auteur d’un livre sur "la réduction des inégalités : Un défi pour le développement durable" [4]. Dans ce livre, la page 22 commence un chapitre sur "les causes et les contextes d’inégalité" qu’elle explique par les inégalités de "genre". Page 105, elle pose la question : "Comment peut-on ralentir l’expansion de la population humaine ?". Sa réponse suit : "Notre faisons l’hypothèse que l’égalité de genre figurera dans les réponses à cette question de manière plus prononcée que les autres aspects d’égalité économique ou politique". Elle cite Engelman pour qui "l’égalité de genre est une clé primordiale, avec l’accès sain et effectif à la contraception et à l’avortement, pour stabiliser le niveau de la population mondiale. L’égalité de genre a au moins un autre avantage que celui des bénéfices à la fois pour les espèces humaines et non humaines, celui de la baisse des émissions de carbone ".
Page 127, elle fait la promotion de la « santé reproductive ».
c) Joan Clos
Maire de Barcelone, Sous secrétaire général de l’ONU, il préface un document édité en 2013 par « UN-Habitat » dont il est le Directeur exécutif : « advancing Youth civic- engagement and Human rights ».
Au chapitre 3 concernant "la jeunesse en tant que détentrice de droits", le document propose un plan quinquennal d’action pour la jeunesse, "incluant... la protection des droits, et de l'éducation, y compris sur la santé reproductive" (page 21) [5]. Le document ajoute qu’il y a « une réelle urgence à exhorter les gouvernements et les États membres à protéger "les droits fondamentaux des adolescents et des jeunes d'avoir le contrôle et de décider librement et de façon responsable sur les questions liées à leur sexualité, y compris la santé sexuelle et reproductive" » (p 22).
Ce document fait globalement l’éloge du "Braga Youth Action Plan- BYAP" conclu à Braga (Portugal) du 2 au 7 août 1998. Ce "forum mondial de la jeunesse" avait adopté une "charte pour la jeunesse africaine - AYC", puis, en 2005, les états membres de la "Iberoamerican Youth Organisation - IYO" avaient adopté et signé une "Convention des droits de la jeunesse - ICRY" dont l’article 14 « accorde à la jeunesse le droit à l’identité et la personnalité individuelle incluant l’orientation sexuelle comme composante de leur identité et de leur personnalité » et dont l’article 25 fait ouvertement la "promotion de la santé reproductive et sexuelle".
d) Aromar Revi
Directeur de l'Institut indien des établissements humains et co-président du Groupe thématique urbaine de SDSN, Aromar Revi est membre du conseil de surveillance d’un programme de la Fondation Rockefeller.
e) Vuc Jeremic
Ministre des affaires étrangères de Roumanie, Président de l’Assemblée générale de l’ONU, il signe, en 2014, avec Jeffrey D Sachs, un document "Les Nations Unies à l’ère du développement durable" [6] faisant la promotion de 10 objectifs, dont le n°2-c comprend "la réduction volontaire rapide de la fertilité par la réalisation des droits à la santé reproductive dans les pays dont les taux de fertilité sont au dessus de 3 enfants par femme et par la continuation de la réduction volontaire de la fertilité dans les pays où les taux globaux de fertilité sont au dessus du niveau de renouvellement ». L’objectif n° 5-a encourage également « la santé reproductive, le planning familial,... ".
Vuc Jeremic a été intronisé comme un des "Young Global Leaders Classe" lors du forum de Davos en 2013.
f) Valeria Mazza
Pour ce sommet, Mgr Sorondo a choisi l'ancien top-modèle Valeria Mazza [7], épouse de Alejandro Gravier, homme d’affaire argentin et ami proche d'Albert de Monaco. Pour rendre sa stratégie séduisante, Mgr Sorondo a donc voulu donner dans le show-biz ! A moins que Alejandro Gravier [8] ne soit le mécène qui a financé tout le colloque, puisque le Vatican a indiqué que le symposium a représenté un coût de 120 000 euros, "mis à la disposition de l’Académie par un mécène du secteur privé". [9] On aimerait savoir qui est le mécène en question ? Comment ne pas se poser des questions sur ce qui anime Mgr Sorondo ? Est-il vraiment indépendant ?
g) Hans Joachim Schellnhuber
Nous ajoutons à la liste des invités, HJ Schellnhuber, tout nouvel académicien pontifical des sciences, nommé sur l'instigation du chancelier Mgr Sorondo. Or ce fondateur de l'Institut de climatologie de Potsdam est un proche du Giec. Par ailleurs, le 12 mars 2009, lors d'une réunion préparatoire au sommet climatique de Copenhague et à propos des conséquences d'une hausse moyenne des températures de 5 degrés Celsius, il s'exclama: "De manière cynique, c'est un triomphe pour la science car, au moins, nous sommes parvenus à stabiliser quelque chose,, à savoir l'estimation de la capacité d'accueil de la planète, c'est à dire un milliard de personnes. Quel triomphe! D'un côté, voulons-nous en arriver là? Je pense que l'on peut faire bien mieux !"
3- La position de l’Église sur la « santé reproductive » de l’ONU
Comment tous ces invités officiels de Mgr Sorondo, chancelier de l’Académie Pontificale des sciences, ont-ils concilié leur discours avec celui de l’Église ?
a) Le concept central de « santé reproductive » de l’ONU.
Dernière le bien fondé apparent du but poursuivi se cache en fait une manipulation sémantique.
Parmi les publics les plus modérés, on ne voit pas de raison d’exclure des politiques de santé les disciplines médicales liées à la reproduction ou à la gynécologie.
Mais la définition de ce concept de « santé reproductive » est peu clair [10]: « Son objectif, souligne Marguerite Peeters, est d’embrouiller, non de clarifier. Longue d’un paragraphe, [sa définition] inclut, en les mettant sur le même pied, les possibilités de choix les plus contradictoires, telles que l'avortement et la maternité, la stérilisation volontaire et la fécondation in vitro, le libertinage et la famille. La ‘’santé reproductive’’ exalte le choix individuel et la vitalité sexuelle au lieu de célébrer la joie de la procréation et de la vie. Collage artificiel de propositions incompatibles, la ‘’santé reproductive’’ relève de l'utopie postmoderne du droit de choisir » [11].
Très concrètement, la « santé reproductive » a deux volets :
- L'information et l'éducation qui visent à transformer les mentalités, les valeurs culturelles afin de remettre globalement en cause celles des traditions culturelles et religieuses ;
- La proposition de services pratiques qui aident à mettre en œuvre les informations reçues comme la prise en charge culturelle des enfants à l’école et la distribution de préservatifs. En fait changer les mentalités pour transformer les comportements.
Ce concept de « santé reproductive », nécessairement flou, dissocie la vie sexuelle de la maternité : il doit, dès lors, viser à libérer la pratique sexuelle du cadre familial et de la moralité traditionnelle et religieuse. « Néanmoins, pour rendre acceptable ses objectifs cachés et en éviter le rejet, son objectif inclut à la fois : les soins pour le nourrisson, les soins prénataux et postnataux, la prévention de l’infertilité, mais également un accès complet à tous les contraceptifs -pilule du lendemain, contraception d’urgence, stérilisation volontaire-, ainsi que les services d’avortement "sans risques" -pour la mère mais par pour l’enfant-, l'information sur la sexualité et les droits sexuels reproductifs » [12].
C’est là que le concept devient un "fourre tout", car qui pourrait rejeter dans ces objectifs, un certain nombre d’entre eux ? Le problème est qu’ils sont soigneusement mêlés à d’autres qui sont non seulement inacceptables, mais qui contribuent à la "rééducation" des comportements.
b) Le second concept de « santé sexuelle ».
La "santé sexuelle", explique Tanguy-Marie Pouliquen, est, au plan idéologique, ce que la "santé reproductive" est au plan pratique. Elle valide l'impératif de laisser aux plaisirs sexuels leur libre expression. Selon l'Office Mondial de la Santé (OMS), la "santé sexuelle", concept holistique par excellence, "viserait à l'épanouissement sexuel de l'individu, à son exploration par les jeunes, à l'établissement de relation sexuelles équitables et responsables, l'absence de maladies et de violence, de risque biologique, de grossesses non désirées, mais aussi les facilités pour l'avortement, l'infertilité des dysfonctionnements sexuels, la santé mentale et même les prédispositions génétiques de l'individu, ensemble de termes qui ne sont pas sans faire penser à un projet eugénique" [13]. Cette "santé sexuelle", qui déconstruit la morale sexuelle naturelle, a une orientation éminemment païenne, dionysiaque [14] qui privilégie la vitalité – le plaisir, le bien être individuel, l'harmonie, la satisfaction sexuelle, ainsi que le sentiment narcissique de possession de soi – à toute recherche du bien réel de la personne. "La centralité du plaisir devient systémique, inhérent à tous les concepts évoqués et le tout définissant la nouvelle civilisation non répressive et individualiste" [15].
c) La position de l’Église vis à vis des concepts de « santé reproductive »
L’Église n’est absolument pas dupe du contenu des concepts qui se cachent derrière cette sémantique internationale. Nous donnons ici quelques références le prouvant
- La conception utilitariste de la "santé reproductive"
« Il faut rappeler qu'il y a une différence de fond entre la conception utilitariste de la sexualité humaine, associée au concept de la santé reproductive, et la perspective offerte par l'Église dans son respect pour la dignité de l'homme et de sa sexualité... Il faut donc respecter la double signification du don mutuel de l'homme et de la femme, ouvert à la vie, dans le mariage, signification contredite par la contraception encouragée par la prétendue « santé reproductive » [16].
- Une "santé reproductive" qui menace les fondements de la famille
« Je dois également mentionner un autre grave sujet de préoccupation : les politiques de ceux qui, dans l’illusion de faire progresser l’« édifice social », en menacent les fondements mêmes. Combien est amère l’ironie de ceux qui promeuvent l’avortement au rang des soins de la santé des « mamans » ! Combien est déconcertante la thèse de ceux qui prétendent que la suppression de la vie serait une question de santé reproductive (cf. Protocole de Maputo, art. 14)! » (Discours de Benoit XVI à Luanda 20.3.2009)
- La "santé reproductive" va de pair avec l’avortement et l’homosexualité
« La nouvelle idéologie est dynamique et s'impose à la fois aux cultures et aux politiques. Elle exerce pression sur le législateur pour qu'il prescrive des lois favorables à l'accès universel aux informations et aux services contraceptifs et abortifs (concept de “santé reproductive") ainsi qu'à l'homosexualité. » (Cardinal Sarah , 5° congrégation générale du 7.10.2009, Carrefours de la II Assemblée Spéciale pour l’Afrique du Synode des Évêques,)
- La santé reproductive : facteur de destruction de toute la jeunesse
« Encourager un "changement de comportement" parmi les adolescents dans les programmes d’éducation sexuelle, alors qu’en réalité on veut "les encourager à utiliser un préservatif lorsqu’ils ont des rapports sexuels pré-matrimoniaux", tout en encourageant les rapports sexuels pré-matrimoniaux eux-mêmes, c’est détruire non seulement la santé reproductive de l’adolescent, mais aussi leur santé émotionnelle, mentale, et spirituelle, et même leur future et leur vie entière (§ 15)... L’Église continue à entreprendre la promotion d’une authentique santé reproductive de même que la santé des femmes, qui inclut une information complète sans terminologie ambiguë, et une pratique de la sexualité vraiment sûre, fondée sur une sexualité humaine authentique (§ 19)... » (Conseil Pontifical de la Famille [17]).
- Les réserves de l’Église face à la "santé reproductive"
« Cette "santé reproductive" est promue aujourd'hui par certaines organisations de l'ONU comme l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) et le Fonds des Nations unies pour la Population (FNUAP). Lors de la session conclusive de la Conférence du Caire, le Saint-Siège a fait une déclaration dans laquelle il a exprimé les réserves de l'Église sur l'idéologie de la "santé reproductive" » (Mgr Martino R.), Consenso parziale e con riserve, « L'Osservatore Romano », vendredi 16 septembre 1994, p. 4)
« C’est pourquoi, les Pères synodaux ont tenu à souligner les aspects discutables de certains documents émanant d’organismes internationaux: en particulier ceux concernant la santé reproductive des femmes. » (Exhortation apostolique post-Synodale Africae Munus » de Benoit XVI, 19.11.2011, § 70)
4- Quelle est la stratégie de Mgr Sorondo ?
a) Une stratégie de capitulation ?
Fallait-il se compromettre dans une thèse climatologique non avérée pour obtenir un renouvellement des objectifs du millénaire plus conforme à la doctrine de l’Église ? Pourquoi Mgr Sorondo, dans son discours d'introduction a-t-il encore dit : "En effet, le réchauffement mondial est un facteur ... de migrations forcées" [17bis]?, alors qu'on sait que ce concept des réfugiés climatiques est mensonger?
Est-ce crédible de compter sur une contrepartie de l'ONU en matière de dignité de l'homme?
Dans une interview du 21 avril 2015, Mgr Sorondo a dit : « il y a la promesse de Ban Ki-Moon, il y a la promesse de Sachs, qui est en charge de la nouvelle formulation du texte des objectifs du Millénaire. Nous demandons que dans la partie du document sur l'exclusion sociale soient mises en évidence les nouvelles formes d'esclavage, comme le travail forcé, la prostitution, la vente d'organes, peut-être même le trafic de drogue. Nous montrons que nous voulons défendre la famille... La prostitution - c'est l'exemple le plus frappant - porte une atteinte grave à la vie de la famille, ainsi que les soi-disant voyages de tourisme sexuel. Nous avons donc demandé à nos contre-parties de signer la déclaration sur les nouvelles formes d'esclavage, mais à ce jour ils ne l'ont pas fait ».
Mais, pourquoi ne pas avoir demandé que soit inséré dans les objectifs du millénaire le respect de la vie, et en particulier le refus de l'avortement ? La réponse est simple: Mgr Sorondo et ses amis savent que c'est irréaliste. Pour sauver la face, ils ont donc choisi de faire l'impasse sur l'essentiel. Ce qui ressemble fort à une capitulation, en essayant de tromper les honnêtes gens en général, et les catholiques en particulier.
Deux choses sont certaines, dans cette stratégie : l’Église se sera compromise dans une discussion scientifique qui ne lui appartient pas, et elle n’aura pas clarifiée le principe de la "santé reproductive". Une troisième chose est loin d’être acquise : la clarification sur ce qu’est l’esclavage dans nos cultures modernes.
b) Le Pape François plus ambitieux que son conseiller !
Malheureusement, Mgr Sorondo est bien à l’origine de cette stratégie. Le Pape l’a confirmé dans son intervention le 21 juillet 2015 à l’Académie, devant les maires des grandes villes du monde [18] : « cette invitation d’inviter les "alcades", les maires des grandes villes m’a paru une idée – de l’Académie, de Mgr Sanchez Sorondo – très féconde ».
Le Pape François a réussi à se sortir par le haut de cette impasse. Il a même parlé d’une « culture de la protection de l’environnement [qui] n’est pas seulement une attitude "verte" – je le dis dans un sens positif –, ce n’est pas une attitude "verte", c’est beaucoup plus ». Il a répété ensuite que "son encyclique n’est pas verte mais sociale". A-t-il insisté à ce point pour ne pas revenir sur la question climatique qui n'est pas du ressort de l'Eglise ? Visiblement, il cherche à préciser les choses, puisque, une troisième fois, il répète : « C’est pourquoi face à une question qu’on m’a posées, j’ai dit : "Non, ce n’est pas une encyclique verte, c’est une encyclique sociale" ».
Le Pape a terminé son intervention en faisant référence à Romano Guardini, dont il s'était déjà inspiré pour son encyclique. Il a également appelé à impliquer l'ONU, mais a illustré comment il voyait le principe de subsidiarité: "Le Saint-Siège ou tel autre pays pourront faire un beau discours aux Nations Unies mais si le travail ne vient pas des périphéries vers le centre, c’est sans effet".
On aura donc noté que, à l'occasion de ce symposium consacré à des liens confus entre le climat et l'esclavage, le Pape a réussi à ne pas prononcer une seule fois le mot climat.
c) La communauté internationale instrumentalisant l’Académie Pontificale
La preuve que la stratégie proposée par Mgr Sorondo ressemble à un piège tient dans les déclarations faites par les 60 maires de grandes villes de Paris à New York, de Londres à San Francisco, en passant par Olso ou encore Stockholm, qui se sont rendues au symposium à Rome. Il n’est pas anodins que certains maires se présentent comme appartenant à la Carbon Neutral Cities Alliance. Anne Hidalgo, maire de Paris a déclaré, à cette occasion : "L'esclavage moderne et les perturbations climatiques sont deux questions majeures et liées pour nos capitales. Nous ferons face à ces défis collectivement, en engageant les forces politiques et spirituelles de nos communautés locales."
Le Vatican a aussi publié [19] les déclarations d’une trentaine des maires invités. Cinq villes se cantonnent dans des déclarations très vagues, quatre reprennent les deux thèmes du symposium, le climat et l’esclavage, mais 60% des maires cités ne parlent que du climat, considérant visiblement que les formes modernes de l’esclavage ne les intéressent pas. Seules trois villes ont inversé les priorités en ne parlant pas de climat et en montrant leur souci pour les traites d’humains (GB-Birmingham et USA-Boston) ou les problèmes de pauvreté (Brésil - Belo-Horizonte) !
On ne peut donc pas considérer que cette stratégie soit un succès. Aucune ville n’entre dans le détail des formes d’esclavages modernes.
d) Une déclaration finale allant au-delà du discours du Pape
La déclaration finale, contrairement au discours du Pape, reprend la question climatique. La vidéo montre clairement comment le chancelier instrumentalise le Pape en le priant, par surprise, de signer, en blanc et en bas de page, le registre devant recevoir le texte de cette déclaration:
"Un impératif moral
Les maires constatent, au niveau de l’environnement, que "le changement climatique d'origine humaine est une réalité scientifique et son contrôle effectif est un impératif moral pour l'humanité".
Pour ce qui est du sort des pauvres, ils constatent aussi le lien entre les deux phénomènes : « Les pauvres et les exclus, malgré leur rôle minime dans l'altération du climat, affrontent les terribles menaces des perturbations climatiques anthropiques comme la fréquence accrue des sécheresses, des tempêtes extrêmes, des vagues de chaleur, et de l'élévation du niveau de la mer. »
Transition vers des énergies renouvelables
Ils reconnaissent que l’on aujourd’hui des a techniques qui permettraient d’inverser les phénomènes : « Aujourd'hui, l'humanité a à sa portée la maîtrise technologique, les ressources financières et le savoir-faire pour inverser les changements climatiques anthropiques et mettre fin à la pauvreté extrême, grâce à l'application de solutions de développement durable, parmi lesquelles l'adoption de systèmes énergétiques à faible émission de carbone soutenus par les technologies de l'information et de la communication. »
Les maires souhaitent donc « de nouvelles incitations à la transition vers des énergies renouvelables et à faible émission de carbone et par la poursuite incessante de la paix qui permettra en outre une redistribution du financement public des dépenses militaires vers des investissements urgents pour le développement durable ».
Ils souhaitent que la conférence internationale sur le climat, « COP 21 », qui aura lieu en novembre-décembre à Paris, débouche sur un accord « audacieux » des dirigeants politiques des États membres des Nations Unies.
COP 21 « pourrait être la dernière possibilité effective de négocier des accords qui maintiennent le réchauffement provoqué par l'homme en dessous des 2°C », estiment-ils.
Une conférence sociale
Or, COP 21 doit être une conférence sociale car il s’agit relever ces défis écologiques pour les pauvres et les plus vulnérables dont la vie est « gravement en péril » par les changements climatiques.
Une solidarité entre nations est donc nécessaire: « Les pays à revenu élevé devraient aider à financer les coûts d'atténuation du changement climatique dans les pays à faible revenu comme ces premiers ont promis de faire. »
Les pauvres dans la ville
A leur niveau, les maires s’engagent
- à favoriser, dans [leurs] villes et [leurs] établissements urbains, l'émancipation des pauvres et de ceux qui sont en situation de vulnérabilité, pour réduire leur exposition aux événements climatiques extrêmes et autres chocs et catastrophes économiques, sociaux, environnementaux qui alimentent la traite humaine et les migrations forcées ;
- à mettre fin à l'abus, à l'exploitation, à la traite des personnes et à toutes les formes d'esclavage moderne. Ces crimes contre l'humanité incluent le travail forcé, la prostitution, le trafic d'organes, et la servitude domestique ;
- à développer des programmes de réinstallation, de réinsertion et d'intégration sociale au niveau national afin d'éviter le rapatriement involontaire des personnes victimes de la traite » [19 bis].
Les formes d’esclavages ne se limitent-elles qu'aux trafics d'êtres humains, au travail forcé, à la prostitution, et au trafic d'organes ? Que dire de la GPA, de l’excision des jeunes filles, des stérilisations massives, des femmes soumises au pressions de leur entourage pour avorter ,... ? Il ne suffit pas que les 70 maires se réunissent le lendemain pour constituer une "alliance pour le développement urbain durable" dans laquelle ils s'engagent à "l’élimination de la traite des êtres humains, du trafic des êtres humains et à toutes les formes d’esclavage moderne" si on ne les définit pas concrètement". Il ne suffit pas de se fixer 11 objectifs reprenant la sémantique onusienne concernant la lutte pour "l’égalité entre l’homme et la femme, l’accès universel aux soins de santé, à l’éducation...". [19ter]
Mais, Mgr Sorondo est parvenu à ses fins : obliger une nouvelle fois le pape à se prononcer sur l'efficacité des moyens proposés pour lutter contre les variations climatiques, la période chaude contemporaine et son plafonnement depuis 15 ans, alors que, dans aucun de ses très nombreux discours depuis la sortie de l'encyclique, il n'a prononcé le mot climat !
5- Conclusion
"Il est totalement faux que l'Église soit autorisée à utiliser les mots qui sont utilisés dans l'Organisation des Nations Unies. Nous avons un vocabulaire pour exprimer ce que nous croyons ".
Cet avertissement du cardinal Robert Sarah [20] est parfaitement adapté à la controverse qui a éclaté avec Mgr Sorondo, chancelier des Académies pontificales des sciences et des sciences sociales,
Il faut beaucoup de naïveté pour que la présidente de l'Académie pontificale des sciences sociales, Margaret Archer, avoue : « Oui, nous avons discuté [avec Sachs et Ban Ki-moon], mais le projet de document "Objectifs de développement durable" ne parle pas d'avortement ou de contrôle des naissances, mais de "l'accès à la planification familiale" et de la "santé reproductive et sexuelle" et les "droits en matière de reproduction" » [21]!
Or les formules citées par les invités de Mgr Sorondo sont celles à travers lesquelles l'ONU a toujours eu l'intention de promouvoir l'avortement comme "service de santé de base", lors des conférences du Caire et de Pékin dans le milieu des années 1990.
Tant et si bien que les diplomates du Saint-Siège se sont toujours vigoureusement battus contre l'utilisation de ces formules et ont parfois obtenir leur annulation, ou, en cas d’échec, ont toujours rendu public leur désaccord.
[1] L'expression "low cost" semble tirée du livre "Age of Sustainable Development" publié en mars 2015 par Jeffrey Sachs où il affirme très clairement que le taux de fécondité en Afrique doit être réduit. Il propose trois méthodes de réduction des taux de fertilités, la troisième étant que les gouvernements encouragent leur population à réduire la taille de leur famille par la promotion du contrôle des naissances et en leur donnant accès à une contraception libre ou à "low cost, et au planning familial
Lire également: http://www.egaliteetreconciliation.fr/Jeffrey-Sachs-ou-comment-l-avortement-et-la-contraception-sont-promus-aupres-du-pape-Francois-40606.html
et http://reinformation.tv/jeffrey-sachs-laudato-si-objectifs-developpement-durable-onu-dolhein-58038-2/
[1bis] https://c-fam.org/friday_fax/who-is-jeffrey-sachs-and-why-was-he-at-the-vatican/
[2] http://www.danielgoldberg.fr/archives/signez-lappel-les-droits-des-femmes-passent-par-la-gauche/
[3] Rassemblement du 23 septembre 2014 « leader’s forum on Women Leading the Way- Raising Ambition for Climate Action »organisé par « Mary Robinson Foundation - Climate Justice » et par « UN Women ». La motion commence par cet appel : « Over 130 women leaders gathered in New York to demonstrate their commitment to ambitious and gender sensitive climate action. »
[4] « Reducing Inequalities : a sustainable Development challenge » de Remi Genevey, Rajendra K. Pachauri et Laurence Tubiana, (A planet for life- Fev 2013)
[5] http://www.youthpolicy.org/library/wp-content/uploads/library/2013_Advancing_Youth_Civic_Engagement_Human_Rights_Eng.pdf
[6] « The United Nations in the Age of Sustainable Development »
[7] On nous pardonnera d’être choqué de voir Valeria Mazza accueillir le Pape François au symposium du 21 juillet en lui « claquant une bise » comme à un de ses élèves de Sciences Po, alors que le pape lui tendait la main (Source : https://www.youtube.com/watch?v=usgDRCu2wuM&feature=youtu.be)
[8] En 2008, Alejandro Gravier a créé DESA, la filiale Argentine de Ducati Energia SpA.
[9] http://fr.radiovaticana.va/news/2015/07/15/le_vatican_accueille_une_rencontre_sur_l%E2%80%99esclavage_moderne_et_le_r%C3%A9chauffement_climatique/1158714
[10] Sa « définition », située dans le Plan d’Action du Caire, paragraphe 7.2, longue de quinze lignes en police huit!
[11] M. A. Peeters, La mondialisation de la révolution culturelle occidentale. Concepts-clefs, mécanisme opérationnels, Institute for intercultural Dialogue Dynamics de Bruxelles, 2007, p. 54
[12] Projet d’article de Tanguy-Marie Pouliquen (CSJ) pour la Revue Liberté Politique, juin 2009
[13] M. A. Peeters, La mondialisation de la révolution culturelle occidentale. Concepts-clefs, mécanisme opérationnels, Institute for intercultural Dialogue Dynamics de Bruxelles, 2007, p. 58
[14] Qualificatif faisant allusion au Dieu Dyonisos de l’ivresse, et induisant des sentiments de chaos, de démesure, ou d’obscénité qui sont férocement jubilatoires pour ceux qui les ressentent.
[15] Projet d’article de Tanguy-Marie Pouliquen (CSJ) pour la Revue Liberté Politique, juin 2009
[16] Source : « la santé reproductive des réfugiés » (Conseil Pontifical pour la Pastorale des migrants et des personnes en déplacement - Note pour les conférences épiscopales, 14.9.2001)
[17] « Les valeurs familiales versus la sexualité sans risques (Safe sex) » par le cardinal A.L . Trujillo, président du Conseil pontifical pour la famille, (1.12.2003, § 15)
[17bis] Le chancelier de l’Académie pontificale des sciences, Mgr Marcelo Sanchez Sorondo, a souligné, dans son discours de bienvenue de la rencontre des maires du monde au Vaticam, le 21 juillet, que l’encyclique Laudato Si’ évoque les changements climatiques dont les effets retombent sur les populations les plus désavantagées. (Traduction de Constance Roques)
Il a fait remarquer, résume L’Osservatore Romano, dans son édition en italien du 22 juillet, que ce sont justement les maires, les gouvernants les « plus proches » des populations. Et étant donné que « la majeure partie de l’humanité se concentre dans les zones urbaines » - une tendance qui ne fera qu’augmenter -, les villes et leurs habitants peuvent « jouer un rôle fondamental pour le bien commun ».
« Il existe aussi, a-t-il expliqué, un lien entre l’environnement naturel et l’environnement humain. En effet, le réchauffement mondial est un facteur de pauvreté et de migrations forcées, terrain de culture pour la traite des êtres humains, le travail esclave, la prostitution et le trafic d’organes », indique la même source.
Mgr Sanchez Sorondo a rappelé que « plus de trente millions de personnes sont actuellement victimes de l’esclavage moderne », comme « des marchandises d’échange pour un chiffre d’affaires qui atteint les 150 milliards de dollars par an ».
Il a souligné que « les pauvres et les exclus n’ont qu’une influence minime sur les altérations du climat, mais qu’ils sont les plus exposés aux changements climatiques provoqués par l’homme ».
Le chancelier argentin a aussi fait observé que « le pape a pris nettement position contre l’esclavage moderne » et qu’il a invité à diverses reprises « à refuser toutes les formes de privation de la liberté personnelle ou d’une partie du corps à des fins d’exploitation ».
Il a rappelé des jalons sur le chemin de la libération des captifs. Il a rappelé que, le 2 décembre 2014, le pape et les responsables des religions musulmane, hindouiste, bouddhiste et juive ont signé, dans la Casina Pio IV des Jardins du Vatican, une « déclaration commune contre l’esclavage moderne » pour réaffirmer leur engagement à « travailler ensemble pour éliminer ce crime contre l’humanité » et « pour restituer leur dignité et leur liberté aux victimes ».
C’est aussi lors d’une rencontre à la Casina Pio IV, le 28 avril, que les Académies pontificales se sont engagées avec l’ONU et les responsables religieux à affronter ces deux urgences mondiales.
Mgr Sanchez Sorondo a aussi présenté les cardinaux Francesco Montenegro, archevêque d’Agrigente (Sicile), en première ligne dans l’accueil des réfugiés et des immigrés, et Claudio Hummes, préfet émérite de la Congrégation pour le clergé, engagé en faveur de la protection des populations d’Amazonie.
[18] Discours du Pape au symposium du 21 juillet 2015
« La protection de l’environnement est une attitude sociale », explique le pape François qui déclare aussi : « L’écologie est totale, elle est humaine ».
Le pape François est en effet intervenu dans la salle du synode, ce mardi 21 juillet, à 17h, au “Carrefour” international de maires du monde - mettant en lumière le lien entre réchauffement climatique et esclavage moderne - qui a été présenté au Vatican le 15 juillet, sous le titre: “Esclavage moderne et changement climatique : l’engagement des villes”. Il est organisé au Vatican par l’Académie pontificale des sciences sociales.
Au cours de la rencontre, le pape a prononcé un discours d’abondance du cœur, en langue espagnole.
Le pape évoque aussi la question des mines pour laquelle il a récemment adressé un message au cardinal Turkson.
Écologie humaine, totale
Le pape souligne le lien indissoluble entre l’humanité et l’environnement : il faut donc une écologie « humaine », « totale ». “Bonsoir, bienvenus! a dit le pape François. Je vous remercie sincèrement, de tout cœur, pour le travail que vous avez fait. C’est vrai que tout tournait autour du thème de la protection de l’environnement, de cette culture de la protection de l’environnement. Mais cette culture de la protection de l’environnement n’est pas seulement une attitude « verte » – je le dis dans un sens positif –, ce n’est pas une attitude « verte », c’est beaucoup plus. C’est-à-dire que protéger l’environnement est une attitude de l’écologie humaine. En d’autres termes, nous ne pouvons pas dire : la personne est ici et la création, l’environnement, là. L’écologie est totale, elle est humaine. »
Une encyclique sociale
Le pape insiste sur le fait que son encyclique n’est pas « verte » mais « sociale » : « C’est ce que j’ai voulu exprimer dans Laudato Si’ : que l’on ne peut pas séparer l’homme du reste, il y a une relation d’incidence mutuelle, soit de l’environnement sur la personne, soit de la personne sur la façon de traiter l’environnement. Et aussi que l’effet de boomerang contre l’homme quand l’environnement est maltraité. C’est pourquoi face à une question qu’on m’a posée, j’ai dit : « Non, ce n’est pas une encyclique « verte », c’est une encyclique « sociale ». Parce que dans le milieu social, de la vie sociale des hommes, nous ne pouvons pas mettre à part la protection de l’environnement. Plus encore, la protection de l’environnement est une attitude sociale, qui nous socialise d’une façon ou d’une autre – chacun peut y placer la valeur qu’il veut - .et d’un autre côté, nous fait recevoir – l’expression italienne quand ils parlent de l’environnement me plaît – de la « Création », de ce qui nous a été donné comme don, à savoir l’environnement. »
Migrations et environnement
Le pape a souligné le rapport entre la « croissance démesurée des villes », le phénomène migratoire et la dégradation de l’environnement : « D’un autre côté, pourquoi cette invitation qui m’a paru une idée – de l’Académie, de Mgr Sanchez Sorondo – très féconde, d’inviter les « alcades », les maires des grandes villes - ou pas si grandes -, mais de les inviter ici pour parler de cela ? Parce que l’une des choses que l’on remarque le plus quand l’environnement - la Création -, n’est pas protégé c’est la croissance démesurée des villes. C’est un phénomène mondial : les « têtes », les grandes cités, grandissent, mais à chaque fois avec des cordons de pauvreté et de misère plus grands, où les gens souffrent des effets d’une négligence de l’environnement. Dans ce sens, le phénomène migratoire est enveloppé. »
Le pape souligne une première raison de ce phénomène : l’absence d’avenir dans les campagnes : « Pourquoi les gens viennent-ils dans les grandes villes, dans les périphéries des grandes villes, les « quartiers de misère », les « chabolas » les « favelas » ? Qu’est-ce qui déclenche cela ? Simplement parce que dans le monde rural ne leur offre plus d’opportunités. »
Exode rural et chômage
Il dénonce la technocratie comme cause de cet exode rural, du chômage, surtout des jeunes, avec la plaie du suicide: « Et un point qui est dans l’encyclique, et avec beaucoup de respect, mais il faut le dénoncer, c’est l’idolâtrie de la technocratie. La technocratie conduit à enlever le travail, crée du chômage, les phénomènes de chômage sont très grand et on a besoin d’émigrer, à la recherche de nouveaux horizons. Le grand nombre des chômeurs inquiète, surtout celui des jeunes. Je n’ai pas les statistiques, mais dans certains pays d’Europe, le chômage des jeunes de moins de 25 ans arrive à 50%. Entre 40 – 47, je pense à un autre pays et 50 : je penses à d’autres statistiques sérieuses données par des chefs de gouvernements, les chefs d’État directement. Et en se projetant vers l’avenir, cela nous fait voir un fantôme, à savoir une jeunesse au chômage à laquelle quel horizon et quel avenir offrir ? Que reste-t-il à cette jeunesse ? Ou les dépendances ou l’ennui, ou ne pas savoir quoi faire de sa vie – une vie sans aucun sens, très dure – ou le suicide des jeunes – les statistiques du suicide des jeunes ne sont pas publiées dans leur totalité- pu chercher d’autres horizons, même dans des projets guerriers, un idéal de vie. »
La déforestation
Le pape indique en outre les risques pour la santé: « D’un autre côté, la santé est en jeu. La quantité de maladies qu’on appelle “rares” qui viennent de nombreux fertilisants des champs – ou va savoir, on ne sait pas encore bien les causes – mais d’un excès de “technique”. Parmi les plus grands problèmes il y a l’oxygène et l’eau. C’est-à-dire la désertification de grandes régions du fait de la déforestation. Ici, à mon côté, il y a le cardinal archevêque chargé de l’Amazonie brésilienne: il peut dire ce que signifie la déforestation aujourd’hui en Amazonie, qui est le poumon du monde, Congo, Amazonie, les grands poumons du monde. La déforestation dans ma patrie: il y a quelques années, - 8 ou 9 ans – je me souviens que le gouvernement fédéral a fait un procès à une province, il y a eu un jugement pour arrêter la déforestation qui affectait la population. »
Le travail au noir et l’esclavage
« Que se passe-t-il quand tous ces phénomènes de technique excessive, d’absence de protection de l’environnement, en plus des phénomènes naturels, ont un impact sur la migration? Le fait de ne pas avoir de travail, et ensuite la traite des personnes. Le travail au noir devient plus habituel, un travail sans contrat, un travail réglé sous la table. Comme il s’est développé! Le travail au noir est très important, ce qui signifie qu’une personne ne gagne pas suffisamment pour vivre. Cela peut provoquer des attitudes délictueuses et tout ce qui se passe dans une grande ville du fait de ces migrations provoquées par la “technique”. Surtout, je me réfère en particulier à l'agriculture ou à la traite des personnes dans le travail de l'exploitation minière, l’esclavage dans les mines et encore très grand. Il est très fort. Et ce que signifie l’utilisation de certains éléments de nettoyage des minéraux – arsenic, cyanure – qui provoquent des maladies dans la population. Il y a là une très grande responsabilité. C’est-à-dire que tout revient, tout retourne. C’est l’effet boomerang contre ma même personne. Cela peut être la traite des personnes du fait du travail – esclave, l prostitution, qui sont des sources de travail pour pouvoir survivre aujourd’hui.”
Le pape François évoque l’importance du rôle des Nations Unies et la nécessité de travailler à partir des périphéries pour transformer l’« inculture » - notion de Romano Guardini - en culture.
Alors que lui-même est en train de préparer son discours aux Nations Unies, le pape a fait observer : « Le Saint-Siège ou tel autre pays pourront faire un beau discours aux Nations Unies mais si le travail ne vient pas des périphéries vers le centre, c’est sans effet. » Mais en même temps, il souligne l'importance d'impliquer les Nations Unies dans la cause écologique au sens intégral, qui inclut l'humanité, notamment les plus vulnérables.
Impliquer les Nations Unies
Le pape invite à impliquer les Nations Unies, en vue du sommet de Paris: “Finalement, je dirais qu’il faut impliquer les Nations Unies. J’ai de grandes espérances pour le Sommet de Paris, en novembre, pour qu’il débouche sur un accord fondamental et basique. J’ai de grandes espérances mais, néanmoins, les Nations Unies doivent s’intéresser très fortement à ce phénomène, surtout, pour ce qui est de la traite des personnes provoquée par de phénomène environnemental, l’exploitation des gens.”
Le pape dénonce une nouvelle fois l’exploitation des enfants, les guerres: « Il y a quelques mois, j’ai reçu une délégation de femmes des Nations Unies chargées de l’exploitation sexuelle des enfants dans les pays en guerre. C’est-à-dire les enfants comme objet d’exploitation. C’est un autre phénomène. Et les guerres sont aussi un élément de déséquilibre de l’environnement. »
Transformer “l’inculture” en “culture”
Le pape a donné une clef de lecture tirée du théologien catholique allemand et philosophe des religions Romano Guardini (1885-1968). Il en avait déjà parlé lors de du vol qui le ramenait des Philippines à Rome en janvier dernier. Il avait dit: “La première, c'est l'« inculture » que nous recevons par la création, pour la faire « culture ». Mais quand tu t’appropries trop la création et que tu dépasses une limite, et cette culture se retourne contre toi. Pensons à Hiroshima. On crée une deuxième « inculture » (cf. Zenit du 17 janvier 2015).
Le pape a expliqué plus amplement ce concept devant les maires: “Je voulais terminer par une réflexion qui n’est pas mienne, mais du théologien et philosophe Romano Guardini. Il parle de deux formes d’ “inculture”: l’ “inculture” que Dieu nous a confiée pour que nous la transformions en culture et il nous a donné la mission de prendre soin de la terre, de la faire grandir (…) ; et la deuxième “inculture”, lorsque l’homme ne respecte pas cette relation avec la terre, n’en prend pas soin, - c’est très clair que dans le récit biblique qui appartient à la littérature de type mystique -. Lorsqu’il n’en prend pas soin, l’homme s’empare de cette culture (…). C’est-à-dire que l’inculture (…) lui échappe des mains, et forme une deuxième forme d’inculture: l’énergie atomique est bonne, elle peut aider, mais jusqu’à un certain point, sinon, pensons à Hiroshima et Nagasaki, ou il se créé le désastre et la destruction – pour prendre un exemple ancien. Aujourd’hui dans toutes les formes d’inculture, comme celles dont vous avez parlé, cette deuxième forme d’inculture est celle qui détruit l’homme.”
Il a pris cet exemple d’un commentaire rabbinique: “Un rabbin du moyen âge – plus ou moins de l’époque de saint Thomas d’Aquin – et peut-être quelqu’un parmi vous me l’a déjà entendu dire – expliquait, dans un midrash, le problème de la tour de Babel à ses fidèles dans la synagogue, et il disait que construire la tour de Babel a pris beaucoup de temps, et beaucoup de travail, surtout pour faire les briques – cela supposait chercher la paille, faire de la boue, la pétrir, la couper, la laisser sécher, puis la mettre au four, la cuire, si bien qu’une brique était un bijou, avait une grande valeur – et ils montaient les briques pour les placer sur la tour. Quand une brique tombait, le problème était très grave et le coupable ou celui qui avait manqué d’attention et l’avait laissée tomber était puni. Quand tombait un des ouvriers du chantier, il ne se passait rien. Voilà le drame de la deuxième forme d’inculture : l’homme comme créateur d’inculture et non de culture. L’homme créateur d’inculture parce qu’il néglige l’environnement.”
Le travail de la périphérie vers le centre
Le pape François encourage la prise de consciences des villes en tant que “périphéries” : “Et pourquoi cette invitation de l’Académie pontificale des sciences aux maires et aux gouverneurs des villes? Parce que si cette conscience va du centre vers les périphéries, le travail plus sérieux et le plus profond se fait de la périphérie vers le centre. C’est-à-dire depuis vous jusqu’à la conscience de l’humanité. Le Saint-Siège ou tel autre pays pourront faire un beau discours aux Nations Unies mais si le travail ne vient pas des périphéries vers le centre, c’est sans effet. D’où la responsabilité des maires, des gouverneurs des villes. C’est pourquoi je vous remercie beaucoup de vous être réunies, en tant que périphéries très sérieuses sur ce problème. Chacun de vous a dans sa ville des choses semblables à celles dont j’ai parlé et vous devez les gouverner, trouver des solutions, etc. Je vous remercie de votre collaboration.”
Transformer l’inculture en culture
Le pape a donc exhorté les maires à “transformer l’inculture en culture”: “Mgr Sanchez Sorondo m’a dit que beaucoup d’entre vous êtes venus et que tout cela est très riche. Je vous en remercie et je demande au Seigneur de nous donenr à tous la grâce de pouvoir prendre conscience de ce problème de destruction que nous-même nous portons qui est de ne pas prendre soin de l’écologie humaine, de ne pas avoir une conscience écologique comme celle qui nous a été donnée au commencement pour transformer la première inculture en culture et ainsi, freiner et ne pas transformer cette culture en inculture. Merci beaucoup.”
[19] Déclarations de certains maires à l’occasion du Symposium de l’Académie Pontificale des Sciences du 21 juillet 2015 (Source : Zenit - Traduction de Constance Roques)
Christian Gaebler, secrétaire permanent au Sénat de Berlin (Allemagne):
« Environ 60% de la population mondiale vit dans les villes. Ces 60% sont responsables d'environ 70-80% de la production mondiale d'énergie et, dans le même temps, ils sont les plus vulnérables aux effets du changement climatique. Il existe un certain nombre de défis auxquels nous sommes confrontés et que nous essayons de relever. Pour faire face aux défis, le Sénat de Berlin a fixé comme objectif de la ville de devenir climatiquement neutre d'ici 2050. La ville de Berlin présentera sa politique sur le climat et l'énergie, étant conscients de notre responsabilité en tant que capitale européenne et nous visons ouvertement à être un favori en matière de protection du climat et de politique énergétique ».
William A. Bell, maire de Birmingham (GB) et premier ambassadeur des droits de l’homme :
« Pour éradiquer la traite des êtres humains, l’entreprise criminelle avec la plus forte croissance dans le monde, il faudra un effort coordonné de la part des chefs religieux, des chefs d'entreprises, des gouvernements et de l’application de la loi dans le monde entier. Je me réjouis de cette occasion importante pour établir des partenariats avec le Vatican et d'autres chefs de gouvernement en vue de développer des solutions pour remédier à ce terrible problème des droits de l'homme. »
Kevin Hyland, commissaire anti-esclavage indépendant du Royaume Uni
‘Le changement climatique augmente considérablement la fréquence et la gravité des catastrophes naturelles dans le monde entier. Cela contribue ensuite au déplacement de plus en plus fréquent de personnes vulnérables, dont beaucoup sont devenues des cibles faciles pour les trafiquants d’êtres humains. La ré-émergence de l'esclavage est l'un des plus grands défis de notre vie et nous avons un besoin crucial d'un programme de développement après-2015 des Nations Unies qui place la lutte contre l'esclavage moderne au cœur à la fois des efforts d'intervention humanitaire et de la stratégie pour promouvoir le développement durable et à long terme. Le pape François et les Académies pontificales nous donnent la direction et l'autorité morale pour réaliser cet objectif essentiel. »
Stian Berger Rosland, maire d’Oslo (Norvège)
« Je suis très impatient de discuter du développement durable de nos villes pour réduire le changement climatique mondial. En organisant ce symposium, le Vatican contribue à trouver les solutions viables à long terme auxquelles nous travaillons tous. Quand nous disons que l'homme doit, et peut, réduire nos émissions de gaz climatiques, les gens n’envisagent pas un bon système de transport public ou une législation responsable du bâtiment. Mais quand les villes émettent 70% de CO2 dans le monde, clairement, nous avons des outils de changement de jeu. »
Ignazio R. Marino, maire de Rome (Italie)
« Lutter contre le changement climatique et ses effets présente un défi double et mondial : la première priorité est « l’atténuation », c’est-à-dire limiter le changement climatique en réduisant la production de gaz à effet de serre. La seconde est « l'adaptation » qui signifie préparer l'impact du changement climatique qui est désormais inévitable pour sauver la planète Terre. Il est essentiel que le changement climatique soit abordé d'une manière intégrée. Le choix entre l'atténuation et l'adaptation est comparable à celui entre la réparation des freins défectueux d'une bicyclette et l'achat d'un casque à la place. Des freins qui fonctionnent aident à prévenir les accidents, alors que le casque est destiné à empêcher le désastre. Rome est engagée dans la création d’un réseau permanent de villes qui souhaitent s'engager dans la lutte contre le changement climatique grâce à de bonnes pratiques d'économie d'énergie. Parce que le changement climatique est un formidable défi pour l'avenir et un besoin majeur pour façonner la ville pour les générations à venir aussi. »
Karin Wanngård, maire de Stockholm (Suède)
« La coopération Interville est vitale pour répondre à bon nombre de défis sociaux, économiques et écologiques auxquels est confrontée la communauté internationale. Cette réunion est une étape cruciale sur la voie du développement durable. »
Tony Chammany, maire de Kochi (Cochin) dans l’Etat du Kérala (Inde)
« La menace du changement climatique plane sur notre planète et ses conséquences vont certainement changer l'ordre et le système mondial. Nous avons tous besoin de travailler ensemble pour résoudre le problème au niveau mondial, national et local. Nous espérons que le Sommet du Vatican sur le sujet changera la façon dont nos nations et nos villes vont aborder la question. Nous espérons que les nations et les villes respecteront leur engagement. Travaillons ensemble à faire en sorte que notre planète soit plus résistante grâce à la coopération entre les institutions et les individus, entre la science et la gouvernance. »
Aliou SALL, maire de Guédiawaye (Sénégal), président de l'Association nationale des maires (AMS)
« Le développement est une question d'harmonie, d'équilibre et d'équilibre entre les besoins et les préoccupations de la population d'une part et les ressources disponibles de l'autre, de respect de la dignité humaine, de respect de la nature, et en conformité avec les principes de la paix, pour un monde juste et durable. »
Jean Oscar Sanguza Mutunda, maire de Lubumbashi (RD Congo)
« Lubumbashi, ville de paix, travaille aux côtés d'autres villes dans la lutte contre la pauvreté et la dégradation de l'environnement, et soutient la recherche de solutions durables au le changement climatique. »
Marcio Lacerda, maire de Belo Horizonte (Brésil) et président du Front National :
« Nous allons apporter au pape une stratégie efficace pour surmonter la pauvreté [et promouvoir] l'inclusion sociale et productive. Nous, maires brésiliens, encourageons la formation, le micro-crédit et l'entrepreneuriat afin de générer des emplois et des revenus, en garantissant aux pauvres leur dignité. Nous avons montré que nous sommes capables de mettre en œuvre des politiques publiques efficaces qui sont inclusives et qui ont sauvé des millions de Brésiliens de l'extrême pauvreté ».
José Fortunati, maire de Porto Alegre (Brésil)
« Le monde est en train de changer rapidement et, dans ce nouveau contexte, les villes gagnent de plus en plus des rôles de premier plan non seulement dans la mise en œuvre, mais aussi dans la définition des politiques en matière d'intérêt général, telles que la question du changement climatique, la protection de l'environnement et le développement durable. L'appel du pape François, pour que les villes discutent et présentent des propositions efficaces comme solution à ces problèmes modernes, est très important afin d'établir un programme mondial commun et partagé, en se concentrant sur la réduction des émissions de gaz de serre et en luttant contre la pauvreté et les inégalités sociales. Les municipalités ont un rôle principal extrêmement important dans la mobilisation de la population pour qu’elle s'approprie les espaces publics et développe un sentiment d'appartenance. Car la ville est notre maison et nous avons tous des responsabilités et des engagements à son égard et à l’égard de la planète. La capitale de Rio Grande do Sul, par exemple, est une référence dans l'autonomisation des citoyens, ce qui permet au gouvernement de fixer les priorités à travers le budget participatif. »
Eduardo Paes, maire de Rio de Janeiro (Brésil)
« Le pape François a été un exemple de leadership inspirant, et je rends hommage à Sa Sainteté pour avoir mis la question urgente de la durabilité au centre de la discussion universelle. En 2050, plus de deux-tiers de la population mondiale devrait vivre dans les villes ; par conséquent, stimuler le développement urbain durable est la clé pour limiter la consommation des ressources naturelles tout en diminuant les impacts du changement climatique sur la vie quotidienne et les conditions sociales des gens. Les villes du C40 ont le potentiel de réduire leurs émissions annuelles de gaz à effet de serre cumulées d’un milliard de tonnes d'ici 2020, ce qui montre qu’ensemble et coordonnés, les dirigeants ont le pouvoir de protéger les villes, notre maison commune. »
Fernando Haddad, maire de São Paulo (Brésil)
« Les villes contemporaines ont été étouffées par la privatisation des espaces publics, l'individualisme et le consumérisme. Ce processus a des répercussions très fortes sur l'équilibre environnemental et socio-économique, environnemental et socio, mettant en danger la survie humaine. Le rôle des maires est d'accorder une attention prioritaire à cette question. »
Gustavo Petro Urrego, maire de Bogotá (Colombie)
« Aujourd'hui, nous avons un profond conflit entre l'humanité et le marché ; pour cette raison, nous verrons de plus en plus de mobilisation sociale, cherchant à défendre la vie dans un territoire touché par les inégalités et le changement climatique. Je vous invite à découvrir du 20 au 23 septembre 2015, le Sommet de Bogotá sur le climat. »
Miguel Ángel Mancera Espinosa, maire de Mexico (Mexique)
« Les maires des villes ont la responsabilité de veiller à l'amélioration du tissu social en reconnaissant la relation étroite entre la dégradation de environnement et la pauvreté. Les politiques mises en œuvre à partir de villes, visant à protéger l'environnement aideront au développement parmi les populations vulnérables, à l'harmonie sociale, à l'inclusion sociale et à l'intégrité et la sécurité de tous les citoyens.”
Mónica Fein, maire de Rosario (Argentine)
« Les villes ont la possibilité de construire des transformations qui permettent l'égalité des chances à ceux qui sont moins fortunés. Elles peuvent également prendre soin de la maison commune avec des politiques intégrées, qui assureront un avenir meilleur aux générations à venir. Je suis sûre que cette réunion, organisée par le pape François, va nous aider à trouver de nouvelles idées pour prendre des mesures concernant ces deux urgences dramatiques, qui sont la crise du changement climatique et les nouvelles formes d'esclavage. Nous croyons que l'un des principaux thèmes de cette discussion devrait être de chercher comment un citoyen ordinaire pourrait s’impliquer et nous aider avec ces idées. Nous pensons qu'il est important que chaque citoyen ait le droit de prendre part à ces transformations afin de conserver un environnement stable où nous pouvons intégrer de nouvelles politiques en matière de gestion des déchets, d’énergies alternatives, de mobilité durable, d’inclusion et d'égalité des droits. »
Dr Angela Brown Burke, JP, maire de Kingston (Jamaïque), sénatrice, conseillère
« Ici, à la Jamaïque, notre contribution au changement climatique anthropique et les effets de celui-ci nous sont constamment rappelés puisque nous expérimentons des jours et des nuits plus chauds, moins de précipitations et des périodes de sécheresse plus longues. Et même si le développement mondial et économique sont en haut de l'ordre du jour, nous sommes conscients de notre relation symbiotique avec l'environnement - l'oxygène qui est produit par les plantes est essentiel à notre existence et les plantes ne peuvent pas survivre sans le dioxyde de carbone que nous expirons. Je suis reconnaissante de ce que nous (la Jamaïque) avons pu participer à ces réunions où nous pouvons explorer et partager des idées sur la façon dont nous pouvons vivre selon le mandat que Dieu nous a donné d’être les gardiens de la terre. »
Gregor Robertson, maire de Vancouver (Canada)
« Le changement climatique est le défi le plus urgent auquel fait face l'humanité aujourd'hui, et c’est un insigne honneur d'être invité par le pape François pour discuter de la façon dont les villes et la communauté internationale peuvent et doivent agir de concert afin de réduire drastiquement la pollution climatique. Le leadership du pape François va bâtir sur l'unité retentissante de grandes villes dans le monde entier pour demander des objectifs d'émission importants et contraignants, ainsi qu’un accord sur le climat signé à Paris qui respecte les besoins de nos villes, de notre planète et des générations à venir. »
Martin J. Walsh, maire de Boston (Massachusetts-USA)
« Je suis honoré d'avoir l'occasion de représenter la ville de Boston au Vatican pour discuter des questions vitales de la traite des êtres humains et de la protection de notre environnement. Je suis impatient de rejoindre mes pairs du monde entier afin de collaborer sur la façon dont nous pouvons préparer nos villes pour l'avenir. »
Matthew Appelbaum, maire de Boulder (Colorado-USA)
« Boulder est honorée de se joindre à la discussion avec le pape François et avec ce groupe de villes mondiales qui ont fait preuve de leadership à travers leurs actions pour résoudre la crise climatique. La ville de Boulder a longtemps eu pour priorité la protection de l'environnement et de la durabilité grâce à des partenariats avec nos laboratoires fédéraux, l'Université du Colorado, des entreprises locales à but non lucratif et nos citoyens qui sont très favorables. Boulder et tous les gouvernements locaux ont un rôle essentiel dans l'élaboration et la mise en œuvre de politiques et de solutions techniques pour atténuer les changements climatiques et s’adapter à ceux-ci, dans un travail commun pour trouver des actions environnementales innovantes et responsables pouvant être adoptées à l'échelle mondiale. »
Edmund G. Brown Jr., gouverneur de la Californie-USA
« Dans l'esprit de l'encyclique du pape, cette réunion sans précédent de dirigeants mondiaux est un appel au réveil pour faire face aux menaces communes du changement climatique et de l'exploitation humaine. Il en va de l'avenir de l'humanité et de la façon dont, en tant qu’êtres humains, nous vivons et nous traitons les uns les autres ainsi que le monde naturel qui nous entoure. »
Betsy Hodges, maire de Minneapolis (Minnesota-USA)
« Je suis profondément reconnaissante envers le pape François qui aborde des questions d'une telle importance non seulement pour ma ville de Minneapolis, mais pour le monde entier. C’est un honneur pour moi d'avoir été invitée à me joindre à la prochaine rencontre au Vatican. Je me réjouis d'apprendre que Minneapolis peut participer aux efforts mondiaux autour du changement climatique et en vue de mettre fin aux facteurs qui contribuent au commerce des êtres humains du XXIème siècle, et de partager les succès que nous avons obtenus en tant que ville. »
Mitch Landrieu, maire de New-Orléans (Louisiane-USA)
« C’est un honneur et un privilège de me joindre à Sa Sainteté le pape François alors qu’il rassemble ce groupe de dirigeants internationaux pour une réunion orientée vers l'action sur les possibilités et sur les défis auxquels font face les gouvernements locaux. Ce type de collaboration honnête et proactive aidera à créer des collectivités plus pacifiques, plus prospères et résistantes dans le monde entier. »
Charlie Hales, maire de Portland (Oregon-USA)
« Nous allons au Vatican pour écouter, bien sûr, mais aussi pour raconter l'histoire de Portland : nous avons fait de grands progrès dans la protection de notre environnement. Portland a agi sur la réduction de carbone avant que de nombreuses villes, états et pays commencent à parler de carbone. Je veux entendre les autres participants, mais je veux qu'ils entendent aussi notre histoire. »
Edwin Lee, maire de San Francisco (Californie-USA)
« Nous devons agir de toute urgence pour lutter contre le changement climatique et mettre fin à la souffrance humaine, et je suis honoré de me joindre au Pape François dans un appel mondial à l'action. Je suis impatient de participer à ce rassemblement historique de dirigeants nationaux et internationaux, dont le gouverneur Jerry Brown, de partager comment San Francisco a atteint et dépassé les objectifs de lutte contre le changement climatique agressif, tout en développant notre économie et en voyant augmenter notre population. Nous pouvons et nous allons agir localement pour apporter des changements significatifs à l'échelle mondiale. »
Ed Murray, maire de Seattle (Washington-USA)
« Seattle est un leader innovant en matière de durabilité et de réduction de carbone, mais trop souvent les avantages de nos progrès ne sont pas équitablement partagés. Nos communautés les plus à risque, les familles à faible revenu, et les communautés de couleur sont touchées par le changement climatique de manière disproportionnée. Seattle est déterminée à changer cela grâce à notre « Initiative Équité et Environnement » afin d'assurer de solides résultats de justice sociale à notre politique environnementale. Je suis honoré d'avoir l'occasion de partager cette expérience avec des dirigeants mondiaux alors que nous répondons à l'appel du pape à l'action. »
[19 bis] Traduction de Radio Vatican
[19ter] Source: Zenit 24 juillet 2015- ONU et maires du monde : une "alliance pour le développement urbain durable"
Une « alliance pour le développement urbain durable » a été scellé par 70 maires du monde au Vatican, mercredi, 22 juillet 2015, et par des représentants des Nations Unies, annonce Radio Vatican.
Cette alliance sera présentée officiellement à New York le 24 septembre, la veille du discours du pape François à la tribune des Nations Unies.
Ils ont débattu des « changements climatiques » et de la « lutte contre l’esclavage moderne », un jour après la signature d’une déclaration commune par laquelle ils se sont engagés à affronter ces deux urgences.
Parmi les points saillants du projet, Radio Vatican cite « l’élimination de la corruption », « la fin de la pauvreté » et de la « traite des êtres humains ».
Il s’agit d’une alliance « ouverte, volontaire et participative » pour promouvoir le développement urbain durable, voulant « impliquer toutes les parties intéressées ».
Le projet se fixe 11 objectifs, dont la lutte contre la pauvreté extrême et la faim, l’égalité entre l’homme et la femme, l’accès universel aux soins de santé, à l’éducation et aux services de première nécessité.
Les signataires s’engagent à mettre un terme au trafic des êtres humains et à toutes les formes d’esclavage moderne, à la corruption et à l’impunité.
Ils s’engagent à promouvoir l’utilisation des systèmes énergétiques alternatifs du carbone, pour réduire le réchauffement global.
Dans l’optique du plan commun et du « consensus global », souhaité par le pape François dans Laudato Si’, cette alliance vise à créer de « nouveaux canaux » pour que le financement urbain soit durable et sa planification à long terme.
Pour ce qui est du monde du travail, les maires et les représentants des Nations Unies appellent à la création « d’emplois dignes qui garantissent les droits humains et qui aident les sans-abris ».
Les États et les gouvernements sont exhortés à « donner l’impulsion aux villes afin qu’elles puissent remplir leurs engagements aussi grâce à une décentralisation appropriée des pouvoirs et des financements ».
L’alliance prévoit aussi d’impliquer les universités « pour qu’elles deviennent des pôles d’innovation pour le développement durable », conclut Radio Vatican.
[20] http://magister.blogautore.espresso.repubblica.it/2015/06/06/pasticci-diplomatici-sanchez-sorondo-e-la-salute-riproduttiva/
[21] http://magister.blogautore.espresso.repubblica.it/2015/06/06/pasticci-diplomatici-sanchez-sorondo-e-la-salute-riproduttiva/